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16 0123 décryptages DIALOGUES Stop ou encore? Médiateur Pascal Galinier Q uitte ou double ? Qui veut payer des millions ? Ça passe ou ça casse… Les rebondissements sans fin de la crise européenne prennent des allures d’émission de télé-réalité pour nos lecteurs. Le dernier épisode se déroule à Athènes. Euro ou pas euro ? Référendum ou pas référendum ? Sorti du chapeau par Georges Papandréou, le premier ministre grec, à la surprise générale, au lendemain d’un douloureux sommet qui était supposé avoir sauvé la Grèce de la faillite, le projet de référendum a suscité nombre de commentaires railleurs, énervés ou compatissants. « C’était la dernière chose à faire !, estime Jean-Claude Meyer (Web). Si le résultat est négatif, j’espère que l’UE va montrer le chemin de la porte à ce pays de tricheurs ! » « Si la question est “Acceptez-vous de vous couper un bras ?”, elle aura beau être posée de façon démocratique, la réponse sera non », observe Daniel Lattanzio (Achères, Yvelines). « C’est la démocratie, chers lecteurs, dans son effrayante grandeur », lance « OlivierW » dans un commentaire en ligne. « Demander aux Grecs de choisir leur avenir, c’est la moindre des choses ; nous, nous ne supporterions pas de ne pas être consultés », observe-t-il. « Quelle fraction de votre salaire êtes-vous prêts à abandonner pour aider un retraité ou un chômeur grec ?, demande benoîtement Claude Doucet (Lèves, Eure-et-Loir). Sachant que les mégafortunes grecques ne contribuent pas au redressement de leur pays, c’est vous, madame, monsieur, qui êtes seuls en capacité de dénouer la crise. » Trop facile, estime « Karine » (Web) : « Les Français devraient-ils passer à la caisse pour aider une bande de tricheurs et de magouilleurs ? Non ! Que les Grecs fassent payer leurs armateurs et leurs popes exemptés d’impôts et se dém… avec une drachme aussi solide qu’un morceau de feta au soleil ! » « Le référendum placera chacun Courrier Europe Pour un plus large soutien C’est sans doute, non pas une fracture – car tous les Européens doivent vivre, travailler et agir ensemble –, mais la fin du duo France-Allemagne qu’il faut souhaiter ardemment, et non la regretter comme semble être l’opinion de Jacques Pierre-Gougeon dans sa tribune « France-Allemagne: la fracture» (Le Monde du 1er novembre). Ce duo, qui a pu avoir quelque utilité il y a trente ou quarante ans mais sous une forme tellement différente, est devenu un exercice de communication qui ne pèse plus sur les vraies questions. Et je m’étonne et regrette que les médias, et Le Monde en particulier, ne souligne pas, en sollicitant la voix des autres Européens que sont les Espagnols, les Italiens, les Portugais, les Belges et tous les autres, que l’Europe n’est pas l’affaire de deux pays, mais celle de tout un peuple bien plus grand, large et riche, et que la gestion de ce monde-là par deux pays seulement, mène évidemment à la catastrophe, car les autres ont alors toutes les raisons de s’en désintéresser puisqu’on – Merkel, Sarkozy et vous les médias – les prend pour rien! Allez amis européens d’ailleurs soulevez-vous pour nous débarrasser de ce duo pervers pour tous! Jacques Remon, Paris Société Fessée ou confiture ? Le Monde, par un article « Les militants anti-fessée réclament une loi afin de “bousculer l’opinion” » (Le Monde du 31 octobre), nous apprend que la fessée pourrait être mise à l’index. Non seulement traumatisante pour l’arrière-train, elle le serait aussi pour le mental. Aldo Naouri [pédiatre] préconise plutôt l’isolement du petit fautif jusqu’à ce qu’il se calme. Il aurait dû préciser qu’il fallait le mettre au pain sec dans un cabinet noir pour fournir au grand-père l’occasion Dptaillant-grossiste vend au[ Sarticuliers les Slus grandes marTues ”au meilleur Sri[” MATELAS - SOMMIERS CANApéS - SALONS - CLIC-CLAC Samedi 5 novembre 2011 devant ses responsabilités. Le peuple ne pourra plus continuer à exiger sans regarder. Les partis qui appelleront à l’abstention montreront leur refus d’assumer la situation. Dans le meilleur des cas, l’Europe pourrait même être contrainte à desserrer l’étreinte financière », analyse Christophe Brochier, sociologue à l’université Paris-VIII, dans un long texte (voir sur mediateur.blog.lemonde.fr). « Combien de temps encore les gouvernements et les peuples se plieront-ils au petit jeu de casino des marchés ?, se demande Emmanuel Noussis (Strasbourg). Les dirigeants européens devraient se méfier et prendre les décisions nécessaires pour que les Etats ne soient pas traités par les “marchés” comme n’importe quelle entreprise. Cela devient insupportable d’assister à ce spectacle, ce jeu de dupes, où les politiciens tremblent devant la spéculation et ne prennent aucune mesure digne de ce nom contre ceux qui jouent avec notre avenir. » D’ailleurs, « est-ce qu’une fois le problème de la dette grecque réglée nous serons vraiment sortis d’affaire ?, s’interroge Jean-Marc Créau (Web). Est-ce que nous ne devrions pas réduire la liste des pays membres de l’euro à un noyau “sain” pour éviter que tout le monde ne coule ? ». « Tout focaliser sur l’euro et la dette grecque relève de la technique du rideau de fumée cher à notre bon président, affirme Pierre Wassef (Paris). Le vrai problème, c’est la prise de pouvoir mondiale de de lui glisser en douce un pot de confiture. Qui dira jamais les vertus du pot de confiture? Non seulement il met du baume au cœur du condamné mais encore il transfère le conflit familial sur le patriarche victimisé en lieu et place du proscrit. Au XIXe siècle, un certain Victor Hugo avait déjà saisi le problème dans son poème : «Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir…» Donc à bas la fessée et vive l’isolement et le pot de confiture. Raoul Bernard Uzès (Gard) Préfectorale Moulin ou Papon ? Le plaidoyer pour le corps préfectoral par Paul Bernard dans son courrier « Un pseudo-préfet » (Le Monde du 22 octobre) quant à l’absolue « haute exigence morale et civique » de tous ses collègues (hors ceux venant d’un autre moule!) fait montre d’un tel corporatisme qu’il en est presque drôle. Du moins jusqu’à la conclusion… Où il voudrait nous faire croire que leur modèle à tous serait Jean Moulin. A l’heure où Le Monde a pris une part active dans le rappel de la nuit tragique du 17 octobre 1961, nous devons nous souvenir que Maurice Papon fut, en tant que préfet de police, un des principaux responsables de ce qui est dorénavant considéré comme un massacre à l’encontre d’au moins 150 Algériens. Alors, je ne dis pas que tous les préfets sont des héritiers de Papon, mais je ne veux pas plus que M. Bernard prétende qu’ils le seraient de Jean Moulin ! Pierre Confavreux, Sète (Hérault) * Voir conditions sur www.mobeco.com Histoire Européens ou Français ? CONVERTIBLES pOUR COUChAGE qUOTIDIEN DIVA - CASANOVA - BUROV - DESIGNERS GUILD NEOLOGY - NICOLETTI - LELEU - MARIES CORNER - ETC ... TRECA - TEMpUR - SIMMONS - pIRELLI D U N LO p I L LO - BU LT E x - E p E DA - E TC . . . Livraison gratuite sur toute la France Rpglez en 10 fois sans frais * 50 av. d’Italie 75013 PARIS 148 av. Malakoff 75116 PARIS 247 rue de Belleville 75019 PARIS 01 42 08 71 00 7j/7 www.mobeco.com leader de la vente en ligne La tribune de Pierre Nora, «Une histoire politisée» (Le Monde du 17octobre), est intéressante, mais est-elle à l’abri du reproche d’une Histoire régie par le point de vue des Européens ou des Français ? Quant à penser que les historiens américains feraient preuve de moins de préjugés politiques ou raciaux que nous, cela reste à démontrer! Citer la loi Taubira ou le Livre noir du colonialisme sans le moindre commentaire, cela implique que les Africains n’ont jamais pratiqué l’esclavage ni vendu leurs frères aux négriers arabes d’abord, turcs, puis européens ensuite. Faut-il rappeler que, du VIIIe au XIXe siècle, 12 millions d’Africains furent détenus en esclavage en Afrique, que 17 millions furent vendus en Afrique du Nord, en Turquie, en Arabie, et que 11 millions furent vendus en Amérique ? Rappelons aussi que 4 millions d’Européens furent pris et vendus comme esclaves en Afrique du Nord et en Turquie durant la même période. la finance spéculative. Cette spéculation n’a pas de fin, c’est la Grèce aujourd’hui, ce seront d’autres demain… » « Nous sommes bien dans une dictature européenne : quand un peuple vote non, on le fait revoter, observe « Hervé D. » (Web). Quand des technocrates non élus ont un droit de quasi-véto sur le budget avant le parlement national, où est la démocratie ? » Deux lecteurs répondent : à Berlin. « L’Allemagne fait tout valider par son parlement, au point même que celui-ci est devenu l’instance démocratique “suprême” européenne », souligne le dénommé « Arnaud Martin » (Web). « Après le nécessaire accord préalable du Bundestag, le référendum grec montre qu’il y a heureusement encore en Europe des gouvernements démocratiques qui ne se considèrent pas comme seulement responsables devant Jean-Pierre Pernaut ou les agences de notation, mais devant leurs concitoyens », se félicite Claude Emeri (Plassac, Gironde). D ans les propos de nos lecteurs, indignation rime avec élection autant qu’avec révolution. Sauver la Grèce ? Là n’est plus la question. Sauver l’euro, l’Europe, la démocratie ellemême ! Telle est désormais la préoccupation de nos « citoyens lecteurs ». Ainsi Danielle Bizien (Paris) : « A ce moment calamiteux de la construction européenne, je me demande ce qu’on attend pour demander aux peuples de tous les pays d’Europe leur avis sur la continuation de Oui, nous avons colonisé, sans états d’âme, mais les Arabes et les Turcs firent-ils mieux que nous? Furent-ils moins brutaux? Faut-il rappeler que nos rois durent lutter contre la piraterie en Méditerranée du XVIe au XIXe siècle ? Oui, nous avons écrit l’Histoire de notre point de vue, comme tous les autres. Lisez donc les livres scolaires d’histoire algériens et turcs. Il faut un aveuglement total pour croire que nous sommes les seuls à nous être crus le centre du monde… Jean Salvan Fiac (Tarn) Economie Du libéralisme Il y a d’innombrables discoureurs patentés qui prétendent expliquer les raisons de la crise. Aucun ne met en avant la cause première, qui s’appelle le libéralisme. Parmi bien d’autres évidences de ce discours, on ne parle que de réguler la finance, ce qui est libéral, et ne contraint rien ; on ne parle pas de contrôler la finance, ce qui est antilibéral, et de ce qu’il faudrait faire. Il ne faut pas oublier que l’idéologie libérale, hégémonique et totalitaire dans tous nos pays, est fondée sur les deux dogmes du libéralisme : rien ne doit échapper aux actionnaires et rien ne doit s’opposer à cela. Robert Nadot Arradon (Morbihan) Politique Rêve ou cauchemar Selon Le Monde dans son édition du 22 octobre, François Hollande veut nous faire rêver. J’ai donc imaginé un président qui ne favoriserait pas son fils, qui n’utiliserait pas l’argent public à des fins privées, qui ne ferait pas de cadeaux à un affairiste, qui ne porterait pas atteinte à l’indépendance de la justice, qui n’espionnerait pas les journalistes, qui n’irait pas quêter auprès de dictateurs africains. Après relecture cependant, il m’a fallu retomber sur terre : le modèle de François Hollande, c’est François Mitterrand. Marc Andrault, Angers l’aventure. Pas sur l’aide à la Grèce, mais sur l’Europe elle-même. Quand la réalité est à ce point opposée aux promesses des proeuropéens, un bilan finira par s’imposer. Si cela ne passe pas par les urnes, cela risque de se passer dans les rues. » Et Christian Martin de prévenir : « Nos démocraties feraient bien de se méfier des réactions populaires. L’injustice sociale, provoquée par l’absence de régulation financière, finira par nous sauter à la figure. » Et maintenant ? « La Grèce dans l’euro, la question se pose », estimait l’éditorial du Monde du 2 novembre, suscitant des réactions mitigées. « La question ne serait-elle pas plutôt de savoir si les solutions envisagées, qui conduisent à appauvrir la population, sont viables, et pour les Grecs et pour l’Europe ? Ce sont donc des choix politiques qu’il s’agit de faire », estime Gwenaelle Hergott (Web). « “Au peuple d’apprécier, c’est l’honneur de la démocratie”, dites-vous, mais la vraie question est : que reste-t-il de la démocratie ?, estime « Claude Rivard » (Web). Personne, sauf une dictature, ne peut faire avaler au peuple grec la potion qu’on veut le forcer à boire. Papandréou en prend acte, avec panache : il est allé au bout du possible, bonne chance à son successeur ! » « Papandréou s’est déjà suicidé politiquement. Boire la ciguë peut s’accompagner d’une élégance certaine », conclut Roland Guerre (Allevard, Isère). Socrate, réveille-toi… p un certain nombre d’anglicismes depuis longtemps. [Le Monde a été salué par cette Commission pour son utilisation du mot courriel en lieu et place du mot mail.] Tout se traduit, tout doit être traduit, comme le font les Islandais dans leur vieille langue peu parlée. La langue appartient au peuple, qui a toute liberté pour la faire évo- luer sans attendre la parution des dictionnaires, qui ne font qu’entériner un usage. Françaises, Français, le français est votre langue, soyez-en fiers, défendez-la contre les emprunts abusifs qui signent une soumission à la paresse. Yves Egal Puteaux-La Défense (Hauts-de-Seine) Controverse du Net «Charlie Hebdo»: liberté(s) et vivre ensemble en débat Parmi le flot ronronnant de l’actualité, il y a des sujets explosant les sta- tistiques de lectures et de commentaires, suscitant des débats de fond. L’incendie criminel des locaux de Charlie Hebdo en fait partie. Même si cet acte n’a pas été revendiqué, la plupart de nos lecteurs lisent les faits comme un affrontement entre la liberté de la presse et l’extrémisme religieux. Dès publication des articles, de longues et âpres discussions, sur des centaines de commentaires, s’enclenchent sur la page Facebook du Monde.fr. D’un côté, plusieurs regrettent que Charlie Hebdo s’en prenne à des images saintes : « Ce n’est pas liberté d’expression, mais seulement une provocation ! » De l’autre, de nombreuses personnes s’indignent contre la destruction des locaux pour des motifs potentiellement religieux : « C’est inadmissible ! » Atteinte à la liberté de la presse, poids de règles sociales face aux pratiques individuelles et religieuses au sein d’un Etat laïque… Ces enjeux, au cœur du débat public, expliquent sans doute ce succès d’audience. Risquons-nous également à une explication plus simple, portée sur un constat relayé plusieurs fois : « Tout cela attise la haine ! Arrêtons une fois pour toutes ! La France est un pays où tout le monde cohabite, alors respectons-nous ! » A la lecture de ces discussions se nichent, en creux, des interrogations sur le « vivre ensemble», sur comment évoluent nos règles communes de société. Beaucoup réclament l’apaisement, le respect des individus et des communautés, l’ouverture au dialogue. Ce sera sans doute le seul mérite de cette regrettable destruction des locaux de Charlie Hebdo : nous faire assister à un sursaut de démocratie 2.0, et nous rappeler quelques tendances fondamentales du débat public. p Michaël Szadkowski Expression La langue française «Ma patrie, c’est la langue française», disait Albert Camus. Rire, comme dans l’article « Ne dites pas à David Guetta qu’il est devenu platiniste » (Le Monde du 20 octobre), des préconisations de la Commission générale de terminologie et de néologie, c’est se moquer du ciment de la nation française, ce qui est autorisé par la liberté d’expression, mais indigne d’un journal qui représente nolens volens la France. Le Monde devrait plutôt s’excuser de ne pas avoir publié intégralement les travaux de cette commission et francisé lui-même COLOMBE SCHNECK Samedi 15h Les liaisons heureuses Avec la chronique de Raphaëlle Rérolle du journal franceinter.fr