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Yves Buffetaut Les U-Boote s e g a m i n e (1 Sommaire 2) Erich Topp................................. 64 Enigma et les U-Boote ............80 Les U-Boote français classiques90 Heinrich Lehmann-Willenbrock......66 Le Short Sunderland ............... 82 Le Roland Morillot et le 2326 ...........92 Avant-propos ............................. 4 Le type X .................................. 24 Les torpilles humaines...........44 Wolfgang Lüth ......................... 68 Les groupes Hunter-Killer ...... 84 Les U-Boote au combat, 19391945 ........................................... 5 Le type XIV, vache à lait ......... 26 Le Snorkel ................................46 Joachim Schepke .................... 70 La reddition des U-Boote........86 Le type XXI ............................... 28 Les flottilles de combat .........48 Günther Prien à Scapa Flow ... 72 Les U-Boote de 1914/18 ........ 10 Le type XXIII .............................30 La base de Kiel ........................ 50 Au large des Etats-Unis .......... 74 Le type II ...................................12 Les Walter Boote ..................... 32 Les bases de l‘Atlantique ....... 52 Les convois de l’Arctique ....... 76 Le type IX ................................. 14 Les UA ....................................... 34 Les bases de Norvège ............ 54 Les corvettes Flower .............. 78 Les types VII A et VII B ............ 16 Le UB, ex-HMS Seal.................. 36 Les chantiers navals ..............56 Le type VII C ............................. 18 Le Seehund .............................. 38 Karl Dönitz ............................... 58 Le type IA ................................. 20 Le Biber ....................................40 Günther Prien .......................... 60 Les U-Flak ................................22 Le Molch ...................................42 Otto Kreschmer ....................... 62 Un type XXI en construction. (ECPAD) Les U-Boote au combat, 1939-1945 Avant-propos ÉVOQUER LES U-BOOTE, C’EST TOUCHER AU MYTHE. Les commandants des sous-marins du troisième Reich ont, comme tous les autres combattants, contribué à asseoir une politique en tous points condamnable. Leurs équipages ont défendu une cause difficilement justifiable, et pourtant, même chez leurs plus farouches adversaires du moment, leur image est restée propre, leur valeur reconnue. Il faut dire que pour se porter volontaire, il fallait une bonne dose de courage, une motivation sans faille. Les taux de pertes furent hallucinants, les conditions de vie à bord inqualifiables. Assurément, ces hommes payaient de leur personne et dépassaient sans cesse les limites du vivable. On sait par les survivants ce que furent les longues heures où, gibier devenu proie, il fallait supporter les attaques, attendant, puisqu’il n’y avait rien d’autre à faire, que le destin choisisse entre la vie et la mort. On ne peut qu’imaginer combien d’équipages, dans un cercueil plongeant irrémédiablement vers les profondeurs, ont eu tout le temps de vivre une lente agonie. Les hommes étaient exceptionnels, et il est d’usage d’attribuer les même qualités à leurs bâtiments. Ainsi les U-Boote sont-ils, pour nombre d’entre nous, des références absolues en matière de savoir-faire et de technologie. Les jugements des experts sont à ce sujet beaucoup plus nuancés. Ce qui est certain, c’est que la réussite des U-Boote devait beaucoup à leurs équipages, aux infrastructures qui leur étaient dédiées, et à la tactique qu’ils appliquaient. C’est pourquoi nous avons choisi de ne pas limiter ce livre à une énumération des divers types de sous-marins, préférant donner une image globale de tous les tenants et les aboutissants de la guerre sous-marine. Nul mieux que Yves Buffetaut pouvait traiter ce sujet, avec une vision aussi large et une analyse déconnectée de tout aspect émotionnel. Gilles Garidel L’EXPÉRIENCE DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE a montré à toutes les marines mondiales la capacité des sous-marins à mener une guerre dévastatrice contre les flottes de commerce. Les U-Boote de la Grande Guerre coulent ainsi pour 12 millions de tonnes de navires marchands. Conscients du fait que les sous-marins allemands ont failli mettre la Le U-202 à Brest. (ECPAD) Grande-Bretagne à genoux en 1917, les Alliés interdisent à l’Allemagne, au traité de Versailles, de posséder des sous-marins et la flotte de guerre est réduite à sa plus simple expression, puisque ses effectifs ne doivent pas dépasser 15 000 hommes et ne compte que quelques vieux bâtiments dépassés. Pourtant, des marins allemands et certains hommes politiques ne veulent pas perdre le savoir faire acquis durant la guerre en matière de sous-marins. Dès 1922, un bureau d’études et de développement de sous-marins est créé aux Pays-Bas, sous couvert d’un simple chantier naval. Un réarmement commence à partir de la fin des années 1920, sous la République de Weimar, qui commande deux cuirassés de poche et ce mouvement est bien sûr amplifié après l’arrivée de Hitler au pouvoir, à partir de 1933. Il entend rejeter au plus vite le traité de Versailles, ce qu’il fait en 1935, sans réactions autres que verbales de la part des Britanniques et des Français. Le 21 mai 1935, la Reichsmarine est rebaptisée Kriegsmarine et dans son ordre de bataille, on trouve une flottille de sousmarins, la U-Boote Flottille Weddingen, composée de six submersibles. Ainsi, alors que Hitler vient à peine de rejeter le traité de Versailles, il dispose de déjà six sousmarins, et même probablement plus puisque cette liste débute avec l’ U-7. Effectivement, les six premiers UBoote, du U-1 au U-6, servent à l’école de sous-mariniers. C’est que les travaux ont commencé dès 1934, dans le plus grand secret, aux Deutsche Werke de Kiel. LE TRAITÉ ANGLO-NAVAL DONNE UNE LÉGITIMITÉ AUX UBOOTE Deux type VII à Lorient. (ECPAD) Peu après le rejet du traité de Versailles par l’Allemagne, le gouvernement britannique décide de s’entendre avec Hitler pour limiter quand même le développement de la marine allemande et n pas se livrer à une course aux armements comme au début des années 1900. Le 18 juin 1935 l’Anglo-German Agreement est signé par Sir Samuel Hoare et par Joachim von Ribbentrop. Cet accord autorise l’Allemagne à posséder une flotte équivalant à 35 % de la Royal Navy, sauf en ce qui concerne les sous-marins où la proportion est portée à 45 % dans un premier temps, avec possibilité ultérieure d’arriver à parité complète. Le compromis est considéré par les deux camps comme un succès. Il permet à la Grande-Bretagne d’éviter une course aux armements avec l’Allemagne qu’elle n’a pas les moyens de livrer. Pour Hitler, le succès est encore plus considérable : la signature de cet accord prouve au monde entier que son rejet du traité de Versailles est entériné par l’une des puissances alliées signataires. Hitler déclare d’ailleurs à l’amiral Raeder, le commandant en chef de la Kriegsmarine, qu’il s’agit du plus beau jour de sa vie. Les conséquences du traité anglo-allemand ont été ainsi résumées par l’amiral Raeder dans ses mémoires : « Avant de rendre public le programme de construction établi et de faire connaître nos intentions ultérieures, nous tînmes à hâter l’entrée en service de nos premiers sous-marins. On avait déjà dressé les plans de trois modèles : 250, 500 et 700 tonnes et fait des préparatifs matériels si avancés que le premier put être monté, lancé et armé dans un délai extrêmement court, [On n’ose croire Raeder essaie de faire croire à ses lecteurs que l’U-1 a été monté, lancé et armé en 11 jours !]. Une flottille comptant six de ces bâtiments fut constituée le 27 septembre 1935, tandis que six autres, du même type, étaient affectés à l’école de navigation sous-marine. Cette flottille fut baptisée « Weddingen » d’après le célèbre commandant de la Première Guerre mondiale et eut pour commandant le capitaine de vaisseau Dönitz, que je ne tardai pas à faire nommer commandant supérieur des sousmarins en lui confiant le développement de l’arme. » Le 9 juillet 1935, le programme naval allemand est publié. Il prévoit de mettre sur cale en 1935 deux cuirassés de 26 000 tonnes (Scharnhorst et Gneisenau), deux croiseurs de 10 000 tonnes, 16 destroyers de 1 625 tonnes et, en ce qui nous concerne ici : « a) 20 sous-marins de 250 tonnes. Le premier est entré en service le 29 juin. Deux autres ont été lancés. [Typ IIA] b) six sous-marins de 500 tonnes. [Typ VIIA] c) deux sous-marins de 750 tonnes. [Typ IA]» L’ORDRE DE BATAILLE DES U-BOOTE EN SEPTEMBRE 1939 Jusqu’à l’automne 1938, Raeder n’a jamais envisagé la possibilité d’une guerre avec la Grande-Bretagne, jugée parfaitement suicidaire. Pourtant, avec la crise de Munich, cette hypothèse devient plausible. En août 1939, alors que l’invasion de la Pologne est programmée, la Kriegsmarine prend ses dispositions pour mener la guerre en mer Baltique, bien entendu, mais aussi dans l’Atlantique Nord, au cas où l’Angleterre entrerait en guerre. Le 1er septembre 1939, l’invasion de la Pologne commence et Français et Anglais lancent un ultimatum à l’Allemagne. Raeder comme Dönitz savent bien que Hitler ne fera pas marche arrière, mais ils tentent quand même d’exposer les faits de façon honnêtes, sans cacher les faiblesses de la marine allemande. Le plan de réarmement, appelé plan Z, adopté par Hitler avant la guerre prévoyait un début du conflit avec l’Angleterre en 1944 ou 1945. En 1939, la Kriegsmarine est d’une insigne faiblesse, à tel point que Raeder écrit à Hitler le 3 septembre que « les forces de surface se trouvent si inférieures par le nombre et la puissance matérielle qu’elles peuvent tout au plus se montrer capables de mourir avec courage. » Le rapport de Dönitz, cité par Raeder, n’est pas plus optimiste pour les sous-marins : « Il fallait, estimait Dönitz, que 90 sous-marins fussent simultanément en opération pour nous donner des résultats prometteurs de succès, ce qui fixait leur effectif total à environ 300 unités. Il était déjà arrivé Un type VII après la capitulation. (IWM) à cette conclusion au cours de l’hiver précédent, en se basant sur nos Kriegspiel. Or, au 1er septembre 1939, nous possédions 57 sous-marins dont 26 seulement pouvaient être employés dans l’Atlantique. Cet effectif ne permettait pas d’en avoir plus de huit ou neuf simultanément dans les secteurs d’opérations. Dans de telles conditions, ils se trouvaient incapables d’exercer une action décisive.» L’ordre de bataille des sous-marins est le suivant au 3 septembre 1939 : – entraînement : 10 U-Boote. – Mer du Nord : 20 U-Boote. – Atlantique : 27 U-Boote. LA PREMIÈRE ANNÉE DE GUERRE Les deux premiers mois de la guerre, les U-Boote remportent une série de succès assez remarquable compte tenu de leur faible nombre, mais la crise des effectifs a rapidement des effets négatifs. En effet, si tous les sous-marins ont pu se trouver en position de combat au 3 septembre, leur relève pose vite des problèmes. Dönitz fait rappeler prématurément une dizaine de U-Boote afin qu’ils puissent être à nouveau opérationnels au moment du retour de la première vague, mais lorsque celle-ci se déroule, fin octobre 1939, le nombre de U-Boote capables de reprendre la mer est insuffisant pour que leur impact soit le même qu’en septembre. Heureusement, la propagande allemande peut s’enorgueillir d’un succès qui éclipse tout le reste : l’exploit de Günther Prien qui a pu entrer dans la grande base de la Royal Navy dans les Orcades, Scapa Flow, pour y couler un cuirassé de 32 000 tonnes, le Royal Oak, et rentrer en Allemagne. Les mois d’hiver sont relativement peu riches en événements. L’industrie allemande peine à se mettre à un rythme de production élevé de sous-marins et les nouveaux modèles remplacent difficilement les pertes. En avril 1940, l’arme sous-marine allemande est confrontée à sa première grave crise de la guerre : ses torpilles sont d’une fiabilité très médiocre. Le scandale éclate pendant la campagne de Norvège : environ la moitié des torpilles sont défectueuses : les commandants de U-Boote prennent des risques insensés pour s’approcher des cuirassés et des croiseurs britanniques, pour voir leurs torpilles ne pas exploser. Il va falloir des semaines avant qu’une amélioration permette de reprendre la lutte dans des conditions acceptables… et les torpilles ne seront parfaitement au point qu’en 1942 ! En mai 1940, l’arme sous-marine allemande connaît une certaine crise du moral, mais elle ne sera que de courte durée car les victoires terrestres de la Wehrmacht vont bientôt offrir à Dönitz ce dont il n’aurait jamais rêvé : la possession des ports français de l’Atlantique. Il se rend à Lorient avant même l’entrée en vigueur de l’armistice, en juin 1940 et les premiers U-Boote font relâche dans les ports français. L’avantage immense pour les sous-marins allemands est qu’ils peuvent être sur leur lieu de combats beaucoup plus rapidement qu’au départ des ports allemands. En moyenne, ils gagnent une quinzaine de jours, ce qui signifie qu’ils peuvent rester opérationnels plus longtemps. Cela compense, au moins en partie, la faiblesse chronique des effectifs. C’est alors que commence pour les équipages la première « période heureuse ». Heureuse car la vie dans la France occupée est douce et surtout, parce que les Britanniques ne sont pas en mesure de protéger efficacement leurs convois : les succès des U-Boote sont nombreux. Plusieurs as s’illustrent durant l’automne 1940 : Prien, Schepke, Kretschmer, Lüth. DES PREMIERS REVERS À LA SECONDE « PÉRIODE HEUREUSE » Au printemps 1941, les U-Boote continuent à remporter de nombreux succès, d’autant que la tactique mise au point pour l’attaque des convois se révèle très efficace. Des meutes de U-Boote attaquent de nuit et en surface les convois, forçant leur maigre escorte à se disperser. Les sous-marins sont plus rapides que les navires marchands et leur causent des pertes très lourdes. Pourtant, les Britanniques commencent à prendre des contremesures qui se révèlent efficaces : augmentation du nombre d’escorteurs (avec l’apparition des corvettes), surveillance aérienne accrue avec les avions du Coastal Command, création d’unités spécialisées dans la chasse aux sous-marins. En mars 1941, Dönitz perd coup sur coup ses trois plus grands as : Prien est porté disparu, Schepke est tué lorsque son U-100 est éperonné et Kretschmer est capturé. C’est la fin de la première « période heureuse ». Pendant le reste de l’année 1941, les U-Boote continuent de causer des pertes cruelles aux Britanniques, mais ils souffrent eux aussi. En décembre 1941, l’Allemagne déclare la guerre aux Etats-Unis après Pearl Harbor et Dönitz décide de porter le combat jusqu’aux côtes américaines. C’est un grand succès et pendant plusieurs semaines, les U-Boote connaissent une seconde « période heureuse ». Comme dans le même temps, les sous-marins commencent enfin à arriver en nombre, la situation devient critique pour les Alliés. Les Allemands sont en passe de gagner la bataille de l’Atlantique. DE MAI 1943 À L’ÉTÉ 1944 Les premiers mois de l’année 1943 sont encore marqués par de très nombreux succès allemands. Alors qu’en Russie, en Afrique, l’armée allemande subit des revers nombreux, les U-Boote continuent de causer des pertes terribles aux marines marchandes alliées. Mais soudain, en mai 1943, la situation se renverse totalement : 39 U-Boote sont coulés, dont 22 par attaque aérienne. Les Alliés font à présent accompagner leurs convois par des porte-avions d’escorte, de plus en plus de navires de guerre et les progrès des radars sont tels que les U-Boote ne peuvent plus prétendre attaquer en surface. Les sous-marins entrent alors dans la défaite : ils coulent de moins en moins de cargos et perdent de plus en plus des leurs. Dönitz est d’ailleurs forcé de reconnaître sa défaite et d’interdire aux U-Boote de poursuivre la lutte dans l’Atlantique Nord. L’apparition du schnorkel permet aux sous-marins de ne plus refaire surface pour recharger leurs batteries, mais sa mise en place est longue et en juin 1944, au moment du débarquement allié, tous les U-Boote n’en sont pas encore dotés. Pour faire face à l’invasion, Dönitz envoie des sous-marins en Manche où ils sont impitoyablement détruits pour des résultats insignifiants. LE MEILLEUR ET LE PIRE DE L’INNOVATION Les travaux sur de véritables sous-marins, meilleurs en plongée qu’en surface, ont commencé tôt en Allemagne, notamment avec l’ingénieur Walter, mais ses projets sont trop avancés techniquement pour être réalisables sur une grande échelle. Les ingénieurs allemands trouvent cependant d’autres solutions. Certaines sont excellentes, comme celle qui va mener à la mise en œuvre des sous-marins de types XXI et XXIII, dotés d’une très grande capacité en batteries et dont la coque est dessinée pour naviguer en plongée. D’autres vont mener à l’impasse, comme les torpilles humaines et autres sousmarins nains du K-Verband, qui opèrent à partir de l’été 1944 avec des résultats insignifiants pour de lourdes pertes. La mise au point des U-Boote de Typ XXI est longue, de même que l’entraînement des équipages. Ainsi, alors que des exemplaires sont disponibles dès la fin de l’année 1944, les premières missions de guerre des XXI ne commencent qu’en mai 1945, au moment même où l’Allemagne capitule. L’arme sous-marine allemande, dont Churchill lui-même a reconnu qu’elle avait la seule à lui faire craindre la défaite, a payé un très lourd tribut : sur 40 000 sous-mariniers, 30 000 sont morts au combat et 5 000 ont été faits prisonniers. Un Seehund après la capitulation. (IWM) Les U-Boote de 14/18 LA MARINE IMPÉRIALE A COMMENCÉ LA GUERRE EN AOÛT 1914 AVEC 28 SOUS-MARINS, un chiffre inférieur à celui de la Kriegsmarine en 1939, qui comptait 27 sous-marins océaniques et 20 côtiers. Pendant la durée de la Grande Guerre, elle a reçu 344 autres U-Boote et en novembre 1918, il y en avait 226 en construction ! Les ingénieurs allemands ont fait des prouesses, mettant au point 25 types différents de sous-marins, dont certains étaient d’ailleurs tellement en avance que les U-Boote de la Seconde Guerre mondiale en étaient directement inspirés. La marine impériale a perdu 178 sous-marins pendant la guerre de 1914-1918 et 5 000 hommes d’équipage ont été tués, ce qui qui représente un peu plus du tiers des effectifs, soit de lourdes pertes. En contrepartie de ces sacrifices, les résultats ont été remarquables, puisque 5 000 navires alliés ont été coulés, soit 12 millions de tonnes. Les marins et soldats alliés ont subi une hécatombe, avec 15 000 tués. 60 % de ce tonnage a été coulé par 22 commandants de sous-marins, dont voici les plus efficaces : Lothar von Arnauld de la Périère (454 000 tonnes), Walther Forstmann (380 000 tonnes), Max Valentiner (300 000 tonnes), Otto Steinbrinck (290 000 tonnes), Hans Rose (214 000 tonnes), Reinhold Saltzwedel (170 000 tonnes), Waldemar Kophamel (149 000 tonnes). Quarante autres commandants ont coulé plus de 100 000 tonnes de navires. Pendant la Seconde Guerre mondiale, 34 commandants de U-Boote ont coulé plus de 100 000 tonnes et l’as des as, Otto Kretschmer, avec 273 000 tonnes, ne se serait classé que cinquième pendant la Grande Guerre, loin derrière les 450 000 tonnes de Lothar von Arnauld de la Périère. Il est presque certain que si les Allemands s’étaient lancés dans la guerre sous-marine à outrance plus tôt, ils auraient gagné la guerre grâce à l’étranglement complet du commerce maritime allié. Plus de victoires qu’en 1939-45 Un sous-marin côtier allemand dans un port de Flandre en 1917. (Bundesarchiv) 10) (11 Le type II LE TRAITÉ DE VERSAILLES, EN 1919, réduit la marine allemande à sa plus simple expression et lui interdit de posséder des sous-marins. Cependant, les tenants de l’arme sous-marine allemande ne veulent pas perdre tout leur savoir faire et à la fin des années 1920, un bureau d’études est installé aux Pays-Bas, l’Ingenieurskantoor voor Scheepsbouw den Haag, afin de préparer la construction d’un nouveau modèle de sous-marin : le CV-707. Celui-ci est construit en Finlande par le chantier naval CrichtonVulton. Après l’arrivée de Hitler à la chancellerie, le programme de réarmement allemand s’accélère. Le premier sous-marin de type II est mis en chantier en février 1935, dans le plus grand secret. Dans le même temps, Hitler négocie avec les Britanniques pour obtenir un nouveau traité naval, qui limite la nouvelle marine allemande à 35 % de la Royal Navy, sauf dans le domaine des sous-marins, où la parité est acceptée. Le traité est signé 18 juin 1935 et 11 jours plus tard, l’U-1 devient le premier sous-marin opérationnel de la future Kriegsmarine. Un total de 50 U-Boote du type II sont construits. Ils se répartissent en quatre modèles : le type IIA, avec six exemplaires, le type IIB, à 20 exemplaires, le type IIC, à huit exemplaires et enfin le type IID, avec 16 exemplaires construits en 1939 et 1940. Maniable et plongeant vite, le type II peut opérer en eau peu profonde, mais sa petite taille (de 40 à 44 m de long selon les versions) le handicape pour les missions océaniques. Il ne dispose que de trois tubes lancetorpilles à l’avant et ne peut emporter que cinq torpilles. Il n’a pas plusieurs compartiments étanchent et son équipage de 22 à 24 hommes a très peu d’espace pour vivre. Les type II ont servi dans les flottilles de combat au début de la guerre, puis ils ont servi pour l’entraînement. Certains ont combattu en Mer Noire. Le premier sous-marin de la Kriegsmarine Un U-Boot de type II à la base de Keroman à Lorient (ECPAD) 12) (13