Combler l`écart salarial entre les sexes
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Combler l`écart salarial entre les sexes
Octobre 2015 COMBLER L’ÉCART SALARIAL ENTRE LES SEXES : Document d’information Ministère du Travail Table des matières 3Introduction 4Contexte 4 Mandat provincial 5 Obligations internationales du Canada 6Impératif 9 9 9 10 11 11 12 Concepts clés L’écart salarial entre les sexes et les ratios des gains Mesures des gains, des salaires, du revenu et du travail Mesures de tendance centrale Décomposition de l’écart salarial entre les sexes Lois ontariennes importantes Discrimination intersectionnelle 3 Données de l’Ontario 1 13Instantané 13 Aperçu de la population 25Tendances 31Décomposition 4 Facteurs clés associés à l’écart salarial entre les sexes 3 34Discrimination 36 Ségrégation professionnelle 41 Prestation de soins 44 La culture du lieu de travail 50Scolarité 52 Étude de cas : Les pays nordiques 55Conclusion 56Bibliographie Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Introduction Les femmes en Ontario ont réalisé des progrès considérables dans des domaines comme la participation au marché du travail et la scolarité. Cependant, elles continuent de gagner un salaire moindre que celui des hommes. Les femmes sont surreprésentées 1 dans les postes et les secteurs moins rémunérés, elles représentent un nombre disproportionné d’employés dans les postes rémunérés au salaire minimum ou à temps partiel, et elles demeurent sous-représentées dans beaucoup de postes et de secteurs à rémunération élevée qui sont traditionnellement à prédominance masculine. La première ministre a fait de combler l’écart salarial entre les sexes en Ontario une priorité. Elle a donné au ministre du Travail la responsabilité d’élaborer la Stratégie pour l’équité salariale entre les sexes avec le soutien de la ministre déléguée à la Condition féminine. Il est de plus en plus reconnu que l’écart salarial entre les sexes – la différence entre les salaires des hommes et des femmes – représente des possibilités économiques perdues. Le présent document donne un aperçu de quelques renseignements clés pour informer les personnes qui souhaitent prendre part aux discussions visant à formuler des recommandations pour la création de la stratégie. Le document offrira tout d’abord un examen du contexte et des impératifs de la stratégie. La section suivante présentera les concepts clés qui permettront une meilleure compréhension des idées et des données sur lesquelles porte le document. Ensuite, les données de l’Ontario seront exposées, suivies par une analyse des facteurs généralement associés à l’écart salarial entre les sexes. Les pays nordiques (où les écarts salariaux entre les sexes sont les plus petits des pays développés) seront examinés en tant que modèle de pratique innovatrice. Les renseignements contenus dans le présent document ne sont pas exhaustifs. Ils se basent sur les travaux de recherche et les données facilement accessibles au moment de l’écriture. Des études dans divers domaines en lien avec l’écart salarial entre les sexes sont en cours. 1 Surreprésenté est un terme utilisé pour indiquer qu’une catégorie comprend un nombre disproportionnellement élevé d’une catégorie ou d’un type de personnes en particulier. Il est principalement utilisé en relation avec les études statistiques. 3 4 Ministère du Travail Contexte Mandat provincial Dans la lettre de mandat 2014 du ministre du Travail, la première ministre a confié la direction de l’élaboration de la stratégie salariale au ministre, déclarant : « Les femmes font partie intégrante de notre économie et de notre société. Toutefois, de façon générale, elles ne gagnent toujours pas un salaire égal à celui des hommes. Vous collaborerez avec la ministre déléguée à la Condition féminine et d’autres ministres en vue de l’élaboration d’une stratégie de réduction de l’écart salarial qui éliminera l’écart entre les hommes et les femmes dans le contexte de l’économie du XXIe siècle. » 2 La lettre de mandat de la ministre déléguée à la Condition féminine lui demandait de soutenir le ministre du Travail dans l’élaboration d’une stratégie de réduction de l’écart salarial. La Stratégie prendra en compte les recommandations du Comité directeur de la Stratégie pour l’équité salariale entre les sexes. Deux conseillers externes, Linda Davis et Parbudyal Singh, Ph. D., ont été nommés au comité par le ministre du Travail. La commissaire à l’équité salariale, Emanuela Heyninck, et la directrice générale du ministère du Travail, Nancy Austin, sont membres d’office du comité. Le rôle du comité est d’examiner la manière dont le rôle des femmes au travail, dans leur famille et dans leur collectivité, est touché par l’écart salarial entre les sexes, de comprendre la manière dont l’écart salarial entre les sexes influe particulièrement sur les femmes actives sur le marché du travail dans l’ensemble de l’économie, d’évaluer les moyens que le gouvernement, les entreprises, les syndicats, d’autres organismes et les dirigeants individuels peuvent adopter pour travailler en vue de remédier aux conditions et aux obstacles systémiques qui contribuent à l’écart salarial, et de bien saisir d’autres facteurs qui se croisent avec le genre pour aggraver l’écart salarial et déterminer la manière d’aborder ces facteurs. Le comité sollicitera les commentaires du public dans le cadre de consultations au moyen de diverses méthodes, et présentera ses conclusions au gouvernement et des recommandations qui aideront à la création de la stratégie proposée en 2016 3. 2 3 Lettre de mandat du gouvernement de l’Ontario : Travail (2014). Communiqué du gouvernement de l’Ontario (2015). L’Ontario prend un autre pas pour combler l’écart salarial entre les sexes. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Obligations internationales du Canada Le Canada est une partie de plusieurs conventions clés des Nations Unies sur les femmes, le travail et la rémunération. En 1951, l’Organisation internationale du Travail des Nations Unies (OIT) a adopté la convention no 100, la Convention concernant l’égalité de rémunération entre la main-d’œuvre masculine et la main-d’œuvre féminine pour un travail de valeur égale. Le Canada a ratifié la convention no 100 de l’OIT 4. Le Canada a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) le 10 décembre 1981. Elle fournit la base pour réaliser l’équité entre les sexes en assurant aux femmes l’accès égal et l’égalité des chances dans la vie politique et publique ainsi qu’en éducation, en santé et en emploi. Les parties ont convenu de prendre toutes les mesures appropriées, notamment l’adoption de mesures législatives et de mesures particulières temporaires, pour que les femmes puissent jouir de tous leurs droits et de toutes leurs libertés fondamentales 5. À ce jour, le Canada a déposé sept rapports, le dernier daté de mai 2007, et un rapport supplémentaire daté de février 2010. À la suite de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing de 1995, le gouvernement fédéral du Canada s’est engagé à réaliser une analyse différenciée selon le sexe pour chaque loi, politique et programme futur. Le Canada a déposé son examen national pour le 20e anniversaire du Programme d’action de Beijing en juin 2014 6. Dans un autre forum international, le sommet des dirigeants du G20 de novembre 2014, le Canada était l’un des signataires du communiqué « 25 by 25 » qui énonce l’objectif entendu de réduction de l’écart du taux d’activité entre les femmes et les hommes de 25 % d’ici 2025, tout en prenant en compte les circonstances nationales. Pour le moment, les mesures futures concernant cet élément sont inconnues 7. 4 5 6 7 Bureau de l’équité salariale (2015). « Guide pour interpréter la Loi sur l’équité salariale de l’Ontario. » ONU Femmes. Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. ONU Femmes. Beijing and its Follow-up. Caroline Bracht. The 2014 G20 Brisbane Summit Commitments, Centre de recherche sur le G20, 2014. 5 6 Ministère du Travail Impératif L’atteinte d’une plus grande équité salariale entre les hommes et les femmes profiterait à l’économie de l’Ontario et à la société en général. L’écart salarial entre les sexes est à la fois une question d’équité et un impératif économique. L’incapacité à combler cet écart pourrait nuire à la compétitivité des entreprises ontariennes et au potentiel de croissance économique de la province. Les comparaisons internationales révèlent que le Canada pourrait accuser un retard par rapport à l’écart salarial en général. Par exemple, dans le Rapport mondial 2014 sur l’écart entre les genres du Forum économique mondial (FEM), le Canada a été classé au 19e rang sur 142 pays. Il s’agit d’une amélioration par rapport au classement de 2013, où le Canada s’était retrouvé au 20e rang, mais d’un recul par rapport au 14e rang obtenu en 2006. En 2014, le Canada est à la traîne de l’Allemagne (12e rang), de la Nouvelle-Zélande (14e rang) et de tous les pays nordiques, qui ont occupé les cinq premiers rangs. Les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni ont été classés à des rangs inférieurs à celui du Canada, mais sont demeurés dans les 30 premières positions 8. Selon le FEM, le Canada s’est quelque peu amélioré au cours des dernières années, affichant une hausse de 4 % de 2006 à 2014. Les États-Unis ont connu une amélioration de 6 % au cours de la même période 9. Le Canada tire de l’arrière dans la catégorie de la participation et des possibilités économiques du FEM. Le Canada s’est classé au 9e rang en 2013 10, mais s’est retrouvé au 17e rang en 2014. Le Conference Board du Canada souligne que le Canada a obtenu une note de C pour ses progrès à l’égard de l’écart salarial entre les sexes et qu’il se classe au 11e rang sur 17 pays semblables 11. La réduction de l’écart salarial entre les sexes profitera à l’économie. Certains considèrent cet écart comme un écart de productivité lorsque les femmes sont sous-employées ou ne sont pas formées jusqu’à leur plein potentiel, ce qui entraîne des pertes de productivité pour l’ensemble de l’économie. Au cours des dix dernières années, la productivité de l’Ontario et du Canada a cessé de croître. L’écart de productivité s’est accru si l’on compare l’Ontario et le Canada aux États-Unis 12. En 2005, la Banque Royale a estimé que si l’on offrait aux femmes 8 9 10 11 12 Forum économique mondial. The Global Gender Gap Report, 2014. Ibid. Forum économique mondial. The Global Gender Gap Report, 2013. Le Conference Board du Canada. Gender Income Gap, 2013. Ministère des Finances de l’Ontario. Rapport sur les perspectives économiques à long terme de l’Ontario, 2014. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information du Canada les mêmes possibilités d’emploi que celles offertes aux hommes, les revenus des particuliers augmenteraient de 168 milliards de dollars par année. Sur ce montant, environ 126 milliards de dollars proviendraient de l’égalisation des expériences de travail des femmes nées au Canada à celles des hommes nés au Canada 13. Les entreprises profiteront elles aussi de la réduction de l’écart salarial entre les sexes. De nos jours, les femmes sont bien formées et qualifiées. Elles sont plus nombreuses à s’inscrire à l’université et sont des candidates de premier ordre pour combler les pénuries de main-d’œuvre futures causées par le vieillissement démographique. Le nombre de femmes sur le marché du travail détermine le taux général d’activité de la population active depuis les années 1970 14. Représentant le plus important segment de la population qui demeure sous-représenté dans le travail rémunéré, les femmes sont les plus susceptibles de pouvoir faire une différence pour la population active à l’échelle nationale. Une augmentation de seulement 1 % de la participation des femmes au travail rémunéré ajouterait environ 115 000 travailleurs à la population active 15. De plus, les femmes qui font partie du groupe des 25 à 44 ans représentent la prochaine génération de décideurs et de gestionnaires de niveau supérieur. En éliminant les obstacles pour les femmes, les entreprises élargissent le bassin de talents en exploitant la plus grande part du marché du travail. Certaines recherches révèlent également que les employeurs qui souscrivent au principe de l’égalité des chances attirent des employés talentueux dont le moral est plus élevé et qui sont davantage motivés, ce qui augmente la productivité. Le Groupe d’étude sur la compétitivité, la productivité et les progrès économiques a conclu que « la personne moyenne dans la médiane des pairs nord-américains a produit 12 590 $ de plus en produits et services au cours d’une année qu’un homologue en Ontario » 16. Cet écart de productivité tient compte du même nombre d’heures de travail. De plus, certaines études ont révélé une relation positive entre le rendement financier des organismes et le nombre de femmes siégeant à leur conseil d’administration. Par exemple, une étude a montré que les entreprises qui 13 14 15 16 RBC Groupe Financier. L’avantage de la diversité : l’économie du Canada au XXIe siècle, 2005. Ministère des Finances de l’Ontario. Services économiques TD. Career Interrupted: the Economic Impact of Motherhood, 2010. Groupe d’étude sur la compétitivité, la productivité et les progrès économiques. Finding its own way: Ontario needs to take a new tack. Thirteenth Annual Report, Institute for Competitiveness and Prosperity, 2014, p. 14. 7 8 Ministère du Travail maintenaient une représentation élevée de femmes au conseil d’administration, c’est-à-dire celles qui comptaient trois administratrices ou plus pendant au moins quatre années sur cinq, surpassaient celles qui maintenaient une faible représentation de femmes. En effet, ces entreprises affichaient un rendement supérieur de 84 % au niveau des ventes, de 60 % au niveau du capital investi et de 46 % au niveau des capitaux propres 17. La réduction de l’écart salarial entre les sexes aiderait à accroître la sécurité économique des femmes. Les femmes sont surreprésentées dans les emplois précaires et (ou) mal rémunérés 18 et elles ont constitué la majorité (58,3 %) des travailleurs touchant le salaire minimum en Ontario en 2012 19. En 2011, 7,6 % des employés masculins touchaient le salaire minimum par rapport à 10,5 % des employés de sexe féminin. De plus, la part des hommes âgés de 25 à 54 ans touchant le salaire minimum a connu une croissance plus lente de 2003 à 2011 (0,9 %), tandis que celles des femmes touchant ce salaire dans le groupe d’âge a augmenté plus rapidement (3,2 %) 20. Les familles dont le soutien économique est assuré par une femme, comme les familles monoparentales composées de parents seuls de sexe féminin 21, sont plus vulnérables à la pauvreté et profiteront de la réduction de l’écart salarial entre les sexes. Selon l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011, 13,4 % de toutes les familles recensées (près de 500 000) sont des familles monoparentales composées de parents seuls de sexe féminin 22. De plus, en 2008, 18 % des femmes dans les familles à double revenu étaient le principal soutien de famille (lorsque mesuré en gains horaires), rapportant plus de 55 % du revenu du ménage 23. La réduction de l’écart salarial améliorerait le salaire des femmes au cours de leur vie et diminuerait leurs chances de vivre dans la pauvreté pendant leurs années de travail et à la retraite. Elle pourrait également aider à réduire le nombre de femmes bénéficiant d’aide sociale. 17Catalyst. The Bottom Line: Corporate Performance and Women’s Representation on Boards (2004–2008), 2011. 18 Commission du droit de l’Ontario. Vulnerable Workers and Precarious Work Report, 2012. 19 Comité consultatif d’établissement du salaire minimum. Rapport et recommandations au ministre du Travail, 2014. 20 Sheila Block. Who Is Working For Minimum Wage In Ontario?, Wellesley Institute, 2013. 21 Les familles monoparentales sont les familles au sein desquelles un père seul ou une mère seule est la personne repère de la famille économique, selon l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011. 22 Statistique Canada. Enquête nationale auprès des ménages de 2011, 2013. 23Catalyst. Women’s Earnings and Income, 2015. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Concepts clés L’écart salarial entre les sexes et les ratios des gains L’écart salarial entre les sexes est la différence entre les salaires des hommes et ceux des femmes. On le présente souvent en pourcentage, mais on peut aussi l’exprimer en dollars. Quand il est question d’écart salarial entre les sexes, plus le pourcentage est petit, meilleure est la situation pour les femmes comparativement aux hommes. Dans de nombreux cas, l’écart salarial entre les sexes est une expression générique qui pourrait faire référence à n’importe quelle disparité salariale. Nous l’utiliserons dans son sens générique dans le présent document et les différentes disparités seront indiquées, le cas échéant. Les ratios des gains sont également couramment utilisés dans les documents qui portent sur l’écart salarial entre les sexes. Le ratio des gains est le pourcentage que représentent les gains des femmes par rapport à ceux des hommes. Il s’agit d’une autre manière fréquemment utilisée pour représenter l’écart salarial. On peut le présenter comme un pourcentage ou comme une valeur numérique (p. ex., 0,77). Il est important de noter que lorsqu’il est question de ratio des gains, plus le ratio est élevé, meilleure est la situation pour les femmes. Mesures des gains, des salaires, du revenu et du travail Puisque le concept d’écart salarial entre les sexes comprend des indicateurs de bien-être économique, des normes sociales et bien d’autres dimensions, il est mesuré de différentes manières par les chercheurs, les groupes de revendication, les entreprises, les gouvernements, etc. Les mesures utilisées sont également tributaires des données disponibles. Par conséquent, on peut produire un éventail d’écarts salariaux entre les sexes. Les différentes mesures ou méthodes pour mesurer les écarts salariaux entre les sexes peuvent alimenter les débats à savoir si l’écart se comble ou si les progrès sont inégaux. Une des manières de démontrer l’écart salarial entre les sexes est de comparer les gains annuels de l’ensemble des travailleurs. La catégorie Tous les travailleurs comprend les travailleurs à temps plein toute l’année, les travailleurs saisonniers et les travailleurs à temps partiel. Certains la justifient en affirmant que la catégorie « Tous les travailleurs » présente un portrait complet de l’écart salarial entre les sexes 24. 24 Equal Pay Coalition. Gender pay gap FAQs, 2015. 9 10 Ministère du Travail Pour savoir si les femmes qui travaillent à temps plein gagnent autant que les hommes qui travaillent à temps plein, les données sur le travail à temps plein toute l’année sont utiles. Il s’agit d’une mesure courante qui permet de comparer la capacité d’une personne à subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. On estime souvent que les salaires horaires reflètent étroitement le prix de la main-d’œuvre. Les salaires horaires permettent de comparer la paye pour différents emplois, peu importe si les travailleurs sont employés à temps plein ou partiel 25. L’écart salarial entre les sexes peut également être exprimé par le revenu, qui comprend le revenu d’emploi, le revenu provenant du gouvernement, le revenu provenant de l’employeur et les sources de revenus de retraite personnelles, le revenu de placements et d’autres revenus en argent réguliers. Le revenu après impôts fait référence au total des revenus, toutes sources confondues, moins les impôts fédéraux, provinciaux et territoriaux sur le revenu payés. Il est important d’en tenir compte, puisqu’il peut fournir des renseignements sur les répercussions des structures fiscales sur les gens. Le revenu d’emploi comme sous-ensemble de revenus fait référence au revenu provenant des honoraires, des salaires et du travail autonome 26. Mesures de tendance centrale Pour examiner les données sur l’écart salarial entre les sexes, deux mesures de tendance centrale 27 sont principalement utilisées. La première est la moyenne, qui est la somme des valeurs divisée par le nombre de valeurs. La moyenne est utile quand les données examinées ne comprennent pas de valeurs extrêmes. Elle est également utile puisqu’elle est une mesure utilisée couramment et bien comprise. Cependant, dans le cas des salaires et des gains, la moyenne peut être biaisée par un petit nombre de personnes qui gagnent des salaires extrêmement élevés ou bas. La médiane peut être utile, puisqu’elle tient mieux compte des valeurs extrêmes. La médiane est la valeur numérique qui sépare la moitié supérieure d’un échantillon de données de la moitié inférieure. La médiane d’une liste infinie de nombres peut se calculer en classant les valeurs en ordre numérique de la plus faible à la plus élevée et en choisissant celle du milieu. S’il y a un nombre pair de valeurs, la médiane est habituellement définie comme la moyenne des deux valeurs centrales. 25 Julie Cool. L’écart salarial entre les hommes et les femmes, Bibliothèque du Parlement, 2010. 26 Statistique Canada. Enquête nationale auprès des ménages de 2011. 27 Les mesures de tendance centrale indiquent où s’établit le centre d’un groupe de données. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Décomposition de l’écart salarial entre les sexes Au-delà de ces statistiques descriptives, l’analyse par décomposition peut aider à générer des estimations de l’écart salarial entre les sexes qui tiennent compte de différents aspects de l’écart, comme le niveau de scolarité le plus élevé ou les années d’expérience professionnelle, et l’incidence de ces aspects sur l’écart 28. La décomposition de Blinder-Oaxaca est une méthode couramment utilisée. Elle divise l’écart salarial en deux parties, une qui « s’explique » par les différences dans les caractéristiques, et une qui ne peut être expliquée. Cette partie « non expliquée » de l’écart salarial entre les sexes a été utilisée comme mesure de discrimination, mais elle tient également compte des effets de différences non observées ou non mesurables 29. Il importe de noter que ce n’est pas parce qu’une partie de l’écart est « expliquée » qu’on peut l’ignorer. Elle peut servir à éclairer le portrait global complexe de l’écart salarial entre les sexes. Lois ontariennes importantes À travail égal, salaire égal vise à éliminer la discrimination directe par un employeur en fonction du sexe. La Female Employees Fair Remuneration Act (loi concernant la rémunération équitable des femmes au travail) de 1951 visait à donner le droit à un salaire égal pour un travail égal aux femmes de l’Ontario. Aujourd’hui, les dispositions de la Loi de 2000 sur les normes d’emploi (LNE) relatives à l’équité salariale exigent que les hommes et les femmes reçoivent un salaire égal quand ils effectuent le même ou essentiellement le même travail dans le même établissement 30. La discrimination est interdite par le Code des droits de la personne de l’Ontario adopté en 1962. Le Code interdit les actions qui constituent de la discrimination contre des personnes en fonction de l’un des motifs les protégeant dans un secteur social protégé. Ces motifs comprennent notamment l’identité sexuelle, l’expression de l’identité sexuelle, le sexe (y compris la grossesse et l’allaitement), le handicap, la race et l’âge. Les secteurs sociaux protégés comprennent les contrats et l’emploi 31. Le Code couvre de nombreux secteurs en lien avec la discrimination intersectionnelle. 28 Workplace Gender Equality Agency. Gender Pay Gap Taskforce Report: Recommendations on calculating, interpreting and communicating the gender pay gap, 2008. 29 Ben Jann. « The Blinder-Oaxaca decomposition for linear regression models », The Stata Journal, vol. 8, no 4, pp. 453 à 479. 30 Ministère du Travail. Votre guide de la Loi de 2000 sur les normes d’emploi, 2015. 31 Commission ontarienne des droits de la personne. Le Code des droits de la personne de l’Ontario. 11 12 Ministère du Travail L’équité salariale est couramment formulée comme « un salaire égal pour un travail de même valeur ». La Loi sur l’équité salariale, adoptée en 1987, exige que les employeurs repèrent et corrigent la discrimination fondée sur le sexe qui pourrait être présente au sein de leurs pratiques de rémunération, et qu’ils rajustent les salaires des employés des catégories d’emplois à prédominance féminine pour qu’ils soient au moins égaux à ceux des employés des catégories d’emplois à prédominance masculine jugées de valeur comparable selon l’habileté, l’effort, la responsabilité et les conditions de travail. L’équité salariale reconnaît que, historiquement, les femmes et les hommes avaient tendance à effectuer différents types de tâches et que le travail traditionnellement effectué par des femmes a été sous-évalué et, de ce fait, sous-payé. La Loi sur l’équité salariale a pour objet d’éliminer la discrimination systémique fondée sur le sexe, en ce qui concerne la rétribution du travail effectué dans les catégories d’emplois à prédominance féminine 32. Discrimination intersectionnelle La discrimination intersectionnelle reconnaît que les vies des gens comprennent des dimensions multiples et interreliées à l’identité, et que la marginalisation et l’exclusion peuvent être le résultat de l’intersection de ces dimensions. Peu importe la méthode de calcul, l’écart salarial entre les sexes augmente pour les femmes qui font l’objet d’une discrimination intersectionnelle. Quand leurs salaires sont comparés à ceux des hommes sans handicap, l’écart salarial entre les sexes est de 20 % pour les femmes sans handicap et de 25 % pour les femmes avec un handicap 33. Les aspects des inégalités fondées sur la race, le sexe, le handicap, etc. interagissent de manières complexes et doivent être pris en compte dans les discussions, les travaux de recherche et toute solution visant à réduire les écarts salariaux 34. 32 Bureau de l’équité salariale. Guide pour interpréter la Loi sur l’équité salariale de l’Ontario. 33 Commission de l’équité salariale. Disparités salariales entre les sexes et ratios des gains en Ontario, 2014. 34 Joan Acker. Inequality Regimes: Gender, Class, and Race in Organizations, 2006. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Données de l’Ontario Les sous-sections suivantes montrent les données et statistiques propres à l’Ontario et visent à fournir un point de vue et un contexte à la discussion ultérieure sur les facteurs clés associés à l’écart salarial entre les sexes. Ces sections peuvent également servir de références. Il importe de se rappeler que l’information présentée en « instantanés » et en « tendances » n’est qu’une description qui tient compte des données qui étaient actuelles et accessibles au moment de la rédaction du présent document. Instantané Afin de produire un profil de la main-d’œuvre ontarienne et de comprendre les populations qui pourraient être touchées par l’écart salarial entre les sexes, la présente section de l’article reposera principalement sur les données de l’Enquête sur les dépenses des ménages de 2011 de Statistique Canada. De plus, dans la section sur les tendances et dans l’ensemble du reste du document, nous citerons des données de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada afin d’offrir des renseignements précieux. Aperçu de la population Selon l’Enquête sur les dépenses des ménages de 2011, les femmes représentent plus de la moitié de la population ontarienne (51,3 %). L’âge médian des femmes se situe légèrement au-dessus (41,3) de celui des hommes (39,4). On estime que 83,9 % des femmes et 82,2 % des hommes en Ontario sont âgés de 15 ans et plus. Cette donnée est importante parce que « 15 ans et plus » est la tranche d’âge utilisée pour de nombreux indicateurs de main-d’œuvre et de revenu. Dans la sous-section des concepts clés, nous avons abordé la discrimination intersectionnelle et l’avons soulignée comme un aspect important associé à l’écart salarial entre les sexes. Ainsi, nous indiquerons, dans la mesure du possible, les intersections présentes dans l’Enquête sur les dépenses des ménages. Environ 26 % des Ontariens se sont identifiés comme une minorité visible (dans le présent document, nous utiliserons le terme « racialisé » 35), tout comme 26 % des femmes ontariennes (près de 1,7 million de femmes). La majorité des Ontariens se sont identifiés comme des Sud-Asiatiques, des Chinois ou des Noirs. La majorité des 35 Ce terme est défini dans l’Enquête sur les dépenses des ménages comme les personnes, autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau blanche. 13 Ministère du Travail personnes racialisées sont des immigrants de l’Asie ou des non-immigrants (figure 1). On compte environ 1,1 million de femmes parmi les nouveaux arrivants en Ontario (appelés immigrants 36 dans l’Enquête sur les dépenses des ménages). Figure 1 : Population dans les ménages privés, selon le statut d’immigrant et certains lieux de naissance Hommes 900 000 800 000 700 000 600 000 500 000 400 000 300 000 200 000 100 000 0 Femmes 806 180 732 995 518 800 498 735 188 335 237 105 51 725 tsra n ig sid en Im m ig m Im 45 925 Oc et éan ts au ie no tre n pe rm an en ts As tsra n Af tsra n ig m ig m ie ue riq pe ro Eu ts- ra n Im ig 1 705 1 890 Ré Im m Im ra n n ts -i -A m m m ér ig iqu ra n ts es 14 050 14 785 14 050 14 785 No 14 Tableau de données 1 : Population dans les ménages privés, selon le statut d’immigrant et certains lieux de naissance Groupe Hommes Femmes Non immigrants 518 800 498 735 Immigrants – Amériques 188 335 237 105 Immigrants – Europe 14 050 14 785 Immigrants – Afrique 1 290 1 420 Immigrants – Asie 732 995 806 180 Immigrants – Océanie et autre 1 705 1 890 Résidents non permanents 45 925 51 725 36 Ce terme est défini dans l’Enquête sur les dépenses des ménages de 2011 comme étant des personnes qui sont ou ont déjà été des résidents permanents. Certains sont des citoyens du Canada, d’autres ne le sont pas. Certains résident au Canada depuis un certain nombre d’années, et un petit nombre sont nés au Canada. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Les personnes d’identité autochtone 37 représentent une petite partie de la population ontarienne (figure 2). Les femmes représentent 51,9 % de la population autochtone totale, soit juste un peu plus de 150 000 personnes. Il est essentiel de noter que, bien que les données sur les Autochtones soient disponibles, pendant l’Enquête sur les dépenses des ménages de 2011, plus de 20 réserves et peuplements n’ont pas fait l’objet d’un décompte complet en raison de catastrophes naturelles (en particulier des incendies de forêt) et parce que l’autorisation de mener l’Enquête n’a pas été accordée. Figure 2 : Identité autochtone et non autochtone selon le sexe 1,1% 1,2% 49,9% 47,7% Hommes - Identité non autochtone Femmes - Identité non autochtone Hommes - Identité autochtone Femmes - Identité autochtone Tableau de données 2 : Identité autochtone et non autochtone selon le sexe Groupe Hommes Femmes Identité autochtone 145 020 156 410 Identité non autochtone 6 036 425 6 313 940 37 Les peuples autochtones du Canada sont définis dans le paragraphe 35 (2) de la Loi constitutionnelle de 1982 comme incluant les Indiens, les Inuits et les Métis du Canada. 15 16 Ministère du Travail Scolarité Les femmes de l’Ontario atteignent des niveaux de scolarité élevés. Plus de 2,9 millions de femmes détiennent un certificat ou un diplôme ou un grade d’études postsecondaires. La plus faible concentration de femmes se trouve dans la catégorie « Certificat ou diplôme d’apprenti ou d’une école de métiers », où elles représentent 32,5 % de l’ensemble des travailleurs, ce qui suggère qu’elles se heurteraient à des obstacles dans ce domaine. Le taux dans la catégorie « Pas de certificat, diplôme ou grade » est sensiblement le même pour les femmes et les hommes, à 18,4 % et 18,9 % respectivement. On remarque également une similitude dans la catégorie « Certificat, diplôme ou grade universitaire supérieur au baccalauréat », à 23,8 % pour les femmes et 23,0 % pour les hommes. On retrouve un taux plus élevé de femmes et d’hommes autochtones dans la catégorie « Pas de certificat, diplôme ou grade » que dans la population en général, soit 28,9 % pour les femmes et 33,8 % pour les hommes. Les femmes autochtones comptent pour 65 % de tous les Autochtones possédant un baccalauréat et atteignent généralement des niveaux plus élevés de scolarité que les hommes autochtones. Lorsqu’on se penche sur le principal domaine d’études, on remarque le plus grand nombre de femmes dans la catégorie « Commerce, gestion et administration des affaires » (plus de 700 000 femmes). Plus de 600 000 femmes œuvrent en santé et dans des disciplines connexes, ce qui représente 80,9 % du total de cette catégorie. « Architecture, génie et technologies connexes » constitue un domaine d’études important, comptant plus de 1,1 million de personnes. Toutefois, les femmes ne composent que 9,2 % de cette catégorie. Il serait peut-être utile d’étudier l’effet de cette situation sur les gains et la rentabilité de l’investissement dans la scolarité d’une personne sur l’ensemble de sa carrière. Situation de la population active Si nous examinons la population selon sa situation, les femmes représentent 48,4 % de la population active (des travailleurs et des chômeurs). Le taux d’activité sur le marché du travail est plus élevé chez les hommes (69,9 %) que chez les femmes (61,4 %). Il en est de même pour le taux d’emploi (64,2 % comparativement à 56,3 %). Le taux de chômage chez les hommes et les femmes est le même (8,3 %) 38. 38 Les indicateurs de main-d’œuvre présentés ici couvrent la population générale, y compris les minorités non visibles, les personnes racialisées et les Autochtones. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information 10 473 670 total de la population âgée de 15 ans ou plus selon la situation de la population active 5 064 715 d’hommes 3 542 030 dans la population active 3 249 165 travailleurs 5 408 950 de femmes 1 522 690 qui ne font pas partie de la population active 292 865 chômeurs 3 322 955 dans la population active 3 047 840 travailleuses Le taux d’activité des hommes racialisés est élevé, soit 70,8 %. Le taux d’activité des femmes racialisées est le même que dans la population générale, soit 61,4 %. Le taux de chômage chez les femmes racialisées est élevé. Il se situe à 11,4 %, ce qui dépasse de 1,7 % le taux de chômage chez les hommes racialisés. Les femmes racialisées ont également un taux d’emploi inférieur (54,4 %) à celui de la population générale et des hommes racialisés (63,9 %). Le taux d’activité des Autochtones est de 65,1 % pour les hommes et de 59,1 % pour les femmes. Le taux d’emploi est de 55,1 % chez les hommes autochtones et de 51,7 % chez les femmes autochtones. Le taux de chômage est élevé non seulement chez les hommes autochtones (15,3 %), mais aussi chez les femmes autochtones, comparativement à celui de la population en général (12,5 % contre 8,3 %). 2 085 990 qui ne font pas partie de la population active 275 120 chômeuses • La population active compte près de 1,7 million de personnes racialisées, dont 48,9 % (plus de 800 000) sont des femmes. • On compte près de 80 000 femmes autochtones dans la population active, ce qui représente 50,3 % du total des Autochtones faisant partie de la population active. 17 18 Ministère du Travail Figure 3 : Femmes de 15 ans et plus dans la population active 2,1% 25,0% 72,9% Femmes autochtones Femmes racialisées Femmes non autochtones et non racialisées Tableau de données 3 : Femmes de 15 ans et plus dans la population active Groupe Femmes Identité autochtone 119 805 (2,1 %) Racialisées 1 352 355 (25,0 %) Non autochtones et non racialisées 3 936 790 (72,9 %) Catégorie de travailleurs 39 et de travail 40 Des 3,3 millions de femmes faisant partie de la population active, 89,5 % sont employées, comparativement à 84,7 % des hommes. Les femmes comptent pour 35,7 % du nombre total de travailleurs indépendants (plus de 250 000). Même si le taux de travailleurs indépendants est inférieur chez les Autochtones, les femmes comptent pour 41,5 % de tous les travailleurs indépendants autochtones (près de 4 000 femmes). Le taux de femmes autochtones qui sont des employées est de 90,3 %. 39 La catégorie de travailleurs sert à déterminer si une personne est un employé ou un travailleur indépendant. Le terme « travailleur indépendant » désigne une personne possédant une entreprise, incorporée ou non, ou un travailleur familial non rémunéré. 40 Le terme « travail » désigne le nombre de semaines au cours desquelles les personnes ont travaillé à un emploi salarié ou à leur compte pour l’ensemble des emplois occupés, ne serait-ce que pour quelques heures, et si ces semaines étaient travaillées surtout à plein temps (30 heures ou plus par semaine) ou à temps partiel (de 1 à 29 heures par semaine). Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Dans le cas du travail à temps plein et à temps partiel dans la population générale, 26,7 % du nombre total de femmes qui travaillent travaillaient à temps partiel (plus de 800 000 femmes), comparativement à 14,2 % de tous les hommes. Bien que les femmes soient surreprésentées dans le travail à temps partiel, la majorité des femmes ayant un emploi travaillaient à temps plein (près de 2,3 millions de femmes) (figure 4). Ces tendances sont similaires à celles parmi la population autochtone. Figure 4 : Population âgée de 15 ans et plus selon le nombre de semaines travaillées à temps plein ou à temps partiel • Dans la population en général, les hommes travaillent en moyenne 0,9 semaine de plus que les femmes. • De toutes les personnes ayant un travail (hommes et femmes), la majorité ont travaillé entre 49 et 52 semaines. • En moyenne, les femmes autochtones travaillent 0,7 semaine de plus que les hommes autochtones. • Les femmes autochtones ont travaillé 1,8 semaine de moins, en moyenne, que la population masculine en général. Hommes 3 000 000 2 500 000 2 000 000 1 500 000 100 000 500 000 0 Femmes 2 879 620 2 288 835 476 030 A travaillé à temps plein en 2010 833 610 A travaillé à temps partiel en 2010 Tableau de données 4 : Population âgée de 15 ans et plus selon le nombre de semaines travaillées à temps plein ou à temps partiel Groupe Hommes Femmes A travaillé à temps plein en 2010 2 879 620 2 288 835 A travaillé à temps partiel en 2010 476 030 833 610 19 20 Ministère du Travail Profession et secteur Des 3,3 millions d’Ontariennes au sein de la population active, le plus grand nombre exerce des professions dans les ventes et les services (près de 900 000), les affaires, la finance et l’administration (près de 800 000) et l’enseignement, le droit et les services sociaux, communautaires et gouvernementaux (plus de 500 000). Les femmes représentent 80,1 % de la population totale exerçant des professions du secteur de la santé. Les hommes comptent pour 93,5 % de la population totale dans la catégorie des métiers, du transport, de la machinerie et des domaines apparentés. C’est également cette catégorie qui comporte le plus grand nombre d’hommes (plus de 800 000), suivi du secteur des ventes et des services (près de 700 000) et de la gestion (près de 500 000). On remarque des tendances semblables chez les femmes, dans les catégories des personnes racialisées et des Autochtones. Tableau 1 : Professions dont les revenus d’emploi moyens sont les plus élevés Hommes Femmes Secteur de la santé (93 377 $) Gestion (63 309 $) Gestion (90 521 $) Sciences naturelles et appliquées et domaines apparentés (57 121 $) Enseignement, droits et services sociaux, communautaires et gouvernementaux (72 062 $) Secteur de la santé (49 795 $) Les femmes exerçant des professions dans le secteur de la santé accusent l’écart le plus important, soit 46,7 % ou 43 582 $. L’écart salarial entre les sexes le moins marqué selon le revenu d’emploi et la profession se trouve dans le secteur des sciences naturelles et appliquées et des domaines apparentés, soit 15,5 %. Seulement 22,3 % du nombre total de personnes dans ce secteur d’emploi sont des femmes. Les femmes dans le secteur des ressources naturelles, de l’agriculture et de la production connexe accusent un écart salarial de 42,6 % et représentent 22,7 % des travailleurs dans cette catégorie. Certains de ces écarts peuvent être imputables à la ségrégation verticale discutée plus bas, démontrant que les femmes sont regroupées aux échelons les moins rémunérés de ces catégories de professions. Les professions sont déterminées par le type de travail et la description des activités principales du poste d’une personne. Le secteur désigne la nature de Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information l’activité de l’établissement où la personne travaille. Par exemple, une personne peut exercer la profession de comptable dans le secteur des services publics. Les catégories de secteur peuvent s’avérer importantes puisqu’elles sont reliées aux investissements gouvernementaux et à la création ou à la perte d’emploi. Tableau 2 : Secteurs comportant le plus grand nombre d’hommes et de femmes (population générale) Hommes Femmes Fabrication (493 305) Soins de santé et aide sociale (571 965) Construction (369 300) Commerce de détail (406 720) Commerce de détail (344 480) Services d’enseignement (336 925) Les femmes comptent pour 82,6 % du secteur des soins de santé et de l’aide sociale, alors que les hommes occupent 88,4 % des postes dans le secteur de la construction. À l’exemple de la population générale, le nombre le plus élevé (plus de 100 000) et la plus importante concentration (79,7 %) de femmes racialisées œuvrent dans le secteur de la santé et des services sociaux (79,7 % de toutes les personnes travaillant dans ce secteur sont des femmes). La situation est la même pour les femmes autochtones. Toutefois, le secteur de l’administration publique est en deuxième place pour le nombre le plus élevé de femmes autochtones (près de 9 000). Dans le secteur des sciences, des technologies, du génie, des mathématiques et des sciences informatiques, il y a environ 2,5 fois plus d’hommes que de femmes. Cependant, le taux d’emploi dans le secteur des sciences, des technologies, du génie, des mathématiques et des sciences informatiques est plus élevé que dans la population active générale, tant pour les hommes (75 %) que pour les femmes (70,9 %). Un examen du travail dans les secteurs public et privé illustre également des faits importants 41. Les taux de syndicalisation, qui sont associés à un écart salarial moins important entre les sexes, sont plus élevés dans le secteur public. Les femmes représentent environ 64 % des travailleurs du secteur public et celles-ci gagnent systématiquement des salaires plus élevés que les femmes occupant 41 Les renseignements dans ce paragraphe et les trois qui suivent proviennent de : Kate McInturff et Paul Tulloch. The Difference that Public Sector Wages Make, The Canadian Centre for Policy Alternatives, 2014. 21 22 Ministère du Travail des emplois semblables dans le secteur privé, tous groupes d’âge confondus. Le même scénario se répète pour les hommes jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 40 ans. À partir de ce moment, les salaires deviennent plus élevés dans le secteur privé que public. Dans le secteur public, le ratio des gains entre les femmes et les hommes est de 82 % (un écart salarial entre les sexes de 18 %) chez les personnes ayant fait des études universitaires, alors qu’il se situe à 73 % (un écart de 27 %) dans le secteur privé. L’écart plus élevé suggère que la mise en place de mesures serait de mise dans le secteur privé. Les hommes exerçant des professions en gestion dans le secteur privé touchent les revenus les plus élevés, alors que les femmes exerçant des professions dans la vente et les services touchent les revenus d’emploi les plus faibles. Pour toutes les femmes dans tous les secteurs d’emplois, celles qui exercent des professions en gestion dans le secteur public touchent les salaires les plus élevés. En examinant les intersections disponibles, nous remarquons que les hommes non autochtones, non racialisés, âgés entre 40 et 54 ans et travaillant dans le secteur privé touchent les revenus les plus élevés. Les femmes non autochtones et non racialisées travaillant dans le secteur public sont celles qui touchent les revenus les plus élevés dans toutes les catégories d’âge, alors que les femmes racialisées âgées entre 15 et 24 ans œuvrant dans le secteur privé sont celles qui touchent les salaires les plus faibles. Parmi les Autochtones, les femmes touchant les revenus les plus élevés sont celles du groupe des 40-54 ans travaillant dans le secteur public. Revenu Au sein de la population générale, nous remarquons un écart salarial entre les sexes de 31,3 % du revenu médian, et de 30,9 % du revenu moyen. Cet écart diminue toutefois en utilisant plutôt le revenu après impôt (27,2 % dans le cas du revenu moyen après impôt). L’écart salarial entre les sexes du revenu moyen est de 25,1 % entre les femmes racialisées et les hommes racialisés. Lorsque nous examinons le revenu moyen après impôt, le revenu des hommes au sein de la population générale est près de 1,6 fois plus élevé que celui des femmes racialisées, ce qui se traduit par un écart salarial entre les sexes de 36,8 %. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information L’écart entre les hommes et les femmes au sein de la population autochtone, pour sa part, se situe entre 15,5 % et 18,9 %. Cependant, en comparant leur revenu moyen à celui des hommes de la population générale, les femmes autochtones accusent un écart salarial entre les sexes de 44 %. L’importance des écarts qu’accusent les femmes racialisées et autochtones donne lieu de croire qu’il s’agit là d’un secteur où des mesures seraient de mise, même si les femmes autochtones ne représentent qu’une faible portion de la population ontarienne. Au sein de la population générale, l’écart • Le revenu d’emploi représente salarial entre les sexes médian au niveau du environ 77,6 % du revenu total revenu d’emploi est de 18,4 % et l’écart salarial des hommes et 70,9 % du entre les sexes moyen est de 23,8 %. Encore revenu total des femmes. une fois, bien que ces écarts soient moins importants entre les hommes et les femmes racialisés (15 % et 19 %), ils sont plus grands comparativement à la population masculine générale (34,2 % en tenant compte du revenu d’emploi moyen). En utilisant le revenu d’emploi pour les femmes et les hommes autochtones, l’écart salarial entre les sexes médian est de 16 % et l’écart salarial entre les sexes moyen est de 18,1 %. Cependant, comme prévu, l’écart s’élargit à 36 % entre les femmes autochtones et la population masculine générale. De plus, l’écart salarial entre les sexes demeure pour les familles monoparentales composées de parents seuls de sexe masculin et féminin, allant de 17,8 % à 25,1 % selon la mesure utilisée. Il est intéressant de constater que les familles formées d’un couple avec enfants ont le revenu le plus élevé parmi toutes les familles de recensement, tant pour la mesure de la médiane que de la moyenne. Ce revenu est plus élevé que celui des familles formées d’un couple sans enfants. Si nous examinons les écarts salariaux entre les sexes sur le plan du revenu et du niveau de scolarité, l’écart le plus important en pourcentage est observé entre les femmes et les hommes qui ont un certificat ou diplôme d’apprenti ou d’une école de métiers (39,6 %). L’écart salarial entre les sexes le moins important en pourcentage se trouve entre les femmes et les hommes qui possèdent un diplôme d’études secondaires ou l’équivalent (26,8 %). Ces écarts pourraient s’expliquer par le fait que les personnes qui ont un niveau de scolarité moins élevé sont plus susceptibles d’occuper un emploi peu rémunéré ou au salaire minimum. Il n’est pas surprenant que les femmes et les hommes qui détiennent un certificat, un diplôme ou grade universitaire supérieur au baccalauréat touchent le salaire le plus élevé. Cependant, à ce niveau de scolarité, l’écart salarial entre les sexes est de 35,0 %. 23 24 Ministère du Travail En examinant le revenu d’emploi et l’âge (figure 5), l’écart salarial entre les sexes le plus important en pourcentage est observé chez les personnes de 65 ans et plus (37,8 %). L’écart salarial entre les sexes le plus important représenté par une somme se trouve chez les 45 à 54 ans (22 768 $), le même groupe d’âge où les hommes et les femmes touchent les revenus les plus élevés. Figure 5 : Revenu d’emploi moyen selon l’âge 80 000 70 000 60 000 50 000 40 000 30 000 20 000 10 000 0 15 à 24 ans 25 à 34 ans 35 à 44 ans 45 à 54 ans 55 à 64 ans 64 ans et plus Hommes – Revenus d’emploi moyens Femmes – Revenus d’emploi moyens Tableau de données 5 : Revenu d’emploi moyen selon l’âge Groupe Hommes – Revenus d’emploi moyens Femmes – Revenus d’emploi moyens 15 à 24 ans 13 204 $ 10 850 $ 25 à 34 ans 43 683 $ 33 938 $ 35 à 44 ans 65 031 $ 44 576 $ 45 à 54 ans 70 266 $ 47 498 $ 55 à 64 ans 59 867 $ 40 209 $ 65 ans et plus 27 985 $ 17 399 $ Selon la majorité des mesures, les hommes présentent toujours un revenu après impôt et un revenu d’emploi plus élevés que les femmes, que ce soit dans la population générale, chez les personnes racialisées ou chez les Autochtones. Cependant, selon les mesures du revenu moyen et médian, les femmes dans la population générale touchent un revenu légèrement plus élevé que les hommes autochtones. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Ce profil de l’Ontario fournit diverses données descriptives propres à la province. De plus, il montre que bien que l’écart salarial entre les sexes varie, il demeure présent et s’accentue pour les femmes racialisées et les femmes autochtones. Tendances La présente section portera sur les tendances en matière d’écart salarial entre les sexes et de main-d’œuvre en Ontario. Les principales données utilisées seront celles de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada, mais d’autres recherches et enquêtes seront également intégrées au besoin. Les tendances viennent compléter les données présentées dans la section précédente et permettent d’approfondir les discussions sur les progrès de l’Ontario en matière d’équité salariale. Selon les gains annuels moyens pour tous les travailleurs, l’écart salarial entre les sexes de l’Ontario s’est rétréci, passant de 55,6 % en 1976 à 44,4 % en 1986, puis à 31,5 % en 2011, la dernière année où des données ont été publiées pour cette mesure 42. Selon cette mesure, l’écart salarial entre les sexes a diminué de 11,2 % sur une période de 10 ans (de 1976 à 1986), mais il s’est seulement resserré d’un autre 11,3 % pendant les 24 années suivantes (de 1987 à 2011) (figure 6). Le progrès semble ralentir. Figure 6 : Écart salarial entre les sexes de l’Ontario 2014 2012 2010 2008 2006 2004 2002 2000 1998 1996 1994 1992 1990 1988 1986 1984 1982 1980 1978 1976 10 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Mesuré par le revenu annuel moyen Mesuré par le salaire horaire moyen 42 Statistique Canada. Enquête sur la population active, tableau CANSIM 282-0070. 25 26 Ministère du Travail Les tendances générales en matière d’écart salarial entre les sexes, mesurées par le revenu d’emploi annuel, pour les femmes immigrantes ont suivi les tendances en matière d’écart salarial, mesurées par les gains annuels moyens, pour toutes les femmes au sein de la population active. L’écart salarial entre les sexes chez les femmes immigrantes est passé de 43,8 % en 1986 à 29,2 % en 2012 43. Selon le salaire horaire, l’écart salarial entre les sexes semble moins grand à la fois pour les employés à temps plein et à temps partiel. L’écart de salaire horaire moyen est passé de 18,0 % en 1997 à 20,2 % en 2001, puis a diminué à 15,9 % en 2006 pour passer de nouveau à 16,5 % en 2007, avant de retomber à 12,0 % en 2011. Au cours des années suivantes, l’écart de salaire horaire a atteint 12,9 % en 2012 pour diminuer à 11,9 % en 2014 (figure 6) 44. L’écart salarial entre les sexes selon le salaire horaire moyen pour les employés à temps plein âgés de 25 à 54 ans était de 10 % en 2013. Une tendance notable reflétée dans les mesures des gains annuels moyens et du salaire horaire est que les jeunes femmes ont une plus forte capacité de gain. Chez les femmes âgées de 15 à 24 ans, l’écart salarial entre les sexes est passé de 8 % en 1997 à 5 % en 2014, en prenant la mesure du salaire horaire moyen, et de 33 % en 1976 à 19 % en 2011 lorsque les gains annuels moyens sont utilisés 45. Emplois à prédominance féminine depuis 1987 (concentration de 50 % ou plus de femmes) • Secteur de la santé • Affaires, finance et administration • Sciences sociales, enseignement, services gouvernementaux et religion • Vente et services • Arts, culture, loisirs et sports Secteurs à prédominance féminine depuis 1987 (concentration de 50 % ou plus de femmes) • Soins de santé et aide sociale • Services d’enseignement • Hébergement et restauration • Finances, assurances, immobilier et location Fait intéressant, les femmes travaillant à temps partiel ont présenté un salaire horaire moyen plus élevé que les hommes travaillant à temps partiel de 1997 à 2014 (écart salarial entre les sexes de 15 % en 1997 et écart de -7,6 % en 2014, indiquant que le salaire horaire des hommes travaillant à temps partiel rattrape celui des femmes travaillant à temps partiel). Si nous regardons le salaire horaire moyen chez les 43 Statistique Canada, Base de données longitudinales sur les immigrants, 2012. 44 Statistique Canada. Enquête sur la population active, tableau CANSIM 282-0070. 45 Statistique Canada. Enquête sur la population active et Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, tableaux CANSIM 282-0070 et 202-0407. Remarque : L’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu recueille des données provenant de répondants âgés de 16 ans et plus, tandis que l’Enquête sur la population active interroge des répondants âgés de 15 ans et plus. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information employés à temps plein, l’écart salarial entre les sexes est demeuré, bien qu’il soit passé de 16,0 % en 1997 à 9,6 % en 2014 46. La part des femmes de l’emploi à temps plein a lentement augmenté, passant de 38 % en 1987 à 44 % en 2014. Il s’agit d’une hausse notable puisque, généralement, les emplois à temps plein offrent des salaires plus élevés. Au cours de cette même période, la part des femmes de l’emploi à temps partiel a diminué de façon modérée, passant de 71 % en 1987 à 66 % en 2014 47. Les raisons déclarées pour le travail à temps partiel varient en Ontario (figure 7). Figure 7 : Raisons du travail à temps partiel selon le sexe, Ontario, 2014 48 25 % Préférence personnelle 26 % 4% Maladie Autres raisons – choix personnel Autres obligations personnelles ou familiales 3% 1% 1% 1% 3% 34 % Études 25 % Impossibilité de trouver du travail à temps plein, a cherché un travail à temps plein au cours du mois dernier 4% 4% 3% Impossibilité de trouver du travail à temps plein, n’a pas cherché un travail à temps plein au cours du mois dernier Prendre soin des enfants 3% 1% 11 % Conjoncture économique, a cherché un travail à temps plein au cours du mois dernier 9% 7% 17 % Conjoncture économique, n’a pas cherché un travail à temps plein au cours du mois dernier 17 % 0% Raisons déclarées par les hommes 10 % 20 % 30 % 40 % Raisons déclarées par les femmes 46 Statistique Canada. Enquête sur la population active, tableau CANSIM 282-0070. 47 Statistique Canada. Enquête sur la population active, tableau CANSIM 282-0002. 48 Statistique Canada. Enquête sur la population active, tableau CANSIM 282-0014. 27 28 Ministère du Travail Tableau de données 6 : Raisons du travail à temps partiel selon le sexe, Ontario, 2014 Groupe Raisons déclarées par les hommes Raisons déclarées par les femmes Conjoncture économique, n’a pas cherché un travail à temps plein au cours du mois dernier 17 % 17 % Conjoncture économique, a cherché un travail à temps plein au cours du mois dernier 9 % 7 % Prendre soin des enfants 1 % 11 % Impossibilité de trouver du travail à temps plein, n’a pas cherché un travail à temps plein au cours du mois dernier 3 % 3 % Impossibilité de trouver du travail à temps plein, a cherché un travail à temps plein au cours du mois dernier 4 % 4 % Études 34 % 25 % Autres obligations personnelles ou familiales 1 % 3 % Autres raisons – choix personnel 1 % 1 % Maladie 4 % 3 % Préférence personnelle 25 % 26 % L’écart salarial entre les sexes mesuré par le salaire horaire moyen est généralement plus prononcé pour les employés permanents que pour les employés temporaires 49. Depuis 1997, l’écart salarial entre les sexes pour les employés temporaires a augmenté de 6,4 %, quoique de façon irrégulière, tandis que l’écart salarial entre les sexes pour les employés permanents a diminué de 49 Un emploi permanent est un emploi qui devrait durer aussi longtemps que l’employé le désire, à la condition que la conjoncture économique le permette; c’est-à-dire que la date de cessation de l’emploi n’est pas déterminée à l’avance. Un emploi temporaire est un emploi dont la date de cessation est prédéterminée ou qui se terminera dès qu’un projet déterminé aura pris fin. Comprend les emplois saisonniers, les emplois temporaires (c’est-à-dire pour une durée déterminée ou dans le cadre d’un contrat de travail, y compris le travail effectué par le biais d’une agence de placement), les emplois occasionnels et les autres emplois temporaires. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information 18,7 % (figure 8) 50. En 2014, 2,53 millions d’hommes et 2,55 millions de femmes étaient des employés permanents. Depuis 1997, le nombre de personnes occupant un emploi temporaire a augmenté de façon constante jusqu’à environ 360 000 hommes et 375 000 femmes en 2014 51. Figure 8 : Écart salarial entre les sexes de l’Ontario selon la permanence de l’emploi, salaire horaire moyen 25 % 20 % 15 % 10 % 5% 0 18,7 % 12,5 % 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 Employés permanents 2014 9,6 % 6,4 % Employés temporaires Tableau de données 7 : Écart salarial entre les sexes de l’Ontario selon la permanence de l’emploi, salaire horaire moyen, 1997 à 2005 Groupe 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Employés 18,7 % 19,1 % 19,5 % 19,9 % 20,4 % 18,9 % 18,9 % 18,4 % 17,3 % permanents Employés 6,4 % temporaires 5,0 % 10,2 % 9,2 % 11,5 % 10,5 % 9,0 % 8,4 % 5,9 % Tableau de données 8 : Écart salarial entre les sexes de l’Ontario selon la permanence de l’emploi, salaire horaire moyen, 2006 à 2014 Groupe 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Employés 16,3 % 17,1 % 16,9 % 15,4 % 14,8 % 12,8 % 13,4 % 13,0 % 12,5 % permanents Employés 7,5 % temporaires 8,6 % 9,8 % 3,2 % 8,0 % 5,5 % 5,7 % 50 Statistique Canada. Enquête sur la population active, tableau CANSIM 282-0074. 51 Statistique Canada. Enquête sur la population active, tableau CANSIM 282-0080. 5,4 % 9,6 % 29 Ministère du Travail Selon le salaire horaire moyen, l’écart salarial entre les sexes pour les travailleurs syndiqués et non syndiqués s’est resserré de 1997 à 2014, bien que l’écart demeure plus élevé pour ceux qui ne sont pas couverts par un syndicat (figure 9) 52. Figure 9 : Écart salarial entre les sexes de l’Ontario selon le statut syndical, salaire horaire moyen 25 % 20 % 15 % 10 % 5% 0 20,6 % 16,4 % 9,8 % Employés syndiqués 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 4,6 % 1997 30 Employés non syndiqués Tableau de données 9 : Écart salarial entre les sexes de l’Ontario selon le statut syndical, salaire horaire moyen, 1997 à 2005 Groupe 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Employés syndiqués 9,8 % 10,4 % 10,5 % 10,0 % 11,6 % 9,3 % 2003 2004 2005 11,1 % 9,8 % 8,2 % Employés non 20,6 % 20,9 % 22,4 % 23,3 % 23,1 % 22,6 % 21,1 % 21,4 % 20,3 % syndiqués Tableau de données 10 : Écart salarial entre les sexes de l’Ontario selon le statut syndical, salaire horaire moyen, 2006 à 2014 Groupe 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Employés syndiqués 7,8 % 7,7 % 6,5 % 6,6 % 5,9 % 5,2 % 4,9 % 4,7 % 4,6 % Employés non 19,4 % 20,6 % 20,8 % 18,5 % 18,3 % 16,1 % 16,9 % 16,3 % 16,4 % syndiqués 52 Statistique Canada. Enquête sur la population active, tableau CANSIM 282-0074. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Selon les gains annuels moyens, de 1987 à 2011, l’écart salarial entre les sexes chez les travailleurs à temps plein toute l’année a diminué pour tous les niveaux de scolarité, sauf chez les titulaires d’un grade universitaire. Au cours de cette période, l’écart chez les femmes titulaires d’un grade universitaire s’est élargi de 2 % pour atteindre 30,9 %, ce qui représente le plus important écart parmi toutes les catégories de niveaux de scolarité en 2011 53. Depuis 1976, l’écart salarial entre les sexes (mesuré en fonction des gains annuels moyens) est toujours demeuré beaucoup plus élevé chez les femmes mariées que chez celles qui ne l’ont jamais été. Toutefois, l’écart salarial a diminué de beaucoup chez les femmes mariées, passant de 46,6 % en 1976 à 29,4 % en 2011, tandis que l’écart chez les femmes qui n’ont jamais été mariées a diminué de 12 % en 1976 à 8,3 % en 2011 54. Les taux d’activité pour les femmes âgées de 25 à 54 ans ont augmenté, passant de 57 % en 1976 à 81 % en 2014. À l’inverse, les taux d’activité pour la cohorte masculine du même âge ont légèrement diminué, passant de 96 % en 1976 à 90 % en 2014; l’écart entre les taux d’activité s’est ainsi établi, pour l’année 2014, à 9 %. Le seul groupe d’hommes dont le taux d’activité tend à augmenter ces dernières années est celui des hommes âgés de 55 ans et plus. Les taux d’activité des femmes ont crû avec le niveau de scolarité, égalant presque ceux des hommes pour les femmes ayant un niveau de scolarité supérieur au baccalauréat 55. Décomposition Les statisticiens décomposent l’écart salarial entre les sexes pour cerner les facteurs à l’origine de sa persistance et de son augmentation / sa diminution. La décomposition permet d’« expliquer » une partie de l’écart, tandis qu’une autre partie, qui pourrait représenter des différences non mesurables entre les sexes ou la discrimination systémique, demeure « inexpliquée ». Une étude menée en 2010 par Michael Baker et Marie Drolet sur des données canadiennes a déterminé que, bien que l’écart salarial entre les sexes s’amenuise, les caractéristiques dans les enquêtes et études qu’ils avaient utilisées pour leur analyse expliquaient de moins en moins l’écart au fil du temps. Des différences ont été relevées dans le taux de rendement reçu par les hommes et les femmes 53 Statistique Canada. Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, tableau CANSIM 202-0104. 54 Statistique Canada. Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, tableau CANSIM 202-0104. 55 Statistique Canada. Enquête sur la population active, tableaux CANSIM 282-0002 et 282-0004. 31 32 Ministère du Travail en fonction de caractéristiques comme l’ancienneté, la profession et le secteur d’activité. À qualification égale, les femmes ont semblé toucher un salaire moindre que leurs collègues de sexe masculin 56. Carole Vincent en est arrivée, en 2013, à des résultats similaires. Ayant utilisé des données canadiennes, elle a conclu que l’incidence, sur l’écart salarial, des différences dans les caractéristiques productives des hommes et des femmes se faisait de plus en plus faible. L’essentiel de l’écart ne pouvait être expliqué, par exemple, par des différences sur les plans de la scolarité ou des choix professionnels, bien que ces variables jouent un rôle important dans l’écart salarial expliqué au Canada 57. L’écart salarial entre les sexes chez les travailleurs du secteur privé âgés de 20 à 59 ans a été décomposé dans le cadre d’une nouvelle étude menée par Tammy Schirle et Elizabeth Vickers 58. Ces dernières ont utilisé les fichiers de microdonnées à grande diffusion de l’Enquête sur la population active (EPA) et les salaires horaires moyens de 2014 pour les travailleurs du secteur privé âgés de 20 à 59 ans. Les travailleurs autonomes ont été exclus, leurs horaires de travail et salaires étant déterminés différemment. Globalement, ce rapport a révélé que les hommes gagnaient 25,68 $ l’heure et les femmes, 20,88 $ l’heure. Le ratio du salaire horaire femmes-hommes se chiffrait à 0,814. Le ratio de l’Ontario fait bonne figure par rapport au ratio pour l’ensemble du Canada (0,786). Il est apparu que les salaires de l’Ontario étaient liés à l’âge, à la scolarité, à l’expérience de travail (ancienneté), au lieu (Toronto), au secteur d’activité, à la profession et aux heures de travail habituelles. D’autres caractéristiques comme l’état matrimonial, le nombre de personnes dans la famille et l’âge du plus jeune enfant ont aussi été employées en tant que variables. Schirle et Vickers ont enregistré un écart salarial entre les sexes de 4,80 $. D’après leur analyse, les différences dans les caractéristiques observées entre les sexes pourraient expliquer 2,14 $ (44 %) de cet écart, lequel demeurerait donc, dans une proportion de 55 %, inexpliqué. Les deux variables représentant, dans sa totalité, la partie expliquée de l’écart sont le secteur d’activité (23 %) et la profession (21 %). 56 Michael Baker et Marie Drolet. « A New View of the Male/Female Pay Gap », Canadian Public Policy, vol. XXXVI, no 4, 2010. 57 Carole Vincent. Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes? Synthèse de connaissances tirées de microdonnées canadiennes, Série Synthèses du RCCDR, 2013. 58 Tammy Schirle et Elizabeth Vickers. « The 2014 Gender Wage Gap in Ontario », The Laurier Centre for Economic Research and Policy Analysis, 2015. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information D’autres variables dans le rapport jouent un rôle mineur et s’annulent les unes les autres. Le niveau de scolarité exerce dans les faits une incidence négative de l’ordre de 2 % sur l’écart salarial entre les sexes, ce qui veut dire que si les hommes et les femmes recevaient le même dividende en matière de salaires pour leur niveau de scolarité, les femmes gagneraient davantage que les hommes. L’ancienneté (les femmes ont légèrement moins d’expérience) et les horaires de travail (elles sont moins susceptibles de travailler à temps plein) expliquent 2 % de l’écart, soit une petite partie. Fait intéressant : les différences de situation familiale entre les sexes n’ont pas grand effet sur la partie expliquée de l’écart salarial. Les auteures s’attendent à ce que les effets de la situation familiale soient capturés dans les horaires de travail, le secteur d’activité et la profession, ainsi que la partie inexpliquée de l’écart. La situation familiale peut être difficile à capturer en une seule variable. Ce rapport attribue aussi l’écart salarial inexpliqué à d’autres caractéristiques; il serait, dans une large mesure, lié à l’âge et à l’ancienneté, reflétant les expériences de travail acquises par une personne au cours de sa vie et les possibilités de formation et de promotion en cours d’emploi. Les auteures font remarquer que le fait de renoncer à un salaire élevé en échange d’horaires de travail à temps plein plus souples pourrait être à l’origine de la différence entre les sexes en ce qui concerne les majorations de salaire pour le travail à temps plein. Elles soulignent aussi à quel point il s’avère insatisfaisant d’expliquer partiellement l’écart salarial entre hommes et femmes par d’anciennes pratiques discriminatoires fondées sur le sexe et des normes sociales qui ont empêché et empêchent toujours les femmes d’exercer certaines professions ou de pénétrer certains secteurs d’activité. Aborder la profession et le secteur d’activité sans plus de contexte pourrait mener à une simplification exagérée des facteurs susceptibles de contribuer à l’écart salarial entre les sexes. 33 34 Ministère du Travail Facteurs clés associés à l’écart salarial entre les sexes Plusieurs facteurs communs associés à l’écart salarial entre les sexes sont mentionnés dans bon nombre des documents pertinents. Il importe de reconnaître que ces facteurs sont interreliés et se chevauchent les uns les autres. Il convient aussi de souligner qu’il pourrait exister de nombreux facteurs autres que ceux étudiés dans le présent document. Des préjugés inconscients sous-tendent toutes les discussions qui suivent, car des normes sociales ont suscité des hypothèses aujourd’hui profondément enracinées quant aux expériences et aux choix des femmes au travail, à la maison et dans la vie quotidienne. Discrimination La recherche et les données anecdotiques semblent indiquer l’existence d’une discrimination sexuelle systémique et d’attitudes sociétales biaisées persistantes – qu’elles soient conscientes ou inconscientes – envers les femmes. En ce qui a trait à l’écart salarial entre les sexes, la discrimination se reflète souvent dans la sous-évaluation du travail effectué par celles-ci, particulièrement dans les expériences vécues par les femmes racialisées et autochtones ainsi que par les femmes handicapées, comme en témoigne l’instantané précédemment fourni pour l’Ontario. Certaines données, indisponibles pour l’instantané, avaient été recueillies précédemment. En 2006, les femmes immigrantes ont gagné en moyenne 6,60 $ de moins l’heure que les hommes non immigrants, ce qui représente un ratio des gains de 73 %. L’écart salarial entre les femmes handicapées et les hommes non handicapés s’est quant à lui chiffré à 5,65 $, soit un ratio de 75 %. Toujours en 2006, les hommes handicapés ont gagné davantage à l’heure que les femmes non handicapées 59. Ces données laissent transparaître une discrimination intersectionnelle persistante. La discrimination fondée sur le sexe constituerait, d’après une étude de l’Initiative de recherche sur les politiques de l’éducation de l’Université d’Ottawa, un facteur hautement pertinent. Dans le cadre de cette étude, les gains de diplômés de l’université ont fait l’objet d’un suivi sur une période de 12 ans après que les 59 Commission de l’équité salariale. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information sujets aient obtenu leur diplôme. Un écart salarial particulièrement prononcé a été observé au sein du groupe de l’École de science informatique et de génie. La première année suivant l’obtention de leur diplôme, les hommes se sont avérés gagner, en moyenne, 15 000 $ de plus que les femmes 60. Une récente enquête a révélé que « les femmes seraient plus susceptibles que les hommes de mentionner la discrimination en tant qu’obstacle dans leur expérience, quant aux occasions d’avancement qui leur sont offertes » 61 [traduction]. Les travailleurs racialisés seraient par ailleurs plus susceptibles de rapporter s’être heurtés à de la discrimination dans l’obtention ou le maintien d’un emploi et les occasions d’avancement 62. Comme mentionné auparavant, l’Ontario dispose, pour lutter contre la discrimination fondée sur le sexe en milieu de travail, de trois grands instruments législatifs promulgués à divers moments par le passé : la Loi sur les normes d’emploi, le Code des droits de la personne de l’Ontario et la Loi sur l’équité salariale. Certains des documents publiés sur la question mettent en doute l’efficacité de la législation pour permettre, à elle seule, d’atteindre l’objectif plus précis qu’est l’élimination de l’écart salarial entre les sexes. Selon un rapport de Michael Baker et de Nicole Fortin remontant à 2004, il n’y aurait pas eu dans le secteur privé de l’Ontario, au cours de la période étudiée, de changement important dans l’écart salarial entre les hommes et les femmes, car la réduction de l’écart salarial dans les emplois à prédominance féminine (essentiellement attribuable à une diminution des salaires versés aux hommes) a été en grande partie neutralisée par l’accroissement de l’écart salarial dans les emplois à prédominance masculine (essentiellement attribuable aux salaires plus élevés versés aux hommes). Les auteurs ont observé une légère diminution du nombre de femmes travaillant dans les grandes sociétés, qui sont plus susceptibles de se conformer à la Loi sur l’équité salariale, et une tendance inverse dans les petites entreprises, qui sont moins susceptibles de s’y conformer 63. Utilisant une méthode de contrôle synthétique pour comparer les effets de la Loi sur l’équité salariale par rapport à une province fictive qui ne l’aurait pas promulguée, Judith A. McDonald et Robert J. Thornton n’ont pu établir 60 Ross Finnie et coll. How Much do University Graduates Earn?, Initiative de recherche sur les politiques de l’éducation, 2014. 61 Groupe de chercheurs Poverty and Employment Precarity in Southern Ontario. Precarity Penalty, 2015, p. 67. 62 lbid. 63 Michael Baker et Nicole Fortin. « L’équité salariale dans un marché du travail décentralisé : le cas de l’Ontario », Revue canadienne d’économique, vol. 37, no 4, 2004, pp. 850 à 878. 35 36 Ministère du Travail de façon probante que la Loi sur l’équité salariale avait eu un effet important sur l’écart salarial entre les sexes dans la province 64. Ils ont indiqué que les résultats s’expliquaient en partie du fait que les employeurs peuvent manipuler l’interprétation de la loi afin d’éviter d’avoir à accorder d’importantes augmentations de salaire. Il existe au Québec, en matière d’équité salariale, des lois similaires à celles de l’Ontario. Dans les deux provinces, l’exigence en matière d’équité salariale dans le lieu de travail n’est pas conditionnelle au dépôt d’une plainte. Les lois des deux provinces s’appliquent autant aux secteurs public et parapublic que privé, ce qui les rend tout aussi fortes les unes que les autres 65. Le Québec a cependant remédié aux problèmes de non-conformité en obligeant les employeurs à effectuer, tous les cinq ans, des évaluations du maintien de l’équité salariale afin de vérifier si des rajustements de la rémunération s’imposaient, et à faire rapport sur leurs efforts 66. Il convient de souligner que dans les deux provinces, les employés des catégories d’emplois à prédominance féminine continuent de tirer des avantages économiques de la législation, comme en font foi les rajustements de la rémunération qui s’avèrent dus lors d’enquêtes sur les infractions. En 2013-2014, par exemple, 1 780 travailleurs de l’Ontario ont reçu de leur employeur des rajustements totalisant près de 3,6 millions de dollars 67. Ségrégation professionnelle La ségrégation professionnelle peut désigner la ségrégation horizontale (au sein des professions) et la ségrégation verticale (au sein de la hiérarchie des professions). L’expression ségrégation professionnelle peut également être utilisée de façon générale pour faire référence à la ségrégation sectorielle. Elle repose sur les normes et les croyances sociales ou culturelles qui sous-évaluent le travail des femmes. Elle mène au regroupement des femmes dans certaines professions et dans certains postes moins rémunérés. Comme il a été discuté dans la section sur la décomposition de l’écart salarial entre les sexes, Schirle et Vickers ont constaté qu’en 2014, les différences entre les sexes au niveau de la profession représentaient 21 % de l’écart de salaire horaire total entre les sexes. 64 Judith A. McDonald et Robert J. Thornton. « Coercive Cooperation? Ontario’s Pay Equity Act of 1988 and the Gender Pay Gap », Contemporary Economic Policy, 2014. doi: 10.1111/coep.12094 65 McDonald et Thornton. 66 Mary Cornish et Jennifer Quito. Where to go for Pay Equity: Canadian Remedies for Gender Pay Discrimination, 2013. 67 Bureau de l’équité salariale. Rapport annuel 2013-2014. 2005. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information La ségrégation professionnelle est un facteur important de l’écart salarial entre les sexes pour diverses raisons. Les gouvernements peuvent adopter des politiques en matière de développement qui ciblent un secteur, une industrie et un type de profession en particulier. Si ces politiques mettent l’accent sur les secteurs à prédominance masculine, elles peuvent contribuer à l’accroissement de l’écart économique entre les hommes et les femmes. Par exemple, l’Alberta s’est concentrée sur le développement du secteur de l’extraction. Elle affiche également le plus important écart salarial entre les sexes parmi toutes les provinces 68. L’importance des différences entre les sexes au niveau de la profession, en ce qui a trait à l’écart salarial entre les sexes, peut être accentuée si les compétences propres à la profession sont ajoutées à l’analyse. Par exemple, une étude portait sur les conclusions selon lesquelles les différences dans les compétences (énoncées dans le Dictionary of Occupational Titles [DOT]) « expliquaient » un pourcentage important de l’écart salarial entre les sexes pour les travailleurs n’ayant pas fait d’études secondaires. L’« explication » comprenait les hommes qui choisissaient des conditions de travail pouvant comporter, par exemple, l’exposition à des contaminants et à des matières dangereuses, des niveaux plus élevés de bruit et des variations de température plus importantes. Cependant, l’analyse n’aborde pas la question de savoir si les femmes font face à des obstacles pour entrer dans des emplois à prédominance masculine, s’il s’agit de discrimination ou si ces choix reposent sur des préférences personnelles – il peut s’agir d’une combinaison de plusieurs facteurs 69. Une étude effectuée par Claudia Goldin souligne également l’importance de la profession. Goldin a utilisé les professions des secteurs des affaires, du droit et de la pharmacie pour souligner les répercussions des heures de travail sur l’écart salarial entre les sexes. Les personnes qui font de longues journées de travail dans les secteurs des affaires et du droit reçoivent une hausse de salaire disproportionnée parce que les heures de travail dans ces professions valent plus lorsqu’elles sont effectuées à des moments en particulier et de façon continue. Cependant, les professions comme celles dans le secteur pharmaceutique ont affiché un faible écart salarial entre les sexes, en partie parce qu’elles offrent une certaine souplesse 70. Cette recherche sera abordée plus en détail dans la section portant sur les pratiques commerciales. 68 Kate McInturff et David Mcdonald. Time to Grow Up: Family Policies for the Way We Live Now, Centre canadien de politiques alternatives, 2015. 69 Miana Plesca, Luiza Antoine et Jiayuan (Jennifer) Teng. The Male-Female Wage Gap in Ontario: Differences by Jobs, Education and Income, 2015. Pas encore publié. 70 Claudia Goldin. « A Grand Gender Convergence: Its Last Chapter », American Economic Review, vol. 104, no 4, 2014, pp. 1091 à 1119. 37 38 Ministère du Travail L’emploi précaire est devenu un concept largement abordé. Il se caractérise notamment par les éléments suivants : l’incertitude, le manque de contrôle, le faible revenu et l’accès limité aux protections réglementaires. Il est façonné par la situation professionnelle, le type d’emploi, le contexte social et la position sociale 71. La recherche effectuée par Leah F. Vosko et Lisa F. Clark indique que l’emploi précaire est fondé sur le sexe au Canada (la majorité des personnes qui occupent un emploi aux caractéristiques précaires sont des femmes). Cependant, une étude ontarienne a conclu que les hommes et les femmes sont presque tout aussi susceptibles de faire partie du groupe d’emplois précaires et que les femmes sont légèrement plus susceptibles d’occuper un emploi stable. Cette conclusion laisse supposer que les emplois stables, qui ont déjà été dominés par les hommes, sont maintenant moins nombreux pour les raisons suivantes : • le déclin du secteur de la fabrication; • la diminution du taux de syndicalisation; • les changements technologiques qui ont réduit la demande de travailleurs manuels non qualifiés; • la croissance du secteur des services 72. Une étude récente souligne le fait que les femmes non racialisées et non autochtones « sont le seul groupe socio-économique à enregistrer une augmentation importante de l’emploi stable et une diminution de l’emploi précaire. Les hommes et les femmes racialisés ont affiché des hausses importantes au niveau de l’emploi précaire. » 73 [traduction] De plus, l’emploi est devenu moins stable pour les jeunes 74. M. Rose Olfert et Dianne M. Moebis ont utilisé un indice de dissimilitude, l’indice D, pour examiner la ségrégation professionnelle au Canada, en régressant certaines variables comme la ruralité, le niveau de scolarité et la présence d’enfants. Ils ont constaté que la ségrégation professionnelle était plus élevée dans les régions rurales. Ils ont également conclu que la présence des enfants a accru la ségrégation professionnelle 75. Ces conclusions mettent en évidence l’affirmation de Tammy Schirle et d’Elizabeth Vickers selon laquelle l’utilisation de la profession en tant que variable mesurable peut tenir compte de certains aspects de la situation familiale. 71 Leah F. Vosko et Lisa F. Clark. Canada: Gendered Precariousness and Social Reproduction. Gender and the Contours of Precarious Employment, Routledge, 2009, pp. 26 à 42. 72 Groupe de recherche Poverty and Employment Precarity in Southern Ontario. It’s More than Poverty, 2013, p. 30. 73 Groupe de recherche Poverty and Employment Precarity in Southern Ontario. 2015, p. 22. 74 Ibid., p. 16. 75 M. Rose Olfert et Dianne M. Moebis. « The Spatial Economy of Gender-Based Occupational Segregation », The Review of Regional Studies, vol. 36, no 1, 2006, pp. 44 à 62. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Le règlement pris en application de la Loi sur l’équité salariale de l’Ontario qui porte sur la méthode de comparaison avec des organisations de l’extérieur tente d’aborder la ségrégation professionnelle horizontale en fournissant un moyen d’atteindre l’équité salariale dans certains secteurs à prédominance féminine où aucun comparateur masculin n’a été trouvé. Tandis que les méthodes de comparaison d’un emploi à l’autre et de la valeur proportionnelle déterminent si les emplois sont évalués de façon égale à l’intérieur d’un même organisme, la méthode de comparaison avec des organisations de l’extérieur permet aux organismes du secteur parapublic, qui compte principalement des catégories d’emplois à prédominance féminine, d’obtenir des renseignements sur l’équité salariale auprès d’un autre organisme du secteur public et de les mettre en application. Seuls les employeurs du secteur public au sens de la Loi sur l’équité salariale et qui comptaient des employés au 1er juillet 1993 peuvent utiliser la méthode de comparaison avec des organisations de l’extérieur 76. L’utilisation et les résultats de la méthode de comparaison avec des organisations de l’extérieur pour le secteur parapublic montrent que, bien que les taux de catégorie aient passablement augmenté dans certains secteurs, dans l’ensemble les répercussions ont été modérées et inégales. Dans le cadre d’une enquête réalisée en 2011 par le Bureau de l’équité salariale, 35 % des organisations qui ont appliqué la méthode de comparaison avec des organisations de l’extérieur avaient réussi à éliminer complètement leurs écarts salariaux. Selon les autres organisations qui ont répondu à l’enquête, atteindre les taux de catégorie cibles pour l’équité salariale fixés en 1994 pourrait leur prendre jusqu’à 20 ans 77. La ségrégation verticale, en tant que concept, est étroitement liée à la discrimination et aux pratiques commerciales, surtout en ce qui a trait à l’embauche et aux promotions. Les femmes se sont non seulement retrouvées en plus grand nombre dans certaines professions, mais aussi à l’extrémité la moins rémunérée de nombreuses professions. Par exemple, dans l’instantané où nous avons regardé le revenu d’emploi pour les grandes catégories d’emploi, les hommes gagnaient environ 43 500 $ de plus que les femmes en moyenne dans les professions de la santé 78. Ces données révèlent la présence d’un niveau de ségrégation à l’intérieur de cette catégorie professionnelle. Plus précisément, il s’avère pertinent d’examiner la ségrégation à l’intérieur d’un organisme ou le 76 Bureau de l’équité salariale. Guide pour interpréter la Loi sur l’équité salariale de l’Ontario, 2015. 77 Bureau de l’équité salariale. Évaluation de l’utilisation et des résultats de la méthode de comparaison avec des organisations de l’extérieur dans le secteur parapublic 2009–2010, 2011. 78 Statistique Canada. Enquête nationale auprès des ménages de 2011. 39 40 Ministère du Travail concept du plafond de verre. Par exemple, selon Catalyst, la part des femmes aux sièges des conseils d’administration des sociétés inscrites à l’indice boursier canadien en 2014 était de 20,8 % 79. Une étude psychologique, axée sur le concept du plafond de verre, a conclu que les gens qui occupent une profession fortement associée au sexe opposé sont pénalisés plus sévèrement lorsqu’ils commettent des erreurs que ceux qui occupent des professions traditionnellement associées à leur identité sexuelle. Par exemple, un infirmier ou une agente de police peut plus facilement perdre son statut dans son milieu de travail 80. Pour l’Ontario, la liste de divulgation des traitements du secteur public de 2015 (couramment appelée la Sunshine List) qui indique les fonctionnaires qui ont gagné plus de 100 000 $ en 2014, recense 21 femmes parmi les 100 fonctionnaires les mieux rémunérés. Une analyse de la liste de 2014 (qui rend compte des salaires de 2013) réalisée par Plesca, Antonie et Teng a conclu qu’en moyenne, les femmes qui figurent sur la liste touchent un salaire équivalent à celui des hommes lorsqu’il est rajusté selon l’inflation. Sans ce rajustement, il existe un léger écart salarial entre les sexes. De manière significative, si la liste était rajustée selon l’inflation, un grand nombre des personnes qui n’y auraient pas figuré sont des femmes. De plus, on observe un écart salarial entre les sexes dans le secteur hospitalier et un accroissement de l’écart salarial entre les sexes dans les secteurs collégial et universitaire 81. De façon plus générale, l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 a conclu que 38,4 % de toutes les personnes exerçant des professions en gestion étaient des femmes. Cependant, le revenu d’emploi par profession a révélé un écart salarial entre les sexes de 30,1 % dans les professions en gestion, soit une différence de plus de 27 000 $ entre le revenu d’emploi des hommes et celui des femmes. De plus, les tranches de revenus démontrent que plus le revenu est élevé, plus le pourcentage de femmes dans une tranche diminue : 62,6 % de toutes les personnes qui ont touché entre 5 000 $ et 9 999 $ sont des femmes comparativement à 28,6 % de celles qui ont gagné 100 000 $ ou plus. Ces données pourraient indiquer que les femmes occupent des postes de cadres inférieurs ou intermédiaires, faisant l’objet d’une ségrégation verticale. 79Catalyst. 2014 Catalyst Census: Women Board Directors, 2015. 80 Victoria L. Brescoll, Erica Dawson et Eric Luis Uhlmann. « Hard Won and Easily Lost: The Fragile Status of Leaders in Gender-Stereotype-Incongruent Occupations », Psychological Science, vol. 21, no 11, 2010, pp. 1640 à 1642. 81 Plesca, Antoine et Teng. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Prestation de soins Les femmes effectuent encore un plus grand pourcentage de la prestation de soins 82. Habituellement, ces soins consistent à s’occuper des enfants, des personnes âgées, des membres de la famille qui sont malades ou d’autres personnes à charge. Leurs décisions économiques et professionnelles sont prises pour tenir compte de la prestation de ces soins. La prestation de soins peut affecter leur cheminement de carrière et leur ancienneté, qui peuvent ensuite avoir un effet sur leur salaire ainsi que sur leur prestation de maladie et leur pension obtenues grâce à un emploi à long terme ou ininterrompu. En 2014 en Ontario, 68,2 % des familles formées d’un couple et d’au moins un enfant de moins de 16 ans étaient des familles où les deux conjoints travaillent, comparativement à 41,8 % en 1976 83. Cependant, des données indiquent qu’un certain nombre de femmes sont absentes du marché du travail en raison du coût ou du manque de disponibilité des services de garde. Un tiers des femmes canadiennes de 25 à 44 ans qui étaient absentes de la population active en 2005 ont mentionné les responsabilités familiales comme facteur important contribuant à leur absence 84. De plus, en 2014, 11 % des Ontariennes ont indiqué qu’elles travaillent à temps partiel parce qu’elles prennent soin des enfants, et 3 % de plus ont énoncé d’autres responsabilités personnelles ou familiales. Les femmes qui prennent un congé de plusieurs années ou qui réduisent leurs heures peuvent se retrouver déconnectées du marché du travail, ce qui, au bout du compte, complique leur rentrée sur le marché 85. Chez les travailleurs du secteur privé de 20 à 59 ans en Ontario, la répartition par groupes d’âge des femmes diffère de celle des hommes. Cette différence peut refléter la tendance des femmes âgées de 25 à 39 ans à quitter un emploi rémunéré pour avoir des enfants ou en prendre soin. De plus, les femmes qui occupent un emploi rémunéré sont moins susceptibles d’avoir un enfant de moins de trois ans que les hommes, ce qui laisse croire que certaines femmes quittent la population active quand leurs enfants sont jeunes 86. En procédant à une analyse comparative entre plusieurs pays, une étude menée par Hadas Mandel et Moshe Semyonov montre que les écarts salariaux entre les sexes sont moins prononcés dans les pays aux politiques familiales bien 82 Statistique Canada. Recensement de 2006. 83 Sharanjit Uppal. Profils d’emploi des familles avec enfants, « Regards sur la société canadienne », juin 2015, no 75-006-X au catalogue de Statistique Canada. 84 Services économiques TD. 85 Statistique Canada. Enquête sur la population active, tableau CANSIM 282-0014. 86 Schirle et Vickers. 41 42 Ministère du Travail structurées, qui peuvent inclure, par exemple, des congés parentaux prolongés aux règles souples, un haut degré de sécurité d’emploi pour les personnes en congé ou les congés de paternité avec clause de préemption. Toutefois, en procédant à des contrôles, les chercheurs ont découvert un effet sousjacent : les politiques familiales très structurées peuvent intensifier les inégalités professionnelles. Les auteurs concluent que les petits écarts salariaux entre les sexes sont fort probablement plus attribuables aux structures salariales égalitaires qu’aux politiques familiales structurées 87. Ces conclusions ne sont pas propres à l’Ontario, mais présentent une perspective intéressante à prendre en considération. Le Québec est un cas intéressant pour ce qui est des dispositions sur la garde d’enfants. Cette province a mis en place le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) en 2006. Ce régime verse des prestations à tous les travailleurs, salariés ou autonomes, qui prennent un congé de maternité, un congé de paternité, un congé parental ou un congé d’adoption. Il s’agit d’un régime de remplacement du revenu qui a pris la place des prestations de paternité, d’adoption ou parentales auparavant versées aux parents du Québec aux termes du régime fédéral d’assurance-emploi. Le RQAP est présenté comme un moyen concret, pour les travailleurs, de mieux concilier leurs responsabilités familiales et professionnelles ainsi que comme un soutien financier aux nouveaux parents 88. La participation accrue des pères aux soins donnés aux enfants peut être une façon d’aider les parents à équilibrer leurs responsabilités familiales et professionnelles. Avant la mise en place du RQAP, 28 % des pères disaient prendre ou avoir l’intention de prendre un congé parental en 2005. En 2012, ce pourcentage était passé à 80 %. À l’extérieur du Québec, par contre, la proportion des pères qui prenaient ou avaient l’intention de prendre un congé parental est passée de 11 % en 2011 à 9 % en 2012 89. Une étude réalisée en 2008 par Statistique Canada a conclu que les pères de l’extérieur du Québec avaient une probabilité 3,4 fois plus grande de prendre un congé parental si leur conjoint ne le faisait pas. Cette conclusion laisse croire que les pères sont plus susceptibles de prendre un congé parental si une famille risque de ne recevoir aucune prestation 90. 87 Hadas Mandel et Moshe Semyonov. « Family Policies, Wage Structures, and Gender Gaps: Sources of Earnings Inequality in 20 Countries », American Sociological Review, vol. 70, 2005, pp. 949 à 967. 88 Gouvernement du Québec, 2009. 89 Cindy Graham. Les pères au Canada 2014, L’Institut Vanier de la famille, 2014. 90 Katherine Marshall. Utilisation par les pères des congés parentaux payés, 2008. Statistique Canada. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Le programme de garderies du Québec a été évalué par McInturff et Macdonald au début de 2015. Les auteurs ont relevé que le programme procure un gain annuel net estimatif de plus de 200 millions de dollars en impôts et autres revenus au gouvernement du Québec. Ils indiquent aussi que les mères seules de jeunes enfants au Québec ont vu leur taux d’emploi passer de 38 % en 1996 (l’année avant la mise en place du programme) à 68 % en 2014. Les ménages dirigés par une mère seule ont connu une diminution du taux de pauvreté (de 52 % en 1996 à 31 % en 2011), soit environ 104 000 mères seules et leurs enfants 91. En dépit de ces succès, des modifications aux tarifs des services de garde sont entrées en vigueur le 22 avril 2015. Le tarif quotidien actuel de 7,30 $ par jour pour les familles dont le revenu est inférieur à 50 000 $ demeure inchangé. Pour les familles dont le revenu est de 50 000 $ et plus, le tarif passe à 8,00 $ par jour. Dans le cas des revenus de 75 000 $ et plus, le tarif quotidien va augmenter graduellement pour atteindre 20,00 $ par jour dans le cas des revenus d’environ 155 000 $. Le tarif de base de 7,30 $ par jour sera payable directement au fournisseur de services de garde subventionnés et la contribution supplémentaire en fonction du revenu familial sera payable sur la déclaration de revenus 92. La discussion sur la prestation des soins est souvent centrée sur les enfants, et en particulier les jeunes enfants. Cependant, la « génération sandwich » est un groupe de fournisseurs de soins d’âge moyen qui ont encore des enfants à la maison, mais prennent également soin de leurs parents vieillissants. En 2002, Statistique Canada a compté 589 000 personnes de 45 à 64 ans qui combinaient les soins aux enfants, les soins aux aînés et le travail rémunéré. Environ 26 % des membres de ce groupe s’occupaient de plus d’une personne âgée. Les femmes (32 %) étaient plus susceptibles que les hommes (25 %) de se trouver « prises en sandwich » dans les diverses prestations de soins. L’idée de la « prestation de soins en série », qui se rapporte au continuum de soins offerts par les femmes (l’éducation des enfants, les soins aux parents âgés et enfin les soins à leur conjoint vieillissant) est également un thème important en matière de prestation de soins 93. 91 McInturff et Mcdonald. 92 Gouvernement du Québec. 2015. 93 Linda Duxbury et Christopher Higgins. Causes, Consequences, and Moderating Factors of Strain of Caregiving Among Employed Caregiver, 2012. 43 44 Ministère du Travail La prestation de soins, aux enfants, aux aînés ou à d’autres personnes, s’appuie fortement sur le bénévolat et les soins non rémunérés. Selon les estimations du Conference Board du Canada, la perte de productivité due au fait que ces fournisseurs de soins se sont absentés du travail pendant des journées complètes ou un certain nombre d’heures, ou ont même quitté ou perdu leur emploi aurait coûté aux entreprises canadiennes plus de 1,28 milliard de dollars en 2007 94. La culture du lieu de travail « Les perceptions et les pratiques organisationnelles du lieu de travail sont d’autres éléments qui ont tendance à contribuer aux différences entre l’expérience de la vie professionnelle qu’ont les femmes et celle des hommes. » 95 [traduction] La culture du lieu de travail est fortement influencée par les personnes qui dirigent l’organisation. Certaines recherches montrent que les organisations dont la direction est diversifiée connaissent davantage de succès sur le plan financier. Elles peuvent également remettre en question les normes qui ont des répercussions sur la pleine participation des femmes au lieu de travail 96. Les pratiques du lieu de travail ont une incidence cruciale sur l’écart salarial entre les sexes. Le secret entourant la rémunération, les régimes de travail inflexibles et les pratiques de ressources humaines ont des répercussions importantes. La présente section décrit les conclusions des recherches qui relèvent des considérations clés concernant les changements dans les lieux de travail. Pratiques d’embauche et de promotion Les pratiques de ressources humaines concernant l’embauche et les promotions peuvent avoir une incidence sur le cheminement de carrière et l’écart salarial entre les sexes. Une étude réalisée en 2015 par Amanda J. Koch, Susan D. D’Mello et Paul R. Sackett a démontré que les hommes ont une préférence pour les emplois à prédominance masculine, mais qu’il n’y avait pas de préférence significative pour un sexe en particulier dans les emplois à prédominance féminine. Par ailleurs, ce biais était plus prononcé chez les hommes. L’étude a également permis de constater que, lorsque les dirigeants d’une organisation ont des raisons de procéder avec prudence dans leurs décisions, ces personnes ont tendance à éviter plus souvent les stéréotypes. Ces raisons peuvent inclure l’obligation de justifier leur décision d’embauche à autrui ou l’évaluation de leur choix, ou encore la connaissance des valeurs d’équité de l’organisation 97. 94 Hermus et coll. Home and Community Care in Canada: An Economic Footprint, Le Conference Board du Canada, 2012. 95 Vincent. p. 17. 96 Vanessa Anastasopoulos, David A. H. Brown et Debra L. Brown. Women on Boards: Not Just the Right Thing... But the ‘Bright’ Thing, Le Conference Board du Canada, 2002. 97 Amanda J. Koch, Susan D. D’Mello et Paul R. Sackett. « A Meta-Analysis of Gender Stereotypes and Bias in Experimental Simulations of Employment Decision Making », Journal of Applied Psychology, vol. 100, no 1, 2015, pp. 128 à 161. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information L’étude de Lily Fang et Sterling Huang portait sur des personnes qui travaillent comme analystes à Wall Street et n’a décelé que très peu d’inégalité entre les sexes en ce qui concerne les probabilités de promotion. De plus, les chercheurs ont conclu que bon nombre de caractéristiques des analystes faisant l’objet de la recherche, par exemple le sexe, l’expérience, le nombre d’actions et la scolarité, n’expliquent qu’une faible proportion des déterminants des résultats en matière de promotions. Bon nombre des facteurs qui contribuent à ce qu’une personne soit un analyste de premier plan demeurent inexpliqués. Cependant, la même étude a permis de constater que, bien qu’il n’y ait peut-être pas d’inégalité entre les sexes pour ce qui est des probabilités de succès, les investisseurs évaluent les analystes de Wall Street différemment selon qu’il s’agit d’un homme ou d’une femme, ce qui peut accroître leur probabilité de succès. Les contacts – le capital social et les réseaux – sont valorisés chez les hommes et associés à des résultats positifs en matière de carrière. Pour les femmes, les réalisations mesurables et la compétence sont les facteurs les plus importants 98. Dans cette étude, les hommes semblent être évalués de manière prospective, tandis que les femmes doivent avoir fait leurs preuves sur le plan professionnel. Les résultats du Programme pilote des écarts salariaux mené par le Bureau de l’équité salariale montrent des tendances différentes pour les femmes et les hommes en ce qui concerne le taux de progression de la rémunération. Dans le cas du salaire horaire, pour une année de service supplémentaire, les hommes gagnent 0,54 $ de plus l’heure tandis que les femmes ne gagnent que 0,42 $ de plus 99. Cet écart pourrait être attribuable aux différences de rémunération entre les sexes en ce qui touche les promotions, au concept du plafond de verre ou peutêtre à la négociation (un point qui sera traité dans une prochaine section). Un rapport de recherche réalisé en 2012 par Jennifer Hunt a utilisé des données américaines pour comparer les différences entre les sexes dans les domaines des sciences et du génie comparativement à d’autres domaines, afin de comprendre le fort taux de sortie des professions en sciences, technologie, génie et mathématiques. Hunt a constaté qu’une proportion de 60 % de l’écart entre les taux de sortie des hommes et des femmes pouvait être expliquée par le taux de sortie des ingénieures insatisfaites de la rémunération et des possibilités de promotion, et que les contraintes liées à la famille et l’insatisfaction à l’égard des conditions de travail n’étaient que des facteurs secondaires 100. 98 Lily Fang et Sterling Huang. Gender and Connections among Wall Street Analysts, 2011. 99 Bureau de l’équité salariale. Résultats du Programme pilote des écarts salariaux, 2015. 100 Jennifer Hunt. « Why do Women Leave Science and Engineering? », Document de discussion no 6885, The Institute for the Study of Labor (IZA), 2012. 45 46 Ministère du Travail Négociation La documentation sur l’écart salarial entre les sexes cite souvent les attentes salariales inférieures des femmes et le manque de compétences en négociation comme des facteurs contribuant à l’écart salarial entre les sexes. Un rapport de 2013 rédigé par le Boston’s Women’s Workforce Council 101 souligne la négociation comme l’un des obstacles auxquels les femmes sont confrontées. Une étude réalisée aux États-Unis par Hannah Riley Bowles et Linda Babcock a conclu que les femmes subissent plus de coûts sociaux que les hommes lorsqu’elles entament des négociations d’ordre salarial – elles sont perçues comme étant exigeantes. Une tactique efficace pour les femmes dans cette étude était l’utilisation des récits relationnels dans lesquels les femmes expliquaient pourquoi leur demande était légitime d’une manière qui était conforme à leur préoccupation à l’égard des relations. Essentiellement, les femmes avaient besoin de faire preuve de respect à l’égard des personnes pour lesquelles elles travaillent. Ce qui est intéressant, c’est que cette tactique n’entraîne pas de meilleurs revenus pour les hommes 102. Régimes de travail Les régimes de travail comprennent les heures de travail et leur flexibilité. En 2014, les travailleurs et les travailleuses du secteur privé âgés de 20 à 59 ans travaillaient à temps plein (38,8 et 34,1 heures respectivement). Qui plus est, 23 % des hommes et 14 % des femmes travaillaient 43 heures ou plus par semaine 103. Une série de rapports de Catalyst 104 axés sur les cabinets juridiques du Canada et la flexibilité a conclu que 28 % des femmes juristes et 21 % des hommes juristes faisant l’objet de l’étude avaient déclaré participer à un régime de travail flexible. La majorité des juristes ont exprimé un intérêt à l’égard d’un régime de travail flexible. De plus, 86 % des personnes qui avaient déjà participé à un tel régime ont déclaré qu’elles aimeraient bénéficier d’un autre régime du genre. Cependant, 50 % des juristes ont déclaré qu’ils estimaient que leur cabinet faisait piètre ou 101Le Women’s Workforce Council a été créé en avril 2013 et vise à combler l’écart salarial entre les sexes et à éliminer les obstacles visibles et invisibles à la progression des femmes dans le monde du travail d’aujourd’hui. 102 Hannah Riley Bowles et Linda Babcock. « How can Women Escape the Compensation Negotiation Dilemma? Relational Accounts are one Answer », Psychology of Women Quarterly, vol. 37, no 1, 2013, pp. 80 à 96. 103 Schirle et Vickers. 104Catalyst. Beyond a Reasonable Doubt: Lawyers State Their Case on Job Flexibility, 2006. Catalyst. Beyond a Reasonable Doubt: Creating Opportunities for Better Balance, 2005. Catalyst. Beyond a Reasonable Doubt: Building the Business Case for Flexibility, 2005. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information très piètre figure à l’égard de l’offre de régimes de travail flexibles. Un grand nombre ont également trouvé difficile de gérer les exigences du travail et leur vie personnelle/familiale. Catalyst soulignait que, lorsqu’un associé quittait un cabinet, le coût moyen était de 315 000 $ (coûts d’investissement – recrutement, formation initiale, formation annuelle régulière – et indemnités de cessation d’emploi). En 2014, 57 % de l’ensemble des employés de 15 ans ou plus qui faisaient des heures supplémentaires étaient des hommes (43 % étaient des femmes). Cependant, en analysant ces données plus en détail, les femmes semblent plus susceptibles de faire des heures supplémentaires non rémunérées (52 % de l’ensemble des personnes faisant des heures supplémentaires non rémunérées étaient des femmes). De plus, la composition des personnes effectuant des heures supplémentaires rémunérées est de 72 % d’hommes et de 28 % de femmes. Ce qui est intéressant, c’est qu’en tenant compte des heures supplémentaires rémunérées et non rémunérées, les hommes ont effectué en moyenne 1,6 fois plus d’heures supplémentaires par semaine que les femmes 105. Ces statistiques descriptives indiquent que les hommes travaillent plus que les femmes contre rémunération. L’étude de Goldin dont il a été question précédemment a conclu que, pour plusieurs emplois, le temps consacré au travail est récompensé de manière disproportionnée et il convient d’aborder ce sujet ici. Goldin déclare que l’écart salarial entre les sexes serait considérablement réduit et pourrait même disparaître si les sociétés n’étaient pas encouragées à surrémunérer les personnes qui travaillent de longues heures et pendant certaines heures en particulier (souvent des heures non interrompues, ce qui signifie un horaire moins flexible). Le mouvement vers des heures plus flexibles a augmenté dans différents secteurs, notamment la technologie et la science, mais il est moins apparent dans les emplois des secteurs institutionnels, financiers et juridiques – où un horaire flexible s’accompagne d’une réduction des gains. Quand les clients perçoivent qu’il y a un niveau plus important de substituabilité au sein des travailleurs, il est probable que l’emploi évolue vers une paye plus proportionnée. Ce phénomène peut se produire naturellement, souvent en raison des économies d’échelle, être provoqué par la pression des employés ou parce que les sociétés veulent réduire les coûts de la main-d’œuvre. Même si ce ne sont pas tous les postes qui peuvent être changés, il est utile d’examiner les secteurs ou les emplois qui pourraient offrir plus de flexibilité dont pourraient profiter de nombreux travailleurs. Même si l’étude de Goldin a été réalisée aux États-Unis, elle pourrait être utilisée à titre indicatif pour l’Ontario 106. 105 Statistique Canada. Enquête sur la population active, tableau CANSIM 282-0082. 106Goldin. 47 48 Ministère du Travail Transparence en matière de rémunération La transparence en matière de rémunération fait référence à des niveaux variables de transparence à l’égard des salaires au sein d’une organisation, envers le public ou envers le gouvernement. Par exemple, dans certaines organisations, chaque poste est associé à une échelle salariale connue. Un nombre croissant d’organisations révisent leurs échelles de rémunération et rendent les résultats publics. La transparence peut également faire référence à plus que la rémunération. D’autres aspects de la transparence peuvent inclure les pratiques en matière d’équité ou de ressources humaines. Récemment, l’Université McMaster, à Hamilton, a publié une étude échelonnée sur deux ans qui a conclu que les membres féminins du corps professoral gagnaient en moyenne 3 515 $ de moins que leurs équivalents masculins en 2012 et 2013. L’étude demeurait constante : ancienneté, permanence, faculté et âge. Des rajustements salariaux seront faits le 1er juillet 2015. Il s’agit d’un exemple d’organisation qui voit la valeur de rendre la rémunération transparente pour les chercheurs, et les résultats d’un examen exhaustif accessibles au public. L’Université McMaster a indiqué que la réaction a été positive. La démarche fait preuve d’un changement de culture graduel 107. Bien qu’il n’y ait pas de preuve de lien entre le silence qui entoure la rémunération et l’iniquité de celle-ci, certaines données laissent entendre que la transparence de la rémunération dans les milieux syndiqués réduit l’écart salarial entre les sexes 108. La transparence de la rémunération est plus courante dans les emplois syndiqués du secteur public. Les pays qui offrent les meilleures conventions collectives ont tendance à présenter des écarts salariaux entre les sexes de moindre importance 109. Le gouvernement de l’Ontario se conforme à la Loi de 1996 sur la divulgation des traitements dans le secteur public (publie la Sunshine List dont il a été question auparavant). De plus, les échelles salariales sont accessibles dans les conventions collectives. Comme le présente la section sur les tendances, les femmes syndiquées sont confrontées à des écarts salariaux moins importants en Ontario. Un certain nombre de territoires de compétence ont recours à différents niveaux de transparence de la rémunération pour atteindre l’égalité entre les sexes. Par exemple, l’Autriche dispose d’un calculateur de traitement en ligne qui donne des 107 Presse Canadienne. McMaster University to Increase Female Facultys Pay after Review, MacLean’s, 2015. 108 Institute for Women’s Policy Research. Pay Secrecy and Wage Discrimination, 2011. 109 Francine D Blau et Lawrence M. Kahn. « Understanding International Differences in the Gender Pay Gap », Journal of Labor Economics, vol. 21, n° 1, 2003, pp. 106 à 144. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information renseignements sur les traitements dans les différents secteurs de l’industrie et pour les différents emplois. Le gouvernement du Canada dispose d’un calculateur similaire qui permet au public d’effectuer des recherches de salaires par emploi et par région 110. En outre, le Laurier Centre for Economic Research and Policy Analysis héberge actuellement un calculateur d’écart salarial propre à l’Ontario 111. Le calculateur de traitements et de salaires de l’Autriche fait partie du Plan national d’action pour l’égalité des femmes et des hommes sur le marché du travail. De plus, en vertu de ce plan, les employeurs seront tenus par la loi de compiler des rapports sur la moyenne des gains des femmes et des hommes 112. Le Think, Act, Report 2011 est un programme volontaire du Royaume-Uni qui vise à promouvoir une plus grande transparence des problèmes d’emploi entre les sexes dans le lieu de travail. Cette initiative offre un cadre simple, étape par étape, pour aider les employeurs qui ont des problèmes, notamment à l’égard du recrutement, du maintien en poste, de la promotion et de la rémunération 113. Même si environ 200 organisations se sont inscrites à cette initiative, seulement cinq ont rendu publics leurs renseignements. En Australie, en vertu de la Workplace Gender Equality Act adoptée en 2012, l’ensemble des employeurs du secteur privé – y compris des filiales comptant 100 employés et plus – doit soumettre à la Workforce Gender Equality Agency (WGEA) un rapport annuel en ligne. Ces rapports sont publics et doivent contenir les données sur les salaires par sexe et par « catégorie de main-d’œuvre » 114. Ils n’exigent aucune désagrégation des données sur les salaires par emploi ou regroupement d’emplois. Les employeurs sont également tenus d’indiquer tout objectif relatif à l’équité salariale entre les sexes de l’organisation, de préciser si une analyse de l’écart salarial entre les sexes a été entreprise et de révéler l’adoption de toute mesure découlant de celle-ci. Cependant, l’Australie a connu une opposition au fardeau réglementaire que la loi imposait au milieu des affaires. La Loi a également été critiquée pour ses mécanismes de conformité insuffisants. Par exemple, le pouvoir de mener des examens aléatoires de la conformité avec la Loi était limité à la recherche de 110 Gouvernement du Canada. Explore Careers – Wage Report, 2014. 111 Tammy Schirle. Wage Gap Calculator, The Laurier Centre for Economic Research and Policy Analysis, 2015. 112 Commission européenne. How to close the gender pay gap: Strategies and Good Practices of States and Social Partners in Europe, Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, 2010. 113 Government Equalities Office. Think, Act, Report: One Year On, 2012. 114 Ils doivent inclure la situation professionnelle (emploi à temps partiel, à temps plein, permanent, occasionnel ou contractuel) et les gestionnaires/non-gestionnaires. 49 50 Ministère du Travail renseignements supplémentaires auprès des employeurs. En outre, la norme gouvernementale minimale actuelle relative à la production de rapports est perçue comme étant faible et ne s’appliquant qu’aux très grands employeurs 115. Scolarité En Ontario, les femmes ont un niveau de scolarité supérieur et elles représentent au moins la moitié de toutes les personnes de toute catégorie donnée de niveau de scolarité (à l’exception de la catégorie « certificats ou des diplômes d’apprenti ou d’une école de métiers »). Une étude a permis de découvrir que les niveaux élevés de scolarité sont associés à un plus petit écart salarial entre les sexes 116. Une étude menée récemment en Ontario ainsi que d’autres ouvrages sur le sujet indiquent que le niveau de scolarité peut actuellement jouer un rôle mineur dans l’écart salarial entre les sexes; si les hommes et les femmes reçoivent le même avantage de salaire pour la scolarité, les femmes devraient gagner plus que les hommes en moyenne 117. Une étude récente menée en Ontario a conclu que l’écart salarial entre les sexes est le plus élevé pour les personnes qui n’ont pas terminé leurs études secondaires, suivies par celles qui ont terminé leurs études secondaires et collégiales, alors que l’écart salarial le moins grand était associé aux diplômés universitaires. Cependant, les auteurs ont observé une augmentation de l’écart salarial entre les sexes au haut de l’échelle de rémunération pour les personnes ayant effectué des études universitaires – ce qui suggère que les femmes se heurtent à une barrière invisible 118. L’écart salarial entre les sexes persiste à tous les niveaux de scolarité. Au-delà des niveaux de scolarité, les différences entre les sexes dans les principaux domaines d’étude peuvent jouer un rôle dans l’écart salarial entre les sexes. Les femmes sont regroupées dans le domaine « Santé et disciplines connexes », ainsi que dans les domaines « Commerce, gestion et administration des affaires », « Éducation, sciences sociales et comportement » et « Droit ». Elles sont sousreprésentées dans les domaines suivantes : « Architecture, génie et technologies connexes », « Mathématiques, informatique et sciences de l’information » et « Agriculture, ressources naturelles et conservation ». Au cours de la prochaine 115 Sara Charlesworth et Fiona Macdonald. « Australia’s gender pay equity legislation: how new, how different, what prospects? », Cambridge Journal of Economics, vol. 39, no 2, 2015, pp. 421 à 440. 116 Solomon W. Polachek et Jun Xiang. The Gender Pay Gap Across Countries: A Human Capital Approach, The Institute for the Study of Labor (IZA), 2014. 117 Schirle et Vickers. 118 Plesca, Antonie et Teng. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information décennie, les services professionnels et techniques, ainsi que les services de soins de santé devraient connaître une croissance. Les personnes auront besoin de compétences en mathématiques et en sciences pour se qualifier pour ces emplois 119. La scolarité et la formation ont un lien avec la productivité et pourraient aider les femmes, surtout celles qui sont victimes de discrimination intersectionnelle, à intégrer pleinement le marché du travail. Comme nous l’avons vu, ces facteurs s’entrecroisent et sont difficiles à séparer en catégories d’une manière significative. Il est utile d’examiner les questions présentées ci-dessus comme un tout pour tenter de comprendre ce qui cause l’écart salarial entre les sexes. La présente section ne représente pas une discussion exhaustive des facteurs associés à l’écart salarial entre les sexes. Par exemple, une étude indique que le faible taux d’activité pendant une vie, la concurrence économique, le taux marginal maximal d’imposition et un taux national de fertilité élevé sont associés à un important écart salarial entre les sexes 120. Une autre étude a conclu que l’écart salarial entre les sexes avait tendance à être plus élevé dans les pays présentant des inégalités salariales globales plus grandes, parce que les travailleuses sont plus susceptibles de se situer au bas des échelles de rémunération 121. La recherche se poursuivra dans des domaines comme la discrimination intersectionnelle, les jeunes, le leadership, la gouvernance, la représentation politique, la violence contre les femmes, l’accès à une convention collective, les politiques fiscales, la mesure et l’évaluation, ainsi que l’érosion de la qualification pour les professionnels formés à l’étranger. Il est également important d’examiner les régions éloignées, rurales et urbaines de l’Ontario. 119 Groupe d’étude sur la compétitivité, la productivité et les progrès économiques. 120 Polachek et Xiang. 121 Blau et Kahn. 51 52 Ministère du Travail Étude de cas : Les pays nordiques Les pays nordiques représentent une région géographique et culturelle de l’Europe du Nord et de l’Atlantique Nord. La région est formée de cinq pays : le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède. En raison de leurs petites économies, de leurs États-providence bien développés et de leurs marchés du travail organisés, ces pays ont donné lieu à ce qu’on appelle le « modèle nordique ». L’attention prêtée aux pays nordiques est la plupart du temps positive. Cependant, ce modèle est critiqué pour des secteurs publics démesurés et des niveaux d’imposition excessifs, de même que des marchés du travail rigides. Les pays nordiques obtiennent des résultats généralement bons en matière de croissance, d’emploi, d’égalité, de compétitivité et de qualité de vie 122, c’est pourquoi ils constituent un exemple que l’Ontario devrait étudier. Les pays nordiques occupent les cinq premiers rangs du Global Gender Gap Report 2014 du Forum économique mondial. Ce rapport utilise un certain nombre d’indicateurs. Donc, pour nous concentrer sur l’écart salarial entre les sexes, nous examinerons les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Comme aucune donnée n’est disponible pour l’Islande après 2011, nous utiliserons les données de 2011 afin d’établir certaines comparaisons générales. Utilisant les données relatives aux employés à plein temps, l’OCDE établit l’écart salarial entre les sexes selon la différence non rajustée entre le salaire médian des hommes et le salaire médian des femmes divisée par le salaire médian des hommes. L’écart salarial entre les sexes était de 7,8 % en Norvège, de 8,8 % au Danemark, de 14,1 % en Islande, de 15,9 % en Suède et de 18,6 % en Finlande. La Suède et la Finlande dépassent toutes deux la moyenne de l’OCDE de 15,3 %. La NouvelleZélande avait le plus faible écart, à 4,2 %, tandis que la Corée avait le plus élevé, à 36,6 %. L’écart au Canada était relativement élevé, à 19,2 % 123. Les données provinciales de l’Ontario ne sont évidemment pas séparées dans la mesure établie par l’OCDE pour le Canada, donc il est impossible d’établir une comparaison directe. Toutefois, à titre indicatif, nous pouvons utiliser des données similaires (bien que non équivalentes). En divisant la différence entre les salaires 122 Søren Kaj Andersen, Jon Erik Dølvik et Christian Lyhne Ibsen. The Nordic labour market models in open markets – challenges and perspectives. Fafo, 2014. 123 Organisation de coopération et de développement économiques. Extraits des statistiques, 2015. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information annuels de 2011 des hommes et des femmes travaillant à plein temps toute l’année par le salaire annuel médian des hommes travaillant à temps plein toute l’année, nous obtenons un écart salarial entre les sexes de 23,4 % 124. Les pays nordiques sont souvent caractérisés par leurs politiques favorables à la famille qui se révèlent efficaces pour favoriser l’emploi des femmes. On dit que les politiques travail-famille du Danemark comptent parmi les plus libérales de l’OCDE. Wiji Arulampalam, Alison L. Booth et Mark L. Bryan ont utilisé des indicateurs de l’indice de conciliation travail-famille de l’OCDE pour évaluer des politiques officielles en matière de garde d’enfants. Ils ont découvert que les politiques favorables à la famille ont un effet négatif sur l’écart salarial au haut de l’échelle de rémunération et un effet positif sur l’écart salarial au bas de l’échelle de rémunération. Cette conclusion était vraie pour le Danemark. Les femmes occupant les postes les moins bien rémunérés peuvent se sentir plus liées à une entreprise ayant des politiques favorables à la famille et ainsi être plus enclines à retourner au travail. De façon générale, les femmes au haut de l’échelle salariale peuvent faire face à un écart salarial important et à l’effet de plafond de verre parce qu’elles passent plus de temps en dehors du marché du travail 125. Les taux de syndicalisation sont particulièrement élevés dans les pays nordiques, et la syndicalisation est généralement synonyme d’un petit écart salarial entre les sexes. La Finlande a un taux de syndicalisation de 74 % et la Suède, de 70 %. Le Danemark suit avec un taux de 67 %, puis la Norvège, à 52 %. Les taux de syndicalisation sont si élevés en partie parce que les prestations de chômage et les autres prestations sociales sont normalement versées par l’intermédiaire du syndicat, bien que des changements récents au système suédois de prestations de chômage aient eu un effet sur l’affiliation syndicale. Toutefois, la forte densité syndicale dans les pays nordiques reflète également une approche selon laquelle l’affiliation syndicale fait naturellement partie de l’emploi 126, ce qui diffère des normes de l’Ontario. Le taux de syndicalisation des femmes des pays nordiques est supérieur à celui des hommes. Andersen fait remarquer que le taux élevé de syndicalisation est lié aux taux d’emploi élevés chez les femmes et au fait que les femmes travaillent souvent dans le secteur public, qui est bien organisé. Inversement, les parts 124 Statistique Canada. Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, tableau CANSIM 202-0101. 125 Wiji Arulampalam, Alison L. Booth, et Mark L. Bryan. « Is here a Glass Ceiling Over Europe? Exploring the Gender Pay Gap Across the Wage Distribution », Industrial and Labor Relations Review, vol. 60, no 2, 2007, pp. 163 à 186. 126 L. Fulton. Représentation des travailleurs en Europe. ETUI, 2013. 53 54 Ministère du Travail de l’emploi global des secteurs dans lesquels la syndicalisation des hommes est élevée – comme le secteur manufacturier – sont en baisse, ce qui mène à une chute des taux de syndicalisation. La Suède fait exception, la participation syndicale des femmes ayant diminué sans arrêt de 1995 à 2008, pour une diminution totale de neuf points de pourcentage. Mais la baisse est encore plus marquée chez les hommes suédois, soit de 15 points de pourcentage 127. La Suède a un modèle législatif qui cherche à corriger les pratiques salariales discriminatoires, ce qui peut contribuer à un écart salarial moindre entre les sexes. Ce modèle exige que des partenaires sociaux locaux élaborent et mettent en œuvre conjointement des plans d’équité salariale adaptés aux besoins de chaque entreprise. La législation oblige également les employeurs à mener une enquête annuelle sur la rémunération afin d’analyser les politiques et les pratiques salariales, même lorsqu’aucun écart salarial n’a été cerné pour l’année précédente. En vertu de ce modèle législatif, la responsabilité ultime de l’élimination des écarts salariaux entre les hommes et les femmes incombe aux employeurs et aux syndicats 128. L’ombudsman de l’égalité d’accès à l’emploi mène des enquêtes en vue d’évaluer les effets de la législation, mais éprouve des difficultés fréquentes à recueillir des données continues et fiables. Une enquête de 2004-2005 touchant 50 organisations a montré que 24 d’entre elles nécessitaient des rajustements salariaux, ce qui indique une non-conformité et justifie le besoin de soutien et de suivi par des organismes spécialisés 129. Il est intéressant d’examiner les similitudes et les différences entre l’Ontario et les pays nordiques et de considérer si des leçons peuvent être tirées. 127 Andersen et. coll. 128 Marie-Therese Chicha. Analyse comparative de la mise en œuvre du droit à l’égalité de rémunération: modèles et impacts. Bureau international du Travail, Genève, 2006. 129Chicha. Combler l’écart salarial entre les sexes : Document d’information Conclusion Combler l’écart salarial entre les hommes et les femmes profiterait à l’économie de l’Ontario et à la société dans l’ensemble. L’écart salarial entre les sexes est une question d’équité. Cet écart pourrait aussi nuire à la compétitivité des entreprises ontariennes et au potentiel de croissance économique de la province. Savoir comment progresser vers l’élimination de l’écart salarial et améliorer la situation des femmes au travail constitue une question complexe. Pour y arriver, le gouvernement, les entreprises, les travailleurs, les autres organisations et les dirigeants individuels devront collaborer. En gros, il faut envisager des mesures qui ont une incidence sur les femmes au travail et sur les familles, ainsi que des mesures modifiant les normes et les comportements sociaux. 55 56 Ministère du Travail Bibliographie ACKER, Joan. Inequality Regimes: Gender, Class, and Race in Organizations, 2006. ANASTASOPOULOS, Vanessa, David A. H. BROWN et Debra L. BROWN. Women on Boards: Not Just the Right Thing ... But the ‘Bright’ Thing, Le Conference Board du Canada, 2002. ANDERSEN, Søren Kaj, Jon Erik DØLVIK et Christian Lyhne IBSEN. The Nordic labour market models in open markets – challenges and perspectives, Fafo, 2014. ARULAMPALAM, Wiji, Alison L. BOOTH et Mark L. 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