avril 2006 - Guts Of Darkness

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avril 2006 - Guts Of Darkness
Guts Of Darkness
Les archives du sombre et de l'expérimental
avril 2006
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© 2000 - 2008
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Les chroniques
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ENSLAVED : Frost
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Premier album du groupe norvégien chz le label français Osmose Productions, ce "Frost" fait suite au début du
groupe avec "Vikingligr Veldi". Il s'agit de mon album favori d'Enslaved suivi de près par "Eld", on ressent une
envie et une virulence incroyables dans cette oeuvre. Enslaved pratique un black metal rageur et inspiré,
globalement plus violent et ténébreux que sur "Eld". Il n'y a rien à jeter sur cet album, aucune piste de
remplissage. On commence après une intro aux claviers avec un "Loke" ravageur et un "Fenris" magnifique
avec son riff à la Satyricon et son break ultra mélodique. Enslaved impose sa patte dès 1994, avec la très bonne
performance de Trym Torson à la batterie sur cet album, qui s'en ira rejoindre Emperor par la suite. "Svarte
vidder" est un grand morceau doté d'une intro symphonique, le développement est excellent, 9 minutes de
bonheur musical et auditif. "Yggdrasill" se pose en interlude de ce disque, un titre calme avec voix grave,
guimbarde, choeurs et l'utilisation d'une basse fretless jouée par Eirik "Pytten", le producteur de l'album: un
intemrède magnifique et judicieux car l'album gagne en aération. Le disque enchaîne sur un "Jotu249lod"
destructeur et un Gylfaginning" accrocheur. Une belle intro au début du dernier titre "Isöders dronning",
parsemé tout au long de guitares acoustiques, il s'agit d'une excellent pièce en clôture d'un opus homogène, un
véritable ensemble aux titres indissociables les uns des autres, à écouter dans sa globalité et qui, pour ne rien
gacher, bénéficie d'un layout cohérent aux teintes bleutées, ainsi qu'une édition avec gravure sur le boîtier et
un vinyl bleu limité à 300 copies. Superbe album aussi bien haineux et violent que pertinent et mélodique. Une
pierre angulaire du style. "Forget all laws, all order and peace. Chaos is everything; no time or place. Now when
all light and life ends, when the wind now is killing...The chain has broken..."
Note : 6/6
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DEPECHE MODE : The singles 86-98
Chronique réalisée par Twilight
En relisant les commentaires de certains internautes, je réalise soudain avoir chroniqué le premier volume des
singles de Depeche Mode mais pas le second...terrible erreur que je m'efforce à présent de rattraper, d'autant
que l'objet est de qualité. Il faut dire que l'époque 86-98 aura été plus que chargée pour le groupe qui verra son
statut de mégastar exploser, s'engouffrera dans des tournées monstrueuses (comme en témoigne le 'Route
101'), expérimentera des sonorités plus rock, verra le départ de Alan Wilder, conservera de justesse son
chanteur Dave Gahan, déclaré mort cliniquement lors d'une overdose...Bref, un témoignage musical du
parcours d'une formation bien éloignée de l'image de garçons coiffeurs new wave comme on les considérait à
l'époque de leur premier album. Cette collection est sombre, Depeche Mode avait déjà amorcé le mouvement à
partir de 'Construction time again', les sonorités s'étaient trouvées plus pesantes, de discrètes influences
industrielles s'étaient mêlées à la démarche pop, beaucoup de mélancolie et de noirceur dans les
climats...Cette compilation s'ouvre sur 'Black celebration' puis enchaîne sur le zénith de la carrière, 'Music for
the masses', le disque le plus flamboyant des Anglais; on trouve alors de la grandiloquence, du désespoir, de la
passion...Suivra la période 'Violator', plus dépouillée et froide au niveau des sons mais toujours aussi peu
joyeuse. Sur le second cd, l'auditeur trouvera les singles de 'Faith and devotion' marqués par la présence d'une
vraie batterie et d'une guitare, ce qui leur confère une attaque plus rock sans perdre le son Depeche Mode pour
autant. Puis, voilà 'Ultra', album étrange et mitigé, commen en témoignent le glauquissime 'Barrel of a gun' (en
l'écoutant, on ne peut s'empêcher de penser que Dave revient de très loin), le presque parodique 'It's no good'
et le plus intime 'Home'. Depeche Mode, s'il en fallait encore une preuve, est définitivement un groupe adulte,
une formation incontournable de l'histoire du rock, mais ils l'ont payé cher et seront désormais marqués des
stigmates qui font la beauté des grands. On trouve de plus un inédit, 'When I lose myself', bouleversant, à la
fois calme, presque apaisé mais si triste...En bonus, le cd offre encore 'Little 15' tiré de 'Music for the masses'
et une version live de 'Everything counts'. Un objet que ceux qui possèdent la discographie du groupe ne
jugeront pas indispensables mais qui pour les autres est une mine de trésors sans fin tant Depeche Mode a
toujours eu le talent de choisir de bons morceaux pour ses singles.
Note : 5/6
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ARTS AND DECAY : Trail of tears
Chronique réalisée par Twilight
A priori, l'imagerie est classique, nous avons affaire à un groupe gothique...certes mais...comment dire ? On
découvre chez eux quelques sons parfois assez inattendus, ainsi les très discrets éléments de percussions
vaguement éthniques (version boîte à ryhtmes) en arrière fond de 'Mescal' et 'In Memoriam'. Mon sentiment est
que l'on s'enfonce dans la noirceur au fur et à mesure de l'album, ainsi à partir du bon '8442', les influences
Sisters of mercy se font plus précises et le dernier titre 'X' est carrément le plus malsain et torturé. Sans être
des génies, Arts and Decay sont tout de même capables de pondre de bonnes mélodies, tantôt pêchues
('Torch', 'Mescal', '8442', 'Squeeze'...), tantôt plus pesantes ('Brothers and sisters'). Les vocaux sont caverneux
mais conservent un léger élément 'chaud'; je songe parfois aux futurs Love like Blood. Ce que personnellement
j'apprécie chez eux est l'aspect progressif des chansons, il est rare que l'une d'elle me plaise dès les premiers
accords mais plus elles défilent plus on y prend plaisir, que ce soit dans les refrains, les accélérations, les
attaques du chant...Au final, 'Trail of tears' s'avère un disque sympathique à écouter, même s'il ne fera pas date
dans l'histoire du gothique.
Note : 4/6
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KINGSIZE BLUES : Live fast and die
Chronique réalisée par Nicko
Kingsize Blues est présentée comme la nouvelle sensation metal outre-manche, à gros renfort d'argument
promotionnels tape-à-l'oeil. Ouais, bref...Quand on écoute ce mini 4-titres, on peut être rassuré, voilà un groupe
lambda tout ce qu'il y a de plus commun. Kingsize Blues, c'est du metal-core de base, c'est-à-dire, du neo-metal
qualibré et syncopé (pas trop non plus histoire de garder suffisamment d'efficacité), avec une dose de
hardcore, quelques riffs mélodique (ou milieu de riffs ravageurs), une rythmique bien speed et varié (là, ok,
c'est plutôt sympa) et enfin un chant énervé (et énervant !). Non, franchement, il n'y a rien dans Kingsize Blues,
rien à retenir, c'est du vide. Les anglais manquent cruellement d'inspiration et surtout de personnalité.
D'accord, ça va vite et ça tape fort, le dernier titre remonte peut-être un peu le niveau avec des solos pas
mauvais, sur l'ensemble, c'est chiant ! J'ai pas du tout été convaincu ce coup-là !
Note : 2/6
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DIAPSIQUIR : Virus S.T.N.
Chronique réalisée par Nicko
Ce disque, c'est le Mal... Le Mal avec un grand S... Je pourrais d'ailleurs m'arrêter là, ces quelques mots
suffisant amplement pour décrire cette galette. Tout dans cet album représente le Mal. On savait déjà sur les
précédentes sorties du groupe que le Grand Cornu était L'influence de Diapsiquir. Là, c'est la quitessence de la
formation, une sorte d'apogée où plus que jamais, il n'y a aucune frontière, aucune barrière pour L'atteindre,
"toujours plus bas, vers et pour Lui"... Et quand je dis qu'il n'y a aucune barrière, je m'explique. Ici, il n'est point
question de black metal. La singularité de Diapsiquir est de proposer une musique très personnelle, alliant
différents types de sons, différents bruitages, différents styles musicaux dont le mélange mènera l'auditeur à
voir le prisme Satan à travers une autre facette que celle plus commune du black metal plus ou moins
traditionnel. Cependant, le résultat est plus ou moins le même, à savoir, une représentation musicale du rejet,
du dégoût, de la haine, de la crasse, de la merde, bref, de tout ce que représente Satan. Concrètement, dans cet
album, vous trouverez pelle-melle des beat techno, des loops, des rythmes syncopés, beaucoup de breaks, de
changements de parties, de l'indus, des remix, du piano, de l'accordéon, un gars qui parle et qui gueule
n'importe comment, à l'image d'un taré bourré et chargé à l'extrême. Par exemple, le début de l'album
commence par une ré-interprétation du thème de Roméo et Juliette de Tchaïkovski avec beat techno, remix
déjanté et Toxik balançant des insanités, pour enchainer sur "Venin intemporel rouille universelle Satan"
(VIRUS) avec un rythme hyper-rapide laissant l'auditeur dans un état de transe infernale. Voilà, le décor est
planté. Pour le reste, il n'est pas aisé de décrire fidèlement le contenu musical tant le style est décousu. On
passe allègrement de rythmes rapides et brutaux à des intermèdes au piano ainsi qu'à des parties lentes très
convainquantes. Ces dernières sont particulièrement réussies, donnant l'impression d'être dans une spirale
infernale d'où il est impossible de sortir comme sur "Diapsiquir" (où les boucles sont excellentes) ou
"Génération maudite pénétration interdite", sorte de "Rosemary's baby" à la manière de Diapsiquir... Aussi,
même si l'album peut paraitre complexe lors des premières écoutes, on retrouve toujours cette inspiration,
cette intensité dans les riffs qu'on avait déjà pu voir sur les précédents travaux de la formation. On peut quand
même aussi noter l'interprétation géniale du thème du "Parain" de Nino Rota sur "Le Mal avec un grand S" ! Sur
"Organisation contamination", on retrouve tout un tas d'acteurs de la scène française subversive, avec
notamment tous les autres membres d'Arkhon Infaustus (dont Toxik, le leader de Diapsiquir fait partie),
Meynach de Hell Militia/Mütiilation, ou le chanteur de Kickback. L'album se termine par une sorte de remix
toujours décadant d'un thème traditionnel russe célèbre, une polka il me semble (?). Vous l'aurez compris,
Diapsiquir a son univers propre, son style, déjanté, décousu et décadant, dont le dénominateur commun est le
suivant : Gloire A Satan ! Une réussite de bout en bout.
Note : 5/6
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TOSCA : Suzuki
Chronique réalisée par dariev stands
Richard Dorfmeister, moitié du duo électro culte Kruder & Dorfmeister, s’associe avec Rupert Huber (en réalité
son ami d’enfance) pour former Tosca, dont voici le deuxième effort après « Opera » en 97.
Il nous livre ici un véritable manifeste du downtempo à la viennoise, en forme d’album concept dédié à un
maître du bouddhisme zen, le tout emballé dans une superbe pochette en relief. Là ou son comparse Kruder
livre un trip-hop moite avec Peace Orchestra, Dorfmeister cisèle un downtempo fouillé et gorgé de sonorités
asianisantes, aux influences dub et trip hop.
Ce disque est l’album le plus abouti du groupe. Jamais cliché, la musique de Tosca se veut homogène et
surtout, distinguée. Jazzy sans trop en faire, l’album s’ouvre et se ferme sur des accords de piano solitaire qui
évoqueraient presque Erik Satie (« Pearl In » et « Pearl Off »).
Les rares interventions vocales se mêlent à cette foule avec discrétion (« Honey ») sans troubler le voyage de
l’auditeur. Chaque élément sonore est ici considéré comme un gimmick, répété inlassablement jusqu’à créer un
tapis de sons, un tapis de petits gimmicks qui accrochent suffisamment l’oreille pour qu’on y goûte, mais pas
trop afin ne pas se faire remarquer, de rester dans le cadre de la musique d’atmosphère en somme. Cet usage «
décoratif » des sons est symptomatique de la musique dite « Lounge », reproduite à la chaîne sur les compils à
grand succès telles que Buddha Bar… Mais c’est ici maîtrisé à merveille. Et ça n’empêche pas quelques
incartades, comme cette basse un peu fantasque sur « Boss On The Boat »… Bon, ok, je vous l’accorde, rien de
très expérimental dans tout ça… Planant mais pas trop, esotérique mais pas trop, Tosca évite pourtant les
écueils de la « muzak » de supermarché. Au final, le disque tourne plusieurs fois dans la platine et on en
redemande. Telle une promenade dans les rues d’une cité birmanienne grouillante de monde que ferait un
touriste occidental, se glissant à travers les autochtones comme autant de gimmicks inoffensifs et
impassibles… Sans réellement toucher à l’âme de ce qu’il voit/entend comme de simples breloques, faute de
s’y attarder. L’équivalent sonore du tourisme exotique de pacotille ?? Peut-être, mais un très bon disque ;-)
Note : 5/6
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KAYO DOT : Dowsing anemone with copper tongue
Chronique réalisée par Progmonster
Ce qu'il y a d'énervant avec les amateurs de musique progressive, c'est qu'ils finissent par en voir partout.
Juste pour se rassurer que leur courant fétiche n'est pas mort. Un peu à l'instar des infâmes Mars Volta, Kayo
Dot est sans aucun doute, lui aussi, sur le point de voir sa musique se faire récupérer par une horde de frustrés
en manque de sensations fortes. Ce qui attire ces gens-là, en réalité, c'est l'excès. La musique de Omar
Rodriguez et ses potes est excessive. Celle de Kayo Dot aussi. Mais si l'un privilégie la démesure dans une
attitude que l'on pourrait qualifier d'extravertie, la formation de Toby Driver nous remue de la même manière, si
pas plus, tout en livrant bataille en dedans. "Dowsing Anemone with Copper Tongue" est un disque tumultueux
et difficile, un véritable objet musical non identifié dans le payasage indépendant actuel, et les sentiments
contradictoires qu'il engendre sont pour beaucoup dans la fascination qu'exerce sur nous cette musique pour
le moins indéfinissable. L'adjectif qui me paraît le plus approprié pour tenter de définir ce qui se trame pendant
cette heure au parfum surréaliste est : climatique. Voilà en effet un album qui véhicule des sensations peu
communes, propre à faire réagir votre épiderme comme si un vent glacé vous effleurait. Seulement, il y a ici
quelque chose d'irrémédiablement étrange. Quelque chose de curieux, qui échappe à toute logique. Une
moiteur torride qui se partagerait le ciel avec des chutes de neiges très abondantes. Culture du paradoxe où la
température hivernale qui règne alentours ne semble pas affecter le moins du monde la chaleur que l'on
ressent pourtant. Un balancement perpétuel entre des courants contraires, débouchant sur une sorte
d'érotisation du morbide. On frissone à l'écoute de ces plages parfois kilométriques où l'héritage apocalyptique
de Neurosis se fait clairement entendre. À cela, Kayo Dot ajoute cuivres et instruments à cordes, sublimant le
discours post rock de Set Fire to Flames et Do Make Say Think, pour ériger une musique freeform jusque là
inédite. Paru chez Tzadik en 2003, "Choirs of The Eye" était un premier album impressionnant. D'une rare
densité et pertinent de bout en bout, "Dowsing Anemone with Copper Tongue" confirme tout le talent
visionnaire de Toby Driver, repoussant les frontières de l'impossible sur un disque plus visqueux que
réellement insaisissable, balayant d'un revers de la main toute cette cohorte de groupes dont les effets de
surenchère inutile et cette culture nauséabonde du tape-à-l'oeil sont en réalité leur seul vrai moteur.
Note : 6/6
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HAEMOTH : Kontamination
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Le clan satanique Haemoth est de retour après un bon "Vice, suffering and destruction" sorti chez les grecs
d'Iso666. Sombre et obscur sont les deux premiers adjectis qui me viennent à l'esprit concernant ce mini cd: de
la production jusqu'à la composition en passant par l'artwork, tout est noyé dans une noirceur abyssale. La
production est redoutablement aggressive, notamment la batterie bien en avant, le tout est saturé à l'extrême,
aussi bien les vocaux que les guitares donc gare à vos tympans. Haemoth pratique un black metal féroce, noir,
violent et sale. On ressent l'influence d'un Gorgoroth old school principalement, en effet, ce disque me rappelle
l'agressivité des débuts de ce groupe, ca fait mal à un tel point qu'on a pratiquement envie de le foutre en l'air
sous peine de dommages psychologiques irréversibles. L'intro "Soiled" entame l'album sur des tons industriels
inquiétants et enchaîne sur un "When The Blood Turns Black" qui annonce d'emblée la couleur: violence et
mépris. Il s'agit à mes yeux du titre le plus réussi du mini cd, dévastateur et corrosif, conlut sur un passage
plus mid-tempo et mélodique. Les vocaux sur-saturés rappellent un Pest de Gorgoroth en moins aigus mais
bien crades. "Kontamination" est un titre plutôt classique avec un break à la basse bien senti et une fin
chaotique au possible. Ce qui fait plaisir également est la forte présence de la basse dans la production, c'est
toujours un bon point lorsque c'est bien réalisé. "Poisoned Mind" nous offre trois minutes de répit dans un
monde de brutes, bruits bizarres, ambiance d'entrepôt urbain nucléaire laissé à l'abandon. Toutefois, Haemoth
nous montre qu'il sait jouer sur un tempo moins rapide avec le morceau "Famished", plus posé mais toujours
aussi malsain et vicieux, on ne se refait pas. Le dernier titre long de dix minutes qui propose une alternance
entre passages violents et moments plus posés comme sur "Famished" caractérise bien ce bon méfait vomitif.
A conseiller aux amateurs de black metal cru, malsain, aggressif et direct. Le groupe a un fort potentiel et le
démontre avec cet enregistrement. La kontamination ne fait que commencer.
Note : 4/6
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ZOMBINA AND THE SKELETONES : Monsters on 45
Chronique réalisée par Twilight
Pffff, quelle sale journée au boulot, en plus, il pleut...c'est vendredi, j'ai promis de ressortir ce soir mais je suis
complètement naze et vu qu'il fait froid, j'aurais plutôt tendance à avoir envie de me couler sous les draps. Pas
de panique, le remède existe, ça s'appelle Zombina and the Skeletones. Fort de trois minis, le groupe vient de
réunir ces dix morceaux en un seul cd plutôt plaisant à l'écoute. Nos Anglais pratiquent un mélange de punk
adolescent et de gothabilly, pigmenté de touches cabaret rock, voir ska (à la Madness), le tout servi dans un
décor de zombies et de films d'horreur série B. On songe parfois un peu à Horrorpops sans le côté psychobilly
et avec un éventail de styles plus large (rien d'étonnant pour une formation qui cite des influences allant des
Cramps aux Beach Boys, de Bauhaus à B52's sans oublier les Ramones ou Oingo Bongo). Que l'on soit bien
clair, il n'y a rien de profond dans la musique de Zombina and the Skeltones mais c'est rythmé et bien exécuté,
tout à fait le genre de musique à écouter pour le plaisir sans trop se prendre la tête. C'est assez facile d'accès
mais avec le zeste de souffre nécessaire pour être crédible. On y trouve de bonnes rythmiques punky, toute la
pêche du surf rock au niveau des guitares, quant au chant, il fleure bon le mélange des 60's et du post punk.
Après, tout est question de goût mais personnellement, j'apprécie cet humour noir pétillant, ces mélodies
fraîches et bien ficelées (le bon 'New Orleans incident', 'Counting on your suicide' avec ses cuivres mexicains'
ou 'Zombie hop' et ses orgues entraînants...). Allez, hop, je me le repasse un coup et je sors faire la fête
jusqu'au bout de la nuit.
Note : 4/6
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SUNNO))) : Black one
Chronique réalisée par Yog Sothoth
Mine de rien, chaque nouvel album du binôme américain + guests fait désormais figure de mini événement dans
le petit monde de la musique extrême et expérimentale, et Black one ne déroge pas à la règle. Annoncé par ses
compositeurs / interprètes / producteurs / distributeurs comme la rencontre entre le son Sunn0))) et des
éléments issus du Black Metal (avec en point de mire la scène Norvégienne de la première moitié des 90s), ce
disque était attendu, aussi bien dans l’Underground Doom que chez les Black metalleux dont l’intérêt aura été
capté par la présence de guests issus de la nouvelle scène USBM : Wrest (Leviathan) et Malefic (Xasthur). Et il
commence bien, ce Black one. Une fois passée la courte intro façon Dark Ambient méditatif
(ahhuuummmmmmmmmmmm…), l’album s’ouvre sur la rencontre Sunn0))) / Wrest : «It took a night to believe
», un morceau bref, porté par une ligne de guitare mélodique répétée sur toute la longueur, un petit Drone léger
dans le fond et 2 voix qui se répondent, l’une grave et menaçante et l’autre complètement hystérique. La recette
est simple, elle fonctionne parfaitement et on se surprend à penser que le groupe pourrait bien avoir réussi
dans sa démarche de fusion de genres. Seulement (vous l’aviez senti venir celui là non ?), à partir du morceau
suivant, le groupe décroche progressivement de son concept. Durant 40 minutes, il revient à son Drone «
traditionnel », vaguement parsemé de références conceptuelles au Metal noir : une pseudo reprise Drone noisy
du « Cursed realms… » d’Immortal, qu’ils auraient tout aussi bien pu essayer de faire passer pour une reprise
des Guns & roses tant elle est éloignée de l’originale, un bout de texte emprunté à Dead (« Candlegoat »), sur
un fond musical Sunn0))) typique, deux morceaux tout à fait inutiles (les 2 qui restent), dans la lignée des
premiers méfaits du groupe, mais qui souffrent atrocement de leur concision (aux alentours des 10 minutes), et
de se retrouver sur un disque sur lequel on ne les attendait pas vraiment. On s’ennuie ferme sur ce milieu
d’album, et il faut attendre le dernier titre pour enfin retrouver un semblant d’étincelle (à défaut de brasier…). Ce
« Bathory Erszebet » se décompose en 2 parties, une longue introduction Ambient à base d’infra-basses et de
cloches, qui monte progressivement en puissance jusqu’à l’explosion Drone, sur laquelle Malefic vient poser
quelques hurlements particulièrement sinistres (la rumeur veut que le bonhomme soit claustrophobe et que les
vocaux de ce morceau est été enregistrée dans un cercueil…). Le résultat est excellent, et Sunn0))) parvient
pour la seconde fois à capter cette esprit malsain / crasseux qui représente finalement l’esprit du Black Metal,
et qu’on aurait bien voulu retrouver tout au long du disque… un album en demi-teinte donc…
Note : 3/6
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INADE : Colliding dimensions tour 1999
Chronique réalisée par Marco
Destiné surtout aux collectionneurs et au public américain qui assista aux live du duo allemand en 1999, cette
"compilation" reprend morceaux d'albums, versions live et inédits. Deux extraits du splendide 'Aldebaran' des
versions live de titres rares (compilation pour 'Inner sphere resonance', vinyles divers pour 'With the flood to
light' et 'V.I.T.R.I.OL.') et enfin l'inédit 'I.R.X. pulsar', très lustmordien dans l'âme. Un disque sympathique qui
rend justice au talent des allemands et offre un panorama assez juste de l'intensité de leur création. Les
versions live sont agrémentées de manipulations diverses et gagnent en profondeur à tel point que la sono
peut s'en ressentir si l'on n'y prend pas garde ! Un disque rare plutôt pour les collectionneurs donc, la plupart
des titres étant encore disponibles. Ajoutons que la box live sortie l'an dernier rend encore plus dispensable
l'acquisition de cette 'compilation' pour les néophytes.
Note : 4/6
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ARC AND SENDER : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
Ryan Grove, Jason Hutt et Greg Pardew jouent tous les trois de la guitare. Un jour, ils ont bien fini par avoir
envie de monter un groupe ensemble. La preuve ; ils en ont fait un disque ! "Arc and Sender" que ça s'appele,
tout pareil que le nom du groupe. Bon... Y en a quand même un dans le tas qui a bien fini par se dire que quitte
à faire du rock fallait qu'il y ait un minimum de batterie. Et c'est Ryan en l'occurence qui s'y colle. Est-il
guitariste avant d'être batteur ou batteur avant d'être guitariste ? Aucune idée. Il a le groove. Il a le punch. C'est
tout ce qui compte. Basique Arc and Sender ? Pas vraiment. Rares sont les moments où l'on retrouve ici les
sonorités typiquement heavy développés par un autre groupe à la morphologie quasi similaire, The Fucking
Champs. Ça bourdonne plutôt comme dans du stoner... De plus, la relative dissonance de leurs instruments
laisse à penser que Sonic Youth est passé par là et, par delà, Glen Branca (la charge explosive de
"Hundred-Year Flood" ou le travail sur les tonalités executé sur une pièce telle que "Squares and Circles").
Parce que ailleurs, c'est vrai, malgré un départ en trombe, Arc and Sender a l'air nettement moins impulsif,
moins irréfléchi qu'il en a l'air. Priorité est donc donnée à la mise en place de climats qui montent tout
simplement au fur et à mesure que les accords permuttent, détendent la ligne d'horizon, doublent les
perspectives et transforment le paysage alentours. Un violon plus pathétique que vraiment larmoyant sur le
finalement agité "Perambulations", un saxophone esseulé bataillant sur le scarifié "Light Pain" ; il n'en faut pas
plus pour que là encore on s'imagine être en présence d'un antépénultième avatar de Godspeed You Black
Emperor ! La production relativement claire - mais particulièrement grasse avec les guitares - donne un poids
plomb aux moindres de leurs faits et gestes. Arc and Sender n'explose pas souvent, mais quand il le fait, ça
crache un maximum. Loin d'être essentiel, mais loin d'être déplaisant aussi. C'est sûr, dans le genre, on a
connu pire...
Note : 4/6
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MONDBLUT : Angsterfülltes Morgen
Chronique réalisée par Twilight
De la mélancolie, de la mélancolie, encore de la mélancolie, un peu d'angoisse aussi...Dans l'univers de
Mondblut, peu de place pour la lumière puisque tout semble y exprimer la tristesse, à commencer par ce timbre
lointain, fatigué, monocorde qui ne chante pas mais récite, comme impuissant face à l'avénement des
choses...Musicalement, on navigue entre mélodies douces et amères ('Angsterfülltes Morgen' et ses nappes de
clavier, 'Begräbnis der Träume' et son piano tristounet...), une ou deux autres plus rythmées ('Desolation',
'Rapture') mais le ton général reste avant tout atmosphérique et gorgé de spleen avec des pointes assez
marquantes ('Ein ferner Grüss', 'Aus dunklem Schlafe'). On songe bien entendu à leurs compatriotes de
Endraum mais en bien plus glauque; la musique de Mondblut, c'est les longs dimanches de pluie, l'aube grise
d'un matin sans vie, les yeux gonflés de larmes...ce sont des nappes lentes et langoureuses qui caressent l'âme
de leurs aiguilles pour la faire saigner, juste un peu...pas trop, juste ce qu'il faut, pour avoir mal et trouver ça
beau, des mots pour mettre en poésie la souffrance comme une extase érotique... Parfois pourtant, le ton se fait
un brin plus malsain ('Der Quell des Lebens.Into oblivion' empreint d'une certaine tension) mais ça ne suffit pas
pour percer cette gange de spleen cotonneux. Une signature assez inhabituelle pour Ant-Zen mais qui n'est pas
sans intérêt, même si à la longue, le cd traîne un peu en longueur.
Note : 4/6
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MORTHEM VLADE ART : Autopsy
Chronique réalisée par Twilight
Pour ceux qui, comme moi, sont des fans absolus du Morthem Vlade Art période 'Herbo dou diable', l'annonce
de la réédition en cd de leur première démo était une sacrée bonne nouvelle, confirmée d'ailleurs par l'écoute
de l'objet en question. Rares sont les groupes ayant atteint un tel degré de noirceur dans le genre à l'exception
de Christian Death. C'est d'ailleurs à eux que l'on songe comme influence principale mais dans une version
plus symphonique. Comme plus tard sur 'Herbo dou diable', le duo aime à faire cohabiter des morceaux plutôt
dans une veine deathrock, étouffants et noirs à souhait (le chant masculin/féminin en duo rappelle l'aspect
hanté des premiers Shadow Project) mais soigne également ses atmosphères par des pièces plus évocatrices:
cloches, percussions lourdes, orgues ou alors guitares torturées, vocaux spectraux, basse plombées...tout ici
est réuni pour faire de 'Autopsy' une véritabel messe noire ('Ectoplasm I et II') ou une B.O. de film d'horreur.
Lorsque l'on entend l'évolution du groupe à ce jour, on a peine à croire qu'il s'agit des mêmes Morthem Vlade
Art...pourtant, vu l'intensité et la noirceur de leur musique, peut-être était-il plus sain mentalement de ne pas
s'enfoncer plus loin encore dans ces ténèbres de peur de ne jamais en revenir...
Note : 5/6
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DEPECHE MODE : Playing the angel
Chronique réalisée par Twilight
Depeche Mode est un groupe increvable ! Après 'Exciter' et l'album solo de Dave Gahan, les rumeurs de
séparation avaient couru...Que nenni, en réponse, 'Playing the angel' est arrivé dans nos platines. J'avoue pour
ma part que depuis 'Ultra', mon intérêt pour la musique de nos Anglais avait un peu décru mais
paradoxalement, chaque album me rend curieux pour savoir si je retrouverai l'étincelle magique des anciens
disques. N'ayant pas encore écouté 'Exciter' dans son ensemble, je ne pourrais répondre pour celui-là, par
contre, ce 'Playing the angel', s'il ne me file pas le frisson comme un 'Violator', un 'Music for the masses' ou un
'Black celebration' est tout même bien agréable à l'écoute. Depeche Mode vieillit et vieillit bien. Je lui trouve
quelque chose de crépusculaire à cet album mais avec une touche malsaine. Les climats sont certes
mélancoliques mais ils sont en même temps truffés de petits bruits grinçants, d'arrangements discrètement
bizarres qui confèrent aux morceaux cet aspect mi-figue, mi-raisin. Certes, ce n'est pas le travail le plus original
de nos Anglais, des chansons comme 'John the Revelator' ou 'A pain that I'm used to' m'évoquent des relents
de 'Faith and devotion' pour le premier et de 'Violator' pour le second, pourtant par l'ajout de grincements de
guitare et d'un ou deux sons particuliers, Martin Gore parvient à les personnaliser malgré tout. En règle
générale, la musique de Depeche Mode a gagné un aspect introspectif (je n'ai pas dit calme, le rythme est bien
présent), moins flamboyant mais toujours aussi profond (la tristesse de 'Nothing's impossible' ou 'Macro' en
témoigne largement), démontrant par là que si le groupe a surmonté bien des galères, et pas des moindres, il
n'en est pas apaisé pour autant (il suffit de lire les titres). La subtilité du travail est de capter l'auditeur par la
beauté des mélodies et le côté presque hypnotique des atmosphères pour ensuite distiller le doute dans son
esprit par le bied de ces éléments grinçants, étranges dont je parlais auparavant. Point positif également, bien
que je ne le possède que depuis peu, je flaire en 'Playing the angel' le disque qui ne révèle pas tous ses secrets
en une fois mais qui peut séduire écoute après écoute. Soyez donc rassurés, Depeche Mode a encore des
choses à dire !
Note : 4/6
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BOULARD (Régïs) : Streamer
Chronique réalisée par Trimalcion
"À mon père... pour son père." Telle est la dédicace que le batteur rennais Régïs Boulard a souhaité donner à
ce disque. Car sa première oeuvre d'envergure constitue non seulement une musique expérimentale d'une
noirceur violemment expressive et frisant parfois le génie, mais également une déchirure personnelle et intime,
une manière de cautériser certaines plaies, en évoquant l'histoire de son grand-père, résistant durant la
Seconde Guerre Mondiale, dénoncé par des voisins, capturé par la gestapo et finalement torturé avant d'être
exécuté. Conjuguer évocation historique, douleur et fièvre, expérimentation musicale et signature sonore
réellement personnelle, semble relever de la quadrature du cercle. À sa manière, Steve Reich y parvenait dans
"Different trains". Régïs Boulard réussit quasiment le même exploit : je n'ai jamais entendu auparavant un
batteur tel que lui. Il est virtuose, certes, mais en aucun cas ne fait étalage gratuit de sa virtuosité : sous ses
mains, l'instrument palpite, vit, raconte une histoire, entretient une sorte de dialogue absurde et étouffant de
noirceur avec la guitare complètement déstructurée de Noël Akchoté. Ce free-rock désordonné en apparence
mais qui maintient constamment en haleine par son effarante expressivité, prend une ampleur de messe noire
grâce aux accords profonds du mellotron et du Prophet, qui en constituent le fond sonore permanent (1ère
partie). Et c'est bientôt l'emballement, l'hallali, tout explose ("l'exécution de mon grand-père et les conditions de
ce massacre"), et les longs accords funèbres viennent tout recouvrir, minés par les spasmes de l'agonie (2ème
partie). Le chassé-croisé batterie/guitare reprend dans la 3ème partie, les deux instrumentistes essayant de
tirer de leur outil sonore des figures évoquant l'anéantissement, les impressions qui peuvent subsister au
spectacle de la veulerie humaine et au rituel macabre de l'exécution. Après "Streamer" vient son pendant
"Streaming" : "Une suite de points de vue, en rapport ou non avec Streamer. Commentaires historiques, effets
d'optique... vociférations et propagande, lieux communs et dérives politico-journalistiques, professions de foi,
mais aussi la parole de mon père, et celle que je lui adresse." Ici intervient plus abondamment le recours à
l'électronique. Régïs Boulard reste cependant le principal soliste, le maître-narrateur de ces temps sinistres,
derrière sa batterie vengeresse, capable d'explosions démentes, d'atmosphères tendues, de conciliabules
nocturnes, de tribalisme ou de lente agonie. Peur sur la ville. Ambiance lourde, glauque et dense de "Radio
Londres", qui diffuse ses sibyllins messages à travers la brume (rassurez-vous, on n'entend aucune voix, tout
est suggéré par la musique) ; déferlement percussif implacable d'"A.M.G.O.T." ("Allied Military Government of
the Occupated Territories"), qui renverse tout sur son passage ; voix distordues et montées d'angoisse du
retentissant "Radio Paris" (auxiliaire zélée des occupants allemands) ; un "Code talkers" tribal et dérangé ; un
"Chien vert" ou les percussions organiques sont comme générées par la tension ambiante ; puis le sommet,
"Lèvre supérieure rigide" (surnom du grand-père) : sur la ritournelle répétitive d'une vieille boîte à musique, les
tremblements incessants de la grosse caisse et des balais mènent l'auditeur au bord de la crise cardiaque. Seul
moment véritablement dispensable de l'album, la reprise en forme d'hommage de Robert Wyatt, "Free will and
testament", qui, venant s'intercaler entre les deux parties "Streamer" et "Streaming", a pour seul mérite de
relacher un peu la tension, ce qui n'est déjà pas si mal. Car le reste de ce grand disque torturé fait vraiment
peur. Un must du label Signature. 5.5/6
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Note : 5/6
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KORPIKLAANI : Tales along this road
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Groupe finlandais de folk metal, Korpiklaani nous présente son troisième album pour le label autrichien Napalm
Records intitulé "Tales along this road". Le "clan de la forêt" en finlandais pratique un metal folk festif et
dansant, napif et joyeux dans l'esprit. On a souvent l'impression de se retrouver face à un groupe de foire ou de
fête du village appelant au pas de bourrée devant des auditeurs pleins d'hypocras et d'hydromel. En effet, la
biographie du groupe indique qu'ils ont changé leur nom originel de Shaman pour Korpiklaani afin de marquer
le changement musical et textuel et opter pour un son plus puissant et plus universel, on comprend que le
groupe a choisi de simplifier sa musique pour s'ouvrir un plus large public: en résulte un ersatz d'In Extremo en
moins efficace, du folk metal dansant et simple, parfait pour une beuverie entre amis et, alcool aidant, quelques
pas de danses sur la table. Preuve en est le premier titre intitulé "Happy little boozer" qui signifie littéralement
"Joyeux petit soûlard", en effet pas de méprise sur l'objectif du groupe. Alors certes, l'exécution instrumentale
du groupe est bonne, avec l'utilisation du violon , de l'accordéon et de la flute, cependant ça manque
sévèrement d'âme et de profondeur. Disons que c'est un album prêt à consommer, on a tout entendu dès les
deux premières écoutes, sans surprise. D'un autre côté, Korpiklaani parvient à un résultat accrocheur et
instantané et on peut le considérer comme une bonne bande son de banquet paillard. On note toutefois de
bons passages comme les morceaux "Tuli Kokoo" ou "Korpiklaani" mais le tout sonne vraiment trop comme In
Extremo, qui reste le maître incontesté en la matière. C'est vraiment dommage car ce groupe a du potentiel et
on sent qu'il pourrait faire nettement mieux et plus travaillé, surtout que je ne ressens que très peu cette
influence folklorique finlandaise dont ils se réclament. Oui, c'est puissant et convenablement joué, mais sans
âme, naîf et plutôt dispensable. Aussitôt écouté, aussitôt oublié, de la chanson à boire festive et immédiate qui
fait taper du pied, résultant en une sorte d'In Extremo du pauvre. Bien réalisé mais décevant.
Note : 3/6
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REMAINS OF THE DAY : Hanging On Rebellion
Chronique réalisée par Powaviolenza
Dès la courte intro au violon, on comprend qu'on a pas affaire ici à un clone de His Hero Is Gone lambda.
Quand les guitares de "Dreaming Drowning" rugissent, accompagnées au loin du violon, donnant un son
éthéré et nuageux, on comprend tout simplement que Remains Of The Day nous signe ici un album absolument
exceptionnel. Le son est énorme, vraiment énorme, les guitares étant la plupart du temps mêlées à un violon
discret et efficace, le tout sonnant vraiment naturel. Les riffs, inscrits bien évidemment dans la mouvance His
Hero Is Gone / From Ashes Rise / Tragedy, sont tous parfaits : pas franchement ultra-violents, mais puissants
et amples; "emos'" sans jamais êtres niais ou mielleux et tomber dans les clichés du genre, aux harmonies
toujours magnifiquement trouvées et souvent surprenantes, que le violon complète absolument parfaitement.
C'est bien simple, après l'écoute de cet album, on se demande pourquoi cette formule n'a jamais été appliquée
plus tôt dans ce style. His Hero Is Gone avec des violons alors? Je pense que résumer cette magnifique galette
de cette façon est simpliste. Là où HHIG nous pète le moral avec ses riffs sombres et désespérants, ROTD nous
assène finalement quelque chose de plus punk et "joyeux", tout en étant beau à pleurer, même si ici et là
quelques réminiscences Neurosiennes des débuts viennent "égayer" le tableau ("Only To Inifinity"). Entendons
nous bien, rien de positif ou d'optimiste là dedans, le tout reste extrêmement pessimiste dans l'ambiance,
malgré que la plupart des riffs soient en majeur et gardent un côté assez punk, ça colle le sourire mais ça serre
franchement le bide, en particulier quand certains morceaux ralentissent le tempo ("Prop" est la définition
même du titre beau à pleurer, suivi du gigantesque "The Curse On Us", dont les riffs font mouche à tous les
coups). Vraiment rien à jeter dans cet album, aucune chanson qu'on sent rajoutée à la dernière minute pour
rajouter un peu de durée... Que des hymnes massifs et puissants, bourrés de passion à ras-bord, dont le final
épique et grandiose ("Elusive Reflections") clot en beauté cette oeuvre. Les paroles torturées sont hurlées par
une voix pas vraiment exceptionnelle mais collant bien au style; la section rythmique bastonne comme il faut
dans la grande tradition hardcore crustisant, simple,* et ample : en gros, du toukatouka tout le CD, mais un jeu
de cymbales très classe et "feuillu", et une basse discrète mais efficace. L'artwork est classieux et sobre, bien
dans l'esprit de la musique. Le groupe rajoute à tout cela deux titres, "Dead Cells" (tiré d'un split avec Keitzer
enregistré en 2001) au tempo un peu plus rapide et violent, et "Confinement", enregistré en 1999 et jamais sorti
auparavant, tous deux d'excellente facture. Encore une fois, je le redis : rien à jeter dans ce CD ! Un chef
d'oeuvre du genre. 5,5/6
Note : 5/6
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THE KNIFE : Deep Cuts
Chronique réalisée par dariev stands
« Notre attitude c’est notre musique. »
Le duo de Stockholm (Olof et Karin, frère et sœur) annonce la couleur. Là ou les Daft Punk se cachent derrière
leurs masques pour laisser parler leur musique, The Knife met ouvertement son image ET sa musique au
service de causes politiques. Quand on tient leur disque entre les mains, pourtant, on a plus l’impression d’être
en face d’un groupe d’electroclash opportuniste bardé de claviers vintage que d’un brûlot engagé à la Rage
Against The Machine. Et pourtant. The Knife fait cohabiter sonorités eighties à la mode avec des paroles
subversives et féministes. Pourtant parlons d’abord de leur musique (qu’on oublie d’en parler est le risque que
courent les groupes très politisés) : Deep Cuts est – autant l’avouer – une franche réussite. Voire, une fois
passé la pillule du parti-pris kitsch et cynique, une pure merveille. Dans un genre au combien répandu ces
dernières années, le disque parvient à se démarquer, pas seulement par ses paroles mystérieuses et souvent
assez sombres mais aussi par la qualité des mélodies… Ici pas d’electroclash à la DJ Hell ou Fischerspooner,
aux beats martiaux taillés pour les clubs ; The Knife fait de la pure pop, à la fois commerciale et subversive.
Bien sur certains morceaux ne demandent qu’à être envoyés sur les dance-floors, tel ce « Handy Man », mais
d’autres se tournent plutôt vers de l’electro mélancolique, gorgée de synthés plutôt kitsch. Il fallait oser, The
Knife a osé, et ils ne sont pas ridicules cependant. « You Take My Breath Away » est une délicieuse ritournelle
pop ânonnée d’un délicieux accent scandinave, dont le clip fait ressortir tout le malaise… Les clips parlons-en,
un dvd offert avec l’album permet de les voir, tous les 5. Et après leur vision une chose est sure : nous sommes
bel et bien en face d’un groupe dont l’intérêt se situe à 50% dans la musique, 50% dans l’image. Evidemment
toute la presse a jasé et la popularité du duo s’est accrue. Coup médiatique. On est déjà loin de la pop
soi-disant à deux niveaux de lecture de Franz Ferdinand, ici on pense au KLF (Kopyright Liberation Front, un
groupe de Dance terroriste et subversif au possible du début des années 90), ce qui n’arrive pas souvent. The
Knife est un groupe exigeant, et se veut tranchant, comme son nom l’indique… Leur promo est réduite à son
minimum (ou plutôt, se fait de manière subversive, tout étant une forme de promo) et quand à leurs concerts, il
n’y en a simplement pas ! C’est peut-être là que se situe la cassure avec d’autre groupes d’electroclash plus
hédonistes comme Robots In Disguise… Les deux suédois semblent avoir une certaine rancœur envers
l’industrie du disque. Enfin, foin de considérations politiques, n’oubliez pas à quoi cette musique peut servir en
premier, à nous, pauvres individus apolitiques lambdas : à danser. Et elle remplit cette fonction à merveille.
Note : 6/6
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KINSKI : Be gentle with the warm turtle
Chronique réalisée par Progmonster
On continue notre petit périple - pour ceux qui le souhaitent du moins - en territoire alternatif avec Kinski,
groupe de Seattle qui, heureusement pour nous, ne cherche pas à s'inscrire dans le sillage quelque peu
dépassé de vieilles gloires sur le retour. Math rock, post rock, noise rock, qu'est-ce que c'est au final que cette
musique instrumentale toutes guitares dehors ? Je n'en sais foutrement rien ! Et je m'en moque... Laissons les
étiquettes aux étiquetteurs, ils sont là pour ça. Contentons nous d'écouter leur musique. Si ce n'est
"Spacelaunch for Frenchie", en écho à leur premier EP, plutôt atmosphérique dans son agencement, les autres
titres de "Be Gentle with The Warm Turtle" privilégient les sensations fortes et la débauche de décibels.
Développant à présent une facette à deux guitares, celles-ci sonnent plus souvent comme d'abominables
fraiseuses sur le point de vous arracher des lambeaux de chair. Les jolis arpèges de "One Ear in The Sun" sont
un leurre que l'on voit venir à cent kilomètres à la ronde, mais c'est là un piège dans lequel il est si plaisant de
tomber qu'on se prête au jeu, confiant. L'intérêt n'est plus dès lors de savoir ce qui va se passer, mais comment
ils vont s'y prendre. L'hommage à peine camouflé à Sonic Youth du titre "Daydream Intonation" amène tout de
même Kinski à fréquenter des rivages que le célèbre groupe New-Yorkais a trop peu approché, celui d'un
héritage psychédélique/stoner dont ils ne sont pourtant pas étrangers. Une montée en puissance, très
structurée, finissant sur une boucle décisive et trépidante. Faites attention tout de même, la basse de Lucy
Atkinson, d'une profondeur et d'une netteté effarante, a de quoi tuer vos enceintes surround... Comme si cet
emprunt de circonstance aux musiques électroniques permettait au groupe de mieux façonner son image, plus
proche en définitive d'un kraut rock à la Neu! En ces jeunes années, Kinski a aussi des airs de Mogwai, mais
celui de "Young Team" s'entend ("Montgomery"). C'est autre chose. En définitive, il ne faudra pas compter non
plus sur "Be Gentle with The Warm Turtle" pour renouveller le genre, mais son énergie, la sourde tension
mesquine qu'il alimente et ce juste équilibre dans les nuances en rend l'écoute parfaitement appréciable.
Note : 4/6
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ABSIDIA / SIX REASONS TO KILL : Morphology Of Fear (Split CD)
Chronique réalisée par Powaviolenza
Ce split CD réunissant deux groupes allemands peut être qualifié de plutôt inégal dans sa qualité. En premier
lieu, Six Reasons To Kill officie dans un hardcore metallique énormément teinté de death old-schoolisant. Ici et
là, on pense à Obituary, Entombed et surtout Bolt Thrower. La prod est très bonne, lourde à souhait et met en
valeur des mosh-parts bien efficaces, ainsi qu'une grosse voix death bien grassouillette. Donc en gros, Six
Reasons To Kill, c'est des gros riffs death old-school, alternés avec des riffs moshisants (belgisants?)
d'obédience Slayer à la Reprisal / Arkangel / Drowning première période, etc. Ca groove pas mal, c'est bien
pesant, le quatrième titre ("Gates To Eternity") ressort un peu du lot, mais ça ne dégage rien de bien original et
on finit par s'ennuyer... On oublie donc très vite Six Reasons To Kill pour se concentrer sur le joyau de ce split,
Absidia. Après une superbe introduction au piano dramatique et jazzy ("Conspiracy Theory"), Absidia nous fait
profiter pendant les trois derniers titres du split de son excellent metalcore à l'ambiance guerrière à souhaits.
Ici, les influences lorgnent plus du côté de At The Gates et Carcass (période "Heartwork"), mais attention, pas à
la façon Killswitch Engage et compagnie. Dans Absidia, vous n'entendrez pas de voix claires mielleuses et de
mélodies FM, même si concrètement le style peut-être affilié à toute cette mouvance "hardcore à influences At
The Gates". Les riffs sont mélodiques, les harmonies très suédoises, il y a des passages en acoustique, mais
c'est inifniment puissant et jouissif, toujours incisif, sans réelles fautes de goût. C'est beau du début à la fin,
mélancolique et violent. La production made in Bremen par Dirk Kusche (l'homme qui a produit les géniaux
Acme, Systral, Mörser etc...) rend le tout très puissant et écorché (pfiuw, ce son de gratte...), et les quelques
passages un peu approximatifs (parfois un peu flagrants au niveau de la batterie) ne choquent absolument pas,
donnant plutôt au tout un côté frais et live. "No Longer Willing to Wither" et "Written In Minor Key" (comme son
nom l'indique) sont deux titres assez mélancoliques (le passage acoustique de "Written In Minor Key" est
vraiment magnifique), et "Reversal Of A Broken Hearted" est quand à lui extrêmement guerrier (argh, cette
fin...). Ces trois titres passent malheureusement beaucoup trop vite, et on aimerait bien en entendre plus, mais
Absidia splitta en 2003. En clair, Six Reasons To Kill récolte un 3/6 et Absidia un 5/6. Donc 4/6 pour ce split CD,
dont la partie Absidia est réellement inoubliable, mais dont la partie Six Reasons To Kill est un poil chiante. A
noter : l'artwork est vraiment joli.
Note : 4/6
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MOST PRECIOUS BLOOD : Merciless
Chronique réalisée par Powaviolenza
Du split des légendaires Indecision découla Most Precious Blood, qui après avoir sorti les grands albums que
sont "Nothing In Vain" (2001) et "Our Lady Of Annihilation" (2003) nous propose cette déception qu'est
"Merciless". La recette de Most Precious Blood : des riffs et rythmiques simples mais efficaces, une violence
omniprésente, un jeu de batterie extrêmement incisif, un soupçon de mélodies : du gros hardcore carton qui se
permet deux trois petites expérimentations (ici illustrées par quelques touches pseudo-electro ridicules), mais
reste foncièrement basique. Mais là où les riffs bétons de "Nothing In Vain" et "Our Lady Of Annihilation",
virulents et pleins de feeling, avaient fait mouche, la recette ne me touche absolument plus dans "Merciless".
Le constat s'impose dès le premier morceau, "Shark Ethic", où la première faute de goût est d'une évidence
malsaine : un clavier grandiloquent plus typé heavy-metal épique que new-york hardcore accompagne un riff
assez niais et moche (le clip tiré de ce même morceau est d'ailleurs lui même assez niais et moche). Le reste de
la galette, même si certains morceaux restent plutôt corrects, voire même très bons ("Narcoleptic Sleepwalker",
sa ligne de basse classieuse et son feeling limite crust; "Two Men Enter, One Man Leaves", le titre carton par
excellence; "Temporary Solutions To A Permanent Problem" qui clôt l'album tout en lourdeur et mélodie), reste
du MPB pur jus, mais là où la recette "simple et efficace" me touchait dans les deux premiers albums, je
n'arrive pas à m'écouter "Merciless" entièrement sans zapper, aucun riff ne me reste réellement en tête après
écoute complète de l'album, rien ne fait franchement bouger la tête, ni même taper du pied, excepté lorsque le
tempo s'accélère un peu... Non pas que ce soit foncièrement mauvais : certains riffs gardent tout de même une
certaine classe, la voix est toujours aussi travaillée et violente (très grand chanteur, ce Rob Fusco), on y trouve
toujours de bonnes mosh-parts; mais quand j'écoute MPB, je veux des titres comme "In Effigy", "Heroes And
Conspiracy", "So Typical In My Heart"... Pas cet album décevant, tout en longueurs et en fautes de goût.
Premier faux pas pour un groupe que je trouvais très bon... Peut-être la barre placée par "Our Lady Of
Annihilation" était-elle trop haute, mais je ne peux m'empêcher d'être déçu par "Merciless".
Note : 2/6
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THIS HEAT : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
Il fût un temps où l'informatique ne pouvait raisonnablement pas prétendre au statut d'outil incontournable qui
est le sien aujourd'hui. Par certains aspects, son utilisation sommaire s'apparentait alors à celui d'un simple
instrument. Et ce que les descendants des descendants des descendants de ces processeurs de la préhistoire
accompliront bien des années plus tard, des hommes, avant eux, s'étaient mis en tête de le réaliser avec de très
modestes moyens. This Heat, c'est le témoignage d'un passé assez récent et qui pourtant nous projète bien loin
dans l'avenir. Un projet hors du commun, qui ne peut se résoudre à vivre rangé dans une seule case, ou alors
devrait-il toutes les occuper à la fois. Enregistré avec un multi-pistes sur cassette mono et stéréo, le premier
album de This Heat étonne par son incroyable post-modernité. Un son compact, massif et rond à la fois, rock
par essence, mais expérimental par raison. Nous sommes en 2006 et, malgré tout, la musique qu'il contient
nous semble si familière, comme s'il s'agissait là d'un nouveau groupe prometteur alors que, si nous n'avions
pas la curiosité maladive de savoir quand exactement ce disque fût publié (trente ans plus tôt), rien aurait pu en
vérité nous mettre la puce à l'oreille ! Il devient très vite évident qu'un très large spectre de musiques
indépendantes et expérimentales, des années quatre-vingt à nos jours, se soit inspiré de ce manifeste futuriste.
Bullen, Hayward et Williams ont fait des limitations techniques de leur époque leur atout numéro un, faisant
preuve d'une créativité débordante où le chaos orchestré à son mot à dire ("Horizontal Hold", "Rainforest"), où
le mode de composition s'extrait d'un académisme limitatif pour devenir une fin en soi (la boucle rythmique de
"24 Track Loop", à juste titre nommé ainsi). À grand renfort de bandes magnétiques, This Heat bâtit les plans
d'une nouvelle musique dont l'architecture n'a pas fini de fasciner aujourd'hui. De Einstürzende Naubauten aux
productions trip hop, des passages noise les plus poisseux aux incantations étranges héritées des meilleurs
éléments de l'école allemande, de ce goût sûr pour les musiques contemporaines les plus avant-gardistes aux
délires sombres mais mesurés de Henry Cow, l'écoute appliquée de ce disque - enfin réédité par les bons soins
du label Recommended - nous fait prendre conscience peu à peu que This Heat a peut-être été un moment
charnière dans l'histoire de la musique du vingtième-siècle, le point focal où tous les autres points convergent
pour mieux repartir de façon aléatoire dans toutes les directions.
Note : 6/6
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THIS HEAT : Deceit
Chronique réalisée par Progmonster
Ça ne s'arrange pas vraiment avec "Deceit", dans le sens où This Heat, malgré les années, malgré aussi les
moyens acquis entretemps, semble toujours si peu enclin à toute forme de compromis. Certaines plages ont de
toute évidence pu jouir d'une production plus polie, mais ce n'est pas ce qui choque le plus. Le chant a pris
davantage d'importance ; on ne compte presque plus de titres exclusivement instrumentaux, à part l'interlude
ludique de "Radio Prague" et le perturbant "Hi Baku Sho" dont on ne sait trop quoi penser... Façon déguisée
d'arrondir les angles d'une musique qui ne se laisse pas facilement apprivoiser quoi qu'il advienne. Les
expérimentations vont toujours bon train mais, parce que formellement les titres présentés ici s'apparentent
plus volontiers à ce que l'inconscient collectif peut identifier commes des chansons, l'oreille est moins
sollicitée dans sa quête du hors norme. Pour autant, le second This Heat reste une bien étrange affaire. Une
musique rock terriblement décalée qui a l'incroyable avantage de mettre l'accent sur les talents d'arrangeurs du
trio et leur sens abouti de la composition, fusse-t-elle automatique. "Deceit" est moins brut que leur premier
essai, c'est certain. Mais il serait bien difficile de les départager tant ces deux disques remplissent à merveille
leurs rôles respectifs. Alors on peut se demander finalement si This Heat n'a pas réussi avec cet album ce à
quoi leur premier, peut-être trop ardu, ne pouvait prétendre ; à savoir fédérer plus de gens, plaire à tout le
monde ou, au moins, à tous les curieux amateurs d'aventures musicales originales ? À vrai dire, pas
nécessairement... Mais dans tous les cas "Deceit" me paraît être à coup sûr un disque dans lequel beaucoup se
reconnaîtront ; car y sont projetés les sonorités cold wave, indus et punk si chères à toute une frange de notre
lectorat ("Triumph", "S.P.Q.R.", "A New Kind of Water"), la démarche progressive et avant-gardiste d'un
certains nombres de groupes tout-à-fait respectables ("Cenotaph", "Independence"), juste ce qu'il faut de
hargne pour intéresser les plus haineux ("Paper Hats", "Makeshift Swahili") et enfin une vision suffisamment
panoramique que pour y inclure aussi bien des éléments de musique du monde ("Shrink Wrap") que de
l'électro-acoustique pure. N'est-ce pas, après tout, précisément pour ce genre de disque que l'on devrait utiliser
à bon escient le qualificatif tant convoité de chef-d'oeuvre ?
Note : 6/6
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UNDERGROUND RESISTANCE : Galaxy 2 Galaxy – a hi-tech jazz compilation
Chronique réalisée par dariev stands
Aborder la techno sans parler de Underground Resistance, voilà qui aurait été difficile…
Avant de commencer la chronique proprement dit il convient de présenter le cas particulier de ce « groupe »…
En réalité, il s’agit plutôt d’un groupuscule, aussi bien politique qu’artistique, à la base fondé en novembre 89
par Jeff Mills , Robert Hood et Mike Banks, dit « Mad Mike ». Tous 3 font partie des fameux « pionniers » du son
de Detroit, le plus souvent désignés comme les inventeurs de la techno. Si Jeff Mills est devenu l’étonnant
DJ-star que l’on connaît, Robert Hood quant à lui est parti fonder le label M-Plant, laissant Mad Mike seul aux
commandes en 1992. A partir de là, UR va plus ou moins endosser le rôle de « Public Enemy de la techno », se
caractérisant par des prises de positions anti-système et farouchement indépendantes . Leur devise ? « For
those who know » . Hum, ça commence bien. Leur programme ? L’abolition de l’image en tant que
représentation visuelle de la musique ; la fin de toute starisation, de tout élitisme. Pour eux, “le star system est
une invention de blancs”. Primauté absolue à la musique, zéro compromission. La seule attitude artistique qui
vaille. Pas d’interview, pas de clip, comble du comble : pas d’album à proprement parler… En effet, la
discographie du groupe se compose de maxis vinyles. Aucune sortie CD. Voilà qui est corrigé aujourd’hui avec
cette rétrospective, qu’il convient d’expliquer… « Galaxy 2 Galaxy » , outre le titre d’un EP de 93, est également
le nom de scène du collectif d’artistes qui gravitent autour de Mad Mike. Cette compilation est la porte d’entrée
la plus facile pour l’univers des gaillards de Detroit, puisqu’elle regroupe les morceaux les plus « soft » du
collectif. Cet univers, il est indissociable de leur parti pris minimaliste et politisé, lui-même indissociable du
contexte : Detroit, la « Motor City », et ses maigres perspectives pour les jeunes et particulièrement les jeunes
noirs. Les photos de l’intérieur du cd sont assez éloquentes d’ailleurs : brisant les clichés d’une bande
d’intellos cagoulés, on y voit des types à la coupe afro et aux fringues improbables manipuler des machines
vétustes… A se demander s’il ne s’agit pas d’une blague, tant les photos font plus années 70 que 80. Au
dessus d’une photo est écrit au feutre : « voici la cave de la maison de la mère de Mad Mike : là où tout a
commencé. ». Voilà qui suffit à les rendre plus humains… Plus loin, les remerciements : « UR would like to
thanks the following mothers » est-il écrit, avant de dresser la liste de toutes les mamans des membres du
collectif. C’est-y-pas mignon ?
Parlons (un peu) de la musique rassemblée sur cette compilation. Une techno aux sonorités plutôt house, à vrai
dire, qui montre la facette plus lisse de leur musique. Ainsi, si bon nombres de sorties cultes sont passées à la
trappe par ce double cd, le ep « Nation 2 Nation » par exemple, y figure en intégralité. Le premier cd regroupe
une sélection plutôt downtempo tandis que le deuxième propose des beats plus incisifs… (Il ne contient que 8
titres… que des merveilles.) Le néophyte découvrira une étrange guérilla urbaine à base de synthés vintage et
sans aucun sample. Par contre, des instruments, on en retrouve dans ce double cd ! Claviers, Saxophones,
samples de flûte… certaines pistes peuvent rappeler St Germain, pour utiliser une référence connue,
notamment « Star Sailing ». « Body & Soul », lui, se développe sur une ossature de rythmes presque latino, et
de nappes de claviers typiques du son UR. Là-dessus se rajoutent des petites lignes de piano qui entretiennent
plus l’atmosphère que la mélodie… Ce qui est une constante du travail de Mad Mike et ses acolytes. Dès qu’une
mélodie est esquissée, elle est soit balayée d’un revers de main, soit répétée à l’envi, jusqu’à ne former qu’un
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motif mélodique propre au rythme. Aucune concession pop. Mais qu’on ne s’y trompe pas, comparé aux
productions ambitieuses et morcelées de gens comme Aphex Twin ou Venetian Snares, c’est de l’Easy
Listening ! Dans le sens « facile à écouter » , évidemment , pas dans le sens péjoratif du terme. Encore que
certaines pièces comme « Nation 2 Nation » sonnent vraiment cheapos aujourd’hui, osons le dire… D’autres
sonnent étonnamment intemporelles comme « Transition » et ses paroles posées et méditatives typiques de la
musique électronique de Detroit/Chicago ou encore « Astral Apache » aux vocaux cette fois-ci samplés sur des
chants indiens ! « 303 Sunset » et son groove simpliste et pourtant contagieux fait directement référence à la
glorieuse époque Acid. Quant à « First Galactic Baptist Church », c’est une perle d’afro-techno funky, bien loin
de l’image austère véhiculée par le collectif. Rendez-vous sur les futurs chroniques des nombreux EP du
collectif, dans lesquelles je m’étendrai plus largement sur leur musique – qui ne saurait se réduire à cette très
classieuse compilation.
Note : 5/6
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SENSORIAL RESPONSE : Humanity vs Technology
Chronique réalisée par Marco
Premier album pour le français de Sensorial Response, 'Humanity vs technology' est le résultat d'un travail
remarquable de précision et de justesse. Influencé à l'évidence par Front Line Assembly (sons aériens,
arpégiateur et vocoder), Skinny Puppy (structures complexes) ou encore Velvet Acid Christ (pour l'aspect
trance), l'album est un bon condensé de ce que l'electro peut avoir de prenant quand elle est pensée et surtout
inspirée. Toujours à la limite du dance-floor, Sensorial Response ne sacrifie pas cette efficacité aux schémas
trop évidents du genre mais au contraire s'applique à mettre les nappes atmosphériques au même niveau que
le reste et non pas comme un simple décor pour justifier une pauvreté musicale comme on en rencontre trop
souvent hélas de nos jours. Les ambiances plutôt variées offrent un panel assez représentatif des visions
cybernétiques du projet (thématique 'bio-mécanique' et futuriste) et de c epoint de vue Sensorial response n'a
pas à rougir face aux aînés qui l'inspirent ici. Il manque seulement un peu plus de variété dans les structures
des morceaux, qui s'ils sont tous d'excellente facture pris individuellement se noient quelque peu dans
l'intégralité de l'album. Cela dit, à l'écoute de cette première offrande, on ne peut qu'être admiratifs devant tant
de maîtrise (production impeccable) et de bonne volonté. Gageons que la suite le confirmera !
Note : 4/6
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COMPILATION DIVERS : Swarm
Chronique réalisée par Marco
Le nouveau sampler de chez Cold Spring fait comme d'accoutumée un point sur le catalogue du label et aussi
des nouveautés à venir. Ainsi l'on retrouve les ténors du label et quelques inconnus qui ne tarderont pas à
sortir de l'anonymat une fois leur passage à l'album effectué. Autant le dire immédiatemment, si l'on appréciera
grandement la présence de certains noms avec des inédits, on regrettera que d'autres se soient contentés d'un
minimum affligeant, à l'opposé du talent dont il savent par ailleurs faire preuve (notamment l'inutile titre de A
Challenge Of Honour, qui déçoit ici après un 'Seven samurai' grandiose). On notera l'excellente version live du
'Sacred fury' de Shinjuku Thief, le troublant Andrew Liles (et son ambient minimaliste extra-terrestre)ou laa folk
amrtiale et symphonique de Bleiburg flanqué de Werkraum et Von Thronstahl. Werkraum qui exulte avec un
inédit folk et enlevé tandis que V.T. nous servent une fois de plus leur folk totalitaire ridicule et très mal
produite. Heureusement H.E.R.R. s'en sortent largement mieux et avec plus de talent sur 'Stalingrad', et du côté
dark-ambient rituelle les confirmés Sleep Research Facility ou Schloss Tegal rivalisent de terreurs abyssales
avec les nouveaux Necropolis, Sistrenatus et Tenhornedbeast qui offrent ici les meilleurs titres de la
compilation.
Note : 3/6
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YELWORC : Brainstorming
Chronique réalisée par Twilight
Yelworc, soit Crowley à l'envers est un duo allemand qui raffole des atmosphères occultes et malsaines.
Oeuvrant dans un électro sombre qui emprunte des éléments à l'indus pour les vocaux trafiqués et quelques
bruits, à l'EBM pour les rythmiques et au gothique pour la noirceur des atmosphères, ils parviennent à tisser
une musique à la fois complexe (de ce point de vue-là, des échos de Mentallo and the Fixer ne sont pas très
loins) et immédiates de par l'efficacité des mélodies. Les samples mystiques côtoient des séquences
symphoniques, des nappes de claviers, des percussions lourdes pour tisser cette obscure toile au coeur de
laquelle l'auditeur identifiera la colère, la tristesse, la peur ou simplement le mal en tant que force. Difficile de
résister à l'envoûtement que provoquent des morceaux dansants comme les excellents 'Curse', 'Sacred city',
'Blood in face' ou 'Spellbound' ou d'autres plus lents et pesants comme les superbes 'Inquest' ou 'Dreamless
vision'. Un album magnifique qui allie avec talent l'énergie du rythme et la noirceur des mélodies.
Note : 5/6
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DOLORIAN : S/t
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Attention Ovni. Chroniquer ce Dolorian sans avoir l'appui d'un extrait ou d'un quelconque sample audio revient
à essayer d'expliquer les couleurs à un aveugle. En même temps, de couleurs, ce disque n'en a clairement pas,
si ce n'est le gris. Un gris opaque, envahissant, une volute de fumée oppressante qui n'a de cesse de vous
tourmenter. Oui c'est un peu cela Dolorian, une fumée que l'on inhale et qui vous fait tripper quelque part dans
les méandres de vos noirs souvenirs. Psyché donc oui, à moyenne dose, par le biais de tous ces petits effets
de claviers, des bruitages qui vont et qui viennent ("Nails), ce flanger très présent sur les grattes, ces voix qui
vous susurrent continuellement des txtes inaudibles... Obscur et déprimant, surtout, avec ces arpèges
caractéristiques du groupe, sorte de guitares fantômes, désaccordées qui même une fois lâchées en accord
electriques continuent de sonner avec nostalgie et désespoir. Ce disque, c'est quelque part un petit chef
d'oeuvre d'ambiance, bien plus encore que son prédécesseur. La recherche en terme d'harmonies est
incroyable. Les guitares electriques passent au dernier plan, à un tel point qu'on ne se rend pas vraiment
compte de leur présence lors des premières écoutes, pourtant elle ssont là, en appui de ces chuchotements
terriblement angoissants, et formant la brique finale qui scelle ce mur de noirceur. Terriblement Gutsien ce
disque en somme. Experimental dans ses sonorités, ses morceaux aux structures quasi progressives, et
surtout terriblement obscur... Le groupe sait toujours donner quelques bribes d'espoirs au détour d'un arpège
("Blue unknown", "Hidden / Rising"), mais en profite pour rapidement appuyer l'ambivalence avec ses
dissonances permanentes. Je le répète une fois encore (cf première chronique) mais Dolorian est passé maître
dans l'art de l'arpège dissonant. Je veux dire, on a ici une véritable leçon, chaque note est à sa place, et
pourtant elles dérangent. Mais que dérangent-elles finalement ? Pas vraiment nous finalement, car quand on se
rend compte de l'ambiance dégagée, on ne peut que s'agenouiller devant cet immense de composition qui a été
réalisé en terme d'harmonies dissonantes guitares et claviers. Difficile je vous disais de parler de cet album, je
ne peux que vous inviter à vite vous le procurer, si tant est que le concept "sombre et experimental" vous
intéresse, ce disque est un des plus froid, lancinant, dépressif que je possède... Pour autant, son écoute
répétée nuit quelque part à ses effets anxiolytiques (oui oui cet album, aussi paradoxal puisse-t-il sembler, me
calme), et sans prendre non plus la poussière, voilà bien un disque difficile à s'ingurgiter en intégralité. Trop
sombre, trop linéaire,trop extrême et intègre quelque part. Une oeuvre passé relativement inaperçu, et qui
mérite pourtant tous les égards de la part des amateurs de musique obscure et dépressive.
Note : 5/6
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SIOUXSIE AND THE BANSHEES : The rapture
Chronique réalisée par Twilight
Je ne sais pas pour vous, mais selon moi, le dernier album d'un groupe est un moment important...c'est que,
réussir sa sortie, c'est capital pour assurer son souvenir dans la mémoire des gens. C'est d'autant plus difficile
quand il s'agit d'un vrai groupe et qu'il ne prévoit pas toujours quand sera la fin. Dans le cas de Siouxsie and
the Banshees, c'est tout à fait honorable. Ce n'était pourtant pas gagné d'avance vu 'O baby', selon moi l'un si
ce n'est le plus mauvais morceau écrit par nos Anglais...une infecte pop dont ne voudrait pas Madonna.
Heureusement, la suite rassure, la diva et ses accoyltes parviennent à effectuer un faux retour aux sources
sans renier leur évolution qui les a conduits de la cold wave post punk vers des rivages plus pop. Les mélodies
sont moins torturées que par le passé certes mais on décèle de-ci de-là un son de guitare, une ligne
d'orchestration, un roulement de batterie qui louche vers des périodes comme 'Through the looking glass' ou
'Tinderbox' (c'est notamment le cas de l'excellent et inquiétant 'Not forgotten'). Ce sentiment est peut-être dû
également à la production plus directe que sur 'Peepshow' ou 'Superstition', on trouve certes quelques effets
de cordes et d'accordéon fort judicieux mais ils sont discrets et le point de mire reste la formule
batterie-basse-guitare. En résumé, les ratages sont rares, je citerais 'O Baby' et 'The lonley one' assez
insupportable avec ses banjos et ses accordéons. Ils sont fort heureusement largement rattrapés par des
merveilles comme 'The double life', 'Not forgotten', The 'Rapture' dont la magnifique introduction au violon a
des accents de Velvet Underground, sans oublier le mélancolique et sensuel 'Forever'. C'est donc la tête haute
que Siouxsie and the Banshees quittent la scène en nous laissant en guise de présent cet ultime témoignage
studio.
Note : 4/6
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LAMENTED SOULS : The origins of misery
Chronique réalisée par Yog Sothoth
La scène norvégienne, c’est quand même un joli foutoir. Entre les groupes majeurs, les side projects plus ou
moins éphémères qui réapparaissent pour une fête d’anniversaires ou un festival obscur dans un bar du coin,
les tribute bands qui regroupent des membres de formations établies, on arriverait presque à s’y perdre, et,
dans le cas de Lamented souls, on aurait quand même perdu assez gros en passant à coté. Fondé au début des
années 90 par Simen « Vortex » Hestnæs (Dimmu Borgir, Arcturus, ex-Borknagar), Appolyon
(ex-Dødheimsgard, Aura noir, Cadaver) et la section rythmique d’Infernö (groupe de retro Thrash très très
retro…), le groupe se fait plutôt discret, réalisant diverses sessions d’enregistrements dont on retrouve
certains titres sur 2 démos (1993 et 95) et un single (Essence of wounds – 2003), les autres restants à l’état
d’inédits, notamment un album complet enregistré en 97. Finalement, dans le courrant de l’année 2004, le
batteur Einar Sjursø décide de sortir sur son propre label une compilation regroupant leurs enregistrements les
plus récents et quelques morceaux plus anciens. Le disque s’ouvre donc sur les 7 morceaux composant
l’album jamais réalisé du groupe. Officiant dans un registre Epic Doom teinté de Heavy Metal, assez proche de
la période classique de Candlemass, Lamented souls alterne les morceaux tragiques - la plus belle réussite de
l’album étant assurément le titre « Var » et son ambiance de champ de bataille dévasté – et d’autres titres plus
agressifs (« Hybris », « Demon baby »). Vocalement, Simen en fait des tonnes, déployant toute la palette de son
(imposant) registre vocal au gré des morceaux, le norvégien parviendrait presque à faire jeu égal avec un
certain « moine » suédois. Au vu de la qualité de la musique proposée ici, on ne peut que déplorer que les
musiciens n’accordent pas une plus large place au groupe, en réalisant un véritable album notamment. Les
morceaux suivants sont extraits de sessions plus anciennes du groupe, on retrouve des versions différentes de
certaines des compos déjà présentes sur la première partie, un peu plus crues ou légèrement remaniées, ainsi
que quelques titres inédits (mention pour le très mélancolique « Nemesis »). Au final, cette compil se révèle un
bon moyen d’attirer un peu la lumière sur ce projet injustement méconnu (pourtant avec un tel line up…). Il ne
reste plus à espérer que ces géniteurs trouvent le temps de lui enregistrer une suite. Wait & see…
Note : 5/6
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SIOUXSIE AND THE BANSHEES : Once upon a time/ the singles
Chronique réalisée par Twilight
Compilation des premiers singles du groupe, ce 'Once upon a time' est un achat plutôt indispensable. Témoin
de la période la plus post punk de Siouxsie and the Banshees, il propose pas moins de trois morceaux
indisponibles en cd, les excellents 'Hong Kong Garden', 'The staircase (mystery)' et 'Love in a a void'. Rien n'est
à jeter, nos Anglais pratiquent alors un mélange de cold wave sale et torturée et de post punk, avec quelques
incursions new-wave plus tranquilles ('Christine', 'Happy house') et dès les débuts, on décèle ce talent pour
pondre des mélodies imparables. Qui plus est, on sent très vite les progrès vocaux de la jeune Siouxsie qui
d'un timbre direct parvient à moduler une palette d'émotions plus variée et sensuelle (' Arabian knights', 'Israel',
'Christine'). 'Il était une fois' un très grand groupe...
Note : 5/6
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SIOUXSIE AND THE BANSHEES : Overground
Chronique réalisée par Twilight
A priori, les gens à la base de ce pirate ne connaissent pas grand chose à Siouxsie and the Banshees: la moitié
des titres indiqués sont imaginaires et ne correspondent pas, quant aux informations de line-up, elles sont
erronées. La date du concert semble, elle, être exacte compte tenu des chansons présentes et du fait que
l'album live officiel, 'Nocturne' sorti en 1983, en reprend la grande partie. Pour le reste, c'est un bon bootleg, le
son est assez correct, les chansons plutôt intéressantes...pourtant, je ne le recommande qu'aux fans. En effet,
comme je le disais précédemment, une année plus tard, le groupe sortira un disque live officiel vraiment
éblouissant avec un très bon son, une sélection soignée et une interprétation impeccable. Du coup, ce bootleg
apparaît un tantinet inutile.
Note : 3/6
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SIOUXSIE AND THE BANSHEES : Twice upon a time/ the singles
Chronique réalisée par Twilight
C'est probablement sur ce deuxième volet compilant les singles que l'on se rend le mieux compte de l'évolution
du groupe. Autant le premier était cohérent dans son ensemble, autant celui-ci témoigne d'un glissement de la
cold wave post punk des débuts vers des directions plus pop...Jusque là, pas trop de problème, Siouxsie et ses
Banshees ne seront pas les premiers à avoir subi telle mutation, d'autant que la chose s'est faite en douceur et
de manière très logique, sans jamais céder à la facilité et aux sirènes du commerce...Vraiment ? En réalité, à
partir de l'album 'Peepshow' (témoin d'un véritable changement, Siouxsie ne se crêpe plus les cheveux, la
symbolique gothique s'efface...), à l'instar des Cure, le groupe va se mettre (ou est-ce la maison de disques ?) à
choisir de plus en plus mal ses singles. En effet, l'horrible 'Kiss them for me' (malgré ses touches pop
orientales) ou le malicieux 'Peek-a-boo' ne me semblent pas réellement témoigner de la richesse des albums les
plus pop de la diva. Heureusement, le très beau et mélancolique 'The last beat of my heart' et 'Fear of the
unknown' équilibrent un peu tout ça mais la même chose se produira pour l'opus suivant avec le single 'O
baby', la pire bouse écrite par les Anglais, alors que l'album en lui-même se révélera au final très correct.
D'ailleurs, Siouxsie montre que pop n'est pas pour les Banshees synonyme de merde en livrant en inédit le
magnifique et sensuel en diable 'Face to face' tiré de la B.O. de 'Batman II' et coécrit avec Danny Elfman. Pour le
reste de cette compilation, rien à dire, les chansons sont magnifiques, de la douceur érotique de 'Melt !' à la
cold wave malsaine de 'Candyman', la superbe reprise du 'Wheels on fire' de Bob Dylan, sans oublier la cold
wave psychédélique de 'Swimming horses'... C'est très simple, ce cd vaut largement mieux que le soit-disant
best of qui sortira quelques années plus tard, le mieux étant encore de se proccurer également la compilation
soeur 'Once upon a time'.4,5/6
Note : 4/6
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DAS ICH : Cabaret
Chronique réalisée par Twilight
C'est la tête emplie des échos du superbe 'Morgue' que je me suis proccuré ce nouveau Das Ich; avec un titre
pareil, j'étais persuadé qu'il se situerait dans une ligne similaire, ce qui me réjouissait énormément vu que le
duo s'était révélé très bon dans l'exercice. D'ailleurs, j'ai failli sauter au plafond de bonheur en écoutant
l'excellent premier titre, 'Moritat', totalement neuf dans le style du groupe: bruits sombres en intro, valse
mélancolique à l'accordéon, roulements de tambour, lambeaux de piano tristes, la voix de Stefan en
arrière-fond comme un maître de théâtre-guignol...une merveille ! Mais c'est sur le sol que je suis ensuite
retombé dès le second morceau 'Atemlos'. Il n'est pas mauvais pourtant mais bon sang, c'est du Das Ich tout ce
qu'il y a de plus traditionnel avec des structures entendues des dizaines de fois, des lignes hâchées, un
mélange de montées néoclassiques et de grinçements plus indus, un refrain flamboyant, repris en duo par les
vocaux de Bruno. Pareil pour 'Macht', pas mal du tout mais il rappelle lui-aussi nombre d'anciens morceaux
(notamment 'Destillat' mais en ralenti). 'Paradigma' pourrait bien être le prochain hit dancefloor du duo: beats
rythmés, pointes électro, mais sans originalité...avec pourtant à sa décharge un excellent refrain avec les
vocaux de Bruno et Stefan, ce qui permet au charme d'agir. Les samples mystiques du début de 'Fluch' me
redonnaient espoir mais à nouveau les structures repartent sur du Das Ich on ne peut plus classique et c'est en
vain qu'on cherche la pointe qui le distinguerait du reste. 'Opferzeit' est le second tube potentiel, non parce qu'il
est le meilleur mais parce qu'il est le plus dansant: beat assez direct et primaire, sonorités électro, des vocaux
dans un style très entendu. Certes, on sent bien que Bruno Kramm a travaillé ses sons, qu'il tente quelques
expérimentations de-ci de-là mais elles sont noyées dans des structures tellement typiques de sa patte qu'elles
sonnent presque parfois comme des remixes ultra travaillés d'anciens morceaux; pareil pour le chant de Stefan
qui ne se renouvelle pas énormément. 'Schwarzes Gift' démarre sur un couplet plutôt sympa avec des notes de
clavecin et la bonne mélodie du refrain confirme ce sentiment. 'Nahe' frise le ratage, un chant proche du parler
rap, des lignes plates... seule l'adjonction d'une très bonne voix féminine lui confère un intéret quelconque et
surtout une identité qui se dégage quelque peu du reste. 'Zuckerbrot und Peitsche' ? C'est un morceau Das Ich
pure jus...heureusement, les bonnes lignes au clavecin, les collages judicieux de lignes néoclassiques
parviennent à compenser des vocaux assez banals, les beats rapides et les constructions déjà trop entendues.
Ouf ! L'ultime pièce, 'Cabaret' reprend quelques sonorités d'accordéon et se révèle plutôt efficace dans la
mélodie, sentiment confirmé avec les vocaux sombres de Stefan, ce qui permet de conclure sur une note
positive. C'est pourtant un sentiment mitigé qui me reste après écoute de ce disque; certes ce n'est pas
mauvais mais Das Ich ne m'avaient que peu enthousiasmé sur 'Lava' et tenaient avec cette idée de cabaret
l'opportunité d'ajouter du sang frais à leur univers comme le prouvent les excellents premiers et derniers titres.
Au lieu de celà, le duo se l'est joué sécurité, et de manière assez plate. Pour ma part, ils auront fort à faire pour
me convaincre sur un prochain opus car j'aurais tendance à finir par croire qu'ils ont fait le tour de la question.
J'espère encore me tromper.3,5/6
Note : 3/6
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ATROCITY FEAT. DAS ICH : Die Liebe
Chronique réalisée par Twilight
Il y a des alliances comme ça, à priori contre-nature. Ayant connu Alex Krull et ayant sympathisé avec lui,
Bruno Kramm a souhaité opérer un rapprochement de son groupe avec celui de son compère, à tel point que
s'est finalisé sous forme d'un cd la rencontre du metal de Atrocity et de la dark wave gothique de Das Ich. Le
point de départ de cette collaboration est une reprise de Laibach, intéressante sans être mirifique; niveau vocal
Stefan fait de la figuration, seuls les samples de Bruno démontrent que Das Ich est présent. Le titre suivant
co-écrit par Bruno et Alex ( à partir d'une chanson originale de Atrocity) est une daube infecte, une sorte de
vilain pré-neometal où l'influence de Atrocity prédomine totalement. Pour 'Bloodlust', on pourrait presque parler
d'un morceau de Das Ich chanté par Alex...pas mal mais pour ma part, je n'apprécie guère les vocaux.
'Misdirected' (également de la plume des métalleux à la base) est une sorte de mauvais indus metal comme on
en entend tant aujourd'hui...rien à faire, ces vocaux limite rap me hérissent le poil, quant à la musique, elle est
d'un plat ! 'Parentalia' ? Enfin une bonne chanson ! Récitation de Stefan sur début de guitare grinçante et bruits
malsains, reprise par Alex, puis la musique éclate, typique de Das Ich (exception faite de la guitare, pas
nécessaire mais pas dérangeante) avec les touches néoclassiques, des samples de voix...dommage qu'il soit si
court, d'autant que le suivant est une bien mauvaise copie des Krupps période metal, pouark ! Par contre, le
pire reste à venir puisque les deux groupes interpètent en duo des morceaux de Das Ich, 'Unschuld' et 'Kain
und Abel' rebaptisé 'Todgeweihten'...une catastrophe ! L'ajout de vocaux grondants, de guitares et d'une vraie
batterie est d'aussi bon goût que la présence de Vache Qui Rit dans une fondue...Seule, l'avant-dernière pièce
'Von Leid und Elend und Seelenqualen', sombre, atmosphérique et ambient rattrape vaguement...euh...quoi en
fait ? Pas grand chose. L'audace, c'est une chose, la qualité une autre !
Note : 2/6
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KADA : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
Les raisons pour lesquelles il n'est pas souhaitable de se plier à un descriptif sommaire, à un genre au libélé
trop connoté, ne manquent pas. C'est comme parler de maux d'estomac ; tout le monde pense pouvoir partager
ce que c'est alors que nous avons tous, en réalité, notre propre expérience de cette chose ma foi plutôt
désagréable. Et rien ne peut donc nous assurer que notre perception de la chose corresponde en tout point à
celle de votre voisin... Il en est de même en musique. Quand je dis "progressif", il y a un monde entre Genesis
et Univers Zero. De même, citer un groupe, surtout quand celui-ci a développé plusieures approches très
différentes tout au long de sa carrière, n'aide pas non plus. Prenez King Crimson... Alors quand on parle de
"fusion", l'amalgame est peut-être encore plus dangereux de rattacher ce style à ce jazz perverti en muzak
d'ascenseur dans lequel certains musiciens talentueux se sont pourtant compromis. Kada est un groupe
hongrois dont le style de prédilection, aussi réducteur soit-il, s'apparente bel et bien à de la fusion. Pour plus
de précisions, je dirais que notre sextet cultive une esthétique qui aurait tout-à-fait sa place sur CMP Records.
Une façon anguleuse d'aborder la chose, avec une certaine technique, c'est indéniable, mais pas au point d'en
devenir l'élément prépondérant. Une certaine nervosité aussi. Les thèmes développés par le groupe sont
riches, les atmosphères, tout en nuances, sont finement travaillées ("Bör és Sàr"). Bien qu'ils les précèdent de
quelques années, on peut dire qu'il y a sur ce premier album une certaine similitude avec les polonais de
Robotobibok, sans le côté délirant de "Instytut Las". Lazlo Valik, guitariste du groupe, aimerait de toute
évidence se trouver une place à mi-chemin entre Allan Holdsworth et David Torn. Attila Boros, le bassiste, n'est
pas aussi impénétrable que Mick Karn, mais il se donne du mal. Quant au reste du groupe, l'émulation qui
s'opère entre les cuivres et les percussions nous renvoit encore et toujours au Miles électrique le plus fiévreux,
un peu comme les Jazzmeteors sans leur clavier, un peu comme Dark sans sa touche exotique, un peu comme
In Cahoots sans Elton Dean...
Note : 4/6
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TELEFON TEL AVIV : Map of what is effortless
Chronique réalisée par dariev stands
S'il y a bien un groupe qui peut prétendre tacler les figures de proue de l’IDM anglais (Plaid, Boards Of Canada,
Aphex Twin…) sur leur propre terrain, c’est Telefon Tel Aviv. Après un « Fahrenheit Fait Enough » sorti de nulle
part en 2001, c’est ce très attendu deuxième album qui vient surprendre son monde en 2004, de par une
orientation un poil différente… Tel un Radiohead qui aurait définitivement laissé tomber les guitares, Telefon
Tel Aviv se focalise sur l’émotion, aérant ses blips électroniques de nappes doucereuses et flouées, se
permettant même d’inviter un orchestre de chambre sur certains titres, ce qui donne une ampleur
quasi-dramatique aux morceaux. Cependant, les beats sont souvent dénudés jusqu’à l’os, à vif derrière les voix
sensuelles de Lindsay Anderson et de Damon Aaron – une nouveauté dans la formule du groupe. Le tout avec
une propreté de son presque suspecte… Ces instants de minimalisme rappellent les productions R&B des
défricheurs Neptunes et Timbaland, ce qui est plutôt incongru sur un disque classé electronica, genre qui se
veut « intelligent » et éloigné de toute prétention commerciale. De là à dire que les deux compères de New
Orleans cherchent à séduire le grand public, il y a un pas que je ne franchirai pas. Les beats aigus et acérés
pourfendent les nappes de claviers veloutées avec encore un peu trop de violence… L’ouverture grandiose
traduit les ambitions du duo : faire passer l’émotion et, si possible, le mystère , à travers leur musique. Pour
cela, il utilise un art de la montée en puissance contrôlée évoquant les grandes heures du post-rock, sans
jamais y sacrifier son amour de la luxuriance sonore. « I Lied », pourvu de basses qui claquent, bien
carnassières comme il faut, renvoie à quelque chose d’agressif et de hautain, comme si le groupe avait voulu
parodier les poseurs de l’electro « chic » en utilisant le vocabulaire qui leur est propre. C’est peut-être ça la «
carte de tout ce qui est sans effort ». « My Week Beats Your Year » accentue cette tendance, avec ses vocaux
féminins (plutôt cyniques que premier degré) et son rythme toujours aussi déconstruit que chaloupé… Difficile
de percer les vraies intentions du groupe avec de telles pistes (qui sont pourtant parmi les plus réussies de
l’album). Le public a d’ailleurs tendance à considérer de deuxième opus comme un trahison par rapport au plus
sage « Fahrenheit Fair Enough ». La présence de voix n’y est sûrement pas étrangère… « Nothing Is Worth
Losing That » est une vraie chanson pop aérienne, délaissant les velléités post-rock pour une mélancolie
paisible. « What It Is Without The Hand That Wields It», composition à double tranchant, reprend les hostilités et
semble être un volcan en phase de réveil, parcouru de spasmes intermittents, ce qui finit par donner une belle
éruption à la fin bien entendu. Le disque se termine sur une dernière envolée stellaire fort bienvenue, évoquant
les minutes les plus planantes d’Air… Sans les égaler, malheureusement. Voilà un album qui parvient à nous
maintenir en apesanteur sans nous « surcharger » les oreilles et, mieux, sans recopier les pointures de chez
Warp
Note : 4/6
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IMMOLATION : Dawn of possession
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Ah Immolation, voilà bien un groupe réclamé sur le site. Du groupe je n'avais jusque là qu'entendu "Here in
after" qui m'avait sacrément déçu. Du coup, je me suis naturellement désintéressé des américains. Pourtant, en
bon vieux fan d'old school, je me suis pourtant décidé à donner une seconde chance au groupe en achetant
leur premier effort "Dawn of possession" (faut dire, rien que pour la pochette je ne regrette pas). Après tout, ne
dit-on pas souvent "le premier était le meilleur" ? Ce qui est clair dès les premières écoutes de ce disque, c'est
que le groupe est déjà différent du reste de la scène death de 91. Un son compact, sns réel relief, un chant
sombre et caverneux, et surtout des riffs demandant une attention prolongée pour être réellement discernée.
On est loin ici de l'esprit thrashy qui anime bon nombre de combos de l'époque dans leur riffing. Ici, on évolue
plus dans un style proche de Suffocation, mais avec une approche définitivement sombre et anti-cléricale. Le
groupe alterne tout un tas de tempos qu'on sent bien réfléchis en fonction des riffs, le son est comme "gluant",
certaines parties sont même harmonisées de façon à rendre l'ensemble plus glacial ("Despondent souls", le
début de "Those left in behind" très réussi)), bref au delà de la brutalité primaire, Immolation mise aussi sur
l'atmosphère. Il ne s'agit ici que d'un premier essai, tant on sait que le groupe fera de ces ambiances son crédo
par la suite. Ici, le côté death old school "classique" est encore très présent, c'est peut-être pour cela que je
l'aime cet album... Les riffs ne partent pas encore trop en vrilles, une sorte de Suffocation qui aurait un peu
écouté le premier Samael, les morceaux s'enchaînent sans réellement se différencier, l'absence de relief ne
choque pas tant que ça finalement : on a en fait tout simplement l'impression de se bouffer un gros pavé de
death sombre fait "à l'ancienne". Bon, soyons honnête, de bonne qualité "Dawn of possession" l'est sûrement,
mais mémorable ça je ne pense pas du tout. Ce son de batterie étouffé (le son de la grosse caisse est affreux),
ces parties de batteries qui semble rebondir ne sont pas bien mises en valeur, les compos sont bien trop
linéaires pour être bien retenus... Un disque clairement monolithique, autant vous prévenir. Les amoureux de ce
son typique de l'époque vont tomber, et les amateurs d'ambiances poisseuses, souffrées peuvent bien trouver
en cet album un bon exutoire à une brutalité dévouée à la destruction de Dieu...
Note : 4/6
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LUGUBRUM : Heilige dwazen
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Et voilà, le gang de Lovendegem près de Gent a encore frappé avec son huitième album intitulé "Heilige
Dwazen". Un album presque maudit puisqu'il aura fallu que Midgaard, fondateur du groupe crée son propre
label afin de rendre ce disque disponible partout, prenant ainsi le relais de l'incapacité et de la fourberie de
Blood Fire Death, label géré par Imperial du surcôté Krieg; en effet, ce dernier, après avoir sorti les deux
dernières productions de son label (le Lugubrum et le split lp Necros Christos/Loss), n'a pas jugé bon ni
d'envoyer des copies au groupe, ce qui est quand même fort, ni d'en assurer la promotion et la distribution.
Bonne nouvelle donc que l'arrêt de Krieg, et par la force des choses de Blood Fire Death, on ne viendra pas
pleurer sur leurs tombes, bon débarras. Passons à cet album maintenant. Deux constats s'imposent:
premièrement, Lugubrum est toujours aussi déjanté et étrange et deuxièmement, c'est toujours aussi bon. Pour
schématiser, on classifie toujours Lugubrum comme groupe de black metal mais en fait c'est plus par difficulté
de classement tant ils pratiquent une musique dense, loin des conventions et inhabituelle. C'est encore plus
vrai sur cet album, avec certains passages groovy voire jazzy, une intro bluesy et des structures qui semblent
improvisées en salle de répétition. Exit le banjo présent sur "De vette cuecken", cependant, le saxophone est
plus présent que sur ce dernier. Barditus est toujours aussi taré, avec quelques passages vocals très efficaces
comme cette rage hallucinée sur la fin de "The kiss on the anus" ou les vocaux de pochtron proche d'un
Urfaust sur "We slyly sucked stolen bread". Côté paroles, le groupe a opté cette fois ci pour un album
entièrement composé en anglais, ce qui permet à tout un chacun de lire ces paroles déjantées, absurdes et qui
n'ont rien à voir avec les thèmes habituellement abordés dans le black metal, et que dire si ce n'est que ça fait
du bien. La musique de Lugubrum se fait encore plus difficile d'accès, le disque nécessite de nombreuses
écoutes afin de l'apprivoisier, et encore certains le maudiront après deux fois. Lugubrum, soit on aime, soit on
déteste, ca ne laisse pas indifférent, rien de formaté et c'est un plaisir de tous les jours. A mes yeux, c'est
encore une réussite pour le groupe belge qui nous prépare encore des réjouissances futures, comme cet album
en version vinyl, un album live enregistré à Amsterdam et le neuvième disque du groupe prévu pour 2007 et
déjà intitulé "De Ware Hond". Une oeuvre complète probablement composée et enregistrée sous l'influence de
substances hallucinogènes et alcoolisés, mélange de brutalité, de folie et de talent. Hailz Boersk Blek Metle!
Note : 5/6
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YELWORC : Collection 1988-94
Chronique réalisée par Twilight
Quand on ouvre le livret de ce disque et que l'on examine la discographie de Yelworc, on réalise que s'ils n'ont
sorti qu'un véritable cd ('Brainstorming'), ils ont en revanche produit pas moins de sept cassettes, de 1988 à
1991 ! Du coup, cette collection s'avère une véritable manne qui propose une foule d'inédits ainsi que des
versions live de morceaux extraits de 'Brainstorming'. N'attendez pas des fonds de corbeille, dès l'excellent
'Last Exit', ça démarre très fort. Si les atmosphères ne sont pas aussi travaillées que sur 'Brainstorming', on
réalise que le talent de Yelworc n'est pas tombé d'un coup. C'est à Skinny Puppy ('Bloodthirst', 'Artifacts'...) que
l'on songe d'emblée; pour le chant d'abord mais également pour cette manière de construire des titres
glauques sans avoir besoin de beats fracassants, de 'boum boum' sous acide ou autres. Les morceaux de nos
Allemands, comme ceux des Canadiens, ont cette noirceur interne, cette violence introvertie qui ronge de
l'intérieur. Celà n'empêche pas certaines pièces de bien bouger ('Spy vs spy', 'Nausea') et c'est alors à
Wumpscut: que l'on pense. Mais ce qui inspire le duo, c'est l'occultisme (leur nom n'est pas choisi au hasard),
donc très vite, en plus des rythmiques pêchues, apparaissent des samples inquiétants, des climats sombres,
mystiques ('Legions', 'World under fire', le génial 'Recall'...) qui plongent l'auditeur dans des ambiances
malsaines et étouffantes qui atteindront leur apogée sur 'Brainstorming'. A noter que le morceau 'Data control'
sera repris par Dominik Van Reich pour son projet AmGod dans une version plus pêchue. Vu le peu de cds
produits par Yelworc, cette compilation double cd apparaît donc comme un beau cadeau. 4,5/6
Note : 4/6
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HACKETT (Steve) : Voyage of the acolyte
Chronique réalisée par Progmonster
Le problème avec Steve Hackett - enfin... si problème il y a vraiment - c'est que peu sont ceux à s'être aventurés
dans sa discographie juste par curiosité. Leur véritable moteur, en réalité, même inconscient, c'est la nostalgie.
Un sentiment qui, du reste, sied comme un gant à ce guitariste élégant. Nostalgie d'une magie que beaucoup
veulent fatalement voir perdurer. Pour ceux qui en doutaient encore, il apparaît évident à l'écoute de "Voyage of
The Acolyte", réalisé fin 1975 dans la foulée de l'annonce du départ de Peter Gabriel semblant ainsi sonner le
glas de Genesis, que l'anglais flegmatique est en définitive pour beaucoup dans cet esprit romantique, voire
romanesque, identifiable entre mille et que les plus fidèles ont trop systématiquement pris l'habitude d'attribuer
presque aveuglément au claviériste Tony Banks. Ce dernier est d'ailleurs le grand absent de ce disque puisque
la section rythmique du groupe, Rutherford et Collins donc, viennent prêter main forte à leur compagnon. Ce
n'est pas nouveau non plus, mais c'est tout de même sur ce disque, sur le titre "Star of Sirius" plus
précisément, que l'on peut entendre pour la première fois le batteur assurer la partie chant de manière bien plus
assurée que les désuets "For Absent Friends" et "More Fool Me", de sinistre mémoire. Du coup, il est bien
difficile de se prononcer tant "Voyage of The Acolyte" a tout du disque manqué de Genesis ; la mise en
musique d'un futur possible que la paire magique "A Trick of The Tail" et "Wind & Wuthering" s'emploiera
bientôt à concrétiser. C'est tout de même un album parfaitement bien construit, maîtrisé de bout en bout,
développant toute une série de thèmes forts dont les rappels judicieux d'une chanson à l'autre concourent à en
faire un bloc solide et indivisible. Le caractère champêtre, la touche médiévale qui fait tout le charme de toute
cette frange de la scène progressive britannique côtoient les grandes envolées lyriques et les passages
instrumentaux flamboyants. Ceci étant dit, l'oeuvre de Steve Hackett, et cet album tout particulièrement,
s'adresse avant tout aux personnes les plus concernées.
Note : 4/6
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HACKETT (Steve) : Please don't touch
Chronique réalisée par Progmonster
Avec "Please Don't Touch", l'histoire se répète presque, mais à rebours. Des rumeurs prétendent même que ce
disque serait en réalité constitué des chansons rejetées par les autres membres de Genesis, des chansons qui
auraient du faire de "Wind & Wuthering" un album double ! Si rien ne peut le prouver, on peut en tout cas
aisément imaginer les réticences que ces titres ont du susciter. En dépit des apparences, et malgré les
reproches souvent formulés à l'égard de cet album, notamment son aspect trop hétéroclite pour certains, je
perçois pourtant en "Please Don't Touch" une touche finalement bien plus personnelle que sur les autres
albums de Steve Hackett, réputés supérieurs. C'est vrai que l'album commence comme une mauvaise blague,
avec la présence de Phil Eihart et Steve Walsh (tous deux du groupe Kansas) sur le tubesque "Narnia", puis
"Racing in A", entrecoupés par un "Carry On Up The Vicarage" qui, bien que portant en lui quelques bonnes
idées, paraît aujourd'hui bien ridicule. La première face du disque termine son petit tour avec une plage
acoustique ("Kim") et un premier tour de chant pour le vétéran Richie Havens sur un "How Can I ?" qui
emprunte trop à "Across The Universe" que pour pouvoir séduire sans restriction. La seconde face a
évidemment de quoi appâter les plus mordus avec sa suite instrumentale en trois actes, "Land of a Thousand
Autumns", "Please Don't Touch" et "The Voice of Necam". Et ce sont bien souvent les seuls titres retenus par
les amateurs pour sauver ce disque du dépit dans lequel on l'étouffe généralement. Avec ses qualités et ses
défauts, "Please Don't Touch" ballade tout de même avec lui un parfum automnal qui, en ces jeunes années,
colle déjà à la peau de Steve Hackett et sa musique. Elle ne cherche pas à simuler une approche progressive
mais, bien au contraire, s'efforce de faire ses preuves en se reposant uniquement sur l'intelligence et la
sensibilité de son écriture. Et elle éclate au grand jour sur des titres comme "Icarus Ascending", avec toujours
Richie Havens, et plus encore sur "Hoping Love Will Last" et une Randy Crawford toujours aussi extraordinaire,
le coeur sur la main.
Note : 3/6
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HACKETT (Steve) : Spectral mornings
Chronique réalisée par Progmonster
Les convaincus vous le diront, Steve Hackett, l'ancien guitariste soliste de Genesis, n'a jamais fait mieux que ce
troisième album. Et, une fois n'est pas coutume, je ne pourrais pas le nier. Le disque a beau être très typé, avec
des pièces qui, volontairement ou non, se veulent comme autant d'échos d'une gloire passée ("Lost Time in
Cordoba" en guise de variation plus développée de "Unquiet Slumber for The Sleepers"), il n'en constitue pas
moins une étape décisive dans la carrière du guitariste. Habile compromis entre les appels de pieds lancé par
de vieux fans qui ont bien du mal à se reconnaître dans le tout récent "...And Then There Were Three..." et ses
aspirations plus personnelles, comme déjà introduites sur "Please Don't Touch", "Spectral Mornings" prend à
bras le corps le défi posé par l'étape du troisième album et assied sans ambages la personnalité affirmée et
attachante d'un Steve Hackett finalement bien moins timide qu'on aurait pu le croire. Un guitariste à la
souplesse légendaire, fervent partisan de l'économie de moyen et dont l'essence même de sa justesse trouve
sa source dans cette pondération innée qui l'a toujours empêché d'en faire des tonnes. Le son de sa guitare a
ce petit quelque chose d'indéfinissable, à la fois délicat et poignant, qui donne à ses morceaux, quand il est
bien inspiré, une facette tout simplement magique. Alors, c'est vrai, on aurait pu se passer du très british "The
Ballad Of The Decomposing Man", mais ce n'est ma foi pas bien pire que le "Excuse Me" du premier Peter
Gabriel... On pourrait aussi s'amuser à décortiquer le pourquoi du comment ça marche ; la façon qu'a le
guitariste de souvent scinder ses morceaux en deux, alternant entre eux des passages aux couleurs parfois
radicalement différentes ("Every Day", "Tigermoth"), la manière qu'il a également d'utiliser les claviers pour
broder des atmosphères féériques qui suspendent les notes pour mieux nous faire rêver d'un ailleurs idéal (le
très asiatique "The Red Flower of Tachai Blooms Everywhere", réminiscent de "The Colony of Slippermen").
Oui, on pourrait se demander toutes ces choses. Mais lever un coin du voile sur ce mystère, c'est aussi rompre
à jamais l'enchantement.
Note : 4/6
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HACKETT (Steve) : Defector
Chronique réalisée par Progmonster
Sans doute pour préserver ses chances maintenant que Steve a su réunir autour de lui une équipe compétente
à qui l'on doit la réalisation de sa plus belle réussite discographique, il revient en terre d'Albion avec sa fine
équipe pour enregistrer ce qui pourrait presque se définir comme le faux jumeau de "Spectral Mornings". Les
mêmes musiciens donc, la même instrumentation aussi - quoi que les machineries synthétiques estampilées
années quatre-vingt y font une apparition remarquée ("The Show") - mêmes plans aussi parfois ("Sentimental
Institution" reprenant à peu de choses près le même rôle que "The Ballad Of The Decomposing Man" sur son
disque précédent, mais placé ici heureusement en toute fin) et toujours ce balancement perpétuel entre pièces
instrumentales relativement ambitieuses, porteuses d'images fortes, glacées ("The Steppes" ou "Two Vamps as
Guest" qui en reprend le thème en mode acoustique), dramatico-romanesques ("Hammer In The Sand") ou plus
simplement noires ("Slogans"), et chansons au calibrage parfois tout bonnement inappropriée ("Time to Get
Out", "Leaving") et dont on ignore quel est leur véritable raison d'être. La faute à pas de chance dirons nous si
cette nouvelle collection de titres est finalement moins inspirée. Mais s'il est de bon ton parmi les prétendus
spécialistes de dénigrer de manière quasi machinale "Defector", il faut aussi lui reconnaître une ambiance
pesante, presque menaçante, et c'est surtout vrai pour la première partie de l'album, la seconde face finissant
par dissuader pour de bon l'auditeur de continuer à s'intéresser à ce qu'y se passe dès l'entame de "The
Toast". Ce demi-échec en appelera d'autres, plus sévères ceux-là, qui amorceront la longue et douloureuse
descente aux enfers du guitariste qui, dans une confusion mêlant davantage forme et fond, n'aura pourtant
jamais cessé de se montrer le plus créatif parmi tous les musiciens à s'être extrait de la grande nébuleuse
Genesis.
Note : 3/6
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PETER AND THE TEST TUBE BABIES : The punk singles collection
Chronique réalisée par Twilight
Qu'est ce qui distingue un bon combo punk d'un autre ? Ou en d'autres mots, qu'est ce qui fait que tel groupe
devient culte et pas un autre ? J'en sais foutrement rien mais une chose est sûre, pour moi Peter and the Test
tube babies est un bon groupe. Pourquoi ça ? Parce que ces types ont un sens de la mélodie que je trouve
fabuleux. C'est sûr, la recette n'a rien de neuf, nous voilà confrontés à un punk rock old school assez classique
avec une rythmique pêchue sans être trop rapide, des choeurs sur les refrains, des guitares sales aux accords
simples et des textes narrant les travers de tous les jours plus que de la grande politique. Mais écoutez donc
les riffs de certains morceaux, les géniaux 'The Jinx' ou 'Blown out again', par exemple, des classiques
identifiables en deux secondes ! Pareil pour les bons 'Banned from the pubs' ou 'Spirit of Keith Moon'. A côté
de celà, quelques perles: 'Zombie creeping flesh' ou 'No invitation' plus proches d'un horror punk à la Misfits de
par leur feeling plus sombre. D'autres chansons comme 'Smash and grab', 'Never made it' sans avoir la trempe
de 'The Jinx', ont ce côté mélodique jouissif tel qu'on peut le trouver chez des formations comme Bad Religion
ou Youth Brigade. A côté de celà, Peter and the Test tube babies se tapent quelques délires comme la parodie
des Clash ('Trapper ain't got a bird', dub avec saxos moqueurs), 'Run like hell' et son intro slow disco miteux
pour bourrés, sans parler de 'Rotting in the fart sack' (je vous traduis pas le titre) interprété à la guitare sèche,
au saxo comme s'il s'agissait d'une pièce riche en émotions ou encore la country punk de 'Ten deadyl
sins'...nos lascars ne manquent pas d'humour gras. A côté de celà, quelques morceaux punk typiques efficaces
mais sans réelle envergure. Bref, tout est là sur cette excellente compilation. A priori, nos Anglais tournent
toujours encore et avec le même line-up, eux qui pensaient ne pas dépasser le stade l'apparition sur une
compilation locale en 1978 ! 4,5/6
Note : 4/6
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DALI'S CAR : The waking hour
Chronique réalisée par Twilight
Une fois le split de Bauhaus consommé, avant de se lancer dans une carrière solo (à mon avis peu
intéressante), Peter Murphy trouva un accolyte en la personne de l'ex-Japan Mick Karn l'espace d'un projet un
peu étrange baptisé Dali's car. Les rythmes sont assez particuliers, de même que le son de basse rampant,
avec un côté très new wave 80's. S'ajoutent les éléments particulièrement marquants, soit les claviers, vraiment
excellents sur certaines chansons ('His box' pour le côté oriental, 'Cornwall stone' pour le côté faussement
mystique ou le fascinant 'Judgment is the mirror'...). Peter Murphy semble inspiré vocalement et sait même se
montrer poignant ('His box', 'Judgment is the mirror') ou plus sensuel ('Dali's car'). Sans parler de feeling
malsain, une ombre couvre ce petit album, un sentiment à l'image du nom, coincé entre pop mystique, new
wave et une noirceur faussement ethnique plus ardue à cerner. Si le son est un brin démodé, le climat reste
efficace et particulier malgré quelques faiblesses (le faux dub 'Artemis', en dépit de belles parties de saxo
mélancoliques) et ce disque mérite que l'on y jette une oreille.
Note : 4/6
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HARVEST RAIN : Night's glow
Chronique réalisée par Marco
Revoici les frères Thompkins moins d'un an après le sublime 'Night chorus'. Une fois de plus, la nuit et ses
ombres mouvantes dans la pâleur de la lune laiteuse s'érige en obsession flagrante pour les américains,
dessine des formes aux contours hésitants et esquisse une invocation aux esprits nocturnes. Plus cold-wave
que jamais, la musique de Harvest Rain bénéficie sur 'Night's glow' d'une production un poil supérieure à
l'album précédent et la folk qui occupe la seconde moitié du disque est toujours aussi efficace (les superbes
'Lantern' et 'Corpse candle') et touchante. L'émotion se voile d'une parure très old-school, rappelant encore une
fois Joy Division ('Strange evening glow') mais aussi Cure sur 'Night's gown' qui nous ramène loin en arrière
avec une facilité déconcertante. L'humeur générale de l'album apparaît plus lumineuse que sur 'Night chorus',
moins dépressive et transformée en une mélancolie plus malléable selon l'écoute que l'on en fait. 'Night's glow'
n'en reste pas moins une oeuvre marquée par les histoires de fantômes, de familles maudites et de visions
oniriques voire mystiques dans la nuit à peine éclairée. Entre cold-wave éthérée et esprit gothique (au sens
premier du terme), les frères Thompkins remplissent imperturbablement album après album leur rôle de
conteurs musicaux exceptionnels.
Note : 5/6
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ARCHON SATANI : Mind of flesh & bones
Chronique réalisée par Marco
Projet culte de la scène indus des 90s, le duo suédois aura marqué le temps de quelques albums le genre rituel,
associant percussions sentencieuses et nappes minimalistes mais denses. Ce 'Mind of flesh & bones" est la
dernière collaboration de Tomas Petterson au projet et il partira peu après fonder Ordo Equilibrio. La version
remasterisée proposée par Cold Spring offre une expérience intéressante côté son : épaisseur et profondeur du
champs sonore rendent parfaitement la teneur sacrilège des rituels du duo, marqués par la mise en corrélation
organique/spirituel (le titre de l'album est par ailleurs très explicite) de ces 5 pièces instrumentales que
quelques voix incantatoires accompagnent. Moins direct et noir que ne l'était le terrible 'Virgin birth...', 'Mind of
flesh & bones' retranscrit les souffrances et les transformations de la chair subordonnée à l'esprit unique et
fort. En résulte une longue plongée hypnotique et perturbante dans les entrailles d'un enfer intérieur, rongeant
insidieusement, brûlant progressivement mais sûrement. Une pièce maîtresse de l'industriel, entre brutalité
assumée mais sournoise et implacable.
Note : 4/6
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COMBATIVE ALIGNMENT : Everlasting sun
Chronique réalisée par Marco
Héritier talentueux d'Inade et Herbst9, Combative Alignment débute plutôt fort avec ce 10" marqué du sceau de
l'ambient rituelle. Plus 'mélodieux' que celles de ses aînés peut-être les nappes faussement légères s'étirent sur
la totalité des deux compositions, couplées à de basses fréquences intelligemment dosées et des percus tout
aussi justes. Les voix récitent des mantras d'un autre monde, celui du soleil éternel qui brûle tous les mortels
qui l'approchent inconsciemment. Chacun des deux morceaux atteignant les 10 minutes, tout l'univers unique
de Combative Alignment prend le temps de se dévoiler un minimum et 'Lost between two worlds' revêt même
des sonorités space-ambient, renforçant cet aspect mélodique si caractéristique du projet allemand. Un
excellent premier disque qui défini d'entrée la personnalité de Combative Alignment : mystérieuse, hermétique
mais transcendante.
Note : 4/6
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COMBATIVE ALIGNMENT : Image acoustique
Chronique réalisée par Marco
Deuxième livraison du duo allemand après 'Everlasting sun', 'Image acoustique' s'inscrit dans la lignée de son
prédécesseur. Inspiré par le 'Las Vegas parano' de Terry Gilliam ('Fear and Loathing in Las Vega' en vo) dont on
retrouve de longs dialogues, les deux titres naviguent entre ambient dépouillée ('Fear') et space-ambient
ethnique (percus tribales et nappes de 'Loathing') du plus bel effet. Le seul défaut ici sont les extraits du films,
un peu trop présents, bien qu'ils servent essentiellement d'introduction ou de codas aux deux compositions.
Moins prenant et plus commun que ne l'était 'Everlasting sun', ce ep est surtout sympathique pour la collection
sans dépareiller pour autant.3,5/6
Note : 3/6
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ELYSIAN FIELDS : Bum raps & love taps
Chronique réalisée par Progmonster
Il faudra neuf nouveaux titres à Elysian Fields pour tenter de convaincre ceux que ça intéresse qu'il y a cette
fois du changement en profondeur. Coup de tonnerre ; Jennifer Charles et Oren Bloedow ne sont officiellement
plus ensemble ! Une bonne nouvelle pour ceux qui craquent littéralement pour le charme sulfureux de cette
petite brune mi-ange mi-démon qui, pour sûr, ne doit certainement pas être facile à vivre. Je serais presque prêt
à le prendre ce risque quand, dans mon oreille, elle vient faire mourir sa voix dans un râle de plaisir faussement
contenu sur "Lions in The Storm". Leur cynisme légendaire ne les empêche pas de s'épancher toujours
douloureusement sur des histoires d'amour impossibles, aujourd'hui sans doute plus que jamais, concluant cet
ultime rendez-vous sur un "We're in Love" finalement bien ironique. "Bum Raps & Love Taps" charrie tout de
même avec lui des sentiments nouveaux ; un côté plus surréaliste, un aspect à la fois lunatique et ludique,
entre fête foraine sortie d'un univers parallèle aux contours brumeux ("Sharpening Skills") et bande son
déteriorée d'un Ennio Morricone légèrement émêché ("Duel with Cudgels" et sa longue intro étonnante). Tout
cela dans une lenteur de rigueur qui dérange ou stimule selon les attentes de chacun. Si l'on y ajoute "Lame
Lady of The Highways" à la construction tout aussi inhabituelle, titre qui démarre sur un loop de batterie pour
se vautrer ensuite dans une ambiance féériquement glauque que ne renieraient ni David Lynch ni Angelo
Badalamenti, voilà les trois seules plages, logées en plein milieu du disque - en plein coeur pourrait-on dire qui, en effet, pourraient presque nous convaincre que leur nouvelle fiole de chansons empoisonnées a une
saveur différente. Mais c'est malgré tout toujours la même chose, Elysian Fields... Un groupe qui est parvenu à
faire du flegme et de la paresse des critères de beauté absolu, voire intouchable, "When", "Out to Sea" ou la
plage titre prolongeants le fantasme d'une sexualité interdite et refoulée entrenu par une aguicheuse dont le
talent dans ce domaine n'est plus à prouver.
Note : 4/6
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COMBATIVE ALIGNMENT : Requiem
Chronique réalisée par Marco
Toujours sur format vinyle, mais cette fois-ci pour un album complet, les allemands confirment leur talent déjà
flagrant sur 'Everlasting sun'. Rituel et mystique à la manière d'un Inade, 'Requiem' met moins en avant les
infra-basses que l'interaction des nappes profondes ou mélodieuses qui s'entrechoquent entre elles, arbitrées
par des voix incantatoires déformées. Habité par la rédemption, le sacrifice et une tonalité apocalyptique
frappante 'Requiem' décrit une fin du monde aux effluves de chairs mortifiées et d'âmes carbonisées. Il sait
aussi être épique sur le superbe 'Requiem part one', martial et hypnotique, ou plus ethnique à la façon d'un
Herbst9 sur 'Requiem part two'. Abrasif par l'utilisation d'une forme de saturation éloquente mais jamais
déplacée, profond par sa thématique sombre et accrocheur par son abile usage des percussions, 'Requiem' est
tout autant une pierre angulaire du genre indus/ambient rituel que Inade peut l'être depuis les années 90s.
Inutile d'ajouter que cet album est indsipensable.
Note : 5/6
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HELLFISH & PRODUCER : Bastardz sonz of rave
Chronique réalisée par dariev stands
La pochette illustre bien l’esprit « free party » qui s’exhale de l’objet… Cette photo entre le sépia et le kaki
(couleur favorite du teufeur moyen) met en exergue le foutoir total suggéré par cet album peu bucolique de 66
minutes et 6 secondes (il est partout celui-là !!). On imagine bien les ravers, hagards, revenir à moitié sourds de
l’écoute de ce fracas sur un sound-system… Sourds et épuisés. Car le hardcore, ce bougre de genre musical,
ne se contente pas de faire siffler les oreilles. Il fait danser. Ce hardcore sardonique aux pulsions tribales n’est
pas aussi monotone qu’on pourrait penser à première vue. Il est parfois même émaillé de fulgurances hip-hop
(« Line Em Up »), voire de vocaux toastés de MC jamaïcains qui annoncent les morceaux en grande pompe. La
diversité offerte ici est peut-être due à la présence de deux compositeurs : Hellfish et Producer. Ce disque est
leur deuxième collaboration après « Constant Mutation » en 2000. Les deux barges ont un style assez
reconnaissable : Hellfish affectionne tout particulièrement les beats saccadés et furibards, parfois secs comme
de la bonne Drum & Bass ("Crawl & Die"), alors que Producer préfère trépaner le pauvre auditeur sous les
changements de rythme impromptus et les gros kicks saturés. Quand les deux se réunissent sur une même
track, c’est pour frapper fort, sur le magistral « Theme From Fuck-Daddy », à écouter à fond. “Toilet Wars” ,
allusion claire à la cocaïne, fait subir les derniers outrages à la Jungle comme aux oreilles de l’auditeur,
alternant cascades rythmiques parfaitement dansables et accès de colère mécanique tétanisants. Les rythmes
se font saccadés jusqu’à la nausée, certains plans presque breakbeat surgissent inopinément au détour d’un
morceau. Quelquefois, ils se transforment en un genre de drone (« Professional Psycho ») entrecoupé de
samples de guitares rappelant presque l’assaut sonore sauvage (pour l’époque évidemment) de Public Enemy,
ou encore l’utilisation des guitares de Run DMC… Il faut dire que les influences Hip-Hop coulent bel et bien
dans les veines de nos deux gaillards, mâtinant les embardées furieuses à 200 Bpm de ruptures de rythmes
sauvages. Pas étonnant que ce cher Richard D. James soit fan !
Note : 4/6
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COMBATIVE ALIGNMENT : The ritez of higher communication
Chronique réalisée par Marco
Décidément, voilà un groupe qui une fois lancé ne s'arrête plus. Un nouvel album chez la Loki Foundation
quelques temps après 'Requiem', et en plus leur meilleur ! 'Ritez of the higher communication' est un véritable
exercice rituel de grande classe. Dense, subtil, célébrant les éléments naturels en une vision sonore extatique,
s'approchant de la transe alors que la pluie habite l'enregistrement d'un bout à l'autre. Les boucles
apparaissent et s'effacent discrètement, laissant chaque atmosphère s'installer autour des différents éléments
présents (samples, percus, voix). Une autre grande qualité de cet album est sa capacité à se renouveler dans
l'unité, formant un monolithe au creux duquel apparait une ouverture réduite mais tournée vers les arcanes de
ces rites mystérieux. Ainsi l'album se laisse apprivoiser assez facilement malgré son propos hermétique, les
sons limpides et clairs se greffent les uns aux autres en un amalgame sombre mais ouvert sur un autre niveau
de conscience. Puissance mélodieuse, dépouillement conférant à l'humilité, inspiration lointaine et
contagieuse, bref un des disques indus incontournables de la décennie en cours.
Note : 6/6
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TYR : Eric The Red
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Originellement paru en 2003 sur un label obscur, le deuxième album du groupe Tyr des Iles Féroé vient d'être
réédité par les autrichiens de Napalm Records, lui permettant d'obtenir une plus grande distribution et une
meilleure promotion et couverture. Grand bien leur en a pris puisque cet album est de très bonne facture. Les
biographies réalisées par Napalm Records les classent dans la même catégorie que les finlandais de
Korpiklaani (le concept flou de folk metal), force est de constater qu'ils ne jouent pas dans la même ligue et ne
se ressemblent en aucun point. Là ou Korpiklaani ressasse et s'enlise dans une recette que d'autres maitrisent
mieux, Tyr possède sa propre identité et surprend. Le groupe féroïen pratique un metal heavy aux consonances
folk, non pas grâce aux instruments utilisés mais au chant, aux choeurs et aux mélodies. L'atmosphère
dégagée provient indéniablement du grand large, et l'appellation viking que l'on donne à tort et à travers et que
je n'apprécie guère au passage, est cette fois plutôt pertinente. Les vocaux de Heri Joensen sont excellents,
très lytiques parfois et l'uitlisation de choeurs est du meilleur effet. Je dois avouer ma préférence aux titres
chantés en langue féroïenne, on sent le chanteur un peu plus à l'aise dans sa langue natale pour moduler sa
voix mais d'un autre côté, on peut comprendre l'emploi de l'anglais afin que l'auditeur puisse assimiler les
textes un minimum (traduits en anglais dans le livret); des textes qui traitent de la culture et de la myhtologie
féroïenne et norvégienne principalement. Ce disque est un authentique voyage qui en appelle à vos sens les
plus aventuriers avec une touche mélancolique sur certains morceaux. On se rend compte que l'on tient ici des
musiciens talentueux avce de très bons passages notamment les morceaux "Regin Smiður", "Stýrisvolurin",
"Rai249ow Warrior" et "Ramund Hin Unge" avec sa superbe introduction. Cette réédition contient deux titres
bonus, "God of war" et "Hail to the hammer", tirés de la première démo du groupe datant de l'année 2000, dans
des versions différentes cependant. Tyr nous présente donc une oeuvre réellement aboutie, travaillée et
inspirée. Gageons que la prochaine réalisation du groupe les amènera encore à un niveau supérieur afin de
peut-être éviter quelques longueurs ici et là. Et oui, les Féroé n'ont pas seulement des paysages magnifiques,
une surpopulation de moutons et une équipe de foot qui fait ce qu'elle peut, elle a maintenant un groupe de
metal et un très bon du nom de Tyr.
Note : 5/6
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OTHILA : Continents
Chronique réalisée par Marco
Trois ans après le superbe vinyle 'Yula' revoici le duo adepte de sonorités illustrant des cultures aussi diverses
que celle des civilisations celtes ou orientales. Ici Les français poussent plus loin leur périple en imaginant une
traversée des continents de notre planète, faisant appel aux cultures et folklores tout en façonnant leur propre
vision de ces terres à la fois fascinantes et mystérieuses. Initié et achevé par deux pièces neoclassique
mélancoliques le voyage s'étend des contrées amérindiennes aux saveurs orientales des terres d'Asie, à grand
renfort de percussions (tambourins, tablas...), de cordes (guitares, sitar) et d'instruments à vent (trompette,
clarinette). Le rêve, l'émerveillement et le foisonnement des couleurs sont au coeur de cet performance épique
digne d'une bande-son de documentaire entre fiction et réalité. A ce titre 'Continent de découvertes' orchestre
presque toute la partition, cumulant ambient, neoclassique et orientation ethnique dépaysante. Au détour du
delta du Nil, dans les profondeurs des fôrets amazoniennes ou sur les hauteurs du Tibet l'univers d'Othila fait
preuve d'une incroyable capacité à faire vibrer l'auditeur et à le surprendre par des mélodies inattendues, des
atmosphères 'lounge' lorgnant du côté du free jazz et des rituels ancestraux ponctuant la vie des peuples
visités. Une carte sonore aux relevés topographiques en relief, insaisissables et envoûtants. Un disque
surprenant et atypique, à écouter absolument !
Note : 6/6
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SHADOW MAGNET vs COMBATIVE ALIGNMENT : Temple of pain
Chronique réalisée par Marco
Et une sortie de plus pour l'écurie Avatar, petite soeur de la Loki Foundation dans l'esprit et les réalisations. On
reste en famille puisque Shadow Magnet n'est autre que le projet de Ulrike Baum, le binome féminin de
Combative Alignment. La différence n'est pas énorme mais Shadow Magnet n'hésite pas à utiliser des
instruments tels que la guitare folk ('Sanctus sanctum') voire électrique (les arpèges évolutifs de 'Bleeding
trees'), faisant résonner son ambient rituelle d'une manière plus personnelle et également plus tribale. On a
même droit à une performance vocale très surprenante de Ulrike sur 'Forever and a day' qui n'est pas sans
évoquer les oeuvres de Jarboe au sein des Swans. Une qualité onirique et plus mélodique donc que Combative
Alignment qui anticipe sur la sortie de 'The ritez of higher communication' en proposant deux titres prenants,
menés par une flûte et des mantras sur 'Scorpio rising' et des percus emballées sur l'épique morceau éponyme.
Un label aussi digne d'intérêt que la Loki Foundation bien que trop discret malheureusement (pas de site web,
peu d'informations autour).
Note : 5/6
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DEINONYCHUS : Ark of thought
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Après deux albums où l'amateurisme régnait en maître, Deinonychus passe donc le cap du troisième album en
s'offrant enfin les moyens et le recul nécessaire pour proposer un disque mûr à la fois mûr et enfin réalisé
correctement. En effet, le sieur Kehren s'offre enfin une production digne de ce nom, il a enfin bien pensé à
vérifier si ses leads étaient en harmonies avec ses accords, et surtout, il a su créer une atmosphère absolument
unique sur son oeuvre. Et oui, si pour beaucoup ce "Ark of thoughts" constitue l'un des disques les plus
mélancoliques existants ce n'est pas pour rien... Pour ma part je nuancerai un peu en précisant qu'il s'agit ici je
le répète d'une musique unique, désabusé, hurlante profondément dépressive, comme une espèce de tourbillon
de tourments qui vous emmène vers le fond. Sur la base de claviers en nappe voire de quelques
pianos/cloches/clavecins de ci de là, d'accords de guitares naviguant entre black metal et dark dépressif, de
leads désesperantes (plutot mineures à la Empyrium, mais lorgnant parfois vers des sonorités que je trouve
presque arabisante), Kehren hurle sa douleur tout le long de ces huit titres. Narrée, pleurée, carrément hurlée à
la mort, sa prestation est une fois encore incroyable, en parfaite adéquation avec le fond muscial. On sent une
réelle sincérité dans ces hurlements. Communicative, surprenante, sa voix représente la principale pierre qui
consrtuit l'étrange atmosphère de cet album. Mais ce chant ne fait pas tout, bien heureusement. Comment
décrire ce que dégage ce disque... Des sonorités de claviers parfois kitsch parviennent à créer un sentiment de
magnificence, de rêves oubliés, les guitares foncièrement metal viennent alors les renforcer et appuyer cet effet
"majestueux" que je confère personnellement à cet album. Je ne sais pas pourquoi, mais je lui ai toujours
trouvé une certaine "classe". Pas de fautes de goûts (excepté la batterie qui devient boite à rythme sur les rares
blasts), tout est parfaitement cohérent, une sorte de longue agonie mid tempo, propre à se remémorer toutes
les erreurs passées. Pourtant, "Ark of thoughts" ne m'invite pas forcément à l'introspection, il s'écoute au
calme bien evidemment mais plus pour ressentir la douleur d'un Autre, quelque chose qu'on ne ressent pas
forcément (cf ce dernier morceau entre lumière et noirceur avec ses cris de bébés... un peu lourd au demeurant,
mais cela fonctionne). J'entends par là que nous n'avons pas forcément un album planant qui peut vous
emmener à milles lieues d'ici comme pourrait le faire un Empyrium par exemple. Non nous sommes clairement
ici en présence d'un dark/black dépressif qui sait malmener l'auditeur, qui sait l'emmener dans des recoins
obscurs où les âmes pleurent ("Leviathan" et son break black metal terrifiant), où guitares et claviers se
renforcent, s'entrecroisent pour former cette osmose désesperante. Croyez moi, l'émotion est au rendez-vous.
Marco Kehren marque ici un sacré disque, le genre que vous n'entendrez pas deux fois, la séduction n'est
peut-être pas instantané mais croyez moi en terme d'ambiance, voilà bien un sacré morceau dans le monde du
dark/black dépressif...
Note : 4/6
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DARKTHRONE : The cult is alive
Chronique réalisée par Nicko
Ouais, on avait été prévenu avec le mini/single "Too old too cold", Darkthrone reste Darkthrone envers et
contre tout, même pire. Attitude punk jusqu'au-boutiste, production nécro (d'ailleurs, c'est mêem enregistré
aux... Necrohell 2 Studios ! C'est pas moi qui l'invente !), style prends-toi ça dans la gueule et ferme-la ! Pour le
raffinement, on repassera. Pour l'album, honnêtement, on n'est pas loin de la caricature (oh, doux euphémisme
!). Alors oui, l'atmosphère est bien sombre, très dépouillée (ils n'ont pas grand chose à apprendre sur ce plan-là
les norvégiens), le feeling au niveau des riffs est présent (pas tout le temps, mais quand même !), le chant de
Nocturno Culto fait littéralement peur tellement on sent le gars possédé (un putain de chant black metal !), mais
après... Les compos sont simplistes, toujours la même recette, toujours la mêem chose (l'impression de tourner
en rond...) et à la fin, je me fais vraiment chier ! Le pompom, c'est quand Fenriz chante. Le contraste avec
Nocturno Culto est flagrant ! Je ne parlerai pas des quelques solos de guitare (heureusement rares), tellement
ils sont ridicules. L'édition limitée contient un clip... tout à fait à l'image de l'album. On a l'impression de voir un
truc filmé avec un camescope des années 80 avec une qualité d'image ultra-pourrie (avec la neige et tout !).
Sinon, bah on voit Fenriz et Nocturno Culto en répèt', dans la forêt, sur une route, en train d'headbanger... Voilà
! Autant le 3/6 du mini est un peu sévère, autant là, la note est totalement justifiée, un album à la durée de vie
ultra-limitée et pas inspiré. Déception.
Note : 2/6
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SOULMAKER : Démo I
Chronique réalisée par Nicko
Voilà un jeune groupe français de l'est du pays qui évolue dans un heavy-metal qu'on peut facilement qualifier
de conventionnel et fidèle à la grande tradition du style, encré dans les années 80. Je dois avouer que je suis
un peu embêté avec ce CD 3-titres tellement le style est conventionnel. Par contre, attention, c'est pas la démo
avec tous les clichés du genre, là, c'est même plutôt de bonne qualité, bien interprété. L'avantage, c'est que
l'écoute est facile, un pur produit inspiré par les Iron Maiden et consort, avec un son moderne, actuel. Mais tous
les ingrédients du genre sont là, à savoir une bonne rythmique soutenue, un chant clair (principalement en
français !) puissant, des solos sympas, des compos qui tiennent la route, des riffs plutôt accrocheurs.
Soulmaker part du bon pied, techniquement, ils sont au point et leur musique est sûre de plaire aux fans de
heavy-metal pur et dur. Maintenant, ce qu'il leur manque, c'est une propre identité, un style personnel, s'ils
veulent espérer percer. C'est tout le mal que je leur souhaite. Un début honnête.
Note : 3/6
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COOPER (Alice) : Brutal planet
Chronique réalisée par Nicko
6 ans ! Putain, 6 ans qu'Alice Cooper n'avait pas sorti de nouvel album studio, depuis "The last temptation" ! Du
jamais vu dans la carrière de l'américain. Alors qu'on sentait depuis quelques temps que sa carrière était en
perte de vitesse (absence de nouvel album studio, sortie d'un live, d'une box 4-CD récapitulative...), le voilà qui
nous sort un CD tout bonnement excellent ! C'est bien simple, pour moi, c'est ni plus ni moins que le meilleur
album d'Alice Cooper depuis "Welcome to my nightmare", sorti 25 ans plus tôt ! Aussi, ces quelques dernières
années ont vu l'arrivée d'artistes tels que Marilyn Manson ou Rob Zombie (et son groupe White Zombie) dans
des styles très rock-shock moderne, une sorte de relève dans ce genre créé par Alice. Et bien, le voilà qui remet
les pendules à l'heure ! Ce "Brutal planet", c'est sa manière de dire : "Dieu, ici, c'est moi !". Cet album est le
plus combre, et de loin, de tout ce qu'il a fait jusqu'à présent. Très fortement inspiré par White Zombie (faut pas
oublier que Rob Zombie était invité sur le live "A fistful of Alice"), les guitares se font plus aggressives et
acérées avec une rythmique de plomb (emmené par l'excellent Eric Singer aux fûts - oui, c'est bien le batteur de
Kiss) faisant littéralement tomber Alice dans du metal et délaissant pour cette fois le rock plus ou moins
traditionnel. De plus, Cooper introduit quelques plans et sonorités mécaniques lorgnant même vers l'indus !
Bref, alors qu'il est âgé de 52 ans (!), le voilà qui se met au goût du jour avec un album très moderne, rythmé,
varié et inspiré. Parce que là aussi, il faut le dire, Alice Cooper a réussi la pari d'intégrer dans sa musique tous
ces nouveaux paramètres, ces nouveaux styles. Car, oui, cet album sonne entièrement comme du Alice Cooper,
il y a ce style, cette touche, cette intensité, ce chant (qui n'a quasiement pas changé avec le temps), bref, ce
style Alice Cooper reconnaissable entre mille. Que dire de ces morceaux intenses comme "Wicked young
man", ce "Pick up the bones" à chanter sous la douche (!), ce "Take it like a woman" très touchant ? Voilà de
purs morceaux typiques d'Alice ! Non, "Brutal planet" n'est pas un album opportuniste, c'est un album moderne
prouvant qu'Alice Cooper sait évoluer sans se vendre et qui montre qu'il est toujours le Maître, que les autres
n'ont qu'à bien se tenir ! Ce nouvel album est une galette majeure dans la carrière du quinquagénaire, une
grande réussite.
Note : 5/6
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COOPER (Alice) : Dragontown
Chronique réalisée par Nicko
Et c'est reparti comme en 14 ! On ne l'arrête plus. Après le succès de "Brutal planet" et le retour sur le devant
de la scène d'Alice, le voilà qui nous revient un peu plus d'un an après la sortie de cet album avec ce
"Dragontown". Franchement, moi, à la sortie de cet album, j'étais encore sur le cul du choc que fut "Brutal
planet" et de la tournée qui suivit. C'est donc avec un grand étonnement que j'ai vu débouler ce nouveau CD. Et
c'est clair, il ne fait pas le poids. Il est dans la droite lignée de "Brutal planet", mais en un peu plus rock n' roll,
une sorte de mélange improbable entre le passé et le présent d'Alice. Mais bon, ici, ça le fait pas ! Quand on
écoute "Deeper", qui est une véritable copie quasi-conforme du morceau "Brutal planet", je me dis qu'Alice a
voulu récolter le plus vite possible les fruits du succès du précédent album. Aussi, de son côté, "Dragontown,
le morceau, fait carément penser (en restant gentil...) à "Pick up the bones". Là, contrairement à l'album de
2000, la sauce ne prend pas. "Fantasy man" doit être le seul titre véritablement bon de l'album, le reste allant du
mauvais au conventionnel. De plus, le concept autour des dragons et de l'Asie ou de je-ne-sais-quoi, j'ai pas
trop vu où ça menait ni musicalement où cette orientation se matérialisait, ni comment ! Bien que varié (on
notera d'ailleurs un "Disgraceland" - hommage masqué à Elvis ? - rigolo et décalé), le style "vite fait-bien fait"
est trop présent et on ne peut s'empêcher finalement de penser que cet album est bâclé. Voilà donc ce que
j'appelle un album loupé, un incident de parcours en quelque sorte.
Note : 2/6
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ZORN (John) : Hockey
Chronique réalisée par Nicko
Beaucoup le savent, mais chroniquer une zornerie est loin d'être évident. Ca demande un certain talent
artistique peu éloigné de celui des protagonistes de ces zorneries ! C'est un peu comme rentrer dans une cage
aux lions sans se faire bouffer. Il faut savoir apprivoiser la bête, se faire accepter, comprendre son langage,
faire profil bas, mais aussi savoir se faire respecter quand on se fout de notre gueule. Là, en plus, il doit s'agir
d'une médaille d'or dans la catégorie des zorneries, une top niveau. "Hockey", issu dans fameuses "Parachute
years" (coffret de 7 CD's - avec Zorn, tout est dans la démesure...), c'est de l'extrême... Ce CD est divisé en deux
parties, toutes 100% improvisées. La première, datant de 1978, est électrique et propose deux pièces longues
(avec deux premières courtes, histoire de se mettre en jambe). Le but de ces deux morceaux est d'installer une
atmosphère pesante, mais dépouillée. Ca enchaine différents bruitages divers et variés, faits avec des guitares,
du piano et de la clarinette, mais toujours en laissant entre chaque partie (ou sous-partie, comme vous le
sentez) des moments calmes, appaisants. Bon, après, honnêtement, il n'y a rien de transcendant là-dedans,
c'est même plutôt chiant. Arrive la deuxième partie, de 1980, composée de 13 titres courts (voir très courts !),
acoustiques. Et là, c'est du délire. En gros, tous les morceaux ont le même schéma. Il s'agit en fait d'un
enchainement de notes très courtes (à de très rares exceptions près) de violon, de percus et de clarinette
(jouée façon canard empalé en train d'agoniser !). En fait, le but du jeu, c'est que chacun des protagonistes
balance sa note (la plus courte possible, c'est mieux !) avant son voisin, en l'occurrence ici, avant ses petits
camarades de jeu !!! En tout cas, c'est l'effet que ça fait. Et je trouve ça vachement fun. C'est sans queue ni tête,
c'est super sacadé, ça ressemble à du grind acoustique calme (j'imagine la tête de Saïmone à la lecture de ces
termes !!). C'est totalement stérile et débile, mais putain, qu'est-ce qu'on s'en fout !!! Voilà du gros foutage de
gueule, oui, mais clairement assumé et là, à petite dose, ça me fait délirer ! Qu'est-ce qu'il faut pas faire des fois
pour se rendre intéressant ??!! ha ha ha !
Note : 3/6
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UNSEEN TERROR : Human error
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Là avec Unseen Terror on touche le super vieux. Pensez donc du proto grind de 87, avant même que le
bassgod Shane Embury n'intègre Napalm Death ! C'est donc lui que l'on retrouve, aux fûts cette fois-ci, avec
Mitch Dickinson (que les aficionados d'earache connaissent sûrement...) à la gratte et au chant sur ce disque.
Je ne connaissais en vérité de Unseen Terror quasiment rien, si ce n'est le côté "culte" que beaucoup lui
attribuent. En voyant le "Scum" de ND comme disque "frère" de ce "Human error" c'est donc tout en joie que je
le pris dans mon sac, esperant donc me faire joyeusement lacérer les oreilles à la maison. Et bien dites moi,
une fois arrivé, quelle déception... Putain qu'est ce que ça a vieilli !!! Aucune puissance, des riffs pseudos
complexes qui ne se retiennent jamais, un batteur limite poussif... Argh ! Bon, ok remettons les choses dans
leur contexte. En 86-87 le grind à l'anglaise c'était encore vraiment une sorte de dérivée du thrash et du
hardcore boostée à l'extrême, avec ce petit côté punky (qui se retrouve d'ailleurs sur certains morceaux,
"Divisions" par exemple) qui donne l'énergie à l'ensemble. Seulement ici, l'énergie franchement, faut déjà une
bonne quinzaine d'écoutes pour passer la prod' infâme. Pas qu'elle soit inaudible ou quoi que ce soit, non elle
se montre jute complètement inadaptée, avec un son de batterie "tic tic tic", des guitares "pluies de graviers" et
un mixage carrément trop propre pour l'ensemble. Et ce n'est pas ce chant mi thrash mi core de l'époque qui va
ratrapper quoi que ce soit... Après, on se retrouve avec 20 petits brûlots de death/grind tous jumeaux les uns
les autres, bridés par la technique limite de Embury, gâchés par ce chant carrément vide de toute émotion... Et
ce n'est pas ce trip avec Garfield plutot cool pour finir l'album (un break acoustique dans du grind, et ouais !)
que mon estime pour ce disque va remonter. Les titres démos présents sur la réédition sont déjà plus sympas,
merci la prod' crado, mais l'impression que tout le monde se fait chier à jouer et écouter reste aussi flagrante...
Précurseur sûrement, bon à l'époque je ne pense même pas... Et alors actuellement c'est même pas la peine...
Vieux, dans le mauvais sens du terme.
Note : 2/6
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LOVE LOST BUT NOT FORGOTTEN : Love Lost But Not Forgotten
Chronique réalisée par Powaviolenza
Ce premier CD des Love Lost But Not Forgotten, c'est une énorme baffe screamo dans la gueule doublée d'un
méga coup de pied powerviolent dans les tibias. Screamo-violence, pas d'autre étiquette à coller sur ce
concentré de violence incontrolée et juvénile. Du screamo, LLBNF garde le côté torturé, triste et suicidaire, les
riffs magnifiques alternants passages acoustiques/éthérés et déchaînements de fureur; de la powerviolence, la
batterie souvent speedée, le feeling chaotique, les voix écorchées à l'extrême, le tout enrobé dans une bonne
couche de technicité et une certaine complexité dans les structures (il y a beaucoup de riffs) pouvant
rapprocher l'objet de la scène "hardcore technique", la propreté et l'aspect démonstratif en moins. Car LLBNF
ne sont pas des techniciens comme The Dillinger Escape Plan ou des maniaques comme As The Sun Sets;
juste des ados suicidaires expulsant toutes leurs colères / frustrations amoureuses à travers leurs instruments
de façon brutale mais un minimum sophistiquée. Et avec du feeling : les chants sont extrêmement malsains,
vomis, hurlés jusqu'à la mort (pas de voix claires ici!), pouvant parfois paraître limite grotesques (certains
passages me font presque penser à des hénissements de chevaux) mais toujours suintants de passion et de
sincérité; et certains riffs puent tellement la mort qu'ils marquent pour longtemps celui qui tentera d'apprivoiser
cette tempête sonore. "Means To No End", l'intro de "Loathing", "Push Past", la furie de "Unfound" et la folie du
génial et dernier titre "Swallow" vous feront à tous les coups ressentir un petit quelque chose, et à moins d'être
allergique au style, je ne vois pas comment rester de marbre devant un tel putain de feeling. Acme et les
premiers Converge / Cave In ne sont pas loin : c'est noisy, violent, et les mélodies sont simples mais sincères.
D'un point de vue strictement instrumental, la batterie blaste souvent mais sait doser la violence en usant
d'énormément de breaks et d'un jeu de cymbales très fourni. La basse sait se faire présente et utile, parfois
même virevoltante, jusqu'à devenir essentielle dans le son LLBNF à la production approximative mais abrasive,
raw mais attachante, laissant chaque instrument se distinguer des autres malgré un rendu assez fouillis
(mention spéciale aux passages acoustiques qui ont vraiment la grande classe). Ce premier CD de LLBNF a
tout de même un défaut : tous les riffs sont loins d'être parfaits, et la jeunesse, si elle confère à l'objet un côté
attachant, se traduit aussi par un trop-plein de riffs pas tous utiles. Heureusement, l'objet ne dure pas trop
longtemps et passe finalement comme une lettre à la poste, aucun titre ne dépassant les 2 minutes 50. Un
excellent premier album, donc, pour un groupe malheureusement trop éphémère, dont la personnalité sonore
unique marquera à jamais la scène screamo. En tous cas, ce disque m'a foutu une claque comme peu d'autres
dans le style... Du hardcore comme on en fait plus assez.
Note : 5/6
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TUXEDOMOON : Holy wars
Chronique réalisée par Twilight
'Je vis et pourtant je ne vis pas, j'attends tandis que la vie passe...',une basse lourde qui se met en marche
comme une valse funèbre, une trompette déchirante traverse l'air tandis que des orgues se croisent dans le
lointain, puis c'est un saxo mélancolique qui se tortille...'The waltz'...Tuxedomoon, rien à dire, c'est tout un
univers, un monde où cold wave, new wave croisent un jazz triste, des touches d'avant-garde et une larme
d'électro. Ainsi 'St-John' parvient-il à faire cohabiter des slaps de basse, des petits orgues, des cuivres
délirants et une voix vaguement hantée pour un feeling pas si évident à décrire. Le groupe aime à faire se
rencontrer des sons cheaps (le rythme de 'Bonjour tristesse', le melodica de 'Some guys') et des lignes
profondes, des harmonies improbables pour un résultat d'une cohérence imparable. Rien d'extraordinaire
là-dedans, Tuxedomoon est par définition une formation insaisissable, certes pas aussi barrée que les
Residents, mais tout de même. La ligne de construction s'articule principalement sur une new-wave
expérimentale et des touches de free jazz pour les jeux de cuivre, soit des rythmes programmés la plupart des
temps, une rythmique hâchée assez typique des 80's, pas mal de sons d'orgue et des vocaux passionnés,
comme possédés, volontiers malmenés par les effets à l'occasion ('Hugging the earth') et pourtant, rien de
gratuit...L'émotion est bien là, un sentiment intime, triste, que l'on couve en son fort intérieur sans vraiment
savoir s'il fait du bien ou du mal (l'excellent 'In a manner of speaking', le mélancolique 'The waltz'...). Pourtant le
feeling peut se faire plus malsain et inquiétant (le cabaret possédé et allumé de 'Some guys', 'Watching the
blood flow' avec ses orgues de foire et ses cuivres barrés). Tuxedomoon a un talent inné pour tirer le meilleur
de sons improbables (ces fameux orgues que l'on trouve sur n'importe quel clavier bon marché mais qui
prenne ici une ampleur fabuleuse comme sur le magnifique 'Egypt'). Peut-être un de mes albums favoris de
cette formation si étrange.
Note : 5/6
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SIOUXSIE AND THE BANSHEES : B-sides & rarities box set
Chronique réalisée par Twilight
Après les Cure avec 'Join the dots', c'est au tour de Siouxsie and the Banshees de nous sortir une compilation
de faces B, d'inédits et autres perles introuvables dans un coffret 4 cds splendide accompagné d'un livret
proposant des photos, les textes des morceaux ainsi que des informations. Cet objet indispensable propose
notamment les quatre chansons du mini 'The thorn' (uniquement sorti en vinyl) soit des versions magnifiques
des déjà efficaces 'Placebo effect' et 'Overground' agrémentés de discrètes cordes. Parmi les faces B, je retiens
celle du single 'Cities in dust', 'An execution', l'un des meilleurs titres de ce coffret: lourd et glauque, il évoque
de par ses percussions inquiétantes les pièces les plus noires du side-project The Creatures, les guitares
hurlantes et l'atmosphère funèbre en plus; signalons également l'inquiétant 'Eve white/Eve black' que l'on
trouve en version live sur 'Nocturne', une reprise du '20st century boy' de T.Rex, une variation un brin cabaret
autour du culte des morts mexicains ('El dia de los muertos'), un 'I promise' particulièrement fascinant, une
bonne reprise du 'All tomorrow's parties du Velvet Underground', 'Black sun', un 'Drop dead' ouvert par les
rugissements de Siouxsie... A côté de celà, nous trouvons quelques curiosités comme une interprétation de 'Il
est né le divin enfant' (en français, je vous prie) ou une version en allemand de 'Metal postcard'. Vu la qualité de
la plupart de ces titres, on se dit que décidément, il eût été vraiment dommage de les laisser dormir en face B
de singles introuvables pour une grande partie.Il va encore falloir casser votre tirelire, les amis.
Note : 5/6
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COMBATIVE ALIGNMENT : Hidden sleep
Chronique réalisée par Marco
Après la tornade de sortie en 2003 pour le duo allemand et à l'exception de deux participations à des compiles
c'est le calme plat courant 2004. Arnolt Heise en profite alors pour éditer quelques collègues et amis sur sa
propre structure, Avatar Records. Et c'est en mars 2005 que Combative Alignment ressurgit avec ce ep
composé d'un seul et unique titre. Ce 'Three nights without streaming' laisse derrière les aspects rituels qui
jusqu'ici faisaient la marque de fabrique des allemands. A part quelques cloches ça et là, on nage en pleine
ambient à la limite de la bande original de film, nappes épiques ou au contraire plus douce et sacrées,
passages plus industriel dans un crescendo qui retombe progressivement comme en début de morceau. Une
approche un peu différente comparée aux albums précédents, mais toujours empreinte de la personnalité
mystérieuse de Combative Alignment.
Note : 4/6
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DARKTHRONE : The cult is alive
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
S'il y a bien un groupe qui mérite une double chronique pour ses albums, c'est bien Darkthrone. De plus, sur ce
coup, je ne suis pas d'accord avec mon compère. Je lis dans beaucoup de commentaires que Darkthrone se
répète et fait grosso modo toujours la même chose, et il est difficile de dire le contraire. Mais je ne vois que très
peu de fans de groupes comme ACDC se plaindrent de ce fait, pourtant changent-ils eux? Darkthrone est pour
moi toujours aussi bon à travers les années, les décennies même et cet album ne déroge pas à la règle. Car
finalement Darkthrone c'est quoi? Tout simplement une machine à riffs, une invitation au headbanging, une
production "do it yourself"et une fuck-off attitude encore plus prononcée avec ce "The cult is alive" mais qui a
toujours été bien présente chez ces Norvégiens. Minimaliste, simpliste, direct, oui Darkthrone l'a toujours été. A
chaque sortie d'un nouveau Darkthrone, à la première écoute je reste toujours sur ma réserve, mais en les
enchainant, on se rend compte de l'efficacité du combo car tout simplement, on ne l'enlève plus de la platine,
on se surprend à l'écouter plusieurs fois dans la journée, et on le fredonne sous la douche. Quand je lis partout
que ce Darkthone est très punk , hello on se réveille là dedans, il n'y a rien de nouveau à ca, même si c'est
légèrement plus prononcé notamment sur les morceaux de la fin du disque, Darkthrone pratique ca depuis
"Hate them". Les trois premiers morceaux sont du Darkthrone pur et dur, avec le hit en puissance qu'est "Too
old too cold" qui fait mouche à chaque fois. "Graveyard Slut" est très rock'n'roll basique avec Fenriz au chant
et constitue au final le Darkthrone qui me séduit le moins. De manière générale d'ailleurs, j'ai toujours préféré
les titres écrits par Nocturno Culto que ceux de Fenriz, qui sur cet album il est vrai sont encore plus basiques
que précédemment. Je ne mets pas un cinq à ce disque (comme je le fais facilement pour tous les autres
Darkthrone) car les trois titres de fin, à savoir "Tyster På Gud", "Shut Up", "Forebyggende Krig" (bien que le
refrain de ce dernier est plutôt jouissif) me semblent moins performants que le reste. Un excellent "De
Underjordiske (Elia Capitolina)" qui aurait très bien pu figurer sur un "Under a funeral moon" avec son riff tout
nécro du début. Un solide enregistrement de Darkthrone à mes yeux, qui s'essouffle un peu sur la fin, mais de
la piste 1 à la piste 6, c'est du pur bonheur (hormis "Graveyard Slut un peu en dessous). Quant au clip, il ne
fallait pas s'attendre à plus d'un groupe pareil, pour les effets spéciaux, il y a d'autres groupes qui font très bien
ça. Le culte est bel et bien en vie. Qu'on se le dise.
Note : 4/6
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BLOODY MARY : Blood'n'roll
Chronique réalisée par Twilight
J'ai eu peur un instant quand j'ai eu le cd entre les mains, n'avais-je pas simplement affaire à une version
italienne des 69 Eyes ? Ouf, à priori, les Bloody Mary sont bien des poseurs mais plutôt dans une veine London
after Midnight, ce qui est déjà plus mon rayon. Certes, on trouve bien ce côté goth'n'roll aux guitares appuyées
présent chez les Finlandais mais les Italiens ne cherchent pas continuellement à plagier Type O Negative. Je ne
suis pas non plus en train de dire qu'il s'agit d'un groupe super, original et intègre. Peut-être bien que leur
ambition est de ressembler aux 69 Eyes et de devenir une formation à gothopouffes; ils ont les ingrédiens pour:
une voix profonde et sensuelle sans être trop grave, des guitares sombres qui pourraient plaire aux fans des
Finlandais, un look goth glam...Musicalement, le disque contient de très bons morceaux, comme l'excellent 'Icy
blue' qui ouvre avec un feeling London after Midnight, 'The second chance' qui m'évoquerait une version plus
soft de Love like blood, pareil pour 'Before the rain'. Hélas, ils ne sont pas en majorité en comparaison avec le
mauvais ('Learning to fly' trop commercial et facile à mon goût) et l'anecdotique, soit la plupart des titres
restants. Ce n'est pas toujours désagréable mais les mélodies sont plates, le son sonne trop déjà entendu et le
spectre du mauvais côté des 69 Eyes plane trop près par moment. Il faudra donc faire mieux si les Italiens
veulent séduire autrement que par leur plastique (encore que je soupçonne une partie peu exigeante du public
goth de leur faire plus que bon accueil).
Note : 3/6
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CLARK (Anne) : Hopeless cases
Chronique réalisée par Twilight
Anne Clark, c'est avant tout une poésie urbaine grise et désenchantée, des mots qui courent le long des rails,
parcourent les rues désertes des villes industrielles de l'Angleterre ou les quartiers de Londres tels qu'on les
trouve dans 'My beautiful laundrette' de Stephen Frears, longent le béton et les littorals sales, des textes récités
plus que chantés par une voix froide, sans espoir dans laquelle on sent pourtant des traces de colères non
éteintes. C'est aussi une musique, électronique, forte et évocatrice, marquée du sceau de la new wave qui sait
allier des rythmes dansants, avec un feeling froid et des atmosphères profondes. On pourrait hasarder une
comparaison avec Depeche Mode pour la recherche au niveau des sons et le talent pour écrire des mélodies
redoutables, mais chez Anne Clark le ton est beaucoup plus noir et malsain. Cet aspect est renforcé encore de
par cette récitation froide, presque spectrale. Ecoutez donc des titres comme les fabuleux 'Up', l'inquiétant
'Now' dont l'aspect puissant et grandiloquent lui confère une touche quasi religieuse ou 'Armchair theatre'.
D'autres sont plus insidieux comme 'Cane hill' et ses ambiances grises que l'on retrouvera dans le trip hop de
Portishead des années plus tard, 'This be the verse' dont la musique genre fête foraine urbaine contraste avec
la violence du message du texte et je ne parle même pas de la tristesse des deux instrumentaux 'Poem without
words' qui ouvrent et tirent le rideau sur ce disque qui, il faut le dire, est un chef-d'oeuvre.
Note : 6/6
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CLARK (Anne) : Pressure points
Chronique réalisée par Twilight
Anne Clark, poètesse échevelée, rebelle mélancolique...Anne Clark qui a su user de l'électronique, à l'instar de
formations comme Eyeless in Gaza, Depeche Mode, Ultravox...pour créer des climats profonds et sombres,
bande-originale de ses mots, comme autant de courts-métrages intérieurs. Si les morceaux de ce second opus
n'ont, à mon avis, pas encore la force évocatrice et l'efficacité que l'on trouvera sur 'Hopeless cases' deux ans
plus tard, ils n'en demeurent pas moins très bons et typiques du son Anne Clark. Une récitation à la fois
désenchantée et passionnée, une musique alliant rythme et ambiances grises, new wave et électro clinique, en
bref des morceaux qui vingt ans après n'ont pas pris une ride que ce soit dans leurs sonorités ou les
arrangements. Il suffit d'écouter 'The power game' avec ses touches de cordes synthétiques, le mélancolique
'Tide' ou même le dansant 'Red sands' pour s'en convaincre. Artiste sans concession et underground, Anne
Clark n'a pas obtenu la reconnaissance de formations comme Depeche Mode mais mérite largement le statut de
musicienne culte que beaucoup lui reconnaissent avec raison.
Note : 5/6
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FLINT GLASS : Nyarlathotep
Chronique réalisée par Marco
4 ans après les superbes circonvolutions egypto-futuristes de 'Hierakonpolis' Flint Glass nous revient avec un
hommage à l'oeuvre de Lovecraft en la personne de ce 'Nyarlathotep' sombre et mélodique, affable en
atmosphères inquiétantes. Difficile de rendre justice à l'oeuvre du reclus de Providence déjà réputée
intransposable à l'image, mais heureusement l'univers sonore particulier souvent usité par l'écrivain est une
manne pour biaiser avec bonheur. En rendant 'hommage' au messagers des dieux lovecraftiens, chaos rampant
fourbe et redoutable, Flint Glass ouvre une porte qui aurait du rester condamnée à tout jamais en invoquant
Yog-Sothot ou Cthulhu, en nous transportant très loin sur l'inconnue Yuggoth ou en narrant l'histoire de l'arabe
dément Abdul El-Alhazred, l'auteur du maudit Nécronomicon. Les rythmiques servent à merveille le coeur de
cet album, à savoir les nappes et les mélodies, tour à tour faussement doucereuses et denses, brouillant les
pistes et ne livrant aucune clé sur les univers visitées. Electronica industrielle tribale, courts instrumentaux
menaçants, dark-ambient glaciale, voilà une vision personnelle et inédite de la mythologie cthulhienne dans ce
qu'elle a de plus effrayant et pourtant si attractive. L'excellente production rend compte du travail d'orfèvre
effectué et la continuité avec 'Hierakonpolis' s'enorgueillit de participations de remixeurs expérimentés qui
offrent de nouvelles lectures de ces cauchemars. Les visuels du digipack sont de plus à tomber par terre,
illustrant essentiellement les terres glacées du plateau de Leng et des arcanes de Kadath, lieux emblématiques
de l'univers de Lovecraft. Flint Glass réussit un pari pas forcément gagné d'avance en s'attaquant à un thème
rebattu qui aurait pu servir d'alibi à un manque flagrant d'inspiration, ce qui heureusement est loin d'être le cas
du français. Peu importe que vous soyez familier de l'oeuvre de Lovecraft ou non, la qualité de 'Nyarlathotep' va
au-delà du sujet d''étude', ce qui à mon sens est la marque des grands. FHTAGN !
Note : 5/6
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O-HEAD : Steps Across the Cortex
Chronique réalisée par Phaedream
Une fine séquence en mode écho ouvre ce 2ième opus de O-Head. La séquence accélère à travers les
gémissements du synthé. L’atmosphère est sombre. Une 2ième séquence en spirale vient donner plus de
mordant à Twilight Pilot qui se métamorphose en belle mélodie. Le souffle se meurt dans l’écho des bruits
atmosphériques de Otherwordly Journeys. Une ligne séquentielle hésitante émerge d’un beat langoureux. Le
synthé fait danser ses notes au-delà des sons vaporeux tout en façonnant sa mélodie. Un autre bon titre. The
Loneliness of the Deep Space Traveller mélange voix en fusion et soupirs mellotronnées. Un long titre avec un
doux intro où les accords de piano s’harmonisent tant bien que mal à un synthé indécis. Une belle ligne
séquentielle vient secouer cette courte léthargie au gré de percussions savamment dosées. Bien que timide, le
beat est harmonieux et finit par prendre une tangente techno pondéré mélodieuse.
Oracle Eye est une pièce comme je les aime. Des particules de bruits étouffent un synthé plaintif. Une ligne
séquentielle se fait entendre avec des percussions agressives et des salves de poussière cosmique. Le synthé
s’éveille autour d’un son mellotronné des années 70. Les sons, les accords et les solos fusent de toute part,
tout en gardant une cadence d’enfer. Une corne d’abondance sonore, Oracle Eye est un pur bijou auditif. La
finale fait écho sur les voix mécaniques de Delta Ceiphi. L’approche est douce et le synthé berçant. Une ligne
séquentielle s’éveille. L’ouïe en alerte, une 2ième ligne s’installe. Le synthé est nerveux et crache des accords
qui se répètent en spirale et font place à une guitare très Froesienne. À jeter par terre tant la surprise est
grande.
On retrouve tout ce fabuleux festin musical sur Colours Become Shapes. Une longue pièce de Berlin School qui
vient clôturer de brillante façon Steps Across the Cortex. L’ambiant côtoie les séquenceurs à multi lignes. Bref,
près de 30 minutes de pure folie, quasiment des traits de génie.
Steps Across the Cortex d’O-Head est assurément un bijou de création et de recherche artistique. C’est un
album plein à l’os qui s’écoute avec plaisir et satisfaction. Un album comme il en sort rarement. Un album que
les purs et durs doivent se procurer sans hésitations.
Note : 5/6
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ORGAN: : Apoplexy In Six Parts
Chronique réalisée par Powaviolenza
Etrange disque que voilà ! Assez introuvable (limité à 300 exemplaires), affublé d'une pochette hideuse dans un
coffret DVD, "Apoplexy In Six Parts" nous est proposé sous la forme d'un double CD, dont nous nous
intéresserons ici surtout au premier, qui se trouve être, mettons tout de suite les choses au clair, un petit bijou.
Essayez d'imaginer un instant ce que pourrait donner un groupe composé de Dave Witte (Discordance Axis,
Burnt By The Sun, Atomsmasher / Phantomsmasher; Melt Banana, Human Remains, East West/Blast Test,
Municipal Waste, etc...), immense batteur au jeu ultrapuissant reconnaissable entre milles (en particulier ses
blasts), et de Yusaf Pavez (aka Mr Fixit / Vicotnik de DHG, Ved Buens Ende, Code, etc...) et Carl-Michael Eide
(aka Czral / Agressor, génie derrière Virus, Ved Buens Ende, Aura Noir, DHG, Cadaver et 20000 autres machins
géniaux). Ajoutez-y une bonne dose de psychédélisme et une pincée de feeling black norvégien, tuez le
chanteur et vous obtenez Organ. Le line-up n'est bien sûr pas composé de ces bestiaux là (ça se saurait), mais
il aurait largement pu. En effet, le jeu de batterie m'a immédiatement fait penser à un mélange entre la
puissance de Dave Witte (comment le premier morceau peut-il ne pas évoquer Atomsmasher?) et la finesse de
Carl-Michael : des blasts super-vénères à la Discordance Axis et une grosse caisse surpuissante avec des
breaks et un jeu de cymbales tout en feeling; quand aux riffs, ils tiennent autant des grands Ved Buens Ende et
de leurs alter-egos modernes Virus (magnifiques arpèges, harmonies étranges, psychédélisme omniprésent)
que des vagabonds fous de DHG (folie classe et froideur norvégienne). En clair, "Apoplexy In Six Parts" est un
bon gros pavé de black-metal étrange et typé "avant-gardiste" comme seuls les norvégiens savent pondre de
façon exquise, mais avec le petit plus qui fait la différence : des morceaux assez courts (dont certains ne
dépassent pas les deux minutes) et instrumentaux (le chant ne manque d'ailleurs absolument pas), quelques
samples filmiques discrets (dont un assez scabreux au début du 4ème morceau), et quelques petites touches
de clavier bien kitsch. Certains riffs sont magnifiques et valent vraiment le détour, le jeu de basse a la grande
classe, la prod aérée et terrible, avec un son de batterie très organique (héhé), et l'ambiance bien présente,
roots et folle, raw mais douce en même temps. Six titres absolument exceptionnels, donc, que tout amateur de
trucs étranges et différents se doit d'écouter au moins une fois dans sa vie, même les réfractaires au
black-metal - qui n'est ici qu'une base musicale lointaine, Organ allant beaucoup plus loin, le deuxième CD
étant quand à lui 100% électronique. Je ne suis sûrement pas le plus qualifié de Guts pour chroniquer un tel
objet, n'ayant aucune affinité avec ce style, mais ces 20 minutes d'electro m'ont parues plutôt chiantes,
alternant nappes ambient et grooves drum'n'bass sans réel feeling, et surtout, sans réel rapport avec le génial
et organique premier CD : pas d'ambiances bizarroïdes et glacées ici. Seul le deuxième morceau au beat assez
noisy m'a paru sortir du lot, mais un amateur d'electro vous éclairerait sûrement d'un tout autre son de cloche
que le mien. Au final, "Apoplexy In Six Parts" se révèle donc être un objet extrêmement intéressant et original, à
essayer de toute urgence.
Note : 5/6
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THROBBING GRISTLE : The first annual report of Throbbing Gristle
Chronique réalisée par Trimalcion
On ne peut pas évoquer un groupe aussi important que Throbbing Gristle, une des formations qui fut à l'origine
de la musique "industrielle", en parlant uniquement de musique, justement, tant leur démarche s'inscrit dans
un mouvement artistique plus vaste visant à une remise en question fondamentale des valeurs traditionnelles
de la société, à leur subversion, et ce par la ré-appropriation séditieuse de certains de ses codes, pour mieux
les faire exploser de l'intérieur. Si ces premiers enregistrements studios, qui ne connurent que très tardivement
une véritable sortie (histoire d'entretenir le mythe ?), datent semble-t-il de 1975 (l'année même où Lou Reed
balança à la face d'un public médusé son fameux "Metal machine music", est-ce vraiment un hasard ?), c'est en
1977 que parut le premier album "officiel" du groupe. Et cette date doit bien évidemment nous interpeller,
puisqu'elle verra également l'avènement du punk, qui en tant que mouvement d'idée, poursuit les mêmes
manoeuvres subversives, même s'il le fait d'une manière moins sombre et moins tortueuse. Les membres de
Throbbing Gristle se veulent des artistes contemporains plus que de simples musiciens : plusieurs de leurs
installations et de leurs happenings, jouant avec des symboliques de rites sacrificiels nazis, de cérémoniaux
pornographiques, de meutres violents... firent scandales. Genesis P-Orridge, qui lui-même joue sur les
ambiguïtés émanant de sa personne et de son identité sexuelle, y débitait ses histoires de transgression
glauques et sanglantes sur un ton monocorde (ce qu'il continue à faire ici) ; ses partenaires s'y mettaient à nu
sur quelques sonorités de synthé très cheaps - on faisait avec les moyens du bord. Il fallait provoquer le
scandale et l'indignation par une morale destructrice... Le collectif "COUM Transmissions" (dont faisaient partie
les membres du futur groupe) y réussit avec une performance nommée "Prostitution" à la gallerie ICA de
Londres, qui marqua également la fin de son existence. La musique n'était qu'un autre moyen pour parvenir aux
mêmes fins... Pour en revenir à ce premier disque, cette oeuvre "cachée" qui ne fit sa ré-apparition qu'en 2001,
eh bien il reste à mon sens (et rétrospectivement) une pièce fondamentale, essentielle du puzzle. Tout
Throbbing Gristle est déjà là, sans compromission ni tâtonnement : peu ou pas d'accroches mélodiques ou
rythmiques, du bruit, des boucles harsh noise qui se meuvent en rotations machiniques infernales ("Final
Muzak", irrésistible), parfois insupportables, des échos électroniques d'outre-tombe qui confèrent à la chose un
aspect rituel ("Scars of E"), des tôles froissées, un son totalement crade et brouillé. Sur l'impressionnant "Very
friendly", Genesis P-Orridge éructe durant plus de dix-huit minutes son histoire macabre alors que la machine à
broyer s'emballe de plus en plus avant de s'abîmer doucement ("There's been a m...m...murder..."). "10 pence"
prolonge cette expérience extrême de manière moins torturée mais plus percutante. Les bruits de foules,
conversations, discours, se mêlent le plus souvent subrepticement à la boueuse avalanche sonore ("Whorle of
sound"). L'aspect quasiment horrifique de cette musique ne doit pas nous faire oublier un facteur essentiel, que
les pochettes et les pseudonymes des membres du groupe nous rappelle : le second degré - derrière le
marasme, il y a la dénonciation en bonne et due forme d'une société qui consomme "industriellement" l'art.
Genesis P-Orridge imite donc le philosophe cynique qui avait l'habitude de cracher tout le temps, et que Platon
invita chez lui en lui demandant de ne rien salir : pour ne pas cracher par terre, il lui crache à la figure. En
conclusion, il y a dans cet "album" jusqu'au-boutiste et génialement inaudible l'essence même de Throbbing
Gristle. Je serais presque tenté de dire qu'il est inutile d'aller plus loin. Mais ils iront plus loin, et influenceront
de manière déterminante tous les groupes de rock qui auront cessé de croire en l'Homme, de Suicide à Joy
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Division. Indispensable.
Note : 4/6
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THROBBING GRISTLE : The second annual report of Throbbing Gristle
Chronique réalisée par Trimalcion
"Industrial music for industrial people". C'est ici que naît, officiellement (même si de manière encore très
confidentielle), la musique "industrielle" : ce nom même (qui au départ, n'a rien à voir avec l'utilisation de
samples "urbains", bruits d'usines, machines, ou je ne sais quoi) est en réalité une gifle envoyée à la face de
l'industrie du disque, des rapports commerciaux, consuméristes, mécaniques et artificiels qui régissent le
rapport des hommes entre eux et leurs rapports à l'art en particulier... L'ironie cinglante de ce slogan ne doit
tromper personne : toute vérité en art est illusoire, tout le sacré et l'absolu s'effritent, et ne doit rester que le
vide. La musique industrielle, cette lèpre qui doit ronger le business musical de l'intérieur, s'immisce de
manière discrète dans le grand organisme, comme un virus qui sera appelé à propager progressivement son
empire, pour le rendre malade et finir par le tuer. Au départ, donc, une cassette, limitée à quelques centaines
d'exemplaires (une tradition tenace dans ce style), une pochette pour le moins sobre, un enregistrement dont la
promotion ne sera assurée que par les "performances" que les quatre artistes d'avant-garde ont pu assuré lors
de diverses prestations dans d'obscures salles londoniennes. Ces visées nihilistes, jusqu'au-boutistes de
produire de la non-musique connaîtront nécessairement le medium le plus confidentiel. Et leur succès, leur
extension, manifestera d'ailleurs leur échec, puisque l'indus deviendra fatalement (et très rapidement, avec les
membres de Throbbing Gristle eux-mêmes), un genre parmi d'autres, récupéré, avalé, digéré par le système,
même s'il se maintient plus ou moins dans l'underground. C'est ce qui rend ces premiers témoignages
historiques particulièrement précieux. Leur extrêmisme et leurs visées destructrices sont resservis intacts.
Après les inquiétantes nappes d'"Industrial introduction", c'est l'immersion directe au coeur des nauséeux
"Slug Bait" et "Maggot death", qui répand ses ondes maléfiques au travers d'une brume synthétique percée par
la voix distordue et réverbérée de Genesis P-Orridge, qui débite ses soliloques de la "Death factory" ("Music
from the death factory" : un slogan...) Les avatars lives sont indissociables des versions studios, tout
simplement parce que c'est au cours de leurs performances en public que se joue l'essentiel du processus
créatif, dans ce qui reste pour une bonne part des improvisations (les différentse versions d'un même titre n'ont
d'ailleurs pas grand-chose en commun - et sont présentées sous forme d'extraits, saisissements d'un point de
départ ou d'un point d'arrivée, d'un moment de grâce macabre) ; une expérience douloureuse à base de sons
perçants et d'une dialectique de la transgression, qui agit sur l'auditoire, et le pousse à réagir d'une manière ou
d'une autre. "After cease to exist" (autre improvisation en public, transférée directement depuis la source
instrumentale sur la bande), devait fournir la bande originale de leur film-performance du même nom - la
tonalité nettement plus ambient renvoit bien à ce qui est suggéré par le titre : un "voyage" en forme de
transmigration de l'âme après la mort physique, une longue méta-bande-son. "United", son beat cheap et sa
mélodie pop presque "normale", préfigurent à leur manière tout l'electroclash à venir. Quant à "Zyclon B
Zombie", j'ai envie de retranscrire tel quel le commentaire de Genesis P-Orridge, qui résume les paradoxes de
cette musique : "a verbal joke in deliberate bad taste, featuring the extensive mangling of instrument generated
sounds in an attempt to project to the listener the actual feeling of hysteric coma whilst being gassed to death
in Auschwitz. It was recorded live on a mono-cassette recorder. This single in many ways sums up the
strengths and weaknesses of TG. The satire of a pop single, became a popular single that outsold all other TG
releases before and after". Un drôle de "popular single" tout de même, un cauchemar oui. Quoi qu'il en soit, cet
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album reste l'ultime et provocante aspiration d'un souffle mortel sur la musique populaire. En quelque sorte, le
disque terminal.
Note : 3/6
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THROBBING GRISTLE : D.O.A : The third and final report of Throbbing Gristle
Chronique réalisée par Trimalcion
Pour beaucoup une révélation, voici le meilleur disque à mon sens de Throbbing Gristle, groupe qui avec
quelques autres (Cabaret Voltaire, SPK) inventa la musique industrielle, et dont l'éclatement provoquera la
naissance d'autant de projets dont l'influence continuera à être déterminante (Coil, Psychic TV, Chris & Cosey).
Pourtant, la fabrication de cet artefact musical étonnament élaboré marque également, du point de vue de
l'idéologie, de la transgression sans limites, de l'interrogation perpétuelle du système qu'ils s'étaient fixée au
départ, un échec, puisque les membres du groupe s'acceptent comme de véritables musiciens, ayant à coeur
de produire des atmosphères qui émanent de la plastique du son, du choix des samples, de l'homogénéïté d'un
continuum sonore (créé cette fois-ci entièrement en studio) qui suggère, palpite, et vit... Le spectateur n'est
plus comme avant radicalement mis en face de ses peurs et de l'inanité de ses attentes. Il peut à présent
écouter la "musique" de Throbbing Gristle en prenant du plaisir - elle cherchera moins à remettre en question
son esclavage, sa soumission aux codes du système, ce qui restera malgré tout une visée de l'indus, mais une
visée en filigrane, qui ira bien vite s'évanouir dans la grande mascarade electro-new wave des années 1980,
bien peu d'artistes ayant réussi à maintenir le flambeau allumé. Passons maintenant à la teneur musicale
proprement dite de ce disque. Les sons électroniques crus et minimalistes, l'utilisation rudimentaire de
l'informatique (en 1978), les grincements macabres d'un violon désaccordé (terrifiants "Weeping", "We hate
you..."), les beats répétitifs décharnés qui accompagnent des échantillons de films, de conversations...
suffisent à créer l'atmosphère glauque sur laquelle Genesis P-Orridge pourra débiter sa morne et macabre
litanie, la voix souvent broyée dans le mixer ("Hamburger lady"). En d'autres moments, c'est la suspension
dans le vide du son concret - mystère de sa provenance et captivation de ses échos (les voix enfantines de
"Hometime" avec le son cristallin d'une guitare se répercutant dans des limbes métaphysiques) ; "ab/7a" est un
express kraftwerkien lancé à toute vapeur ; "Walls of sound" dresse une muraille sonore hérissée de pointes
acérées ; "Hit by a rock" lance un cri primal ; une angoisse étouffante plane sur les répliques d'"E-Coli"... Il
faudrait en fait décortiquer chaque titre pour montrer comment, l'un après l'autre, ils génèrent leur monde
sonore, leur ambiance propre. Et si Throbbing Gristle se réapproprie peu à peu certains codes du rock et de la
pop, il n'en reste pas moins une formation aventureuse et avant-gardiste, qui se joue des sons électroniques et
des technologies de l'époque pour créer un disque de terreur psychologique, foisonnant et fascinant, complexe
comme un cauchemar - qui passe haut-la-main l'épreuve du temps.
Note : 5/6
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RAMASES : Space hymns
Chronique réalisée par Progmonster
Dites ; moi je veux bien essayer de contenter tout le monde et effectivement me cantonner à des genres bien
précis. En l'occurence, le jazz et le progressif. Comme ça, ça arrangera tout le monde, chacun de son côté, et
on n'en parle plus. Seulement, c'est pas moi qui décide. Et encore, je ne parle pas là d'un choix rédactionnel
délibéré, mais bien de la musique qu'il m'est donné d'écouter, de la musique qu'il m'incombe de vous décrire. Il
se fait que je suis avant toutes choses subjugué par les artistes et les disques qui s'arrachent au consensuel,
qui brisent les barrières, qui dépassent les limites restrictives d'un genre. Beaucoup d'entre vous auront
l'honnêteté de se reconnaître aussi dans ce descriptif sommaire. Pour cette raison seule, il me sera, je pense,
toujours impossible de satisfaire les quelques sombres imbéciles qui s'emploient à expérimenter surtout les
limites de notre patience, un rôle qu'ils prennent tellement à coeur qu'il finit par valider notre credo qu'ils ont si
souvent décrié. Je dois bien le reconnaître, le projet Ramases, parce que finalement assez léger et détaché
dans son esthétique, ne semble pas correspondre à l'idée que l'on se fait d'une musique sombre. Pourtant, tout
nous pousse à croire le contraire. "Space Hymns", concept album fumeux, pur produit de son époque, nage en
plein psychédélisme folk et ésotérisme de pacotille, guidé par un de ces prophètes auto-proclamés sans doute
tombé sur la tête à la lecture d'une aventure des Quatre Fantastiques... Contemporain de Comus, Ramases
partage avec ces derniers cette approche folk, presque bucolique. Et si le grain de folie est incontestable, il n'y
a par contre pas de manifestations évidentes d'une noirceur ou d'un goût prononcé pour le macabre. À l'instar
du groupe de Glen Goring, voire des albums les plus déterminants de Peter Hammill, il paraît presque
impossible à l'écoute de ce "Space Hymns" laissé sans suite que David Tibet ait forgé la carrière de Current93
sur base de sa seule inspiration ("Quasar One", "Molecular Delusions"). Plus anecdotique, l'imagerie fabuleuse
de l'album que l'on doit une fois encore à Roger Dean et la présence au grand complet du groupe 10CC avant
qu'il ne se forme ont fait de ce disque une rareté qui s'adresse davantage aux personnes curieuses de
découvrir la genèse de ce que deviendra la musique gothique.
Note : 3/6
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SEMPER EADEM : Divagations esthétiques
Chronique réalisée par Marco
Bien avant d'élimer nos conduits auditifs avec les assauts bruitistes de Lith, David Vallée a débuté avec Semper
Eadem, versant dans la mélancolie et les ambiances éthérées. Deux démo-tapes et un cd-r précèdent de 7
années 'Divagations esthétiques' et c'est avec plaisir que l'on redécouvre ce projet neoclassique où
instruments à vent, cordes et piano s'épanchent sur le monde des rêves et des espoirs déçus. L'attente et le
souvenir des temps jadis est au coeur de ce mini-album délicat aux arrangements sobres et aux visuels
superbes. On retrouve sur 'Geister' et 'Reflets d'un songe trop flou' l'univers de Fin De Siècle à ses débuts,
mais avec une touche particulière d'onirisme, à cheval entre le rêve éveillé et le sommeil agité. Des spectres
semblent hanter les lieux de ce ep, saisissant la moindre opportunité de communiquer avec le dormeur qui
s'aventure, déboussolé et cherchant une réponse à ces images sybillines et ces sons mystérieux qui
l'assaillent. Le cd-rom inclu dans l'édition limitée associe d'ailleurs le son à l'image en proposant une
illustration énigmatique et esthétique de certains des titres. Un très belle boîte à musique qui plonge l'auditeur
dans une rêverie agréable et troublante à la fois. Une boîte que l'on se prend à réouvrir le plus possible dans
l'espoir d'y trouver quelque chose de nouveau à chaque lecture.
Note : 4/6
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SPORTO KANTES : Act.1
Chronique réalisée par dariev stands
Déjà, de l’objet émane quelque chose de repoussant, de peu accueillant. On sens que Sporto Kantes ne brûle
pas d’envie de sortir de l’underground : une paire de seins un brin difformes en guise de pochette, un lettrage
militaire, et à l’intérieur du digipack, que peut-on lire ? « Next time, you’d better buy vinyl ». Sympa. Autant dire
qu’on s’apprête à être rebuté en insérant ce disque dans la platine. Et là, on se prend un coup de massue
derrière les oreilles qui nous rappelle le vieil adage pas si caduque « ne pas se fier aux apparences ». «
Confused », perle de trip-hop brumeux, rivalise sans honte avec les plus grands orfèvres de Bristol… Une
superbe intro lugubre, suivie d’un beat étouffé, puis une voix soul qui semble complètement égarée, plantent le
décor. La nuit tombe sur la ville… Une fumée âpre s’échappe des bouches d’égouts pour aller se perdre parmi
des néons blafards, tandis qu’une ondée martèle le goudron scintillant… Bref, un morceau évocateur ! Si
seulement le reste de l’album avait été de cet acabit ! Malheureusement, le trip-hop n’était que la partie la plus
réussie de l’exercice de style auquel vont se livrer Benjamin Sportes et Nicolas Kantorovwicz (le nom Sporto
Kantes est une fusion de leur noms). Voilà comment on pourrait définir le reste : Grand chaudron au fond
duquel se débattent cuivres en folie, mariachis, beats hip-hop, samples de films et ritournelles ragga, le tout
enfoui dans un maelström bien sale et désinvolte, à des lieues des compositions bien sages de Moby. Non, le
gros patchwork défoncé balancé ici lorgnerai plutôt du côté des Beastie Boys gloutons de « Ill Communication
» ou encore du Tricky schizo de « Blowback ». La mécanique fonctionne pas mal, et le duo ratisse large :
musiques cubaines sur « Mundo », atmosphères purement cinématographiques sur « 18h27 », reggae jovial sur
« Buster » (hommage au grand Prince Buster, auteur de « one step beyond » et « police & thieves »), le tout
parfois entrelacé dans un maelström comme la fin des années 90 a su en produire (Midnite Vultures de Beck
par exemple). L’approche instinctive et tout sauf snob ou intellectuelle rappelle le Sandinista des Clash, ou
encore certaines formations de Ninja Tune. Hélas, la concurrence est rude dans le genre, et si ce disque se
laisse volontiers écouter, il ne nous tiens scotché que sur la première track. C’est peu. Chose amusante,
Nicolas Kantorovwicz est l’ex bassiste des Wampas, d’où le titre « Never Trust A Guy Who’s Never Been A
Punk »… Que les Wampas lui renverront dans la figure avec leur album de 2003 : « Never Trust A Guy Who,
After Having Been A Punk, Is Now Playing Electro ». No comment.
Note : 3/6
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HELLEBAARD : Valkyrenvlucht
Chronique réalisée par Yog Sothoth
Pour faire rapidement les présentations, Hellebaard est un duo Hollandais officiant dans un style Pagan Black à
tendance moyenâgeuse, qui délivre ici son second effort. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces gars là
ont réuni tous les moyens à leur disposition pour nous sortir la daube ultime du genre : que ce soit avec le son
faiblard des guitares, la boite à rythme absolument ignoble ou encore le chant « Black » complètement ridicule,
rien ne nous est épargné, le summum étant atteint avec les parties médiévales tellement atroces qu’elles
n’auraient même pas pu prétendre à servir de fond sonore à une épreuve de Fort Boyard. Ce disque se voudrait
comme « un hommage à la Terre ancestrale et aux anciennes croyances païennes » (dixit la bio, merci, c’était
marrant), et se retrouve au final à patauger dans l’amateurisme et le kitsch le plus insupportable. Alors bon, on
peut trouver ça amusant durant les 10 premières minutes, mais même de ce point de vue là, l’album est
tellement saoulant qu’il est presque impossible de l’écouter intégralement… C’est juste mauvais quoi.
Note : 2/6
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DOWD (Johnny) : Wrong side of Memphis
Chronique réalisée par Progmonster
Avec son regard noir à la Billy Bob Thornton et ce masque déformant d'un sérieux qui prête à rire - voire
l'inverse - Johnny Dowd se présente à nous d'emblée comme un intriguant personnage. Et pour cause ; son
tout premier album au titre ô combien prometteur s'avère être un incroyable condensé de malaise et de
déviances arborant les couleurs d'un conformisme de façade. La mort qu'on attend. La mort que l'on aimerait
donner aussi. Cette folie qui nous ronge. Ce réel enfin qui nous cloue littéralement sur place et qui nous
pousse à contempler le fruit de notre inéluctable déchéance. Voilà, dans les grandes lignes, ce qu'il y a au
menu de ce "Wrong Side of Memphis" dont la modestie des moyens a pourtant de quoi faire de l'ombre aux
plus grands. Sorte de Nick Cave version country blues ou, mieux encore, nouveau Tom Waits du pauvre qui ne
commet pas encore l'erreur de faire de la culture du bizarre une fin qui justifierait tous les moyens, Johnny
Dowd est en réalité un exemple de réorientation professionnelle réussie. Pendant longtemps seul patron d'une
petite entreprise, ce n'est qu'en 1996, à presque cinquante ans, qu'il réalise son vieux rêve en enregistrant ce
qui constitue encore aujourd'hui son oeuvre la plus marquante. Avec des titres comme "Meurtre", "Unique
Issue", "Comme un Chien", "Un Type comme les autres", "Le prix du pêché" ou "Je n'existe pas", il n'est pas
difficile de s'imaginer que l'ambiance générale est loin d'être festive. Et les textes, noirs, font preuve d'un
cynisme et d'une absence totale de scrupule à vous faire froid dans le dos. Et tant pis pour ceux qui
considèrent que les paroles n'ont aucune importance ; ils auront ainsi délibérément pris la décision de ne pas
vouloir s'intéresser réellement à ce disque. Une voix tremblotante pas toujours juste mais pétrie d'émotions
contradictoires, un espace musical sommaire à l'atmosphère toujours tendue où la sacro-sainte guitare
acoustique est parfois dérangée par un synthétiseur aux lignes bien inquiétantes ("Papa, Oh, Papa", "Wages of
Sin"), il n'en aura fallu pas beaucoup plus à Johnny Dowd pour faire de ce "Wrong Side of Memphis" le disque
de country rock le plus lugubre du vingtième siècle pourrissant.
Note : 5/6
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SMAGGHE (Ivan) : How to kill the DJ [part one]
Chronique réalisée par dariev stands
Ivan Smagghe, ex-vendeur de disques et DJ au Pulp, a fondé le duo Black Strobe avec Arnaud Rebotini au
début des années 2000, et lancé les soirées « Kill The DJ » au Pulp. Derrière cette appellation s’est vite
regroupé un collectif assez ombrageux, à l’esthétique noir et blanc rappelant parfois Underground Resistance.
Ce premier album mix sorti en 2002 fait étalage des capacités du DJ Star de la bande, Ivan Smagghe. Un
gaillard somme toute assez érudit qui balance ici un disque du genre à foutre la honte à Bob Sinclar. Des
raretés pour la plupart, agencées en rang serrés, qui achèvent de pervertir la House en lui injectant de bons
shoots d’electro-pop dark soigneusement dosée. Cette electro-là se veut opportuniste et hédoniste, et ne
s’embarrasse pas de boniments pour enflammer le dancefloor. La plupart des titres assènent des lignes de
basses décomplexées, ouvertement eighties tout en datant pour la majeure partie de 2002-2003. Sauf quand le
DJ décide de faire une petite incursion vers les vraies années 80, celles qui ont inspiré la déferlante electro des
années 2000… Et qui choisit-il ? Ministry ! En voilà une bonne nouvelle !! Le pire, c’est que ça ne dépareille pas
avec les claques electroclash telles que « Black Out » de Chelonis R. Jones ou encore « Freak » de Suck - joli
patronyme. Ce dernier (une reprise des fabuleux Sexual Harrassement) réalise la collision entre les voix
vocodées de Parliament et les grooves roboratifs de DJ Hell… On pense aussi à Prince période « Black Album
». Il y a pire comme référence. « No Way You Can Sleep » de Digital Tongue est une perle noire rappelant le «
Crispy Bacon » de Laurent Garnier, une sorte de brûlot techno pour plantes carnivores, sur lequel Smagghe
toaste allègrement. A ceux qui lui demanderaient d’envoyer les BPM , Ivan Smagghe répond « Yes Sir I Can
Hardcore » - toutes proportions gardées quand même – et enchaîne sur « Memorabilia » de Soft Cell, la face b
de Tainted Love ! Bref, un mix plutôt homogène, sacrément compact, et clairement orienté vers les sons des
années 80… Ne pas y voir une quelconque parenté avec le revival eighties de Daft Punk, par exemple. La mode
du retour des années 80 est vaste, et plusieurs tendances s’y définissent. Ici, c’est l’option furie robotique, mais
le mix se termine tout de même par une charmante petite chansonnette reggae histoire de calmer le jeu, qui
derrière ses aspects innocents est quand même une reprise de Queen période disco par un groupe
d’électro-pop allemand… Le côté partisan de la moindre bizarrerie n’est jamais loin.
Note : 5/6
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DARVULIA : L'alliance des venins
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Le bourbier total. Suite aux remarqués "L'ombre malicieuse" et "Belladone", Darvulia nous présente son
deuxième album d'une noirceur abyssale intitulé "L'alliance des venins". Le groupe français composé de Kobal
(ex-Fornication) et de Akhron (ex-Nuit Noire) pratique un black metal total, cru, mélodique et lancinant. La
production de cet album est bonne et sombre, l'auditeur bénéficie pleinement de ses effets. Darvulia a plusieurs
bons points comme armes dévastatrices: une voix excellente, raw, quelques intonations qui peuvent faire
penser à Meyna'ch parfois, un jeu de batterie très bon, une alternance passages mid-tempo lancinants et
passages rapides ravageurs réussie et une ambiance crasseuse. Pas besoin de faire tout un pataquès à l'aide
de déclarations tapageuses et autres "statements" bien connus du mileu pour être performant et bon. Le
premier titre du disque, "Göqkre", est bien représentatif des compositions du groupe: passage violent et
obscur puis passage atmosphérique avec deux lignes de guitare entremêlées que n'aurait pas renier un Negura
Bunget. "Monotones conjurations" est un excellent morceau, vicieux et puissant. Il faut plusieurs écoutes pour
apprécier "L'alliance des venins" à sa juste valeur, vous ne pourrez plus vous en passer si vous franchissez ce
cap. "La manoir aux cadavres d'enfants" débute par un passage dissonant enchaîné sur un riff déglingué qui
me fait passer à du Lugubrum par son originalité. C'est mon titre préféré, tant les riffs utilisés sont peu
communs et surtout, il nous présente une autre particularité de Darvulia: ces riffs de break étouffés avant le
déferlement sonore et les vocaux ichoreux de Kobal. Le tout est très bien installé, pas de ponts inutiles et naïfs
ici. Le reste de l'album est de cette même teneur froide, boueuse et totalement noire; le riff cyclique de "La
semeuse" ou l'accrocheur "Malignite De Sorcière" en attestent. C'est véritablement un tourbillon apocalyptique
cotoyant par moments la folie. Le rituel et desaxé "Toolkrh Belladone" offre de la respiration à l'album avant le
final "Nous Sommes Les Plaies Infectes De Ce Monde" qui referme l'oeuvre comme celle-ci avait commencé,
dans les profondeurs de l'obscurité. La pochette est sobre mais très efficace et assez inhabituelle, petit regret
cependant que les paroles ne soient pas imprimées. La version vinyl devrait suivre dans l'année et je m'en
réjouis d'avance. Darvulia frappe très fort avec cet album qui impose le groupe en tant que fleuron du black
metal hexagonal. Qu'on se le dise.
Note : 4/6
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BARDO POND : On the ellipse
Chronique réalisée par Progmonster
Parler de "On The Ellipse", sixième album du collectif américain Bardo Pond, c'est un peu comme trahir les
secrets d'un tour de magie bien rôdé. Ce n'est pas forcément ultra spectaculaire mais l'effet tout à fait
remarquable qui en découle engendre une telle admiration qu'elle provoque en retour une frustration d'égale
proportion. Un cercle vicieux où l'antagonisme pulsion/répulsion fonctionne à plein tube, comme nous
empêchant de nous dépêtrer de cette faiblesse humaine qu'est le goût de l'interdit. On a connu les frères
Gibbons moins paresseux, plus naturellement tournés vers des riffs mélodiquement porteurs quand ils
faisaient cracher leurs guitares chez Matador (les albums "Amanita" et "Dilate" en particulier). Mogwai aussi est
passé par là, et la comparaison trop rapide et trop confortable qu'on a érigé entre les deux ne rend justice en
vérité à aucune des deux formations. Pour leur première publication sur le label All Tomorrow's Parties référence affirmée qui pourrait peut-être déjà nous donner un premier indice - Bardo Pond impose de manière
radicale sa façon de (conce)voir les choses. Un post rock fiévreux qui, plutôt que de s'abandonner aux charges
intempestives, préfère prendre son temps en installant des ambiances vénéneuses, lentes, lentes, mais lentes...
et lourdes, lourdes... mais légères à la fois ! Lourdes parce que les guitares y mettent tout leur poids, parce
que, aussi, le tempo ne s'emballe jamais, entêtant, pesant. Légères parce qu'une flûte distante et mystérieuse
plane en permanence au-dessus de ce magma de décibels en fusion, parce que, pour ce faire, elle est
également accompagnée de la voix charmante mais tout aussi lointaine de Isobel Solle249erger. C'est bien
simple ; sur "On The Ellipse", Bardo Pond fait la nique au néo-psychédélisme bien propre sur lui de
Spiritualized. Il devient un socle branlant à l'urgence communicative, prenant le relais du fabuleux "Loveless"
que My Bloody Valentine avait laissé pour orphelin il y a plus de dix ans déjà.
Note : 4/6
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TYNER (Mccoy) : Inception
Chronique réalisée par Progmonster
Le rôle ingrat occupé par McCoy Tyner au sein du quartette classique de John Coltrane n'a peut-être pas su
donner à tout le monde une image nette et précise de ce pianiste extrêmement raffiné. Perpétuelle brise de
calme ayant fort à faire face à une tempête dont la puissance semblait à chaque fois décuplée, la part de travail
et l'évolution artistique du dompteur d'ivoire a souvent été mise en perspective, voire confinée, au travers de ce
seul poste de modérateur de fortune. Aussi fringant que Bill Evans, aussi décisif que Herbie Hancock, McCoy
Tyner compte malgré tout parmi les quelques forces tranquilles qui ont su imposer l'élégance du jazz modal, au
point même de sacrifier ses ambitions personnelles pour l'amour d'une esthétique qui lui semble alors
primordiale, la seule voie possible. Car si pour la postérité, son nom reste indissociable de l'ombre de Coltrane,
c'est peut-être aussi parce qu'il n'a jamais réussi à développer son art au-delà du périmètre dessiné par l'aura
magnétique du géant. Quelqu'un d'appliqué et de sensible, mais beaucoup trop timide que pour prétendre
donner de la voix et se faire une place. Les débuts de McCoy Tyner en tant que soliste se font dans la maison
Impulse! On reste en famille grâce à la présence décisive de Elvin Jones. Le contrebassiste Art Davis vient
compléter la formation qui fait donc de "Inception" un album de trio jazz tout ce qu'il y a de plus classique.
Encore trop rattaché à une approche bop, on est somme toute assez loin de ce à quoi Tyner nous a habitué,
loin aussi du trio magique Evans/La Faro/Motian qui venait alors de publier le mythique "Sunday at The Village
Vanguard", sorte de prolongement autiste au sortir de "Kind of Blue". On ne manquera toutefois pas de noter
que sur les six titres proposés en écoute, quatre sont signés des deux mains de McCoy Tyner et, parmi eux,
"Sunset" et "Effendi", premiers signes évidents d'une évolution tout en nuance.
Note : 3/6
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TYNER (Mccoy) : Live at Newport
Chronique réalisée par Progmonster
L'audace, c'est braver des interdits. C'est oser faire des choses que notre morale réprouve. L'audace, c'est se
lancer dans l'inconnu, en ayant le minimum requis de confiance en soi pour croire que, quoi qu'il advienne, on
pourra faire face à tout type d'imprévu. L'audace, il en fallait à McCoy Tyner pour se produire en public dans les
conditions difficiles décrites en long et en large dans les notes de pochette. Un concert qui en réalité n'aurait
jamais du se produire. Une invitation acceptée parce que la raison première de tout musicien est bien sûr de
vivre par et pour sa musique. Le pianiste se sentait particulièrement exténué avant d'entamer son concert ce
soir de 5 juillet 1963 à Rhode Island. Trop d'heures de sommeil à récupérer, le moral dans les pieds. Il apprend
qu'on l'attend sur scène, en fin d'après-midi, à la tête d'un quintette totalement inédit. Les bandes
d'enregistrement sont prêtes ! Pour rendre les choses plus croustillantes encore, on ne remet plus la main sur
la trompette de Clark Terry, oubliée dans une bagnole, et on chope au passage Charlie Mariano, supposé être
parti pour le Japon. Les plus critiques auront raison de se poser une question simple ; que penser de tout ce
long préambule ? Simple coup de marketing sensé embellir les choses et transformer ainsi l'anodin en
exceptionnel à la barbe des plus naïfs ? La mahonnêteté n'est pas vraiment le genre de la maison... Et puis, les
faits parlent d'eux-mêmes ; excepté Mickey Roker, Tyner n'a jamais joué de sa vie avec les trois autres
membres du groupe dans lequel on compte également le contrebassiste Bob Cranshaw. Compte tenu des
circonstances, "Live at Newport" est un disque qui s'en sort plus qu'avec les honneurs, car rien de tout ceci, à
aucun moment, ne transparaît. Une improvisation collective ("Newport Romp") et une composition personnelle
("Monk's Blues") s'ajoutent à une sélection de standards de haut vol qui réduisent le jazz à son rôle le plus
fondamental ; la célébration de l'instant.
Note : 3/6
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TYNER (Mccoy) : Today and tomorrow
Chronique réalisée par Progmonster
"Contemporary Focus" nous permet enfin de renouer le contact avec le McCoy subtil et élégant qui va bientôt
s'illustrer sur "Crescent" et "A Love Supreme". Lyrique, flamboyant, énergique, voilà un morceau qui parvient
enfin à concilier le meilleur du monde modal et post bop, plus à même à satisfaire les oreilles avides de
modernité. Et cette dualité se retrouve exprimée partout sur le disque, à commencer par son titre, "Today and
Tomorrow", qui laisse présager de l'ambition de l'auteur. Un disque partagée de façon très concrète, bien que
privilégieant l'alternance. Une division qui s'opère déjà au regard des enregistrements : trois titres en trio ("A
Night in Tunisia", "Autumn Leaves" et "When Sunny Gets Blue"), enregistrés en juin 1963 en compagnie de
Albert Heath et Jimmy Garrison, et enchassés au milieu des trois autres. Il s'agit une fois encore de standards,
interprétés dans un esprit ma foi fort proche de ce que l'on avait pu déjà écouter sur "Inception". Assumons
qu'il s'agit là de la facette "présent" du disque, bien qu'on serait tenté aujourd'hui de considérer cela sous un
angle encore plus passéiste. Le "demain" est représenté quant à lui par "T'Na Blues", "Three Flowers" et le déjà
cité "Contemporary Blues", tous enregistrés en février 1964, au milieu d'un ensemble beaucoup plus étendu qui
inclut, outre Butch Warren et Elvin Jones, trois souffleurs en la personne de Thad Jones, Frank Strozier et John
Gilmore, les apparitions de ce dernier en dehors de l'Arkestra de Sun Ra étant suffisamment rares que pour être
soulignées. Les thèmes sont assez magnifiques, "Three Flowers", une composition personnelle, empruntant à
la progression d'accords de "My Favorite Things", mais si dans l'ensemble c'est un mieux évident par rapport à
ses publications précédentes, on regrettera le manque d'implication notable des multiples intervenants pour
leurs parties solistes respectives. "Today and Tomorrow" reste une des dernières réalisations du pianiste pour
Impulse! Une de ses plus personnelles et accomplies aussi.
Note : 4/6
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TYNER (Mccoy) : Expansions
Chronique réalisée par Progmonster
Plus d'un an plus tôt, le fantastique album "The Real McCoy" nous signifiait à sa façon que le pianiste
emblématique du Coltrane de l'âge d'or était arrivé en quelque sorte au summum de sa créativité. Prouvant, si
besoin est, qu'il brûlait lui aussi du feu d'une passion irrepressible. Assez en tout cas pour faire douter ceux qui
semblaient jusque là convaincus que le souffle lyrique qui habitait des albums tels que "Impressions" ou
"Meditations" n'était du qu'au seul talent et à la vision du célèbre saxophoniste. Bien qu'ayant cessé de jouer
pour lui dès 1966, c'est tout de même en orphelin de ce dernier depuis plus d'une année qu'il publie
"Expansions", premier chapitre - et le plus significatif peut-être aussi - d'un revirement qui, pour un homme
aussi modeste et réservé que McCoy Tyner, peut paraître radical à bien des égards. Désormais membre à part
entière de la maisonnée Blue Note, il n'a à présent plus aucun scrupule à se servir ni des facilités, et donc des
possibilités qui s'offrent à lui, ni de la grande disponibilité des autres musiciens du label pour, lui aussi,
s'arracher au langage du post bop devenu, semble-t-il, trop convenu à ses yeux pour entrer dans une ère où il
n'a par contre plus peur de voir les choses en grand. Extrapolant le travail entamé sur "Tender Moments",
embarquant avec lui le batteur Freddie Waits déjà présent sur "Time for Tyner", McCoy Tyner aligne un groupe
ambitieux où officient Woody Shaw, Gary Bartz, Herbie Lewis, Ron Carter, déterminant au violoncelle sur trois
quart des titres, et enfin Wayne Shorter. Sans jamais en partager l'étouffante ambiance, on pourrait dresser un
pont entre "Expansions" et l'obtus "The All Seing Eye" du saxophoniste précité. Autrement dit, un jazz modal
(le très asiatique "Song for Happiness") se frottant aux préceptes freeform dans des pièces souvent longues et
véhiculant des atmosphères plutôt troubles, dont le calme apparent dissimule en réalité des tensions générants
la même fascination que les oeuvres de Grachan Moncur III ou Jackie McLean.
Note : 4/6
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TYNER (Mccoy) : Extensions
Chronique réalisée par Progmonster
Inutile de nier l'évidence ; ce premier album de McCoy Tyner à l'aube d'une nouvelle décenie étend bel et bien
sa toile modale à partir de ce qu'il avait déjà développé sur le tout aussi bien nommé "Expansions". Toujours
aussi aventureux mais formellement beaucoup plus plaisant et accessible auprès du profane, "Extensions" voit
une nouvelle fois le pianiste s'entourer d'incroyables pointures. Aux Ron Carter, Gary Bartz et Wayne Shorter
qui ici rempilent viennent à présent se greffer l'inimitable Elvin Jones mais aussi Alice veuve Coltrane. Si
comme le montre le line-up, l'héritage Coltranien n'est pas prêt de s'estomper, Tyner, fidèle à lui même, ne
conçoit toujours pas de mêler violence et intensité. Paradoxalement, c'est peut-être sur "His Blessings", la plus
aérienne des quatre compositions originales qu'il nous propose ici, que ce leg apparaît le plus évident. Délicat
et précieux comme la rosée du matin, image que le son délicat de la harpe incarne à merveille. Ailleurs, le
travail impressioniste du pianiste reste l'immuable ligne d'horizon sur laquelle viennent se poser les uns après
les autres les remarquables solii de Bartz et Shorter comme autant de balises lumineuses se frayants un
chemin au travers d'une brume épaisse. Cette fois, McCoy Tyner semble s'être définitivement débarassé des
tics inhérents au hard bop, la nervosité, la vitesse, mais on pourrait très bien mettre cela aussi sur le compte
des musiciens qui l'accompagnent, des musiciens avec lesquels il partage pour le coup cette même sensibilité.
Tout paraît plus vaste, plus spacieux sur "Extensions". On y retrouve cette même vibration caractéristique qui,
de Coltrane à Sanders, ont toujours appelé à l'élévation, au dépassement de soi. Dans le strict prolongement
des "Song of Happiness" et "Peresina" issus de l'album précédent. Un de ces disques qui véhicule avec lui le
fantasme du Grand Orient, comme avant lui les "Ju Ju" et "Speak No Evil" de Wayne Shorter, ou comme les
"Ptah, The El Daoud" et "Journey in Satchidananda" d'Alice Coltrane apparus à peu près à la même période.
Note : 5/6
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TYNER (Mccoy) : Sahara
Chronique réalisée par Progmonster
Après un "Asante" étonnant, ultime rendez-vous avec Blue Note, où Tyner se voyait partager l'affiche avec
Buster Williams, Billy Hart et Mtumé - des musiciens affiliés à la famille Headhunters - l'évolution logique dans
la carrière du pianiste eut été que, tôt ou tard, lui aussi, comme Hancock, comme Corea, comme Zawinul,
comme Jarrett (parfaitement monsieur ; pour cela écoutez l'album "Expectations" sur Columbia en 1971) cède à
l'appel de l'électronique. Il n'en sera rien. Sans le vouloir, nous venons là de mettre le doigt sur ce qui je pense
est la raison principale qui explique pourquoi McCoy Tyner demeurera pendant si longtemps un acteur de
l'ombre. Le hasard n'est pour rien dans le fait que les noms précités soient connus du plus grand nombre,
même auprès de ceux qui pourtant ne s'intéressent pas au jazz ; voilà en effet des artistes qui, en flirtant avec
l'esthétique rock, se sont ouverts les portes de la notoriété en refermant au passage pour certains d'entre eux
celles de la respectabilité. McCoy Tyner n'a jamais cru à l'électrique. Cela ne fait pas pour autant de lui un
artiste rétrograde. Il estime - et sur ce point on ne peut pas lui donner tout à fait tort - que le systématisme avec
lequel l'électrique est utilisé dans ces toutes jeunes années soixante-dix devient un prétexte pour les artistes
jazz adeptes de la loi du moindre effort. Comme le démontre sans détour "Sahara", son premier album pour
Milestone, McCoy Tyner y poursuit son inéxorable quête dans des landes de plus en plus immenses et
mystérieuses, pratiquant une musique au final aussi tumultueuse que celle des premiers Weather Report sans
pour autant concéder du terrain aux effets de mode. "Sahara" a même des airs de petite révolution tant le
pianiste s'y montre affable, gourmand et particulièrement à l'aise quel que soit le contexte dans lequel il évolue
(le tendre "A Prayer for My Family", l'exotique "Valley of Life" où il s'improvise joueur de koto, les nerveux
"Rebirth" et "Ebony Queen", et l'imposante plage titre). Sonny Fortune, à l'alto et au soprano, et le dynamique
batteur Alphonse Mouzon consolident l'entreprise en y injectant intensité et énergie. Un grand disque à
redécouvrir.
Note : 5/6
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PROJECT ANDREW ROTTEN : En Passant
Chronique réalisée par Phaedream
Après Andreas (Axess) Morsch, Anrew Rotten est le 2ième membre de Pyramid Peak à y aller d’un effort solo.
Est-ce significatif d’une fin prochaine ou l’explication du plafonnement créatif du Peak? Toujours est-il que,
comme son comparse, Rotten étonne par sa créativité et son audace. En Passant est l’une des œuvres
méconnues de 2005, pourtant il s’agit d’un titre remarquable, l’un des bons de cette année.
Des effets mécaniques sonores lancent En Passant. Lentement les synthés gémissent sur une intro légère. Le
beat évolue de façon hypnotique et sensuelle. Les fines percussions nous plongent en plein Berlin School.
Derrière une fine ligne séquentielle les synthés gémissent avec de plus en plus de force. Cette introduction est
représentative d’En Passant du Project Andrew Rotten. Sharp Sequencer est un titre plus nerveux. La guitare
de Ralf Marschner fait un alliage étonnant et plaintif avec le synth de Rotten. Arythmique la pièce embrasse un
côté jazzy. Après une longue intro spatiale, les séquenceurs et percussions s’agitent pour donner un rythme
nerveux, saccadé à Again and Again. Un bon titre qui casse et termine sur un rythme plus soutenu. Depression
est plus posé. Une douce ballade cosmique qui bat à un rythme sensuel, imposé par une percussion lourde et
un synthé gémissant. Plus nerveuse X-Ray se déchaîne sur des synthés et des percussions agressives. Un
beau titre qui nous amène à l’excellent Breath qui trône au sommet de cet opus avec de belles lignes de
percussions séquentielles qui épousent tantôt des rythmes en spirale, tantôt des rythmes nerveux et
échevelés. Un bon titre qui aurait fait le répertoire de TD.
Avec son intro austère Spiders On The wall évolue sur des synthés et séquenceurs dansant. Un titre avec un
excellent jeu de percussions et d’effets sonores. La ligne séquentielle de Pulse est incroyablement pesante.
L’orientation musicale de la pièce nous ramène aux meilleurs moments de TD des années 80. Un titre génial qui
progresse et converge vers un éclatement sonore retenu en boucle par des percussions et des séquenceurs
tranchants et saccadés. Un boléro cosmique qui laisse échappé des notes indisciplinées qui résistent à une
cacophonie annoncée.
En Passant est une agréable surprise. Andrew Rotten réussit un tour de force en livrant un album où les pièces
évoluent et les rythmes cassent tout en y maintenant le petit côté mélodieux des premières œuvres de Pyramid
Peak, comme l’excellent Ocean Drive.
Note : 5/6
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DEMOLITION HAMMER : Tortured existence
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Demolition Hammer fait partie de ce lot de groupes du début des 90's qui a été trop vite oublié. Pourtant le
groupe va proposer dans sa courte discographie (3 albums...) un thrash/death d'un excellent niveau, voire plus
que cela sur "Epidemic of violence" leur deuxième album... Mais non, trop vite oublié je vous dis... Il faut dire,
présenter son premier album avec une pochette aussi affreuse, fallait le faire. Mais bon, dès le premier riff de
"44 caliber brain surgery" on comprend vite à quoi on a affaire. Demolition Hammer boxe dans la catégorie
thrash/death qui bastonne. Même si bien moins extrême que sur son deuxième album, "Tortured existence" est
le genre de disque qui ne vous lache pas, le genre d'album dont chaque titre est comme un nouveau parpaing
bien speed qu'on vous balance à la gueule. Les assauts thrashy s'enchaînent sans discontinuer, c'en est
réellement impressionant. La sensation de vitesse du batteur n'est pas encore franchement présente, du coup
le groupe change intelligemment ses tempos pour aérer ses compos. Varié dans ses rythmiques, classique
dans ses riffs (quelque part entre un Sepultura époque "Beneath..."/"Schizophrenia", avec des pointes assez
Dark Angel), parfois mélodique (aah ce break de basse sur "Hydrophobia" !), et surtout ultra vindicatif dans son
approche, Demolition Hammer pose ici un disque de thrash/death tout à fait recommandable. Assez original et
inspiré pour traverser les âges (merci le chant de Steve Reynolds, entre un Death et Kreator), suffisamment
extrême pour tenir encore le niveau actuellement, produit bien comme il faut pour mettre en avant les qualités
du groupe (hargne, riffing...), "Tortured existence" a tout du disque qui aurait du marquer. Mais tout cela était
sans compter sur le futur deuxième album... A un tel point que finalement, cet album ne devient qu'une ébauche
de ce qui va arriver. tout les éléments qui vont nous péter à la gueule sont présents à l'etat embryonnaire : la
hargne je vous disais, les choeurs limites core, les breaks à la double furieuse... Ici, on sent un groupe qui se
cherche encore, naviguant tour à tour entre death old school et thrash typique 80's. Mais voilà bien un
problème qui n'en est pas un, car en plus de propose run album tout ce qu'il y a de plus cohérent, varié et
crunchy à souhait, ils vont vite trouvé le compromis idéal entre thrash et death pour balancer leur second
disque...
Note : 4/6
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DEMOLITION HAMMER : Epidemic of violence
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Argh ! "Epidemic of violence" second album de Demolition Hammer est une véritable déflagration death/thrash
comme j'en ai rarement entendu, un vrai classique, le genre d'album qui figure sans problème dans le top 10 du
genre. Après un "Tortured existence" qui posait les bases du groupe, Demolition Hammer se radicalise
totalement et pose là un putain de pavé jusqu'au boutiste comme pas deux, extrême au possible dont le seul
but est de lamnier l'auditeur à coups de riff thrash boosté au death. Nous n'avons pas affaire ici à un disque
composé de 9 chansons, mais d'un gros bloc de 40 minutes ultra extrême. Pour situer le style, disons qu'il vous
suffit de prendre la rage et l'instantané d'un Dark Angel ("Darkness descends) dans lequel on capterait enfin les
riffs, et le riffing d'un Sepultura (époque 89), le tout recouvert d'un chant craché type thrash allemand. Côté
guitares, on nage ici en plein paradis de la power chord. Toujours inspiré les riffs super rapides démontrent
une réelle maîtrise du style : tremolo, mute à 200 à l'heure, solos "je pars dans tous les sens" qui se payent le
luxe d'être personnel... Argh et que dire du travail de la batterie ! En plus de posséder un son ultra brutal, mat,
clair et bien en avant, Vinny Daze ne se gêne aps pour envoyer la purée quand il le faut (c'est à dire quasiment
tout le temps). Double pédale à fond, ralentissement opportuns ("Carnivorous obsession"), l'impression de
vitesse est ébouriffante. Et cette voix ! Ca crache, ca hurle, ca bastonne, Demolition Hammer choppe sa victime
à la gorge et ne la lache plus (argh "Aborticide", e morceau me donne envie de me jeter contre les murs). Ce
disque est une vraie performance en soi, un modèle de volonté d'en découdre, on ressent vraiment cette envie
de tout exploser. Ceux qui cherchaient un Kreator encore plus féroce, ou un Sepultura ("Beneath...") moins
simpliste devraient mouiller le caleçon... Le son n'est d'ailleurs pas étranger à cette férocité, puissant, clair,
doublé de guitares au grain unique. Certains pourront reprocher l'absence de gros hit, et la ressemblance des
morceaux. Certes, mais je pense que cela rentre dans le feeling de l'album : ce disque c'est la guerre. Ca ne
s'arrête jamais, à chaque écoute, on attend ce break qui va calmer un peu le groupe... en vain, il ne viendra
jamais. Littéralement impressionant, un chef d'oeuvre de brutalité non contenue, jusqu'au boutiste d ela
première à la dernière seconde, un must have pour tout amateur de thrash/death.
Note : 6/6
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NUCLEAR ASSAULT : Survive
Chronique réalisée par pokemonslaughter
En matière de Nuclear Assault, je crois qu'il ets bien difficile de faire une différence objective en terme de
qualité entre les trois premiers albums. Ces trois disques sont à posséder tout simplement, en tout cas pour
tout amateur de thrash, et tenter de les noter chacun de façon objective relève du pur fantasme. Ne tenez donc
pas trop compte de la note plus bas, elle prend complètement en compte mon avis complètement personnel...
D'un autre côté cela peut peut-être en aider certains connaissant mes goûts à se faire une idée... "Survive" est
donc pour beaucoup le meilleur disque avec "Handle with care", ma foi je crois préferer le suivant. Pourtant
"Survive" a de quoi impressioner. Ce son tout d'abord, absolument énorme, qui envoie encore chier bon
nombre de prods en 2006. Le style également qui a désormais trouvé ses marques comparativement au premier
album. Nuclear Assault est un pru groupe de thrash direct, sans fioritures, simple et puisant. Pas de compos à
rallonges remplies de ponts ou autres foutaises du genre, nan les quatres thrasheurs trouvent les 4 riffs
suffisants pour faire une compo, et montent des hits à tour de bras. Et quels riffs ! Tous plus bateaux les uns
que les autres (quoiqu'il faille un certain poignet pour les executer comme ça), et pourtant si puissant. voilà
bien le crédo du groupe : Nuclear Assault c'est puissant. Pas prises de têtes les gars, les tempos alternent
entre heavy ("F#") ou bien thrash bien rapide, avec des ralentissements bien opportuns comme sur la très mélo
"Fight to be free" (le gros hit de l'album avec son arpège tristounet). Et puis il y a quand même ce cachet, cette
capacité à poser des chansons reconnaissables entre milles, aidées par le chant inimitable de John connelly,
entre thrash "chanté" et vociférations hystero-énervées... Peu de choses à dire finalement sur cet album tout ce
qu'il y a de plus appréciable, Nuclear Assault est clairement en forme ici, le feeling thrash 80's y est plus que
pregnant et les compos toujours aussi communicatives en terme d'énergie. On sent la progression depuis
"Game over" par le biais de morceaux à l'atmosphère plus travaillée ("Wired" assez sombre) et des tempos qui
n'hésitent pas à se ralentir. Ceci étant dit, le groupe suit fidèlement les bases qu'il s'est posé sur son premier
album, notamment avec la traditionnelle chanson débile ("Good times et bad times" et son côté très hard fm,
"Got another quarter") et des morceaux aux structures simples et catchy (l'esprit punk n'est jamais loin)... Un
excellent disque si l'on se place au niveau de la scèhne globale, mais seulement un bon disque dans la disco
de Nuclear Assault à mon sens...
Note : 4/6
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THROBBING GRISTLE : 20 jazz funk greats
Chronique réalisée par Trimalcion
Enfin du funk sur Guts ! Aussi étonnant que cela puisse paraître, après l'indus harsh noise et les litanies ultra
glauques de son leader tourmenté, la formation britannique décida en 1979 de rendre hommage à ses véritables
idoles, j'ai nommé James Brown, George Clinton et Kool & the Gang (dont le "Jungle boogie" a bien
évidemment inspiré le fameux "Discipline"). Bon d'accord, c'est une blague (nulle, je sais). N'empêche. Si le
détournement des standards commerciaux en vigueur à l'époque devient le sport favori de Throbbing Gristle,
force est de constater que leur musique prend peu à peu des contours très audibles. Bien sûr, la pochette et le
titre sont là pour parasiter les codes du tout-venant dans les charts de l'époque, pour proposer sa
non-musique, pour piéger une fois de plus les prisonniers du système... "20 jazz funk greats" est l'autre grand
classique du groupe avec "DOA..." Une musique un peu plus accessible, donc, pulsée, dansante parfois, mais
qui en dernier ressort parle tout autant à l'inconscient, se veut le déclencheur de pulsions primitives qui,
longtemps enfouies, reffrénées par un surmoi trop puissant, n'en rejailliraient qu'avec plus de force. Cet album
est celui de la synthèse : il résume et porte à un certain degré d'aboutissement tout ce que le groupe a pu
apporter de nouveau et d'important. Nombreux sont les artistes qui payent encore aujourd'hui ce lourd tribut.
La note dominante est celle d'une electro froide et minimaliste, clinique (que des Belges écriront "Klinik"), avec
des beats souvent très cheaps et dépouillés ("20 jazz funk greats", "Convinving people", les kraftwerkiens "Still
walking" où les beats naviguent de part et d'autre de la stéréo tandis que Genesis P-Orridge se fait entendre
d'une voix morne et hésitante, et "Walkabout", avec séquenceur moog et générateur de fréquence au
rendez-vous) ; entre deux morceaux pulsées ("Hot on the heels of love", novateur et réjouissant par son côté
electroclash, même si un peu gênant sur l'ensemble de l'album), arrivent des intermèdes plus ambient,
ténébreux, oppressants ("Beachy head", sa corne de brume synthétique, ses nappes menaçantes et ses...
mouettes ; "Exotica", "Tanith"...) Genesis P-Orridge se fait moins présent, mais ses interventions sur quelques
morceaux cultes n'en prennent que plus de force : "Six six sixties" (je l'aime bien, celui-là), avec ce qui semble
bien être une guitare électrique, "Persuasion", où le minimalisme travaillé avec la précision du scalpel s'avère
aussi efficace que le marasme sonore des premiers méfaits, et bien sûr le grand morceau de bravoure, qui
justifie à lui seul l'écoute de ce disque : il s'agit bien entendu des deux longues versions captées en public de
l'hymne "Discipline", dont je demande d'ailleurs aux vrais fans d'indus, qui se sont faits de la formule "We need
some discipline here !" une véritable marque de reconnaissance, le sens réel. Le matraquage provocant de la
pulsation, les sons crissants et violents, et les hurlements du leader doivent-ils nous plonger dans un mauvais
trip à base de réminiscences d'une invasion nazie, le tout pour dénoncer "l'industrialisation" inéluctable des
hommes et de la musique ? Une évocation de IIIème Reich post-industriel et transexuel pour les décadents des
pays développés en mal de sensations fortes ? Le stade ultime de la perversion ? Un moment d'anthologie en
tout cas, et qui nous rappelle le lieu où la musique du groupe parvenait à décupler sa puissance : sur scène.
Cependant, avec "20 jazz funk greats", outre qu'ils deviennent par moments des faiseurs de hits en puissance
(le packaging de la chose nous avait prévenus), Throbbing Gristle commence déjà à se répéter, à "faire
recette". Reste un classique, un vrai, dont on devra se souvenir au moment des bilans.
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Note : 4/6
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FREE SYSTEM PROJEKT : Moyland
Chronique réalisée par Phaedream
La musique de Free System Projekt n’est pas pour toutes les oreilles. Je ne dis pas ça par snobisme. C’est une
réalité. Au fil des ans, Marcel Engels a développé une musique atmosphérique fortement influencée par la
Berlin School des années 70. Plus précisément à l’époque de Phaedra et Rubycon de Tangerine Dream. Donc
pas de ce qui a de plus accessible.
Moyland n’échappe pas à cette lourde atmosphère dominée par des synthétiseurs nappés de mellotrons aux
essences flûtés auxquels sont ajoutés des chœurs galactiques. Segmenté en 5 actes, la première partie fut
enregistrée lors du dernier Hampshire Jam.
L’ouverture est planante et atmosphérique sur un fond de mellotron à saveur de flûte. Un lourd synthé inonde
nos tympans et mets la table à une ligne séquentielle au rythme pesant, lourd. Noyé par cet afflux de
séquenceurs, le synthé est mordant et épouse la forme de cors, puisant à même les sonorités d’antan de
Tangerine Dream. Du bo249on!
La 2ième partie veille sur sa précédente comme une grande sœur. Statique, le séquenceur mue subtilement
pour augmenter la cadence. Les synthés sont plaintifs et agonisent lentement. Moyland 3 est hautement
atmosphérique avec ses percussions qui tourbillonnent et cherchent une issue. Par contre, Moyland 4 et 5 sont
de purs délices. Soufflé par un vent cosmique, le séquenceur s’anime à fond de train. Les synthés se
chamaillent sur un rythme nerveux. Les solos sont juteux et se disputent une cadence qui va en croissant. La
tempête se calme pour reprendre son souffle cosmique. Mais on n’en reste pas sur notre faim. Moyland 5 repart
de plus bel. Une savoureuse fondue de la partie 1 et 4.
Transition sort de nulle part avec sa sonorité fluide. Le titre est nerveux, le synthé est clair et bat la cadence sur
un séquenceur alerte. Un contraste avec l’atmosphère sombre et ténébreuse qui règne sur l’ensemble de
Moyland.
J’ai bien aimé ce dernier effort de FSP. Moyland a tous les ingrédients pour plaire aux amateurs de MÉ, les purs
et durs. De longues pièces qui dérivent au gré de nos imaginations. De lourds séquenceurs et de beaux solos
de synthé. De quoi passer d’agréables moments.
Note : 4/6
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GRAVEN : The shadows eternal call
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Trois ans aprés "Perished and forgotten", les Allemands de Graven reviennent avec "The shadows eternal call".
Pas de gros changement à l'horizon, toujours ce raw black trop influencé par Darkthrone, une petite
amélioration au niveau du son cependant, mais ça sonne toujours bien cru. Alors certes, c'est pas mal fait, il
comporte quelques bons passages, mais c'est tellement générique et peu original que ça en devient vite chiant.
Je m'ennuie quand j'écoute ce disque, tant d'autres groupes font la même chose en bien mieux. C'est simple,
j'ai la constante impression d'écouter un plagiat total du "Transilvanian hunger" de Darkthrone, c'est flagrant à
l'écoute de titres comme "Lords of the winter" ou "From a distant path". Même Vronth le batteur joue à la
manière de Fenriz. Ce qui pourrait être un groupe intéressant tourne donc à l'inutile et au dispensable, sans
aucune identité propre. Il n'y a que la pochette qui ne soit pas à jeter. Ils ont poussé le vice jusqu'à
pratiquement pomper un morceau de Darkthrone comme titre de leur album: "The dance of eternal shadows",
ça vous rappelle rien? Alors certes, beaucoup de groupes sont influencés musicalement par Darkthrone mais là
je trouve que c'en est trop, c'est d'une platitude affligeante et d'un manque d'intérêt complet. Que dire de plus,
pas grand chose, je suis aussi peu inspiré pour écrire une chronique plus développée que Graven à l'écriture
de ce disque, c'est dire. Autant écouter les origines que représentent Darkthrone que cette pâle resucée sans
âme. Inutile.
Note : 2/6
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FREE SYSTEM PROJEKT : Protoavis
Chronique réalisée par Phaedream
Pour les amateurs de son atmosphérique et analogue des années 70, ceux qui se jugent comme étant des purs
et durs, Free System Projekt est une valeur sûre. Conservatrice, la gang à Marcel Engels n’ose pas sortir de son
style et nous offre une autre belle petite galette aux chaleurs d’antan.
C’est sur un fond galactique très atmosphérique, qui rappelle Earthstar sur Skyline, que débute In the Ocean of
Tethys. Une légère flûte nous amène à une fine ligne séquentielle et In the Ocean of Tethys démarre après un
long intro hésitant.
Le séquenceur est flottant et enveloppant avec une belle nuée de synthés. Les bruits atmosphériques croisent
une flûte enchantée sur un rythme soutenu qui va en spirale, appuyé par des choeurs issus du mellotron. Le
rythme nuance et devient plus pulsatif vers la fin, toujours nappé de mellotron (mode TD) et d’un doux
synthétiseur, pour mourir sur une fine percussion séquentielle. Une bonne pièce.
La pièce titre est plutôt longue. Le début est lent et planant. C’est peut-être un petit peu long. En fait, il faut se
rendre jusqu’à la 20ième minute pour se mettre un petit quelque chose sous l’oreille. Moi qui n’affectionne pas
trop l’ambiant, j’ai du patienter un bout petit bout avant que mon orteil bouge sur un léger séquenceur. Trop
peu trop tard. Le mal est fait, j’ai a eu le temps de décrocher. Quoiqu’elle vaille l’oreille cet espace d’agitation
est trop ordinaire pour endurer un si long début atmosphérique. Un rythme et une sonorité que l’on retrouve
sur In the Ocean of Tethys. Plus courte et ça aurait été parfait.
C’est sans surprise que Desolate Landscape conclut Protoavis. Bâtît sur le même moule que FSP confectionne
ses œuvres, l’intro ambiante nous guide vers un séquenceur alerte qui est solidement appuyé par un synthé
mordant qui danse et danse encore sur des mutations séquentielles. Une pièce comme je les aime; en
constante évolution.
Protoavis poursuit sur la lancée d’Atmospheric Conditions. Un album aux ambiances sombres enveloppées
d’un synthé suave et mellotroné qui nous ramène aux fines années de la Berlin School. Une odeur de déjà
entendu. Malgré certaines longueurs, c’est un cd qui vaut le détour. Mais les longueurs, c’est relatif. Pour les
nostalgiques il n’y a pas de longueurs.
Note : 4/6
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THORR'S HAMMER : Dommedagsnat
Chronique réalisée par Yog Sothoth
Pour amorcer cette chronique, je vais commencer par me débarrasser de certains détails d’ordre biographique
que vous vous devez impérativement de connaître si vous vous retrouvez un jour à discuter Doom Death 90s
au court d’une quelconque soirée mondaine. Oui, Thorr’s Hammer est bien le premier projet de petits gars qui
ont plutôt pas mal fait carrière depuis (liste des gars en question juste au-dessus, liste non exhaustive des
projets sur la gauche). Oui, les vocaux Death sont bien tenus par une petite blondinette de 17 ans à l’époque,
qui aurait pu en apprendre beaucoup à certains collègues mâles en terme de « cavernosité » vocale (et là pour
épater la gallerie, vous pouvez même rajouter que la demoiselle était à l’époque casée avec Ihshan, c’est
vraiment très intéressant). Et enfin, oui, cet enregistrement est la première sortie du label Southern Lord, qui
s’est quand même bien développé depuis. Maintenant, ce disque a quand même un peu plus à faire valoir que
les quelques anecdotes qui s’y raccrochent, parce que quelque part, on tient quand même là une pierre
quasi-angulaire du style. D’ailleurs, on aurait avec « Norge » l’un des rares tubes du genre : dopé par une
rythmique « coup de bélier » à 20 BMP couplée à un son de grattes tout dégueulasse directement sorti d’un bon
vieux Winter ou Celtic frost, le chant, alternant le guttural carrément terrifiant par Miss Doom 95 (en Norvégien
pour le coté exotique) et des passages en chant clair façon ritournelle mélancolique au coin du Fjord, donne la
petite pointe d’originalité qui fait toujours plaisir, sur ce titre qui fait définitivement parti des incontournables du
style, à tel point qu’il éclipse partiellement les deux morceaux suivants, un peu plus basiquement Doom Death,
sans chant clair, et aux riffs un peu (à peine) moins mémorables. Au final, cet enregistrement marque surtout
l’esprit par sa capacité à restituer le coté primitif / crasseux des pionniers du style et à pousser tous les
éléments caractéristiques du genre (son, tempo) dans leurs derniers rentranchements. La réédition 2004 se
termine avec un morceau live extrait d’un des deux concerts donnés par le groupe au court de sa brève
existence, pas foncièrement original par rapport aux titres précdents, et qui se distingue juste par un son
encore plus crade (Necro Doom Death primitif des cavernes ?) et une petite mélodie de guitare assez vicelarde,
dans laquelle on se permettra de voir les prémices du projet suivant du duo O’Malley / Anderson (Burning
witch, pour ceux qui ne suivent pas).
Note : 5/6
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THUNDRA : Worshipped by chaos
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Deuxième album de Thundra, ce "Worshipped by chaos" fait suite à "Blood of your soul" sorti six années
auparavant. Il a été enregistré début 2005, le temps que le groupe trouve un label après avoir quitté Spinefarm
et un peu végété. Un groupe assez éclectique, mélangeant plusieurs influences qu'on pourrait qualifier de black
metal mélodique et épique avec des influences heavy et un son puissant. Une diversité que l'on retrouve
également dans les vocaux avec un chant black ,un chant death et une voix claire qui fait indéniablement
penser à la performance vocale de Juhani Palomäki sur le premier album de Yearning, "With tragedies
adorned". C'est même à s'y méprendre tant le ton Steven Grindhaug est similaire à ce dernier. Une oeuvre
complexe avec de très bons passages comme le rageur "On thorns", le technique "Hatred declared" ou le
dernier morceau éponyme du disque, qui n'est pas loin d'être le meilleur, un début avec une voix me rappelant
Abbath sur le Immortal deuxième période. Une influence de Thundra, au même titre que Borknagar ou Arcturus,
voire le récent Emperor. Une musique agrémentée de passages avec synthé/piano et de guitares acoustiques
("The existing darkness", très mélodique) bien exécutés, on ressent un gros travail en amont et la composition
est de qualité, sinon talentueuse. Le groupe est composé de l'ancien bassiste d'Einherjer, Stein Sund, et du
batteur d'Enslaved sur "Eld", Harald Magnus Helgeson. Pour résumer, Thundra nous offre un croisement entre
brutalité et mélodie très carré, plutôt technique avec des musiciens doués. Il ne constitue sans doute pas
l'album qui changera la musique extrême norvégienne comme le vend Black Lotus, mais certainement un très
bon album, dense,fignolé et aux visages multiples mélangeant beaucoup d'influences et de styles. Un groupe à
surveiller, ils pourraient frapper encore plus fort dans les années à venir. Excellent!
Note : 5/6
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CULT OF LUNA : Somewhere along the highway
Chronique réalisée par Chris
On ne présente plus Cult Of Luna. En cinq années et trois albums les suédois sont devenus une valeur sûre de
la vague post hardcore, parvenant sans peine à s'extraire de la masse sans cesse grandissante des suiveurs
pour imposer leur propre univers et leurs propres règles du jeu... Avec "Somewhere along the highway", leur
nouvelle offrande, ils frappent à nouveau très fort, et pour la première fois livrent à l'auditeur ébahi que je suis
un disque que l'on peut sans peine qualifier de chef-d'oeuvre. Oui ça y est nous le tenons ! Ce nouvel album,
leur quatrième donc, représente en effet la quintessence du post hardcore dans toute sa splendeur. Cult Of
Luna nous livre ici sept compositions magnifiquement progressives, sombres et puissantes, dont les lignes
mélodiques, subtilement imparables, se cachent derrière le mur de guitares impressionnant que dresse le
groupe. On se trouve devant un album plus racé, plus fin que son prédécesseur, réduisant la part des vocaux
hurlés et laissant ainsi plus de place à la musique captivante du groupe, à ses guitares saturés et par moment
savoureusement dissonantes. "Somewhere along the highway" est un irrésistible mélange entre post-rock et
rock apocalyptique, le chainon manquant entre "Oceanic" d'Isis et "Times of Grace" de Neurosis. "Somewhere
along the highway" est un coup de maître, un disque d'une intensité et d'une maîtrise exceptionnelles. Cult Of
Luna avance, et nous avançons avec eux... Cet album va vous faire tourner la tête jusqu'à l'ennivrement...
Magnifique !
Note : 6/6
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GODARD / JOUSSE : Les écrans sonores de Jean-Luc Godard
Chronique réalisée par Trimalcion
Jean-Luc Godard fut une des figures marquantes de la Nouvelle Vague au cinéma (au départ un petit groupe de
critiques des Cahiers du Cinéma : Godard, Chabrol, Rohmer, Truffaut... menés par le théoricien du mouvement
André Bazin : dans un film d'auteur, le réalisateur doit manier sa caméra comme l'écrivain utilise sa plume... Il
s'agissait surtout de s'insurger contre l'académisme sclérosé du cinéma de "qualité française" de l'époque), et
le Suisse restera certainement dans l'Histoire pour "À bout de souffle", "Le mépris" ou encore "Pierrot le fou"
(peut-être son chef-d'oeuvre). Si on est en droit de lui préférer la flamme jusqu'au-boutiste qu'ont pu manifester,
dans le même mouvement, des génies tels que Chris Marker ou Jean Eustache, on ne peut nier que c'est à lui
que revint l'influence "intellectuelle" la plus déterminante, car sur ses vieux jours, il est devenu une sorte de
gourou que l'on venait consulter pour en extraire l'omnisciente parole, et ses idées sur le Cinéma et son
déroulement dans l'histoire humaine du XXème siècle, il les a résumées dans un monumental "Histoire(s) du
cinéma" (en huit volets !) qui remonte, remixe et repense une multitude de films choisis par ses soins pour
explorer et recomposer à sa manière la mémoire du septième art. C'est alors que Manfred Eicher, le patron du
fameux label allemand de jazz et musique contemporaine ECM, lui proposa de rééditer "Histoire(s) du cinéma"
sous la forme d'un coffret de plusieurs disques accompagnés de livres. Ce qui fut fait. C'est à la suite de cette
entreprise que Godard accorda au critique français Thierry Jousse (des Cahiers, bien sûr) un entretien-fleuve
diffusé sur France Culture, et, pour marquer cet événement considérable et graver la parole du maître dans les
siècles des siècles, le label de Radio-France jugea bon de sortir un disque reprenant intégralement cette longue
entrevue. Ce disque ne contient donc pas de musique, ni même de montage intéressant de bandes sonores de
films ; il reprend tout au plus quelques très courts extraits de la version audio de "Histoire(s) du cinéma"
(rappelons que Godard était à l'origine ingénieur du son, et que le son reste un de ses domaines de
prédilection). Non, d'un bout à l'autre, c'est à la parole du maître que nous avons droit, relancée efficacement
(et respectueusement) par le questionnement de Thierry Jousse, et franchement, ça ne présente pas grand
intérêt, à moins d'être un fanatique écervelé (pléonasme) de l'oeuvre, ou plutôt (et c'est plus grave) de la
personne de Jean-Luc Godard, devenu vieillard pontifiant et radoteur. Ainsi, le premier message divin, celui qui
ouvre le disque, est le suivant (cité textuellement) : "Euh écoutez je pense que le son oui autant puisque mais
c'est peut-être propre à la Nouvelle Vague puisqu'on parlait beaucoup" (???) et de se comparer à Proust. Bon,
la suite devient plus compréhensible, rassurez-vous. Il n'empêche que ce long discours prétentieux,
quelquefois profond et passionnant mais le plus souvent creux, n'a guère d'intérêt à être ainsi écouté sur
disque. On y apprend (entre autres) que Godard n'aime pas la "musique de film", y compris celle des siens, ni
la musique sérielle, qu'il considère comme de la "musique nommée" ; qu'il aimerait le free jazz s'il était capable
d'en écouter ; qu'il a harcelé Pierre Bourdieu et Serge July à propos de leurs positions sur la guerre au Kosovo
; que les droits d'auteur, ça l'énerve ; que le son des téléphones portables est pourri et que les gens semblent
s'en foutre ; qu'il avait penser aller filmer Keith Jarrett ; que dans sa vie, il a "essayé de foutre le bordel" mais
n'a pas réussi et a été chassé... Bon. Jean Baudrillard ou le café du commerce, à vous de voir. Mon conseil : ne
vous laissez pas arnaquer et, tant qu'à faire, dirigez-vous plutôt vers les "Histoire(s) du cinéma" chez ECM.
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Note : 1/6
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PRYAPISME : Pump up the pectine
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Nommé d'après cette maladie célèbre de l'érection aigüe et chronique, Pryapisme est un jeune groupe
auvergnat originaire des alentours de Clermont-Ferrand. Les groupes inutiles y pullulent comme partout, mais
une fois n'est pas coutume, ce n'est pas du tout le cas avec ce dernier. Impossible de catégoriser la musique du
groupe dans une case, elle est le résultat d'un mélange des genres inattendu et osé. Ils se qualifient de "jazz
core disco metal", mélangent des influences aussi diverses que la musique de jeux vidéos, le jazz, l'électro, la
bossa nova, le metal. Bref, ils sont forcément amateurs d'artistes comme Fantomas, Mr Bungle et Mike Patton.
Sortie en 2005 et autoproduite, la deuxième démo de Pryapisme qui fait suite à "Or bleu" (2001) est une démo
d'une qualité que l'on aimerait retrouver plus souvent. Le son est très correct, beaucoup de groupes
autoproduits souhaiteraient avoir une telle sonorité. La musique du groupe est riche et dense, sans réelle
structure couplet-refrain, beaucoup de changements de rythme, folle, vigoureuse et instrumentale (excepté
quelques cris de loups "humains" ou éructations spontanées). Une bonne idée d'ailleurs que de ne pas avoir
noyé une musique aussi intéressante sous un flot de voix parfois totalement inutiles. Le groupe est cohérent,
ça s'entend, à noter la bonne performance de Ryko à la batterie dont on entend l'aisance indéniable derrière les
fûts. Vous l'aurez compris en lisant les titres, le groupe existe dans un univers original bien à lui, décalé,
old-school mais avec des sonorités modernes et qui ne se prend pas trop au sérieux. Pour autant la musique
n'est pas bâclée ni ridicule le moins du monde, au contraire, il vous faudra plusieurs écoutes pour l'apprécier à
sa juste valeur, et même après ça, vous n' y arriverez peut-être pas. Pas mal de breaks atmosphériques qui ne
font que renforcer les passages plus violents avec des juxtapositions d'effets que j'ai rarement entendu. Devant
la difficiulté d'analyser proprement la musique proposée par Pryapisme (eux-mêmes ont du mal, puis
finalement on s'en fout), je vous invite à écouter les deux extraits liés à cette chronique. Gageons qu'avec un
peu plus de maturité et la possibilité pour les membres du groupe de travailler plus souvent ensemble (les
membres ne résidant pas dans les mêmes villes et pour certains en études à quelques centaines de
kilomètres), Pryapisme pourrait grandir vite. A suivre de près!
Note : 4/6
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GAINSBOURG (Serge) : Histoire de Melody Nelson
Chronique réalisée par Trimalcion
Le chef-d'oeuvre de Serge Gainsbourg (un échec commercial retentissant au moment de sa sortie) n'a pas pris
une ride. Il continue à chaque écoute de foudroyer l'auditeur par sa modernité et par une ambiance
véritablement indescriptible : chaleur organique de la voix parlée, chuchotée, mixée très en avant, qui nous
conte la rencontre accidentelle du narrateur avec une gamine dont il tombe passionnément amoureux, et qui
finira par mourir dans un crash aérien ; convulsions indomptables et libres de la guitare électrique ; rythmique
étourdissante et pulmonaire, qui laisse toute la place à une basse gonflée, voluptueuse, malaxée de manière
diabolique ; et bien sûr des volutes de cordes ensorcelantes, dont la somptueuse beauté vient parfaire le
spleen sombre mais souverain qui se dégage de cet album. Car la brièveté de chacun des épisodes (le texte est
également un des plus beaux de Gainsbourg) : la rencontre, la déclaration d'amour, la description de l'hôtel
précédant l'ivresse érotique, et enfin la convocation des esprits (les choeurs du final...) par les sorciers de
Nouvelle-Guinée (qui attendent qu'un avion s'écrase pour pouvoir en piller le frêt) fatale à la nymphette Melody :
tout cela, par-delà l'incommensurable beauté, nous renvoie à une insondable tristesse et à un profond mal de
vivre. On ne dira jamais assez combien ce concept-album, mêlant dans une brume malsaine chanson française
et pop anglo-saxonne, a profondément marqué les esprits. Bien sûr, Gainsbourg n'en était pas à son coup
d'essai, après d'excellents débuts dans une chanson plus traditionnelle quoique souvent décapante (du
"Poinçonneur des Lilas" à "Couleur café") et de véritables perles inspirées par l'icône Brigitte Bardot ("Initials
B.B.", "Bonnie and Clyde", "Comic strip", "Je t'aime... moi non plus"). On ne louera jamais assez non plus
l'autre grand artisan de cette sulfureuse réussite, j'ai nommé l'arrangeur Jean-Claude Vannier, qui venait de
co-réaliser un autre chef-d'oeuvre, le premier album de Brigitte Fontaine ("Brigitte Fontaine est..."). Bref, ce
disque sublime et capiteux, qui tournoie, qui groove, qui apaise et qui excite, qui raconte et prophétise, qui joue
avec le symbolisme et l'art pour l'art tout en transgressant les interdits et en répandant ses arômes délétères,
reste une référence incontournable pour qui voudra faire de la musique pop avec ambition, et la pousser dans
ses retranchements les plus sombres et les plus audacieux.
Note : 6/6
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GAINSBOURG (Serge) : L'homme à tête de chou
Chronique réalisée par Trimalcion
"L'homme à tête de chou" est le second grand album concept de Gainsbourg, pour ainsi dire le jumeau de
"Melody Nelson", cinq ans après : même trame narrative (une histoire d'amour qui se termine mal, où le héros,
cette fois-ci, tue lui-même par jalousie la femme qu'il aimait, Marilou, shampouineuse nymphomane, et finit en
hôpital psychiatrique), mêmes ambitions de révolutionner tranquillement les aspirations d'une musique pop qui
semble décidément trop étroite pour lui, par des sonorités complètement inédites, des influences allogènes qui
installent des ambiances inouïes. Plus que jamais, Gainsbourg veut expérimenter, lui, le premier homme qui
allait jouer du reggae en France (avant d'être imité par tant de fâcheux...), le provocateur de la "Décadanse" (qui
fit suite à Melody Nelson) et de "Nazi rock", le touche-à-tout qui venait de réaliser son premier long-métrage
pour le cinéma ("Je t'aime... moi non plus"). Bien entendu, l'aliénation, l'impasse des passions amoureuses et
érotiques, le suicide, la drogue... tout cela reste au centre des préoccupations de l'artiste. Avec "L'homme à tête
de chou", c'est l'anatomie d'un basculement dans la folie qui est faite. Le narrateur schizophrène, obsédé par
les turpitudes sexuelles de son amante, finira par voir les symptômes de son mal matérialisés par sa
transformation en légume crucifère. Le texte est encore une fois un bijou de poésie décadente. Musicalement
aussi, nous pénétrons tout droit dans l'antre de la folie, avec ce qui restera le disque le plus génialement
avant-gardiste de Gainsbourg : clochettes nuageuses, guimbarde en roue-libre et percussions tribales ou
distordues ; synthétiseurs spatiaux et orgues d'envergure planante ; rock groovy terrifiant d'efficacité ;
ritournelles proto-reggae ; pop lyrique et épique (grandioses "Variations sur Marilou")... L'alliage de cette
démence littéraire et musicale parvient presque à égaler "Histoire de Melody Nelson", pour ce qui restera un
autre sommet de chanson française destructrice de bonnes moeurs et de civilisations...
Note : 5/6
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SEIFERT (Erik) : A Trip To Nebula Cluster
Chronique réalisée par Phaedream
Erik Seifert est un musicien allemand qui est produit et distribué par l’étiquette SynGate. Fortement influencé
par Vangelis, Kraftwerk, Tangerine Dream et Jean Michel Jarre, il nous livre un album avec des compositions
écrites entre 1992 et 2003. A Trip to Nebula Cluster est donc une sorte de compilation qu’il a regroupé sous un
album concept.
Une longue pièce séparée de 9 titres. La musique est continuelle et est rattaché par des effets cosmiques
sonores qui traversent nos oreilles et qui en mettent plein l’ouïe. Si j’ai senti l’influence de TD et Jarre, j’y ai
aussi flairé une forte influence du duo allemand Software (Peter Mergener et Michael Weisser).
Avec Liquid Thoughts, nous sommes dans un univers statique ou vent, chœur et flûte rôdent afin de s’agripper
à une première ligne séquentielle. Et c’est en rappelant les premières œuvres de Software que A Trip to Nebula
Cluster prend son envol. Hésitante, la mélodie tente de suivre une fine ligne séquentielle. C’est léger et le jeu
des percussions qui font écho est bien réussi. Tout au long de la pièce titre, on retrouve les essences qui
composeront la totalité de cd; des séquences qui changent constamment d’orientation, des percussions issues
d’effets sonores, du mellotron synthétique qui fait les sons de flûte, de chœur, de vent, et d’arrangements
orchestraux. Le début ambiant de Before Lift Off est vite récupéré par un doux séquenceur hypnotique qui
souffle une belle mélodie qui nous amène à Acceleration. Comme son titre le suggère, le rythme est plus
rapide. Les synthés, qui se mêlent aux étoiles filantes et aux percussions audacieuses, déboulent des mélodies
qui se perdent dans les méandres spatiales de Blue Sky. Derrière des voix d’astronautes, un petit beat
hypnotique gagne en force. Lent il est traversé par des effets sonores galactiques. La séquence change pour
accélérer sa pulsation et se termine dans le souffle synthétique de Lost in Space. Une douce ballade
synthétique avec violons, flûtes et chœurs cosmiques. Le synthé est plaintif et crache sa nostalgie. Cloué à nos
rêveries, on est séduit. Cette douce complainte traverse la frontière de Outer Rim, où les percussions prennent
la commande auprès d’un synthé nerveux. Mélodieux le séquenceur augmente ses cordes synthétiques d’un
degré pour jouer et modifier l’harmonie, de concert avec de géniales percussions. Un titre habillé en masse, qui
en mets plein les oreilles.
Bien que rattaché avec Outer Rim, Drifting Home semble déconnecter de l’ambiance spatiale de A Trip to
Nebula Cluster. Mais ça ne lui enlève en rien sa beauté. C’est un titre doux et hypnotique, avec des flûtes aux
sonorités du Moyen Orient qui sont accompagnés de légers tablas. Reentry progresse sur les cendres de
Drifting Home. Le début est statique et souffle des synthé hésitants traçant subtilement une ligne séquentielle
qui se développe sur un rythme irrégulier.
J’ai été agréablement surpris par A Trip to Nebula Cluster d’Erik Seifert. J’avais déjà entendu Thrust Avis (paru
en 2004) et je n’avais pas vraiment accroché. Ici, il sort tout son attirail et en met plein les oreilles. On sent
nettement les traces de ses influences et c’est un agréable délice que de passer au travers A Trip to Nebula
Cluster.
Note : 5/6
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SYSTRAL : Black Smoker
Chronique réalisée par Powaviolenza
Systral, c'est THE all-stars band allemand, composé exclusivement de la fine fleur de la culte "Bremen Scene" :
on y retrouve donc les tueurs derrière Acme, Carol et Mörser. Et autant vous le dire tout de suite : ça tue.
Premier constat : la prod est énormissime, assurée par le grand gourou du son Brémois, Dirk Kusche (qui est à
la scène hardcore Brémoise ce que Frederik Nordstrom est à la scène de Gotebörg, responsable des sons de
tout ce qui a pu faire la renommée de cette scène : Acme, Carol, Mörser, Inane, etc... - et qui tient d'ailleurs ici
aussi le rôle de bassiste). Tous les éléments typiques du son allemand sont donc présents : son de basse sec
et saturé sans tomber dans la bouillie, grattes énormes et amples, rendu général extrêmement dynamique et
cru, abrasif et puissant, et surtout noisy. Sérieusement, le son colle vraiment une baffe comme rarement, une
sorte de parfait mélange entre le son Entombed et le son Acme. Un rapprochement qui ne se fait d'ailleurs pas
qu'au niveau de la prod : si les Systral de "Fever" (leur précédent méfait) officiaient plutôt dans une sorte de
Acme boosté au grindcore, ici l'influence principale se retrouve plutôt dans le death'n'roll de Entombed : gros
putain de feeling rock'n'roll et racines death-metal sont donc au rendez-vous! Et loin de ne faire que copier les
suédois, j'irais presque jusqu'à dire que Systral en transcende le style en y rajoutant une bonne dose
d'ultraviolence (le jeu de batterie et les deux chanteurs de Mörser y sont pour beaucoup) et des samples
parcimonieusement bien placés de foule en délire, donnant à "Black Smoker" un feeling live et festif
absolument jouissif : certains morceaux donnent l'impression d'avoir été enregistrés dans un stade rempli à
rabord de fans bourrés jusqu'à l'os ("Roll The Dice" / "Black Smoker" / "Worldmaster/One For The Crowd").
"Black Smoker": dix brûlots de death'n'roll aux riffs bourrés de feeling, dont l'intensité ne retombe jamais, et
qui se payent le luxe, en sachant se faire un minimum variés, de mettre de côté la linéarité qui aurait pu gâcher
cette galette. Et c'est cela qui fait ici toute la différence avec le clone de Entombed lambda : le côté "core", se
traduisant par un certain groove moshisant omniprésent, quelques riffs noisy typiques de Brème, un double
chant ultra efficace, et des passages tout en lourdeurs parfois quasi-sludgiques qui sont assez rares pour
surprendre - de même que les quelques blasts. Chaudement recommandé à tous les amateurs de sons
énormes, de rock'n'roll qui s'écoute très fort, et de metal puissant et classe.
Note : 5/6
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ANTHEIL (1900-1959) (George) : Jazz sonata / Sonatina / La femme 100 têtes
Chronique réalisée par Trimalcion
George Antheil, compositeur américain ayant passé le plus clair des années 1920 à défrayer la chronique en
Europe, lui-même pianiste virtuose adorant le scandale, fut un peu le continuateur de Stravinsky au piano, avec
ces rythmes à la mécanique implacable et cette sauvagerie tribale (c'est à ça surtout que les compositeurs
"sérieux" pensaient lorsqu'il faisaient référence au "jazz" à l'époque) ; sur cela, il projetait les idées de ses amis
surréalistes sur la création artistique, l'oeuvre devant être le fidèle reflet des rêves (c'est-à-dire du refoulé
inconscient) de son auteur, avec pour y parvenir des collages invraisemblables et l'utilisation de l'écriture
automatique. "Jazz sonata" et "Sonatina" (éloquemment sous-titrée "Death of the machines", car pour lui, le
siècle des machines aussi avait droit à sa musique), composées en 1922, font preuve de cette modernité
décapante, art "dégénéré" et enflammé, violent et dissonnant, où le piano retrouve sa vocation d'instrument à
percussion. "La femme 100 têtes" (1932/33) - un titre que n'aurait pas renié André Breton - cadavre exquis
musical composé de pas moins de 45 mouvements, aussi brefs que fulgurants, fait davantage alterner ces
moments furieux avec des passages plus lents et oniriques, qui remplacent un temps par un autre temps. Un
disque ébouriffant qui, avant que le compositeur ne retourne vers un langage beaucoup plus traditionnel,
continue d'exhaler le soufre.
Note : 4/6
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THE EXPLOITED : Death before dishonour
Chronique réalisée par Twilight
Si l'on considère bon nombre de documentaires ou ouvrages sur le punk anglais, certains estiment sa durée de
vie comme n'excédant pas 1978, éventuellement 79, la suite n'étant déjà plus qu'une bouffonnerie à leurs yeux.
Comme pour marquer la fin de cette époque, Margaret Thatcher est élue premier ministre cette année-là. Quelle
que soit l'opinion sur la question, difficile pourtant d'ignorer l'existence d'une formation baptisée The Exploited
qui verra le jour au tout début des 80's. Prônant une attitude radicale, le groupe reprend le 'No future' des Sex
Pistols qu'il transforme en ' Punk's not dead !'. Arborant iroquois colorés, perfectos surcloutés, nos lascars
durcissent le ton, les guitares, et accélèrent le tempo. Pour eux, pas de concession, le système capitaliste est
pourri et doit être combattu par tous les moyens possibles (du coup, Maragaret Thatcher et Ronald Reagan s'en
prendront pour leur grade). Autant l'avouer, en règle générale je suis plutôt fan de punk old school et le style
violent des Exploited ne me convient qu'à moitié. Pourtant au milieu du bruit et de la fureur, ces agités sont
capables de nous pondre quelques joyaux incendiaires qu'il serait dommage de négliger. Si les spécialistes
citent en général (avec raison) le fabuleux 'Troops of tomorrow', 'Punk's not dead' ou ''Death before dishonour',
le groupe a selon moi écrit bien d'autres excellents titres moins reconnus mais aussi indispensables. 'Death
before dishonour' en inclut un bon paquet, à commencer par 'Anti UK', 'Power struggle' ou 'Barry Prossitt'. La
recette est simple, la rythmique est soit très rapide, soit lourde, les guitares sont sales et empruntent leurs riffs
au métal plus qu'au rock. A celà s'ajoute la voix de Wattie Buchan scandant sa colère. Certaines chansons
comme 'Don't really care' évoquent le style du Ministry de 'Mind is a terrible thing to taste', les machines en
moins. Ca secoue, ça laboure le ventre mais ce ne sont pas les meilleurs titres bien que leur efficacité ne soit
pas à démontrer. La véritable richesse des Exploited se découvre sur des brûlots comme l'excellent 'Sexual
favours' et sa ligne de basse qui donne le tempo, rejointe par les roulements de la batterie, et des attaques de
guitare qui donne envie de se rouler par terre; cerise sur la bière, des choeurs féminins sur le refrain. Un brin
moins excitants mais néanmoins drôlement bien ficelés, 'Drug squad man' mené par une rythmique roulante
comme en raffolent les goths post-punk ou encore un 'Jesus is dead' plus influencé par le garage rockabilly.
Dans ces moments-là, et surtout dans ces moments-là, on comprend que The Exploited n'ont pas usurpé leur
statut de formation culte du punk. A noter que cette réédition propose en bonus les mini 'War now' et 'Jesus is
dead'...merci beaucoup ! 4,5/6
Note : 4/6
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BASTIEN (Pierre) : Musiques machinales
Chronique réalisée par Trimalcion
Je me souviens de la réponse du respectable Dominique A, à qui l'on demandait quel disque français il ferait
découvrir à un ami étranger (ou extra-terrestre) sans courir le risque de se fâcher avec lui. Il en cita trois, parce
que, disait-il, ils n'avaient aucun équivalent nulle part : "Comme à la radio" de Brigitte Fontaine, "#3" de
Diabologum, et ces "Musiques machinales" de Pierre Bastien. Le nom éveillait en moi un vague écho, mais le
voir en si bonne compagnie suscita bien évidemment davantage de curiosité. La démarche de ce compositeur
français rappelle bien évidemment l'artisanat sonore furieux, anarchique et sans frontières d'un Pascal
Comelade (autre petit-fils de John Cage) avec qui il a d'ailleurs souvent collaboré. À ceci près que Pierre
Bastien ne se contente pas de récupérer ici ou là les instruments les plus exotiques et les plus loufoques : il les
fabrique lui-même, ou plutôt il fabrique un interprète, un medium capable d'en jouer, le "Mecanium", son
orchestre créé "en confectionnant ses machines musicales à l'aide d'instruments africains augmentés de
poulies, de courroies, de moteurs de pick-up et de structures empruntées au Meccano". Le résultat désoriente
au premier abord, c'est le moins que l'on puisse dire, et "extra-terrestre" est en effet le mot qui convient le
mieux pour décrire les ambiances produites ici, où des instruments traditionnels africains, ancestraux, sont
mus par des mécanismes tous plus ingénieux, ahurissants et tordus les uns que les autres, qui les enclenchent
en boucle. Sur cette rythmique incongrue, Pierre Bastien greffe ses motifs improvisés, mélodies répétitives
jazzy et langoureuses, à la trompette, au trombone ou au violon. Albert Durand nous décrit cette démarche
expérimentale refusant le recours à l'électronique comme "la manifestation d'un engagement moral". Pourquoi
pas. Mais ce qui est frappant au fil des écoutes, c'est la parfaite cohérence sonore de l'ensemble : Pierre
Bastien crée SON monde, et ce monde ne refuse pas de s'ouvrir à la beauté, à l'émotion, bien au contraire.
Cette musique renvoie à quelque chose d'ancien, de profond, de vrai, qui submerge bientôt l'auditeur et le
terrasse aussi sûrement que n'importe quelle oeuvre composée sous le sceau de "l'authenticité" (notion qui
voisine le mythe). Donc, Pierre Bastien a beau nous faire entendre (tenez-vous bien), de la cithare inanga
semi-automatique, du meccano-violoncelle, du xylophone rotatif, des violons peuls mécanisés, de la harpe du
Zaïre robotisée, j'en passe et des meilleures, son oeuvre, à mille lieues d'un travail réservé au laboratoire ou de
tout exotisme kitsch, s'avère essentielle par son intense vitalité et son caractère touchant aussi bien
qu'intemporel. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'unique reprise de ce disque est celle du mythique "People
in sorrow" de l'Art Ensemble of Chicago : la démarche de Pierre Bastien, par sa recherche d'une harmonie
profonde entre africanisme ancestral, musique contemporaine expérimentale, et jazz, semble bien proche de
celle du collectif américain, et parvient également à effleurer un langage à la fois neuf et universel. Un disque
splendide, mystérieux, à écouter au moins une fois avant de mourir.
Note : 5/6
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MANNGARD : Circling buzzards
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
"Circling buzzards" est le premier album des norvégiens de Manngard, groupe peu connu puisqu'il n'avait sorti
qu'un ep éponyme auparavant. Manngard pratique un death/thrash metal technique, par moments saccadé et
pas noyé dans le blast beat à outrance. La voix n'est pas typiquement death metal outre-tombe, mais se
rapproche d'un Tom Araya sur l'album de reprises punk de Slayer, "Undisputed attitude". Les textes du disque
sont basés sur une oeuvre de l'écrivain américain William Faulkner qui relate l'histoire d'une famille américaine
possédant une ferme, un père tyrannique et monstrueux à sa tête qui les entrainent à commettre des atrocités,
des voyageurs qui disparaissent de manière étrange et qui selon la rumeur, finiraient dans les marécages
alentours. Passées ces considérations conceptuelles, Manngard, quoiqu' efficace sur certains morceaux,
n'impose pas assez sa patte à mon goût, le rendu fait parfois penser à du The Haunted un peu trop linéaire.
Ceci est peut-être dû à l'inexpérience du groupe, mais les morceaux du disque ne se différencient pas assez les
uns des autres. On a donc une galette honnête pour un premier album mais pas encore assez personnel. Le
point fort du groupe me semble la diversité dans les vocaux, qui changent au sein d'un même morceau comme
sur "It was demons", et alternent entre vocaux "Tom Arayesques", voix plus death et d'autres plus hardcore
furieux ("Into the quagmire"). On notera au passage la belle apparition de Grutle Kjellson d'Enslaved dans un
registre vocal purement black metal dont le groupe s'éloigne peu à peu sur un morceau assez différent du reste
de l'album, plus black metal. Le groupe a peut-être trop tendance à partir dans tous les sens, il manque une
ligne directrice bien propre, mais il n'y a pas de raison étant donné les capacités instrumentales de Manngard
que cela n'arrive pas avec un peu plus d'expérience et de maturité. Un premier essai honorable donc, qui
demande confirmation et approfondissement par la suite.
Note : 3/6
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REICH (B.1936) (Steve) : Early works : Come out / Piano phase / Clapping music / It's gonna
rain
Chronique réalisée par Trimalcion
Les travaux de jeunesse de Steve Reich sont passionnants à plus d'un titre. Tout d'abord, ils portent en germe
tous les procédés qui seront mis en oeuvre dans ses futurs opus. Ensuite, outre l'intérêt "archéologique" qu'on
peut leur porter, ils sont dotés d'un véritable pouvoir d'hypnose et de fascination, qui n'appartient qu'à eux.
Enfin et surtout, c'est avec ces travaux que l'on prend le mieux conscience de l'influence déterminante que
l'oeuvre de Steve Reich a pu exercer sur toutes les musiques électroniques basées elles aussi sur la répétition
et sur l'effet de transe, sur les battements métronomiques ultra-rapides et le matraquage régulier d'un
échantillon sonore, sous-bassement du morceau. À partir de 1965, les recherches du compositeur américain
sont en effet axées sur l'effet obtenu à partir du déphasage graduel de deux bandes qui passent chacune en
boucle un même échantillon sonore très bref. Ainsi, dans "Come out" (1966), un jeune homme ayant pris part à
une émeute à Harlem, blessé, doit montrer une de ses plaies aux policiers pour être emmené à l'hôpital et
témoigne ensuite lors de son procès, sa phrase se terminant par "...come out to show them", extrait monté en
boucle par le compositeur, laquelle boucle est entendue d'abord à l'unison de part et d'autre de la stéréo, puis
un décalage s'opère progressivement, laissant la place à deux voix disctinctes. Dans le même temps, une
réverbération plus forte apparaît. Au fil des douze minutes, c'est bientôt quatre voix puis huit que l'on pourra
distinguer. "It's gonna rain" (1965) est fondée sur le même principe, à ceci près que l'extrait sonore est plus
long et change en cours de route, ce qui crée une impression globale encore plus envoûtante et hypnotisante.
Car cette voix humaine qui, détournée ainsi, produit bientôt un canon ultra-complexe, un rythme, des
harmoniques propres, possède indéniablement le pouvoir d'entraîner l'auditeur dans un état second. "Different
trains" réutilisera d'une autre manière des témoignages authentiques "musicalisés" et faits prisonniers des
structures que le compositeur leur impose ; de même dans la fascinante partie centrale de "City life", avec des
instruments joués live qui s'inviteront pour renforcer les harmoniques. Puis les voix échantillonées seront elles
aussi remplacées par de "vraies" voix dans "Desert music" et dans "Tehillim". Les déphasages graduels
prendront également plus d'ampleur avec "Music for 18 musicians". Mais l'essentiel est déjà là ; et je dirais
même que l'utilisation de bandes rapproche ces essais, par leur caractère agressif nous entraînant aux
frontières du chaos, d'une sorte de techno hardcore avant la lettre (la fin de "It's gonna rain" est vraiment
terrible). "Piano phase" (1967) reprend la technique du déphasage avec deux pianos jouant en direct - un son
qui sera amplifié et développé avec "Six pianos" et "Music for 18 musicians". Quant à "Clapping music" (1972),
son économie de moyens (Russ Harte249erger et Steve Reich qui tapent des mains !) dans la mise en oeuvre
d'un procédé similaire, renforce encore la perception que l'on peut avoir d'une extraordinaire complexité
rythmique, et annonce déjà les lignes de percussion de "Tehillim". Bref, il ne manquera plus à Steve Reich,
après ces premiers essais déterminants, qu'à aller faire un petit saut en Afrique de l'Ouest pour définitivement
trouver ses marques. Mais la révolution est déjà en marche et rien ne pourra l'arrêter. Un disque essentiel.
Note : 5/6
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SYNDROMEDA : Last Days on Earth
Chronique réalisée par Phaedream
Danny Budts (Syndromeda) est un musicien Belge qui fait de la musique depuis le début des années 90. Il a
conçu ses premiers synthétiseurs et a monté son propre studio, lui donnant ainsi une totale liberté artistique.
Indépendant, il crée sa musique, comme un artiste peint ses toiles; sans compromis. Sa toile de fond est le
synthétiseur. Comme un virtuose, il aime en sortir le maximum. Des sons tordus, sulfureux et aigus ses notes,
ainsi que ses solos, sont la structure même de ses compositions. Last Days on Earth en est une exemple
frappant.
Ballad of Love and Mystery démarre en grande pompe orchestral. Une nuée de violon couve une basse
pulsation séquentielle, d’où émergent des clés sonores qui tourbillonnent dans un espace sonore riche. Les
chœurs, les strings, bref les beautés d’un mellotron sont utilisées à profusion. Atonique, le beat est
séquentiellement lourd. L’effet aurait été meilleur avec une pièce plus courte. Un synthé sinueusement lent
débauche The Secret Life of A. Une discrète pulsation se fait entendre et mue en une séquence plus accélérée.
Le séquenceur s’emmêle avec les percussions électroniques. Le rythme change, les synthés sont plus
agressifs. Et tranquillement, la pièce s’essouffle pour faire place à The Sense. Une pièce avec un rythme qui
pilonne, qui fait du surplace et qui est bombardé par des gros accords et des gros solos de synthé. Too Hot in
Hell ne se démarque pas plus. Malgré les soubresauts des séquences, la pièce ne prend pas véritablement
d’envol. C’est statique et on est toujours en attente.
C’est la faiblesse de Last Days on Earth de Syndromeda. Nous sommes toujours en mode attente. Les synthés,
notamment le mellotron, sont superbes. Les séquenceurs et les percussions sont en arrière plans, donnant
l’illusion d’un manque de chaleur, de profondeur. Très synthétique on a l’impression de nager en eau froide,
avec quelques courants chauds. Ça ne lève pas comme on le penserait. S’adressant à un auditoire plus
restreint, le dernier Syndromeda est plus expérimental et demande plus d’écoute. Et comme les grandes
œuvres incomprises, il gagne à être écouté plus souvent.
Note : 4/6
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PAUVROS (Jean-François) / RED / AKCHOTÉ (Noël) : Écume ou bave
Chronique réalisée par Trimalcion
J'imagine bien les trois guitaristes d'"avant-garde" entrer en studio pour enregistrer un disque pareil. "Ha
ouais, c'est cool, rien que sur notre nom, on peut squatter peinards les studios de Radio-France, la classe ! Putain, t'as vu le matos ? Mais qu'est-ce qu'on va bien pouvoir en faire ? - Euh, j'en sais rien. T'as une idée, toi
? - Euh, non. - On s'en fout ! On sait jouer, bordel ! On va tous improviser en même temps, jouer n'importe quoi
comme on sait si bien le faire, et vous verrez qu'en deux jours on aura gravé un disque ! - Ouais, t'as raison.
Sur plus d'une heure, y'aura bien cinq ou dix minutes intéressantes. Moi je vais faire des buzz avec mon ampli,
je trouve ça trop marrant, toi tu pourras jouer de la guitare acoustique amplifiée, ça changera un peu de toutes
les sonorités saturées qu'on a l'habitude de faire depuis des lustres avec nos grattes électriques trafiquées. Et
toi, de temps en temps, frotte tes cordes avec un archet. J'ai vu Fred Frith faire ça une fois, en concert, ça tuait.
- Ha ouais, hé hé. - Et attendez, pour aller avec le disque et faire croire que c'est une musique organique et
vraiment aventureuse, j'ai commencé à rédiger un putain de texte, tenez, je vous en lis un morceau : "Avec les
doigts (tous ceux valides), avec les épaules, le buste, le tronc et la nuque. Un ampli qui chauffe chaque instant
un peu plus, une envie qui ne correspond à aucune autre et qui pour peu ne fera pas écho..." et puis comme
titre, j'ai pensé à un truc un poil intello et situationniste, comme un clin d'oeil aux branleurs qu'on intéresse un
peu : "Écume ou bave" - Ho la vache, t'as raté ta vocation, toi, c'est écrivain que t'aurais dû faire, pas guitariste.
- Oui, c'est ce que m'ont dit la plupart des gens qui ont acheté mes disques ! (rires)". Et quelques mois plus
tard : "Ça y est, les gars, il est sorti ! - Fais voir ? Wah ! Le beau packaging ! Rien que grâce à ça, personne
pourra dire qu'il s'est fait avoir ! - Nom de Dieu, et vous avez vu ce qu'ils ont écrit en dos de pochette ?
"Jean-François Pauvros, Red et Noël Akchoté en profitent pour faire le point sur trente années d'agitation
musicale." - Ha ha ha ! Rien que ça ? (Fous rires)."
Note : 2/6
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TUSK : Get Ready
Chronique réalisée par Powaviolenza
Je l'ai attendu ce CD. Et c'est un euphémisme. Etant un gros, gros fan de Tusk, cette réédition remixée /
remasterisée de "Get Ready", leur premier CD, ne pouvait que me faire bouillir d'impatience, même si je ne
voyais pas trop l'intérêt d'un remaniement du son - celui-ci étant déjà excellent à la base. Après réception de ma
tant désirée commande, première claque : l'artwork de Aaron Turner (monsieur Hydrahead / Isis / etc) est
comme à l'accoutumée très, très classe, tout en psychédélisme bizarre, composé essentiellement de têtes de
mort oranges virevoltant dans un chaos guerrier de cercueils aériens. Deuxième claque, plus mitigée : le son. A
la base, "Get Ready" avait une prod franchement noisy, débordante de saturation, avec une batterie
ultra-organique et dégueulasse apportant une touche roots qui participait bien à la personnalité de ce CD. Alors
OK, dans le "Get Ready" 2006, tout est plus lisse, mais la Alan Douchisation jarte une bonne partie de ce son de
batterie raw et ultra brutal dont je parlais plus tôt. On a donc affaire à un gros son propre plus commun,
sûrement pour ne pas rebuter les fans de Pelican (à la base simple side-project de Tusk...!) qui découvriront les
mighty Tusk par l'intermédiaire de cette réédition... Mais passée cette petite déception, on s'aperçoit que le
remixage permet de (re)découvrir toutes les petites subtilités riffistiques qui étaient légèrement noyées dans le
bruit. Et "Get Ready" en regorge : il se dégage de ces neuf titres un feeling absolument unique mêlant
harmonies bizarres et forestières (qui seront d'ailleurs largement développées dans leur second et dernier
opus, "Tree Of No Return") et ultraviolence grindisante. "Get Ready", c'est le passage au milk-shake de
"Sounds Of The Animal Kingdom" de Brutal Truth (dont l'ambiance est assez similaire je trouve), de l'urgence
d'Acme et de l'originalité de Discordance Axis ou Exit 13, avec un léger côté early Converge, le tout recraché
sous forme de masse sonore terreuse et organique. Au menu, des blasts ultra rapides et abrasifs complètement
jouissifs, une voix possédée oscillant entre cris extrêmes et passages parlés, des riffs bizarres et dissonnants
au possible (avec originalité), mais au feeling assez "méditatif" (proche de Pelican) malgré tout. Un maëlstrom
d'expérimentations bien utilisées, telle que cette cythare cosmique sur "Green Love" (mon titre préféré par
ailleurs) ou bien la mandoline psychédélique de "Six-Act Descent To The Lower Reaches", et de violence
presque maitrisée - quelques trucs sonnent un peu approximatifs mais ne gênent absolument pas. Quelques
passages proto-Pelicanesques viennent ralentir parfois le tempo ("A Animal Has A Nice Day", "Six-Act Descent
To The Lower Reaches") sans que l'intensité générale en patisse. Le chaos sonore développé est harmonieux
et presque apaisant. Neuf titres, neuf chef-d'oeuvres de hardcore grindisant et noisy : rien à jeter. De plus, les
six live présents dans la réédition nous permettent de se faire un aperçu de la tuerie que devait être ce défunt
groupe sur scène : execution parfaite sans mettre de côté le feeling, enregistrement très correct. La section
multimédia nous fait profiter en vidéo (de très bonne qualité) de l'enregistrement de ces titres (visiblement dans
le studio d'une radio) et d'une interview malheureusement non sous-titrée. Achat extrêmement conseillé donc
pour tous les amateurs de grindcore non conformiste, de hardcore violent et noisy et de Pelican. Reformez
nous Tusk, putain de bordel !
Note : 6/6
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DEMIGOD : Slumber of sullen eyes
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Groupe culte de la scène death finlandaise, l'expresison n'étant pas pour une fois galvaudée, X-treem se dit
qu'après tout c'est dans les meilleurs pots qu'on fait les meilleures soupes. alors pourquoi pas ressortir une
vieille soupe ? Ma foi même bien pourrie, elle tue encore celle-là ! Très difficile à trouver actuellement cette
réédition tombe très bien pour une fois. Demigod est donc un pionnier du death en Finlande, mais également
un pionnier dans le style death" sombre". Non, Immolation'a rien inventé, il suffit d'écouter cette galette, tout
est déjà là. Le riffing crade, entre un Immolation et le premier Amorphis, les petits arrangements de claviers, le
chant "soufflé", les compos variés à la fois catchy et travaillées. Un peu l'archétype du disque réussi tout
simplement. Pour certains cela sonnera forcément daté, et il aura quelque part raison. Le son de l'époque, les
rythmiques aussi, mais pourtant je trouve que le disque n'a pas pris une ride... En terme d'ambiance voilà bien
un gros monstre, quelque part en furie, poisseur et désolation, Demigod pose ses riffs infâmes, parfois à pleine
vitesse, d'autres fois quasi pachydermique (certains passages font penser à Autopsy)... Difficile cependant de
détacher un quelconque morceau, l'effet "monolithe" est très présent, de même que le côté austère de la chose.
Le disque est sale, crade comme un mauvais film gore avec ce son de gratte putréfié, la batterie s'enflamme de
façon calculée... La recette est la même que sur la plupart des confrères, seule l'atmosphère change. Même
alternance de riffs mutés avec tremolo, quelques solos, une rythmique adéquate n'hésitant pas à taper
quelques contre temps de temps à autres... Bref, les amateurs de death sombre qui cherchait le maillon
manquant entre un Entombed et Immolation devraient se ruer sur cette réédit', on tient là un sacré disque du
genre...
Note : 5/6
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HAEMORRHAGE : Apology for pathology
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Ah ben ils en auront mis du temps pour le sortir celui-là les espagnols de Haemorrhage. Ceux qui me
connaissent savent que je porte ce groupe en haute estime, notamment leurs deux albums "Grume" et
"Anatomical inferno" qui n'avaient pas leur pareil pour mélanger groove et ultra brutalité grindgore. Depuis est
sorti en 2001 "Morgue sweet home", disque sympa sans plus et assez convenu. On aurait pu s'attendre à
quelque chose de vraiment nouveau pour ce "Apology for pathology" (excepté la pochette, excellente au
demeurant), et bien... non. Haemorrhage nous ressort encore et toujours la même recette qu'il maîtrise si bien.
Le souci c'est que ça fait maintenant 4 albums qu'ils nous resservent la même sauce, et ce coup-ci avec la
quasi même prod' que le précédent... Alors ouais, tout coule vachement bien. Le combo alterne entre gros
blasts, passages typés death old school et breaks "groovy" mais l'accroche d'antan n'est plus vraiment là.
Franchement j'ai du mal à comprendre ceux qui encensent cet album, c'est à croire qu'ils n'ont jamais entendu
"Grume" par exemple !!! Le groupe fait toujours de la bonne came c'est indéniable, mais n'évite pas le piège de
l'autoplagiat. Chaque morceau en rappelle un autre, on ne s'ennuie pas vraiment mais quand on y réfléchit un
peu : "Apology for pathology" est une resucée de "Morgue sweet home" (en légèrement plus old school) qui lui
même était une resucée des anciens albums qui eux même étaient une resucée du "Reek of putrefaction" de
Carcass... Merde ça fait beaucoup quand même, surtout pour un style qui fait de la simplicité son crédo. Je n'ai
donc aucune envie de m'évertuer à décrire le genre joué ici, nous avons affaire à un nouveau méfait de
Haemorrhage, chantre du Grindgore européen, en forme moyenne ici, qui n'arrive à réellement surprendre que
sur sa dernière plage "Apology for pathology", grosse pièce de quasi doom/death à l'ambiance "clinique" super
bien instauré. C'ets bien grâce à ce morceau que le groupe se paye la moyenne, esperons qu'il persevère dans
cette voie plus sombre et évolutive, là j'ai l'impression que tout a été dit...
Note : 3/6
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HELDON : Only chaos is real
Chronique réalisée par Trimalcion
Pour faire revivre le projet Heldon presque 20 ans après, Richard Pinhas s'entoure de nouveaux musiciens, et,
outre l'écrivain de science-fiction Norman Spinrad (complice de longue date, qui a souvent officié auprès du
guitariste en concert, et qui apportait sa contribution sur l'extraordinaire "Houston 69" dans l'album
"East/West"), il a choisi de convoquer Maurice G. Dantec, avec qui il collabore en parallèle sur un autre projet,
plus avant-gardiste, "Schizotrope". Accointances futuristes, nietzschéennes, deleuziennes et post-modernes...
qui n'apparaissent guère ici, tant les paroles, chantées en Anglais par le pénible David Korn, sont noyées par
une rythmique technoïde plombée et les boucles de guitare métatronique de Richard Pinhas, qui n'a rien perdu
de sa hargne, mais qui ne fait que recycler péniblement des plans déjà entendus sur "Stand by", avec un vernis
metal/electro bourrin vite lassant et une production beaucoup trop lisse pour enrober le tout. Je manque sans
doute de références en matière de metal contemporain pour trouver des points de comparaison judicieux, mais
ce dont je suis sûr, c'est d'une l'absence de nuances et de subtilité à laquelle le Français ne nous avait guère
habitués jusqu'ici. Non, ce disque n'est pas chaotique : il offre un rock efficace, certes, mais froid, sans âme, et
surtout terriblement rectiligne et prévisible. Dommage.
Note : 2/6
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BENIGHTED : Identisick
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Mine de rien, Benighted, sans trop remuer la scène à coups de publicités foireuses ou autres déclarations
débiles, commence à creuser sérieusement son trou et à s'imposer comme un groupe de niveau international
en ce qui concerne le death brutal... Ce n'est d'ailleurs pas ce "Identisik" qui me fera mentir. Dans être du
niveau de son prédecesseur, l'effet de surprise ayant disparu, Benighted parvient à se montrer d'une brutalité
assez peu courante... Sans non plus atteindre des sommets de violence, le schema reste assez traditionnel, le
combo français mélange un peu tout ce qui se fait en matière de "brutal" pour proposer une espèce de
patchwork dont l'efficacité est imposisble à remettre en cause. Du Napalm Death ("Suffer the children est
d'ailleurs repris), du hardcore, quelques riffs black, du At The Gates, du Carcass, du Dismember, du
Suffocation, Du Cryptopsy, on entend un peu de tout sur ce disque... C'en est d'ailleurs très flagrant sur les
deux premiers morceaux, à un tel point que l'effet "collage de riffs" n'est pas absent... Dommage car il y avait
de quoi tout péter. Heureusement la prod' ultra puissante rattrape le coup et parvient à rendre n'importe quelle
power chord ultra bourrine. Notez le bien, cette galette contient des accélérations ultra brutales (genre la fin de
la 3) et des riffs qui vont vous calmer instantanément, et en soit ce n'est pas rien. Trè franchement, comme pour
le précédent, j'ai été bien explosé suite aux premières écoutes. Puis contrairement au disque précédent,
certains morceaux ont commencé à me lasser (la 4), certaines influences cores tombent un peu comme un
cheveu sur la soupe, bref des petits détails qui font la différence au fil des éoutes... Attendez vous donc à
quelque chose de sérieusement burné, qui ose même quelques ptits délires (trip samba "hommage Atheist" sur
la 4), dommage que le chant soit toujours aussi "rotté", car avec quelque chose de plus puissant on aurait
peut-être quelque chose d'encore meilleur. M'enfin il paraît que c'est un excellent frontman, et après tout cela
n'engage que moi. "Identisick" se pose ainsi comme un super petit frère d"ICP" tout ausis brutal et varié dans
ses influences, mais encore trop dans le "collage"... Un gros 4 tout de même pour le premier disque a m'avoir
fait stoppé toute activité annexe pour me concentrer sur son écoute...
Note : 4/6
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DEATHEVOKATION : Blood demo 2005
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Deathevokation joue la carte du old school, et à ce petit jeu là, ils ne font pas semblant ! Pensez donc, le groupe
est allé jusqu'à inclure un inlay type K7 avec la version promo du disque, au cas où nous aurions envie de
copier le cd sur K7 et d'avoir une démo "true old school"... Bon, sarcasmes passés, concentrons nous sur le
musical. Il est à la hauteur de tout ce qui l'entoure, c'est à dire ancré profondément dans le début des 90's, avec
à mon sens une attirance toute particulière pour le death bien sombre tel qu'a pu le jouer un groupe comme
Asphyx. Seulement Deathevokation ne dégage pas vraiment la même atmosphère, à vrai dire il n'y en a même
pas vraiment. Pourtant l'intro classique "ambiance de cimetière" est bien là, tout comme l'interlude acoustique
et les quelques riffs inquiétants à deux lignes de guitares... La faute à quoi ? Je pense principalement ce son,
qui s'il a été enregistré dans des conditions types répètes, se montre beaucoup trop propre et pas assez
puissant pour réellement dégager toute l'essence des compos du groupe. Car de l'idée il y en a. enfin de l'ide,
dions plutôt une certaine continuité dans ce qu'ont pu faire les grands Asphyx, Morbid Angel, voire Dismember
par moment (le nom du groupe ets d'ailleurs tirté d'un morceau des suèdois). L'ensemble sonne du coup super
mou, alors qu'on sent un fort potentiel pour sortir une ambiance bien nécro "as hell"... Quelques leads
inspirées (voire même gros gros solos), des riffs classiques, un batteur un peu poussif, un chant commun,
Deathevokation me laisse bien mitigé au final. A réécouter avec un son adapté au style, je suis sûr que cela
pourra se montrer bien plus intéressant.
Note : 3/6
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MORPHEUS DESCENDS : Ritual of infinity
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Triste histoire que celle d'X-treem records, label ayant commencé sur les chapeaux de roues avant de
lamentablement s'enfoncer dans une boulimie de signatures toutes plus nazes les unes que les autres...
Histoire de se redorer sûrement, quoi de mieux que de faire son oldy et de rééditer des vieilleries que tout le
monde a oublié ? C'est donc comme ça qu'X-treem a décidé de donner une seconde chance à Morpheus
Descends et ce "The ritual of infinity", qui s'était bien noyé dans la masse de sorties de 92. Le truc, c'est qu'à
l'époque Morpheus Descends c'était déjà super mou et convenu... Imaginez en 2006. Alors ok on retrouve le
son typique de ces années, notamment au niveau des guitares, une certaine ambiance crasse se dégage du
disque, mais franchement... On s'emmerde grave. Pas de surprise, pas de dynamique, Morpheus Descends est
juste mou en fait. Pourtant il y a de l'idée, le groupe travaille ainsi principalement sur des mid tempos
recouverts de gros riff tremolo typiques de l'époque mais sans jamais vraiment trouver la recette qui fera
bouger nos têtes. Alors oui, certaines accélérations sont bien senties et on sent que les gars maîtrisaient le
style, mais une telle incapacité à coller un riff qui tient dans la tête relève quelque part de l'exploit. Même
constat pour les bonus de la démo, avec cependant un petit plus pour le côté Asphyx crado qui se dégage. On
pense ainsi globalement à un Suffocation sous anxiolytiques, tant dans le son que dans le chant, voire un
Cannibal Corpse époque "Butchered" côté riffing, mais finalement on ne retiendra qu'un disque tout à fait
moyen dont l'intérêt d'etre réédité en 2006 s'avère finalement carrément inexistant.
Note : 2/6
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THROBBING GRISTLE : Heathen earth
Chronique réalisée par Trimalcion
"We demonstrate that anyone CAN do anything (...) Our existence is a profound comment on records, music
and the record Industry." Et voilà où le terme de musique industrielle prenait encore sa source avec Throbbing
Gristle : un commentaire, une invective situationniste à l'encontre de la société du spectacle, qui se nourrit de
l'esthétique punk : on ne sait pas jouer de la musique et on le revendique. Cela ne nous empêche pas de
pénétrer l'industrie musicale et de nous en nourrir. "Heathen earth" est le dernier album studio officiel de
Throbbing Gristle à paraître avant le split inévitable (car une continuation aurait été contraire aux principes
jusqu'au-boutistes mis en avant depuis sa création). Sous-titré "The live sound of T.G.", il fut enregistré en
public et en direct par les membres du groupe, dans des conditions quasiment identiques à celle d'un "vrai"
concert, mais sans les impondérables (genre se faire lancer des canettes de bière sur la tête, ça leur arrivait
souvent) et en bénéficiant de quelques avantages techniques du studio. De fait, ce témoignage présente
nettement mieux que le terrible et historique "Second annual report", constitué essentiellement de véritables
captations en live. Bien sûr, et comme annoncé, Cosey Fanni Tutti (pseudonyme ô combien grâcieux qui se
réfère à l'opéra de Mozart "Così fan tutte", faut-il le rappeler) joue toujours de la guitare d'une manière très...
"minimale", Chris Carter n'est pas précisément un virtuose des claviers mais il programme les "rythmes"
(attention), Peter Christopherson ne sait jouer de rien non plus mais il est le bidouilleur et tripatouilleur de
bandes en chef, quant à Genesis P-Orridge, il se fait plus discret en paroles mais tient la basse (si si) et pose en
uniforme nazi sur la pochette intérieure. Seulement voilà... le but des concerts était de tenter l'expérience des
limites et de torturer l'audience présente - et c'est bel et bien sur ce terrifiant "Heathen earth" que la formation y
parvient le mieux - une atmosphère constamment sombre et oppressante ; un sentiment profond et envahissant
d'angoisse : jamais Throbbing Gristle n'aura touché si près du but : la modernité, c'est l'inconnu, et l'inconnu
ne peut susciter que l'effroi. Dommage que le single "Adrenalin", ajouté après coup et paraissant hors-sujet,
suivi de "Subhuman", vienne quelque peu rompre l'ambiance. Mais tout de même, "Heathen earth", c'est la
tristesse ("...can the world be as sad as it seems ?") et la PEUR.
Note : 5/6
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THE SHADOW ORDER : Untold
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Les hérétiques héllènes sont de retour 5 ans après leur premier album "Raise the banners" avec ce second
méfait intitulé "Untold". Entre temps, ils avaient réalisé une partie excellente sur le split cd avec le
catastrophique Grom, ainsi qu'un split ep avec le groupé québecois Akitsa. Ce qui est appréciable avec The
Shadow Order, c'est que le groupe progresse à chaque sortie et sur ce nouvel album, ils ont fait très fort.
Athalwolf de Wolfnacht ayant quitté le groupe, la direction musicale a nettement évolué. Le rendu est moins
brut de décoffrage que "Raise the banners" mais toujours aussi mélodique et surtout beacoup plus carré et
cohérent. Là où auparavant, un bon morceau en cotoyait un moyen, dorénavant, la musique du groupe est
solide, homogène et massive. Pour méchamment généraliser, on pourrait décrire cet album comme un mix de
Burzum (les breaks de "Hark the Beast of Prey", "One road to walk" et de "Untold" y font indéniablement
référence), de Darkthrone et le côté direct et aggressif d'un Thesyre. En insérant le disque dans la platine, je
m'attendais plutôt à un The Shadow Order période "Sons of Zeus", raw et mélodique, mais le groupe a su avec
brio conserver ces deux aspects en les combinant avec une aggressivité décuplée et un son massif et bruyant.
Il s'agit sans aucun doute de la meilleure réalisation du groupe, une folie maintenant contrôlée, espérons qu'ils
continueront dans cette voix. Les vocaux éraillés de Pyrron sont toujours à leur avantage et le très prolixe
Aithir martèle ses fûts comme jamais. Cerise sur le gâteau, le groupe nous offre une jolie édition digipack avec
un bon artwork; je trouve par contre dommage que le groupe ait imprimé les paroles en grec alors que les titres
et les vocaux sont en anglais. Ceci dit, on tient là un excellent album diablement efficace dont les écoutes
s'enchaînent sans temps mort et sans se forcer. Indéniablement une réussite.
Note : 4/6
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LIQUID BRIDGE : Cornucopia
Chronique réalisée par Phaedream
Même si Liquid Bridge est un nouveau groupe de MÉ, il n’en n’est rien. Le duo travaille ensemble depuis 1985,
et ça se sent lorsqu nous écoutons Cornucopia. Une œuvre mature, qui embrasse plusieurs styles, sous une
influence de TD, Vangelis et Jarre.
C’est avec une douceur qui foisonne le New Age que les premières notes de A Cold Guinea se font entendre. Le
rythme progresse avec légèreté, entouré de bruits ambiants spatiaux.
La pièce titre se veut la pièce de résistance. Longue de près de 50 minutes, elle est interrompue de plusieurs
passages ambiants, visant à en modifier la séquence de base. On entend de tout sur des rythmes cassants, à la
fois ambiant, groovy et jazzé ou légèrement cadencé. Des orchestrations de violon, des sons de flûte, de
guitare, de saxophone, bref une panoplie d’instruments qui viennent et se perdent sur une longue procession.
J’aime bien les dernières minutes où le rythme est plus nerveux et soutenu. C’est bon, c’est une longue pièce
qui a ses faiblesses. Je crois que ça aurait été plus réussi si la ligne séquentielle aurait été en mode mutation
progressive. De cette façon, les passages à vide passeraient mieux. Bon, c’est mon humble opinion.
Andalucian Plain est tout à fait réussi. Le séquenceur est sombre et modifie subtilement sa course sur un beau
jeu de synthé. Le rythme est soutenu et l’ambiance est autant spatiale qu’atmosphérique.
Pour plusieurs Liquid Bridge est la révélation de 2005. La découverte! J’irais pas jusqu’à appuyer ses énoncés.
J’ai trouvé Cornucopia bon, honnête. Un bon cd qui comprend quelques longueurs et qui se perd dans les
différents styles qu’il emprunte. Un bon premier cd qui laisse entrevoir de bonnes choses.
Note : 4/6
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SPIRITUS MORTIS : Fallen
Chronique réalisée par Yog Sothoth
Idée reçue n°1 : Les Doomsters sont lents.(formé en 1987, Spiritus mortis aura quand même mis la bagatelle de
14 années à dénicher son premier contrat avec le label Rage of Achilles, après avoir réalisé une bonne dizaine
de démos). Idée reçue n°2 : Les Doomsters ont la poisse (le label susnommé stoppera ses activités peu de
temps après la sortie du premier album éponyme du groupe). Idée reçue n°3 : Les Doomsters DOIVENT être
influencés par Black sabbath (et évidemment, les gars de Spiritus mortis sont très influencés par Black
sabbath, pouvait-il en être autrement ?)… Bref, je pourrais en aligner des chapelets de clichés pour boucler
cette chronique, mais ça ne serait vraiment pas rendre justice au groupe. La guigne semble les avoir enfin un
peu lâché, et les finlandais (idée reçue n°4 : Les bons Doomsters sont finlandais) sortent aujourd’hui leur
second album, toujours dans une veine Doom traditionnel teinté de Rock 70s et de Heavy Metal. On peut
supposer que le style du groupe n’a pas changé depuis l’époque des démos, dont la plupart des titres sont
tirés, et ne changera probablement jamais. Et tant mieux quelque part, ces gars là ont bossé leur truc
suffisamment longtemps pour être en mesure de pondre des titres simples et directs, dotés d’une production
merveilleusement old school qui met en valeur des riffs plutôt efficaces, dont certains rappelleront
immanquablement les grands classiques du genre (idée reçue… hum… ok j’arrête). La seule touche
d’originalité est apportée par l’ajout sur certains titres d’un orgue qui donne un petit coté Deep purple pas
désagréable. Pour clôturer le tout, le groupe nous offre une ballade sobrement intitulé « Goodbye », assez
horriblement kitsch pour aller faire concurrence à l’atroce « Voice in the wind » des américains de While heaven
wept. Un second disque correct donc, avec lequel les fans de Doom trad ou de Heavy « à l’ancienne » devraient
trouver leur compte.
Note : 4/6
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REVENANT : The burning ground
Chronique réalisée par pokemonslaughter
DEmigod, Morphesu Descends, Revenant, X-treem music se fait archiviste ? Si cette initiative était très
judicieuse pour Demigod, elle l'est beaucoup moins pour Morphesu Descends, et également pour Revenant. Je
m'entends bien : musicalement Revenant est à des lieues au dessus de Morpheus Descends, mais l'intérêt de
cette compil' me semble lui aussi bien limité. Pour les profanes, Revenant fait partie de cette première vague de
groupes de death, et comptait en se srang un certain john Mc Entee (Incantation). Le style est plus technique
que la moyenne tout en restant éloigné d'un Suffocation par exemple. non, ici on peut penser à une sorte d
ecopulation entre du Pestilence ("Testimony.."), du vieux Morbid Angel, et un ffeling proche d'un Atheist/Cynic
dans le fond. Car sur la forme, mis de côté la basse qui va jouer seule par moment ou ces rythmiques
décharnées, l'ensemble reste relativement facile d'accès malgré ce premier abord un peu rebutant. M'enfin, s'il
fallait chroniquer Revenant la note serait tout autre, car le groupe a du talent, non ici il faut nuancer et
chroniquer "The burning ground". Pourquoi cette précision ? Et bien parce qu'il ne s'agit pas d'un album, mais
d'une "compile de raretés". La bonne blague, faudra me citer les fois où ça a été intéressant ce genre de trucs.
Peut-être dans ce cas là c'est vrai, si on tombe sur un fan de Revenant (ils ne doivent pas courrir les rues). "The
burning ground" contient donc deux Eps ainsi que l'intégralité des démos plus deux inédits. On peut ici voir
nettement l'évolution d'un death metal assez classique, parfois original (le chant notamment, entre un Cadaver
et Pestilence), vers un techno death plus furieux mais pas forcément ultra accrocheur. Certains diront que
Revenant n'a jamais eu la reconnaissance qu'il méritait, je crois surtout que Revenant n'a jamais été un groupe
exceptionnel tout simplement. Cette réédition n'a pour but que d'aguicher les "nouveaux" fans d'old school, car
malgré sa qualité musicale tout à fait correcte, je ne vois pas trop (à part les pigeons sus nommés) qui irait
acheter ce disque.
Note : 3/6
Page 138/249
BLACK BLEEDING : The awakening
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Toujours aussi fin le Gab, le voilà qui nous déterre une formation de black/death dont je n'avais encore jusque
là jamais entendu parler. Ma foi, je le savais déjà, mais on n'entend pas toujours parler des meilleurs groupes.
Dans le genre "puissant" Black Bleeding n'est pas le dernier de la file ! Officiant dans un style proche d'un
Belphegor, voire quelques pointes de old Arkhon Infaustus, Black Bleeding joue la carte du gros mélange black
et death metal. Black par ces riffs qui respirent les accords démoniques, ces ambiances sentant le souffre ;
Death par cette approche très brutale, ces breaks typiques du genre qui "cassent" une dynamique et ce chant
pas si éloigné d'un Immolation par moment. De sacrées références donc. Oui mais un groupe qui se contente
simplement de proposer un produit bien fait, qui procure un bon défouloir lors des premières écoutes mais qui
en contrepartie s'apprend vite et demeure sans surprises... Une succession de riffs tous efficaces mais déjà
entendus. Le riff d'entrée de "The sleeper has awakened" déjà entendu sur le dernier Mephistopheles, ceux de
"Proxima centauri" qui me rappellent immédiatement Blood Red Throne... "Demonic quantum" s'en sort un peu
mieux, mais emprunte toujours ses accords ce coup-ci dans la scène black suèdoise... Alors en même temps,
cette pratique est courant, mais cette fois ci, le manque d'ambiance souligne ce manque de personnalité. Et ce
n'est pas la très clichée outro sous forme de nappes de claviers ambiantes qui va changer grand chose... Black
Bleeding ? Un groupe de black/death cool, simple et défoulant, sans plus. Les amateurs de Belphegor et autres
hybridations "evil" death/black devraient apprécier. Gros 3...
Note : 3/6
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BOMB SCARE CREW : Reign of the sharks
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Le crew est de retour et c'est pour vous laminer la gueule ! Ahah désolé j'ai pas trouvé mieux comme
introduction... Bomb Scare Crew, souvenez-vous en était un petit groupe de metalcore de villeurbanne dont la
chronique en ces pages n'avait pas suscité grand chose si ce n'est l'indifférence... Avec cet album autoproduit
et distribué sur musicast (corrigez si je me trompe), BSC passe au cran supérieur. Le son tout d'abord prend un
sérieux lifting, produit par le type d eKalisia, celui-ci a évité les clichés metalcore traditionnels et a opté pour
quelque chose de plus personnel, acoustique et original. Je ne vais pas chercher à savoir si cela était
volontaire ou non, soulignons simplement que cette prod' demeure un atout certain. Et oui, il arrive que le son
soit important aussi, messieurs les intégristes, surtout quand on compare les morceaux issus de la démo avec
leur sversions sur l'album : c'est... mieux. Mais ces compos alors ? Et bien elles ont gagné en dynamisme, en
accroche et en richesse; On ne tient pas là le groupe ultime du genre, mais BSC a nettement progressé dans
son songwriting. L'album tout d'abord, qui ne lasse pas sur sa globalité. Les morceaux se suivent sans trop se
ressembler, les breaks mélodiques tombent bien, le chant fait tout les efforts possibles pour masquer son
manque manifeste de puissance et d'originalité. Le groupe bourré de bonnes intentions en somme. quelques
harmonies rappellant immédiatement la scène metal suèdoise actuelle, des mosh parts classiques mais qui
doivent se montrer redoutables dans la fosse, BSC a su composer un disque dans son intégralité, et ça, ce
n'est pas rien. Je vous avoue être surpris par cette galette ne vérité. Sans me transcender ou posséder de gros
moments phares, "Reign of the sharks" a su me réconcilier avec ce melange metal et hardcore, plutôt
"mainstream" dans l'approche (on évolue ici en terrain très connu, plutot américain dans l'esprit), et ça aussi,
ce n'est pas rien... Sympathique disque, belle progression tant dans le son, le dynamisme ou la composition
depuis la démo.
Note : 4/6
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BAXTERS : Insanity and illusion
Chronique réalisée par Saïmone
En voilà une démo qu'elle est pas dégeu ! On assiste depuis quelques temps à un revival du rock noisy, avec
les inusables Sleepers, le nouvel Unsane, Gravity slaves, Tantrum et tout leurs amis. C'est clairement dans
cette scène qu'on peut classer Baxters, le rythme super binaire et le son harsh des guitares façon rasoir à
granule ne trompent pas. Baxters lorgne néanmoins plus du côté de Sleepers que d'Unsane (à mon plus grand
désarroi il est vrai), privilégiant la mélodie (et ce même dans les lignes de chant, rocailleux mais modulé) à
l'attaque frontale façon Caterpillar dans ta gueule de petite merde sale pute. La basse est énorme, vous n'avez
pas besoin de moi pour le savoir, et les riffs se partagent arpèges crade et power chords de manière très
efficace et inspirée. Reste que le tout manque un peu de personnalité et de puissance, malgré un son aux petits
oignons: on a plutôt l'impression d'écouter de la pop ultra couillu qu'un véritable disque de noise, malgré les
efforts des musiciens. Allez les gars, arrêtez de jouer les gentils, nous on veut une branlée à coups de coudes
où les morsures sont autorisées, on aime tellement ça.
Note : 4/6
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BLIND MYSELF : Worst-case scenario
Chronique réalisée par Saïmone
Passons maintenant à Blind Myself, qui réussit l'exploit de faire un (petit) peu mieux que Shagrath. Même si le
style n'est pas très éloigné (metalcore, en gros), Blind Myself insuffle suffisamment de mélodies et d'esprit rock
à de son "metal" pour qu'on ne s'en lasse pas trop vite aka 3 ou 4 morceaux.. Riffs souvent insignifiants, une
voix claire à pleurer, une voix hurlée relativement agréable et une patate à demi-chaude, Blind Myself ne
manquera pas d'évoquer un mauvais Pearl Jam metallisé voir pourquoi pas un Hatebreed rockisant… oui, la
comparaison peut paraître saugrenue, mais c'est le premier nom qui me vient en tête au son de ces rythmes
moshisant pourtant sans puissance. Un album relativement inspiré mais sans saveur, qui pêche par une
absence totale de personnalité et de conviction: probablement que les musiciens eux-même n'y croient pas…
alors pourquoi perdre son temps ?
Note : 2/6
Page 142/249
SHARGATH : Memento finis
Chronique réalisée par Saïmone
L'autre fois, poky est venu me remonter les bretelles car j'avais oublié de chroniquer 2 promos, Shagrath et
Blind Myself, que j'avais foutu dans un coin poussiéreux pour les effacer de ma mémoire quelques minutes
plus tard, l'insignifiance de leurs musiques n'y étant certainement pas pour rien. A l'heure de rendre des
comptes aux labels qui nous ont envoyés ces deux galettes, je réécoute Shagrath, et je découvre quoi ? Un
power metal lorgnant vers le neo metal voir le metalcore. Non, ne riez pas, il y en a qui aime ! Mais pas moi.
Alors plutôt que de vomir de manière subjective et oesophagique sur cette petite rondelle à la magnifique
pochette, je me cantonnerais à une simple description musicale accompagnée de calembour. La musique du
groupe est donc ultra binaire (nique ta mère), les guitares ne connaissent que 2/3 notes bien hachées (poil au
nez), la voix essaye du Phil Anselmo et se retrouve à faire goret d'étable (inoubliable) en période de chasse aux
champignons (tête de con), alors que la production évoque ces groupes de neo des 90's type Kilgore (tête de
mort). A oublier très vite (tu pues d'la b…).
Note : 1/6
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THE FANTASTIKOL HOLE : Mathematikol oil
Chronique réalisée par Saïmone
Quand on voit la gueule du promo sheet délivré par le groupe, on a vraiment envie de se marrer. C'est une
véritable orgie de références à laquelle on assiste, sur pas moins que la moitié du papier ! Et tenez vous bien,
pas n'importe qui: Voivod, Napalm Death, Autechre, Pig Destroyer, Ruins, Plastikman, Today is the day,
Motorhead, Slayer, The Locust, Fugazi, Meathook Seed, Blood from the soul, Nasum, Clossamite, Death,
Brutality, Arab on radar, Coroner, Zeni Geva, Pansonic, Tekken, Brutal Truth, Pierre Henri, Boulez, Converge,
Agoraphobic nosebleed, Daughters, Shall not Kill, Entombed, The Meteors, Pugent Stench, Dismember, Mouse
on mars, Iron Maiden, Tin RP, Asterisk, Dazzling Killmen, Oi Polloi, Godflesh, Enslaved, Malevolent Creation,
Berg sans Nipple, Xenakis, Atari Teenage Riot, Les Thugs, Carcass, Spiritualized, Pole, Naked City, Monster
Magnet, Blood Brothers, Nuclear Assault, Disharmonic Orchestra, "O", Ground Zero, Celtic Frost, Bolt Thrower,
Gorge Trio, Alva Noto, Devo, Discordance Axis... (on reprend son souffle). Autant de noms exhibés comme ça,
le résultat ne peut qu'être prétentieux et totalement pourri. Déjà, le nom du disque… Et bingo mon salaud, voilà
de la merde bien verte de pourriture faite avec mon cul si seulement il avait quelques doigts pour tritouiller le
caca qui déborde. Les mecs ils sont terrifiants, ils font - en gros - du chaotic hardcore qui se veut metal, se
réclament expérimentaux (rire) et "freaky". Bon, vous commencez à m'connaître, on me la fait pas à moi. Alors
bon, certains riffs sont plutôt bien vu - même si le son direct-to-pc, pas si mauvais, ne joue pas en leurs
faveurs, mais bordel de dieu, c'est quoi cette boite à rythme au son pourri et complètement mal programmée ?
Du gros n'importe quoi rythmique, même pas carré, des trucs ultra rapides insignifiants tellement impuissants.
Mettez-y par-dessus des voix hurlées, criardes ou growlisante, au choix, et voilà… Le genre d'album qui prend
autant de temps à confectionner qu'à écouter. Un truc bâclé loin d'être à la hauteur de sa prétention. Et dire
qu'un des gars joue dans Still Volk, c'est à n'y rien comprendre… Je ne mets même pas 2 pour la volonté. A se
demander ce qui est passé par la tête de basement apes… Coup de gueule.
Note : 1/6
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UNDER EDEN : The savage circle
Chronique réalisée par Saïmone
Promo shit au pilori, n-ième épisode. Cette fois, c'est du ricain. Dans le livret, c'est marqué Death-metalcore,
avec une production "à la Hatebreed". Yeah. Metalcore, ça, Under Eden l'est, mais il est original dans la mesure
il remplace les voix criardes hardcore ultra convenues par des growl death ultra convenus. Ça nous fait une
belle jambe de bois à marcher dans la merde ça. Mais pas du pied gauche hein, ça porte malheur. Donc le
metalcore, on pourrait en parler des heures… ya de bonnes idées, de bons riffs, des fois ça mouline sec - le 2e
titre, vraiment puissant, mais d'autres fois, ça patauge sec - le titre d'après, soit le 3e: la voix grasse est
totalement décalé avec les effets mid-tempo heavy qui rame à s'élever et à groover, et ne parlons pas de ce solo
aux confins du ridicule technique. Mais ce que je préfère, c'est la voix claire, à mourir de rire: le mec il se croit
lyrique, il aurait pu passer à nouvelle star il serait dans les inoubliables… on est loin d'un Christophe ou d'un
Gael ! Bref, passez à côté de ce truc reviens à s'endormir alors qu'on a ramené le plus gros boudin de la boite
de nuit chez soi: on ne loupe rien…
Note : 2/6
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MASTIC SCUM : Mind
Chronique réalisée par Saïmone
Il y a différentes façon de parler du metalcore: soit on peut se moquer du look des musiciens, dreadlooks et
tatouages, piercings, casquettes; soit on se moque des paroles du livret, qui se vautrent dans des clichés metal
que même le plus pourris des groupes de death gore n'oserait pas (citons "violate witch flowers", "to hell with
good intentions", "devil inside", j'en passe); soit on parle de la production énorme, artificielle, qui ne sert qu'à
masquer l'absence totale d'inspiration et de technique chez les musiciens; soit on laisse parler simplement la
note et on passe à autre chose. Merci, au revoir.
Note : 2/6
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THE FINAL SIGH : If you're not part of the solution, you're part of the problem
Chronique réalisée par Saïmone
On rigole une dernière fois avec The Final Sigh qui prétend jouer du "jazz-metal parsemé de moments épic et
post-hardcore chaotique". Hum, oui, pourquoi pas, de toute façon, avec un titre aussi pompeux... Mais la
première écoute ferait plutôt penser à du metalcore couplé à du sikth, pour la pseudo-technique des musiciens
(mathcore ? faites moi rire !) et cette voix criarde insupportable de niaiserie anticouillue au possible. Vous
connaissez mon avis sur le metalcore, je ne m'attarderais donc pas sur ces voix claires à vomir de honte et de
ridicule, ces mélodies téléphonées et ce gros son qui camoufle bien le désastre. Tiens, ça me fait penser à une
blague: c'est un mec qui pue de la gueule (type Nicko), qui essaye de draguer une nana (type Poky), le tout
armé d'une petite bite (type Saïmone) et qui prend tout un tas de bo249ons Lavogienne pour son haleine (type
Proggy); et la nana de lui dire: "Tu trouves pas que ça pue ? On dirait que y'a une merde derrière un sapin".
Note : 2/6
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ANTIGEN SHIFT : The way of the north
Chronique réalisée par Marco
Après s'être lancé dans l'aventure électronique en s'inspirant de son compatriote de Iszoloscope ou en flirtant
avec les arrangements plus subtil de Detritus le canadien Nick Thériault déboule avec son deuxième album et
fait les honneurs de Ad Noiseam. Abandonnées les séquences agressives pures et dures, l'industriel est remisé
à de rares exceptions près et le canadien s'attache ici à décrire des régions nordiques de manière plus posée et
onirique. Le travail des nappes, très aériennes, les rythmiques alliant trip-hop et electro-dub ('Verglas', 'Black
ocean burial') et des séquences en constant renouvellement (le superbe 'Tundra') offrent une vision nouvelle
d'Antigen Shift, plus 'mature' oserai-je. Les morceaux les plus dansants comme 'Peacekeeper' ou 'Refuge'
conservent une teneur 'downtempo' qui permet aux ambiances de s'exprimer sans être étouffées par les seules
structures rythmiques et le tout se développe dans une limpidité et une accroche des plus efficaces. La
production à la hauteur des ambitions de l'album est tout aussi claire et exacerbe plus que par le passé
l'énergie d'Antigen Shift notamment sur le délirant 'Toppling drunk...'. Au regard de tous ces éléments on en
appréciera encore plus la présence constante de mélodies en tant que tel et non comme de simples faire-valoir,
et ce jusqu'au 'Fimbul winter' final. Dans un genre en constante évolution mais aussi fourmillant de clones voilà
un album qui place désormais Antigen Shift sur le haut du panier.
Note : 5/6
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KONAU : Speech from the shadows
Chronique réalisée par Marco
En attendant le prochain album de New Risen Throne (sur un label de renom) vous pouvez sans hésitation vous
précipiter sur celui de Konau, projet commun de Subinterior et New Risen Throne. Pas de surprise sur un
éventuel changement de style certes, mais un aboutissement sonore évident pour les italiens qui réussissent
ici le tour de force de réunir leur propre vision de la dark-ambient en y ajoutant un soupçon d'industriel façon
Inade ('Repentance') ou Raison d'Être dernière époque ('Deep'). Un son pesant, les basses très présentes se
fondent dans les nappes en un amalgame compact d'où émerge des élans mystiques à l'impact indéniable.
Chaque titre se suffit à lui-même mais se veut la continuité du précédent, dans l'esprit des anciens travaux de
Lustmord comme 'Heresy' ou 'The place where the black stars hang'. Konau a le mérite de s'éloigner du tout
NRT ou du tout Subinterior, confrontant les deux univers avec une intelligence et une subtilité qui servent on ne
peut mieux ce superbe album. Attention, contenu hautement dépressif !
Note : 5/6
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I.O.S.T. : Greetings from tchernobyl
Chronique réalisée par Saïmone
L'exercice promotionnel du chroniqueur est à double tranchant… Combien de daubes faut-il s'envoyer avant de
tomber sur une perle ? Je vous le demande, hein, vu l'assommante quantité de purin qui s'entasse gentiment
près de mon ordinateur, attendant mes vannes qui tapent en dessous de la ceinture en écoutant à peine plus de
la moitié du disque sous peine de faire une crise d'angoisse tellement l'exercice est justement insupportable.
Heureusement, IOST ne se trouve pas dans la première catégorie… mais ne se trouve pas non plus dans la
deuxième. Ni mauvais, ni génial, le grind de IOST trouve du sens à sa vie grâce à un deathgrind efficace mais
trop linéaire. Les blasts sont ultra rapides, les riffs sont deathisants à souhait, et les vocaux, partagés entre un
gaillard et une faible femme, sont plutôt bons quoique manquant singulièrement de folie - notamment cette
faible femme qui est, j'en suis sûr, capable de faire bien pire. Le fait que je ne sois pas fan de deathgrind malgré l'humour, qui pour une fois m'a fait rire - n'est certainement pas étranger à ma note, mais vous me
connaissez, le grind et moi, c'est une vieille histoire, et je suis intraitable, autant que dans le choix de mes
lunettes. Vous reprendrez bien un peu de tripes de porcs sous cellophanes ?
Note : 3/6
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SLIT : Cronaca nera
Chronique réalisée par Saïmone
Rien qu'à voir la backcover du skeud, avec les mecs aux gros bras tatoués, on sait que Slit ne va pas faire dans
la dentelle. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça dérouille sec niveau cervicale. D'obédience volontiers
Hatebreedienne (le gros son qui latte, la double grosse qui mouline), Slit défonce la nuque niveau riffs qui ne
sont pas moins que des tueries thrash mid-tempo que n'aurait pas refusé un old Sepultura ralenti (carrément
ouais) voir même un The Haunted pour les trips les plus mélodiques - rares, je vous rassure. Le tout mosh
méchamment ("7even demons" est assez incroyable dans le style), parfois viens poindre une pointe de death
(blasts, fast picking) dans ce magma hardcore incandescent à la rythmique implacable - une tuerie en concert,
pour sûr. Dommage que cette voix gâche un peu la dynamique de l'ensemble, aussi bien dans le rayon criard
où elle se fait trop gentillette, que dans le rayon grave où elle manque singulièrement de puissance et de
charisme. Reste que prendre une petite claque par un groupe qui évolue dans un style qui ne pardonne pas la
médiocrité, c'est tellement jouissif que je ne peux que vous encouragez à jeter vos biceps et vos marcels dans
cette galette pleine de sueur.
Note : 4/6
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UPHILL BATTLE : Blurred 1999-2004
Chronique réalisée par Saïmone
Uphill Battle, si vous êtes crêtus, si vous avez des pattes de 15 cm ou si vous aimez le vomi de bière, vous
devez connaître, sinon c'est que vous avez passé les 5 dernières années à lécher les croûtes de votre
grand-mère à l'hôpital. Uphill Battle, c'est le groupe de crust le plus taré apparu depuis… bien longtemps. Voix
de bûcheron, riffs punk, batterie survoltée qui sait blaster quand il faut, Uphil Battle c'est ça mais pas
seulement: nos californiens se permettent des balades en territoires hardcore décomplexé mais complexe (à
coups de syncopes et de fast picking dans tout les sens), et même des trahisons avec des arpèges en son clair
ici et là… Du grind-punk intello en quelque sorte, une crête avec des grosses lunettes carrées… "Blurred", c'est
une compil' d'unreleased, de démos et autre raretés de splits obscurs pour la première fois réunis sur le même
CD. Et même si ça s'étale sur une période de 5 ans, les différences entre les titres de 1999 et 2004 sont
extrêmement minime, sauf peut être en terme de production, plus énorme au fil du temps. Parce que bon, on
parle de crust grind ici, pas la peine de vous faire un dessin. On en prend plein la gueule pendant 50 min et on
dit merci… Merci.
Note : 5/6
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YOG : Grindcore deluxe
Chronique réalisée par Saïmone
Vous vous souvenez, je vous parlais des promos qu'on recevait, les daubes, les perles… Si Yog se trouve bien
quelque part, c'est dans cette dernière catégorie. Leur grind est tout simplement surpuissant ! Oeuvrant dans
une veine que je qualifierais de psychologiquement instable, les p'tits gars de Yog (un nom à faire du doom ça)
nous offrent une seconde démo digne du meilleur Kinder Surprise. Technique mais pas trop (comprendre "ne
joue pas du chaotic machin"), complexe mais pas trop (comprendre "technique mais pas chiant"), relativement
varié (comprendre "joue du grind mais sait varier les plaisirs"), cette démo figure en bonne place dans mon top
5 démo 2005. Voyez plutôt: une voix hurlée criarde suffisamment grave pour être excellente et donc pleine de
personnalité, une batterie qui claque sec (des blasts quasiment sonique), des gros riffs qui groovent, tour à
tour punk, hardcore, thrashy (ouais !) et, pour ne rien gâcher, une production au poil, un peu propre mais qui a
le mérite d'être très audible… Que demander de plus ? Un LP qui soit dans la même veine que les deux
premiers titres complètement ahurissant ? Allez, faites moi plaisir…
Note : 5/6
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SHOEMAKER LEVY 9 : Pantheon
Chronique réalisée par Saïmone
Shoemaker Levy 9, en dehors de son nom à coucher dehors, est un putain de groupe de chaotic hardcore metal
sa race, ce qui, par les temps qui courent, n'est pas mince affaire. Non pas que Shoemaker Levy 9 soit plus fou,
plus technique, plus syncopés ou plus ridicule que ses confrères Psyopus, Red Chord, The End et j'en passe.
Non, Shoemaker n'apporte rien au schmilblick des 450 plans par morceaux, des dissonances désormais
classiques, des interludes jazzy, vous connaissez la chanson. Shoemaker est juste simplement excellent dans
toutes ces catégories: techniques sans trop en faire, dissonances bien senties, douce folie au niveau des
blasts, voix hurlée hystérique, Shoemaker est a priori un bon groupe de chaotic machin. Là où il devient
excellent, c'est dans cette puissance qu'il contient, cette intensité qu'il maintien, comme dans ce premier album
d'Ion Dissonance: ça pue l'authenticité (malgré le concept de l'album qu'on qualifiera de pompeux, mais ça fait
partie du folklore, que voulez vous…) jusque dans ce son, incroyablement puissant, mais suffisamment harsh
pour qu'on y croit. C'est bien simple, il s'agit de ma seule claque chaotic truc depuis… allons-y carrément
ouais: Ion Dissonance. Vous êtes prévenu.
Note : 5/6
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SUMMONING : Oath bound
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Ca faisait un bail qu'on l'attendait celui-là, il est enfin arrivé et c'est une satisfaction, c'est le moins qu'on puisse
dire. Cinq ans après leur deniere album "Let mortal heroes sing your fame" et trois ans après un mini cd de
deux titres "Lost tales", ce "Oath bound" arrive à point nommé. Le groupe nous ramène les guitares pour un
album comparable à un mélange entre "Stronghold" et "Let mortal heroes sing your fame". Laissez vous
gagner par 70 minutes de musique onirique et épique pleine d'émotions. Le disque débute sur "Bauglir", une
intro réussie, véritable marque de fabrique du groupe, claviers grandiloquents, percussions et passage parlé
sombre. A noter la belle fin, une sorte de marche guerrière reprise par des uruk-hai belliqueux. "Across the
streaming tide" est du Summoning pur et dur: orchestrations présentes tout au long du morceau, guitares en
toile de fond, éructations distantes et ambiancées, percussions tribales au service d'une pièce de 10 minutes
excellente. Le troisième morceau du disque est mon coup de coeur (avec le morceau épilogue): "Mirdautas
Vras". Ce qui rend ce titre particulier à mes yeux est l'utilisation des voix et les effets ajoutés, on se croirait sur
un champ de bataille aux côtés d'orques mourants tentant un dernier coup d'éclat fatal. Ces effets bestiaux
sont la parfaite continuation des vocaux de Silenius sur ce morceau sans guitare similaire à ce que le groupe
fait sur "Let mortal heroes sing your fame". Le riff de guitare qui entame "Might and glory" fait de suite penser à
Stronghold, conclut sur des choeurs puissants et des croassements de corbeau. "Beleriand" sonne vraiment
vieux Summoning période "Dol Guldur", notamment avec les vocaux occultes et profonds de Silenius et une
ambiance médiévale de toute beauté. "Northward" débute sur une intro percussions-piano réussie et se met en
place doucement mais tranquillement: un titre calme et évocateur avec une nouvelle fois une belle performance
de Silenius au chant et une ambiance où plusieurs pistes se mélangent dans une alchimie parfaite et délicate.
"Menegroth" introduit quelques passages à la harpe bien placés (bien entendu, la majorité des bruits et
sonorités dans Summoning sont réalisés au clavier) dans un titre grandiloquent. Enfin arrive l'épilogue subtil et
monstrueux qu'est "Land of the dead", 12 minutes en guise de coup de grâce: une intro typiquement
Summoning aux claviers doux et féériques, l'arrivée des percussions et de ces riffs éthérés, ultra mélodiques,
presque lointains. Petite mélodie à la flûte, passages atmosphériques, une incroyable mélancolie se dégage de
cette pièce. Cerise sur le gâteau avec ces choeurs magnifiques, épitaphe au guerrier mort et s'envolant vers
d'autres cieux. Un morceau superbe, tout simplement. Summoning aura eu raison de nous faire attendre car ce
"Oath bound' est en tout point excellent. La bande son parfaite pour une ballade en forêt, une authentique
échappatoire hors de cette réalité puante. Qu'on se le dise.
Note : 5/6
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WAREHOUSE 99 PROJECT : Social leper's club
Chronique réalisée par Saïmone
Quand la bio d'un groupe annonce Captain Beefheart, Jesus Lizard, Black Flag, Melvins ou Fugazi, le
chroniqueur prend peur. Qu'est-ce qu'on essaye de me faire bouffer encore ? Dès la 2e piste en route, on
commence à gentiment à headbanguer, la grosse rythmique binaire Shellacienne aura tôt fait d'écraser ta sale
gueule de fan d'indie rock sur la moquette de ta chambre d'étudiant payé par tes parents. Et god que ça fait du
bien. "Das ist gut" qu'ils disent. Même cette intro au banjo sur le titre d'après ("my name is sam") fait du bien moi qui déteste cette instrument: la mélodie est tout simplement imparable, reprise à la guitare électrique puis à
la bouche par la délicieuse Karine Larivet, tandis que l'horrible Alderman, mélange vocal improbable entre Buzz
Osbourne et le mec des Jesus Lizard, déblate quelques paroles complètement fun. "Cheapskate" voit un orgue
défoncé faire le mariolle sur fond de rythmique Gang of Fourienne qui aurait enculé une mouche sur du papier
glacé. Citons "Filthmouth" et son intro hilarante, clin d'oeil à la musique répétitive type Riley / Glass qui dévie
sur une orgie mélodique complètement imparable (pour la 2e fois ouais). Je vous ai parlé de "Cult Hero" ? Trip
punk avec la faible femme du groupe au micro, complètement sexuel et Black Flagien ? Ou alors "Social leper's
club" et sa clarinette déglinguée qui couine sur ce rythme lancinant ultra répétitif, qui ne serait pas sans
rappeler un certain Captain Beefheart tiens… ? Bon, je vais pas vous faire tout les titres un par un, vous auriez
compris qu'on tient là une véritable tuerie rock alternatif indé je sais pas quoi, éclectique à souhait, dont
l'ambition n'est certainement pas de révolutionner le monde du rock mais d'être fun jusqu'à l'étouffement, une
perle de sueur sous les aisselles et le t-shirt "fuck Franz Ferdinand" qui va avec. En bonus, vous pourrez
appuyer sur la touche replay, l'album étant fait pour que le dernier titre s'enchaîne avec le premier… C'est t'y
pas beau ça hein ? Et pour une fois que la bio ne dit pas de connerie, sortez les doigts de vot' cul et achetez ce
disque foutre dieu ! ROCK YOUR COCK !
Note : 5/6
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ELECTRIC MASADA : At The Mountains Of Madness
Chronique réalisée par Saïmone
Quand j'ai vu sur le site Tzadik que John Zorn préparait un double album live (à Moscou et à Ljubljana)
d'Electric Masada, imaginez un peu mon excitation, le live d'Electric Masada à New York pour les 50 balais du
bonhomme faisant partie de mes 5 albums coup de cœur de 2004... Quand j'ai pu ouïr ce double album, ma
déception fut double: d'abord parce qu'il ne s'agit que des mêmes titres que sur le premier live (à 2 ou 3
exceptions près) et qu'il s'agit également des mêmes titres sur chacun des 2 CD (à 2 ou 3 exceptions près)…
Foutage de gueule ? Certainement. Alors bon, je suis partagé… entre la qualité de cette double rondelle qui est
d'un niveau saisissant, et l'absence totale de nouveauté et d'innovation par rapport au live précédent… le fait
qu'il ait été enregistré à 2 endroits différents ne change absolument rien, ni aux sons, ni à la production, ni aux
impros, celles-ci se cantonnant aux mêmes gimmicks, renversants certes, mais pour l'originalité on
repassera… Je ne vous ferais certes pas l'affront de recopier la chronique de chris pour vous dire qu'on assiste
là une sorte de mélange entre les mélodies de Masada, la furie de Naked City et les impros type Game Piece, et
que le tout est particulièrement jouissif, excitant, délirant, survolté et complètement indispensable; non, mon
travail de chroniqueur est aussi d'être critique sur les démarches commerciales des labels, et nous sommes en
présence ici d'un bel effeuillage du porte-monnaie, car comment ne pas se ruer sur un tel disque au vu de la
qualité de son prédécesseur ? Un disque à boycotter (car inutile dans l'absolu, et atrocement cher), mais
indispensable… Je mets quoi comme note maintenant ?
Note : 4/6
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KAYO DOT : Dowsing anemone with copper tongue
Chronique réalisée par Saïmone
Kayo Dot (et à fortiori Toby Driver) est un paquet cadeau musical: il enrobe les jours tristes de Noël, sans qu'on
sache vraiment ce qui se cache sous le carton. "Downsing anemone with copper tongue" est à ce titre une vraie
fausse surprise... Le changement dans la continuité. L'oxygène de ce monde onirique reste le même, mais les
paysages arc-en-cielliste pleins de couleurs et de déformations déliriumesque laissent placent à des nuages
gris, uni, quasi monochromique. Moins accessible que "Choirs of the eye", moins délirant, moins metal, moins
Jeff Buckley, plus jazzy, plus sombre, plus labyrinthique, mais aussi plus contemporain dans son acception
presque arrogante du terme, tant les dissonances, les structures alambiquées et les schémas répétitifs
évoquent la musique atonale et minimaliste si chère à notre Trimalcion national, le dernier Kayo Dot n'en
demeure pas moins une fabuleuse pépite sculptée comme une orchidée sauvage. La voix polymorphe de Toby
se mêle à un violon omniprésent, qui n'hésite pas à embrasser un piano fortement reverberé, qui se trouve
embarqué dans un complot de cuivre envers cette guitare cristalline et convulsive. La batterie, plutôt discrète,
accompagne de loin la troupe, observe sans frayer de chemins, excepté dans ces moments guerriers où il faut
tout défoncer à coup de barre de fer et de basse distordue…
"Downsing Anemone…" est un album sans réelle surprise, qui s'en révèle néanmoins fascinant et qui se
savoure avec patience. Il prend ainsi l'allure d'un "Eurêka"(Aoyama) musical: un noir et blanc léché et
mélancoliquement jauni comme une vieille photo; une narration errante linéaire mais inattendue, lente, lente,
mais pourtant passionnante; un sentiment de perdition, à chercher du sens, d'avoir été volé, enrobé par les
relents de mort qui rôde… (qu'est-ce qui faut pas faire pour vous inciter à voir ce film !). Un disque lyrique.
Inattendu. Magique.
Note : 5/6
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CARDIACS : Sing to god pt I & II
Chronique réalisée par Saïmone
Progmonster, cherchant n'importe quelle excuse pour ne pas chroniquer et se dorer la pilule sous le soleil de
Belgique, en bon feignant qu'il est, n'a pas chroniqué "Sing to God" des Cardiacs. Honte hérésique et que Dieu
le con-damne à écouter éternellement "Frances the mute" de Mars Volta. Certes, le bougre ne l'avait pas… mais
n'empêche ! On a que ce qu'on mérite n'est-ce pas ? Moi Saïmone, en bon érudit sympathique altruiste
par-dessus le marché, j'ai le droit d'écouter "Sing to god". Pourquoi ? Parce que je suis un fan d"Infinity", le
truc de Devin Townsend, vous savez, le mec à poil… Quel rapport me direz-vous ? Le rapport est simple: "Sing
to God" + psychose maniaco-depressive = Infinity. Oui mesdemoiselles, oui mesdames, oui messieurs, oui
Proggy. Ce disque est une tuerie, la plus folle sans doute dans la carrière déjà longue de nos tachycarde
préféré. C'est bien simple, on trouve déjà toute l'essence et l'allumette d'Infinity ici: l'ambiance comédie
musicale déjantée, les chœurs de nains de noël sous acide, les synthés énorme divin quasi psychédélique, la
défonce à la bûche glacée, la douce folie dégénérée des vocaux (n'hésitant pas à monter très haut pour
s'écraser de plus belle sur un mur de clochettes en chocolat), les cuivres - très présents, le son de guitare
cristallin comme joué dans un aquarium de l'espace, les mélodies qui dressent les cheveux sur la tête par leur
nature chimique type savant fou prit d'une crise onirique façon enfant devant une tonne de sucettes au LSD,
etc… Moins barge néanmoins qu'un Townsend - moins psychotique, moins instables, moins personnel, mais
plus post-punk, plus loufoque, plus rock, plus Zappatesque (les cuivres bon sang !), les Cardiacs réussissent le
tour de force de faire quasiment aussi bien que le Canadien, tout ça quelques années auparavant déjà ! A se
demander si ce dernier ne s'en est pas inspiré pour son fameux album… quoiqu'il en soit, vous ne DEVEZ pas
passer à côté de ce disque, au risque d'être damné (justement) et con et salopard et ainsi vous retrouver à
encenser des trucs comme Etron Fou Leloublan… n'importe quoi j'vous dis…
Note : 6/6
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ORCHID : Chaos is Me / Dance Tonight !
Chronique réalisée par Saïmone
Le Chaos c'est moi… ah ouais carrément ! Certains fans de screamo surfant sur Guts réclamaient du vrai
screamo pur et dur, pas un truc de tarlouze à la Envy où le mec chouine à longueur de disque, non, un truc de
mecs virils qui n'hésitent pas à essayer de se suicider avec brutalité, comme avec un rasoir rouillé ou une
grappe d'hameçon dans la gorge. Bon, bah voilà Orchid les gars, vous connaissez j'imagine ? Pour la petite
histoire, je n'ai découvert ce groupe que très tard, alors que je connaissais déjà son plus grand adversaire et
rival Reversal of Man depuis un bon moment… là n'est pas la question. "Chaos is me", c'est clairement pas à
mettre en toutes les mains. Contenant également la furie "Dance tonight! Revolution Tomorrow", il est peu
probable qu'un jour un groupe aille aussi loin dans ce style. C'est pas compliqué, c'est le truc le plus arraché
que j'ai jamais entendu, et je ne suis pas né de la dernière pluie. Là où Reversal of man évolue dans un registre
plus sombre (bien qu'extrêmement véloce également), Orchid opte pour l'hystérie pure et dure, le déferlement
de hurlement criard à s'en faire péter les tympans, la batterie qui sursaute tellement qu'elle en blaste comme
une vierge devant sa première verge, des riffs malades et torturés qui vomissent littéralement leurs
convulsions à s'en casser les dents tellement le pauvre gars doit serrer la mâchoire de rage. Orchid va tout
simplement plus loin dans la violence que 99% des groupes de grind: DE LA FURIE FURIEUSE je vous dis.
Tellement extrême que c'en est éprouvant. Et le pire, c'est que ça reste mélodique, et, osons le terme,
émotionnel. Improbable. Et quand on écoute Bucket full of teeth (dont fait partie la moitié d'Orchid), on se dit
que les mecs sont loin d'être soignés… Malade. QUAND LA VIOLENCE T'APPELLE FAUT JAMAIS FAIRE
DEMI-TOUR !
Note : 6/6
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REVERSAL OF MAN : This is medicine
Chronique réalisée par Saïmone
Reversal of man, c'est le côté obscur du screamo, une version moderne d'Uranus en quelque sorte… moins
porté sur l'hystérie que leurs compères d'Orchid, Reversal plonge la tête de l'auditeur dans un bidon d'essence
et lui fait tenir une allumette entre les dents. Préférant les roulements de batterie aux blasts, une voix
légèrement distordue pas complètement criarde mais absolument torturée aux hurlements psychotique plus
classiques, les petits gars de Reversal font surtout mouche avec leurs incroyables riffs post-hardcore
Neurosien… en 100 fois plus rapides. Autant dire que l'heure n'est pas à la rigolade. Reversal est en colère,
Reversal à la haine, mais Reversal a peur aussi: il regarde les buildings s'élever toujours plus hauts, les gens
se robotiser un peu plus chaque jour, se défoncer aux anti-dépresseurs pour oublier l'absence totale de
rapports humains et se donner une bonne raison de se lever le matin et de ne pas aller tuer son voisin. This is
medicine ouais. Alors plutôt que de faire fonctionner les grands groupes pharmaceutiques, Reversal joue de la
musique. Expulse tout ce qu'il a sur le cœur sans réfléchir. On devrait en faire autant ouais, alors on écoute
Reversal pendant 20 min, c'est déjà ça… c'est une peu redondant mais ça fait du bien, ça soulage. Et c'est quoi
20 min dans une vie ?
Note : 5/6
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ULTRALYD : Chromosome gun
Chronique réalisée par Saïmone
Toi, lecteur, tu aimes le free jazz ? Pire, tu vénères Painkiller, te scarifies sur du Brötzmann et tu t'endors avec
Alan Silva ? Ultralyd est pour toi: une orgie free hardcore en quatuor avec un saxo qui couine comme rarement
(Frode Gjerstad, qui a joué avec pas moins que Derek Bailey - RIP, Peter Brötzmann ou William Parker). La
basse, particulièrement énorme, n'est pas sans rappeler celle de Laswell chez le Painkiller susnommé: un
groove du tonnerre, un son sec et profond avec juste ce qu'il faut de reverb. La grosse part de gâteau se
partage entre Gjestard donc, qui nous assomme littéralement de hurlements saxophonique supersonique
Zornien et de surcroît parfois agaçant, et Olsen, le batteur, qui rock plus qu'il ne tabasse, sans s'exciter pour
rien, sans trop en faire, qui stabilise l'ossature des impros d'une frappe sèche et précise comme un coup de
coude dans les tempes. Le guitariste, lui, est souvent éclipsé par ses talentueux compères, trop discret qu'il
est, et c'est bien dommage, car lorsque ce dernier intervient ("zooblast", "brown degree"), c'est un coup de
massue de distorsion lourde doomesque qui s'abat sur nos têtes, renouant avec les atmosphères sombres et
pesantes du Painkiller d'antan. Mais ne vous méprenez pas, Ultralyd n'a que peu de point de commun avec
Painkiller - et je doute d'ailleurs que ce soit leur but; non, Ultralyd n'a que faire des ambiances, c'est juste un
magma de lave en fusion qui explose dans les oreilles, ça crépite, ça défoule, du pur free juste pour l'orgasme
de l'instantané… un Ejaculatorium ouais... dont le bon goût est de nous proposer un disque de 30 min, pas trop
long, par peur de lasser. A écouter sans modération.
Note : 4/6
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BALROG : Bestial Satanic Terror
Chronique réalisée par Nicko
Balrog était à l'origine le projet solo du chanteur/guitariste de Genital Grinders et de Garwall. Alors que ces
deux groupes évoluaient respectivement dans du grind/death et du heavy/black, Balrog est, quant à lui, depuis
le début encré bec et ongle dans un black metal brutal très suédois. En 2001, un premier album, "Kill yourself",
a été enregistré et édité, et depuis lors, il n'y avait plus eu grand chose de nouveau à se mettre sous la dent. Et
puis là, en 2006, c'est le retour, par l'intermédiaire d'Holy Records (label de Garwall... que Balrog a quitté depuis
!). Et pour faire les choses en grand, le projet solo est devenu un vrai groupe à part entière avec entre autre la
bassiste d'Aborted et le batteur de Misanthrope. Et le résultat après tous ces changements est très
convaincant. En fait, ce qui est bien avec cet album, c'est sa facilité d'approche et son efficacité. Les riffs sont
incisifs et entrainants avec une rythmique imposante. Pour faire une comparaison, je dirais que ça se
rapproche beaucoup de Naglfar en bien plus sombre. On retrouve cette alternance de blasts destructeurs et
d'up-tempos énergiques, et surtout les styles de riffs sont proches de ceux des scandinaves. Ah l'école
suédoise... Mais ici, l'ambiance est franchement noire du début à la fin. Le chant y est d'ailleurs moins criard
"aiguë" et même souvent doublé avec du chant guttural. Par contre, ce qui manque, c'est un peu d'originalité.
Balrog joue du black brutal et il le fait bien, mais il manque encore de personnalité, cette touche qui ferait
vraiment décoller l'album. Il reste cependant très convaincant et devrait à coup sûr ravir les fans de black
brutal. Un très gros 4.
Note : 4/6
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COOPER (Alice) : The eyes of Alice Cooper
Chronique réalisée par Nicko
Toujours là... Alice Cooper est toujours au top. Et le voilà là où on ne l'attendait pas. Alors qu'il vient de nous
sortir deux albums aux sonorités indus plus modernes, cet "Eyes of Alice Cooper" est du pur rock n' roll
énergique et direct ! 2 guitares, 1 basse, 1 batterie, Alice et c'est parti ! 13 titres de rock de base, pied au
plancher mais diversifié et varié, du riff inspiré à tous les morceaux, la Alice Touch, bref, que du bonheur ! Voilà
l'album typique qui fout la patate et à chanter sous la douche. Les paroles sont fun, c'est pas prise de tête, la
production est bonne mais dépouillée. Les ballades sont belles et on retrouve tout au long de l'album l'humour
de l'américain. On a aussi bien entendu un morceau sombre et inquiétant ("This house is haunted"), très réussi.
Que dire de plus si ce n'est qu'on retrouve aux fûts l'excellent Eric Singer de Kiss et à la 6-cordes Eric Dover
qui fut en son temps chanteur du Slash's Snakepit ! Et si vous n'êtes pas encore convaincus, je peux vous
assurer qu'il s'agit de l'un des deux albums ayant le plus tournés chez moi en 2003. Un retour aux sources
inespéré ! Du grand Alice.
Note : 5/6
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TRIUMVIRO : Journal infirme
Chronique réalisée par Nicko
Voilà un trio intéressant, vraiment très intéressant. Triumviro, c'est un groupe de rock. A première vue, c'est ce
qui se fait de plus courant, le rock. Ici, ça va un peu loin que ça. Ce qui est vraiment bon dans ce CD, c'est
l'intensité musicale. Triumviro joue une musique relativement calme, mais forte et parfois, comme sur "La fille
de l'émail", pesante. Ca lorgne d'ailleurs même du côté du post-rock, avec une basse en son clair bien
présente. C'est ce qui, selon moi, donne toute sa réussite à l'album, cette maitrise des ambiances, ce style
calme et doux et pourtant su puissant et prenant. Ce groupe me fait d'ailleurs penser à un autre jeune groupe
français que j'ai découvert l'année dernière (l'une de mes révélations 2005), devianz. Les compos sont plutôt
courtes, directes, 2-3 minutes en général et pas plus de 4 minutes 30. Bref, Triumviro va à l'essentiel et il le fait
bien. Niveau chant, je trouve qu'ils veulent trop en faire, c'est trop propret et mis en avant. J'aurais aimé plus de
puissance et de profondeur dans ce secteur. cependant, ce CD reste très sympa, avec un excellent feeling, on
se laisse prendre, absorber dans leur son et leurs atmosphères très facilement et irrésistiblement. Une bonne
découverte !
Note : 4/6
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MY NAME IS NOBODY : I hope you're well, I am and I send you my fingers
Chronique réalisée par Trimalcion
"My name is nobody", c'est Vincent Dupas, nantais, "singer-songwriter" de son état... Et voilà ce qui arrive en
France lorsque des magazines genre les Inrockuptibles portent régulièrement aux nues, depuis quelques
années, un artiste comme Will Oldham, qui n'en demandait pas tant. La "hype" arrive, l'engouement dans les
milieux branchouilles, puis, inéluctablement, les épigones. La ressemblance ici est tellement criante que c'en
est gênant, aussi bien au niveau de l'aspect "artisanal" de l'enregistrement, des arrangements (alternance de
guitare seule et d'accompagnements country lo-fi à la Steve Albini sur "Viva last blues"), que de la voix (même
manière de chanter, même timbre...) Malgré des mélodies attachantes, tout est trois crans en-dessous du
modèle, forcément : l'inspiration (malgré quelques beaux et tristes moments, dont le morceau éponyme et un
superbe "Black eyed monkeys"), le son, beaucoup trop lisse quand même. Et pour tout dire, "l'humeur" : sans
remettre en cause le travail et la sincérité de "My name is nobody" : ça manque cruellement de tripes. Mais il
est vrai que "I hope you're well, I am and I send you my fingers" ne pouvait pas honnêtement reprendre à son
compte le désespoir et la noirceur qui émanent des meilleurs disques de Palace/Bonnie Prince Billy : il ne reste
donc qu'un disque de pop inoffensif, pas désagréable, et qui accessoirement n'a absolument rien de sombre ni
d'expérimental.
Note : 2/6
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MINISTRY : Dark side of the spoon
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Ouch! Quatre ans après le monolithique et culte "Filth Pig", le groupe américain nous revient avec un album
différent et ça, l'auditeur le comprend dès les premières minutes de "Supermanic Soul", morceau efficace au
possible avec le même rythme de batterie tout au long du titre, une furie mise de côté précédemment et de
retour avec ce "Dark side of the spoon", titre clin d'oeil au "Dark side of the moon" de Pink Floyd et qui fait
directement référence à l'addiction à l'héroïne d'Al (-Qaïda, Buck Satan, ce que vous voulez en fait) Jourgensen.
"Whip and chain" est plus dans la lignée du précédent "Filth Pig", hypnotique avec une ligne de guitare
ichoreuse. Deuxième single en puissance après "Supermanic soul" avec "Bad blood", qui a terminé sur le
bande originale de Matrix, qui nous présente une belle montée en puissance, un titre au refrain accrocheur qui
tient l'auditeur en haleine. "Eureka pile" groove dans tous les sens, le son de basse de ce disque est vraiment
superbe, profond, boueux et puissant. Surprenante la touche jazzy de "Step" très entrainante et son tempo qui
appelle au pas de danse, un bonheur au réveil pour commencer la journée. Ministry est toujours au top et ça
s'entend. Preuve en est encore avec ce morceau solide comme un roc, "Nursing home", sa basse
vrombissante, son banjo subtil et son saxophone fou. Quel titre! Ministry inclut ensuite deux titres bien
sombres avec "Kaif" et "Vex and silence". Ce dernier est lancinant au possible, c'est un peu le "The fall" de ce
disque, presque dépressif et lourd en émotion. "Dark side of the spoon" conclut sur "10/10", un titre
instrumental court avec saxophone en guise d'outro. Rendez vous enfin à la la piste 69 où l'on peut entendre
une personne chanter comme au téléphone remerciée par quelques applaudissements. Une oeuvre sombre et
décadente à ranger aux côtés des autres réussites du groupe. Ministry est bien en vie après cette longue
absence, imaginatif et toujours aussi performant. Beware!
Note : 5/6
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MINISTRY : Rantology
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Officiellement présenté pour commémorer les 25 années d'existence du groupe, ce faux best-of n'est pas
uniquement là pour ça. Ca, on ne le comprend qu'ensuite en apprenant que le groupe sortira son prochain
album "Rio grande blood" prévu pour mai 2006 sur son propre label et donc qu'il a quitté Sanctuary Records.
Cette fausse compilation sert donc également à ça, à se défaire du contrat avec leur maison de disque. Faux
best-of donc car le groupe nous présente des titres retravaillés au minimum, avec quelques bribes ajoutées ou
accélérées par ci, par là. "No W redux" possède maintenant un solo et les samples de Carmina Burana ont été
accéléré. Finalement, le titre le plus intéressant pour les die-hard fans de Ministry est le suivant puisqu'inédit et
à paraître sur "Rio grande blood". Intitulé "The great Satan", nouveau surnom du président des Etats-Unis, il
nous présente un Ministry très direct, avec des vocaux assez violents, beaucoup moins subtil que par le passé
depuis, il faut le dire, le départ du compère de toujours Paul Barker contribuant forcément à cette nouvelle
donne. Finalement, les éléments ajoutés aux morceaux, notamment sur les titres de "House of the mole", sont
inutiles et dispensables. Les samples de "N.W.O." tiré du cultissime "Psalm 69" ont été accélérés puis un
speech de George W. Bush a été ajouté, comme si ça ne suffisait pas, des fois on se dit qu'Al aurait du
continuer la drogue. Le son de "Stigmata" a été densifié avec encore l'ajout de quelques samples, mouais, pas
convaincu du tout. Le groupe a changé le speech qui ouvre "Jesus built my hotrod" en le rendant au final
moins bon. "Bad blood" a été retravaillé, si besoin en était, avec une nouvelle intro plus industrielle et une
sonorité mécanique nouvelle a été introduite. Un ajout pas trop mal et sympathique avec cette cornemuse tout
au long de "Unsung", titre de "Animositisomina". "Bloodlines" n'est pas un nouveau titre contrairement à ce
que l'on pourrait croire, mais en fait "So what" dans une version nettement différente quand même avec un
refrain totalement neuf. Il s'agit d'un titre qui a été utilisé pour le jeu vidéo "Vampire-The bloodlines". Ensuite,
les trois titres live sont totalement du remplissage pour ceux qui possèdent "Sphinctour", puisque "Psalm 69",
"Thieves" et "The fall" en sont tirés. Inutile, n'est-ce pas? Finalement, on se dit que cette compilation, or d'être
destiné à mettre fin à leur contrat avec Sanctuary Records, est faite soit pour les néophytes complets de
Ministry, soit pour leurs die-hard fans qui entendront de suite les petits changements, même si force est de
reconnaître qu'à part pour "Bad blood" et "Unsung", ils sont le plus souvent à décharge des titres,
originellement parus dans une meilleure version. Reste donc ce "Great Satan", mise en bouche de "Rio grande
blood". Inutile et dispensable, mais on les aime quand même.
Note : 3/6
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MELEK-THA : Astrum argentinum
Chronique réalisée par Marco
Ah Melek-tha...ses couleurs satanico-horrifiques, ses thématiques guerrières, ses ambiances apocalyptiques.
Tout un programme ! S'il est une chose que l'on ne peut reprocher à Lord Evil (oui oui, bon passons) c'est bien
de se croiser les doigts. Chaque année voit en moyenne 3 à 4 sorties pour le français (officielles ou éditions
limitées en cd-r) et il n'est vraiment pas aisé de le suivre dans toutes ses pérégrinations. La qualité elle varie
d'un album à l'autre, se teintant d'excellence comme du vraiment passable, la trop grande production n'y étant
certainement pas étrangère. Premier opus d'une très longue lignée 'Astrum argentinum' nous plante déjà le
décor apocalyptico-occulte dans lequel évolue Melek-Tha mais se présente comme l'une des oeuvres les plus
ambient de toute la discographie du projet, où les nappes empruntent autant à l'ambient pure qu'à la bande-son
de film comme en atteste les nombreux samples (dialogues et b.o. même !) parsemant les compositions. Lord
Evil n'hésite pas non plus à pomper des séquences d'autres grands noms comme Raison d'Être avec 'Midian
graveyard' (séquence rythmique et arrangements neoclassiques samplés de 'Prospectus I'). Le morceau n'en
reste pas moins très bon, mais le procédé un peu osé. Percussions métalliques, cloches ou 'mélodies'
perverties et détournées en de sombres litanies maléfiques constituent le lot de Melek-Tha qui sans vraiment
surprendre par une originalité propre a déjà le mérite honorable de provoquer le malaise avec une orgie
d'atmosphères insalubres et d'incantations démoniaques dérangeantes.
Note : 4/6
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MELEK-THA : De magia naturali daemoniaca
Chronique réalisée par Marco
2 ans de silence pour Melek-Tha, le temps de trouver un label pour donner une suite à 'Astrum Argentinum'. Un
silence sacrément mis à profit pour préparer le déchaînement des forces infernales qui bientôt envahiront notre
monde en de sombres heures finales. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Lord Evil n'y va pas avec le dos
de la cuillère ! Samples hystériques (la série des 'Hellraiser' en tête), chairs en putréfactions, rituels sataniques
célébrés sur fond de dark-ambient vraiment glauque tout y passe pour provoquer un sentiment de fin du monde
de plus en plus avancée. Selon le point de vue, on trouvera que le français en fait trop ou que s'il y en avait
moins l'effet serait tout autre. A vrai dire, les deux visions sont tout à fait valables, après tout Lord Evil est loin
d'être le premier à recourir aux samples de films d'horreurs mais l'on se dit par moments que la musique de
Melek-Tha gagnerait en impact plus concret en dépassant le 'collage' un peu basique qui par endroit est
vraiment trop flagrant. Pourtant 'De magia naturali daemoniaca' parvient au-delà des poncifs (imageries, titres
ampoulés) à créer des hymnes infernaux efficaces, épiques et terrifiants pour peu qu'on se laisse prendre au
jeu. La puissance des arrangements entre neoclassique et indus-ambient pesant mue l'oeuvre en une
symphonie qui mixerait tous les éléments de films d'horreurs et des pages de grimoires oubliés ou interdits.
Une plongée interminable qui sent le soufre, le sang et la folie des hommes. Un des tous meilleurs Melek-Tha,
fortement conseillé pour débuter.
Note : 5/6
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RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Emissaries
Chronique réalisée par Phaedream
C’est toujours avec plaisir que j’écoute du RMI. Dès qu’il y a une nouvelle parution c’est avec empressement
que je la découvre. Et ce même si une nouveauté de RMI n’en est pas nécessairement une. Quelques 10 ans
plus tard et son 24 cd plus loin, le trio anglais conserve toujours la même approche musicale, la même
structure de composition. Il n’a pas vieilli d’une ride. Longues introductions ambiantes, synthé lourd, mellotron
enveloppant, guitare et séquenceurs fuyants. La bonne vieille méthode Berlin School.
Le cd 1 est un enregistrement studio. Typique à ses ouvertures Seeds Crossing the Interstellar Void part le bal
sur une note ambiante. Le ton est solennel, les bruits s’agitent laissant toute la place à la six cordes qui exalte
de solos ambiants psychédéliques. Un peu à la Force Majeure de TD. Le séquenceur s’agite en mode galop et
c’est la courte effervescence. Cette brève explosion sonore se meurt sur un époustouflant mellotron flûté qui
nous impose un mélodieux ver d’oreille, qui colle aisément aux tympans, tout en faisant le lien avec A Priest
Crossing Frozen Water. Doux mellotron, synthé nerveux et un séquenceur tout en rythme, la pièce explose sur
des solos de guitares éthérées. Le rythme diminuant, laisse toute la place à la dextérité de Gary Houghton. Et
tranquillement nous plongeons sur la même mélodie qui clôturait la plage un. Mad Bob's Self-Inflicted Torment
est une jolie ballade hypnotique qui valse dans l’air et qui s’essouffle pour ne devenir qu’une bouffée de vent
emplit de sons atmosphériques. Des particules vocales flottent dans l’espace et nous amène à The Emissaries
Reveal Themselves. Enveloppée d’un discret synthé, le séquenceur se chamaille doucement entre des accords
de six cordes et des percussions de fond de bouteille. Toute cette querelle s’harmonise pour créer une subtile
mélodie qui nous amène au très atmosphérique Ice Garden où synthé et guitares désordonnés nous retourne à
la mélodie de départ; A Promise of Salvation.
Enregsitré lors d’une émission radiophonique sur les ondes américaines, Star’s End WXPN, en mai 2004,
Ancillary Blooms est tout aussi fidèle au répertoire de RMI. De la pure improvisation le synthé croise la six
cordes sur un fond très ambiant. Le gros mellotron prend la relève et emplit l’atmosphère d’une lourdeur
synthétique à trancher aux respires. Lente, l’intro va jusqu’aux premières notes de Mobile Star Systems où un
séquenceur nerveux crache du rythme. Le beat séquentiel à la RMI. Une excellente pièce que Gary Houghton
arpente avec sa guitare. A Piano Wanders the Incandescent Vapours est plus vaporeux. Sur une ambiance
statique de sobres notes de piano font la coure à la six cordes. C’est mollo, c’est jazzé et ça se poursuit sur
Sympathy for the Bedeviled, une pièce atonique avec une prédominance à la guitare électrique. The Arrival of
the Seeds mord l’ouïe dès les premiers accords du séquenceur. Hypnotique, le ton est en spirale et est nappé
d’un profond synthé. La guitare atmosphérique vient casser le rythme et jette ses accords sur les pavés d’une
route intemporelle. Là je dois admettre que ça m’agace un peu. Le trio Anglais se ressaisit sur Deliverance from
Nuclear Winter. Un titre avec du coffre, ainsi qu’une brillante ligne séquentielle qui se divise, nous en mettant
encore plus sous les tympans.
Emissaries demande quelques écoutes, et aussi des concessions. Moi qui n’aime pas trop le genre planant et
atmosphérique, j’en ai eu une bonne dose. Omniprésente, la guitare m’a agacé quelque peu. Par contre, il y a de
beaux petits moments, notamment sur The Emissaries Suite, qui collent aux tympans et que l’on veut
réentendre. Donc, il faut se taper l’essence vaporeuse. Et là on s’aperçoit que cette essence à une âme, une
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histoire à conter. Et c’est comme cela que l’on tombe dans le piège RMI.
Note : 4/6
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MELEK-THA : Post nuclear race
Chronique réalisée par Marco
En marge de la production 'officielle' (entendez par là des 'vrais' cds pressés), Lord Evil étanche sa soif de
compositions en produisant d'autres oeuvres sur des labels moins connus et en tirage très limités. Comme son
titre l'indique, 'Post-nuclear race' laisse de côté les gimmicks satanistes de Melek-Tha pour traiter de
l'apocalypse sous un angle bien plus prosaïque à l'aune du nucléaire et des conflits internationaux qui
menacent de transformer la planète en décor pour une suite de Mad Max ou autres joyeusetés du crû. Plus
insidieuse et rampante, l'ambient industrielle de Melek-Tha s'abreuve ici d'images flippantes de sociétés
humaines qui s'entretuent pour la prise de pouvoir en reproduisant finalement les mêmes comportements qui
condusisirent à la chute ici décrite. Un monde apocalyptique illustré par des séquences très répétitives qui
trainent souvent en longueur malgré un thème de départ intéressant (certains morceaux atteignant quand
même les 20 minutes...). Une atmosphère anxyogène relayée par des samples enflammés et des thèmes indus
froids et agressifs mais qui manque sévèrement d'accroche et de diversité. Un thème rebattu qui aurait pu être
transcendé, qui fonctionne pour une moitié du disque avant de lasser. Peut-être que l'uranium n'a pas été assez
enrichi...
Note : 3/6
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RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Frozen North
Chronique réalisée par Phaedream
Pour plusieurs Radio Massacre International (RMI) n’est qu’un clone, un plagiat parfait de Tangerine Dream. Ce
trio Britannique est sans contredit celui qui est resté le plus près de la sonorité de la musique électronique
analogue des années 70. Une période faste où nos oreilles se sont moulées à des classiques tel Phaedra,
Encore, Startosfear et Blackdance. Principalement inspiré par Tangerine Dream, RMI utilise la même recette
gros synthé analogique, mellotron à volonté, le tout saupoudré de grosses guitares, de juteux séquenceurs et
de bonnes percussions. Ce qui est encore plus savoureux de ce groupe est sans doute les percussions
séquentielles qui sont à la sauce des années 83 avec Poland.
Aux premières lignes de Wrecks nous sommes plongé dans cette douce atmosphère. Un soyeux mellotron
souffle sur des tintements séquentiels, aux formes bouclées. Le synthé étend ses nappes flottantes sur un
mouvement atonique aux effets sonores bigarrés. Vers la 6ième minute, une fine séquence apparaît et franchit
l’opacité du mur synthétique pour accélérer lentement ce rythme traînant. De longs solos, un séquenceur
balancé et des percussions volages font de Wrecks une pièce hypnotique qui accroche et qui fera la référence
dans le répertoire de RMI. Si vous succombez à cette première pièce, dites-vous que le risque que vous
tombiez dans la marmite est énorme.
Bien que plus courte, What's The Point Of Going To Crete? reste dans le même moule. Le séquenceur est plus
doux, et aussi plus fluide. Entouré d’un mellotron enveloppant il percute sur sa séquence. Avec Small Frozen
North la ressemblance avec TD est indéniable. Léger séquenceur, synthé enveloppant, un petit beat hypnotique
à la Sorcerer. La magie y est. Un court titre qui en dit long sur les racines et les influences du trio. Rosemary’s
Baby est plus ambiante. Une pièce obscure où un suave piano émerge des profondeurs atmosphériques.
Sombre Drown nous fait voyager sur des rythmes statiques qui changent en cadence. Après un lourd intro, la
séquence augmente. Sur la même structure que Wrecks, Drown martèle aux cris d’une guitare stridente. La
séquence s’enroule, part et revient hachuré de percussions métalliques. Un titre statique.
Le cd 2 est un peu plus difficile à apprivoiser. Deux titres et deux longues pièces atmosphériques. Après une
intro à effets sonores, un doux séquenceur se mettra en mode pulsation. Il flottera parmi les ondes du synthé
statique et enveloppant. Le rythme est absent. Nous sommes en plein ambiant. Vers la 11ième minute le rythme
s’agite et devient dramatique. Mais c’est de courte durée. Toute aussi atmosphérique, Frozen North IV est une
pièce plus sensible, plus nostalgique. En mi parcours, la cadence augmente sensiblement. Un bon séquenceur
avec une ligne basse traverse nos oreilles, soutenu par un synthé hésitant. Le rythme va croissant, se stabilise
et termine sa course comme il avait commencé.
Pourquoi un double cd? C’est la question. N’aurait-ce été qu’un simple, le premier cd, et Frozen North aurait été
un classique en devenir. L’ajout d’un 2ième cd, assez soporifique (faut être honnête) assombrie le côté
découverte, genre meilleur nouveau groupe, etc…À moins que RMI n’ait décidé tout de suite de montrer ses
deux côté; l’analogue séquentiel avec rythme et l’ambiant…le très ambiant. Quoiqu’il en soit, Frozen North vaut
la dépense. À la fois planant et modérément séquencé, le trio anglais fait de la haute voltige dans les sphères
analogiques des années 70. Il y a de bons moments, comme il y en a des longs, cela dépend des goûts. Mais
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les purs et durs seront définitivement conquis.
Note : 4/6
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MELEK-THA : Decadence & genocide
Chronique réalisée par Marco
La machine Melek-Tha est en marche et impossible de la stopper. Alors autant s'y faire, Lord Evil est un
malade, une machine à cauchemars qu'il faut alimenter de peur que ces prophéties apocalyptiques ne se
vérifient plus tôt que prévu. 'Decadence & genocide' est dans la continuité des deux facettes présentées
jusqu'ici, agressive et industrielle pure mais aussi dark-ambient sournoise abreuvées de samples de films et
d'autres horreurs dont il vaut mieux ne pas connaître la provenance. Proche dans son concept de 'De magia
naturali daemaoniaca' (séquence ambient profondes montant crescendo vers une tribalité inquiétante) cet
album se veut toutefois plus soft en comparaison de ses prédécesseurs, on y trouve même une cover (enfin ce
qu'il en reste) du 'Plaster Christ' de G.G.F.H. qui n'a de commun avec l'originale qu'un simple sample de voix.
Cette reprise a cela dit le mérite d'être une refonte complète, mais l'information sur le procédé aurait été omise
que l'on n'y aurait vu que du feu. Le morceau-titre atteint une fois de plus les 20 minutes et si certaines idées
apparaissent intéressantes, c'est surtout l'ennui qui s'installe bien vite. Pas encore pour cette fois...
Note : 3/6
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MELEK-THA : Dehumanizer
Chronique réalisée par Marco
Et hop, un de plus ! Pas moins de 4 cds (autoprod et signatures) pour l'année 2000, voilà qui rend clairement
compte d'une hyperactivité maladive. Si les deux précédents manifestes 'Decadence & genocide' et 'Post
nuclear race' étaient plutôt soporifiques sur la durée, 'Dehumanizer' ré-injecte un peu de créativité chez
Melek-Tha. Sans prétendre à une révolution de l'univers post-apocalyptique du projet, l'album a le mérite de
provoquer l'attention, d'hypnotiser par son minimalisme contagieux, même dans ses moments les plus longs et
agressifs ('Clerical terror-ism', 15 minutes). Une approche death-industriel qui évite l'endormissement et qui
réveille un peu la bête invoquée sur les premiers albums grâce à des séquences rythmiques certes peu variées
mais qui au moins ravivent l'ensemble des boucles souvent noyées dans la production massive. On est encore
loin du dévastateur 'De magia...', mais il y a du mieux ! 3,5/6
Note : 3/6
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MELEK-THA : Evil is too strong
Chronique réalisée par Marco
Bon, vous êtes prêts ? Tabliers ensanglantés endossés, toque cornue de rigueur, poignards rituels pour
procéder aux diverses éviscérations et découpes nécessaires en main, la leçon peut commencer. La recette est
établie pour un rituel de 500 personnes, mais s'il y a des restes vous pourrez les accomoder à votre guise bien
entendu. Donc en premier lieu, prenez un flacon d'essence de bouc 'Charnel numéro 666' et parfumez-en sans
retenue le plan de travail. Puis découpez quelques tranches épaisses de nappes et de rythmes industriels qui
vous serviront tout du long de la préparation jusqu'à la transe tribale finale. Portez à ébullition le mélange
jusqu'à ce que vous entendiez des psaumes infernaux (si vous entendez 'ta mère en short H&M' c'est que vous
avez oublié un truc). Dessinez ensuite un joli pentacle, ça sert pas à grand chose mais ça fait toujours plaisir.
Prévoyez quelques lamelles de symphonies et des arômes de films d'horreurs pour relever la préparation que
vous aurez soin de ne pas laisser reposer une fois retirée du feu. Une pincée de soufre, et le tour est joué.
Toutefois, à consommer avec modération si vous voulez éviter le supplice de l'indigestion et des maux
d'estomacs nocturnes. 3,5/6
Note : 3/6
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MELEK-THA : The sulfurik vortex
Chronique réalisée par Marco
Retour aux thèmes d'anticipations avec ce 'Sulfurik vortex' plus industriel, flirtant avec la noise et assez bien
fichu pour ce qui est des ambiances paranoïaques et apocalyptiques. Il est vrai que Melek-Tha ne brille pas
toujours par la réussite à force de sortir cd-rs et cds à tout va, mais heureusement il en ressort malgré tout
quelques perles qui valent le détours. Beaucoup plus varié que tout ce que Lord Evil a bien voulu nous
proposer jusqu'ici, 'Sulfurik vortex' martèle les conduits auditifs autant qu'il pose des atmopshères
inquiétantes et noires ('Gerenation kelemath'). dans un univers qui emprunte autant à Mad Max qu'à Dark City
ou tout autre film au propos post-apo. les samples de dialogues de films servent surtout en introduction et ne
donnent plus la désagréable impression qu'une fois retirés il ne resterait plus grand chose. Voilà enfin un
album dense et prenant, pas évident si l'on est allergique aux séquences répétitives mais qui révèle un véritable
travail sur le son et les ambiances bien moins bâclé que sur les précédentes productions.4,5/6
Note : 4/6
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TODAY IS THE DAY : Willpower
Chronique réalisée par Progmonster
Me sens pas bien... La tête qui tourne... Envie de vômir... Pas manger, pas boire. Pourtant j'ai soif. Qu'est-ce qui
m'arrive ? J'ai mal. Je crie. Je pleure. Non... j'hallucine ! Pourtant, ces cris... La colère. La rage. Le sang. C'est
moi dans ce miroir ? Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Et où je suis d'abord ? Ces cris... Quel bordel dans cette
pièce. Cette nausée qui m'assaille et cette barre dans le crâne délimitent mon existence à une souffrance dont
je ne puis m'extraire. Un poids que je n'identifie pas encore. Tout est si confus... Qu'est-ce qu'elle gueule cette
chienne... Mes bras connaissent et portent encore en eux la trace d'un trop plein d'adrénaline. Les nerfs. Putain,
j'ai les nerfs. Toujours ces cris... Mon malaise est profond. Il me fait regarder en moi, loin, bien profond. Là où
tout est noir. Où l'infiniment petit rejoint l'infiniment grand. Le néant qui se confond avec l'infini, l'absolu. Et là,
tout au bout de ce tunnel, cette étincelle, cette lumière me fait reprendre conscience peu à peu. J'émerge enfin
de ce cauchemar, serein. Je porte une main à ma nuque et remonte lentement pour enfouir mes doigts dans
mes cheveux en bataille. Oui, je commence à comprendre. Je souris... Ces cris... Je l'ai fait ! J'en suis quitte ! Il
ne fallait pas me faire chier. C'était pas le moment. Pas maintenant. Un mot de trop, et ça peut partir en couilles.
Je lui avais dis pourtant de ne pas me faire chier, putain. J'en pouvais plus. Je l'ai fait. Je vais mieux. Elle ? Là
où elle est, elle n'emmerdera plus personne. Putain, c'est la merde. Oui, je réalise... Je l'ai tuée. La solitude... Ce
n'est rien à côté de ce que je ressens en ce moment. Qu'est-ce qu'on va dire encore ? Que c'est un drame
comme il en existe plein d'autres, engendré par la précarité... Rien à foutre. Plus rien à foutre. De tout. Á bout, je
suis à bout. Ma tête est malade. Ah, je me marre. Ouais, je suis dingue. Et vous savez quoi ? Ça me plaît. Y a
quelqu'un en moi, je ne sais pas qui c'est. Mais, là, après tant d'années de révoltes tuées dans l'oeuf, les
frustrations, l'humiliation... Ce cauchemar qu'on ose appeler vie... Là, oui, Il vient enfin de s'exprimer. J'ai lâché
prise. J'ai ouvert les vannes... Enfin ! Ça gueule, ça hurle. Et je jubile. C'est l'extase. Putain de névrosés de
merde que nous sommes. On n'est jamais autant soi-même que quand on perd le contrôle. Elle l'a appris
aujourd'hui. À ses dépends. Quelle conne... J'ai toujours le tournis, mais ce vertige... Il a un goût d'ivresse. Le
goût... De la puissance ! Mon Dieu, oui... Comme si j'étais... Comme si j'étais devenu... Dieu lui-même. J'ai... J'ai
le pouvoir de donner la mort. Et il me tarde de recommencer.
Note : 5/6
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MELEK-THA : Armageddon theory
Chronique réalisée par Marco
L'an 2000 aura été plus que chargé en ce qui concerne les sorties Melek-Tha, et il n'y a pas de raison pour que
ça ne continue pas ainsi. La preuve avec ce premier opus de 2001 qui renoue avec les préoccupations
apocalyptiques du projet. Musicalement on reste en terre connue, mais avec une volonté d'agresser pure et
dure. Indus noise ou rythmique ('Terror'), proche des productions ant-zen dans l'idée mais en beaucoup plus
crade et moins subtil, un peu comme si Genocide Organ et Brighter Death Now avaient avalé du speed. Cela dit
on est loin des attentats polémiques du premier ou anar du second. 'Terror' s'avère le plus intéressant des
titres, minimaliste au départ, progressif puis explosif pour retomber comme il a commencé. Passé ces 15
minutes, on retombe dans une morne tentative de secouer les fondations avec largement moins d'intérêt
*ronflements de rigueur*.
Note : 3/6
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MELEK-THA : Inferno
Chronique réalisée par Marco
Oh tiens Melek-Tha se met au vinyle ! Objet fort joli que ce picture-disc au creux duquel sont gravés des sillons
infernaux qu vous n'aurez aucunement besoin de faire jouer à l'envers pour en ressentir les effluves
stygiennes. On retrouve 'Midian graveyard' tiré du premier album, ici retravaillé et plutôt efficace, ambiances
lourdes et rythmique pachydermique. 'Inferno' fait dans la 'mule' avec ses percus guerrières et ses voix
chuchotantes. 'Behind the mask' est déjà plus intéressant, atmosphères vraiment malsaines, effets
incantatoires sur les voix, cris de douleurs, sonorités indus typé CMI première époque. Enfin, comme on
pouvait s'y attendre, 'Luciferian march' fait dans l'épique et martial, célébrant l'arrivée du Prince des Ténèbres
comme il se doit. A part cela, rien de spécial, les collectionneurs apprécieront l'objet, les autres attedront
patiemment le retour à l'époque 'De magia naturali daemoniaca', et qui les en blâmerait ?
Note : 3/6
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THIS MORN' OMINA : Les passages jumeaux : le 25ième degré~le 33ième degré
Chronique réalisée par Marco
3 ans après avoir commencé une nouvelle trilogie Mika Goedrijk nous livre la suite de 'Le serpent blanc...',
toujours sur le même principe. Un premier cd essentiellement electro-tech-trance et un second plus ambient et
ethnique. La première observation concernant le premier disque est que la mélodie semble avoir pris les
devants, un peu à l'instar du dernier Empusae d'ailleurs. Les basses sont étonnament plus en retrait, même sur
les morceaux de bravoure dance-floor que sont 'Ma/i/nomai/' ou '(the) world tree' qui fonctionnent de la même
manière que les titres-phares du précédent opus mais avec moins d'impact. Du coup la musique de TMO gagne
en structures mélodieuses assez simples mais relativement diversifiées pour que chaque morceau y trouve sa
patte. Les longues intros sont toujours de la partie mais cette fois la progression est plus nette et moins
stéréotypée (moins d'explosion de percus, plus de développements mid-tempo). Ce qui déçoit en revanche
c'est la production très (trop ?) clean, assez similaire à l'album précédent mais avec moins de relief. On
comprend que l'intérêt réside ailleurs que dans le laminage pur et dur et en ce sens l'album est une réussite,
mais il lui manque un truc en plus pour faire grimper le taux d'enthousiasme. Le second cd révèle d'ailleurs
beaucoup plus de richesses en matière de rythmiques et d'ambient. Plus aventureux et hypnotique ('Agayu') il
rappelle l'aspect plus ethnique que TMO avait déjà magnifié sur '7 years of famine' en variant ses thèmes et ses
atmosphères. Les possesseurs de l'édition limitée auront à coeur de se défouler sur les versions raccourcies et
'boostées' des titres les plus énergiques du premier disque et qui auraient mérité de figurer en lieu et place des
versions finales. Un bon album qui plaira aux fans, bien que décevant d'un certain point de vue car trop calqué
sur son prédécesseur, mais qui devrait combler les néophytes pour une première approche.
Note : 4/6
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YOSHIHIDE, LASWELL, YOSHIGAKI : Soup live
Chronique réalisée par Saïmone
Yoshihide, Laswell, Yasuhiro, en voilà une affiche qui fait rêver ! Bien que je ne connaisse que très peu le
dernier drille (batteur de son état - et qui, après vérification, s'avère être l'un des batteurs de Yoshihide au sein
de Ground Zero), l'idée d'une réunion entre le talent guitaristique de Yoshihide (bien plus convaincant que ses
nombreuses errances en terrain Dj) et celui de Laswell, couplée à de nombreuses interventions de saxo,
éveillait en moi une sensation proche de l'éruption volcanique, mélange de curiosité et d'appréhension. Pas de
bol, cette réunion, intéressante sur le papier, s'avère franchement caduque. Là où on pouvait s'attendre à une
orgie de communication entre les délires limite noise de la guitare du japonais et des enfoncées glauque de
l'américain, on assiste ni plus ni moins à un jam d'une mollesse inhumaine, groove certes (merci au batteur,
qui, s'il ne fait pas de miracle, tient la barque au bord du naufrage), mais où les capacités de l'un et l'autre sont
sous-exploité jusqu'à la honte. Laswell se contente de frotter ses cordes sans conviction, tandis qu'Otomo
s'essaye aux gammes bluesy-jazzy qui ne lui vont vraiment pas. Reste ces interventions aux saxo et aux
claviers qui relèvent le niveau, apportant une couleur plus psychédélique et plus jazz à l'ensemble, presque
70's par moment, où l'on croirait voir renaître ces bonnes vieilles improvisations de hippies défoncés à la Sweet
Smoke, et dieu merci, elles sont nombreuses ! Mais pour s'en taper 2h, il faudra être courageux… Allez, je mets
3 pour l'intervention des guests, parce qu'aujourd'hui je suis clément et non plus saïmone.
Note : 3/6
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YOSHIHIDE (Otomo) : We insist?
Chronique réalisée par Saïmone
L'œuvre de Yoshihide pourrait s'inscrire dans une logique de continum samplatoire tendant vers l'absolue
jusqu'au boutiste "Consume Red", de mes amis Ground Zero. "We insist?" est, à l'instar de "Silangan Ingay",
un album prémisse de ce que pourra donner le maître plus tard. Nous avons donc déjà tout les ingrédients du
futur premier album de Ground Zero: des samples dans tout les sens mélangé à de vrais instruments - guitare
au premier plan évidemment, des ambiances urbaines nippones qui côtoient des boites à rythme type 80's et
des sons de synthés complètement kitsch, bref, du collage comme on le connaît et qui ne présente pas de réel
intérêt pour l'auditeur, le tout s'inscrivant dans une démarche plus personnelle de l'artiste, celui-ci créant pour
lui-même… en un mot comme en cent: chiant. Là où le disque devient intéressant, c'est dans sa deuxième
moitié, avec ses titres de musique (Techno, Acid Jazz, Be-Bop, Thrash,…), dont la durée n'excède pas la
minute, et dont l'extrémisme noise n'a rien à envier à l'ami Merzbow: triturage, trifouillage, découpage,
remodelage, défonçage, collage, destructurage et gloubiboulgage. De minuscules pièces de bruits qui font la
course du fun. Plaisant. Mais bon, ça ne représente que 15% du disque… une curiosité, pour les fans de
l'artiste, les autres passeront leur chemin avec raison.
Note : 2/6
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YOSHIHIDE (Otomo) : Tatikiuri: Japan/China Point of Sales Tour
Chronique réalisée par Saïmone
N'ayons pas peur des mots: les disques solos et duos de Yoshihide sont rarement passionnants. Ce "Tatakiuri"
ne déroge pas à la règle, en se situant, comme d'habitude, comme une sorte d'ersatz de Ground Zero, le père
Otomo ayant vraisemblablement une obsession pour les samples qui dépasse allègrement celle de ses aînés et
modèles Schaeffer et Henry. "Tatakiuri", c'est donc 23 pièces, partagés entre les samples toujours incongrus
de Otomo (bruits d'aéroports, de sons de rues, de radio, …) et le violon de Rose, lui aussi incongrus car pas à
sa place du tout. L'aspect collage des œuvres du japonais est ici plus qu'évident, à tel point qu'il en devient
vulgaire. Et ne parlons pas de ces innombrables guests qui viennent en rajouter une couche à tout ce bazar
n'importe quoi même pas fun, dont l'intérêt, proche du nul, n'est autre que de rendre service à leur ami en
pleine crise de mégalomanie. A éviter.
Note : 2/6
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INADE : Samadhi state
Chronique réalisée par Marco
Alors qu'il n'était même pas annoncé officiellement par le groupe lui-même un nouvel album d'Inade parait,
prévu à l'origine pour le concert à Tokyo en mars 2006 et finalement disponible dans le reste du monde. En fait
de nouvel album il s'agit de sessions inédites datant de quelques années, retravaillées pour coller au nouveau
concept live du duo allemand dont on a pu avoir un aperçu lors de leurs denières performances. Dans la
religion hindoue, le Samadhi est un état supérieur de conscience qui permet de plonger en son fort intérieur.
Pour cela l'abandon de tous éléments sensibles (de son propre corps et de son environnement) est nécessaire
afin d'atteindre un état de transe assez impressionant, celui-ci conduisant au ralentissement de la plupart des
fonctions vitales. 'Samadhi state' est ainsi en complète corrélation avec son propos : le rythme y est posé, lent
et juste évolutif pour en savourer l'effet de transe. Les basses sont plus discrètes, servant plus la construction
qu'elles ne la soutiennent. L'aspect éthéré de la musique d'Inade devient ainsi la principale composante de ce
rituel visant à effacer les frontières entre organique et spirituel pour en dépasser les contingences terrestres.
Moins impressionnant au premier abord, le son d'Inade dévoile au fur et à mesure une profondeur autre que
celle qui jusqu'ici tenait avant tout de la débauche d'infra-basses telluriques. Avec 'Samadhi state', les
allemands prouvent que leurs compositions peuvent parler d'elles-mêmes en combinant intelligement
production classieuse et subtilité harmonique. Inspiré, habité, maîtrisé et bluffant.
Note : 5/6
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AMORAL : Decrowning
Chronique réalisée par Yog Sothoth
Pffff… j’ai beau écouter et réécouter ce disque (pas par plaisir, juste pour essayer d’en sortir une chro
valable…), je ne vois franchement pas ce que je pourrai vous raconter de passionnant là-dessus. Les cinq
finlandais d’Amoral évoluent dans un style à la croisée du gros Power Metal et du Thrash Death moderne « à la
scandinave ». Bien évidemment, le son est énorme, et ça joue très technique, avec des changements de rythme
à la pelle et des solos de guitares plutôt bien foutus, sans être transcendants… La même chose pour les riffs,
sympas mais pas franchement mémorables. Maintenant, en dehors du fait qu’il pourrait postuler aisément au
titre de disque à la pochette la plus laide de l’année, ce disque n’a pas grand-chose de plus à faire valoir de
plus que ce coté bourrin / technique, et à la longue, c’est tellement répétitif qu’on finit par trouver ça
complètement chiant. A la limite, on peut imaginer que dans des conditions optimales (gros son donc), le
groupe pourrait se révéler plus sympa sur scène, mais sinon, j’ai du mal à saisir l’intérêt… pas
fondamentalement mauvais mais juste inutile.
Note : 3/6
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LOITS : Vere Kutse Kohustab
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
La scène metal estonienne n'est pas très connue dans nos contrées. Pourtant, Loits devrait attirer l'attention en
dehors de son pays balte d'origine de par la qualité de sa musique. Le groupe pratique un black metal très
mélodique mais direct, propice au headbanging sans être bourrin , fortement teinté de rock et de quelques
passages au synthé bien sentis. Après un "Ei Kahetse Midagi" de bonne qualité, le groupe de Tallinn revient
avec un second album chez Ledo Takas Records, "Vere Kutse Kohustab" Les vocaux de Lembetu alternent
entre un ton râpeux et un chant clair du plus bel effet qui se fait un peu plus rare tout de même. La majorité du
disque est mid-tempo avec des accélérations fatales, permettant au groupe de créer une atmosphère
particulière avec la présence de claviers, d'effets, et même d'accordéon, sur la première piste par exemple,
"Soomepoiss" ("Finnsih boy"). Cet album contient des hits en puissance tels que "Aeg Ärgata", qui possède
une reminiscence Satyricon, le mythique "Vanade Leegionäride Laul" avec ses voix claires de toute beauté, ou
encore "Kodu" avec ses voix claires excellentes et "Furor Aesticus". Le groupe a eu la très bonne idée de
traduire tous ces textes dans le livret, puisque les paroles sont à l'origine en estonien, ce qui permet au curieux
de saisir le concept textuel de Loits, qui traite principalement du peuple estonien à l'époque de la Seconde
Guerre Mondiale, d'abord sous l'égide communiste puis sous celle du national-socialisme allemand. Cerise sur
le gâteau, Ledo Takas Records a décidé, devant l'indéniable qualité de l'oeuvre, de la produire dans une
superbe édition digibook, avec covers rigides, livret conséquent avec textes traduits et belles photos
travaillées, limitée à 1000 copies. Un conseil, jetez-vous dessus avant de le regretter. Ce "Vere Kutse Kohustab"
est un album énorme, incroyablement accrocheur, talentueux tout en restant simple, limpide et efficace. Un
groupe méconnu plus que prometteur dont je trépigne d'impatience à l'idée d'écouter un nouvel album.
Note : 5/6
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LOITS : Ei Kahetse Midagi
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
"Ei Kahetse Midagi" est la réédition en cd du premier enregistrement du groupe, originellement sorti en format
cassette sur Beverina Productions en 2001, réédité depuis par le label Seven Gates of Hell en digipack. On
ressent d'emblée cette patte Loits qui sera encore plus caractérisée sur le second album des estoniens, "Vere
Kutse Kohustab". Ce "Ei Kahetse Midagi" présente un Loits plus violent tout de même, avec moins de passages
mid-tempo, mais toujours ces riffs ultra-mélodiques, taillés pour la scène, comme en témoigne le break d'un
premier titre excellent intitulé "Tulisilma Sünd". La voix de Lembetu est râpeuse comme à son habitude sans
prendre une place outrageuse comme chez certaines formations. Toujours présents également ces claviers qui
confèrent à Loits une touche folklorique bien agencée dans une structure musicale de qualité. "Sinimäed 1944"
est d'ailleurs un court interlude au piano avec quelques percussions qui ,ma foi, aurait presque pu figurer sur
un album de Dernière Volonté, avec cette touche nostalgique que le projet français affectionne tant. Le
troisième titre, "Toelised Kuningad", débute sur des guitares acoustiques, puis se met en place
progressivement un véritable rouleau compresseur. C'est là qu'on ressent que ce premier album sonne par
moments plus black metal que son successeur. Par contre, on entend clairement les éléments rock'n'roll que le
groupe revendique sur le morceau suivant, "Valge Nägu", un morceau mid-tempo très efficace jusqu'à un break
dévastateur. Pas de voix claire sur ce disque qui apparaitront sur "Vere Kutse Kohustab". "Ei Kahetse Midagi"
est un premier album de qualité, de nombreux groupes souhaiteront avoir un premier essai aussi talentueux,
quand je vous dis que Loits n'est pas une formation comme les autres. Il fait moins bloc de pierre comme le
second album, moins homogène, mais on entrevoit déjà toutes les possibilités artistiques du groupe de Tallinn.
Un "Sinu mees, sinu vend, sinu poeg" conclut l'album de belle manière. Une oeuvre qui va être rééditée au
moment de cette chronique sous plusieurs formats avec des bonus tracks comparé à la première version, cd,
cassette, digipack et vinyl. Si vous avez découvert Loits avec "Vere Kutse Kohustab", vous aurez forcément
envie de plonger plus loin dans les racines du groupe. Ce "Ei Kahetse Midagi" ne vous décevra pas. Hailz
Legion Estland!
Note : 4/6
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MINISTRY : In case you didn't feel like showing up
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
"Au cas où t'avais pas envie de te pointer".....Ministry vient jusqu'à chez toi. Voilà en substance ce que nous dit
ce titre du premier album live de Ministry. Au moins les bougres font preuve d'imagination contrairement à tous
ces groupes qui intitulent leur disque "Live in...". Particularité qui perdurera avec les tournées suivantes de
Ministry intitulées "Sphinctour" ( pour la similarité phonétique avec sphincter), "Fornicatour" pour fornicateur
(fornicator) ou encore dernièrement, Masterbatour pour masturbateur (masterbator, master=maître). Mais
revenons à ce live. Six titres enregistrés pendant la tournée nord-américaine 1989-1990 de Ministry, trois titres
tirés de "The land of rape and honey" que sont "Deity", "The missing" et "Stigmata", et trois titres qui figurent
sur "The mind is a terrible thing to taste", à savoir, "So what", "Burning inside" et "Thieves". Le son est
excellent pour un live, peut-être même trop par moment, si bien que le rendu peut sembler proche d'un
enregistrement studio (probablement le résultat du mixage), finalement c'est surtout dans les vocaux
monstrueux d'Al et dans le son de batterie qu'on reconnaît la furie qu'un concert de Ministry représente. Le
culte Jello Biafra est crédité en tant que "serment du drapeau" ("flag pledge") dans le livret; pour ceux qui ont
vu la vidéo "Tapes of wrath", regroupant tous les clips du groupe, c'est l'allumé qui porte la bannière étoilée en
feu et qui harangue le public lors du clip live de "The land of rape and honey". Un clip qui était d'ailleurs tiré de
la cassette vidéo "In case you didn't think like showing up" que je n'ai pas eu l'honneur de voir, mais un jour, je
l'aurai. Un live surpuissant, un "So what" mythique de plus de 11 minutes avec un Al Jourgensen complètement
déchaîné, encore mieux que sur disque je trouve. Le son de batterie sur l'intro de "Burning inside" est énorme,
pour un titre jouissif au refrain dévastateur. Les samples sont bien en avant puis arrive le génial "Thieves",
avec son intro culte, le sample du commandant dans "Full Metal Jacket" de Kubrick toujours présent bien
entendu dans cette fin apocalyptique. Définitivement, le meilleur morceau de ce live en compagnie d'un "So
what" épique. Ministry conclut sur un "Stigmata" qui prend toute son ampleur en live, exit le son studio un poil
faiblard qu'il avait sur le disque "The land of rape and honey". Une fin comme il se doit, un concert de Ministry
est une superbe expérience que je recommande à tout le monde. N'étant pas un grand fan de disque live, je
n'aime pas mettre de trop grosses notes à ceux-ci, c'est pourquoi un 4/6 me semble mérité pour un témoignage
capturé en concert. Indispensable pour les fans du groupe, ça, c'est certain.
Note : 4/6
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PEARL JAM : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
À l'annonce de chaque nouvelle sortie de Pearl Jam, c'est toujours pareil. Depuis "No Code", on s'est senti
obligé de nous vendre les mérites du prochain toujours plus fort, plus puissant. "Non, mais tu vas voir, celui-là,
il paraît qu'il rocke dur. Non, mais vraiment cette fois..." Un retour au source quoi ; "Ten", "Vs." et "Vitalogy",
les seules vrais incontournables Pearl Jam, personne ne s'y est jamais trompé. "Riot Act" a succédé à
"Binaural", lui-même à "Yield", et rien, jamais, de ce retour hargneux si souvent proclamé. Ou alors en de trop
timides occasions que pour être complètement crédibles. Mais sont-ce les fans ou le groupe lui-même qui
désirent tant renouer avec cette approche ? Pour mettre tout le monde d'accord, le meilleur moyen encore de
faire avaler des couleuvres, c'est de se servir de symboles forts, de ceux qui n'ont besoin d'aucun justificatif
pour démontrer un vrai changement en profondeur. Voilà une tâche que remplit à merveille la cuvée 2006 du
dinosaure de Seattle ; quoi de plus imparable en effet que de donner comme titre à son nouveau disque celui
du groupe lui-même, manifeste d'une identité enfin retrouvée ? Quoi de plus déconcertant aussi que de voir
celui-ci sous un emballage aux couleurs chatoyantes, du genre que l'on verait plus volontiers sur un disque
estampillé électro ? Comme souvent, comme toujours, la formule se répète, éculée ; "Life Wasted" frappe fort,
notamment grâce à un style d'écriture juste ce qu'il faut d'un peu plus alambiqué que pour y croire à ce
changement. Puis l'album s'enlise rapidement dans ces vieilles habitudes. Il y a certes un plus grand nombre
de morceaux que de coutume à déployer une certaine énergie ("Big Wave" ou "Comatose", presque post punk).
Efficaces mais sans plus. Les plages plus tempérées obligatoires arborent leurs fragrances acoustiques qu'à
trois reprises seulement ("Parachutes", "Gone" et le pénible "Come Back"). Enfin, quelques titres aux envolées
vaguement plus épiques, mais qui sonnent plus poussifs qu'autre chose ("Unemployable", "Inside Job"),
complètent ce tableau peu glorieux. Mais qu'est-ce que je veux au juste ? Quel ridicule procès d'intention
suis-je en train de faire à ce groupe depuis trop longtemps déjà fatigué de tout ce cirque ? Il y a des histoires
d'amour qui durent. D'autres qui finissent par lasser. Pearl Jam n'est pas prêt de changer. Cela, je l'accepte. Ce
qui me gêne plus par contre, c'est qu'on tente de nous le faire croire. Pearl Jam, ce n'est un secret pour
personne, est devenu une institution. Il ne nous reste donc plus qu'à agir en conséquence. Si vous êtes devenu
à ce point accro, passez à la caisse pour obtenir votre nouvelle dose. Si vos oreilles se languissent de n'avoir
plus été agréablement surprises et malmenées depuis de nombreuses années, faire une nouvelle fois
abstraction du dernier Pearl Jam vous évitera la déception d'un achat inutile.
Note : 3/6
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TOOL : 10.000 Days
Chronique réalisée par Progmonster
6/6 sans restrictions à cette nouvelle bombe signée Tool ! Aaah, quel plaisir de retrouver les lourdes lignes de
basse de Justin Chancellor, le jeu tortueux du guitariste Adam Jones, les parties de batterie toujours plus
exposées au langage exotique des musiques du monde de Danny Carey et, bien sûr, la voix majestueuse de
Maynard James Keenan qui réussit encore ici à nous surprendre en nous montrant de nouvelles facettes de
son immense talent. Si vous comptez parmi les fidèles à avoir adhéré à tout ce que le groupe californien a
réalisé depuis "Aenima", le monstrueux "Lateralus" compris, j'insiste, alors précipitez vous sur ce "10.000
Days" ! Moins ouvertement violent que son prédécesseur, Tool revient ici à un discours plus nuancé, sorte de
synthèse entre les deux meilleurs disques du groupe à ce jour. Bon... Fini de déconner... Ce que vous venez de
lire, c'est, en gros, l'affabulation possible d'une contre-chronique que prépare déjà secrètement dans son coin
notre webmaster adoré. C'est moins ma réputation d'empêcheur de tourner en rond qui est en jeu ici que mon
souci de me montrer le plus juste possible, en échappant, tant que faire se peut, à l'excitation et à
l'emballement généralement induit par des sorties telles que celles-ci, attendues par un nombre conséquent de
personnes. Je ne présume pas de mes forces ; je ne dis pas que j'y échappe, mais j'essaye. Pour gonfler la
légende, si le nouveau Tool porte le titre de "10.000 Days", c'est peut-être aussi parce qu'il essaye de
transmettre l'idée comme quoi un temps considérable, presque interminable, leur fût nécessaire pour
accoucher dans la douleur de ce nouvel opus. Moi, je veux bien, mais ça ne veut strictement rien dire... Il existe
des albums beaucoup plus complexes que celui-ci qui ont nécessité nettement moins de temps. L'inverse est
vrai aussi. "10.000 Days" est un très bon album, ne nous y trompons pas. S'il ne surpasse pas "Aenima" (ce
qu'aucun album du groupe ne parviendra jamais à faire si vous voulez mon avis), je le trouve cependant
nettement plus emballant que "Lateralus". Il n'est pas question de faire ici le procès d'un album pour lequel je
n'ai jamais eu mon mot à dire, aussi m'en remettrais-je une fois encore au temps qui finira bien par faire son
travail auprès de ceux qui ont trop rapidement abondés dans le sens de cet album qui avait pour défauts de
vouloir dissimuler le manque de profondeur de ses propos dans des effets faciles et un excès de décibels,
faute de mieux. "10.000 Days" n'évite pas les longueurs inutiles lui non plus (la plage titre) mais l'ambiance
générale et le soin du détail apporté à ces compositions où leur vraie sensibilité mélodique peut enfin
s'épanouir sans ressembler comme ce fût parfois le cas à un emboîtement à l'emporte-pièce d'idées éparses,
tous ces éléments font que l'on traverse "10.000 Days" sans jamais s'ennuyer. On est même plutôt captivé au
fur et à mesure que l'on progresse dans celui-ci, avec de nouvelles insolentes réussites à ajouter à leur tableau
de chasse ("Jambi", "The Pot", "Rosetta Stoned" ou l'hybride exercice électronique de "Intension"). Pas un
chef-d'oeuvre donc, mais un très (très) bon album. Et dire que j'étais parti dans l'idée de lui coller une sale
note...
Note : 5/6
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ZAWINUL (Joe) : The rise and fall of the third stream
Chronique réalisée par Progmonster
Petite leçon d'histoire ; pour comprendre le présent et mieux anticiper l'avenir, un regard éclairé sur le passé
n'est jamais inutile. Être conscient de cela, c'est déjà commencer à comprendre la démarche qui est la nôtre
quand nous explorons en amont comme en aval la discographie d'un artiste même si, à un moment ou à un
autre, il finit par échapper à la définition de ce que nous considérons comme étant sombre et/ou expérimental.
Le premier exercice en solitaire du pianiste de Canno249all Adderley et futur matière grise du laboratoire fusion
Weather Report réunit chacun des éléments précités. Réalisé au beau milieu des années soixante, à une
époque où le jazz ne savait plus où donner de la tête tant le nombre de directions inédites possibles était élevé,
"The Rise and Fall of The Third Stream" célèbre un genre aujourd'hui révolu, même si la prétention artistique
qui l'enrobe a depuis, de temps à autres, refait surface sous des formes diverses. Ce genre, c'est celui auquel le
titre de l'album fait référence ; le Third Stream, courant musical dont la paternité revient à Gunther Schuller et
qui tentait en réalité de créer un pont entre musique jazz et musique classique. Certains après lui ont tenté de
donner leur vision de la chose - le Modern Jazz Quartet entre autres - mais, de manière générale, vu le manque
d'enthousiasme provoqué par cette nouvelle alternative, le Third Stream s'est rapidement transformé en cul de
sac. Le saxophoniste William S. Fischer veut malgré tout revenir sur cet épisode et c'est à lui que l'on doit
toutes les compositions de ce disque où Zawinul n'est finalement qu'un exécutant, s'essayant pourtant déjà au
piano électrique, une première ! Pourtant, on ne peut s'empêcher de penser d'ores et déjà au groupe fusion
auquel il donnera le jour quelques années plus tard, ses notes de piano pastel, sa dynamique à mi chemin entre
rock et jazz, auxquels le Third Stream vient greffer ses prétentions classiques (violons et violoncelles) et
thèmes hérités du Free Jazz. Le Third Stream n'a pas eu d'avenir, mais il n'est pas inutile de revenir sur ce
passé, dès à présent.
Note : 4/6
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ZAWINUL (Joe) : Zawinul
Chronique réalisée par Progmonster
Je vous avais parlé de "Infinite Search" du contrebassiste Miroslav Vitous. Je vous avais touché un mot
également de la trilogie fusion chez Blue Note signée Wayne Shorter, "Super Nova", "Moto Grosso Feio" et
surtout "Odyssey of Iska". Cet album éponyme de Joe Zawinul est la dernière pièce à rajouter au dossier, le
dernier témoin de l'aventure Weather Report qui est alors sur le point de commencer, là, à quelques mois
seulement ("Arrival in New York City" introduisant à sa manière l'approche cinématographique qui fera le
succès du groupe jusqu'à "Black Market" compris)... Les trois musiciens se retrouvent donc et vont bientôt
mettre en commun cette passion qui les anime tous pour une musique plus impressioniste, tout aussi détaillée
en riches éléments et autres nuances de mille et une couleurs, mais qui va radicalement s'échapper des voies
toutes tracées par les formes les plus restrictives et académiques du jazz. Pas sot, Zawinul a, comme souvent,
mis ses services à dispositions d'artistes de talent - et non des moindres puisqu'il s'agit ici ni plus ni moins de
Miles Davis lui-même - afin de tester le potentiel de ses propres compositions. Je parle bien entendu du
mythique "In A Silent Way" auquel Zawinul donne ici un nouvel éclairage, moins expensif mais tout aussi
poignant. Moins abstrait, plus pondéré, l'album jete néanmoins les bases de cette musique impalpable,
flottante, preque féérique, comme sortie d'un rêve. Des qualités rares et précieuses. "Doctor Honoris Causa"
(dédié à Herbie Hancock qui participe par ailleurs à la fête) et plus encore "Double Image" en sont les
manifestations les plus évidentes. Ce disque s'adresse à tous les amoureux de musiques libres et
aventureuses. À celles et ceux qui aimeraient aussi élargir leur horizon et entendre ce qui a pu se faire de tout
aussi enivrant aux abords de la galaxie Davisienne alors que le trompettiste allait radicaliser son propos. À
celles et ceux enfin qui, comme moi, considèrent les premières années de Weather Report comme un instant
charnière dans l'histoire du jazz contemporain.
Note : 5/6
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AXESS : First light
Chronique réalisée par Phaedream
Axess c’est Axel Stupplich, l’un des trois synthésistes du groupe de MÉ progressive Pyramid Peak, et First
Light est son premier album solo. Un album très près des sonorités du Peak et on ne s’en plaindra pas. C’est
rythmé, bien séquencé avec de beaux petits bijoux de tendresse ou des séquences matraques. Un opus qu’il
faut écouter attentivement, afin de ne rien manquer des subtiles progressions qui épanouissent un premier
album fort convaincant pour Axess.
Des strates mellotronnées, à la Shine on you Crazy Diamonds de Pink Floyd, flottent dans une ambiance
vaporeuse. L’intro atonique d’Awekening est de courte durée, car un séquenceur lourd s’empare du rythme sur
de bonnes percussions séquencées, qui accélèrent un tempo étourdi par de sublimes strates synthétiques
tournoyantes. La profondeur musicale s’amplifie avec des notes qui virevoltent sur une séquence plus lourde,
transpercée par de superbes solos, aux sonorités du Peak. Une pulsation résonne dans le champ magnétique
de Distant Sun, où notes et percussions éparses se greffent à une séquence verticale qui épouse un
mouvement saccadé. Couches synthétiques, chœurs astraux et stries métalliques couvrent les ondes d’une
séquence dont le rythme crescende subtilement, faisant de Distant Sun un genre de demi boléro statique.
Echoes of Eternity est toute une pièce. Plus rythmée, la structure musicale est moulée comme dans Distant
Sun. L’impulsion est frappée de notes claires et de solides percussions, déviant subtilement son axe parmi des
envolées synthétiques multiples, incluant de fabuleux solos. Un vrai tourbillon musical intense qui s’atténue en
mi parcours sur une ondée atmosphérique où striures synthétiques flottent sinueusement, parmi des effets
sonores analogues et métalliques. Sur l’écho d’un bourdonnement égaré, naît une superbe séquence hachurée
sur des percussions claquantes. Une séquence rotative accompagnée par de superbes solos, déchirants et
harmonieux que l’on voudrait entendre encore et encore. Les notes de First Light forment une séquence
bouclée sur des mellotrons violonés. Sur des pulsations vibrantes, la séquence devient plus limpide et ondule
sur des coups de d’archets virtuels, sonnant une charge violonée. Pulsation plus animée sur une séquence
plus intense, les solos de synthé surplombent avec la sonorité du Peak un mouvement méthodique qui suit un
parcours sobre. Shadows Of Dawn débute sur un tempo lent. Traîné par des effets sonores et des striures
mélodieuses, le beat s’anime légèrement avec de fines percussions feutrées et un synthé plus enveloppant qui
siffle, autant qu’il fuse, de courtes harmonies. Une belle ligne de basse moule l’ambiance qui s’agite sur des
notes nerveuses et une séquence lourde, qui dévie sur un beat ‘’techno dance‘’ au rythme plus animé sur des
percussions tintantes et des synthés aux solos mélodieux. L’intro de The Sermon est superbe et me rappelle la
mélodie de Vangelis sur Albedo 0.39; Alpha. Une mélodie carillonnante qu’une ballerine sillonnerait avec grâce.
Et encore plus lorsqu’une séquence s’y moule, ajoutant lourdeur et sensualité sur un mouvement lent aux
synthés accablants et symphoniques. Une superbe ballade électronique. Des gongs tibétains, sur des strates
enveloppantes, ouvrent Infinity. On s’attend à un titre aux ambiances tibétaines, lorsque de courtes stries
oscillent sur une séquence dandinante, donnant le coup d’envoi à un rythme tourbillonnant avec fureur. Des
séquences de notes fracassantes et limpides serpentent en multi vrilles, sur des percussions ravageuses. Un
techno métallique inondé de chœurs virtuels sans souffles. Un titre agressif pour un party ‘’Zombie-Rave‘’.
First Light mérite que l’on s’y arrête. Ne faites pas comme moi et balancer l’album aux calendes grecques sans
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vraiment y accorder une écoute attentive. Car sur Fisrt Light, on part d’un extrême à l’autre; du beau Berlin
School à des transes hypno techno aux structures particulières à Axess, qui frôlent celles du Peak. Un album
aux séquences multiples qui subdivisent les rythmes sur des mélodies accrochantes, des techno arrache pied,
et des synthés aux sonorités équivalentes aux couleurs des prismes. Un bon cd qui vaut le détour.
Note : 4/6
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FRUSTRATION : Full of sorrow
Chronique réalisée par Twilight
Il y a selon moi deux types de révolte sociale, l'une plutôt 'collective' qui consiste à crier des slogans, à cerner
des problèmes ciblés, clairment identifiés, une sorte de confrontation avec un ennemi défini; l'autre plus
sourde, plus interiorisée et existentialiste qui aspire déséspérément non pas à la lutte mais à l'éclatement des
barrières pour l'accomplissement de soi. Je la résumerais par le 'Here are the young man, a weight on their
shoulders' de Ian Curtis. J'ignore s'ils approuveraient mon interprétation mais selon moi les musiciens de
Frustration appartiennent à cette seconde catégorie que leur nom symbolise à merveille. Ce nouveau mini est
empli de tension, d'envie de taper contre les murs, d'une colère sourde qui voudrait éclater mais qui ne
comprend pas...'Are you so blind ?' Le cri est lancé d'emblée. Un clavier rapide et minimal lance une boucle
maladive, la batterie se greffe, la voix crie et c'est le déluge de guitares post punk dans la plus pure tradition
des Joy Division, Warsaw ou les premiers The Fall. Le groupe libère une musique sans concession, noire et
énergique, qui martèle ('Full of sorrow' est carrément martial et évoque volontiers les débuts de Death in June).
Nostalgie 80's ? Non, les 90's ont détruit beaucoup d'illusions et les formations comme Frustration tombent à
point nommé pour rappeler que l'underground, c'est une philosophie et qu'il est encore temps de se poser des
questions. 'Full of sorrow' confirme donc pleinement le potentiel du premier mini et c'est sereinement que nous
attendons enfin un album longue durée.4,5/6
Note : 4/6
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ROSE ET NOIRE : Tracé dans le bleu
Chronique réalisée par Twilight
Rose souffrée, séduction poivrée d'un cabaret faussement hanté qui prend des intonations trip hop doucement
hallucinées ('Rose c'est la vie')...Rose noire qui a toute sa tristesse à offrir, une obscurité d'alcôve, sensuelle,
où les mots de Marie Möör se coulent comme des serpents sur une rythmique électro à la fois douce et
grinçante...Rose érotique et poétique où les soupirs semblent rechercher une autre dimension, un cocon moite
et grésillant...C'est dans un bleu de velours que le duo trace des lignes alliant froideur synthétique,
expérimentation technoide et sexualité feutrée, une rencontre improbable et pourtant réussie entre la passion
et la sensualité du cabaret, la mélancolie urbaine du trip hop et l'aspect désincarné de la machine...Parfois, le
ton se fait plus léger et ironique ('Perhaps' et 'Moi ombre toi ombre', pas les meilleurs d'ailleurs, tant au niveau
musical que des textes) mais la noirceur prédomine, comme si une Emily Simon perverse nous guidait
lentement dans un labyrinthe de tentures lourdes et chargées, à la fois envoûtantes et étouffantes avec pour
bande sonore un mélange de sonorités ambient et grésillantes...Un album qui parle aux sens par tous les pores
de la peau.
Note : 5/6
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PATCHWORK : Patchwork
Chronique réalisée par Phaedream
Patchwork, c’est le duo Hollandais Ruud Heij & René Janssen. Paru en 1998 sur Quantum Records, la
compagnie Strange Charm Records en fait un ré-édition en 2005.
C’est tout en douceur que Synthetic Nature ouvre ce bel effort du duo Heij/Jamssen. Une fine ligne séquentielle
pulsative, appuyé par un sobre jeu de percussions électroniques, coule aisément avec un soyeux synthé
mélodieux. Les séquences jouent avec les tonalités, modifiant subtilement la mélodie. In memory of Humanity
est plus complexe. Un titre à évolution, il débute avec une ambiance atmosphérique nappée d’un dense synthé.
Une fine ligne basse augmente la cadence et nous inonde l’ouie d’excellents passages de synthé aux sonorités
suaves et sensuels. Le titre se termine sous un doux synthé larmoyant. Une bonne pièce aux couleurs de la
Berlin School
Avec Initial Timeline, le duo est plus audacieux avec ses rythmes et chœurs africains. Tranquillement les
rythmes se fondent dans une atmosphère hypnotique où percussions et flûtes dominent. Le synthé y est
superbe. Un autre excellent passage. Mysterious Discovery est plus tranquille. Une longue tirade minimaliste
hypnotique qui est traversé de moments atmosphériques planants. La ligne de basse est superbe. Le
mouvement atmosphérique se poursuit sur Navigate, mais c’est de courte durée. Une fine ligne séquentielle en
émerge. Le rythme et les percussions y sont soutenus par un synthé éthéré. Les notes virevoltent sur une ligne
de plus en plus basse. Plus planant Everglades est un long souffle vaporeux guidé par un synthé dense et
nuancé. Meadow est la pièce de résistance de Patchwork. Nerveux, le jeu des percussions nous introduit sur un
séquenceur en pleine voltige sonore. L’impact est à couper le souffle. La basse est puissante, le séquenceur
pesant et les notes de synthés hachent l’ambiance névrotique de Meadow. Un petit chef d’œuvre en soit.
Patchwork est sans aucun doute l’un des bons albums de la nouvelle vague de la Berlin School. Un titre qui a
passé inaperçu et c’est dommage, car il vaut le détour. Heij et Janssen marchent sur les sentiers de la vieille
garde, avec la technologie d’aujourd’hui. Un cd mélodieux avec de bons séquenceurs et d’excellent synthé. Si
vous avez passé à côté, il faut vous jetez sur cette réédition.
Note : 4/6
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ZYKLON : Disintegrate
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Troisième album du groupe norvégien, "Disintegrate" fait suite à "Aeon". Zyklon pratique un death metal brutal
et parfois mélodique avec quelques maigres réminiscences black metal. Oui, la production est puissante, oui;
Trym (ex-Emperor, ex-Enslaved) martyrise toujours bien ses fûts, on reconnait également la patte mélodique de
Samoth (ex-Emperor) à la guitare, mais je dois dire d'emblée que je ne suis pas du tout séduit par les vocaux du
chanteur Secthdaemon (notez le subtil jeu de mot). En fait, ils ne sont pas mauvais du tout, loin de là, ils
sonnent tout simplement beaucoup trop brutal death metal à mon goût, je les trouve quelquefois déplacés. Par
exemple, prenez les couplets du deuxième morceau "Disintegrate ", on dirait tout simplement du Deicide. Ils
sont par contre plus en phase avec la musique sur le troisième titre "Ways of the world ". Alors, je n'ai rien
contre Deicide, au contraire, surtout tout ce qui vient avant "Serpents of the light" inclus, mais la direction
musicale que prend Zyklon est pour le moins suprenante, mais ça, ils en ont parfaitement le droit,simplement,
je trouve les vocaux très peu performants. On a donc alternés, des passages brutal death metal bourrin à la
Deicide et des passages mélodiques sur un tempo moins soutenu qui finalement sont bien les meilleurs du
disque. Un album qui met l'accent sur la variété et le crossover entre deux genres (bien que ce disques soit à
mes yeux bien plus death que black), certes très bien réalisé, mais manquant sincèrement de liant à mon avis.
Un groupe comme Thundra arrive par exemple très bien à marier plusieurs genres, mais pour moi, Zyklon n'y
parvient pas bien. Comme le dit la biographie du groupe, "Disintegrate se porte garant de jongler entre du death
et du black metal", en effet, mais gare à ne pas égarer des balles en chemin. Objectivement, ce disque est plutôt
pas mal, mais je le trouve beaucoup trop formaté et finalement il ne détient que peu de charme. On s'embête
rapidement au bout de quelques morceaux, et on guette une bonne suprise qui finalement ne vient jamais et on
sombre dans la somnolence. Je trouve que ce groupe est porté plus par ses musiciens et leur curriculum vitae
respectifs que par une qualité musicale à toute épreuve. Il est sur que l'on a affaire à des musiciens talentueux
et aggueris, mais on a la forte impression qu'ils se sont soit endormis soit n'ont pas réalisé de gros efforts à la
composition de cet album, car c'est réellement là que le bât blesse. On a donc un disque entre deux eaux, le cul
entre deux chaises, ni bon, ni mauvais, bien interprété mais aseptisé, sans imagination, propre et sans
surprise. Nous verrons ce que le futur réserve à Zyklon, mais cet album n'augure rien de très bon. Un disque
moyen, ni plus, ni moins.
Note : 3/6
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DRUDKH : Blood in our wells
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Après plusieurs écoutes du disque précédent de Drudkh, "The swan road", je me disais que le groupe ne
parviendrait pas à faire mieux. Car contrairement à ce que je peux lire ici et là, j'ai toujours trouvé "The swan
road" supérieur aux deux précédents disques, plus varié, plus travaillé, moins monotone et moins facile. Force
est de constater que j'avais tort, Drudkh frappe de nouveau très fort avec son quatrième album qui, en effet, est
probablement supérieur au précédent. Le son est un poil meilleur, et les compositions marient à merveille les
points forts de la discographie de Drudkh. Les riffs mélancoliques et nostalgiques de "Forgotten legends" et
"Autumn aurora" (comme par exemple la quatrième piste intitulée "Solitude") combinés à une diversité plus
prononcée, quelques accélérations jubilatoires (notamment le riff magistral de la fin de "Furrows of gods"), une
lourdeur plus avancée ("When the flame turns to ashes") et les solos de guitares, quatre éléments qui
caractérisaient déjà selon moi "The swan road". Un autre élément que le groupe développe bien plus à mes
yeux est cette identité slave dans les riffs, à l'instar d'un Astrofaes par exemple. C'est difficilement définissable
mais les sonorités actuelles de Drudkh m'évoquent plus les contrées de l'Est que ne le faisaient les deux
premiers opus. On ressent une tristesse, une noirceur toute particulière, et surtout à mon humble avis, on
s'embête moins qu'au début du groupe, avec des riffs répétés à outrance et un tout moins ambiancé. Les
interludes folkloriques tirés d'un film intitulé "Mamaj" sont également une très bonne initiative, déjà amorcée
sur le disque précédent avec l'outro, que l'on retrouve ici sur l'intro et au début des morceaux. L'homme à qui le
groupe rend hommage au milieu du livret est Stepan Bandera, chef de l'Organisation Ukrainienne Nationaliste
(OUN) et fondateur de l'Armée Insurrectionnelle d'Ukraine (UPA), prisonnier des camps de concentration nazis
pendant le deuxième guerre mondiale. "Blood in our wells" est un creuset d'émotions vives sans un seul temps
mort ou passage de remplissage. Les textes sont tirés de travaux d'auteurs ukrainiens, dommage qu'ils ne
soient pas traduits en anglais (remarque quand on voit la traduction en anglais de textes russes par des
groupes, comme par exemple OId Wainds, qui finalement sont incompréhensibles, cela vaut peut-être mieux).
Au passage, je voulais passer un petit coup de gueule envers Supernal Music pour le prix exhorbitant de
l'édition limitée de l'album: un boitier style dvd, des liserés dorés, et un livret légèrement plus grand si j'ai bien
compris, avidement vendu 15 livres (soit 150 francs) sans les ports et bien entendu seulement trouvable chez
eux, ça doit faire une belle marge comparé au coût de fabrication, après c'est sur, les gens font ce qu'ils veulent
de leurs deniers. "Blood in our wells" est une ouevre compacte et indispensable à tous les amateurs de black
metal mélodique, avec des musiciens de qualité et dotée d'une bonne production. Il constitue à mes yeux LE
chef d'oeuvre de Drudkh. Il s'annonce difficile à surpasser, mais comme précédemment, je peux me tromper.
Note : 6/6
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TANGERINE DREAM : Phaedra
Chronique réalisée par Phaedream
Phaedrea est à la MÉ ce que Sgt Pepper’s des Beatles est au rock; un album phare qui influencera une
multitude de musicien et révolutionnera le monde de la musique expérimentale, psychédélique et électronique.
Situons-nous dans le contexte.
Le rock progressif évolue à cire d’oreille. Pink Floyd secoue les colonnes avec l’étonnant Dark Side of the
Moon. L’échantillonnage musical fait ses premiers pas et l’utilisation de séquenceur établit ses premières
lignes. Toujours à l’avant-garde, la gang à Froese se procure des nouveaux équipements et concocte un
premier album de rock planant qui fait entendre des harmonies, des mélodies. C’est la naissance de la Berlin
School.
Très ambiant le début de l’opus se fait entendre à travers un vent métallique à résonance spectrale. Les
premiers pas de la musique gothique viennent de se faire entendre. Un synthé tourbillonnant sillonne nos
oreilles avec discrétion. L’ouïe en attente, le synthé s’amplifie et jette les bases d’une première utilisation d’un
séquenceur dans l’œuvre de TD. Le rythme est sombre, tranchant et soutenu par un galop mellotroné qui se
décompose et s’écrase sur une banquise d’effets sonores. L’air ambiant refait surface et nous entraîne dans
une galaxie vaporeuse qui fume encore de ses cendres. Phaedra redéfini le genre et lance la désormais célèbre
Berlin School. Les lignes séquentielles qui torturent cette pièce seront désormais un classique dans la
construction des lignes séquentielles d’aujourd’hui. Souvent on peut entendre sur différents groupes de MÉ,
les bases de ce titre culte. Mais cela demeure toujours une période sombre où le planant a le dessus sur le
rythme. C’est donc avec un léger synthé qui se contorsionne que Mysterious Semblance at the Strand of
Nightmares suinte ses larmes. Un titre fantomatique qui s’étire littéralement pour faire une mélodie surréaliste.
Très statique, la pièce n’en demeure pas moins attirante avec son côté austère. Toujours dans une ambiance
spectrale/spatiale Movements of a Visionary prend forme autour de bruits atmosphériques. Tel l’œil d’un
cyclone, les notes virevoltent sur elles-mêmes et se fondent dans un néant intemporel. Sequent C clôt par une
flûte éthérée qui plane et fond en silence. L’empreinte de Peter Baumann.
Même avec nos oreilles d’aujourd’hui, Phaedra a à peine vieilli d’une ride. L’enveloppe musicale est dense. Les
synthés et le mellotron n’ont plus de secret pour le trio Allemand qui enclenchera une série d’albums fort
délicieux qui changeront la perspective de cet art contemporain. Album culte, album phare les premiers coups
de séquenceurs créant une mélodie ont surpris et charmés. Un coup de génie culturel qui n’a d’égal que les
classiques modernes.
En 2005 Phaedra a été repris et remixé par Edgar Froese, et son fils Jérome, sur l’étiquette EastGate. Les
puristes ont hennis au scandale. Je suis partagé. S’il est vrai que ce remixage a honni l’ambiance analogue des
années 70, il n’en demeure pas moins intéressant pour ceux qui ont découvert le rêve mandarin que sur le tard.
Par contre, à choisir entre la première version et celle de 2005, Phaedra 74 l’emporte haut la palme. Un cd à
posséder, ne serait-ce que pour comprendre les racines de l’évolution de la MÉ.
Note : 5/6
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CORTEGE FUNEBRE / INTO DAGORLAD : Split cd
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Première production du jeune label Haunted Moor Records, ce split cd nous présente deux groupes français,
quatre titres chacun et un dernier titre où se rejoignent les deux groupes ("Morgue"). Commençons avec le
premier groupe, Cortege Funèbre, qui nous propose un raw black metal sombre, mélodique et rageur, les
vocaux de Lord Inferiis sont littéralement éructés, proche du ton d'un Pest de Gorgoroth. On notera le très bon
"Ultime châtiment" et ses riffs mélodiques. Les quatre titres de Cortège Funèbre nous laissent entrevoir le
potentiel du groupe, cependant la production est trop faible à mon goût. Je n'ai absolument rien contre les
productions crues, mais je trouve qu'ici c'est trop boueux et que surtout elle porte préjudice à la musique du
groupe, c'est à dire que de ce fait, on n'entend pas suffisament les variations et tout simplement les riffs. Les
guitares saturées forment donc un mur trop opaque et monotone qui ne permet pas aux morceaux de donner
leur plénitude. Il faut tout de même comprendre qu'il s'agit ici de deux jeunes groupes qui n'ont probablement
pas encore les moyens d'obtenir une production plus appropriée, pas forcément moins raw d'ailleurs, mais plus
efficace, spécialement au niveau des guitares. Ceci étant dit, ça n'enlève rien du tout à la bonne qualité et à la
cohésion de titres comme "Ultime châtiment" et "Mortelle régénérescence", il est juste plus difficile de cerner
l'identité musicale du groupe. Passons maintenant à Into Dagorlad. Niveau production, même constat, sauf
qu'elle est légèrement plus puissante, et plus efficace au niveau des guitares et de la batterie notamment. Les
vocaux sont moins aigus et plus retenus que ceux de Cortege Funèbre. Côté musique, Into Dagorlad propose
également un black metal raw, cependant plus varié que le groupe précédent. Je dois d'ailleurs avouer une
légère préférence pour le matériel d'Into Dagorlad que je trouve plus personnel, et du fait de la production,
moins brumeux que celui de Cortege Funèbre, sauf pour les passages rapides qui ne ressortent pas comme ils
pourraient le faire avec une production plus conséquente. Preuve en est le début de "Cythraul", blast beats et
rapidité, qui pourrait donner un résultat plus convaincant. "Trones de cendres" (dont le deuxième riff me fait
penser au break du titre II du "Nattestid ser porten vid' de Taake) et "Dernier chapitre" sont en tout cas des
preuves que pour eux aussi, l'avenir pourrait être bon. "Morgue" qui réunit les deux groupes est une outro avec
guitares lentes, quelques percussions éparses, et des cris mêlés dans une noirceur totale. Un split cd qui a
l'honneur de nous présenter deux jeunes et intéressantes formations françaises, au potentiel certain, qui vont,
j'en suis persuadé, bénéficier d'une meilleure production pour la suite, ce qui leur permettra de donner quelque
chose de vraiment bon. Pour l'heure, ce disque est ce qu'il est: brut, cru et sombre. Deux groupes qui nous
présentent leurs premiers ébats dont je vous conseille de suivre l'évolution. Un gros 3/6 pour la production qui
tire le matériel des deux groupes vers le bas (arghhh, ce système de notation, pour moi, ca mérite un 3.5). Le
futur sera raw ou il ne sera pas.
Note : 3/6
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HAMMILL (Peter) : Fool's mate
Chronique réalisée par Progmonster
Nous sommes tous appelés à faire des erreurs de jeunesse. En préambule à cette chronique qui annonce une
salve d'une trentaine d'autres à sa suite, je voudrais faire mienne cette sentence et transformer ainsi cet aveu
de faiblesse en un souhait d'excellence. Car jadis transporté par un élan juvénile et enthousiaste, il me tardait
de vous parler au plus vite de Van Der Graaf Generator. Même si, faut-il croire, j'ai malgré tout, moi aussi,
contribué à la découverte de ce groupe auprès de certains de nos lecteurs, le regard que je porte sur mes
premières chroniques me laisse sur un sentiment partagé. Bien que les ayant étoffées quelque peu depuis,
elles ne font toujours pas honneur, à mon sens, à la grande force qui se dégage de leur oeuvre. Aussi
voudrais-je publiquement déclarer ici que le compte rendu que je m'apprête à vous faire au sujet de la carrière
solo de Peter Hammill sera tout sauf bâclé. L'aventure commence donc officiellement en 1971 avec "Fool's
Mate". Rappelons toutefois que "The Aerosol Grey Machine", de trois ans son aîné, devait à l'origine paraître
sous le nom de Hammill exclusivement mais fût attribué en dernière minute à Van Der Graaf Generator. Par
ailleurs, signalons également aux personnes encore étrangères à cet univers que la frontière entre disques en
solo ou disques en groupe est depuis toujours restée pour ainsi dire plutôt floue sur papier puisque, sur plus
de quarante ans de carrière et autant d'albums, aucun disque ne sera enregistré sans la présence au préalable
d'au moins deux autres membres de Van Der Graaf, Graham Smith et David Jackson les premiers. Quel bilan
tirer de "Fool's Mate" ? Citer "The Aerosol Grey Machine" n'était pas fortuit puisque c'est de ce disque qu'il se
rapproche le plus - et pour cause - le caractère extravagant en moins. Un album déjà fort personnel dont le
charme tout relatif dépend de son aspect fourre-tout et quelque peu austère. Une collection de chansons
faussement caustiques dont les instants les plus mémorables sont ceux où Hammill se livre dans une forme
d'intimité impudique, avec arrangements pour guitare sèche ou piano/voix ("Solitude", "Vision", "Child", "The
Birds"), rescapés d'une époque déjà révolue et qui sonne pour tout dire comme du matériel qui n'aurait tout
simplement jamais su ou pu trouver sa place sur aucune des réalisations du groupe, pourtant encore en
activité, mais plus pour très longtemps il est vrai ("Fool's Mate" sort au moment même où Van Der Graaf rentre
en studio pour enregistrer ce qui deviendra "Pawn Hearts"). S'arrêter à ce seul "Fool's Mate", c'est ne
conserver de Peter Hammill qu'une seule image ; celle du chanteur folk. Il ne mettra pas longtemps à nous
prouver qu'il est bien plus que cela. Ma note peut paraître sévère mais c'est avant tout son manque de direction
claire et précise qui est à déplorer. Erreur de jeunesse disais-je... Non. Plutôt un faux départ.
Note : 2/6
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HAMMILL (Peter) : Chameleon in the shadow of night
Chronique réalisée par Progmonster
"Chameleon in The Shadow of Night" est important à bien des égards. Et d'abord symboliquement. C'est en
effet le premier des quatre albums que Peter Hammill publiera pendant le hiatus de quatre ans que s'imposera
Van Der Graaf Generator. Cependant, on notera que le nombre des intervenants se limite cette fois au seul
groupe, représenté de surcroît au grand complet, au-delà de toute espérance, grâce au bassiste Nick Potter,
fidèle parmi les fidèles, que l'on avait perdu de vue depuis sa seule participation à "The Least We Can Do is
Wave to Each Other". Important toujours parce que, même si le raccourci peut paraître facile, c'est à partir d'ici
que les choses sérieuses vont commencer. Toujours dans le sillage de "Fool's Mate", le second Peter Hammill
solo se développe sur base des seuls points positifs de son prédécesseur. Le côté presque nu de
l'interprétation est encore davantage accentué ici ; que les membres de Van Der Graaf Generator fassent ou
non acte de présence ne change rien à l'affaire. Sur des plages comme, d'une part, "In The End" ou "Easy to
Slip Away", axés piano et voix, et d'autre part "Dropping The Torch" et "German Overalls", pour guitare et voix,
l'écriture de Peter Hammill trahit l'importance de son rôle capital au sein du groupe. Les incursions timides
d'une flûte, d'un mellotron ou d'effets hallucinogènes divers renforcent le côté fondamentalement noir,
dramatique et ambivalent qui caractérise l'essence même de l'auteur. Les esprits damnés du générateur
pourraient ainsi perdre leur temps à s'imaginer quel aurait été le relief de ces compositions si les arrangements
avaient été conçues dans la perspective d'être incorporés par le générateur, mais ce serait alors refuser
d'admettre que d'autres perspectives sont possibles. Dans l'absolu, ces titres, bien que dépouillés, ne sonnent
pas pauvres du tout ; bien au contraire, la plupart d'entre eux génèrent des climats de tension tout aussi
remarquables. Mais les plus récalcitrants à cette approche radicale seront sans doute ravis d'apprendre que la
marque de fabrique du groupe s'illustre sur "Rock and Rôle" et plus encore à travers la suite schizophrène "(In
the) Black Room/Tower". Van Der Graaf Generator unplugged ? C'est probablement le descriptif qui sied le
mieux au contenu de "Chameleon in The Shadow of Night".
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : The silent corner and the empty stage
Chronique réalisée par Progmonster
La débordante créativité de Peter Hammill ne connaîtra presque aucune pause. Il s'est rarement écoulé plus de
deux ans entre deux de ses publications, qu'il enchaîne d'habitude avec une précision d'horloger, au rythme
d'un disque par an. Et quelque fois même jusqu'à deux albums au cours de la même année ! Année faste donc
que 1974 puisque nous serons fournis "In Camera" et "The Silent Corner and The Empty Stage", parmi les
toutes meilleures oeuvres jamais réalisées par cet éternel écorché vif. Cette fois, toujours dans ce souci de
pousser à chaque fois sa logique un peu plus loin, Hammill s'emploie à étendre le rayon d'action de sa plume la
plus sophistiquée. Comme le dit le vieil adage ; chassez le naturel il revient au galop. Car, n'y allons pas par
quatre chemins, "The Silent Corner and The Empty Stage" est le plus Van Der Graafien des albums de Peter
Hammill. Et ce même si Nick Potter s'éclipse pour mieux ressurgir avec le K Group, mais ne brûlons pas les
étapes ; ce sera seulement dans une dizaine d'année. Le guitariste Randy California (ex-Spirit) participe à la fête
mais, comme pour Robert Fripp sur "Fool's Mate", son rôle reste anecdotique. Banton, Evans et Jackson, eux,
sont beaucoup plus présents, c'est le moins que l'on puisse dire, et donnent de leurs personnes sur, entre
autres, "The Lie", "Forsaken Gardens" ou l'ambitieux "A Louse is Not A Home", le tout oscillant dans des
atmosphères évoquants tour à tour la folie de "Man-Erg" et la fièvre à venir d'autres titres emblématiques
encore en devenir du générateur comme "La Rossa" auquel "Red Shift" prépare le terrain en quelque sorte. De
loin, son album esthétiquement le plus rattaché à la grammaire progressive - façon Van Der Graaf Generator
s'entend - "The Silent Corner and The Empty Stage" s'impose aussi comme le meilleur compromis pour toutes
celles et tout ceux qui veulent aborder la carrière de Peter Hammill en solo sans prendre trop de risques ni être
tout-à-fait dépaysés. Il faudra alors compter sur la sensibilité à fleur de peau de l'artiste et ses longs passages
introvertis en mode acoustique ("Wilhelmina" et "Rubicon") pour permettre à ceux qui le désirent de poursuivre
l'aventure hors des sentiers battus.
Note : 5/6
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HAMMILL (Peter) : In camera
Chronique réalisée par Progmonster
"In Camera" serait-il l'album oublié de Van Der Graaf Generator ? Pour la première fois, tout le monde n'est pas
réuni autour du charismatique chanteur - seuls David Jackson et Guy Evans sont présents, avec, en renfort,
Chris Judge Smith ! - et si les moments les plus furieux de ce nouveau brûlot, une fois de plus, ne peuvent nier
l'évidence, c'est moins la sonorité ("Tapeworm") que la démence générale dans laquelle il baigne qui rend la
chose envisageable. Album étrange, traînant derrière lui une aura maudite, qui donne une place de choix aux
errances philosophiques les plus destructrices, aux tendances les plus lugubres et possédées du chanteur, se
concluant en apothéose morbide avec le fameux "Gog Magog" que les intéressés connaissent que trop bien.
Mais avant de faire la peau aux idées reçues sur ce titre, il n'est pas inutile de se pencher sur ce qui se passe en
amont. Déjà, "(No More) the Sub-Mariner" nous laissait entrevoir que sur "In Camera" Peter Hammill ressentait
le besoin de jouer franc-jeu afin d'étaler sans scrupules le déchirement existentiel dont il s'est toujours si
pertinemment fait le chantre. C'est le Hammill qui hurle qui s'exprime surtout ici, et ô combien ! Le synthétiseur
fait une entrée en force dans son univers, par l'entremise de David Hentschel - vous savez, le producteur des
deux meilleurs Genesis, "A Trick of The Tail" et "Wind & Wuthering" - donnant à ce titre, et à d'autres, leurs
côtés si angoissants. Dans un même ordre idée, et toutes proportions gardées, le débat fait rage quant à savoir
quelle est la véritable utilité des dix minutes expérimentales qui mettent fin à l'imposant "Gog Magog" cité plus
haut. Déclinaison toute personnelle de ce que l'on appele communément musique concrète, ce "Magog"
psychédélique doit être perçu comme la résolution post-apocalyptique du "Gog" chaotique qui l'introduit ; ce
jeu d'image mirroir entre la prédiction d'un malheur à venir, dont le héraut serait ici incarné par un orgue aux
vertues sépulcrales, et le vide qu'il laisse derrière lui, projections mentales et abstraites du calme après la
tempête, se révèle être d'une pertinence absolue, surtout compte tenu des références quasi prophétiques qui
en définissent l'objet. Avec "In Camera" s'achève déjà le premier cycle de la dramaturgie Hammilienne, sur ce
qui représente très certainement son chapitre le plus sombre et le plus expérimental.
Note : 5/6
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HAMMILL (Peter) : Nadir's big chance
Chronique réalisée par Progmonster
Difficile d'aborder cet énigmatique "Nadir's Big Chance" sans tomber dans les lieux communs rabâchés depuis
des lustres par la presse internationale. À quelques mois de la reformation officielle de Van Der Graaf
Generator, Peter Hammill nous revient avec un album que certains veulent voir comme précurseur du punk,
carrément, oui vous lisez bien. Le terme, Frank Zappa et Pete Townshend se l'étaient déjà disputés bien des
années auparavant. Mais il est vrai que face à l'étonnante rugosité qui parcourt ce nouveau disque, un tel
parallèle n'est en définitive pas usurpé. Concrètement, il est surtout bien plus naturel de voir dans ce nouvel
exercice une rampe de lancement vers "Godbluff" puisque le caractère trempé et sans concession de la
seconde période du groupe prend probablement sa source ici. Beaucoup d'amateurs de musiques progressives
ont encore et toujours du mal à accepter ce troc formel entre le symphonisme maniéré des débuts (et encore,
Van Der Graaf fût loin de se conformer à ce genre) et l'énergie brute qu'ils vont rapidement adopter. Hugh
Banton, David Jackson et Guy Evans participent pour la dernière fois tous ensemble à un album de leur
incontestable leader et font preuve d'une incroyable flexibilité, capables de se montrer aussi efficaces que
carrés. Ses détracteurs reprochent à "Nadir's Big Chance" une écriture simplifiée. Je ne partage pas cet avis.
En réalité, c'est l'absence de couleur strictement progressive qui embarasse ses mauvaises langues. Et
quelque part tant mieux. Á l'écoute de la plage titre, "The Institute of Mental Health, Burning", "Nobody's
Business" ou "Birthday Special", on comprend mieux le respect que lui a toujours voué Johnny Rotten en dépit
des circonstances. On comprend mieux aussi ce qui a toujours fasciné David Bowie chez cet homme à la voix
exceptionnelle. D'ailleurs, à l'instar du Thin White Duke, Hammill incarne ici le personnage de Rikki Nadir,
passablement remonté contre l'industrie du disque, un point de vue assumé avec flamboyance qui rend encore
plus grotesque la tentative désespérée de Ian Anderson de sonner un tant soit peu moderne sur le poussif "Too
Old to Rock'n'Roll : Too Young to Die !". Enfin, cet exercice peut également être perçu comme une version
autrement plus burnée du Roxy Music de "Virginia Plain", renforçant son aspect le plus rock, n'en gardant que
les aspérités. Mais si nous voguons ici entre proto-punk et une forme de hard garage rock, Hammill n'en oublie
pas pour autant de faire valoir sa facette la plus sensible comme l'attestent les ballades jamais mielleuses de
"Pompeii", "Shingle" ou "Airport".
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : Over
Chronique réalisée par Progmonster
Le temps de conclure la trilogie noire du générateur, pratiquemment deux ans se seront écoulés. "Over" surgit
donc du néant en février 1977, baigné d'une lumière blafarde qui cache en réalité bien son jeu. Comme le
suggère le titre de l'album, l'auteur s'inscrit une nouvelle fois en totale rupture avec son passé, direct ou
indirect. Rupture avec le rock révolté de Rikki Nadir, même si "Crying Wolf" permet à la transition de se faire en
douceur. Rupture avec le Van Der Graaf Generator de la vieille époque, réintégrant momentanément Nick Potter
et invitant pour la première fois le violoniste Graham Smith, rescapé des String Driven Thing, précédant pour le
coup de quelques mois seulement le lifting opéré par Van Der Graaf avec l'album "The Quiet Zone/The Pleasure
Dome" ("Time Heals" et "Lost and Found", en écho à "La Rossa"). Rupture affective enfin, puisque, à l'image de
"Blood On The Tracks", "Hear My Dear", "Face Value", "Tunnel of Love" ou "Devotion and Doubt", albums qui
l'ont précédé ou qu'il précède, "Over" construit lui aussi sa trame narrative au sortir d'une relation amoureuse
difficile. L'épure de "Fool's Mate" et "Chameleon in The Shadow of Night" refait donc surface. Mais pas de quoi
s'affoler pour autant puisque ici le contexte appele à un tel traitement. Et que rêver de mieux que l'incroyable
expressivité dont est capable la voix de Peter Hammill pour parler de peine, de douleur, de rancoeur,
d'amertume, de rage et d'ironie dans autant de tableaux qui visitent cette palette de sentiments contrariés ? Les
plages pour violon et voix que sont "Autumn" et "Betrayed" sont magnifiques même si les sujets traîtés
demandent une approche différeciée. La surenchère dramatique atteint des sommets sur "(On Tuesdays She
Used to Do) Yoga", limite inquiétant, ou encore "(This Side Of) The Looking Glass" où les arrangements pour
large ensemble de cordes rappelent dans ses passages les plus solennels l'Allegretto de la septième
symphonie de Beethoven. Fini. Tout est donc fini. Sans plus attendre, il faut se ressaisir. Et dès maintenant,
regarder l'avenir droit dans les yeux.
Note : 5/6
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HAMMILL (Peter) : The future now
Chronique réalisée par Progmonster
Le nouveau visage adopté par Van Der Graaf n'aura donc pas fait long feu. Le sulfureux "Vital" mettait un terme
à priori définitif à cette fabuleuse aventure. Ce qui fait de "The Future Now" le premier album de Peter Hammill
réellement post Van Der Graafien, et désolé pour le néologisme... Le premier aussi qui ouvre un cycle
d'atermoiements où Peter Hammill va s'essayer à des expérimentations diverses, pour des résultats tout aussi
mitigés. Un disque plus partagé que vraiment contrasté, un peu à l'image de sa pochette. En vérité, Hammill et
sa bande jouaient leur va-tout avec leur double témoignage en concert, l'avenir du groupe restant donc bien
incertain. C'est donc dans cet état d'esprit radicalement nouveau pour lui que Hammill boucle en moins d'un
mois au printemps 1978 ce disque où, de son propre aveu, il essaye de construire quelque chose de sérieux, de
concret, dans la perspective d'une carrière solo qui pourrait bien devenir du long terme et non plus de simples
exercices de style capricieux. Pour autant, il ne faut pas envisager "The Future Now" sous l'angle d'un
hypothétique compromis ! C'est loin d'être le cas, notamment quand on s'arrête sur sa deuxième face, loin de
pouvoir prétendre à un quelconque succès commercial. L'empreinte de ses travaux passés persiste, Dave
Jackson intervenant sur "Pushing Thirty" et Graham Smith sur l'étrange "Energy Vampires", "If I Could" faisant
presque office de post scriptum à "Over", mais de manière générale, une ambiance pas forcément froide, je
dirais détachée, s'en dégage. Elle évoquerait presque le second Peter Gabriel, en nettement plus lunatique
cependant (cfr son travail vocal toujours aussi phénoménal sur le bien nommé "Mediaeval"). C'est aussi
l'époque où les boîtes à rythme se démocratisent et si Peter Hammill parvient à en tirer le meilleur pour
dessiner des chansons pop au calibrage irréprochable ("The Second Hand"), son approche sur "A Motor-Bike
in Afrika", pas loin de Suicide finalement, ou "The Cut" est plus à même de satisfaire notre culte du sombre et
de l'expérimental.
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : ph7
Chronique réalisée par Progmonster
Neutre "pH7" ? Dans les manuels scolaires de science naturelle certainement, mais pas en ce qui concerne le
huitième album solo de Peter Hammill. Si l'on excepte la plage qui ouvre ce nouvel opus, trop désinvolte pour
être totalement crédible, nous tenons là un effort à la construction intelligemment négociée qui s'emploie
surtout à extrapoler les options développées auparavant sur "The Future Now". Un départ en trombe à vrai dire
avec "Careering" et "Porton Down", sonnant aussi actuel, si pas plus, que le dernier TV on The Radio. Et le fait
que "Mirror Images", présent à l'origine sur le live "Vital", vienne compléter ce premier tir groupé de chansons
passionnées a de quoi attirer toutes les faveurs de la vieille garde. Tout un symbole. Mais ce n'est pourtant pas
à cette furtive touche nostalgique que l'on doit la réussite du présent disque. Je l'ai écrit plus tôt; c'est son sens
de l'équilibre qui fait toute la différence. Les touches acoustiques sont réduites à leurs portions congrues avec
"Handicap and Equality", "My Favourite" ou "Time for A Change" pour la guitare, et "Not for Keith" pour le
piano. Quant aux textes, ils confirment, après "The Future Now", le revirement beaucoup plus engagé de
l'artiste qui, sans prétendre avoir fait le tour des questions philosophiques, s'attache plus désormais à la
description du réel et des inégalités inhérentes à notre modèle social ("The Old School Tie"). La suite "Mr. X /
Faculty X" parachève le travail avec une nouvelle tranche de folie pas piquée des hannetons. Bien sûr, il serait
tellement facile pour nous de réécrire l'histoire en ne conservant que le meilleur de "The Future Now" et de
"pH7" pour en faire le meilleur Hammill depuis "In Camera". Ce serait là encore ne conserver qu'un seul aspect
des choses. Celui qui nous convient le plus, au mépris d'autres qui ainsi juxtaposés nous permettent pourtant
de mettre tout cela en perspective. Le chaméléon Hammill n'a pas choisi ce totem par hasard ; c'est un
personnage complexe qu'il faut prendre la patience de découvrir. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que
nous ne sommes pas encore arrivés au bout de nos surprises.
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : A black box
Chronique réalisée par Progmonster
Il est tout de même regrettable de s'entendre dire que le meilleur Hammill se trouve sur "Chameleon in The
Shadow of The Night", "The Silent Corner and The Empty Stage" et "In Camera" ; à savoir, les trois albums de
sa très longue carrière à avoir partagé une similitude esthétique marquée par l'univers de Van Der Graaf
Generator ; comme si tenter de s'épanouir en dehors de cette influence n'avait aucune légitimité... Certes, en se
retrouvant à la tête d'une discographie tellement impressionante en terme de quantité, il était sommes toutes
logique d'y trouver du bon et du moins bon. Mais compte tenu de l'assiduité et de la sincérité absolue avec
laquelle l'auteur nous a délivré tous ses disques, le bilan reste des plus positifs et impose le respect, les
quelques ratés statistiquement obligatoires dans de telles proportions nous appelants à faire preuve
d'indulgence. "A Black Box" n'en demande pas pourtant et il reste malgré tout trop souvent relégué comme
second choix. Ce qui est une erreur à mon humble avis. À ce stade, Peter Hammill a compris que pour survivre
il va falloir s'adapter. Et c'est sans trop se poser de question et en suivant son feeling qu'il embrasse les
années quatre-vingt dans certains de ses aspects les plus intéressants. L'oeuvre qu'a forgé Peter Hammill est
avant tout celle d'un auteur, pas celle d'un musicien. Aussi va-t-il trouver en la technologie de cette époque un
allié de poids pour lui permettre de dessiner les ambiances noires qui l'habitent ou qui soutiennent la majorité
de ses compositions. Dans ce cadre glacé, Peter Hammill se montre finalement bien plus ambigu que quand il
se mettait en tête de nous jouer une ballade folk au son de sa guitare acoustique. Un clavier hanté par son
propre écho sur "Losing Faith in Words", de l'expérimentation à tout va sur "The Jargon King" ou "The Wipe",
de toute évidence, "A Black Box" tire les leçons de ses deux précédents efforts et cette fois enfonce le clou une
fois pour toutes. "Fogwalking" ou "In Slow Time", par exemple, représentent parfaitement le changement
d'approche dans l'écriture qui s'est lentement opéré ; on ne peut presque plus parler de composition puisque
ces titres reposent désormais plus que sur leurs textures, ayant pour la plupart le profil d'une onde néfaste. La
succession des plages courtes qui constituent sa première face consolide l'impact de ce nouveau mode
opératoire, alors que "Flight", longue suite à rebondissements multiples qui applique aux recettes d'antan les
saveurs actuelles, ravive une dernière fois le fantasme d'un Van Der Graaf Generator post moderne et
chaotique décidément inévitable, scellant le sort d'un disque unique en son genre qui ne laissera personne
indifférent.
Note : 5/6
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HAMMILL (Peter) : Sitting targets
Chronique réalisée par Progmonster
La lente matûration qui a poussé Peter Hammill à reconsidérer son approche esthétique depuis "The Future
Now" trouve sa conclusion sur "Sitting Targets", dernier chapitre de cette deuxième phase. Le disque ne
manque pas d'ambition, mais celle-ci se situe à un tout autre niveau que celle développée sur "A Black Box",
son prédécesseur, et pour ainsi dire presque à l'opposé l'un de l'autre. Si on peut se risquer à parler ici de
compromis, celui-ci n'a en vérité rien d'ouvertement choquant. Car oui, "Sitting Targets" est un album
ouvertement rock ("My Experience" ou "Hesitation"... loin d'être ce qu'il y a de mieux sur le disque), le plus
rock, le plus grand public de toute sa carrière. Conforme aux productions d'époque ; pour autant, vous ne
trouverez pas ici de traces d'un "Making Plans for Nigel", "Ashes to Ashes", "Invisible Sun" ou "Games without
Frontiers". Derrière son habillage gentiment new wave, "Sitting Targets" offre en réalité ce qui peut être vu
comme le meilleur tir groupé de chansons jamais enregistrés par Peter Hammill. D'ailleurs, ce n'est pas un
hasard si beaucoup de ces chansons vont figurer pendant longtemps dans ses différents tours de chant, y
compris "Central Hotel", sorte de rencontre improbable entre AC/DC et Gary Numan. En ouverture, un
convaincant "Breakthrough" montrait d'emblée que l'auteur n'avait décidément rien perdu de sa superbe, grâce
à ce style d'écriture si particulier qui n'appartient qu'à lui, pleins de petites trouvailles qui permettent à ses
titres de se fondre dans la masse sans perdre leurs spécificités ("What I Did" ou la plage titre qui se conclut en
mode acapella légèrement dérangé). On le voit ; en dépit des apparences, Peter Hammill ne peut jamais se
montrer parfaitement lisse. Il aime à se situer sur la brèche, sur le point de rupture à partir duquel tout peut
basculer, dans un sens comme dans l'autre. Ailleurs, on retrouve donc la même ambiance poisseuse et
presque épouvantable donnant un cachet inédit à ses derniers travaux ("Glue"), réminiscent aussi du grand
Eno de "Another Green World" qu'avec un petit effort d'imagination on remarquera par endroits.
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : Enter k
Chronique réalisée par Progmonster
Début d'une éphémère troisième période avec ce disque paru à l'origine sur Naive en 1982. "Enter K" officialise
en effet la naissance du K Group. Derrière les pseudos farfelus des membres de cette nouvelle formation se
cache en réalité des visages bien familiers : Mozart (Nick Potter), Brain (Guy Evans) et le nouveau venu Fury
(John Ellis), l'énigmatique K n'étant autre que Peter Hammill lui-même. David Jackson est là, lui aussi, mais
crédité en tant qu'invité uniquement (il ne se fait entendre que sur deux titres). En fait, sous prétexte de
renouvellement en profondeur, notre flegmatique britannique fait du neuf avec de l'ancien, recyclant en quelque
sorte le concept du personnage de Nikki Nadir dans une déclinaison plus "up to date" pour l'époque, et donc
un peu dépassée en ce qui nous concerne. C'est aussi une solution toute trouvée pour l'auteur qui manifestait
depuis un petit temps déjà son désir de renouer avec un réel esprit de groupe. Nous n'aurons
malheureusement pas l'opportunité d'entendre concrètement ce qu'un tel revirement implique, exception faite
peut-être des longues parties instrumentales d'un finalement trop long "Happy Hour". Dans l'ensemble, les
titres de "Enter K" sont loin d'être mauvais, mais c'est avec peine qu'on y retrouvera une quelconque
excentricité. Rien de bien noir ou de dérangeant à s'envoyer entre les écoutilles. Le ton général est plutôt
upbeat, très en phase d'ailleurs avec ce que les années quatre-vingt nous auront apporté de plus superficiel...
Toutefois, malgré l'énergie primesautière véhiculée par de plages telles que "Paradox Drive" ou "The Great
Experiment", la marque de fabrique Hammillienne reste reconnaissable entre toutes. Et c'est encore plus
évident sur "The Unconscious Life" et le remarquable de retenue "Don't Tell Me". Reste enfin "Accidents", seul
morceau encore rattaché à l'étrangeté des "Future Now", "ph7" et autre "A Black Box" qui l'ont précédé, une
chanson pop pas si droite dans ses bottes qui me ferait presque dire qu'à elle seule elle justifierait qu'on se rue
sur ce disque. "Enter K" est un album plein de promesses qui en réalité n'en accomplit que quelques unes
seulement.
Note : 3/6
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HAMMILL (Peter) : Loops & reels : analog experiments 1980-1983
Chronique réalisée par Progmonster
Intercalé entre "Enter K" et "Patience", "Loops & Reels" n'a absolument rien à voir avec la nouvelle partie de
carrière récemment entamée par Peter Hammill. Il s'agit d'un recueil d'expérimentations sonores échelonnées
entre la fin des années soixante-dix et le début des années quatre-vingt. Un album à part, farouchement
expérimental celui-ci, et qui n'était d'ailleurs paru à l'origine que sous format cassette. Il est presque paradoxal
de se dire que "Loops & Reels" va finalement bien plus loin que toutes les autres publications de Hammill
datant de la même époque ! Voici en effet un recueil aventureux, préfigurant l'art du sample et dont l'instigateur
a toutes les (bonnes) raisons de s'enorgueillir. Comme l'atteste la présence de "In Slow Time" dans cette
selection - qui, pour rappel, figurait sur le bien nommé "A Black Box" - dans une version épurée sans doute
encore plus décisive, c'est le Hammill musicien (ou devrais-je dire arrangeur ?) qui s'illustre ici. Et s'il n'y a bien
sûr absolument rien de transcendant techniquement parlant sur cette galette, on retrouve en filigrane la
fascination intacte du compositeur pour des ambiances troubles et ténébreuses, sorte de dark ambient avant la
lettre ("My Pulse", musique commissionnée pour un ballet, s'épanchant sans crainte sur plus de quinze
minutes), à situer sans doute quelque part entre les travaux de Fripp & Eno, ensemble ou séparément d'ailleurs,
voire du Peter Gabriel de "Birdy". Il y a deux exceptions tout de même ; l'explicite "The Moebius Loop" et le
renversant "A Ritual Mask", inédit réalisé à l'origine pour une compilation du Womad, réduisant à une peau de
chagrin les efforts de fusion ethnique du même Gabriel sur son célèbre "Rhythm of The Heat", avec une
approche, forcément, bien plus habitée et radicalement plus sombre. Vous l'aurez compris, "Loops & Reels" est
une expérience recommandable en tous points. On regrettera seulement que Peter Hammill ait depuis décidé
d'organiser lui-même une dichotomie dans ses travaux, dégraissant ses chansons de leur aspect les plus
aventureux pour les concentrer sur des disques isolés ("Sonix" et "Unsung" plus tard). Et il ne faudra pas
attendre très longtemps avant que les conséquences d'un tel geste se fassent rapidement sentir...
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : Patience
Chronique réalisée par Progmonster
On ne rentre pas si facilement dans l'oeuvre de Peter Hammill. Au-delà des apparences plutôt convenues, il y a
quelque chose de singulier dans son univers qui nous le rend aussi familier que fondamentalement différent.
Ses mélodies ne sont pas toujours faciles, mais comme les plus fortes, elles parviennent à s'incruster dans
notre mémoire avec une rare élégance. Le second volet des aventures musicales du K Group parvient enfin à
concrétiser les espoirs et les intentions que Peter Hammill avait formulé un an plus tôt. Il faudra quelques
écoutes pour pouvoir vraiment s'en rendre compte car en dépit d'un style plutôt conventionel se dissimulent en
fait de redoutables petites pièces amères et vibrantes à la fois ("Just Good Friends"). Tout n'est pas parfait
pour autant ; si vous étiez parmi ceux qui n'étaient pas parvenu à saisir le côté upbeat qui officiait d'ores et déjà
sur "Enter K", un titre comme "Film Noir" devrait sans peine vous aider à y voir plus clair. Toujours entraînante,
la musique du K Group a la vigueur du Peter Gabriel de "Shock The Monkey" sans pour autant en récolter les
fruits. À l'image du couple "The Future Now" et "pH7", "Enter K" et "Patience" doivent s'écouter dans la foulée
l'un de l'autre pour pouvoir en mesurer pleinement tous les effets. Des thèmes relativement forts ("Patient"),
des rythmiques et une manière de procéder parfois entravées ("Jeunesse Dorée", "Train Time") finissent par en
rendre l'écoute passionnante sur le long terme. En clair, il n'y a aucune raison de bouder les exercices
solitaires de Hammill en ce début de nouvelle décennie ; elles possèdent à leur manière la même force de
persuasion, la même forte personnalité que le King Crimson période "Discipline" ou les Talking Heads de la
grande heure. Pourtant, le public du bon goût préfèrera cent fois dérouler le tapis rouge à des "90125",
"Invisible Touch" ou autre "A Momentary Lapse of Reason" autrement plus stériles. "Patience" est le dernier
album de Peter Hammill que l'on recommendera sans restriction aux débutants, alors que le bonhomme
s'apprête à entrer dans une période des plus troubles, construisant à l'aveugle une longue phase de transition
dont il ne sortira véritablement qu'à l'amorce des années quatre-vingt dix.
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : The margin +
Chronique réalisée par Progmonster
Agrémenté d'un copieux second disque comprenant pas moins de dix titres supplémentaires, une pleine heure
à trois minutes près, et ce dans le cadre de sa réédition 2001 chapeautée par son propre label Fie!, "The
Margin" représente plus que le seul testament en concert du K Group ; c'est aussi celui de toute la seconde
partie de carrière du Peter Hammill post-Van Der Graaf Generator, de 1977 à 1984, c'est à dire de "The Future
Now" à "Patience" inclus. La fin d'une époque en quelque sorte. À l'image du fameux "Vital", "The Margin"
possède la même force brute, ce même son "direct dans ta gueule" qui semble toujours être la manière la plus
fidèle qui soit de traduire l'intensité d'une performance scénique. On ne pourra pas reprocher au groupe de
manquer d'énergie, celui-ci offrant souvent une seconde jeunesse à des titres dont le véritable potentiel avait
du mal à s'exprimer dans leurs versions studios. Une attention toute particulière est apportée aux chansons
extraites de "Sitting Targets" ; plus de la moitié de l'album y est en effet représenté, et l'on ne pourrait taire plus
longuement la rage et l'intensité apportées, par exemple, à "My Experience" et "Central Hotel" s'il ne fallait citer
qu'eux. Il faut signaler également que ce second disque bonus a un son moins poli que celui paru officiellement
en 1985, ce qui accentue davantage encore la férocité du propos. De plus, Hammill et le K Group font preuve
d'une réelle inventivité en réadaptant parfois dans des arrangements forts éloignés des originaux des plages
telles que "The Jargon King", "The Second Hand", "If I Could", ici exceptionnellement accompagné par le reste
du groupe, voire l'imposant "Flight" - exercice bien difficile s'il en est et d'ailleurs pas pleinement satisfaisant voire, plus loin encore, ceux d'une gloire passée ("Again", "Modern" ou carrément "The Sphinx in The Face", eh
oui). À l'heure où une partie de son catalogue n'est plus disponible, la réédition de "The Margin" s'impose
comme incontournable pour se familiariser avec l'essence même de cette période moins connue du bonhomme
et pourtant tout aussi riche.
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : Skin
Chronique réalisée par Progmonster
En changeant une nouvelle fois de label, Peter Hammill va enchaîner des albums peu inspirés, que l'on croirait
presque avoir été réalisés sans la moindre conviction. Cette série maudite pour ainsi dire commence très mal
avec "Skin", pas loin d'être le pire des quatre disques enregistrés durant cette période tumultueuse, et
probablement aussi un des albums les plus dénués d'intérêts de toute sa carrière. Chansons pour la plupart
sans reliefs perdues dans un dédale désastreux de sonorités synthétiques qui annihile tout éventuel effort
désintéressé qui ne demande pourtant qu'à en développer une appréciation plus positive. À se demander même
ce que tout ce beau monde est venu foutre là ; Stuart Gordon reprend officiellement le rôle autrefois dévolu à
Graham Smith, Hugh Banton réapparaît, mais cette fois au violoncelle, David Jackson est fidèle au poste, et
Guy Evans pour un ultime tour de piste, et pas des plus mémorables malheureusement. Comment justifier
l'utilisation extensive des sonorités midi alors que Hammill a un groupe sous la main ? Comment ne pas se
hérisser à l'écoute de ce pastiche d'ensemble de cuivres sur "Painting by Numbers" ou encore cette batterie
plastique jetable et même pas recyclable de "A Perfect Date" ? "Now Lover" viendra beaucoup trop tard
essayer d'inverser la tendance sur un disque où, pour la toute première fois, il paraît extrêmement difficile
d'extraire plus de trois bons titres (seul "After The Show" vaut vraiment la peine, et encore ; seulement quand
on est coutumier de l'univers de l'artiste). Bref, je ne vois pas l'utilité de m'épencher davantage en long, en
large et de travers pour tenter de sauver ce qui de prime abord semble être condamné à l'oubli, en pure perte.
Pas de tentative non plus de réhabiliter l'indéfendable comme on me l'a quelque fois reproché ici. Écoutez donc
"Skin" - mais alors n'écoutez que lui - si vous avez l'inavouable intention de descendre l'artiste sans le moindre
scrupules tout en prétedant en connaître un rayon (amis membres de Guts, si vous vous reconnaissez dans ce
descriptif, oui, cette remarque s'adresse à vous).
Note : 1/6
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HAMMILL (Peter) : And close as this
Chronique réalisée par Progmonster
Peter Hammill ne donne pas beaucoup d'indication quant à la genèse de "And Close As This". Les voies du
Seigneur sont impénétrables, dit-on, mais alors que dire de celles encore plus difficiles à suivre du
charismatique chanteur anglais ? On aimerait bien savoir en effet comment est-il possible de passer de "Skin"
à "And Close As This", et de "And Close As This" à "In A Foreign Town" ? Un comble que ce soit le disque le
plus intéressant des trois qui tienne le profil d'intrus de service... La confondante simplicité de cet album alors
inattendu en magnifie l'évidente beauté. Pourquoi, mais pourquoi diable s'est-il donc entêté à poursuivre la voie
du tout à l'électronique alors que, comme on peut l'entendre ici, Hammill n'a pas besoin de beaucoup plus
qu'un clavier pour donner vie à ses chansons ? Enfin... C'est vite dit car, ça et là, "And Close As This" promène
quand même avec lui comme un boulet certains effets largement dispensables ("Confidence"). Deux pièces
pour piano uniquement, "Beside The One You Love" et l'intemporel "Too Many of My Yesterdays", le reste
ayant encore les faveurs du clavier numérique et de quelques rares et très discrètes séquences informatisées.
La paupérisation de son environnement musical immédiat est en fait son enrichissement le plus sûr, et d'aucun
de prendre acte ainsi que les seules révolutions propres à sa musique n'ont été jusqu'ici que formelles.
Deuxième volet d'un possible triumvirat aux tendances quasi autistiques qu'il constituerait en compagnie de
"Over" (1977) et "Clutch" (2002), c'est grâce à un album comme celui-ci que Peter Hammill a le plus de chance
de séduire quiconque désirerait percer à jour le mystère de cette figure emblématique. "Empire of Delight",
"Beside The One You Love", "Other Old Clichés" et "Sleep Now" jouent à fond la carte de l'intimité, là où
"Silver" montre les dents, tendu sans jamais être agressif. Plus que le clavier, c'est la voix de Peter Hammill
l'instrument roi, et "And Close As This" en rend bien compte. Un disque rare donc, et une bouffée d'oxygène
bienvenue, perdue au beau milieu d'un océan de plate médiocrité.
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : In a foreign town
Chronique réalisée par Progmonster
"In A Foreign Town" n'est franchement pas mieux que "Skin". Entre les deux, mon coeur balance pour
déterminer quel est l'album de Peter Hammill le plus décevant sur plus de quarante disques ! L'homme n'est
déjà plus que l'ombre de lui-même et si l'on trouvait déjà que sa carrière avait été jusqu'ici en dents de scie, la
décennie qui arrive nous apportera comme lot de consolation encore quelques rares coup d'éclats dans un
parcours toujours aussi exemplaire mais en vérité de plus en plus morne et morose. Au moins, cette fois-ci ne
pourra-t-on pas reprocher à Hammill d'avoir compromis ses proches dans l'aventure puisqu'il décide d'assumer
seul cette lourde tâche. Enfin... Seul, c'est beaucoup dire... On entend bien Stuart Gordon sur "Hemlock", mais
ça s'arrête là. Et puis il y a Monsieur Pete Ridout dans l'ombre, un homme à qui l'on aimerait tant faire porter le
chapeau de cette période si fadasse. Il serait peut-être moins douloureux pour les amateurs de se rendre à
l'évidence que ce disque, tout comme "Skin" d'ailleurs, fait partie d'une lente évolution, dirons-nous strictement
plus technique, qui voit Hammill s'essayer, comme de nombreux autres artistes à l'époque du reste, au
sacro-saint système midi. Il y a forcément des ratés, et certaines chansons ici mériteraient clairement mieux
que ce traitement pour le moins inapproprié qui déforce complètement la dynamique des compositions. La
production reflète hélas la même pauvreté et enfonce davantage l'album dans la médiocrité. Mais il faut se dire
que c'est là un mal pour un bien puisque, en définitive, si Hammill n'était pas passé par là, sans doute n'aurait-il
pas pu négocier sereinement ce virage important qui, une fois pleinement maîtrisé, nous apportera des choses
aussi superbes que "Oasis" ou "The Light Continent" bien des années plus tard. Alors, une fois n'est pas
coutume, envisageons les choses sous leur meilleur angle ; réjouissons-nous d'apprendre que "In A Foreign
Town" n'est actuellement plus disponible...
Note : 1/6
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HAMMILL (Peter) : Out of water
Chronique réalisée par Progmonster
S'il fallait se retourner un instant sur la décennie qui vient de se clôturer et en faire le bilan, celui-ci ne serait
pas spécialement brillant, démarrant plutôt bien pour rapidement se précipiter dans une seconde moitié des
plus catastrophiques. "Out of Water" aura bien du mal à mettre les compteurs à zéro d'entrée de jeu ; la rapidité
de Peter Hammill à enchaîner les publications les unes derrière les autres ne s'applique hélas pas à l'évolution
de sa grammaire. Elle est bien lente, et ce long passage à vide n'a pas encore fini de faire des dégâts. Pour
preuve ce disque, considéré pourtant par l'intéressé comme un tournant dans sa carrière. Et il est vrai que
certaines pièces laissent entrevoir des lendemains plus intéressants, mais pour l'heure ces rares instants de
lucidité sont soit encore trop peu nombreux, soit encore gâchés par la superficialité de certains arrangements
("Our Oyster" qui sonne, au mieux comme The Enid revu et corrigé). Peter Hammill prétend que la réussite de
ce disque (sic) provient de la synthèse opéré par ses soins au sortir de "In A Foreign Town" entre ce qui
marche et ce qui ne marche pas. L'un ou l'autre truc a du lui échapper forcément quand on écoute "Evidently
Goldfish", "Not The Man" ou "Green Fingers", parce que là, c'est exactement ce qui n'allait pas qu'on entend.
Peter Hammill n'est plus seul cette fois. Si c'est presque le K Group au complet que l'on retrouve (première
étape avant "The Noise"), le compositeur n'a toujours pas trouvé de remplaçant à Guy Evans. Une machine
programmée fera l'affaire, et si celle-ci s'avère agaçante pour le moment, on finira presque par la regretter dans
un futur proche quand Manny Elias viendra assumer le poste... À retenir ; "No Moon in The Water" qui porte en
lui les éléments du prochain "Fireships", véritable socle pour ses productions à venir, "Something about
Ysobel's Dance", superbe duo acoustique violon/voix, et les deux pièces en clôture, "On The Surface" et "A
Way Out" qui, si elles n'échappent pas à une grande partie des défauts précités, se démarquent tout de même
par leur qualité d'écriture. "Out of Water" doit donc être pris au pied de la lettre ; Peter Hammill commence
seulement à sortir la tête hors de l'eau.
Note : 2/6
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HAMMILL (Peter) : Room temperature live
Chronique réalisée par Progmonster
Audacieux témoignage en concert que ce "Room Temperature Live" puisqu'il propose ni plus ni moins que de
reproduire l'intégralité du tour de chant de l'artiste tel que pratiqué à la veille du printemps 1990 et qui l'a amené
à se présenter au Canada, aux États-Unis et en Angleterre dans la formule inédite d'un trio. Aux côtés des
fidèles Stuart Gordon au violon et Nick Potter à la basse, Hammill roi accompagne son chant, poignant comme
jamais, tantôt au piano, tantôt à la guitare. L'émotion est palpable de bout en bout durant ces copieuses cent
quarante minutes remplissants les deux disques à ras bord. Austère alors ce "Room Temperature Live" ? Un
peu oui, surtout pour toutes celles et tout ceux qui n'ont pas franchement pris l'habitude de pouvoir se passer
d'une section rythmique digne de ce nom. Pourtant, Nick Potter n'est pas en reste et ne manque pas de faire
vibrer ses cordes sur les titres les plus nerveux car, en dépit des apparences, ce disque peut aussi se montrer
nerveux. Exercice sans doute plus difficile encore pour toute personne étrangère à cet univers sensible mais
toujours passionné. Se posera donc très vite le problème du choix des titres, et vu le catalogue toujours plus
conséquent des morceaux écrits par Peter Hammill, le chanteur a, de fait, l'embarras du choix. Comme souvent,
et promotion oblige, priorité sera donc donnée aux dernières productions en date, entendez "Out of Water", "In
A Foreign Town" et "Skin". "And Close As This" n'étant curieusement pas du tout représenté alors que, eu
égard à son minimalisme assumé, c'était plutôt lui qu'on attendait. C'est finalement bienvenu puisque au moins
deux des trois albums précités ont toujours souffert d'une production daté que des arrangements revus et
corrigés ici permettent enfin d'apprécier à leur juste valeur. Hammill se fait plaisir en remontant jusqu'à son
passé le plus lointain ; l'occasion de revenir sur "Vision", extrait de "Fool's Mate", son tout premier album.
L'ombre de Van Der Graaf plane aussi par moments mais, comme d'habitude, on s'égare rarement plus loin que
"The Quiet Zone/The Pleasure Dome". "Room Temperature Live" est au final un recueil vibrant de chansons au
cachet Hammillien affirmé. En dépit de l'excellente prestation donnée ici par notre trio, cela restera avant tout
une affaire destinée presqu'exclusivement à ses plus fidèles admirateurs.
Note : 3/6
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HAMMILL (Peter) : The fall of the house of Usher
Chronique réalisée par Progmonster
Voici sans aucun doute l'oeuvre la plus déconcertante jamais réalisée par Peter Hammill. Comme d'autres avant
ou après lui - je pense à Pete Townshend ou à Roger Waters notamment - notre homme s'essaye lui aussi au
rock opera, et Dieu nous préserve, s'il existe, qu'une telle idée puisse émerger un jour de l'esprit de Jimmy
Page. Je m'écarte du sujet. Je disais donc opéra rock, mais rock est en fait un bien grand mot. Paraîtrait, à en
croire la bio, que Hammill travaillait sur ce projet d'adaptation de la fameuse nouvelle d'Edgar Allan Poe depuis
une vingtaine d'année déjà ! Manque de bol, c'est en 1991 qu'il décide de donner le jour à ce projet ambitieux,
au sortir d'albums plutôt lamentables comme "Skin" et "In A Foreign Town" dont il va pourtant en partie tirer
profit en adaptant, ô malheur, son travail en terme de programmation midi pour le bienfait de l'entreprise. C'est
Some Bizarre qui se risque alors à produire et à distribuer la chose, fort mal d'ailleurs. Le disque est un échec.
Et je me permettrais de rajouter : à tout point de vue. Cette foutue sonorité synthétique, cette programmation de
batterie détestable enfoncent dans le grotesque un projet qui n'en demandait pas tant. Il y a une touche
fondamentalement gothique dans "The Fall of The House of Usher", mais ainsi interprétée, elle n'est tout
simplement pas crédible. Plus que probablement conscient de tout cela, et vu l'attachement évident que Peter
Hammill porte à ce projet, il décida de se remettre au travail et proposa une seconde version huit années plus
tard, gommant tous ces éléments kitchissimes qui figaient la version originale dans cette si pitoyable époque ;
nouvelles lignes de chant du principal intéressé, plus de guitares, plus de vrais instruments aussi (le violon,
bien sûr) mais, à mon grand dam, toujours aucune orchestration véritable. Au final, seules les voix d'origines
des acteurs ont été conservées, à savoir celles de Herbert Grönemeyer, Andy Bell (oui, le chanteur de Erasure),
l'épatante Lene Lovitch et la moins connue Sarah-Jane Morris. En un mot comme en cent : transfiguration ! La
version reliftée de 1999 a de quoi effacer à jamais le mauvais souvenir laissé par l'édition 1991. L'aspect sombre
et gothique y est nettement plus accentué et devrait râvir pour le moins les amateurs de Devil Doll. Pour ma
part, je passe la main et j'attendrais peut-être pour me prononcer définitivement la version 2011 si jamais elle
est inscrite au programme.
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : Fireships
Chronique réalisée par Progmonster
S'il y a bien un élément regrettable et pourtant constant dans la carrière de Peter Hammill, c'est sa fâcheuse
tendance à presque tout le temps mal débuter un album. "Fireships" ne déroge pas hélas à la règle avec "I Will
Find You", un morceau qui aurait sans peine trouvé sa place sur ce "In A Foreign Town", de sinistre mémoire.
Quand surgit de la brume "Curtains", on prend toute la mesure du contraste qui existe entre ces deux
morceaux : c'est le jour et la nuit en plein, et, heureusement, c'est cette dernière option que Peter Hammill a
choisi de poursuivre pour nous délivrer un nouveau chapitre tout en retenue de sa facette la plus introvertie.
Alors, effectivement, l'artiste n'est pas tout à fait sorti de l'emprise du système midi. Et autant vous le dire tout
de suite ; va falloir s'y habituer puisqu'il n'est pas prêt de l'abandonner. Toutefois, avec une expérience à
chaque fois plus grande, impliquant une compréhension plus étendue et donc aussi une maîtrise qui à chaque
fois se perfectionne un petit peu plus, Peter Hammill parvient à en tirer le meilleur parti, plus encore que sur
"Out of Water" qui, en quelque sorte, l'y préparait. Donner un semblant de dynamique en pressant la touche
"fake quantized drums" demeure plus que jamais une mauvaise idée, comme le prouve la plage titre qui montre
ainsi que le chanteur n'est toujours pas parvenu à se mettre à l'abri de cette redondante faute de goût. Sinon,
"Fireships", le disque, promène avec lui une atmosphère presqu'irréelle. J'utilisais le terme brumeux tout à
l'heure, et ce n'était pas du tout innocent. Quand l'orchestration midi est employée, non pas pour remplacer l'un
ou l'autre instrument, mais bien pour contribuer à l'assise de cette ambiance crépusculaire, dessinant des
nappes denses et raffinées à la fois, le résultat s'avère être des plus probants. Il y a un côté presque new age
dans le déroulement de ces plages, mais cela ne se limite pas à cela grâce notamment à l'intervention éclairée
d'un réel ensemble de cordes conduites par David Lord sur "Incomplete Surrender" ou le déjà cité "Curtains".
Les interventions plutôt rares de Dave Jackson, cette fois au soprano, suscitent à tous les coups
l'émerveillement et illuminent véritablement un morceau comme "Oasis". On en viendrait même jusqu'à
regretter que ce vieil ours n'ait pas été mis davantage à contribution tant il développe là une facette inédite et
pour le moins fascinante de son talent. Ce n'est toujours pas avec ce disque que Peter Hammill pourra
reconquérir les arènes du rock, c'est certain. Mais c'est là le cadet de ses soucis. Tout de même, pouvoir
l'entendre réaliser encore des oeuvres à la forte personnalité comme celle-ci est un plaisir qui ne se refuse pas.
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : The noise
Chronique réalisée par Progmonster
Suivant les changements subtils qui rythment les passages d'une saison à l'autre, c'est presque sans surprise
que l'on note que sur "The Noise" Peter Hammill a voulu une fois encore renouer avec la dynamique du K
Group. Excepté Guy Evans, désormais remplacé par Manny Elias, tout le monde est bel et bien présent, John
Ellis et Nick Potter compris. David Jackson traîne encore sa patte sur un titre où l'autre mais rien de mémorable
en fin de compte (on l'entend sur "The Great European Department Store", par exemple, mais le titre en soi est
tellement pénible qu'on préfère en garder aucun souvenir). Seulement, au petit jeu du "qu'est-ce que ça vaut ?",
si "Enter K" et "Patience" n'avaient en toute honnêteté qu'à moitié convaincu, "The Noise", lui, déçoit tout de
suite. À l'écoute de son déjà vingtième exercice solitaire, on finit par se dire surtout que cela fait bien
longtemps que l'on n'a plus entendu Peter Hammill se laisser transporter par de véritables accès de colère ou
de démence, des titres comme le bluesy "A Kick to Kill the Kiss" ou "Where The Mouth is" ne faisant en réalité
que s'énerver gentiment. Ce n'est pas encore ici que cela va se produire. Mais comme il s'agit de toute évidence
de l'effet recherché, et que l'objectif n'est pas atteint, la pilule devient encore plus dure à avaler. Hammill
pousse le volume un peu inutilement je dois dire ; on ne ressent à aucun moment le feu qui l'habitait encore du
temps de "Flight". La plage titulaire démarre pourtant plutôt bien et laisse même entrevoir quelque chose de
vraiment sombre et d'inquiétant. Mais là encore, ce sont les sonorités qui rebutent et qui rendent toute
assimilation fondamentalement pénible. À quoi bon substituer un batteur à une programmation de batterie si
c'est pour le faire jouer sur un kit électronique ? Avec "Planet Coventry" et "Primo On The Parapet" qui vont
régulièrement apparaître dans la playlist de ses tournées à venir, ce sont peut-être là les seuls éléments à
sauver d'un disque qui n'avait d'alléchant que le titre.
Note : 2/6
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HAMMILL (Peter) : There goes the daylight
Chronique réalisée par Progmonster
Au moment de sa parution, "There Goes The Daylight" semblait avoir comme seul rôle prépondérant celui de
combler le vide laissé par l'absence de tout témoignage en concert relatif à Peter Hammill dans une
configuration de groupe. On l'a vu avec "Room Temperature Live", et on le verra bientôt avec "Typical", et
même "Veracious" en 2006, les représentations intimistes, elles, en solo ou en duo, ne manquent pas. En
somme, c'est donc la place occupée jusque là par "The Margin" - pas encore réédité à l'époque, vous
commencez à comprendre - que ce live de fortune tente de remplacer. Quelque soit l'angle adopté,"There Goes
The Daylight" ne tient tout simplement pas la comparaison. Tout d'abord, l'album n'est pas double. Un
soulagement sans doute pour ceux qui n'apprécient guère le personnage et qui se sentiraient vite découragés à
l'idée de devoir se farcir deux disques d'affilée. Quoi qu'il en soit, cette remarque a beau être anecdotique et la
moins embarassante de celles que je m'apprête à formuler, elle n'en revêt pas moins un poids significatif qui
fera pencher la balance en sa défaveur. Ensuite, le choix des titres peut difficilement concurrencer la
débordante énergie dont les plus chanceux avaient gardé un impérissable souvenir sur "The Margin". En se
focalisant sur ses dernières productions ("In A Foreign Town", "The Noise"), Peter Hammill tente sans doute de
redorer le blason de ses compositions toutes fraîches et dont il se sent, par la force des choses, beaucoup plus
proche. Mais pour la férocité, on repassera. "There Goes The Daylight" ne jouit pas du son brut caractéristique
de son illustre prédécesseur, et Manny Elias n'est pas Guy Evans non plus, je vous prie de m'excuser. Le
groupe assure, est bien en place, mais se met rarement en danger. Avec la tension en moins, c'est finalement à
un rock pépère auquel on assiste. Et cela est d'autant plus parlant quand le groupe s'attache à revisiter "Sign",
"Empress's Clothes" ou "Central Hotel", tous issus de "Sitting Targets", et qui avaient également eu les
honneurs d'une interprétation par le K Group. Reste alors l'inévitable piège de titres plus aguicheurs comme
"Lost and Found" pour "Over" ou encore "The Habit of The Broken Heart" et "Cat's Eye/Yellow Fever" du
regretté Van Der Graaf, seules roues de secours transformées en produit d'appel pour les quelques
indécrottables nostalgiques qui se sentent vraiment concernés.
Note : 2/6
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HAMMILL (Peter) : Roaring forties
Chronique réalisée par Progmonster
Le problème avec le service que je rends - parfaitement messieurs - en rédigeant des chroniques, parce que,
croyez-le ou non, c'est comme ça que je conçois mon travail, c'est que cela peut vite tourner en une forme de
sentence définitive, que je ne souhaite pas particulièrement d'ailleurs, surtout quand elle est alors appuyée par
de sombres spécimens en recherche de sensations fortes et qui prennent leurs désirs pour des réalités. On l'a
vu - enfin, surtout les plus courageux d'entre vous qui se sont déjà farcis pas moins de vingt trois chroniques
avant d'atterrir ici - la carrière de Peter Hammill est pour le moins chaotique, capable du pire comme du
meilleur, osant tout et son contraire, tantôt sur un même album, tantôt dédiant un disque entier à chacune de
ces approches particulières, alors bien malin celui qui pourra prédire avec exactitude les directions
qu'empruntera le Thin Man après chaque nouvelle publication... Parmi le cercle très select de ses fans déclarés,
"Raoring Forties" est régulièrement cité comme un des meilleurs albums réalisés par Hammill depuis... "A
Black Box" ! J'aimerais préciser leur pensée, si toutefois c'est bel et bien ainsi qu'il l'entendait ; "Roaring
Forties" est l'album qui s'efforce le plus de mimer "A Black Box". Et c'est là où le bas blesse précisément. Sur
une progression d'accords similaire à "I Want You (She's So Heavy)", histoire de situer, "Sharply Unclear" est
sans aucun doute le titre le plus convaincant du lot (le seul ?) en confirmant au passage ce point de vue si
répandu. Puis, l'agencement des titres, bien que subdivisés en plusieures parties, renforcent l'impression
générale. "Roaring Forties", si l'on passe sous silence "Your Tall Ship" qui aurait par ailleurs gagné à n'être
joué qu'au piano, se conclut d'ailleurs sur "A Headlong Stretch", longue suite de vingt minutes qui recycle de
vieux plans, "A Plague of Lighthouse Keepers" et "(In the) Black Room" compris. "A Headlong Strectch" n'est
pas "Flight 2". Et "Roaring Forties", à mon grand regret, n'est pas "A Black Box 2" non plus, même si, de toute
évidence, on s'est donné du mal pour tenter de nous le faire croire. C'est tout de même un bien meilleur album
que "The Noise" (pas difficile), et un retour évident à une ambition clairement rattachée à l'idiome progressif.
Encore faut-il voir ce que Peter Hammill décidera d'en faire...
Note : 3/6
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HAMMILL (Peter) : X my heart
Chronique réalisée par Progmonster
C'est par ce disque que j'ai redécouvert Peter Hammill. Comme beaucoup, je m'étais arrêté à ses tous premiers
essais pour découvrir que, même dans ses meilleurs moments, il ne pouvait égaler la puissance et l'intensité de
Van Der Graaf Generator. Parcourant à rebours l'album photo de ses souvenirs, "Fool's Mate" m'avait dissuadé
de reprendre l'exploration dans l'ordre chronologique. Mais voilà ; en 1996 "X My Heart" croise mon chemin
sans prévenir et, méfiant, je m'enquéris auprès du vendeur pour savoir ce qu'il a pensé de l'album. Aujourd'hui,
j'ai la conviction absolue qu'en réalité il n'a jamais écouté ce disque, le fourbe, mais sa réponse sans appel
résume à elle seule bien des choses : "...c'est du Peter Hammill ; y a du bon et du moins bon". Et en effet, nous
sommes sûr de ne jamais nous tromper en proférant de telles banalités. Pourtant elles vont comme un gant à
cet artiste d'exception. J'ai peut-être moi-même abusé de ce raccourci en n'écoutant jamais une seule note de la
quarantaine de disques que je vous soumets en ce jour mémorable. C'est vrai... Qui sait ? Je ne cours aucun
risque. Y a même peu de chances que je me plante. C'est pas comme recopier tels quels des articles dans des
magazines douteux. En plus, ça n'intéresse pas grand monde, alors franchement, pourquoi se priver ? Me
croirez-vous donc si, tout bien considéré, je vous affirme ici même que "X My Heart" est sans doute le premier
album post-"Fireships", "Fireships" inclus, à être parvenu à accomplir la synthèse que Peter Hammill cherchait
depuis si longtemps ? Les titres sont ramassés, mais les compositions sont suffisamment riches que pour
susciter un intérêt véritable ("A Forest of Pronous", "Narcissus (Bar & Grill)"). Voguant entre les arrangements
plus rock de "Roaring Forties" et le climat tout en suspension du déjà cité "Fireships", "X My Heart" propose
dans son ensemble des compositions plutôt fortes, aux mélodies mémorables ("Amnesiac", "Ram Origami") où
la balance entre instrumentation et programmation redonnent enfin de vraies couleurs à ce qui, il y a peu
encore, passait pour un artiste moribond. La voix de Peter Hammill n'est finalement jamais aussi belle que
quand il se laisse aller à l'émotion qui l'envahit et, qu'il s'agisse de la version acapella de "A Better Time" ou de
la noirceur tangible de "Earthbound", on ne peut pas remettre en cause son authenticité. Ni faire une croix sur
cet artiste qui, lentement mais sûrement, semble renaître peu à peu.
Note : 4/6
Page 229/249
HAMMILL (Peter) : Sonix : hybrid experiments 1994-1996
Chronique réalisée par Progmonster
"Sonix", c'est cette fameuse autre facette de Peter Hammill, celle que l'on regrette un peu et qui s'était
cristallisée en partie sur "Loops & Reels" il y a... Treize ans déjà ! Pas de chansons ici, mais des instrumentaux
aux contours pas très bien définis qui résultent pour la plupart de commandes diverses. Ainsi, "A Walk In The
Dark", "Hospital Silence", "In The Polish House" et les deux thèmes "Emmène-Moi" sont issus du film du même
nom réalisé par Michel Spinosa. "Exercise for Louis" aurait du faire partie du film, mais comme souvent, rares
sont les pièces développées dans ce but qui finissent par vraiment y figurer. L'occasion de se rattraper. La
couleur de ces pièces est plus ou moins similaire ; Peter Hammill y met à contribution son ami Stuart Gordon
pour de poignantes parties de violon. Mais pas toujours ; le système midi rôde toujours. "Labyrinthine
Dreams", la pièce la plus imposante de cette collection à cause de sa durée, est une autre commande, pour un
ballet cette fois. Plus mélancolique sans être pour autant parfaitement légère, c'est le piano, jusque là grand
absent du disque, que l'on retrouve dans cette presque demi-heure contemplative perturbée par de rares effets
vocaux induisant un changement de rythme et d'intention. Des pièces restantes, "Four to The Floor" passe
presque pour une bonne surprise, puisqu'il s'agit en réalité d'une collaboration ouverte et inédite entre Hammill
et son batteur Manny Elias. On aurait pu craindre le pire mais, gentiment percussif, il évoque avec naïveté
l'ouest des Indiens d'Amérique. "Dark Matter", quant à lui, résulte d'altérations générées aléatoirement par des
bandes magnétiques sur lesquelles ont été préalablement enregistrés des parties de guitares dissonantes. Ce
descriptif quelque peu rébarbatif de mon point de vue à l'adresse de toutes celles et tous ceux qui considèrent
qu'on ne peut parler d'un disque que de cette manière. L'un dans l'autre, "Sonix", s'il est de toute évidence
honnête dans sa démarche, ne tient pas la comparaison avec d'autres oeuvres flirtant avec les rivages de
l'avant-garde. Ce disque propose la vision d'un homme empli de bonnes intentions mais dotés de modestes
moyens.
Note : 3/6
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HAMMILL (Peter) : Everyone You Hold
Chronique réalisée par Progmonster
Contrarié par l'expérience "Sonix", "Everyone You Hold" est à "X My Heart" ce que "Enter K" est à "Patience" ;
à savoir un autre couple d'albums aux airs de faux-jumeaux interrompus dans leur développement par un
disque d'expérimentation sonore (concernant ses derniers, il s'agissait de "Loops & Reels" en 1983, mais vous
le saviez déjà si vous suivez un peu, moi, j'avoue, je fatigue à force de me répéter de la sorte). Plus
concrètement, ce cru 1997 partage plus de similitude avec l'architecture sonore quasi désertique de
"Fireships", voire de "And Close As This", que de son prédécesseur direct. Ceci étant, l'ambiance générale
n'est pas vraiment à la fête. "Everyone You Hold" est introverti, oui, mais il est surtout bien sombre. Le calme
tout relatif dans lequel évoluent ses neuf nouvelles compositions ont une qualité méditative aussi étonnante
qu'évidente, élément qui accrédite, si besoin est, que Peter Hammill, depuis la mise en exercice de son label
Fie! il y a cinq ans déjà, remonte tout doucement la pente, à son rythme, vraisemblablement entré dans une
période de créativité artistique efficiente. On n'y croyait presque plus... Une fois n'est pas coutume, sur
"Everyone You Hold", l'absence de batterie est un plus ; les programmations sur "Personality" et "Can Do" sont
pour le coup largement suffisantes, même si on aurait pu s'en passer. Ce sont aussi, comme par hasard, les
titres les moins attachants. La présence de Hugh Banton, elle, est une surprise, d'autant que sa seule
intervention se résume au titre "Bubble", plongeant ce dernier dans une atmosphère gothique à renfort d'orgue
hanté réminiscent de "The Fall of The House of Usher". Ce sont pourtant des titres comme le triste "Nothing
Comes", le dramatique "From The Safe House", le quasi lithurgique "Phosphorescence", l'annonciateur "Falling
Open" ou encore la si simple et si belle plage titre qui tirent raisonnablement cet album vers le haut
qualitativement parlant, autrement vers le bas, frôlant presque la dépression. Malgré quelques réserves, une
oeuvre telle que celle-là ne peut qu'aider à redonner du crédit à un artiste capital dont l'influence souterraine
finira tôt ou tard par éclater au grand jour. Mes modestes chroniques sont, vous vous en doutez, une invitation
ouverte à le découvrir sans plus tarder.
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : This
Chronique réalisée par Progmonster
Ce disque a toutes mes faveurs. Vraiment. Je lui pardonne tout, ou presque. C'est un écueil auquel on aimerait
tous échapper mais je ne peux que m'y abandonner faute de mieux car "This" est vraiment, j'insiste, un des
rares disques de Peter Hammill à contenir aucun titre inutile. Ce compris les courts interludes instrumentaux de
moins d'une minute que sont "Frozen in Place", "Unready" ou "Unsteady" qui, par ailleurs, renforcent
considérablement l'homogénéité et la personnalité de l'album. Si je vous dis en plus que sa tentative laborieuse
de faire ressurgir l'ombre du générateur sur "Roaring Forties" est ici enfin concrétisée... on se calme ...par
endroits seulement, vous aurez alors à votre disposition suffisamment d'éléments en main pour pouvoir tirer
vos propres conclusions. David Jackson s'avère être une fois encore décisif dans "Unrehearsed" dont la
progression, jusqu'à l'explosion finale, a l'audace de nous remémorer les coups de sangs de "Pioneers over C."
Ce coup de rétroviseur impromptu est plaisant, il ne faut pas se mentir mais si, sans le signifier clairement,
j'évoquais en début de chronique quelques détails qui m'empêchaient de donner à "This" mon approbation
sans restrictions, c'est parce que, sur un titre comme celui-ci, la vibration, la rondeur et la sueur des exécutants
du Van Der Graaf originel sont encore et toujours troqués en faveur d'une instrumentation impersonnelle,
presque froide, à mes oreilles. La même remarque peut-être faite pour "Fallen" qui, en fin de parcours, se laisse
pourtant emporter dans un bref délire instrumental inattendu. Sur ce morceau encore, et comme pour d'autres
titres de l'album ("Stupid" entre autres), on ressent l'influence des gammes orientales dans ses compositions,
un autre plus non négligeable pour un disque qui ne manque pas de bonnes surprises. "Since The Kids" et
"Nightman" font perdurer l'introspection ténébreuse de "Everyone You Hold" alors que "Always is Next"
incarne, lui, le dernier mouvement nerveux de "This" avant que le disque nous plonge dans la torpeur de "The
Light Continent". Ça, Peter Hammill ne nous l'avait encore jamais fait ! Une lente et douloureuse descente dans
les affres de la rédemption où sa voix magique nous guide tel un phare dans la nuit la plus noire de toute, une
nuit sans retour. Si l'on peut se permettre de faire la fine bouche quant au choix de production, il faut avoir
aussi l'indulgence de reconnaître qu'elle s'inscrit dans le prolongement d'une esthétique mise en place depuis
"Fireships", l'oreille ayant eu depuis tout le temps de s'y acclimater. Fascinant et réussi, "This" est, après "A
Black Box", le disque de Peter Hammill qu'il faut absolument écouter pour se convaincre qu'il y a bel et bien
une vie après Van Der Graaf Generator.
Note : 5/6
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HAMMILL (Peter) : Typical
Chronique réalisée par Progmonster
Je vais peut-être vous surprendre ; "Typical", double recueil de performances seul en scène, exercice à priori ô
combien difficile, s'impose presque naturellement comme l'enregistrement live ultime et incontournable de
Peter Hammill. Avant de revenir sur les raisons qui me poussent à de telles assertions, un petit historique
s'impose. Ce nouveau témoignage apparaît dans les bacs au début de l'année 1999, un peu tard me direz-vous
pour des concerts en solitaire donnés un peu partout en Europe sept ans plus tôt. Mais comme le dit le dicton,
mieux vaut tard que jamais, surtout quand il s'agit de contrer toute une série de bootlegs apparus sur le marché
depuis 1996. Hammill met peut-être du temps à réagir mais ce qu'il nous propose comblera tous ses fans ; un
double album aussi généreux que "Room Temperature Live", vendu pour le prix d'un simple, avec un choix de
titres judicieux qui ferait presque paraître "Typical" pour une anthologie. Cet album s'attarde donc sur sa
tournée de 1992, année cruciale puisque, même si cela étonnera ceux qui en définitive n'y croyaient vraiment
plus, Peter Hammill est alors à un nouveau tournant de sa carrière, que l'intimiste et mesuré "Fireships", publié
cette même année, symbolise au mieux. Bien sûr, des albums comme "Over", "And Close As This" ou
"Everyone You Hold" nous avaient déjà tous démontrés que Peter Hammill ne craint pas d'affronter le silence,
mais il ne s'est jamais mis autant en danger qu'ici, allant au bout de sa démarche, avec juste un piano ou une
guitare électrique. J'ignore si le but avoué de cette entreprise était d'atteindre un point de non-retour au niveau
strictement émotionnel. Quoi qu'il en soit, c'est de cela, et uniquement de cela, qu'il s'agit ici. Mises à nu, les
compositions de Peter Hammill gardent toutes leurs forces. J'irais même jusqu'à dire qu'elles n'ont jamais paru
si essentielles, si intenses qu'ainsi traîtées, sans apparats, sans effets inutiles, sans programmations
indésirables non plus. Je ne vous ferais pas l'affront de vous donner un descriptif détaillé de chacunes des
pièces, ni des petites surprises qui s'y trouvent. Je n'ai pas envie de vous priver du bonheur de les découvrir
par vous-mêmes. Je dirais juste que l'ami Peter se montre ici sous son meilleur jour, cette voix, toujours aussi
expressive, sans équivalent notable, atomise parfois ou décuple l'impact selon le cas certains de ses titres avec
une force et une sincérité sans égal, aussi n'y a-t-il aucune raison pour que vous redoutiez un album
soporifique. "Typical" ne l'est vraiment, mais alors là, vraiment pas.
Note : 5/6
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HAMMILL (Peter) : None of the above
Chronique réalisée par Progmonster
Certes, les productions Hammilliennes des années quatre-vingt dix ne parviendront sans doute jamais à faire
de l'ombre à ses tous premiers faits d'armes, mais de petits trésors comme "Fireships" ou "This" nous
laissaient quand même sur une note d'espoir, à penser que contrairement à un Jon Anderson, Peter Hammill
n'était pas tout à fait cérébralement mort, qu'il avait encore des choses à dire, qu'il les disait bien et qu'il était
même encore capable de nous surprendre. Au moment où l'on s'apprêtait donc à rentrer de plein pied dans une
nouvelle décennie, mais aussi un nouveau millénaire, notre ombrageux britannique nous offrait ce délicat
"None of The Above", titre dont la négation devrait presque être prise au pied de la lettre. Car, en effet, aucun
des souhaits formulés plus avant ne vont trouver leur écho sur ce disque, ma foi, fort insipide. Dans la lignée
de ses oeuvres les plus intimistes, de "And Close As This" à "Everyone You Hold" inclus (on y retrouve à
nouveau ses deux filles, Holly et Beatrice), cette production ne décolle jamais vraiment et rate tout ce que les
deux albums précités avaient réussis à accomplir. Seul spasme dans cet horizon aux vertus plus soporifiques
que fondamentalement aériennes, "Like Veronica", plage plus ou moins rock mais en fin de compte tout aussi
inappropriée. Dans de telles conditions, les huit minutes de "In A Bottle" passent assez mal. Ailleurs, les
mélodies n'ont aucune saveur, ou alors elles rappelent de mauvais souvenir ("Somebody Bad Enough" ou
"Astart" sonnant comme du mauvais Phil Collins, n'ayant pas peur des maux - jeu de mot). "Naming The Rose"
et "Tango for One" seraient à la rigueur les seules plages où il se passe quelque chose au niveau de l'émotion
qu'elles sont susceptibles de véhiculer. C'est bien peu, vous le reconnaîtrez. "None of The Above" est de loin
un des albums les plus dispensables de l'artiste toute période confondue. Si "Skin" ou "In A Foreign Town"
s'avéraient fort peu recommandables, majoritairement en raison de leur production datée, ce premier album
inaugurant une décennie nouvelle inquiète car ce sont les compositions qui se montrent ici des plus
décevantes. Une sévère baisse de régime sans réel précédent. Un faux pas que l'on espère aussi sans suite.
Note : 1/6
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HAMMILL (Peter) : What, now ?
Chronique réalisée par Progmonster
Bien. De vous à moi, ça commence à devenir compliqué là... C'est qu'on le croyait mort et enterré notre cher
Peter. Ils se comptent finalement sur les doigts d'une main les artistes capables d'alterner ainsi des albums
médiocres et sans inventivité aucune ("None of The Above") puis revenir avec quelque chose d'aussi... mmmh,
comment dire... inespéré que ce "What, now ?". Donner son avis, déjà, parfois c'est limite quand, en plus, on
vous prête des intentions que vous n'avez pas. Mais alors, accorder une note, bon sang, vous n'imaginez pas
comme cela peut être délicat, cruel. Pour tout dire ; injuste. Y en aura toujours quelques uns pour s'offusquer
de me voir me montrer donc beaucoup plus généreux envers les productions les plus récentes de Peter
Hammill plutôt qu'à certains de ses anciens disques, dits classiques. Là où certains croient pouvoir y déceler la
manifestation de mon esprit de contradiction, c'est en réalité mon point de vue personnel que je tente
d'exprimer, débarassé de l'influence possible et même probable de ceux qui aimeraient nous imposer leur
mode de pensée. En parlant de "What, now ?", j'ai dit inespéré. J'y ai été sans doute un peu fort. Faut dire aussi
que face à la lourde et amère déception laissée par on prédécesseur, on aura vite tendance à faire du bon de
l'exceptionnel. Si le style, d'un disque à l'autre, altèrne presque systématiquement approche minimale et
prétentions plus rock, l'uniformisation de ton qui se dégage de ses productions depuis "Roaring Forties" en
1995 nous permet d'avoir une vue d'ensemble beaucoup plus claire sur cette partie de carrière, à un tel point
qu'on peut parler, à mon humble avis, de nouvelle période, sans doute la plus longue jamais entamée par
l'artiste. C'est autant une qualité qu'un défaut, car l'écoute alerte de l'auditeur doit tout le temps lui permettre de
faire abstraction du sévère manque de dynamique prodigué par une section rythmique inexistante (Nick Potter
n'est plus là, et Manny Elias, c'est tout comme). Alors, forcément, sur un disque comme "What, now ?" qui, dès
"Here Come The Talkies" ou avec des chansons telles que "Lunatic in Knots" ou "Edge of The Road", tente de
renouer avec l'aspect le plus ouvertement progressif de sa carrière, la satisfaction n'est jamais absolue, comme
le visage angélique d'une tendre jeune fille qu'un tarin bien ingrat viendrait enlaidir. On retrouve des échos à
"The Future Now" au travers de l'atmosphérique "Far-Flung (across the sky)" et les expérimentaux "Fed to The
Wolves" ou encore "Enough", alors que "The American Girl" et "Wendy & The Lost Boy", eux, paraissent bien
sages. Sans vouloir me répéter, on dira de "What, now ?" qu'il s'agit d'un nouveau disque bourré de bonnes
intentions qu'une réalisation parfois trop fade vient ternir.
Note : 3/6
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HAMMILL (Peter) : Unsung
Chronique réalisée par Progmonster
Pour plus de lisibilité sans doute, Peter Hammill fait officiellement passer son nouvel exercice en solitaire sous
la bannière Sonix, histoire de bien marquer la différence entre ses chansons et ses rares escapades en
territoires plus expérimentaux qu'on aimerait plus nombreux, mais pas nécessairement de manière si isolée.
Comme si cela ne suffisait pas, le titre de ce nouvel opus est "Unsung"... Oui, ça va, on a compris Peter. Le mec
qui prend de la bouteille, c'est toi ! Vu ton âge, et sauf ton respect, y a quand même plus de chance que tu sois
devenu plus dur de la feuille que nous... Le parallèle avec "Sonix" s'arrête pourtant à son titre puisque Peter
Hammill se retrouve cette fois vraiment seul aux commandes. Réalisé à l'époque de "In A Foreign Town",
"Unsung" serait vite devenu insupportable. S'il s'avère être moins pénible à écouter avec ses sonorités plus
contemporaines, mais tout aussi synthétiques, il n'est pas idiot de se demander dès à présent s'il résistera
magré tout à l'épreuve du temps ? Sa récente collaboration avec Roger Eno - par ailleurs développée à la même
époque - lui a sans doute redonné des ailes. "The Appointed Hour" ne faisait pourtant qu'enfoncer des portes
ouvertes. L'ambient, c'est si facile à faire, que la question qui se pose vraiment est celle du tri. Sélectionner les
instants où il se passe vraiment quelque chose. Ce n'est pas ma manière à moi pour dire qu'il ne se passe rien
sur "Unsung" mais, comme pour "Sonix", il est difficile de ne pas résister à la tentation de mettre cet essai en
parallèle à d'autres, créés par des artistes confirmés et dont c'est le style de prédilection, pour se rendre
compte qu'il vaut mieux considérer ce nouvel essai comme un simple divertissement. Certes, c'est Peter
Hammill tout de même, et pour celles et ceux qui croyaient jusqu'à présent que le bonhomme n'était que
chanteur, ça risque d'être une agréable surprise. Il y a bien des moments intéressants, perturbants mêmes
("Handsfree", "861 and Counting", "The Print Port") mais pour le reste... Toutes ces "chutes" enregistrées
quelque part entre "None of The Above" et "What, now ?" ont quand même au moins le mérite d'être plus
captivantes que le premier mais moins accompli que le second.
Note : 2/6
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HAMMILL (Peter) : Clutch
Chronique réalisée par Progmonster
On sentait venir ce retour à l'acoustique. À dire vrai, Peter Hammill en avait même vraiment besoin. "None of
the Above", digne des plus hauts reliefs hollandais, puis "What, now ?", avaient tout de même pour avantage
de tenter de s'affranchir du langage trivialement synthétique, le dernier cité moins, certes, mais compensait
toutefois en accordant une place plus grande à la guitare. La pochette de "Clutch" est donc pour le coup assez
explicite. Car la couleur de l'album est celle d'un singer/songwriter, d'autant que les errances progressives de
"This" ou de ce fameux "What, now ?" n'ont plus droit de citer ici. Croit-on. Si les mélodies de "We Are Written"
ou "Once You Called Me", doublé de superbes lignes de violon, tombent vite dans l'oreille, l'enchaînement de
ces quatre premières plages est peut-être agréable, mais tout de même pas loin de l'anecdotique. Les choses
se corsent sur la deuxième moitié du disque. "The Ice Hotel" continue à développer ce même goût pour l'épure
et l'émotion brute, mais avec un côté tout de même nettement plus inquiétant. "This is The Fall" et "Just A
Child" sont beaucoup plus graves encore, non seulement au niveau des sujets qu'ils traitent mais aussi et
surtout dans leur manière d'en parler. La flûte lointaine de David Jackson, les nappes de cordes dénaturées en
arrière plan font basculer ce monde d'apparente quiétude dans la peur et l'angoisse. Un délicat mais moins
relevé "Skinny" qui, fait relativement rare, nous permet de goûter au toucher de celui qui se qualifie lui-même
de piètre guitariste, et puis on repart de plus belle avec un intense et quasi épique "Bareknuckle Trade". La
production, plus moderne, aura peut-être du mal à nous en convaincre mais "Clutch" a tous les atouts en mains
pour séduire ceux qui ont su apprécier à leur juste valeur des disques comme "Chameleon in The Shadow of
Night" ou encore "Over". Et de fil en aiguille, cela me fait aussi penser que les admirateurs transis de David
Bowie, et en particulier celui de "Space Oddity" ou "The Man Who Sold The World", devraient sérieusement se
pencher sur Peter Hammill, et pourquoi pas sur ce "Clutch" qui, sans en avoir l'air, réussit à s'imposer comme
un antépénultième retour au premier plan.
Note : 4/6
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HAMMILL (Peter) : Incoherence
Chronique réalisée par Progmonster
La nouvelle est tombée ; en mettant la dernière touche à "Incoherence", sa dernière livraison annuelle en date,
Peter Hammill fût victime d'une attaque cardiaque en décembre 2003. Fort heureusement rétabli, on sait
aujourd'hui que cet évènement tragique fût l'élément décisif qui incita le chanteur à réactiver la machine Van
Der Graaf "avant qu'il ne soit trop tard pour le faire"... C'est bien entendu avec une attention accrue que l'on se
penche alors sur "Incoherence" qui - mais ce n'est peut-être pas un hasard - s'attaque au... humm... coeur
même de l'oeuvre de Peter Hammill, c'est-à-dire le langage et notre difficulté récurrente à pouvoir nous
exprimer convenablement, à traduire avec précision notre pensée et nos sentiments. Sectionné en quatorze
plages indépendantes, "Incoherence" réédite l'expérience de "A Headlong Stretch" sur "Roaring Forties"
puisqu'il s'agit, ni plus ni moins, d'une longue suite qui s'écoute d'une seule traite. Le batteur Manny Elias
semble n'avoir plus accès aux locaux de Terra Incognita et, comme nous pouvions nous en douter, la musique
en ressort gagnante. Seulement, Peter a déjà rangé sa guitare, et ressort son va-tout électronique. Rangé aussi
son sens particulier de la mélodie si bien qu'il nous délivre un album, eh bien, pas vraiment incohérent, mais
plutôt confus. J'ai le sentiment que Peter Hammill a voulu marquer un grand coup là mais rate son objectif en
passant à côté de l'essentiel ; l'émotion. Certains passages instrumentaux ont la complexité de pièces
étiquettées rock in opposition, c'est dire si cela se veut complexe. Et on a encore droit bien sûr à cette
alternance finalement prévisible entre moments calmes, éthérés, presqu'ambient et d'autres plus chaotiques
ou, en tout cas, désirants sonner comme tel. Une fois pour toute, il n'y a pas de meilleur ou de moins bon Peter
Hammill (enfin, si ; à de rares exceptions près)... "Incoherence" nous prouve plus que jamais que l'homme, à
l'instar d'un Frank Zappa, n'a pas spécialement cherché à enregistrer des disques, mais à créer une oeuvre. Le
meilleur disque de Peter Hammill, finalement, il ne tient qu'à chacun d'entre vous de le faire en réunissant les
titres qui vous touchent le plus sur une compilation - double ? triple ? quadruple ? - qu'il reste encore à
inventer. Mais le choix est si vaste et la palette des émotions si étendue que, bon gré, mal gré, il est encore
préférable de se jeter corps et âme dans l'aventure en se laissant guider par le toucher invisible du dernier des
vrais géants encore en vie.
Note : 3/6
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HAMMILL (Peter) : Veracious
Chronique réalisée par Progmonster
Bon, là, c'est vrai, à force, on pourrait presque se demander dans quelle mesure la sortie de "Veracious" ne
servirait-il pas qu'à justifier l'activité débordante de l'artiste, juste pour maintenir ce quota immuable de un
disque tous les ans, voire tous les deux ans grand maximum. Je fabule bien sûr. D'autre part, on ne peut pas
non plus occulter les problèmes de santé qui s'en sont mêlés, ni la réactivation inespérée de Van Der Graaf
Generator qui en incarne en réalité, et bien plus qu'on voudrait bien le croire, sa conséquence directe. Si le nom
de Stuart Gordon apparaît sur la pochette de "Veracious", c'est pour signifier avant toutes choses à l'auditeur
susceptible d'être interpellé que cette fois il doit s'attendre à l'exercice du duo. Pas de nouvelle collaboration à
l'horizon donc, comme celles finalement très mitigées en compagnie de Roger Eno ("The Appointed Hour") ou
Guy Evans ("Spur of The Moment" et "The Union Chapel Concert"). C'est du Hammill pur jus, un "Room
Temperature Live" moins un, si vous voulez, dans la forme et dans le fond ; un disque en moins, et un musicien
en moins aussi (Nick Potter en l'occurence). Excepté "Typical" dont l'objet à lui seul définissait sa spécificité,
cela faisait donc plus d'une dizaine d'années que Peter Hammill n'avait pas publié de disque en concert, rôle
que s'emploie donc de remplir ce "Veracious" qui fait le point sur ces treize dernières productions, de "Out of
Water" en 1991 au tout dernier "Incoherence", paru en 2004. Pas de préférences particulières, seuls "X My
heart" et "Everyone You Hold" sont représentés par deux fois. La surprise vient ici de l'inédit "Shingle Song" et
ce formidable saut dans le temps par l'entremise de "Easy to Slip Away", nous ramenant à l'époque bénie de
"Chameleon in The Shadow of Night". L'ambiance générale évoque donc une fois encore "Room Temperature
Live", même approche quasi intimiste recentré en priorité sur l'intensité, et peut-être aussi les exercices
similaires tentés par John Cale, Diamanda Galas ou William Sheller, chacun dans leurs styles respectifs.
"Veracious", pour tout authentique qu'il soit, est une nouvelle preuve d'amour auquel les plus volages pourront
difficilement se montrer sensibles.
Note : 3/6
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DEAD KENNEDYS : Plastic surgery disasters / In God we trust inc.
Chronique réalisée par Twilight
A la vue de pochette si réussie (la meilleure des Dead Kennedys selon moi), je ne pouvais qu'avoir envie
d'écouter le cd et son contenu est loin d'être inintéressant. Tout le savoir-faire de la bande à Jello Biafra y est
concentré: de la fureur, des attaques ultra rapides, de la mélodie, de l'humoir noir et grinçant, un peu de
glauque gothique et de relents rockabilly moulinés punk...Non mais, franchement, rien que l'intro est parfaite
('Advice from Christmas past'): le grondement de guitares en arrière-fond laisse présager d'une attaque à la
Bauhaus et au lieu de ça une voix féminine dans la plus pure lignée 'documentaires Disney' sussure des
explications pour expliquer au kid moyen pourquoi il est devenu un tel 'trou du cul' (si si). 'Government flu'
suffit à lui-seul comme carte de visite du groupe, départ post punk goth, accélération, riffs de guitare torturés,
chant hanté et mélodie efficace. 'Plastic surgery disasters', à l'instar des 'Fresh fruits for rotten vegetables' ou
'Frankenchrist' a cette qualité de savoir concilier lignes pêchues typiques du punk américain pré-hardcore,
mélodies prenantes, le tout épicé d'une bonne dose d'humour noir (le saxo moqueur de 'Terminal preppie'). Des
chansons comme 'Halloween', 'Winnebago warrior', 'Government flu' ou encore 'Riot' avec son début lent, très
blues gothique sont irrésistibles. On comprend pourquoi un tel groupe reste toujours aussi fascinant tant au
sein de la scène punk qu'auprès des goths. Cette version cd propose en bonus le mini 'In God we trust inc.'
(dont pratiquement aucun titre ne dépasse les deux minutes !). Je suis plus mitigé, il est plus typique de
l'aspect punk hardcore de Jello et ses potes, celui que j'apprécie le moins. Les chansons sont très rapides, très
courtes, et ne dévoilent pas de réelle mélodie particulière (même si le début de 'Moral majority' avec ses airs
faussement religieux est excellent), exception faite du bon 'Rawhide' et de la déclinaison de 'Kalifornia über
alles' sous le nom de 'We've got a bigger problem now'. Je ne doute pas que les fans du genre y trouveront
largement leur compte, de toute manière la réputation des Dead Kennedys n'est plus à faire.
Note : 4/6
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SIIIII : Ancient
Chronique réalisée par Twilight
Siiiii nous propose enfin son premier album, 23 ans après leur séparation ! Ok, un peu d'histoire s'impose.
Formé à Sheffield en 1983, le groupe se taillera rapidement un petit succès, se verra interviewé en 1984 par
Mick Mercer et splittera en 1986 sans avoir obtenu de contrat pour un disque. 2005, Paul (le chanteur) tombe
par hasard sur l'adresse mail de Mick Mercer et reprend contact. De fil en aiguille, ce dernier finit par consacrer
un numéro de son webzine à Siiiii, ce qui pousse Paul à recontacter ses anciens collègues. Surprise, ces
derniers sont motivés ! Deuxième bonne nouvelle, les réponses des internautes sont plus que positives et le
groupe décide de se remettre sur les rails. Il commence par sortir une collection de morceaux d'archive sous le
nom de 'Ancient', disque qui devrait être suivi d'un second baptisé 'Modern' incluant les nouvelles
compositions. En attendant cet heureux moment, que peut-on dire de 'Ancient' ? Qu'il eût été fichtrement
dommage que ces chansons ne sortent pas en cd ! Oeuvrant dans un mélange de cold wave à la Joy Division /
And also the trees et de goth première vague dans la lignée de Birthday Party et Ausgang, Siiiii propose une
musique dense, torturée, profonde, privilégiant le spleen plus que la rapidité. Peu de rythmiques roulantes
(exception faite de titres comme 'Rictus' ou 'Equator') mais plutôt des beats lourds et funèbres, des murs de
guitare noirs et étouffants, un chanteur à la voix sombre (carrément déséspérée parfois) et des mélodies
efficaces entre noirceur et tristesse (les très bons 'Conception' et ' Overgrown eyes'). S'ajoutent un ou deux
titres plus atmosphériques ('Speaking in tongues', 'Statue'). A noter que deux bonus sont inclus et que les 150
premiers exemplaires de 'Ancient' sont proposés en édition limitée dans une pochette A5 avec l'historique du
groupe et un cd rom d'images (pour le même prix !). Bref, Siiiii, c'est mon coup de coeur d'avril 2006 et je ne
puis qu'encourager les fans du genre à découvrir ce groupe resté trop longtemps injustement méconnu.
Note : 5/6
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Informations
Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com.
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Table des matières
Les chroniques ........................................................................................................................................................................... 3
ENSLAVED : Frost............................................................................................................................................................ 4
DEPECHE MODE : The singles 86-98 ............................................................................................................................. 5
ARTS AND DECAY : Trail of tears.................................................................................................................................. 6
KINGSIZE BLUES : Live fast and die .............................................................................................................................. 7
DIAPSIQUIR : Virus S.T.N............................................................................................................................................... 8
TOSCA : Suzuki................................................................................................................................................................. 9
KAYO DOT : Dowsing anemone with copper tongue .................................................................................................... 10
HAEMOTH : Kontamination........................................................................................................................................... 11
ZOMBINA AND THE SKELETONES : Monsters on 45............................................................................................... 12
SUNNO))) : Black one ..................................................................................................................................................... 13
INADE : Colliding dimensions tour 1999........................................................................................................................ 14
ARC AND SENDER : S/t ................................................................................................................................................ 15
MONDBLUT : Angsterfülltes Morgen............................................................................................................................ 16
MORTHEM VLADE ART : Autopsy ............................................................................................................................. 17
DEPECHE MODE : Playing the angel ............................................................................................................................ 18
BOULARD (Régïs) : Streamer ........................................................................................................................................ 19
KORPIKLAANI : Tales along this road .......................................................................................................................... 21
REMAINS OF THE DAY : Hanging On Rebellion ........................................................................................................ 22
THE KNIFE : Deep Cuts.................................................................................................................................................. 23
KINSKI : Be gentle with the warm turtle......................................................................................................................... 24
ABSIDIA / SIX REASONS TO KILL : Morphology Of Fear (Split CD) ...................................................................... 25
MOST PRECIOUS BLOOD : Merciless ......................................................................................................................... 26
THIS HEAT : S/t.............................................................................................................................................................. 27
THIS HEAT : Deceit........................................................................................................................................................ 28
UNDERGROUND RESISTANCE : Galaxy 2 Galaxy – a hi-tech jazz compilation ...................................................... 29
SENSORIAL RESPONSE : Humanity vs Technology ................................................................................................... 31
COMPILATION DIVERS : Swarm................................................................................................................................. 32
YELWORC : Brainstorming ............................................................................................................................................ 33
DOLORIAN : S/t.............................................................................................................................................................. 34
SIOUXSIE AND THE BANSHEES : The rapture .......................................................................................................... 35
LAMENTED SOULS : The origins of misery................................................................................................................. 36
SIOUXSIE AND THE BANSHEES : Once upon a time/ the singles ............................................................................. 37
Page 243/249
SIOUXSIE AND THE BANSHEES : Overground ......................................................................................................... 38
SIOUXSIE AND THE BANSHEES : Twice upon a time/ the singles............................................................................ 39
DAS ICH : Cabaret........................................................................................................................................................... 40
ATROCITY FEAT. DAS ICH : Die Liebe...................................................................................................................... 41
KADA : S/t....................................................................................................................................................................... 42
TELEFON TEL AVIV : Map of what is effortless.......................................................................................................... 43
IMMOLATION : Dawn of possession............................................................................................................................. 44
LUGUBRUM : Heilige dwazen ....................................................................................................................................... 45
YELWORC : Collection 1988-94 .................................................................................................................................... 46
HACKETT (Steve) : Voyage of the acolyte .................................................................................................................... 47
HACKETT (Steve) : Please don't touch........................................................................................................................... 48
HACKETT (Steve) : Spectral mornings .......................................................................................................................... 49
HACKETT (Steve) : Defector.......................................................................................................................................... 50
PETER AND THE TEST TUBE BABIES : The punk singles collection....................................................................... 51
DALI'S CAR : The waking hour...................................................................................................................................... 52
HARVEST RAIN : Night's glow ..................................................................................................................................... 53
ARCHON SATANI : Mind of flesh & bones .................................................................................................................. 54
COMBATIVE ALIGNMENT : Everlasting sun.............................................................................................................. 55
COMBATIVE ALIGNMENT : Image acoustique .......................................................................................................... 56
ELYSIAN FIELDS : Bum raps & love taps .................................................................................................................... 57
COMBATIVE ALIGNMENT : Requiem........................................................................................................................ 58
HELLFISH & PRODUCER : Bastardz sonz of rave ....................................................................................................... 59
COMBATIVE ALIGNMENT : The ritez of higher communication............................................................................... 60
TYR : Eric The Red.......................................................................................................................................................... 61
OTHILA : Continents....................................................................................................................................................... 62
SHADOW MAGNET vs COMBATIVE ALIGNMENT : Temple of pain..................................................................... 63
DEINONYCHUS : Ark of thought .................................................................................................................................. 64
DARKTHRONE : The cult is alive.................................................................................................................................. 65
SOULMAKER : Démo I.................................................................................................................................................. 66
COOPER (Alice) : Brutal planet ...................................................................................................................................... 67
COOPER (Alice) : Dragontown....................................................................................................................................... 68
ZORN (John) : Hockey .................................................................................................................................................... 69
UNSEEN TERROR : Human error.................................................................................................................................. 70
LOVE LOST BUT NOT FORGOTTEN : Love Lost But Not Forgotten........................................................................ 71
TUXEDOMOON : Holy wars.......................................................................................................................................... 72
Page 244/249
SIOUXSIE AND THE BANSHEES : B-sides & rarities box set.................................................................................... 73
COMBATIVE ALIGNMENT : Hidden sleep ................................................................................................................. 74
DARKTHRONE : The cult is alive.................................................................................................................................. 75
BLOODY MARY : Blood'n'roll ...................................................................................................................................... 76
CLARK (Anne) : Hopeless cases..................................................................................................................................... 77
CLARK (Anne) : Pressure points..................................................................................................................................... 78
FLINT GLASS : Nyarlathotep ......................................................................................................................................... 79
O-HEAD : Steps Across the Cortex ................................................................................................................................. 80
ORGAN: : Apoplexy In Six Parts .................................................................................................................................... 81
THROBBING GRISTLE : The first annual report of Throbbing Gristle ........................................................................ 82
THROBBING GRISTLE : The second annual report of Throbbing Gristle ................................................................... 84
THROBBING GRISTLE : D.O.A : The third and final report of Throbbing Gristle...................................................... 86
RAMASES : Space hymns............................................................................................................................................... 87
SEMPER EADEM : Divagations esthétiques .................................................................................................................. 88
SPORTO KANTES : Act.1 .............................................................................................................................................. 89
HELLEBAARD : Valkyrenvlucht ................................................................................................................................... 90
DOWD (Johnny) : Wrong side of Memphis .................................................................................................................... 91
SMAGGHE (Ivan) : How to kill the DJ [part one] .......................................................................................................... 92
DARVULIA : L'alliance des venins................................................................................................................................. 93
BARDO POND : On the ellipse....................................................................................................................................... 94
TYNER (Mccoy) : Inception............................................................................................................................................ 95
TYNER (Mccoy) : Live at Newport................................................................................................................................. 96
TYNER (Mccoy) : Today and tomorrow ......................................................................................................................... 97
TYNER (Mccoy) : Expansions ........................................................................................................................................ 98
TYNER (Mccoy) : Extensions ......................................................................................................................................... 99
TYNER (Mccoy) : Sahara.............................................................................................................................................. 100
PROJECT ANDREW ROTTEN : En Passant ............................................................................................................... 101
DEMOLITION HAMMER : Tortured existence........................................................................................................... 102
DEMOLITION HAMMER : Epidemic of violence....................................................................................................... 103
NUCLEAR ASSAULT : Survive................................................................................................................................... 104
THROBBING GRISTLE : 20 jazz funk greats.............................................................................................................. 105
FREE SYSTEM PROJEKT : Moyland.......................................................................................................................... 107
GRAVEN : The shadows eternal call............................................................................................................................. 108
FREE SYSTEM PROJEKT : Protoavis ......................................................................................................................... 109
THORR'S HAMMER : Dommedagsnat ........................................................................................................................ 110
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THUNDRA : Worshipped by chaos............................................................................................................................... 111
CULT OF LUNA : Somewhere along the highway....................................................................................................... 112
GODARD / JOUSSE : Les écrans sonores de Jean-Luc Godard................................................................................... 113
PRYAPISME : Pump up the pectine.............................................................................................................................. 115
GAINSBOURG (Serge) : Histoire de Melody Nelson .................................................................................................. 116
GAINSBOURG (Serge) : L'homme à tête de chou........................................................................................................ 117
SEIFERT (Erik) : A Trip To Nebula Cluster ................................................................................................................. 118
SYSTRAL : Black Smoker ............................................................................................................................................ 119
ANTHEIL (1900-1959) (George) : Jazz sonata / Sonatina / La femme 100 têtes ......................................................... 120
THE EXPLOITED : Death before dishonour ................................................................................................................ 121
BASTIEN (Pierre) : Musiques machinales .................................................................................................................... 122
MANNGARD : Circling buzzards ................................................................................................................................. 123
REICH (B.1936) (Steve) : Early works : Come out / Piano phase / Clapping music / It's gonna rain .......................... 124
SYNDROMEDA : Last Days on Earth.......................................................................................................................... 125
PAUVROS (Jean-François) / RED / AKCHOTÉ (Noël) : Écume ou bave................................................................... 126
TUSK : Get Ready ......................................................................................................................................................... 127
DEMIGOD : Slumber of sullen eyes ............................................................................................................................. 128
HAEMORRHAGE : Apology for pathology ................................................................................................................. 129
HELDON : Only chaos is real........................................................................................................................................ 130
BENIGHTED : Identisick .............................................................................................................................................. 131
DEATHEVOKATION : Blood demo 2005 ................................................................................................................... 132
MORPHEUS DESCENDS : Ritual of infinity............................................................................................................... 133
THROBBING GRISTLE : Heathen earth...................................................................................................................... 134
THE SHADOW ORDER : Untold................................................................................................................................. 135
LIQUID BRIDGE : Cornucopia..................................................................................................................................... 136
SPIRITUS MORTIS : Fallen ......................................................................................................................................... 137
REVENANT : The burning ground ............................................................................................................................... 138
BLACK BLEEDING : The awakening.......................................................................................................................... 139
BOMB SCARE CREW : Reign of the sharks................................................................................................................ 140
BAXTERS : Insanity and illusion .................................................................................................................................. 141
BLIND MYSELF : Worst-case scenario........................................................................................................................ 142
SHARGATH : Memento finis........................................................................................................................................ 143
THE FANTASTIKOL HOLE : Mathematikol oil ......................................................................................................... 144
UNDER EDEN : The savage circle ............................................................................................................................... 145
MASTIC SCUM : Mind................................................................................................................................................. 146
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THE FINAL SIGH : If you're not part of the solution, you're part of the problem ....................................................... 147
ANTIGEN SHIFT : The way of the north ..................................................................................................................... 148
KONAU : Speech from the shadows ............................................................................................................................. 149
I.O.S.T. : Greetings from tchernobyl.............................................................................................................................. 150
SLIT : Cronaca nera ....................................................................................................................................................... 151
UPHILL BATTLE : Blurred 1999-2004........................................................................................................................ 152
YOG : Grindcore deluxe ................................................................................................................................................ 153
SHOEMAKER LEVY 9 : Pantheon .............................................................................................................................. 154
SUMMONING : Oath bound ......................................................................................................................................... 155
WAREHOUSE 99 PROJECT : Social leper's club........................................................................................................ 156
ELECTRIC MASADA : At The Mountains Of Madness.............................................................................................. 157
KAYO DOT : Dowsing anemone with copper tongue .................................................................................................. 158
CARDIACS : Sing to god pt I & II ................................................................................................................................ 159
ORCHID : Chaos is Me / Dance Tonight ! .................................................................................................................... 160
REVERSAL OF MAN : This is medicine ..................................................................................................................... 161
ULTRALYD : Chromosome gun................................................................................................................................... 162
BALROG : Bestial Satanic Terror ................................................................................................................................. 163
COOPER (Alice) : The eyes of Alice Cooper................................................................................................................ 164
TRIUMVIRO : Journal infirme...................................................................................................................................... 165
MY NAME IS NOBODY : I hope you're well, I am and I send you my fingers .......................................................... 166
MINISTRY : Dark side of the spoon ............................................................................................................................. 167
MINISTRY : Rantology................................................................................................................................................. 168
MELEK-THA : Astrum argentinum .............................................................................................................................. 169
MELEK-THA : De magia naturali daemoniaca............................................................................................................. 170
RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Emissaries............................................................................................... 171
MELEK-THA : Post nuclear race .................................................................................................................................. 173
RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Frozen North........................................................................................... 174
MELEK-THA : Decadence & genocide ........................................................................................................................ 176
MELEK-THA : Dehumanizer ........................................................................................................................................ 177
MELEK-THA : Evil is too strong .................................................................................................................................. 178
MELEK-THA : The sulfurik vortex............................................................................................................................... 179
TODAY IS THE DAY : Willpower............................................................................................................................... 180
MELEK-THA : Armageddon theory ............................................................................................................................. 181
MELEK-THA : Inferno.................................................................................................................................................. 182
THIS MORN' OMINA : Les passages jumeaux : le 25ième degré~le 33ième degré.................................................... 183
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YOSHIHIDE, LASWELL, YOSHIGAKI : Soup live ................................................................................................... 184
YOSHIHIDE (Otomo) : We insist?................................................................................................................................ 185
YOSHIHIDE (Otomo) : Tatikiuri: Japan/China Point of Sales Tour ............................................................................ 186
INADE : Samadhi state .................................................................................................................................................. 187
AMORAL : Decrowning................................................................................................................................................ 188
LOITS : Vere Kutse Kohustab ....................................................................................................................................... 189
LOITS : Ei Kahetse Midagi............................................................................................................................................ 190
MINISTRY : In case you didn't feel like showing up.................................................................................................... 191
PEARL JAM : S/t........................................................................................................................................................... 192
TOOL : 10.000 Days ...................................................................................................................................................... 193
ZAWINUL (Joe) : The rise and fall of the third stream................................................................................................. 194
ZAWINUL (Joe) : Zawinul............................................................................................................................................ 195
AXESS : First light......................................................................................................................................................... 196
FRUSTRATION : Full of sorrow .................................................................................................................................. 198
ROSE ET NOIRE : Tracé dans le bleu .......................................................................................................................... 199
PATCHWORK : Patchwork .......................................................................................................................................... 200
ZYKLON : Disintegrate................................................................................................................................................. 201
DRUDKH : Blood in our wells ...................................................................................................................................... 202
TANGERINE DREAM : Phaedra.................................................................................................................................. 203
CORTEGE FUNEBRE / INTO DAGORLAD : Split cd............................................................................................... 204
HAMMILL (Peter) : Fool's mate ................................................................................................................................... 205
HAMMILL (Peter) : Chameleon in the shadow of night............................................................................................... 206
HAMMILL (Peter) : The silent corner and the empty stage.......................................................................................... 207
HAMMILL (Peter) : In camera ...................................................................................................................................... 208
HAMMILL (Peter) : Nadir's big chance ........................................................................................................................ 209
HAMMILL (Peter) : Over.............................................................................................................................................. 210
HAMMILL (Peter) : The future now ............................................................................................................................. 211
HAMMILL (Peter) : ph7................................................................................................................................................ 212
HAMMILL (Peter) : A black box .................................................................................................................................. 213
HAMMILL (Peter) : Sitting targets................................................................................................................................ 214
HAMMILL (Peter) : Enter k .......................................................................................................................................... 215
HAMMILL (Peter) : Loops & reels : analog experiments 1980-1983........................................................................... 216
HAMMILL (Peter) : Patience ........................................................................................................................................ 217
HAMMILL (Peter) : The margin + ................................................................................................................................ 218
HAMMILL (Peter) : Skin............................................................................................................................................... 219
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HAMMILL (Peter) : And close as this........................................................................................................................... 220
HAMMILL (Peter) : In a foreign town .......................................................................................................................... 221
HAMMILL (Peter) : Out of water.................................................................................................................................. 222
HAMMILL (Peter) : Room temperature live ................................................................................................................. 223
HAMMILL (Peter) : The fall of the house of Usher...................................................................................................... 224
HAMMILL (Peter) : Fireships ....................................................................................................................................... 225
HAMMILL (Peter) : The noise ...................................................................................................................................... 226
HAMMILL (Peter) : There goes the daylight ................................................................................................................ 227
HAMMILL (Peter) : Roaring forties.............................................................................................................................. 228
HAMMILL (Peter) : X my heart.................................................................................................................................... 229
HAMMILL (Peter) : Sonix : hybrid experiments 1994-1996 ........................................................................................ 230
HAMMILL (Peter) : Everyone You Hold...................................................................................................................... 231
HAMMILL (Peter) : This............................................................................................................................................... 232
HAMMILL (Peter) : Typical.......................................................................................................................................... 233
HAMMILL (Peter) : None of the above ........................................................................................................................ 234
HAMMILL (Peter) : What, now ?.................................................................................................................................. 235
HAMMILL (Peter) : Unsung ......................................................................................................................................... 236
HAMMILL (Peter) : Clutch ........................................................................................................................................... 237
HAMMILL (Peter) : Incoherence .................................................................................................................................. 238
HAMMILL (Peter) : Veracious...................................................................................................................................... 239
DEAD KENNEDYS : Plastic surgery disasters / In God we trust inc........................................................................... 240
SIIIII : Ancient ............................................................................................................................................................... 241
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