Coups de coeur 03 (septembre 2015)

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Coups de coeur 03 (septembre 2015)
Coups de cœur par Patrizia Nascivera, bibliothécaire responsable
Lors de la Fureur de lire (festival littéraire) au mois de mai dernier j’ai eu la chance d’assister à une ‘lecture sauvage’
par l’acteur français, François Cluzet, d’un roman de Luis Sepulvéda. Une belle lecture d’un beau roman qui date d’il
y a… 23 ans et qui, pourtant, n’a pas pris un ride ! Ce qui me donne l’envie de vous le présenter ici, ainsi qu’un autre
roman ‘pépite’, écrit en 1977…
‘Le vieux qui lisait des romans d’amour’ de Luis Sepulvéda, publié en 1992 aux Editions Métailié
Le cadavre d’un homme retrouvé dans une pirogue est le point de départ de ce roman. Le maire du village El Idilio
accuse les Shuars (peuple amérindien) . Antonio José Bolivar, vieil homme marginal qui lit des romans d’amour mais seulement ceux qui finissent mal ! – et fin connaisseur de la forêt amazonienne et de ses subtilités, met en
évidence la signature d’un félin. Les hommes du village vont se lancer à sa poursuite et braver les dangers grâce aux
conseils avisés du vieillard. Sa connaissance de la nature, apprise au contact des Shuars, qui passent, aux yeux de
notre civilisation, pour des sauvages impitoyables, lui permet de survivre là où les gringos succombent.
Ce récit initiatique va à l’encontre de tous les préjugés habituels. Comme un guide de survie dans un milieu hostile, à
l’usage de tous ceux qui ne connaissent pas ses usages et ses coutumes, il démontre également le comportement
fanatique et dangereux des non-initiés... Qualifié de roman écologique à sa sortie, ce roman est une fable moderne
qui montre que n’est pas forcément sauvage celui qu’on croit. Tout est une question de point de vue.
Pour ce premier roman, Luis Sepúlveda a obtenu le Prix Tigre Juan, le Prix Relais H du roman d'évasion 92 et le Prix
France Culture étranger ‘92.
‘Ana Non’ d'Agustin Gómez-Arcos, publié en 1977 aux Editions Stock (livre traduit de l’espagnol)
J'ai un souvenir ému de ma lecture d'Ana Non, le seul livre que j’ai relu… à 3 reprises !
Il n'y a pas un seul mot inutile dans ce récit fait de douleurs, d'espoirs, de solitude mais aussi rempli par la présence
des absents. Ana a perdu déjà son mari et deux fils, et décide un jour de quitter sa maison et de partir à la recherche
du seul fils qui lui reste. C’est l’histoire d’une femme qui a connu toutes les épreuves de la vie et qui par ce parcours
long et monotone apprend à se connaître, apprend à jouir des petits plaisirs de la vie au hasard des rencontres. Dans
ce livre l’action est lente et malgré une grande tristesse et la mort qui rode, il y a une philosophie optimiste qui s’en
dégage. La longue marche d’Ana à travers l'Espagne de Franco, marche entêtée, marche soutenue par l'espoir de
retrouver son fils, est comme un hymne à la résistance, un hymne à l'amour.
Ce livre a obtenu le Prix du Livre Inter la même année de sa publication.