The White Man`s Burden

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The White Man`s Burden
Observatoire du Management Alternatif
Alternative Management Observatory
__
Fiche de lecture
The White Man’s Burden
Why the West’s efforts to Aid the Rest Have
Done So Much Ill and So Little Good
William Easterly
2006
Guillaume Angué – Avril 2009
Majeure Alternative Management – HEC Paris
2008-2009
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
1
Genèse de la fiche de lecture
Cette fiche de lecture a été réalisée dans le cadre du cours « Histoire de la critique »
donné par Eve Chiapello et Ludovic François au sein de la Majeure Alternative Management,
spécialité de troisième année du programme Grande Ecole d’HEC Paris.
Origin of this review
This review was presented in the “Histoire de la critique” course of Eve Chiapello and
Ludovic François. This course is part of the “Alternative Management” specialization of the
third-year HEC Paris business school program.
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Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
2
Le Fardeau de l’homme blanc
Pourquoi les efforts de l’Ouest pour aider le reste ont-ils fait tant de Mal et
si peu de Bien
Editeur et ville : Penguin Books, Londres.
Date de parution : 2006.
Première date de parution de l’ouvrage : 2006.
Résumé : Partant du constat qu’après plus de 60 ans de politiques d’aide au développement,
l’extrême pauvreté ravage encore des continents entiers, William Easterly tente d’analyser
pourquoi les milliards de dollars dépensés n’ont pas eu les effets positifs escomptés – voire
des effets négatifs – sur les populations les plus pauvres. Agences non responsabilisées,
populations-cibles pas impliquées, manque d’évaluation, l’auteur identifie les principales
failles de ces politiques et en tire des pistes de réflexion pour en améliorer l’efficacité.
Mots-clés : Aide au développement – Développement économique –Pauvreté – Colonialisme.
The White Man’s Burden
Why the West’s Efforts to Aid the Rest Have Done So Much Ill and So
Little Good
Editor: The Penguin Books, London.
Date of publication: 2006.
Date of first publication: 2006.
Abstract: After more than 60 years of development aid, extreme poverty is still a severe
problem on several continents. William Easterly tries to analyze why development aid failed
to work as expected and had some bad effects on the poorest people. Agencies are not held
responsible, target populations are not included in the elaboration of policies, and actions are
not evaluated. The author points out some of the biggest problems of these policies and
suggests ideas for future improvement in aid.
Key words: Development aid – Economic development – Poverty – Colonialism.
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
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Table des matières
1. L’auteur et son oeuvre ......................................................................................................... 5
1.1.
1.2.
Brève biographie........................................................................................................ 5
Place de l’ouvrage dans la vie de l’auteur ............................................................... 6
2. Résumé de l’ouvrage ............................................................................................................ 7
2.1
2.2
Plan de l’ouvrage ....................................................................................................... 7
Principales étapes du raisonnement et principales conclusions ............................ 8
3. Commentaires critiques..................................................................................................... 12
3.1
3.2
Avis d’autres auteurs sur l’ouvrage....................................................................... 12
Avis de l’auteur de la fiche...................................................................................... 13
4. Bibliographie de l’auteur................................................................................................... 14
5. Références ........................................................................................................................... 15
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
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1. L’auteur et son œuvre
1.1.
Brève biographie
Après avoir obtenu son doctorat en économie au MIT en 1985, William Easterly a
travaillé à la Banque Mondiale pendant plus de 15 ans comme économiste et conseiller
spécial dans la division « macroéconomie et croissance ». Il a dans ce cadre travaillé dans de
nombreux pays en développement ou en transition, en Afrique, en Amérique Latine et en
Russie et contribué à la mise en place des politiques qu’il analyse aujourd’hui.
Après avoir travaillé dans différents think tanks, il est depuis 2003 professeur
d’économie à la New York University et collabore à des revues telles que le Quarterly Journal
of Economics ou le Journal of Development Economics.
Dans ses livres, William Easterly se montre très critique vis-à-vis de l’aide au
développement et des différentes théories avancées par les différentes institutions
internationales pour promouvoir la croissance dans les pays en développement. S’il n’est pas
le seul à le penser, il est l’un des rares à être si véhément après avoir longtemps fait partie de
ceux-là mêmes qui imposaient ces stratégies de développement.
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
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1.2.
Place de l’ouvrage dans la vie de l’auteur
The White Man’s Burden est le second livre de William Easterly. The Elusive Quest
for Growth1, publié en 2001, analysait l’échec des « solutions miracles » des économistes
occidentaux pour apporter une croissance durable aux pays en développement depuis la
Seconde Guerre Mondiale.
Ce livre a été écrit en réaction aux différents appels au doublement de l’aide et
autres tenants du Big Push, de Bono à Jeffrey Sachs, auteur du best-seller The End of
Poverty2. L’auteur se montre très critique envers cette « générosité » qu’il assimile à une
nouvelle version du messianisme du temps des empires coloniaux (d’où le titre, allusion au
Fardeau de l’Homme Blanc de Rudyard Kipling3). Pour lui, il importe plus de s’interroger sur
l’efficacité et les raisons des échecs de l’aide au développement avant de mettre en place un
nouveau grand Plan.
Ce livre politique de 436 pages sépare les acteurs de l’aide au développement en 2
catégories : Planificateurs et Chercheurs. Dans une première partie, il relate les échecs des
précédentes politiques pour apporter la croissance aux pays en développement par des grands
plans. Il évoque ensuite les raisons de cet échec, principalement l’inadéquation entre
l’approche planificatrice et les réalités très diverses sur le terrain. Dans une troisième partie, il
recense les points communs entre les actions actuelles et le passé (colonialisme, guerre froide,
interventions militaires…) et insiste sur les erreurs répétées depuis plusieurs siècles avant
d’essayer de tirer des conclusions et évoquer des pistes à explorer pour rendre l’aide au
développement plus efficace vis-à-vis des populations-cibles.
1
William Easterly, 2001. The Elusive Quest For Growth: Economists' Adventures and Misadventures in the
Tropics. MIT Press, Cambridge.
2
Jeffrey Sachs (2005). The End Of Poverty. Penguin Books, Londres.
3
Rudyard Kipling, 1899. Le Fardeau de l’homme Blanc. McClure's Magazine numéro 12 (février 1899).
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
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2. Résumé de l’ouvrage
2.1
Plan de l’ouvrage
Chapitre 1 : Planners versus Searchers
Partie I : WHY PLANNERS CANNOT BRING PROSPERITY
Chapitre 2 : The Legend of the Big Push
Chapitre 3 : You Can’t Plan a Market
Chapitre 4 : Planners and Gangsters
Partie II : ACTING OUT THE BURDEN
Chapitre 5 : The Rich Have Markets, the Poor have Bureaucrats
Chapitre 6 : Bailing Out the Poor
Chapitre 7 : The Healers: Triumph and Tragedy
Partie III : THE WHITE MAN’s ARMY
Chapitre 8 : From Colonialism to Postmodern Imperialism
Chapitre 9 : Invading the Poor
Partie IV : THE FUTURE
Chapitre 10 : Homegrown development
Chapitre 11 : The Future of Western Assistance
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
7
2.2
Principales étapes du raisonnement et principales
conclusions
La réflexion de l’auteur part d’un double constat « tragique ». Premièrement, dans de
nombreuses parties du monde, des enfants meurent de maladies qui pourraient être traités
avec des médicaments à moins de 20 centimes, nourrir ces populations ne coûteraient que très
peu, comme le rappelait Gordon Brown en 20051. Ensuite, il constate qu’après plus de 50 ans
et plus de 2 milliards de dollars d’aide au développement, les gouvernements occidentaux
n’ont pas réussi à délivrer ces médicaments ou ces repas, alors que dans le même temps, de
simples entreprises réunissent les moyens techniques et financiers pour faire parvenir des
millions d’exemplaires d’Harry Potter en une nuit à des adolescents européens et américains.
Pour lui l’explication est simple. Le marché rémunère les initiatives innovantes et
intéressantes, en Occident les élections « rémunèrent » la fourniture des « biens publics » par
les hommes politiques ; mais les populations pauvres n’ont ni le pouvoir politique – la
démocratie étant souvent imparfaite dans les pays les plus pauvres – ni le pouvoir économique
de faire pression sur les organisations internationales pour qu’elles satisfassent leurs besoins.
Plutôt que d’être responsabilisées vis-à-vis des populations cibles et évaluées pour leurs
réalisations concrètes, les « bureaucraties » du développement ne sont responsables que
devant leur gouvernement et indirectement, les opinions publiques occidentales. En résulte un
syndrome que l’auteur appelle le « Something Is Being Done Syndrom ». Les agences de
développement sont poussées à entreprendre de grands plans qui impressionnent, sur des
thèmes « en vogue », pour satisfaire les opinions occidentales alors que de petites opérations
moins coûteuses pourraient sauver plus de vies pour un moindre coût.
Ainsi, les agences sont ainsi poussées à multiplier les interventions dans tous les
domaines, dans de plus en plus de pays, avec comme but utopique le « développement », un
développement harmonieux, social, économique…
Dans ce contexte, le seul moyen d’évaluer leur action reste le suivi d’indicateurs macroéconomiques tels que le PIB par habitant ou les taux de mortalité, de malnutrition… Et il est
alors impossible de distinguer quelle part des progrès (ou des reculs) attribuer aux
nombreuses agences (nationales, multinationales, ONG…) intervenant dans le même secteur
1
Discours de Gordon Brown à la National Gallery of Scotland, 6 janvier 2005, “International Development in
2005: The Challenge and the Opportunities”.
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
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au même endroit et donc de leur fixer des objectifs précis sur lesquelles elles pourraient être
évaluées.
Mais surtout, face à cette absence d’évaluation, les agences n’ont pas de retour sur leurs
pratiques et ne peuvent pas corriger leurs erreurs comme le feraient des entreprises sur un
marché.
Pour l’auteur, l’erreur majeure de ces agences est leur prétention d’apporter des
« solutions miracles » partout où ils arrivent, conseillant généralement aux pays pauvres de
suivre leur exemple, de mettre en place les mêmes systèmes et les mêmes mesures,
reproduisant les erreurs du colonialisme, lorsqu’ils imposèrent aux pays des cultures non
adaptées à leur climat, ou lors de la Guerre Froide lorsqu’ils imposèrent des systèmes
économiques et politiques aussi inadaptés.
En effet, ces « bureaucrates » pourraient-ils réellement connaitre ces réalités alors qu’ils
passent de pays en pays, sans y rester assez longtemps pour connaitre les aspects culturels,
géographiques sociaux ou religieux qui peuvent jouer un rôle dans leur pauvreté ? C’est ainsi
que ces « bureaucrates » continuèrent à imposer des coupes budgétaires à des états déjà au
bord du gouffre ou prirent des décisions plus que douteuses lors du règlement de conflits,
comme au Rwanda ou en Somalie.
Face aux critiques, les différentes agences de développement ont réagi en mettant en
place des mécanismes de « participation » des populations-cibles à l’élaboration des
programmes de développement, en demandant aux gouvernements des pays pauvres
d’organiser une concertation des associations et membres de la société civile pour fixer les
objectifs de ces programmes. Mais une fois encore, cette approche soulève quelques doutes
chez l’auteur. Tout d’abord, comment demander à des gouvernements peu démocratiques,
voire à des dictateurs, d’organiser ces concertations avec des acteurs de la « société civile »
qui sont souvent malmenés dans ces mêmes gouvernements. De plus, cette « participation »
des populations à l’élaboration des politiques de développement n’est en fait qu’un artifice et
les programmes proposés doivent satisfaire des critères tellement précis qu’il s’agit juste de
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
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faire formuler par les populations les plans que les organismes internationaux auraient euxmêmes rédigé.
En effet, dans un souci d’accroitre l’efficacité de l’aide, les agences occidentales ont mis
en place un mécanisme de « conditionnalité » de l’aide, afin d’optimiser la « capacité
d’absorption » de l’aide par les pays visés : pour pouvoir recevoir des crédits ou subventions,
les pays doivent remplir une batterie de pré requis (indicateurs, ratios, mesures…). Mais une
fois encore, ce mécanisme est, dans les faits, encore un moyen pour les pays occidentaux,
d’imposer leurs réponses miracles : pour recevoir les crédits dont ces pays ont besoin, les pays
en développement doivent suivre les exigences des pays occidentaux qui imposent de mettre
en place telle ou telle mesure – des mesures similaires à celles mises en place par ceux-ci –
plutôt que de devoir atteindre des objectifs chiffrés par des moyens qui leur seraient propres
(et qui seraient surement mieux adaptés aux particularités de leur pays).
De plus, cette conditionnalité force les pays à publier plusieurs centaines de rapports par
an, sur chaque thème, pour chaque donateur, récapitulant leur état d’avancement pour chacune
des conditions fixées… C’est ainsi qu’un pays comme la Tanzanie publie plus de 2 400
rapports par an pour ses différents donateurs, dépensant ainsi une quantité astronomique de
moyens financiers et humains à collecter des statistiques –souvent douteuses – et rédiger ces
rapports alors que le pays manque de moyens pour remplir ses missions de bases comme
fournir alimentation et médicaments à sa population.
Partant de ces différents constats, l’auteur essaie ensuite d’en tirer des enseignements et
des pistes d’amélioration pour l’aide au développement. Il souligne tout d’abord la nécessité
d’abandonner la prétention de mettre en place de grands plans compréhensifs abordant et
réglant d’un coup tous les problèmes d’un secteur, alors que de simples petites mesures
peuvent grandement améliorer la situation. Il préconise une nouvelle approche : mettre en
place ces petites mesures et observer de façon statistique leurs effets avant d’élargir le champ
d’application des plus efficaces.
L’auteur insiste en effet sur l’importance capitale de l’évaluation des projets et
programmes d’aide. Si aujourd’hui, de plus en plus d’agences se dotent d’outils de suivi et de
départements consacrés à l’évaluation de l’efficacité de leur action, ceux-ci ne sont pas
objectifs car situés au sein même de l’organisation et évaluent leurs actions en fonction des
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
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critères fixés par les gouvernements donateurs. Ce sont ces mêmes organismes qui ont
longtemps chiffré l’effort d’aide au développement en montant dépensé et en nombre de
colloques organisés et rapports publiés, sans aucun égard pour les intérêts et besoins des
populations ciblées.
Or ce sont bien ces populations cibles qu’il faut intégrer dans le processus d’évaluation,
par des sondages ou en travaillant conjointement au choix d’indicateurs précis et appropriés.
Easterly va même plus loin en suggérant l’établissement d’un mécanisme de « marché » en
confiant aux populations pauvres des « bons de développement », voire directement une
certaine somme d’argent à échanger contre les biens ou services dont ils ont le plus besoin
auprès de l’organisme qui le délivrera dans les meilleures conditions et au meilleur prix. Cette
approche forcerait les agences à gagner en efficacité et à vraiment répondre aux besoins des
populations qu’elles sont sensées soulager, et plus à mener les actions qui pourraient plaire
aux opinions publiques occidentales, parfois en dépit du bon sens.
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
11
3. Commentaires critiques
3.1
Avis d’autres auteurs sur l’ouvrage
Ce livre de William Easterly a provoqué de nombreuses réactions dans le cercle des
économistes du développement. Salué par de nombreux critiques, notamment nommé
« Meilleur livre de l’année » par The Economist, le Finantial Times ou le Washington Post, il
a également soulevé de nombreuses protestations.
Amartya Sen, Prix Nobel d’économie en 1998, a porté un jugement très mitigé sur cette
œuvre dans un article publié dans la revue Foreign Affairs2. D’après lui, ne doivent être
retenus du livre que les quelques pistes d’améliorations esquissées dans les derniers chapitres
et les « bonnes pratiques » recensées. Le reste du raisonnement avancé dans ce livre est
beaucoup trop manichéiste, voire caricatural : Easterly néglige toutes les réalisations de l’aide
au développement, oppose de façon trop systematique « Planificateurs » et « Chercheurs »
alors que sur le terrain, tout le monde combine nécessairement les deux approches et propose
une vision très exagérée de la bureaucratie de la Banque Mondiale…
L’un des plus critiques envers Easterly fut néanmoins Jeffrey D. Sachs, l’auteur de The
End Of Poverty (qu’Easterly cite comme le manifeste de l’approche « planificatrice ») et
ancien conseiller spécial de Kofi Annan sur les Objectifs du Millénaire. Leurs deux livres,
bien que proposant une analyse assez proche de l’ « échec » des politiques d’aide au
développement (dilution de la responsabilité, « solutions miracles » imposées sans connaitre
le terrain…), tirent des conclusions opposées de celles-ci. Alors que Willam Easterly s’oppose
aux grands plans en considérant qu’il faut étudier de façon statistique chaque petite action
pouvant être menée pour se concentrer sur les plus efficaces, Sachs pense qu’on ne peut pas
dissocier chaque aspect du développement et, en comparant les pays en développement à des
corps malades, préconise un traitement global des causes du mal tout en prévoyant les
éventuels effets secondaires. Le livre a donc été suivi d’un long débat entre les deux
économistes dans différentes revues, notamment la New York Review of Books3.
2
Amartya Sen (2006). "The Man Without a Plan", Foreign Affairs. March/April 2006.
Nicholas D. Kristof, « Aid: Can It Work? », New York Review Of Books, Vol. 53, Nb 15, 5 Octobre 2006.
Jeffery D. Sachs, “How Aid Can Work”, New York Review Of Books, Vol. 53, Nb 20, 21 Décembre 2006.
William Easterly, “The White Man’s Burden”, New York Review Of Books, Vol. 54, Nb 1, 11 Janvier 2007.
3
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
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Malgré toutes ces critiques, le travail d’Easterly reste salué par de nombreux
économistes avec lesquels il a notamment collaboré sur l’ouvrage Reinventing Foreign Aid,
ouvrage collégial encourageant une approche pragmatique de l’aide au développement et
proposant des pistes d’améliorations et des mesures de l’efficacité de ces politiques4.
3.2
Avis de l’auteur de la fiche
De prime abord, la thèse d’Easterly est attrayante : la distinction entre Planificateurs et
Chercheurs est intéressante et cette approche « libérale » de l’aide au développement est
originale. Il détecte également des failles intéressantes dans les politiques d’aide et tire des
pistes innovantes de réflexion et d’amélioration : donner de la voix aux populations-cibles
dans l’élaboration, le choix et l’évaluation des politiques, responsabiliser les agences,
identifier des objectifs accessibles et observables…
Mais bien vite, l’enthousiasme retombe, l’argumentation devient trop manichéiste et
l’ensemble parait très artificiel. L’auteur attribue peu à peu tous les échecs aux planificateurs
et tous les succès aux chercheurs sans nécessairement préciser ce qu’il entend par là ou sur
quels critères il range les organisations dans ces catégories ; il use et abuse des statistiques,
allant jusqu’à voir des liens de causalité parfois tirés par les cheveux entre croissance négative
de l’Afrique sub-saharienne et afflux de l’aide publique au développement ou entre le nombre
d’interventions du FMI et la probabilité pour un Etat de devenir un « failed state » ; il vante la
combinaison démocratie-libéralisme comme la meilleure solution pour une croissance durable
tout en citant les exemples de la Chine et du Chili des années 80 (deux modèles de
démocratie)…
En résulte un livre très inégal alternant trouvailles passionnantes et argumentations
poussives, dont on retiendra les questions judicieuses qu’il pose ; il aura au moins eu le mérite
de montrer qu’après 60 ans de politiques d’aide au développement, de nombreux débats sont
loins d’être tranchés.
4
William Easterly (2008). Reinventing Foreign Aid. MIT Press, Cambridge.
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
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4. Bibliographie de l’auteur
William Easterly, 2001. The Elusive Quest For Growth: Economists' Adventures and
Misadventures in the Tropics. MIT Press, Cambridge.
William Easterly, 2006. The White Man's Burden: Why the West's Efforts to Aid the Rest
Have Done So Much Ill and So Little Good, Penguin Books, Londres (436p).
William Easterly, éditeur (2008). Reinventing Foreign Aid. MIT Press, Cambridge.
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
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5. Références
Discours de Gordon Brown à la National Gallery of Scotland, 6 janvier 2005, “International
Development in 2005: The Challenge and the Opportunities”.
William Easterly, 2001. The Elusive Quest for Growth: Economists' Adventures and
Misadventures in the Tropics. MIT Press, Cambridge.
William Easterly, 2006. The White Man's Burden: Why the West's Efforts to Aid the Rest
Have Done So Much Ill and So Little Good, Penguin Books, Londres (436p).
William Easterly, “The White Man’s Burden”, New York Review Of Books, Vol. 54, Nb 1,
11 Janvier 2007.
William Easterly (2008). Reinventing Foreign Aid. MIT Press, Cambridge.
Rudyard Kipling, 1899. Le Fardeau de l’homme Blanc. McClure's Magazine numéro 12
(février 1899).
Nicholas D. Kristof, « Aid: Can It Work? », New York Review Of Books, Vol. 53, Nb 15, 5
Octobre 2006.
Jeffrey Sachs (2005). The End of Poverty. Penguin Books, Londres.
Jeffery D. Sachs, “How Aid Can Work”, New York Review Of Books, Vol. 53, Nb 20, 21
Décembre 2006.
Amartya Sen (2006). "The Man without a Plan", Foreign Affairs. March/April 2006
Angué Guillaume – Fiche de lecture : «The White Man’s Burden» – Avril 2009
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