Méthodologie de la dissertation

Méthodologie de la dissertation
La dissertation philosophique est un exercice consistant à traiter un sujet formulé sous forme de
question qu'il faut d'abord analyser afin d'en dégager un problème.
C'est essentiellement la position du problème qui
présente la plus grande difficulté, une fois ce dernier identifié, le cœur même de l'argumentation est
établi.
Pour poser ce problème il convient de s'interroger
sur la nature de la difficulté inhérente à la question
posée, de se demander pourquoi la réponse ne va
pas de soi, n'est pas évidente.
Lorsque l'on analyse un sujet de dissertation, on a souvent l'impression qu'il y a plusieurs réponses
possibles, qu'elles semblent toutes avoir leur cohérence, mais en même temps elles paraissent se
contredire. C'est précisément lorsque pour une même question nous nous trouvons face à plusieurs
réponses contradictoires que nous sommes face à un véritable problème philosophique, et résoudre
ce problème, c'est dépasser la contradiction, c'est-à-dire trouver une autre réponse qui écarte toutes
les hypothèses précédentes.
Si nous prenons, par exemple; le sujet : "Être libre, est-ce faire ce qu'il nous plaît ?", la réponse qui
vient immédiatement à l'esprit est positive, c'est celle qui correspond à l'opinion commune. Mais si
l'on y regarde d'un peu plus près, on peut se demander si agir ainsi n'est pas se rendre esclave de
désir que l'on ne maîtrise pas, se laisser dominer par son appétit de plaisir. N'est-il pas d'ailleurs des
cas où c'est en renonçant au plaisir immédiat que l'on affirme sa liberté ? Cependant la liberté ne
peut se définir comme étant nécessairement renoncement au plaisir, il y a aussi un plaisir d'être libre
de même qu'il y a des plaisirs auxquels nous accédons librement. En conséquence la liberté n'étant
ni soumission au plaisir, ni renoncement systématique, la solution du problème ne pourra être atteinte que par une réflexion consistant, non seulement à préciser le sens de l'idée de liberté, mais
également expliquer dans quelles conditions la recherche du plaisir peut s'accorder avec cette idée.
La structure de la dissertation
Comme chacun sait la dissertation se compose de trois parties essentielles qui sont :
I.
l'introduction
II.
le développement
III. la conclusion
Jusque là, tout semble simple, reste à savoir, quel est le rôle de chacune de ces parties dans le texte
que l'on va rédiger ?
L'introduction a tout d'abord pour finalité de poser le problème que l'on va traiter tout au long de
la dissertation. Une mauvaise introduction conduit le plus souvent à un devoir médiocre. Comment
pourrions nous en effet traiter et résoudre un problème qui n'a pas été posé, ou qui a été mal posé.
Pour poser le problème, il convient, tout d'abord, d'analyser en détail la question posée et d'en préciser le thème, il s'agit de déterminer de quoi l'on va devoir parler durant toute la dissertation.
Ensuite, il faut s'interroger sur l'hypothèse contenue implicitement dans le sujet. Toute question, en
effet, même la plus banale contient implicitement une hypothèse, une possibilité supposée dont
j'ignore la réalité et au sujet de laquelle je m'interroge. Si je demande à quelqu'un s'il pleut, c'est
parce que j'ignore le temps qu'il fait à l'extérieur, mais que je suppose qu'il pourrait pleuvoir. Il s'agit
donc de déceler ce qui est mis en question, ce qui fonde la pertinence du sujet.
Il s’agit ensuite d’énoncer les objections possibles à cette hypothèse, afin de souligner la difficulté
inhérente à la question posée.
C’est l’analyse de cette hypothèse et de ces objections qui constituera le développement.
Ainsi construite l’introduction annonce le plan du devoir. Il est important que tout ce qui est énoncé
dans cette partie du devoir le soit de manière hypothétique et interrogative, il ne faut rien affirmer
catégoriquement et surtout ne pas apporter de réponse à la question posée. Seules, la dernière étape
du développement et la conclusion apporteront des éléments de réponse.
Le développement consiste quant à lui à résoudre le problème par étapes successives. Pour construire un développement cohérent, il est indispensable d’élaborer un plan structuré.
On pourra, par exemple, dans une première partie, analyser le sens de l’hypothèse sous-entendue
dans la question posée (pour le sujet “Être libre, est-ce faire qu’il nous plaît”, on réfléchira tout
d’abord sur le sens de l’hypothèse selon laquelle la liberté pourrait consister à faire ce qu’il nous
plaît).
Ensuite dans une seconde partie on envisagera toutes les objections possibles à cette hypothèse (ex :
est-ce être libre que d’être esclave de son appétit de plaisir ?).
Puis dans une troisième partie, on tentera de concevoir une autre thèse, selon un autre point de vue,
afin de sortir de l’opposition entre l’hypothèse et les objections (comment concevoir une libre recherche du plaisir ?).
Trois exigences essentielles doivent être satisfaites à l’intérieur de chacune des parties du développement :
Définir : toujours préciser le sens des termes principaux que l’on emploie.
Discuter : toujours rechercher les objections possibles aux thèses que l’on avance (cf. Descartes,
Premier précepte de la méthode, tout remettre en doute jusqu’à ce que l’on parvienne à une évidence).
Démontrer : toujours justifier ce que l’on affirme en le déduisant de principes (ce qui est premier,
fondamental) résultant de l’analyse du sujet.
La conclusion apportera soit une réponse définitive et précise à la question posée (conclusion fermée), soit des éléments de réponse permettant d’ouvrir la réflexion sur un problème nouveau découlant logiquement du précédent (conclusion ouverte).
Cette réponse ou ces éléments seront amenés par une reprise très synthétique des principaux arguments développés dans le corps du devoir.