Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la
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Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la
INONDATION DE LA LOIRE : INFLUENCE DE LA FONCTION RÉSIDENTIELLE SUR LA VULNÉRABILITÉ URBAINE Ecole Polytechnique de l’Université de Tours Département Aménagement Septembre 2005 ANGUIS Charlène BERTRAND Sandra JOLIVET Delphine MIRAT Damien Magistère 2ème année Stage de groupe Maître de stage : M. AUGER Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 2 REMERCIEMENTS Tout d’abord, nous tenons à remercier très chaleureusement M. VALETTE, responsable Prévention des inondations du Pôle Secrétariat Plan Loire du Service de Bassin Loire-Bretagne (Direction Régionale de L’Environnement Centre), de nous avoir accordé ce stage, et de nous avoir guidés pendant ces trois mois. Nous remercions également M. AUGER, Enseignement-Chercheur au Département Aménagement de l’Ecole Polytechnique de Tours (CESA) et tuteur de ce stage. Par ailleurs, nous souhaitons adresser nos remerciements au personnel de la Direction Régionale de L’Environnement (DIREN) et à l’Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, sans qui ce travail n’aurait pas pu voir le jour, plus particulièrement à: M. BRAUD, Pôle Maîtrise d’Ouvrage Générale Plan Loire du Service de Bassin LoireBretagne (DIREN) M. CAMP’HUIS, Directeur de l’Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature M. DELAHAYE, Chef du Service Hydrologie Prévision des Crues (DIREN) Mme DEVAUX-ROS, Responsable des approches socio-économiques du risque d’inondation au sein de l’Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature M. FORNER, Responsable de la Cellule Programmation Suivi Coordination du Pôle Secrétariat Plan Loire du Service de Bassin Loire-Bretagne (DIREN) M. GUILLOU, Pôle Maîtrise d’Ouvrage Générale Plan Loire du Service de Bassin LoireBretagne (DIREN) Melle LENGAIGNE, Membre de l’Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature M. MAURIN, Responsable du Pôle Maîtrise d’Ouvrage Générale Plan Loire du Service de Bassin Loire-Bretagne (DIREN) M. PASQUET, Pôle Maîtrise d’Ouvrage Générale Plan Loire du Service de Bassin LoireBretagne (DIREN) De même, nous remercions beaucoup les habitants et les commerçants de La Villeaux-Dames, mais aussi et surtout l’ensemble du personnel municipal pour son accueil chaleureux et son aide précieuse tout au long de ces trois mois, dont : Melle BOUCHAT, Adjointe administrative, Service Urbanisme Melle DESCHAMPS, Agent administratif, Secrétariat Général M. LAUTREY, Directeur des Services Techniques M. LIMAS, Directeur Général des Services Mme MASSON, Maire-adjointe chargée de la qualité de vie et de l'environnement Melle PIOT et Mme DAUMAS, Agents administratifs à l’accueil Nous exprimons également un grand merci à Mme BEAUFILS, Sénateur- Maire de la ville de Saint-Pierre-des-Corps pour l’intérêt qu’elle a porté à notre projet et le temps qu’elle nous a consacré. Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Enfin, nous avons une pensée sincère pour toutes les personnes qui nous ont été d’une grande aide pour la réalisation de cette étude, par leurs conseils et leur disponibilité : M. ANDRIEU, Maison des Sciences de l’Homme de l’Université François Rabelais de Tours Melle AUROUX, Responsable du Service Finances de la Communauté de Communes de l’Est Tourangeau (CCET) Mme BLONDEL, Directrice du Service Finances de la Communauté d’Agglomération Tour(s)plus M. BOTTA, Responsable de l’Unité des Affaires Juridiques de la DDE 37 M. BOIDIN, Responsable du Service Protection Civile de la Préfecture d’Indre-et-Loire M. BOTTE, Enseignant-Chercheur au Département Aménagement de l’Ecole Polytechnique de Tours (CESA) M. BOUTET, Directeur des Etudes et Enseignant-Chercheur au Département Aménagement de l’Ecole Polytechnique de Tours (CESA) M. CHARRIER, Responsable de l’Unité Environnement et Prévention des Risques du Service Urbanisme et Environnement de la DDE 37 Mme CHENESSEAU, Communauté d’Agglomération d’Orléans M. DALLET, Médecin Généraliste exerçant à La Ville-aux-Dames M. DECROS, Responsable du Service Qualité Electricité, EDF M. DESHAIES, Pilote de l’Emploi à l’Unité Régionale Réseau Centre Val de Loire, France Télécom Mme Di PIETRO, Enseignant-Chercheur au Département Aménagement de l’Ecole Polytechnique de Tours (CESA) M. GALVEZ, Direction de l’Environnement, Mairie d’Orléans M. GOMEZ, Responsable d’Exploitation à la Générale des Eaux, secteurs de Saint-Pierredes-Corps et de La Ville-aux-Dames Mme LARRUE, Enseignant-Chercheur au Département Aménagement de l’Ecole Polytechnique de Tours (CESA) Mme PECQUET, Chargée de mission Habitat, Communauté d’Agglomération d’Orléans Mme RATSIMBAZAFY, Responsable du Service Urbanisme de la Mairie de Tours Mme RIVIERE, Responsable du Service Urbanisme de la Mairie de Saint-Pierre-des-Corps Mme ROBIN, Secrétaire du Service Stages du CESA Mme RUPIN, Maison des Sciences de l’Homme de l’Université François Rabelais de Tours Mme SATTHETTI, Secrétaire de l’IUP Ingénierie des Milieux Aquatiques et Corridors Fluviaux (IMACOF) Mme SOULIGNAC, Responsable des stations d’épuration au Service Assainissement de la Communauté d’Agglomération Tour(s)plus M. TOUPIN, Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Tourangelle M. VIROS, Médecin Généraliste exerçant à La Ville-aux-Dames 2 SOMMAIRE Remerciements..................................................................................................................................................................................... p.1 Sommaire .................................................................................................................................................................................................. p.3 Glossaire .................................................................................................................................................................................................... p.5 Introduction générale .................................................................................................................................................................... p.7 PARTIE I : INTRODUCTION AUX INONDATIONS I. - CONTEXTE PRÉCIS DE L’ÉTUDE : LES VILLES LIGÉRIENNES FACE AUX INONDATIONS .............................................................................................................................................................................. p.10 A. B. C. D. LES CONCEPTS FONDAMENTAUX LIÉS AU RISQUE ..................................... p.10 LA FONCTION RÉSIDENTIELLE SUR UN TERRITOIRE ................................. p.13 HISTORIQUE DES CRUES DE LA LOIRE ........................................................................ p.17 LA CONNAISSANCE DU RISQUE INONDATION ET LA POLITIQUE DE PREVENTION ............................................................................................................................................... p.19 II. - LA CRISE ET LA POST - CRISE : LA GESTION DE LA FONCTION RESIDENTIELLE EN TEMPS DE CRISE .......................................................................................................... p.28 A. B. C. D. E. DEFINITION D’UNE CRISE ET DE SA GESTION ..................................................... p.28 LES DIFFERENTES PHASES DE LA GESTION D’UNE CRISE.................... p.28 TABLEAU DES PRINCIPAUX ACTEURS CONCERNES ET DES OUTILS EXISTANTS .................................................................................................................................................... p.30 FICHES MISSIONS DES ACTEURS......................................................................................... p.36 LES OUTILS ET LES MOYENS EXISTANTS ................................................................. p.41 Conclusion de la Partie 1 : Introduction aux inondations ...................................................... p.51 PARTIE II : DÉFINITION DES ENJEUX ET DE LA VULNERABILITE I. - IDENTIFICATION ET DÉFINITION DES ENJEUX LIES A LA FONCTION RESIDENTIELLE EN ZONE INONDABLE ET DE LA VULNERABILITE APPORTEE A LA COMMUNE ...................................................................................................................................... p.53 A. B. IDENTIFICATION ET DÉFINITION DES ENJEUX ................................................... p.53 DÉFINITION DES INDICATEURS DE VULNÉRABILITÉ ................................. p.62 Se rapporter au dossier Définition des enjeux et de la vulnérabilité II. - DÉFINITION DE LA VULNERABILITE DU TERRAIN D’ETUDE : LA VILLEAUX-DAMES..................................................................................................................................................................................... p.62 A. B. C. D. CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE DE LA VILLE-AUX-DAMES ........................ p.62 DONNEES DEMOGRAPHIQUES GENERALES........................................................... p.63 DONNEES SOCIO-ECONOMIQUES ....................................................................................... p.64 TABLEAUX DE LA VULNÉRABILITÉ DE LA VILLE-AUX-DAMES ... p.66 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 PARTIE III : SCÉNARIO Préambule ............................................................................................................................................................................................. p.84 I. - PHASE D’ÉVACUATION ........................................................................................................................................... p.86 A- DE L’ANNONCE DE LA CRUE A LA DECISION PREFECTORALE D’ÉVACUATION ....................................................................................................................................... p.86 BPRÉPARATION A L’ÉVACUATION ....................................................................................... p.92 CEXPIRATION DU DÉLAI D’EVACUATION : LE DÉPART DES HABITANTS ................................................................................................................................................ p.100 Synthèse de la phase d’évacuation ............................................................................................................................... p.108 II. - L’INONDATION ............................................................................................................................................................. p.110 A- MONTLOUIS-SUR-LOIRE, LA VILLE-AUX-DAMES, SAINT-PIERREDES-CORPS SOUS LES EAUX .................................................................................................. p.110 BLA SITUATION SUR LE TERRAIN ...................................................................................... p.112 CLA BAISSE DES EAUX..................................................................................................................... p.117 DLES PREMIERS TRAVAUX DE REMISE EN ÉTAT ............................................ p.120 Synthèse de la phase d’inondation ............................................................................................................................... p.124 III. - LE RETOUR DE CRISE........................................................................................................................................ p.125 AUN RETOUR ECHELONNE .......................................................................................................... p.125 BUN CONSTAT EDIFIANT ............................................................................................................... p.128 CRÉPARATIONS ET RECONSTRUCTIONS .................................................................... p.133 Synthèse de la phase de retour ........................................................................................................................................ p.138 PARTIE IV : STRATEGIE Se rapporter au dossier Elaboration d’une stratégie de réduction de la vulnérabilité Conclusion .......................................................................................................................................................................................... p.141 Bibliographie ................................................................................................................................................................................... p.143 Table des matières ...................................................................................................................................................................... p.146 Annexes .......................................................................................................................................................................... (dossier à part) 4 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 GLOSSAIRE AUAT BD BT CAO CARIP CCET CGCT CHRU CODIS COS DCS DDAF DDASS DDE DDRM DGF DICRIM DIREN DOS DRAC DRIRE EMA EMIAZD EPALA EPHP EPL EPRP HLM HT INSEE MNT Laser MSH MT PCA PCC PCF PCO PFMS PHEC PIG PSC Plan ORSEC PLU PMV POS PPI PPRi Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Tourangelle Base de Données Basse Tension Communauté d’Agglomération d’Orléans Cellule d’Analyse des Risques et d’Information Préventive Communauté de Communes de l’Est Tourangeau Code Général des Collectivités Territoriales Centre Hospitalier Régional et Universitaire Centres Opérationnels Départementaux d’Incendie et de Secours Commandant des Opérations de Secours Dossier Communal Synthétique Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt Direction Départementale des Affaire Sanitaires et Sociales Direction Départementale de l’Equipement Dossier Départemental des Risques Majeurs Dotation Globale de Fonctionnement Document d’Information Communal sur le Risques Majeurs Direction Régionale de L’Environnement Directeur des Opérations de Secours Direction Régionale des Affaires Culturelles Direction Régionale, de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement Ensemble Mobile d’Alerte Etat Major Interarmées de Zone de Défense Etablissement Public d’Aménagement de la Loire et ses Affluents Etablissements Publics Hébergeant du Public Etablissement Public de la Loire Etablissements Publics Recevant du Public Habitation à Loyer Modéré Haute Tension Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques Modèle Numérique de Terrain Laser Maison des Sciences de l’Homme Moyenne Tension Plan Communal d’Actions Poste Communal de Commandement Poste de Commandement Fixe Poste de Commandement Opérationnel Plan Familial de Mise en Sûreté Plus Hautes Eaux Connues Projet d’Intérêt Général Plan de Secours Communal Plan d’ORganisation des SECours Plan Local d’Urbanisme Panneau à Message Variable Plan d’Occupation des Sols Plan Particuliers d’Intervention Plan de Prévention des Risques – inondations 5 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 PSSI RTE SAC SAMU SDAGE SDIS SIDPC SIG SMUR SPC THT UMP URRCVL VSAB ZAC Plan de Secours Spécialisé Inondations Réseau de Transport Electrique Service d’Annonce des Crues (DIREN) Service d’Aide Médicale d’Urgence Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux du Bassin LoireBretagne Service Départemental d’Incendie et de Secours Service Interministériel de Défense et de Protection Civile Système d’Information Géographique Service mobile d'urgence et de réanimation Service de Prévision des crues (DIREN, ex-SAC) Très Haute Tension Unités Mobiles de Potabilisation Unité Régionale Réseau Centre Val de Loire, France Télécom Véhicule de Secours aux Asphyxiés et aux Blessés Zone d’Aménagement Concerté 6 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 INTRODUCTION GENERALE Le risque d’inondation est le risque naturel le plus répandu et le plus fréquent en France. Ainsi, il n’est pas étonnant que les crues, lorsqu’elles entraînent des inondations et des dommages, tant aux personnes qu’aux biens, alimentent périodiquement la chronique. On se rappelle des inondations récentes très médiatisées suite aux crues du Gard, de la Somme ou encore du Rhône à Arles. Le Bassin de la Loire Moyenne n’échappe pas non plus à la réalité des crues et des inondations, même si le siècle précédent a été exceptionnel par la quasi-absence d’inondations de forte ampleur. Les levées qui protègent certaines zones inondables (comme dans le Val de Tours par exemple) ont donné peu à peu aux habitants l’illusion d’être en sécurité face aux inondations. Pourtant, il est certain que des inondations, telles qu’elles se sont présentées aux cours des siècles précédents, se reproduiront dans l’avenir. Or, si ce phénomène naturel survenait aujourd’hui, il aurait un caractère plus que catastrophique au regard des crues de 1856 ou de 1866. La vallée de la Loire est, en effet, un espace fortement urbanisé, où l’habitat et les zones d’activités se sont considérablement développés dans les zones inondables. Ainsi, dans un espace restreint, des enjeux importants sont regroupés. Conscient, d’une part, du danger que représente le risque inondation sur le Bassin de la Loire Moyenne et d’autre part, de la faible conscience du risque des personnes y vivant, l’Etat a mis en place un programme visant à concilier le développement économique et la mise en valeur de l’environnement. Pour la période 2000-2006, les Contrats de Plan Etat-Région du « Plan Loire Grandeur Nature », affichent trois objectifs principaux : la sécurisation des populations face au risque d’inondation, la satisfaction des besoins quantitatifs et qualitatifs en eau, et la restauration du patrimoine. Dans le cadre du premier objectif, l’Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature s’est vu confier la mission d’expertise technique et de conseil aux maîtres d’œuvre pour l’ensemble du Bassin. Son travail a consisté jusqu’à maintenant à analyser les enjeux et la vulnérabilité de l’agriculture et des entreprises, dont les activités seront particulièrement touchées par une inondation. Or, on se rend compte à présent que les conséquences d’une inondation sur un territoire varieront aussi considérablement en fonction des réactions de l’habitant, lui-même acteur et consommateur de l’espace urbain. L’habitat résidentiel a effectivement une influence, par son usage et sa nature, sur cette vulnérabilité urbaine. De plus, par la gestion qu’il a de son territoire, le maire influence lui aussi fortement les effets qu’une inondation provoquera. Le stage proposé par l’Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire, animé principalement par M. VALETTE de la Direction Régionale de l’Environnement de la Région Centre, s’inscrit donc dans la continuité du travail de cette Equipe. Il s’agit d’un stage de méthodologie qui, à partir de l’étude d’un territoire, a pour but de proposer une méthode d’analyse de la vulnérabilité urbaine face au risque inondation, au regard de la fonction habitat. L’objectif final revient à élaborer une stratégie communale de réduction de cette vulnérabilité. 7 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Tout d’abord, il est intéressant d’exposer les données générales sur les risques d’inondation particuliers au Bassin de la Loire Moyenne. En effet, pour appréhender actuellement ce risque en France, il est nécessaire de comprendre ce qui s’est produit dans le passé, les politiques de gestion de la Loire qui sont actuellement en vigueur, mais aussi les moyens et les procédures permettant d’anticiper et de gérer une telle crise. Pour cela, nous avons d’une part, procédé à un travail de terrain nous permettant de rencontrer les nombreux acteurs du territoire. D’autre part, il a été nécessaire de consulter les rapports d’études déjà réalisées sur le risque inondation, les rapports d’expérience produits à la suite d’inondations récentes, les ouvrages et documents cartographiques consacrés au risque inondation. Ensuite ont été déterminés les éléments qui, sur un territoire, participent à l’augmentation de la vulnérabilité d’une commune et de ses habitants. Un tableau synthétique identifie et définit les enjeux implantés en zone inondable (éléments physiques) liés à la fonction résidentielle. Cette synthèse expose également les critères qui ont une influence sur la vulnérabilité urbaine. Cette seconde partie a été réalisée, là encore, par une étude à la fois théorique et pratique, le travail de terrain permettant de valider ou d’infirmer les enjeux définis théoriquement. La commune de La Ville-aux-Dames a été choisie comme terrain d’étude ; tout le territoire de cette commune ligérienne du Val de Tours, en Indre-et-Loire (37), est situé en zone inondable dans le lit majeur de la Loire. Dans une troisième partie, l’étude a eu pour objectif de mesurer les conséquences qu’une inondation aurait probablement sur un territoire actuellement. Pour cela, nous proposons le scénario d’une crue cinq-centennale provoquant une rupture de digue à Conneuil, inondant La Ville-aux-Dames et une partie du Val de Tours. Ce scénario est construit en trois parties, chacune reprenant une phase clef de la crise (l’évacuation, l’inondation et le retour) où les conséquences participent à augmenter ou réduire la vulnérabilité de la commune. Enfin, l’élaboration d’une stratégie communale destinée à réduire la vulnérabilité urbaine, est proposée pour remédier aux difficultés rencontrées durant toute la crise, et en améliorer la gestion. Les objectifs principaux de cette stratégie sont tout d’abord, de veiller à la sécurité des personnes, puis, de réduire les dommages aux biens utiles et non remplaçables, et enfin, de permettre le retour à la normale de la vie quotidienne, le plus rapidement possible, après l’inondation. Grâce aux outils qui leur sont associés, les axes d’action de cette stratégie sont présentés en vue de sa mise en œuvre sur le terrain par les élus, les services municipaux et d’autres acteurs du territoire. 8 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Partie I Introduction aux inondations 9 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 I. CONTEXTE PRÉCIS DE L’ÉTUDE : LES VILLES LIGÉRIENNES FACE AUX INONDATIONS A. LES CONCEPTS FONDAMENTAUX LIÉS AU RISQUE Il s’agit tout d’abord d’analyser les notions liées au risque. 1- L’aléa L’aléa est un phénomène physique, naturel, variable et imprévisible se produisant sur un territoire. Il dépend des caractéristiques suivantes : la récurrence (crue décennale, trentennale, cinquantennale, cinq-centennale, etc.) ; l’intensité (dans le cas de l’aléa hydraulique : hauteur et vitesse de l’eau, progression de l’érosion) ; le comportement du système de protection (résistance des levées) ; l’extension spatiale, c’est-à-dire l’ampleur et l’étendue de l’aléa constaté ; la durée ; la capacité d’endommagement du phénomène naturel. 2- Les enjeux Les enjeux sont les éléments physiques présents sur un territoire et placés sous la menace de l’aléa. Ils sont susceptibles de subir des dommages et des préjudices lorsque l’aléa se produit. Différents types d’enjeux sont présents sur un territoire : les enjeux structurels (le bâti, les infrastructures de transport et de services, etc.) ; les enjeux sociaux (importance et répartition de la population, etc.) ; les enjeux économiques (nature des biens et des activités, potentiel de développement du territoire, etc.) ; les enjeux environnementaux (intérêt du patrimoine naturel, paysager et architectural, etc.). 3- La vulnérabilité La vulnérabilité mesure « les conséquences dommageables de l’événement sur les enjeux concernés »1. Elle représente le niveau de conséquences prévisibles d’un aléa sur les enjeux. En d’autres termes, elle correspond au degré de sensibilité d’un territoire à un aléa donné. 1 Dictionnaire de l’environnement, 1991 10 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 La vulnérabilité est liée exclusivement à l’occupation du sol et à sa tolérance (ou non) à l’aléa. Par ailleurs, nous pouvons distinguer : la vulnérabilité physique (bâti et matériaux exposés) ; la vulnérabilité socio-économique (population et biens exposés) : sociodémographique ou structurelle ; socioculturelle ou cognitive et perceptive ; fonctionnelle ou technique ; politico-administrative. Ainsi, connaître la vulnérabilité d’un territoire revient à connaître les conséquences sur ce territoire de chaque occurrence de l’aléa. La réduction de la vulnérabilité implique la diminution des enjeux exposés. Elle inclut aussi un autre objectif, celui d’empêcher l’exposition de biens futurs au risque. Elle est aussi appelée mitigation, qui signifie atténuation et exprime le point de vue consistant à préparer les personnes concernées à vivre une crise, en mettant en œuvre des mesures qui la rendront supportable. Ainsi, elle se traduit par l’application de procédures destinées à réduire les dommages associés au risque naturel et à faciliter un retour à la normale le plus rapide possible après la crise. Elle diffère de la logique de réduction de l’aléa qui comporte une stratégie d’aménagement et de gestion orientée vers les dispositifs de protection (renforcement des ouvrages de protection contre les crues, restauration et entretien du lit des cours d’eau, mise en place des ouvrages écrêteurs de crues2). 4- Le risque Le risque correspond à la perception d’un danger possible, plus ou moins prévisible par un groupe social ou un individu qui y est exposé. Il est le résultat du croisement de l’aléa avec la vulnérabilité des enjeux. En effet, pour qu’il y ait risque, il ne suffit pas que l’aléa se produise mais il faut aussi que le territoire environnant soit occupé par un usage vulnérable. A aléa égal, plus l’enjeu est fort, plus le risque est fort. En outre, si l’aléa augmente et que l’enjeu est le même, le risque augmente. Le « risque zéro » est un objectif inaccessible et il convient donc d’estimer au mieux le risque résiduel que l’on admet et qui est socialement acceptable. 2 Pour plus de précisions concernant la réduction de l’aléa, se reporter à la partie concernant « la notion de protection » p.19 11 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 5- Les dommages Les dommages correspondent aux conséquences de l’aléa sur les enjeux. Ils sont plus exactement la quantification en terme financier de la vulnérabilité de ces enjeux. Ces dommages sont à la fois directs et indirects. Les dommages directs sont quantifiables en terme de degré d’endommagement (biens, personnes, infrastructures, agriculture, élevage, etc.). En revanche, les dommages indirects sont difficilement quantifiables mais créent néanmoins des dysfonctionnements au sein du territoire (coupures de réseaux et de routes, par exemple, etc.). ALEA NATUREL ENJEUX Caractéristiques physiques : Fréquence Intensité Durée Eléments exposés : Personnes, biens, équipements, etc. Contexte socio-économique VULNERABILITE RISQUE Sensibilité des enjeux à l’aléa Aspects économiques, sociaux, organisationnels. Intensité du risque DOMMAGES Quantification en terme monétaire de la vulnérabilité des enjeux Schéma des concepts liés au risque Après avoir analysé l’ensemble des concepts liés au risque, il s’agit désormais de définir la fonction résidentielle sur un territoire dans la mesure où cette fonction sera concernée par l’inondation si elle venait à se produire. De plus, cette définition sert de base à toute l’étude sur la vulnérabilité et les enjeux (présente dans la deuxième partie de ce présent rapport3). 3 Voir Partie 2 : Définition des enjeux et de la vulnérabilité, p.52 12 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 B. LA FONCTION RÉSIDENTIELLE SUR UN TERRITOIRE Le territoire résulte de l’appropriation par un groupe humain d’un espace donné4. De cette appropriation collective d’une portion terrestre découle différents modes d’occupation de cet espace pour des fonctions variées. Ainsi, la société utilise le territoire pour des objectifs bien précis, essentiellement pour vivre et se perpétuer. Le fonctionnement de la société possède donc des modalités territoriales. Il se traduit par l’impression de formes et de structures sur l’espace approprié (paysages, répartition des hommes sur ce territoire, système urbain, etc.)5. Définition d’un territoire Le territoire est une réalité « multidimensionnelle », un espace « vécu », « social » conjuguant plusieurs dimensions, s’insérant dans un système spatial, faisant intervenir une multitude d’échelles interdépendantes. Il est d’abord une réalité concrète et matérielle, c’est-à-dire une portion d’espace terrestre plus ou moins bien délimitée, possédant des caractéristiques physiques. Il est approprié, en outre, par des groupes humains. Cette appropriation s’inscrit, avant tout, dans le temps, mais elle suppose aussi l’élaboration d’une connaissance et donc l’acquisition d’une expérience. Ainsi, le territoire est une réalité construite, un édifice conceptuel où se jouent les différentes stratégies et intentions des acteurs. Il est un espace sur et dans lequel on agit. Enfin, le territoire est porteur d’identité. Il s’inclut dans des représentations individuelles mais aussi dans des représentations collectives, sociales et culturelles. Certaines matérialités du territoire comportent de fortes valeurs symboliques : elles constituent des « lieux de mémoire » importants pour l’habitant. Ainsi, parmi les différentes fonctions qu’assurent normalement un territoire, il en est une qui est d’une importance capitale : la fonction résidentielle. En effet, tout établissement humain suppose d’abord l’accomplissement de cette fonction, la satisfaction du besoin de s’abriter et de se loger. Liée à l’habitat, c’est-à-dire à la sphère privée qui englobe le logement et son environnement immédiat, cette fonction est au centre de la vie de l’habitant : elle est en effet le lieu où ce dernier satisfait nombre de ses besoins vitaux, à savoir se nourrir, boire, dormir, être en bonne santé et éliminer tous ses déchets. Cette fonction est aussi interdépendante des autres fonctions présentes sur un territoire (travailler, se déplacer, se protéger, s'informer, s'éduquer, se divertir). Il s’agit maintenant d’évaluer le rapport qui existe entre cette fonction résidentielle et les composantes d’un territoire, révélant un système d’interdépendances à l’œuvre au sein même du processus de territorialisation. 1. Fonction résidentielle et « cadre » naturel L’implantation résidentielle se détermine nécessairement en fonction d’un environnement ou d’un cadre préexistant. Ainsi, les caractères essentiels de l’espace naturel, support de cet établissement humain, peuvent à la fois constituer des atouts mais aussi des inconvénients assez forts. 4 5 Se référer ci-dessus à la définition d’un territoire pour plus de précisions Qu’est-ce que la géographie ? Jacques Scheibling, Carré Géographie, Hachette Supérieur 1998, p.142 13 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Le degré de « confort » de ce milieu naturel a pu influencer son occupation sous diverses formes (exploitation des atouts, adaptation aux contraintes, etc.). L’originalité de cet espace naturel conditionne nécessairement la fonction résidentielle. Elle se manifeste par l’influence du relief, de l’hydrographie, de la végétation sur l’occupation humaine. Par exemple, les vallées ont souvent été les axes privilégiés d’humanisation (largeur et altitude du fond, facilité des liaisons, facilité de l’implantation humaine). Le réseau hydrographique, quant à lui, a une situation ambiguë : il représente à la fois un risque naturel (crues) et des potentialités à exploiter (conditions favorables à l’agriculture, à la circulation, à l’industrie et à l’implantation humaine). 2. Fonction résidentielle et population Les fonctions d’un territoire, et, a fortiori, la fonction résidentielle, n’ont de sens que parce qu’elles sont utilisées par la population résidant sur cet espace. Ainsi, l’habitant, pour satisfaire ses besoins dans la vie quotidienne, met en liaison un ensemble de fonctions. Il est au centre de ce système d’interdépendances. Il faut même envisager l’idée que le logement ou l’habitat, dans un sens plus général, est aussi en plein cœur de ce système d’interrelations, puisque le logement constitue presque un prolongement de la personne, un repère participant au cadre de vie de l’habitant. A plusieurs titres, la population est un agent de son espace car elle utilise, organise et transforme le territoire. Cependant, deux types d’acteurs sont à distinguer. Le premier est l’habitant qui agit sur son territoire parce qu’il y vit. L’appropriation qui en est faite est personnelle. Le second type d’acteur est celui qui s’occupe de la gestion du territoire, qui participe à l’organisation spatiale de celui-ci. Ce dernier type d’acteurs est lié à certaines formes d’organisation du pouvoir. Il se retrouve ainsi dans le maillage administratif qui se met en place sur un territoire. Ainsi, ce dernier type d’acteur peut attribuer, par l’intermédiaire de documents d’urbanisme, des vocations à certaines portions du territoire, autoriser les constructions et donc confirmer la fonction résidentielle de certains espaces par rapport à d’autres. Ainsi, un territoire ne peut proprement exister que grâce aux intentionnalités d’acteurs qui s’y déroulent. 3. Fonction résidentielle et réseaux La fonction résidentielle est étroitement dépendante des réseaux. Ces derniers permettent d’assurer le lien nécessaire et indispensable entre les différentes fonctions présentes sur un territoire (les fonctions vitales mais aussi les fonctions « habiter », « travailler », « communiquer », etc.). La typologie suivante présente les différents types de réseaux rencontrés habituellement sur un territoire6 : 6 Commenter la carte topographique aux examens et concours, Jacky TIFFOU, Géographie U, Armand Colin, 2000, pp.79 à 81 14 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Structure spatiale Inscription spatiale - Rapport des axes de circulation à l’espace - Deux critères : la densité et la configuration du réseau Structures spatiales linéaires Réseaux de communication (routes, voies ferrées, etc.) A petite échelle : Réseaux de télécommunications (lignes téléphoniques, etc.) Réseaux d’énergie (lignes électriques, oléoducs, gazoducs, etc.) le faisceau de relations : juxtaposition de divers types de réseaux organisés vers une même direction (souvent dans les vallées et les couloirs naturels). la structure rayonnante : disposition étoilée d’un nombre variable d’axes de circulations, le plus souvent routiers et ferroviaires. Réseau d’élimination des déchets A grande échelle : Réseau d’adduction d’eau potable Réseau d’assainissement (égouts, etc.) Les dispositifs précédents ne sont pas absents de ce niveau d’analyse, mais certaines formes spatiales revêtent un grand intérêt : Structures spatiales ponctuelles autour des grandes ou moyennes agglomérations : rocades, voies rapides, anneaux concentriques, etc. plurifonctionnalité des réseaux : imbrication des échelles, systèmes élémentaires reliés à des axes plus importants. Infrastructures et ouvrages d’art (ponts, tunnels, ports, aéroports, gares, etc.) Elles sont en étroite relation avec les structures spatiales linéaires. Nœuds de communication Elles peuvent être le lieu d’interconnexions et de l’intermodalité. Elles ont une disposition nodale. De plus, les réseaux, supports des transports, qu’ils soient liés à la circulation des hommes et des biens ou de l’énergie et des matières premières, participent à l’organisation et à la construction territoriale. Ils assurent les liaisons internes au territoire mais ils relient aussi celui-ci aux espaces qui l’entourent. La question des échelles (importance locale, régionale, nationale, internationale) d’un réseau est donc déterminante pour la vie d’un territoire car elle implique tout un système d’interrelations dans lequel la fonction résidentielle trouve sa place. Cependant, les inscriptions spatiales de ces réseaux permettent de caractériser une région de circulation. L’importance de la région se détermine alors par le nombre et la variété de ces réseaux et par le nombre et l’importance des régions mises en relation. 15 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 4. Fonction résidentielle et occupation du sol L’occupation du sol est dépendante de la vocation qui est attribuée à chaque espace. Ainsi, une distinction (assez schématique) entre des espaces aux vocations différentes s’établit : les espaces résidentiels qu’ils soient ruraux, urbains ou périurbains ; les espaces productifs qu’ils soient agricoles, industriels ou commerciaux ; les espaces protégés (Parcs Naturels Régionaux, réserves naturelles, etc.). Cette distinction met l’accent sur les types d’activités humaines qui se déploient sur le territoire et permet de visualiser des types d’interdépendances entre espaces fonctionnels. Les espaces orientés vers la fonction résidentielle sont nécessairement liés aux autres types d’espaces, cette liaison étant assurée par l’habitant grâce aux réseaux. Cependant, il existe des combinaisons entre les différentes fonctions d’un territoire, montrant l’étroite imbrication qui peut exister entre celles-ci. L’exemple le plus flagrant est celui du bassin industriel, souvent né de l’exploitation des ressources du sous-sol : il constitue un véritable système où l’industrie s’inscrit comme élément structurant d’une combinaison paysagère complexe imbriquant zones de production, d’habitat et de circulation. D’autres espaces, au contraire, peuvent n’être dévolus qu’à une seule fonction. Ainsi, aux marges urbaines des agglomérations, une extension anarchique des pavillons constitue un cas où les espaces sont tournés vers une fonction uniquement résidentielle. Les migrations domicile-travail sur ces types d’espace y sont d’ailleurs importantes, favorisées par la dissociation des lieux de résidence et de travail qui constitue une tendance forte de l’évolution du mode de vie. De plus, le tissu constitué par l’habitat peut avoir des inscriptions spatiales qui diffèrent d’un modèle à l’autre. S’il existe tout d’abord différentes formes d’habitat (habitat ancien, individuel ou collectif), ces formes d’habitat peuvent se répartir de façon spécifique sur un territoire (groupement ou dispersion de l’habitat). Il importe maintenant de décrire plus précisément le contexte dans lequel s’inscrit l’étude de l’influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité d’une commune ligérienne face au risque inondation. Ce contexte s’inscrit tout d’abord dans un historique des crues de la Loire, bien particulières, et qui diffèrent considérablement de celles pouvant survenir ailleurs. Il s’agit de montrer que la survenue d’une crue en Loire moyenne n’est pas du domaine de l’impossible malgré l’existence de levées protectrices. 16 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 C. HISTORIQUE DES CRUES DE LA LOIRE La Loire est le plus long fleuve de France avec ses 1 020 kilomètres de parcours. Depuis toujours, l’homme a cherché à le maîtriser en édifiant des ouvrages de protection. Cependant, celui-ci n’a pas réussi à s’affranchir des conséquences des grandes crues. Même en enfermant le lit de la Loire à l’aide de digues à l’intérieur d’un couloir parfois étroit, l’homme ne peut se prémunir d’une crue potentiellement catastrophique. Moins d’un siècle s’est écoulé depuis la dernière grande crue (1907), mais le calme des dernières décennies ne signifie pas que le fleuve demeure inoffensif. Ainsi, le Bassin de la Loire (115 000 km², soit environ 1/5 de la France) est soumis à deux influences climatiques principales susceptibles de provoquer trois types de crues importantes : les crues « cévenoles » concernent surtout le haut-bassin de la Loire et de l’Allier. Ce sont des crues brutales, provoquées par des précipitations orageuses d’origine méditerranéenne et surviennent surtout en automne. La dernière grande crue de ce type remonte au 20 septembre 1980 à BrivesCharensac (Haute-Loire) ; les crues « océaniques », engendrées par des fronts pluvieux venant de l’océan sont les plus fréquentes. Elles ont lieu surtout en hiver et s’étendent généralement à l’Ouest et au Nord du bassin versant (crue de 1982). Elles sont d’importance variable suivant l’intensité et la répartition des pluies qui affectent plus ou moins les différents sous-bassins (le Cher, la Vienne et la Maine notamment) ; les crues « mixtes » sont les plus redoutées car elles résultent de la conjonction d’une crue « cévenole » et d’une crue « océanique », se traduisant par une montée des eaux généralisée sur l’ensemble du bassin. Les trois grandes crues d’octobre 1846, de mai-juin 1856 et de septembre 1866 sont de ce type. La physionomie actuelle de la Loire est le résultat de plusieurs siècles de travaux. Dès l’Antiquité, l’homme occupe le val inondable en s’installant sur des tertres, buttes insubmersibles. Les turcies, premiers ouvrages de protection des populations et des terres arables, font leur apparition avant le Xème siècle. Ces petites digues discontinues ont pour but de freiner le courant de débordement au moment de son irruption dans le val par des points bas. Les levées continues qui en découlent ont été exhaussées au cours des siècles, suscitant une confiance excessive de la part des habitants des vals, se considérant à l’abri de tout risque d’inondation. A la fin du XIVème siècle, des crues de grande ampleur mettent à mal cette confiance. Mais le cercle vicieux est déjà en place : chaque rupture de levée entraîne la volonté d’exhausser à chaque fois l’ouvrage de protection. L’essor du commerce fluvial au XVIème siècle provoque l’extension de ce processus d’endiguement pour lequel ces ouvrages s’avèrent nécessaires. Cependant, l’inefficacité des levées réputées « insubmersibles » pousse à la réalisation de déchargeoirs, décidée en 1629 par le pouvoir royal. La résistance des édiles urbains et des commerçants les plus puissants empêche l’application concrète de cette idée. A partir de 1667, avec Colbert, les travaux de renforcement et d’exhaussement des levées continuent. Le système des levées et de leurs surélévations ne connaît pas de frein au cours du XVIIIème siècle et sous la Révolution française. La question de la sécurité des vals est même considérée comme résolue lorsque la crue de 1825 est contenue dans le lit endigué. Les effets des crues de 1846, 1856 et 1866 montrent qu’il n’en est rien. 17 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 En 1846, la Loire ouvre 100 brèches entre Briare (Loiret) et Langeais (Indre-et-Loire). En juin 1856, on dénombre 160 brèches d’une longueur totale de 23 kilomètres, 100 000 hectares inondés, 2 750 hectares de terres agricoles ensablées, 400 hectares détruits par érosion, 300 maisons et les ponts de Fourchambault, Cosne et Sully emportés. En septembre 1866, une catastrophe semblable se produit à nouveau, épargnant cette fois-ci Tours et Blois. Plus spécifiquement, toute partie du Val de Tours a été inondée au moins une fois lors des crues du XIXème siècle : lors de la crue d’octobre 1846, le val de Tours à l’amont du canal de jonction entre la Loire et le Cher a été inondé ainsi que le val, à l’aval de l’actuel boulevard périphérique Ouest. Une partie de la ville a été aussi inondée par infiltrations ou par le réseau d’égouts. En rive droite de la Loire, les quartiers de Rochecorbon, Marmoutiers, Sainte Radegonde et Saint Symphorien furent aussi concernés par des infiltrations à travers les levées ; lors de la crue de juin 1856, une rupture de digue s’est produite au niveau de Conneuil sur la commune de La Ville-aux-Dames. Le flot a traversé le val en faisant des brèches dans la digue de Rochepinard (côté Cher), dans celle du canal de jonction, inondant la partie située au sud de Tours, et une, ouverte au niveau de la gare du canal, entraînant l’inondation du centre historique de la ville. A l’aval, plusieurs brèches se sont ouvertes près de Savonnières dans la levée de la Loire et dans celle du Cher. Les hauteurs d’eau dans Tours, souvent comprises entre 1 et 2 mètres, ont ponctuellement pu dépasser 4 mètres ; lors de la crue de septembre 1866, le Val de Tours amont est, une nouvelle fois, inondé par suite d’une brèche ouverte à Conneuil, à proximité de la brèche de 1856. Le val de Tours aval a été également inondé suite à la formation de plusieurs brèches et à la submersion partielle des levées. Dans cette partie aval, la crue de 1866 a dépassé celles de 1846 et 1856. La partie centrale du val n’a pas été inondée. Ces crues ont, ainsi, mis en évidence le cercle vicieux constitué par l’ascension corrélative des levées et de l’eau. L’ingénieur Comoy met donc en place un programme de vingt déversoirs, s’opposant ainsi à l’idée dangereuse et illusoire d’une nouvelle surélévation des levées. Cependant, seuls sept ouvrages sont réalisés entre 1870 et 1871, devant la résistance des riverains exposés. En Indre-et-Loire, deux déversoirs sont aménagés dans la digue de la rive gauche du Cher, à Villandry, à proximité de la confluence avec la Loire. La crue de 1907 est la dernière manifestation inquiétante du fleuve. Cette longue période sans crue forte favorise alors l’oubli du risque par les différents acteurs. Le XXème siècle s’est donc révélé exceptionnel par la quasi-absence de crues. Cependant, l’inondation est un phénomène récurrent qui arrive, à un moment ou un autre, et cela malgré tous les dispositifs de protection mis en place. Pourtant, la perte de conscience du risque inondation est une réalité, l’oubli des crues antérieures de la Loire de la part d’habitants inconscients ou qui ne veulent pas reconnaître les faits, est grandissant. Les ouvrages de protection ne sont pas étrangers à cet état des choses. Ainsi, les levées de la Loire ont effacé l’image du fleuve de la conscience collective. Elles ont donné une fausse impression de sécurité permanente. Il n’est pas étonnant que la notion de protection ait longtemps été vue comme la solution privilégiée pour se protéger des crues. 18 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 D. LA CONNAISSANCE DU RISQUE INONDATION ET LA POLITIQUE DE PREVENTION 1- La notion de protection Entre les peuplements humains et l’eau, les rapports sont ambivalents. Ressource indispensable pour vivre, l’eau est aussi synonyme de dangers et de risques : en effet, toute installation humaine, située à proximité d’un fleuve ou d’une rivière, ne peut échapper au phénomène d’inondation. Pour se prémunir des crues et de leurs effets, l’homme a donc construit des ouvrages et imaginé tout un ensemble de dispositifs techniques le préservant (du moins le croit-il) de l’aléa naturel. Ainsi, la notion de protection a constitué une des premières solutions envisagées par l’homme pour faire face aux inondations. Pourtant, ce principe de protection ne signifie pas la disparition complète du risque comme beaucoup d’habitants en zones inondables « protégées » pourraient le croire. Cependant, il convient d’abord de définir et d’aborder les principales caractéristiques d’une crue avant de décrire ces dispositifs de protection et leurs limites. a) Définition d’une crue Une crue se caractérise par : l’augmentation du débit du fleuve, c’est-à-dire le volume d’eau traversant une section transversale d’un cours d’eau par unité de temps. Ce débit s’exprime en m3/s ; sa récurrence (quinquennale, décennale, centennale, etc.) : par exemple, une crue de fréquence cinq-centennale dite de période de retour de 500 ans, a une chance sur 500 de survenir chaque année. Par ailleurs, l’importance de la crue varie suivant trois paramètres : la hauteur d’eau, la vitesse du courant et la durée. La crue dépend, en outre, de plusieurs facteurs concourant à la formation et à l’augmentation temporaire des débits d’un cours d’eau. Parmi les facteurs naturels, on distingue : l’eau mobilisable qui provient de pluies répétées ou prolongées ; le ruissellement qui correspond à la part de l’eau non infiltrée dans le sol ; le temps de concentration qui est défini par la durée nécessaire pour qu’une goutte d’eau parvienne jusqu’à l’exutoire ; la propagation de la crue qui est fonction de l’axe drainant, c’est-à-dire du champ d’écoulement des eaux et du coefficient de la pente. En outre, la présence de l’homme constitue aussi l’un des principaux facteurs aggravants dans ce processus de formation des crues. L’urbanisation, l’imperméabilisation des sols en ville (augmentation du ruissellement), la diminution du champ d’expansion des crues (édification de digues) et bien d’autres facteurs humains jouent, en effet, un rôle non négligeable dans l’augmentation du débit d’un cours d’eau. 19 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Les crues qui résultent de ces facteurs naturels et humains peuvent alors provoquer des inondations. Ainsi, plusieurs types d’inondation sont à relever, celles par : débordement direct (le cours d’eau sort de son lit mineur pour occuper le lit majeur) ou indirect (les eaux sont sous pression et remontent à travers les nappes ou les réseaux d’assainissement) ; stagnation d’eaux pluviales, liée à une capacité insuffisante d’infiltration et d’évacuation des sols ; ruissellement très fort dans les secteurs urbains aux sols imperméabilisés (saturation des réseaux d’évacuation) ; crues torrentielles résultant de pluies de forte intensité ; destruction d’ouvrages (digues, barrages, levées). b) Les dispositifs de protection La capacité d’adaptation de l’homme face à un phénomène naturel l’a donc conduit à mettre en place tout un dispositif de protection pour se prémunir des inondations que peuvent engendrer les crues. Les digues ou les levées Les digues ou les levées sont, pour la plupart, des ouvrages en terre, anciens (parfois moyenâgeux), canalisant le flot entre leurs bords. Les levées se distinguent des digues, en ce sens qu’elles sont des digues anciennes souvent remaniées et rehaussées au fur et à mesure des crues. Les digues opposent à la poussée de l'eau (charge hydraulique) une masse de terre réputée compacte et étanche. Elles ont deux particularités : elles sont implantées le long du cours d'eau, et non pas en travers de celuici ; elles sont « sèches » – sans charge hydraulique – la majeure partie du temps (c’est-à-dire en dehors des périodes de crue). La levée peut être surmontée d’une « banquette », petit muret en terre ou en maçonnerie située sur son sommet, sur lequel l’eau s’appuie avant la surverse. Les déversoirs Les déversoirs sont des ouvrages de déversement contrôlé des flots permettant de diminuer le risque de brèche ou de rupture des digues, en évitant, pour cela, que l’eau continue à monter. Ceux-ci peuvent être surmontés d’un « fusible », petit muret en terre ou maçonné fixé sur leurs parties supérieures. Ce fusible, en fonction d’un débit prédéterminé, rompt pour laisser passer les eaux dans le val. Source : Lutte contre les crues et les inondations en Loire moyenne, à l’heure du bilan, Philippe Auclerc, dossier n°30 hiver 1998-99 20 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Ainsi, l’écrêtement que permettent les déversoirs se caractérise par la suppression la partie la plus haute du flot. C’est un phénomène qui amortit les débits maximaux par l’inondation d’espaces non encore utilisés par les flots, dans le lit endigué et surtout dans les vals. Les barrages écrêteurs de crue Les barrages écrêteurs de crue sont des ouvrages permettant de retenir les excédents d’eau. Actuellement, il n’existe qu’un seul barrage écrêteur de crues sur la Loire : celui de Villerest (Haute-Loire). Son action est limitée aux crues importantes. En écrêtant le pic d’une crue, le barrage permet la réduction de l’amplitude de celle-ci et ralentit la propagation d’une partie du volume de l’eau, en la stockant transitoirement au moment le plus fort, ce qui se traduit par une diminution de hauteur à l’aval. L’écrêtement ainsi dirigé reste dans tous les cas limité à la capacité du ou des champs d’expansion des crues (zones inondables) ou à celle des barrages. Ce type de barrage retarde ainsi l’inondation des vals et améliore les possibilités de détecter, mesurer, et donc de prévoir le maximum de la crue. L’entretien des cours d’eau L’entretien des cours d’eau (par extraction des matériaux par exemple) permet d’éviter le stockage de sédiments et leur durcissement en certains points. De plus, l’encombrement du lit des fleuves ou rivières est provoqué par des obstacles tels que les ponts gué ou bien par une végétalisation importante. c) Limites de ces dispositifs de protection La notion de protection n’est pas synonyme d’une disparition du risque. Au contraire, elle peut même augmenter les effets d’un phénomène naturel, si le risque se produit réellement comme c’est le cas des brèches dans les levées. Ces « failles » dans les dispositifs de protection concernent aussi les autres ouvrages de génie civil. Cependant, il est préférable de s’attarder ici sur une description des différents modes de formation d’une brèche dans les levées, étant donné que le « scénario », présent à la suite de ce rapport, se base sur l’hypothèse d’une brèche provoquant l’inondation de la commune d’étude qu’est La Ville-aux-Dames. Description des brèches dans les levées La Loire possède une énergie d’écoulement impressionnante pouvant déstabiliser les ouvrages de protection et provoquer des brèches lors de crues importantes. Par ailleurs, les levées sur la Loire sont souvent de structure assez fragile. Ainsi, les brèches sont les manifestations de la dégradation de la levée sous l’effet de la crue. Elles provoquent l’effondrement brutal de celle-ci et occasionnent une onde de submersion envahissant le val inondable que la levée était censée protéger. Source : Lutte contre les crues et les inondations en Loire moyenne, à l’heure du bilan, Philippe Auclerc, dossier n°30 hiver 1998-99 21 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Si les levées ont été construites pour préserver les enjeux humains des crues, elles ont, cependant, créé un seuil redoutable, susceptible d’engendrer un risque de gravité supérieure à celui de l’inondation naturelle. Avec les levées du bord de Loire, il n’existe donc plus que deux alternatives : soit la crue est contenue soit elle est catastrophique. Source : Lutte contre les crues et les inondations en Loire moyenne, à l’heure du bilan, Philippe Auclerc, dossier n°30 hiver 1998-99 L’analyse des brèches accidentelles pouvant survenir sur les levées met en avant les trois principaux mécanismes de ruptures suivants : surverse du cours d’eau vers le val : le niveau du fleuve en crue dépasse celui du sommet de la levée et l’eau s’écoule donc avec force sur le talus côté val de la levée et l’érode rapidement, amenant l’ouverture d’une brèche ; le renard hydraulique : si le corps de la levée n’est pas assez étanche ou s’il renferme des conduits (présence de terriers, par exemple) ou des niveaux perméables (couches sableuses, etc.), l’eau s’y infiltre massivement et détruit la levée par arrachage des matériaux constitutifs de l’ouvrage. Ce type de rupture peut se produire alors que le niveau de la crue n’atteint pas celui du sommet de la levée ; érosion et déstabilisation du talus côté fleuve sous l’effet de la pression de l’eau : ce mécanisme fragilise la levée et peut mener à l’ouverture d’une brèche. Source : Lutte contre les crues et les inondations en Loire moyenne, à l’heure du bilan, Philippe Auclerc, dossier n°30 hiver 1998-99 Les brèches sont dangereuses car on ne connaît pas à l’avance l’endroit où elles vont se produire, ni à quel moment elles auront lieu. Par ailleurs, une seule brèche suffit à compromettre l’efficacité globale du système de protection. 22 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Des déversoirs peu nombreux et non adaptés au niveau de crue prévu Les déversoirs n’ont pas été réalisés sur tous les vals. Aussi, le risque de brèche par surverse est toujours présent. Par ailleurs, l’enfoncement du lit de la Loire, par l’extraction des matériaux du lit du fleuve, a entraîné un dysfonctionnement des déversoirs existants, puisqu’ils ne peuvent plus agir selon le niveau de crue prévu au moment de leur réalisation. La protection locale existe toujours. Cependant, du fait que le déversoir ne joue plus son rôle d’écrêtement au niveau prévu, le risque se reporte sur l’aval. De plus, la capacité d’écrêtement des déversoirs diminue avec l’importance croissante des crues. Des barrages écrêteurs de crue à l’action limitée ? Ces barrages, comme les levées, inspirent un faux sentiment de sécurité favorisant un développement massif de l’urbanisation dans les plaines inondables. Par ailleurs, il reste à savoir si ceux-ci ont un impact significatif sur l’abaissement de la ligne des eaux (surtout s’ils sont insuffisants en nombre). Villerest, par exemple, est le seul barrage écrêteur de crues sur la Loire. Il ne peut fonctionner que pour l’écrêtement de grandes crues. d) Les solutions apportées ou envisagées (dans le cas de la Loire) Plusieurs solutions ont été mises en avant dans les objectifs du Plan Loire Grandeur Nature et des contrats de plan Etat-Région7 : le confortement des levées : il doit permettre d’améliorer la résistance des digues face au risque de ruptures accidentelles et de « renard ». Il consiste à doubler l’épaisseur de la levée, en adjoignant à celle-ci un massif de terre perméable du côté du val ; la restauration et l’entretien du fleuve : il se traduit par l’entretien régulier du lit, absolument indispensable pour ne pas accroître le risque d’inondation. Cette opération permet de ne pas élever de façon significative le niveau d’eau en crue par défaut d’entretien (20 à 30 cm en cas de crue centennale) ; la réalisation d’un ouvrage écrêteur : le projet de barrage du Veurdre possèderait un pouvoir écrêteur significatif vis-à-vis des secteurs inondés en Loire Moyenne, s’il venait à être construit. Quelque soit le niveau de crue, l’ouvrage retiendrait 10% du débit maximum enregistré au Bec d’Allier, en amont de la Loire ; la création de nouveaux déversoirs et la modification éventuelle de leur fonctionnement : tous les vals ne sont pas concernés par des déversoirs et il importe donc d’en construire de nouveaux et d’envisager un fonctionnement plus adapté des déversoirs par rapport au niveau de crue. 7 Le contrat de plan Etat-Région définit les actions que l'État et la Région s'engagent à mener conjointement, par voie contractuelle. Il a pour rôle de définir des objectifs à moyen et long terme pour l’aménagement et le développement économique, social et culturel d’un territoire. 23 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 2- Les notions de prévision, prévention et précaution La politique de gestion du risque inondation a été surtout initiée par l’Etat et elle se répercute aux niveaux départementaux avant d’être renvoyée à l’échelon local. Cette politique englobe différentes notions telles que la protection (notion abordée dans la partie précédente) mais aussi la prévision et la prévention. Elle poursuit les objectifs suivants : mieux connaître les phénomènes et leurs incidences ; assurer, lorsque cela est possible, une surveillance des phénomènes naturels ; sensibiliser et informer les populations sur les risques les concernant et sur les moyens de s'en protéger ; prendre en compte les risques dans les décisions d'aménagement ; adapter et protéger les installations actuelles et futures aux phénomènes naturels ; tirer des leçons des événements naturels exceptionnels qui se produisent. Ainsi, la prévision passe par la surveillance et l’alerte. Cet objectif est assuré par les Services d’Annonce des Crues (ou les nouveaux Services de Prévision des Crues créés suite à la circulaire sur la réorganisation des Services d’annonce de crues du 01/10/2002). De plus, ces SAC ou SPC disposent de réseaux automatisés de collecte des données et ils font partie de la chaîne d’alerte dans laquelle sont aussi inclus le préfet, les maires concernés, les autres autorités publiques et la population. Les SAC ou SPC jouent ainsi un rôle important puisque ce sont eux qui recueillent les informations concernant l’extension prévisible des crues, et les connaissances du comportement des cours d’eau. La logique de prévention des risques, quant à elle, est ancienne. Elle repose essentiellement sur deux principes : connaître et informer : la législation française donne au citoyen un droit d’information sur les risques qui le menacent. L’application de ce droit met en jeu la responsabilité de plusieurs acteurs en ce qui concerne l’information préventive des population (Atlas des Zones Inondables, Documents d’Information Communaux sur les Risques Majeurs, Dossiers Communaux Synthétiques, etc.) ; réglementer : l’urbanisation et l’implantation d’activités dans les zones à risques est le facteur essentiel d’augmentation de la vulnérabilité des personnes et des biens. Par la loi du 02/02/1995, l’Etat a décidé d’accélérer les procédures de prévention, par la définition des Plans de Prévention des Risques8. Cependant, depuis dix ans, les stratégies adoptées restent assez générales. Enfin, peu de municipalités sont véritablement engagées dans une stratégie active et efficace face au risque inondation. Souvent, ce n’est qu’après l’arrivée d’une crue catastrophique que la prise de conscience du risque s’établit et pousse à agir. Actuellement, les documents mis en place au niveau municipal comme les DCS ou les DICRIM9 se révèlent à bien des titres imparfaits et trop peu détaillés. 8 Pour plus de précisions concernant les lois, les circulaires et leurs objectifs, se référer au « Rappel des principaux textes de la politique de gestion des risques en France » p.26 9 Voir annexe : DICRIM de la Ville-aux-Dames 24 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Ainsi, l’action publique, depuis ces dernières années, s’est orientée vers une nouvelle direction, celle de la précaution. Cette nouvelle logique qui régit désormais la gestion des inondations complète le dispositif de prévention et sert de référence à l’action, même si sa signification est encore délicate à préciser. La réduction de la vulnérabilité est une voie récente : l’Etat s’efforce de continuer les recherches et de compléter les procédures dans ce domaine. La notion de prévention suppose la prévisibilité, ce qui rend l’application de la force majeure presque impossible. En ce qui concerne le principe de précaution, c’est la notion de probabilité qui importe : celle-ci signifie que l’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas empêcher ou retarder la mise en place de mesures visant à prévenir un risque de dommages et de conséquences graves et irréversibles à l’environnement et cela, à un coût économiquement acceptable. Les pouvoirs publics doivent donc tenir compte des risques prévisibles, mais aussi des risques qui, en dépit de l’incertitude, sont susceptibles de se produire. Cette évolution, présente dans l’action publique, implique une « culture du risque » (information de la population, structures de concertation, etc.), afin de ne plus être seulement « réactif » en cas de crise, mais d’envisager des solutions en amont, d’avoir une vision à plus long terme. Ainsi, la loi relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages du 30 juillet 2003 traduit cette nouvelle inflexion présente dans la politique de gestion du risque naturel. 25 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Rappel des principaux textes de la politique de gestion des risques en France10 La loi du 22 juillet 1987, relative à la sécurité civile, aux incendies de forêts et aux risques majeurs, affirme le droit des citoyens à l’information sur les risques majeurs, et en particulier, les risques naturels prévisibles, auxquels ils sont soumis. La loi sur l’eau de 1992, et le SDAGE du bassin Adour-Garonne qui en découle, ont pour objectif notamment la conservation des champs d’expansion des crues, le libre écoulement des eaux et la protection contre les inondations. La circulaire interministérielle du 24 janvier 1994 définit la politique de l’Etat pour la prévention des inondations et la gestion des zones inondables. Elle pose le principe de l’interdiction de toute construction nouvelle là où les aléas sont les plus forts et exprime la volonté de contrôler strictement, voire d’interdire, l’extension de l’urbanisation dans les zones d’expansion des crues, définies par les plus hautes eaux connues. Elle réserve enfin les endiguements à la seule protection des lieux déjà fortement urbanisés. La circulaire du premier ministre du 2 février 1994 définit le niveau de référence à prendre en compte (Plus Hautes Eaux Connues). La loi du 2 février 1995 dite « loi Barnier », crée un outil spécifique à la prise en compte, à l’initiative du préfet, des risques naturels dans l’aménagement: les plans de prévention des risques (PPR). La circulaire d’application pour les PPR inondations du 24 avril 1996 reprend les principes de celle du 24 janvier 1994 pour la réglementation des constructions nouvelles et précise les règles applicables aux constructions existantes. Elle permet des exceptions aux principes d’inconstructibilité, visant à ne pas remettre en cause la possibilité, pour les occupants actuels, de mener une vie ou des activités normales. Une circulaire du 13 mai 1996 du ministère de l’Equipement qui précise que le caractère urbanisé ou non d’un espace doit s’apprécier en fonction de la réalité physique et non pas en fonction d’un zonage opéré par un plan d’occupation des sols. La loi SRU du 13 décembre 2000 impose la prise en compte des risques naturels dans les documents d’urbanisme. La circulaire du 30 avril 2002, complétée par la circulaire du 24 juillet 2002, précise la politique de l’Etat pour la gestion des espaces situés derrière les digues. La loi du 30 juillet 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages a notamment pour objectif de développer la conscience du risque, en renforçant la concertation et l’information du public et de maîtriser le risque en oeuvrant en amont des zones urbanisées. 10 Document de référence des Services de l’Etat de la région Midi-Pyrénées pour l’évaluation du risque inondation et sa prise en compte dans l’aménagement, Préfecture de la région Midi-Pyrénées, Préfectures des départements de l’Ariège, de l’Aveyron, de la Haute-Garonne, du Gers, du Lot, des Hautes-Pyrénées, du Tarn, de Tarn et Garonne, Direction Régionale de l’Environnement Midi-Pyrénées, directions départementales de l’équipement de Midi-Pyrénées, janvier 2004. 26 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Le présent travail d’étude se place donc dans ce cadre où les acteurs publics et les commanditaires du stage (l’Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature) intègrent cette notion de précaution dans leurs missions et dans leurs domaines d’action. Cette logique fait partie de leurs visions d’acteurs et de leurs objectifs. En effet, le scénario élaboré dans ce rapport se base sur un aléa naturel dont la hauteur d’eau atteindrait les Plus Hautes Eaux Connues (le plus haut niveau d’eau obtenu et connu sur la commune d’étude) et s’inscrit dans l’idée que le pire peut arriver et qu’il faut envisager la survenue d’une crue catastrophique, même si la connaissance exacte de son occurrence relève de l’incertitude. Cependant, avant d’arriver à l’analyse de la vulnérabilité et au scénario, il est nécessaire d’étudier les dispositifs déjà mis en place en cas de crise. Toutes les notions abordées précédemment (protection, prévention, prévision) se retrouvent logiquement dans cette partie du rapport. Les outils existants et les acteurs concernés par la gestion de crise seront ainsi décrits avec plus de détails. 27 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 II. LA CRISE ET LA POST - CRISE : LA GESTION DE LA FONCTION RESIDENTIELLE EN TEMPS DE CRISE A. DEFINITION D’UNE CRISE ET DE SA GESTION Une crise est un événement soudain, plus ou moins prévisible, d’une ampleur dépassant la normale et qui va mettre en cause les personnes et les biens11. Ainsi, la crise va profondément bouleverser toutes les fonctions habituelles corrélées à la présence de l’homme sur un territoire donné. La crise due à une inondation se définit par trois phases : la phase d’évacuation, entre l’annonce de crue et l’arrivée de l’eau ; la phase d’inondation, pendant laquelle l’eau se trouve sur le territoire et les habitants évacués (phase qui dure environ 15 jours dans le Val de Tours) ; la phase de retour de la municipalité, des habitants, des entreprises, etc. et qui se poursuit jusqu’au retour de tous à une vie normale. Cette phase peut durer jusqu’à 18 mois pour les plus sinistrés. Dans le cas du développement de l’habitat en zone inondable, la question de la gestion de la fonction résidentielle en temps de crise est cruciale. Cette gestion doit permettre, théoriquement, une meilleure maîtrise de la fonction « habiter », et la satisfaction au plus vite des différentes fonctions qui lui sont liées comme se nourrir, boire, dormir, se protéger, se divertir, etc. B. LES DIFFERENTES PHASES DE LA GESTION D’UNE CRISE La gestion du risque et de la crise qui en découle a pour objectif d’organiser les actions suivant différentes phases générales, qui s’appliquent aussi au cas de la gestion de la fonction résidentielle: la prévision est le processus amont fondé sur la modélisation des phénomènes (crues) et l’observation régulière de variables représentatives (débit de l’eau, vitesse du courant, durée, etc.) ; l’anticipation commence dès que les variables atteignent des valeurs définies comme pouvant conduire à des conséquences graves (seuils de pré-alerte, d’alerte si le débit de l’eau dépasse une certaine cote, etc.). Elle permet de préparer les moyens de réponse si la prévision d’évolution vers une situation de crise se confirme (positionnement de matériels, évacuation, etc.) ; la gestion de crise a pour but de gérer l’événement en cours (la submersion ou l’inondation), et d’assurer la sécurité des personnes et des biens; 11 Article de Bertrand PAUVERT sur le Cadre juridique de la gestion des crises par les autorités publiques locales (site http://www.iutcolmar.uha.fr) 28 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 la mitigation a pour objectif de réduire les conséquences de l’événement grave qui vient de se dérouler. Cette étape inclut notamment les opérations de nettoyage, de déblaiement, de remise en état des voies de communication. Ainsi, elle permet d’assurer le rétablissement des fonctions habituelles du territoire touché par la catastrophe, comme la fonction résidentielle ; le retour d’expérience : cette étape reprend le déroulement de l’événement et des décisions prises pour le gérer. Elle permet de valoriser les informations acquises pendant la crise, d’évaluer les réponses qui ont été apportées pour améliorer la qualité des interventions futures ; la prévention tire les conséquences des expériences passées et formule des recommandations pour limiter les effets d’un événement similaire dans l’avenir. Pour simplifier la démarche et le découpage de la gestion de crise, ces phases ont été regroupées : la prévision ; l’anticipation et la gestion de crise ; le retour d’expérience et la prévention. 29 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 C. TABLEAU DES PRINCIPAUX ACTEURS CONCERNES ET DES OUTILS EXISTANTS Ces trois phases sont complémentaires et font intervenir différents acteurs dont le rôle est clairement défini. La planification de leurs actions est aussi dépendante des outils de gestion de crise existants. Phase Prévision Principaux acteurs concernés Météo France anticipe l’événement météorologique grave, capable de provoquer des pluies importantes. Moyens et outils existants Les radars pluviométriques permettent de repérer les zones de précipitations abondantes et de signaler les cours d’eau pour lesquels des crues brutales peuvent survenir. Réseau ARAMIS (Réseau des Radars Météorologiques). Le dispositif est consultable en temps réel grâce au système ASPIC (système de prévision des précipitations et des orages).12 Les Services de Prévision Moyens techniques d’observation, de des Crues 13 au sein des modélisation et de simulation des grandeurs Directions Régionales de hydrauliques utiles. l’Environnement (DIREN) Radars météorologiques. A l’échelle de la région : DIREN Centre A l’échelle du bassin versant de la Loire, de l’Allier, du Cher et de la Maine : Réseau CRISTAL14 12 Les risques naturels, André Dagorne, René Dars, Que Sais-je ? PUF, 2001, pp.90-91 Se référer à la fiche missions des « Services de Prévision des Crues » p.36 14 Se référer à la fiche « Le Réseau CRISTAL » p.41 13 30 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Anticipation et Gestion de crise Lorsque la cote d’alerte est dépassée, les SPC et Météo France envoient un message d’annonce des crues aux autorités compétentes. La préfecture / Le préfet15, conseillé et aidé par le Service Interministériel de Défense et de Protection Civile (SIDPC). A l’échelle du département : la préfecture d’Indre-et-Loire Il existe différents plans établis par les services de l’Etat pour gérer une crise : Les plans ORSEC (ORganisation des SECours) recensent les moyens et définissent les conditions de leur emploi en temps de crise. Les plans d’urgence gèrent la partie organisationnelle des secours : les PPI (Plans Particuliers d’Intervention) en font partie ; ils sont établis pour faire face aux risques particuliers liés à l’existence d’ouvrages (par exemple, les aménagements hydrauliques). Le plan rouge est destiné à porter secours aux victimes en cas de catastrophe. Les Plans de Secours Spécialisés (PSS) sont préparés par les préfets : le plan inondation (PSSI) prévoit la coordination de l’action des secours, l’information des populations, le sauvetage des personnes et des biens et l’aide aux sinistrés.16 A l’échelle de la Loire et de ses affluents : Plan de Secours Spécialisé Inondations17. Le Règlement départemental d’Annonce des Crues et de Transmission des avis de Crues définit la chaîne d’alerte devant être mise en place sur le département en cas d’inondation. La chaîne d’alerte18 comprend quatre étapes : La transmission de l’alerte aux maires et au public ; Le dépassement de la cote de préalerte entraîne l’état de vigilance ; 19 La cellule de crise préfectorale est activée si la cote d’alerte est dépassée : les postes de commandement sont mis en place. La cellule « Catastrophes Naturelles », implantée dans la salle du SIDPC, chargée de l’information des assurés et de l’élaboration des dossiers d’indemnisation, peut être mise en place, en guise de complément, surtout pour l’après-crise. 15 Se référer à la fiche missions du « Préfet »p.36 Guide du plan de secours communal (PSC), Dispositions Générales, Préfecture d’Indre-et-Loire- SIDPC, 2004 16 31 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Le Service Départemental Centre Opérationnel Départemental d’Incendie et de Secours 20 d’Incendie et de Secours (CODIS) au sein (SDIS) du SDIS Il fait partie de la cellule de crise. Le SDIS coordonne les opérations de secours. La mairie / Le maire 21 Le maire se charge de la transmission de l’alerte à sa population et de l’organisation des secours. Il applique aussi le Plan de Secours Communal (PSC) ou le Plan Communal d’Action (PCA)22, s’il en existe un. Une cellule de crise communale23 est mise en place après le dépassement de la cote d’alerte. 17 Se référer à la fiche du « Plan de Secours Spécialisé inondations » p.41 Se référer à la fiche de la « Chaîne d’alerte » p.42 19 Se référer à la fiche « La cellule de crise préfectorale » p.45 20 Se référer à la fiche missions des « Services Départementaux d’Incendie et de Secours »p.37 21 Se référer à la fiche missions du « Maire » p.37 22 Se référer à la fiche du « Plan de Secours Communal Inondations » p.47 23 Se référer à la fiche de la « Cellule de crise communale » p.47 18 32 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 La Direction Départementale de l’Equipement (DDE) La Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales 24 (DDASS) L’armée Elle participe à la cellule de crise. La DDE établit des plans de circulation pour organiser le déplacement des automobilistes et mettre en place des itinéraires de déviation. Elle prête ses véhicules (pelleteuse, balayeuses, camions, etc.) aux autres services pour rétablir au plus vite la circulation. Elle utilise une signalétique adaptée pour bloquer les routes inondées, sous les ordres de la police ou de la gendarmerie. Par contre, les communications routières départementales sont rétablies et suivies par le Conseil Général. Elle participe au plan d’évacuation et à la cellule de crise préfectorale. Elle établit des recensements et des listes d’hébergements. Elle diffuse des messages sanitaires à la population. Les moyens humains et matériels employés permettent les opérations de secours, le nettoyage de la zone sinistrée, le relogement des personnes évacuées et l’intervention chez les particuliers pour sauvegarder les biens immobiliers. A l’échelle de la zone sinistrée dans le département d’Indre-et-Loire : intervention de l’EMIAZD (Etat Major Interarmées de Zone de Défense) de Rennes. Les forces de l’ordre25 Elles comprennent la police municipale et la gendarmerie. Elles disposent d’hommes et de matériel pour faciliter les opérations des secours et garantir la sécurité des personnes et des biens. 24 25 Se référer à la fiche missions de la « Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales » p.38 Se référer à la fiche missions des « Forces de l’ordre » p.38 33 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 EDF-GDF26 Ce service participe à la cellule de crise. Il utilise les schémas d’exploitation du réseau électrique pour gérer au mieux la crise. Il met en œuvre les moyens humains et matériels pour garantir la sécurité et assurer l’alimentation des établissements prioritaires si cela est possible. France Telecom27 A l’échelle nationale : Plan CRISTEL (plan de CRISe TELecom) : Ce plan comporte deux aspects, le plan RADIAL (renforts humains pour le raccordement des abonnés à la Boucle Locale) et le plan PRISME (secours en moyens techniques). France Telecom participe à la cellule de crise de la préfecture. France Telecom commande des moyens supplémentaires en personnel et en matériel aux services nationaux (équipes, véhicules, remorques, relais mobiles, câbles, etc.) et évalue les besoins en prévoyant le nombre de lignes à pourvoir, etc. Retour d’expérience et prévention Tous les services impliqués dans la gestion de l’événement sont concernés dans le retour d’expérience. Les informations d’après-crise sont capitalisées dans des documents et des bases de données synthétiques. Les documents réglementaires (Plan Locaux d'Urbanisme, Schéma de Cohérence Territoriale, etc.) doivent prendre en compte les risques naturels (article L 121-10 du code de l'urbanisme) et jouent ainsi un rôle dans la phase de prévention. L’outil majeur de prévention (dans le cas 26 27 Se référer à la fiche missions de « EDF-GDF » p.39 Se référer à la fiche missions de « France Telecom » p.39 34 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 des inondations) est le Plan de Prévention des Risques Naturels d’inondations28 (PPRi), inclus dans le Plan Local d’Urbanisme (PLU) ou dans le Plan d’Occupation des Sols (POS). L’information préventive29 comprend les Atlas des zones inondables, les DICRIM, les DCS, les DDRM, les CARIP, etc. A l’échelle du bassin Loire-Bretagne : le Plan Loire Grandeur Nature 30 et le SDAGE31. Les assurances32 L’Etat Le Conseil Général Elles se chargent de l’indemnisation des biens des sinistrés. Si l’évènement a été reconnu par l’Etat comme étant une « catastrophe naturelle », alors, un régime d’indemnisation particulier se met en place. Il peut publier un arrêté « catastrophe naturelle ». Il participe de façon financière à la reconstruction, et à la recherche ou l’amélioration des moyens de prévention. Il établit un bilan financier de l’événement et participe à la reconstruction et à l’aprèscrise en accordant des aides. 28 Se référer à la fiche du « Plan de Prévention des Risques naturels inondations » p.49 Se référer à la fiche de « L’information préventive » p.49 30 Se référer à la fiche du « Plan Loire Grandeur Nature » p.50 31 Se référer à la fiche du « Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux du Bassin LoireBretagne » p.51 32 Se référer à la fiche « Les assurances et l’indemnisation » p.40 29 35 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 D. FICHES MISSIONS DES ACTEURS33 1- Prévision Les Services de Prévision des Crues (SPC) Les SPC se chargent de la prévision d’événements hydrologiques graves et de l’annonce des crues. Ils se servent, en outre, de l’information pluviométrique. Plus spécifiquement, les missions du SPC de la DIREN Centre sont de : surveiller les variations de débit de la Loire et de ses affluents (système Cristal) ; prévoir les crues et les étiages (avec annonce de crues sur une partie du bassin et consignes de gestion des barrages) ; suivre l’évolution du lit du fleuve (Système d’Information sur l’Evolution du Lit de la Loire). 2- Anticipation et gestion de crise Le préfet Le préfet décide du déclenchement du plan de vigilance des levées de la Loire et du Cher et du Plan de Secours Spécialisé si le risque est vraiment important. Il a aussi d’autres missions : informer les services concernés et participer à la diffusion de l’alerte auprès des mairies et du public ; décider de l’activation de la cellule de crise préfectorale et de la mise en place des postes de commandement ; délocaliser les services si cela est nécessaire ; mobiliser des renforts supplémentaires pour la gestion de crise ; informer le Parquet34. 33 D’après les fiches missions du Plan de Secours Spécialisé – inondations de la Préfecture d’Indre-et-Loire, Tours, 2002 34 Préfecture d’Indre-et-Loire, Plan de Secours Spécialisé - inondations, Tours, 2002, p.80 36 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Les Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) Les SDIS font partie de la cellule de crise préfectorale. Ceux-ci mènent les interventions sur le terrain et concourent à la protection et à la lutte contre les accidents, sinistres et catastrophes, à l’évaluation et à la prévention des risques technologiques ou naturels ainsi qu’aux secours d’urgence. Ils ont différentes missions, c’est-à-dire : assurer la protection des personnes, des biens et de l’environnement ; assurer le secours d’urgence et l’évacuation des victimes (des personnes prioritaires comme les personnes âgées, etc.) ; organiser les mesures de sauvegarde et les moyens de secours ; prévenir et évaluer les risques de sécurité civile. Au sein des SDIS, il existe des Centres Opérationnels Départementaux d’Incendie et de Secours (CODIS) qui sont des structures de transmission, de centralisation et de traitement de l’alerte. Ces CODIS permettent aux Sapeurs-pompiers de localiser le lieu de l’accident, de mobiliser les moyens adaptés et les plus proches pour intervenir rapidement sur les lieux. Après la crise (inondation), les sapeurs-pompiers interviennent également pour rétablir la situation, effectuant ainsi le pompage des caves et des parkings, et aident au nettoyage des lieux publics et privés. En général, leur présence et leur soutien à la population rassurent les sinistrés. Le maire L'organisation de la sécurité publique repose en premier lieu sur le maire au titre de ses pouvoirs de police. Au travers de la procédure de délivrance du permis de construire, le maire dispose aussi d’un large éventail de moyens juridiques pour prévenir les risques. Par ailleurs, celui-ci engage ses responsabilités civile, pénale et administrative pour la communication des risques, la mise en œuvre des mesures de précaution et de sauvegarde des biens et des personnes, etc. Il peut prendre l’initiative d’évacuer la population de sa commune s’il estime que le risque est tel, même si le préfet n’en a pas encore prononcé l’ordre. Durant la crise, il appartient au maire de diriger les secours. Pour cela, il peut appliquer le Plan de Secours Communal s’il existe déjà sur la commune. Le maire se charge aussi de l’alerte de sa population et doit la tenir informée de l’évolution de la situation. Une permanence de la mairie doit à ce moment être assurée. Le maire peut réquisitionner du matériel et mettre à disposition le personnel communal et le matériel pour aider la population (raclettes, bennes pour évacuer les déchets après la décrue, etc.). De plus, il doit s’assurer de l’évacuation complète des bâtiments publics et des campings directement menacés par la montée des eaux. Il met en place, en étroite collaboration avec la DDE et le Conseil Général, un plan de circulation et des déviations. Enfin, il doit rendre compte de son action au préfet35. 35 Voir annexe : La responsabilité des élus face aux risques 37 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 La Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) La DDASS participe à la cellule de crise préfectorale. Elle met en pré-alerte les établissements de santé publics et privés, les établissements sociaux, etc. Elle se met en relation avec les services concernés pour mieux gérer la crise comme avec la DDE (carte des axes routiers disponibles), le SAMU, la DDAF, les établissements de santé en zone non inondable (recensement des lits et du nombre de places), etc. Lors de l’évacuation, elle intervient : dans la gestion de l’eau potable ; 36 dans la classification des patients à transférer selon les hébergements . Après la crise, elle intervient dans deux domaines qui sont : l’alimentation en eau potable : elle diffuse des messages sanitaires à destination de la population, participe au nettoyage et à la désinfection du réseau de distribution et établit des tests bactériologiques ; le relogement des sinistrés : elle diffuse des messages sanitaires (aérer les maisons, traitement des moisissures, etc.) et contacte l’office des HLM pour reloger les personnes dont l’habitation a été gravement endommagée37. Les forces de l’ordre La police municipale et la gendarmerie ont des missions similaires en temps de crise, c’est-àdire : protéger les personnes et les biens ; faciliter le travail des pompiers : aider leur circulation, isoler les lieux pour éviter que des personnes ne viennent gêner le déroulement des opérations, protéger le site ; apporter aide et assistance aux personnes sinistrées et aux autres services de sécurité et de secours ; veiller au bon fonctionnement des postes de commandement ; assurer la circulation aux abords de la zone inondée et veiller à la tenue des itinéraires de déviation, en liaison avec la DDE ; garder les bâtiments et domiciles évacués ; participer à la mise en place des dispositifs d’accueil dans les centres d’hébergement, recenser les personnes relogées et les prévenir lorsque leur logement est réintégrable ; mettre en place un dispositif d’interdiction de pénétration sur les axes inondés ou susceptibles de l’être. 36 Préfecture d’Indre-et-Loire, Plan de Secours Spécialisé - inondations, Tours, 2002, pp.87-88 Rapport de stage ; Les inondations de la confluence Corrèze / Vézère, Marie VERMEIL, MST IMACOF, 16 juin-19 septembre 2003, p.87 37 38 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 EDF-GDF Plusieurs missions sont à assurer : préparer l’évacuation des sites d’exploitation menacés pour conserver ses moyens opérationnels ; prédisposer les schémas d’exploitation du réseau électrique pour maintenir l’alimentation électrique dans les zones inondables ; assurer dans la mesure du possible la fourniture en énergie et en gaz aux clients raccordés au réseau de distribution public ; mettre en œuvre les moyens disponibles pour alimenter les établissements prioritaires en cas d’indisponibilité majeure ; maintenir les ouvrages électriques sous-tension hors de portée du public ; mettre les installations gaz hors danger38. France Telecom Ces missions sont : 38 39 protéger tous les équipements situés en zone inondable et récupérer au mieux les équipements, après la décrue, (surélévations, obturation des ouvertures, etc.) ; basculer les liaisons raccordées sur des centraux téléphoniques situés en zone non inondable, en fonction de la structure existante ; évacuer ou mettre à l’abri les matériels des établissements nécessaires à la maintenance des infrastructures ainsi que les documents et matériels informatiques ; évaluer les besoins à satisfaire pendant la crise ; commander aux services nationaux et aux régions voisines des moyens de secours en personnel et en matériel39. Préfecture d’Indre-et-Loire, Plan de Secours Spécialisé - inondations, Tours, 2002, p.100 Préfecture d’Indre-et-Loire, Plan de Secours Spécialisé - inondations, Tours, 2002, p.99 39 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 3- Retour d’expérience et prévention Les assurances et l’indemnisation La loi du 13 juillet 1982, relative à l’indemnisation des victimes de catastrophes naturelles, a fixé pour objectif d’indemniser les victimes en se fondant sur le principe de solidarité nationale. Cette indemnisation ne peut avoir lieu que sous deux conditions : être titulaire d’une assurance comprenant des garanties « dommages aux biens » ou d’un contrat « perte d’exploitation » ; l’événement doit être reconnu comme catastrophe naturelle par arrêté interministériel. Aussi, pour la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle sur une commune, le maire a un rôle primordial, puisque c’est lui qui se charge du recensement des dégâts et de la transmission au préfet de cet inventaire. La déclaration à l’assureur doit être faite dans les dix jours suivant la parution de l’arrêté et l’indemnisation doit être versée dans un délai de trois mois à compter de la date de remise par l’assuré de l’estimation des biens endommagés. 40 40 Voir annexe : Le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles 40 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 E. LES OUTILS ET LES MOYENS EXISTANTS 1- Pour la prévision : Le réseau CRISTAL Ce réseau collecte en temps réel les hauteurs d’eau dans les rivières et les pluies tombées sur plus de 240 points du bassin versant de la Loire, de l’Allier, du Cher et de la Maine. Il donne des informations pour la mission des SPC et la gestion des barrages de Villerest et de Naussac41. L’Etat est devenu maître d’ouvrage du réseau Cristal à la place de l’Etablissement Public Loire42, même si ce dernier participe toujours financièrement à une partie du fonctionnement du réseau. 2- Pour la gestion de la crise et l’anticipation : Le Plan de Secours Spécialisé - inondations (PSSi – Préfecture d’Indre-et-Loire) Le PSSi est établi pour faire face aux crues survenant sur le département. Il est déclenché par le préfet si les risques (submersion, menace ou rupture de digue) sont tels qu’il est nécessaire d’engager des mesures importantes. Une salle opérationnelle de la Préfecture (PC fixe) est alors mise en place, renforçant ainsi la cellule de crise restreinte. Le PSSi comporte plusieurs dispositions susceptibles d’être prises en fonction de la situation de crise, soit celles relatives à : la gestion de la circulation avec la mise en œuvre de déviations de circulations ; l’évacuation préventive (évacuation des populations à risque ou les plus exposées, mesures préparatoires à l’évacuation des populations, fermeture des établissements publics menacés, mise à l’abri de certains sites sensibles, mise en sécurité des réseaux, surveillance et protection des biens) ; l’accueil et la délocalisation (mesures préliminaires à la délocalisation des administrations et centres de décisions, mise en œuvre des moyens d’accueil des populations déplacées) ; 43 suivi des regroupements de populations . 41 Le barrage de Naussac est une retenue présente sur un affluent de l’Allier dont la principale fonction est l’alimentation en eau de l’Allier 42 L’EPL Loire est le nouveau nom de l’EPALA, syndicat mixte. Se référer à la note n°49 p.50 pour plus de précisions 43 Préfecture d’Indre-et-Loire, Plan de Secours Spécialisé - inondations, Tours, 2002, p.56 41 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 La chaîne d’alerte Il existe deux seuils d’actions, prédéfinis par les cotes du niveau des eaux données par le réseau Cristal à la Préfecture, avec un préavis de 48 heures : l’état de vigilance (à partir de la prévision d’une cote de 0 mètre au pont Wilson, la station de Tours étant elle-même située à 44,6 mètres d’altitude), où seulement certains services sont prévenus de la montée des eaux qui pourrait s’avérer problématique. La DDE est mobilisée pour la surveillance des digues ; l’état d’alerte (lorsque la cote de 3 mètres est atteinte au pont Wilson, à la station de Tours). A la cote de 3,50 mètres au pont Wilson de Tours, la cellule de crise restreinte de la Préfecture est activée. « Cette cellule de crise n’aura pas pour but de mobiliser l’ensemble du personnel d’un même service, mais de détacher uniquement un agent à la Préfecture pour faire des points de situation à partir des événements qui auront été recueillis sur le terrain. Ces informations sont d’une aide précieuse en vue de l’anticipation d’éventuelles mesures préventives pour garantir la sécurité des biens et des personnes. La cellule restreinte n’a pas vocation à être activée 24h/24. Si la situation devait s’aggraver, le PC Fixe serait alors créé sur décision du Préfet44 ». 44 Préfecture d’Indre-et-Loire, Plan de Secours Spécialisé - inondations, Tours, 2002, p.47. 42 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 43 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 44 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 La cellule de crise préfectorale Le préfet prend la direction des opérations dans des cas bien précis : lorsque le maire ne maîtrise plus les événements, ou qu'il fait appel au représentant de l'Etat ; lorsque, le maire s'est abstenu de prendre les mesures nécessaires ; lorsque le problème concerne plusieurs communes du département ; lorsque l'événement entraîne le déclenchement d'un plan d'urgence ou du plan ORSEC. La cellule de crise qui en résulte est une structure mise en place au niveau de la préfecture en cas de situation d’urgence réclamant une mobilisation et une réactivité plus grandes que les actions de sécurité habituelles. Celle-ci doit assurer trois grandes missions à travers différentes actions45. Tout d’abord, son activation répond au but de suivre l’évolution de la situation et d’anticiper l’inondation. Ensuite, elle doit sensibiliser les acteurs potentiels, afin de les préparer à la crise. Enfin, elle se charge de la diffusion de l’information aux collectivités locales et aux autres instances concernées. Généralement, la cellule de crise est constituée par des représentants de la police, des pompiers, du SAMU, de la gendarmerie, de la DDE, de la DDASS et des militaires. Deux postes de commandement sont parallèlement mis en place : le PCO (Poste de Commandement Opérationnel), sur le terrain, coordonne l’action sur la zone sinistrée. Il gère la communication de proximité, assure les secours aux personnes, maintient l’ordre public et participe à la mise en œuvre des mesures de protection ; le PCF (Poste de Commandement Fixe) centralise toutes les informations et répond aux demandes des acteurs de terrain concernant les besoins en renforts (hommes et matériel). Il permet de tenir les élus et le préfet au courant de la situation en permanence, et de rassurer la population par l’intermédiaire de la presse. En cas de nécessité, il peut faire appel à l’aide de départements limitrophes ou plus éloignés pour l’obtention d’hommes ou de matériel46. 45 Préfecture d’Indre-et-Loire, Plan de Secours Spécialisé - inondations, Tours, 2002, p.48. Les inondations de la confluence Corrèze / Vézère, rapport de stage, Marie VERMEIL, MST IMACOF, 16 juin-19 septembre 2003-pp.77-79 46 45 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Organisation de la cellule de crise préfectorale et des postes de commandement CELLULE DE CRISE Implantation : salle opérationnelle du SIDPC Composition (modulable en fonction des circonstances) : Directeur des opérations de secours : Préfet Commandant des opérations de secours (SDIS) Commandant des opérations de service d’ordre SIDPC DDE / Conseil Général DDASS Conseillers Experts, etc. Poste de Commandement Opérationnel (PCO) Poste de Commandement Fixe (PCF) Implantation : à proximité de l’événement. Implantation : salle opérationnelle du SIDPC, à la préfecture. Composition : secours : SAMU, Armées, pompiers, etc. ordre public / circulation : gendarmerie, Conseil Général, DDE, etc. Composition : coordination : SIDPC Ordre public / circulation : Gendarmerie, DDE, Conseil Général Protection des populations : DDASS, mairies concernées, etc. Délégation militaire Appui technique : EDF/GDF, France Télécom, etc. Missions : organise les opérations de secours en liaison avec le P.C. fixe, prévoit et met en œuvre les moyens nécessaires pour gérer l’événement et protéger les personnes et les biens. Missions : récupère l’information en la synthétisant, la centralise et la fait circuler, répond aux demandes des acteurs présents sur le terrains (renforts). Sources : Rapport de stage ; Les inondations de la confluence Corrèze / Vézère, Marie VERMEIL, MST IMACOF, 16 juin19 septembre 2003 Plan de Secours Spécialisé – inondations, préfecture d’Indre-et-Loire, Service Interministériel de Défense et de Protection Civile, Tours, 2002 46 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Le Plan de Secours Communal « inondations » (PSC) Ce Plan de Secours Communal, non obligatoire, qui tient compte du Plan de Secours Départemental élaboré par le Préfet, prévoit la mise en place autour du maire d'une petite équipe de crise réunie à la mairie au sein d'un Poste Communal de Commandement (PCC). Il comporte, en outre, le détail des opérations d’évacuation et de relogement temporaire des personnes résidant en zone inondable, et le déploiement de protections amovibles. Enfin, il intègre un plan de déplacement tenant compte de l’impact de l’inondation sur des voies de communication et les déplacements possibles au sein et en dehors de la commune47. La cellule de crise communale La direction des opérations de secours est assurée par le maire qui met en place une cellule de crise en s’appuyant sur son équipe municipale. Les fonctions de cette cellule sont de : prévoir le guidage des secours vers les lieux du sinistre et prendre les mesures de sécurité nécessaires ; participer au balisage des zones dangereuses et à la régulation de la circulation ; fournir des moyens en hommes et en matériels pour les tâches opérationnelles ; recenser, identifier les victimes et les personnes sensibles et organiser leur accueil ; déclencher les mesures permettant l’accueil, l’hébergement, éventuellement le ravitaillement des personnes évacuées ou sinistrées ; veiller au maintien des réseaux d’alimentation en eau potable et d’hygiène publique ; assurer l’accueil téléphonique des familles des sinistrés ; 48 rendre compte et s’informer régulièrement de la situation auprès de la préfecture . 47 L’organisation communale des secours, guide méthodologique à l’usage des maires, préfecture de l’Aude, 2003, p.18 48 L’organisation communale des secours, guide méthodologique à l’usage des maires, préfecture de l’Aude, 2003, p.20 47 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 La cellule communale de crise Directeur des Opérations de Secours (DOS) : Maire ou suppléant Missions : alerter la population ou retransmettre l’alerte réunir les moyens en hommes et en matériels déclencher les évacuations des zones dangereuses préparer l’accueil des évacués et des victimes rester en liaison avec les secours sur le terrain rendre compte au préfet les actions entreprises Commandant des Opérations de Secours (COS) : (au niveau de la mairie) Missions : coordonner l’intervention des secours sur le terrain mettre en applications les décisions prises par le DOS donner les ordres aux intervenants sur le terrain évaluer la situation et la résumer au DOS de façon précise et en peu de temps Cellule Evaluation Cellule Poste de Commandement Cellule Logistique Cellule Transmissions Missions : Constituer des équipes à envoyer sur le terrain pour assurer l’information du PCC (Poste de Commandement Communal). Missions : Activer le PCC et coordonner l’action des différentes personnes du PCC, recueillir les propositions d’action de la cellule évaluation. Missions : Mettre en œuvre les moyens techniques de secours ou complémentaires nécessaires. Missions : Gérer le parc des moyens de transmissions mis à la disposition de la cellule de crise. Elaborer un tableau de la situation et de ses risques et prévoir son évolution. Maintenir le contact avec les autorités et les autres cellules. Aider le maire dans ses décisions. Constituer des groupes d’accueil pour les sinistrés. Mettre en place une organisation post-crise (problèmes administratifs). Assurer la continuité des liaisons au travail de la cellule de crise et assurer les moyens matériels au fonctionnement du PCC. N.B. : le maire est directeur des opérations de secours tant que le préfet n’en a pas pris la responsabilité. Source : Guide du plan de secours communal (PSC), Dispositions Générales, Préfecture d’Indre-et-Loire- SIDPC, 2004 48 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 3- Pour le retour d’expérience et la prévention : Le Plan de Prévention des Risques naturels inondations (PPRi) Le PPRi est un document réalisé par l’Etat, annexé au PLU (Plan Local d’Urbanisme) qui s’impose aux documents d’urbanisme et qui conditionne la délivrance des permis de construire. Celui-ci réglemente l’utilisation des sols. Il décrit d’une part, l’aléa et d’autre part, les enjeux. Un certain nombre de règles et de recommandations visant à réduire la vulnérabilité des enjeux est édicté : le PPRi permet, sous réserve de prescriptions, l’extension de l’activité dans les zones existantes faiblement exposées, voire fortement exposées mais dans ce cas suffisamment bien protégées ; il interdit les constructions dans les zones naturelles d’expansion non aménagées ; il partage les zones naturelles, non aménagées, faiblement menacées afin d’autoriser l’implantation raisonnable d’une certaine activité tout en conservant, voire en reconstituant, des zones d’expansion des crues. La carte des risques, présente dans les PPRi, résulte du croisement des différents niveaux d’aléas et d’enjeux. L’information préventive Le principe de l’information préventive est énoncé dans l’article L. 125-2 du Code de l’environnement : « Les citoyens ont un droit à l’information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis dans certaines zones du territoire et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent. Ce droit s’applique aux risques technologiques et aux risques naturels prévisibles. » . Il se traduit par : la création dans chaque département d’une Commission départementale des risques naturels majeurs (qui remplace l’ancienne CARIP), regroupant les principaux acteurs départementaux et régionaux du risque et de la sécurité : cette cellule a pour mission de réunir les informations nécessaires, puis d’établir les documents réglementaires ; elle peut jouer un rôle de conseil auprès des maires qui sollicitent son aide. Elle donne un avis sur l'ensemble de la politique de prévention et de mitigation dans le département ; la cartographie des zones inondables sous forme d’un atlas ; la définition du rôle des acteurs : 1) à la charge de l’Etat ou du préfet : Le Dossier Départemental des Risques Majeurs (DDRM) est un « ouvrage de sensibilisation illustré par des cartes et fixant les priorités communales ». Ce document de synthèse, tenu à la disposition du public, répertorie l’ensemble des risques et les communes concernées par celui-ci. Il contient une cartographie sommaire des risques majeurs du département et précise les consignes générales à appliquer par les populations pour s’en protéger. 49 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Le Dossier Communal Synthétique (DCS) doit être notifié aux maires concernés ; il décrit la nature, les caractéristiques et le degré d’importance de tous les risques majeurs auxquels les habitants de la commune sont exposés ; ce document, consultable en mairie, évoque les conséquences prévisibles sur les personnes, les biens et l’environnement ainsi que les mesures de sauvegarde prévues pour limiter leurs effets. 2) à la charge des maires : Les Documents d’Information Communaux sur les Risques Majeurs (DICRIM) reprennent les éléments du DCS complétés par les mesures de sauvegarde et de protection répondant aux risques sur le territoire de la commune. Ils préconisent les comportements individuels à adopter et comprennent une cartographie des zones soumises aux risques. Ils sont consultables en mairie et sont inclus dans les bulletins municipaux, dans les plaquettes envoyées à la population, etc. Le Plan Loire Grandeur Nature Le Plan Loire Grandeur Nature a été décidé par le gouvernement français en janvier 1994. Il a donné lieu à une convention entre l’Etat, l’Etablissement Public d’Aménagement de la Loire et de ses Affluents (EPALA)49 et l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne. Pour en permettre la réalisation, l’Etat, l’EPALA et l’Agence de l’eau ont préféré disposer d’un appui technique, capable d’identifier et de mettre en œuvre des actions. Ainsi, il a été décidé de créer une équipe d’ingénieurs pour mener les études et actions nécessaires. Une “équipe pluridisciplinaire d’assistance aux maîtres d’ouvrage” existe donc depuis 1995. Financée et pilotée par les trois partenaires que sont l’Etat, l’EPALA et l’Agence de l’eau, elle se réunit régulièrement, au sein d’un comité technique et d’un comité de pilotage, pour superviser et orienter les travaux. Le plan Loire Grandeur Nature a été reconduit pour les années 2000 à 2006 sur la base d’un programme interrégional Loire Grandeur Nature. Ce programme est inscrit dans les contrats de plan Etat-Région, qui servent de support financier à la mise en œuvre de la stratégie retenue pour réduire le risque sur la Loire moyenne. Ils s’appuient sur le triptyque “protection, prévision, prévention”. Ce plan vise à concilier le développement économique et la mise en valeur de l’environnement. Il concerne essentiellement le lit majeur de la Loire et de l’Allier. Trois objectifs principaux sont contenus dans ce plan : la sécurité des populations face au risque d’inondation ; la restauration de la qualité de l’eau et du patrimoine naturel ; la promotion du Bassin de la Loire. 49 L’EPALA est le plus grand syndicat mixte de France en aire d’intervention. Il a pour rôle de promouvoir à l’échelle du bassin de la Loire une action globale et solidaire des collectivités ligériennes par la réalisation directe ou le soutien financier d’actions en matière d’aménagement et de gestion des eaux, et de développement économique. En juin 2001, l’Etablissement change de nom et devient l’Etablissement Public Loire (EPL). 50 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 En ce qui concerne la sécurité des populations face au risque inondation, l’Etat souhaite donner la priorité à la sécurité publique par la réduction de la vulnérabilité des zones inondables (reconstitution d’une culture du risque, aménagement durable des zones inondables, extension du réseau Cristal, actualisation de la préparation à la gestion de crise) concomitante avec la poursuite des investissements de protection (entretien régulier du lit et des levées). Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux du Bassin Loire-Bretagne (SDAGE) Le Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) a été institué par la loi sur l'eau de janvier 1992. Élaboré puis adopté par le Comité de Bassin Loire Bretagne, il est entré en application en fin d’année 1996 et fixe les orientations fondamentales pour une gestion équilibrée de l'eau dans le bassin Loire-Bretagne. L’un des objectifs du SDAGE est de savoir mieux vivre avec les crues. Pour répondre à ce but, le SDAGE incite l’Etat, les maires et les organismes concernés à : mettre un terme à l’urbanisation des zones inondables : en interdisant la construction dans les zones fortement exposées au risque et en la limitant strictement dans les autres zones inondables ; améliorer la protection de zones inondables déjà urbanisées, par un renouveau de la culture du risque inondation ainsi que par un effort substantiel d’entretien des cours d’eau et de renforcement des ouvrages de protection ; 50 sauvegarder la qualité écologique et paysagère des champs d'expansion de crue . Conclusion de la Partie 1 : Introduction aux inondations L’étude de la réduction de la vulnérabilité d’une commune ligérienne (La Ville-auxDames) face au risque d’inondation se place dans ce contexte d’oubli ou d’inconscience du risque. La mémoire des crues est, en effet, peu présente en Loire moyenne. Ce constat est dû au faux sentiment de sécurité de la population, instauré par les levées. Pourtant, les crues sont un phénomène récurrent, et la survenance d’une inondation n’est pas à exclure sur un territoire protégé par des digues. Les effets de cette crue, si elle venait à se produire, seraient d’autant plus importants de par l’ampleur des enjeux exposés. Ces derniers sont intimement liés à la fonction résidentielle sur un territoire. Tout espace occupé par une présence humaine et soumis à un risque plus ou moins fréquent est rendu vulnérable. C’est pourquoi des dispositifs de crise ont déjà été prévus par la politique de gestion de ce risque en France. Ils tournent essentiellement autour des notions de protection, prévention et prévision. Pourtant depuis un certain nombre d’années, un nouveau concept a fait son apparition, celui de précaution. La réduction de la vulnérabilité fait partie de cette nouvelle démarche liée à la précaution. Ainsi, après avoir précisé le contexte dans lequel se place l’étude, il s’agit désormais d’analyser la vulnérabilité d’une commune ligérienne à travers sa fonction résidentielle : l’inventaire des enjeux et des critères de vulnérabilité qui en découlent sont donc abordés ciaprès. 50 http://www.eau-loire-bretagne.fr/sdage/ 51 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Partie II Définition des enjeux et de la vulnérabilité 52 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Après avoir compris quel était le contexte de l’étude et d’en avoir défini les principaux concepts, il est intéressant de déterminer quels sont les enjeux qui participent à rendre un territoire plus ou moins vulnérable face au risque inondation. Les enjeux définis dans cette étude correspondent aux éléments physiques, situés sur la commune, qui se rapportent à la fonction résidentielle. Une fois les enjeux décrits globalement, il s’agit de montrer précisément quelles composantes de chaque enjeu peuvent être source de complication pour la municipalité dans la gestion de crise au moment de l’évacuation (phase 1), de l’inondation (phase 2) et du retour de la vie quotidienne à la normale (phase 3). Les tableaux synthétiques qui suivent permettent de détailler les indicateurs ou critères de vulnérabilité qui sont associés à chaque enjeux, et d’expliquer pourquoi et comment ils vulnérabilisent la commune. Les documents à consulter, les méthodes à employer pour rechercher ces indicateurs sur le terrain sont aussi proposés dans ces synthèses. I. IDENTIFICATION ET DÉFINITION DES ENJEUX LIES A LA FONCTION RESIDENTIELLE EN ZONE INONDABLE ET DE LA VULNERABILITE APPORTEE A LA COMMUNE A. IDENTIFICATION ET DÉFINITION DES ENJEUX 1- L’habitant La commune, en tant que territoire, est composée de systèmes de bâtiments, de réseaux, d’équipements, d’espaces publics, de services marchands ou non marchands, etc. Or, ces éléments n’existent que parce qu’ils sont liés entre eux du fait de leur utilisation par l’habitant. Ainsi, sans habitant acteur de son espace, une ville ne peut exister en tant que telle. L’habitant est un enjeu en tant que vie humaine et en tant que personne physique. Les enjeux qui le touchent sont très nombreux. Tout habitant a besoin : - d’être protégé, évacué des zones dangereuses et guidé vers des lieux sûrs ; - d’un toit, que ce soit son propre logement ou une solution temporaire de relogement, pour dormir et être protégé ; - de nourriture et d’eau pour assurer ses fonctions vitales ; - d’équipements nécessaires à la préparation des ces biens vitaux ; - de réseaux d’énergies pour se chauffer ; - d’équipements pour dormir (matelas, lits, couvertures) ; - de linge et de moyens de laver ce linge, pour conserver une bonne hygiène ; - de médecins, de services médicaux et de médicaments, pour rester en bonne santé ; - d’un emploi, source de revenu et repère dans sa vie quotidienne - de réseaux de transport pour tous ses déplacements, pour aller acheter de la nourriture, travailler, se divertir ; - d’équipements sanitaires et de services, où qu’il soit, pour éliminer et évacuer ses déchets (eaux usées, déchets ménagers, gravats de destruction). On peut donc dire que l’habitant a besoin pour vivre : - d’un logement ; - de services (dans lesquels on inclura les réseaux). 53 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 2- Le logement Le logement est une unité résidentielle, une entité physique qui autorise l’action d’habiter de façon stable, physiquement et socialement. C’est tout d’abord un abri, qui permet d’assurer les fonctions vitales : boire, se nourrir, entretenir son corps. Le logement est aussi un repère pour les habitants, il participe à la perception de leur cadre de vie, ainsi que les dépendances qu’on peut associer au logement. Cet enjeu concerne le bâtiment en lui-même, qui apporte à l’habitant un abri, mais aussi un lieu de stockage pour ses biens vitaux et pour tous ses équipements. Il s’agit aussi de pouvoir utiliser le bâtiment. Les enjeux sont donc : - le logement, en tant qu’entité physique protégeant l’habitant, qui doit être en bon état ; - le raccordement de ce logement aux réseaux de transport, de télécommunication, d’adduction d’eau, d’élimination des eaux usées et des déchets ; - la possibilité de stocker les biens qui apparaissent vitaux : nourriture, boisson (dont l’eau bien sûr), matériel pharmaceutique, matériel nécessaire à l’hygiène (savon, lessive), petit matériel indispensable au confort (couverture pour dormir) ; - l’équipement du logement en matériel sanitaire (douche, W.C., éviers, lavabo) ; - l’équipement du logement en matériel électrique, à la fois pour assouvir ses besoins vitaux (appareils de cuisson, frigidaire, chauffe-eau) que ses besoins de communication et de divertissement ; - les garages, jardins et toutes les dépendances, qui sont des biens permettant d’assouvir d’autres fonctions que se loger (le garage permet de stocker sa voiture pour se déplacer ensuite) ; - l’emplacement et donc, le foncier qui doit être libre pour accueillir des logements ; - tous les biens dont la valeur intrinsèque est faible mais dont la valeur sentimentale en fait des biens irremplaçables pour les habitants. 3- Les services et les réseaux a) Les services Les services sont essentiels à tous les habitants d’une commune car ils regroupent une multitude de prestations proposées à titre gratuit ou onéreux. Toutefois, dans cette multitude, on distingue différents types de services. Il existe, d'une part, des services marchands, pour lesquels une transaction a lieu entre un acheteur et un vendeur, moyennant un prix fixe ou à débattre. Donner une consultation médicale, organiser un voyage, mettre à disposition un travailleur intérimaire, louer un immeuble, établir un prêt, telles sont quelques-unes des activités de service qui relèvent de l'échange marchand. 54 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 On trouve, d'autre part, des services gratuits ou quasi gratuits : les services non marchands. Ces derniers sont proposés par l'État ou les collectivités territoriales et par les organismes qui en dépendent, et financés par les prélèvements obligatoires (éducation nationale, administration, hôpitaux, justice, Sécurité sociale, allocations familiales, etc.). Pour un habitant, en temps de crise, les services sont particulièrement essentiels car ils leur permettent d’assurer leurs fonctions vitales51 : - les grandes surfaces et tous les magasins d’alimentation (épiceries) seront fournisseurs de nourriture et boissons, besoins vitaux de l’habitant ; - les artisans du bâtiment permettent la reconstruction des logements ainsi que des bâtiments d’entreprises, qui vont ensuite elles-mêmes pouvoir rendre service aux habitants ; - les assureurs et banquiers vont aider l’habitant dans ses démarches d’indemnisation le rendant plus rapidement libre pour son travail ou la reconstruction de sa maison ; - les bars, hôtels, restaurants et tous les métiers de la restauration vont pouvoir être au moment de la crise des fournisseurs de nourriture et d’eau, et en retour de crise, ils offriront des solutions de relogement s’ils sont remis en état ; - les cabinets médicaux privés, cliniques, laboratoires d’analyse, les pharmacies, et cabinets d’infirmiers vont permettre aux habitants de se soigner ou de rester en bonne santé ; - les médecins, psychologues et toutes les professions médicales ou paramédicales seront importants pour la santé des gens, même en dehors de leurs cabinets habituels (l’enjeu portera alors plus spécialement sur leur matériel et leur capacité de déplacement) ; - les services de divertissement (cinéma, casino) pourront dans l’urgence servir d’abri pour la protection des sinistrés (le bâtiment en lui-même sera l’enjeu majeur dans ce cas) ; - les taxis seront un appui précieux pour les personnes sans voiture, parce qu’ils n’en avaient pas ou parce qu’il l’ont perdue ; - l’administration publique générale (mairie, préfecture, conseils général et régional) seront là pour informer, éduquer et surtout protéger les habitants avec en plus le souci de leur faciliter le retour à une vie normale au plus vite ; - les mairies et préfecture auront notamment la tâche de prévenir et de gérer l’évacuation et le retour, avec le maximum de sécurité de tous les habitants (ils auront des possibilités nombreuses pour prévenir et communiquer sur la crue, devant être aidés pour l’évacuation) ; - les pompiers, la police, la gendarmerie, l’armée, auront alors, en lien avec les mairies et la préfecture, un rôle fort de protection des populations et d’aide aux personnes à évacuer ; - les services déconcentrés de l’Etat seront aussi un appui, tant entre eux que pour l’habitant ; - les centres de compostage, de tri, d’élimination des déchets, et tout le service collectif qui y correspond (comprenant la collecte par des véhicules, sur le réseau routier) rendront aux habitants un espace salubre, malgré leur dimension possiblement aggravante au moment de la crise ; 51 Voir annexe : Utilité sociale des services 55 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 - - - - les points de captage, stations de traitement et d’épuration des eaux permettront aux habitants d’avoir une eau potable pour boire mais aussi pour se laver et laver tous leurs biens, participant à la salubrité de leur espace de vie ; les garderies, écoles, collèges, lycées, universités seront un enjeu majeur, car participant à l’éducation d’une partie de la population et s’occupant, par ailleurs des enfants, ce qui pourrait faire une préoccupation de moins, pour les parents avant l’évacuation et au retour de crise ; les ambulanciers et les SAMU ou encore SMUR vont permettre le déplacement des personnes malades ou blessées pour qu’elles se soignent ou pour les soigner ; les hôpitaux (tous leurs services), leur personnel (médecins, infirmiers, psychologues, radiologues, dentistes, etc.) et leurs équipements seront essentiels pour permettre les soins des habitants et pour qu’ils soient en bonne santé ; les différents équipements publics (gymnase, piscine, bibliothèque, etc.) seront en premier lieu des solutions de repli pour les habitants évacués, puis leur utilité sociale en fera des enjeux plus ou moins importants. Les gestionnaires de réseaux, leur personnel technique et leur matériel (matériel bureautique, véhicules, outils spécifiques), représentent un enjeu important car ils vont pouvoir réparer et permettre le bon fonctionnement les réseaux au retour de crise. Quels qu’ils soient, les services représentent donc un enjeu majeur pour la vie des territoires, en ce sens qu’ils répondent aux besoins et aux envies de leurs habitants. Pour les habitants, l’enjeu est donc que les services dont ils ont besoin reprennent au plus vite leur activité. C’est l’utilité sociale52 du service proposé qui déterminera son importance dans la gestion de la crise et le retour après celle-ci. Et si pour les habitants, l’enjeu est le fonctionnement des activités, pour ce fonctionnement les enjeux sont : - les structures (bâtiments) ; - le raccordement de ces structures aux réseaux ; - la possibilité d’avoir le personnel nécessaire à l’activité ; - les équipements propres à chacun ; - les biens et le matériel communs ; - les biens et le matériel spécifiques. b) Les réseaux de communication Ils permettent de se déplacer pour : - s’approvisionner en nourriture ; - s’approvisionner en eau potable pour boire et se laver ; - s’approvisionner en matériel médical et en médicaments pour se soigner ; - acheminer des matériaux permettant la reconstruction des logements et des bâtiments d’entreprises ; - permettre l’approvisionnement et les livraisons des entreprises ; 52 Voir annexe : Utilité sociale des services 56 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 - faire fonctionner les services et les entreprises pour lesquels le transport est essentiel ; accéder à son logement, à son lieu de travail, aux lieux où se soigner et aux lieux où l’on se divertit ; évacuer les lieux concernés par l’inondation ; secourir et être secouru. Qu’ils soient routiers, ferroviaires, aériens, fluviaux ou maritimes, les réseaux de communication se basent d’une part, sur la structure physique et d’autre part, sur les véhicules qui permettent les déplacements. L’enjeu concernant les réseaux de communication consiste à protéger les structures physiques pour qu’elles puissent accueillir des véhicules et à protéger les véhicules pour qu’ils puissent fonctionner sur les structures. Les réseaux de communication participent à la formation d’un cadre de vie pour l’habitant puisqu’il les voit et les utilise presque tous les jours. Le réseau routier Il est composé de routes aux gabarits différents, des infrastructures (ponts, tunnels, viaducs, etc.), munies d’une signalisation et d’une réglementation de la circulation (panneaux, marquages au sol, etc.). Les véhicules utilisés sont des véhicules à roues de toutes sortes : voitures de tourisme, voitures de travail, camionnette, camions, bus et autocars, deux-roues avec ou sans moteur (vélos, motocyclettes, scooters, etc.), et des moyens dits « doux » (rollers, trottinettes, skateboards, etc.). On peut associer au réseau routier les trottoirs qui participent aux cheminements piétonniers des habitants. Le réseau routier est particulièrement important car c’est le réseau prioritairement utilisé qui permet d’aller au plus proche de ce que l’on veut faire. C’est le réseau de transport le plus souple. Outre les fonctions habituelles du déplacement, le réseau routier permet : - le transport sécurisé de personnes malades en véhicules médicalisés (ambulances, Véhicules de Secours aux Asphyxiés et aux Blessés, Véhicules de Secours Aux Victimes, Véhicules Spécialisés Légers, etc.) ; - l’approvisionnement en eau potable par des unités mobiles de production et de traitement ; - l’alerte des populations grâce aux véhicules sonorisés. Les enjeux sont donc : - d’avoir des routes en bon état (terrassement, revêtement) ; - d’avoir des infrastructures et des ouvrages d’art praticables ; - d’avoir une réglementation de la circulation et le réseau électrique pour l’alimenter (pour les feux tricolores notamment) ; - d’avoir des véhicules à l’abri, en bon état et alimenté en énergie ; - de trouver des moyens de transports collectifs pour évacuer puis rapatrier les sinistrés ; - d’avoir des réseaux de transports routiers qui fonctionnent et permettent le fonctionnement de toutes les activités (fournitures et livraisons des entreprises, déplacement du personnel). 57 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Le réseau ferroviaire De façon analogue au réseau routier, le réseau ferroviaire est composé de voies ferrées et d’infrastructures associées (gares de voyageurs et de fret, ponts, tunnels, etc.) sur lesquelles se déplacent des locomotives et des wagons. L’enjeu local concernant le réseau ferroviaire est moins important que celui concernant le réseau routier, car il n’est utile aux sinistrés que pour l’apport de nourriture, de marchandises ou autres biens vitaux lorsque ceux-ci ne se trouvent pas sur place. Pour certains habitants, c’est un enjeu fort, auquel on peut associer le métro et le tramway, car c’est le moyen qu’ils utilisent pour se rendre sur leur lieu de travail. A une échelle plus grande, le réseau ferroviaire devient un enjeu fort car un dérèglement local peut entraîner de fortes perturbations au niveau national voire plus. Les enjeux portent donc sur : - les voies ferrées elles-mêmes, qui doivent être en bon état ; - les ponts, tunnels et autres infrastructures qui doivent être praticables ; - des gares qui fonctionnent comme éléments du réseau et en tant qu’endroit de stockage des véhicules ; - la mise à l’abri et le bon état de fonctionnement des locomotives et wagons ; - leur alimentation en carburant et en énergie électrique (ce qui implique que les caténaires soient en bon état) ; - avoir un réseau de transport ferroviaire qui permette le fonctionnement de toutes les activités dépendantes du train (fournitures et livraisons des entreprises, déplacement du personnel) ; - avoir des liens avec les autres réseaux de transport. N.B. : Dans le Bassin de la Loire Moyenne, les réseaux aériens, fluviaux et maritimes ne sont pas des enjeux importants au regard du risque d’inondation. Il n’y a pas d’aéroport en zone inondable, et les voies fluviales sont très peu utilisées à des fins commerciales. Notons le cas particulier de l’hélicoptère, qui peut être utile pour les évacuations, et dont le fonctionnement est facilité car il ne nécessite pas de piste particulière mais simplement des espaces dégagés. c) Le réseau d’adduction d’eau Le réseau d’adduction d’eau est un élément déterminant de la vie d’un habitant car il lui permet d’assurer ses fonctions vitales : - boire ; - se laver pour garder son hygiène et être ainsi en bonne santé ; - laver ses vêtements et tous ses biens, ce qui lui permet d’avoir un espace de vie salubre. Pour les entreprises et toutes les activités, l’eau fait partie des réseaux essentiels au fonctionnement et constitue donc également un enjeu fort, qui concernera l’habitant selon l’utilité sociale de l’activité. Les enjeux en ce qui concerne le réseau d’adduction d’eau porteront particulièrement sur : - le fonctionnement normal des points de captage et des stations de traitement ; avec le personnel et le matériel nécessaire ; - les canalisations d’eau elles-mêmes qui doivent pouvoir transporter l’eau dans tous les endroits nécessaires ; - les châteaux d’eau, qui participent au fonctionnement de ces canalisations. 58 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 d) Les réseaux d’énergie Les réseaux d’énergie (gaz et électricité) sont essentiels à la vie de l’habitant car ils lui permettent, au sein de son logement, d’assurer ses fonctions vitales et de confort. L’électricité comme le gaz lui permettent de : - se chauffer ; - chauffer ses aliments ; - travailler (quand les entreprises sont elles-aussi reliées) ; - communiquer avec son entourage, sa famille mais aussi avec tout interlocuteur (mairie, services de l’Etat), parfois par le biais de matériel informatique ; - se déplacer, car ils alimentent les véhicules qu’il utilise (voiture, train, tramway, métro, etc.) ; - se divertir, par tous les moyens, notamment chez soi en utilisant de nombreux équipements (TV, ordinateurs, lecteurs DVD, etc.). Les enjeux, en ce qui concerne les réseaux d’énergie sont donc53 : - une production d’énergie : centrales électriques, raffinerie, usines de production de gaz ; - des structures physiques en bon état : lignes électriques aériennes, gazoducs, vannes, canalisations souterraines de gaz; - des points corrects sur le réseau : pylônes électriques, citernes, cuves, bouteilles ; - le matériel de distribution : camions de transport de gaz équipés - des répartiteurs qui fonctionnent : transformateurs électriques, compteurs. e) Les réseaux de télécommunication Ces réseaux comme leur nom l’indique, permettent en premier lieu de communiquer, avec plusieurs buts : - exister socialement - s'informer - se protéger - s'éduquer - se divertir Ainsi, outre cette fonction première de communication, les réseaux permettent par ricochet : - la viabilité d’un logement où la communication est une fonction largement réalisée ; - le fonctionnement des activités, donc le travail des habitants ; - l’avertissement des populations en cas de crise ou de catastrophe annoncées. Les réseaux de communication sont composés à la fois de lignes, qu’elles soient téléphoniques ou du câble, et de systèmes de transmission d’ondes54. Ils reposent à la fois sur des personnes et sur des appareils émetteurs de l’information. Bien sûr en face, on trouve des personnes réceptrices de l’information et des appareils qui permettent eux-aussi de recevoir ces informations (téléphone, téléviseurs, appareil radio, etc.). Les enjeux portent donc sur : 53 Voir annexe : Compte-rendu de l’entretien avec M. Decros, responsable du Service Qualité Electricité d’EDF. Voir annexe : Compte-rendu de l’entretien avec M. Deshaies, pilote de l’emploi à l’Unité Régionale Réseau Centre-Val de Loire de France Telecom. 54 59 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 - les structures physiques elles-mêmes : les lignes (aériennes ou souterraines), les pylônes, les centres de transit, les centraux téléphoniques, les armoires de sous-répartition ; les appareils émetteurs d’information : les émetteurs pour téléphonie mobile, etc. ; les appareils récepteurs ; la communication entre les personnes ; les raccords entre le réseau et les logements ; les raccords entre le réseau et les activités. f) Les réseaux d’assainissement et d’évacuation des déchets Le réseau d’assainissement est la base d’une vie correcte, dans un espace salubre, non pollué et non encombré par des déchets. Il concerne à la fois les déchets ménagers et assimilés, et les eaux usées. Ce réseau repose sur des endroits de stockage, une activité de collecte puis l’élimination des eaux usées ou des déchets par des traitements. Les enjeux portent donc, en ce qui concerne les eaux usées : - sur le raccordement des logements au réseau physique d’assainissement, formé de canalisations ; - sur des stations d’épuration en bout de chaîne, pour traiter l’eau, donc sur tout ce qui est nécessaire à ce qu’une activité fonctionne (personnel, matériel). Pour la gestion des déchets, les enjeux portent sur : - la détermination d’endroits et de matériel (poubelles urbaines, bennes) pour collecter les déchets ; - un service de collecte (service non-marchand) reposant sur un réseau routier efficace, sur lequel rouleront des véhicules adaptés et surtout en bon état ; - des structures de tri et d’élimination des déchets publics ou privés (centre de tri, incinérateur, déchetterie), qui nécessiteront comme toute activité du personnel, du matériel et des raccords à tous les réseaux pour fonctionner. 4- Les activités Les activités ne sont pas traitées dans cette étude car elles font l’objet d’autres recherches menées par l’Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature. De plus, elles n’influencent pas directement la fonction résidentielle (voir paragraphes suivants). a) Les activités agricoles Les activités agricoles sont un enjeu primordial en cas de catastrophe. Pour les exploitants tout d’abord, qui peuvent tout perdre quand une inondation survient. Rapportées à l’habitant, les activités agricoles sur un territoire deviennent un enjeu dès lors qu’elles servent à l’approvisionnement des habitants de ce territoire. Il faut alors distinguer les activités agricoles dites traditionnelles (maraîchage, vergers), des grandes exploitations quasi-industrielles, dont l’endommagement n’aura pas le même impact sur le territoire et sur les habitants. Elles participent de plus à la perception par l’habitant de son cadre de vie. En somme, si on considère seulement l’agriculture par rapport aux habitants, c’est surtout l’agriculture traditionnelle, dont les produits sont distribués sur les marchés locaux, voire sur le lieu même de production, qui est un enjeu majeur. 60 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Pour l’agriculteur, l’enjeu est de disposer au plus vite de ses bâtiments, de son matériel et de ses terres pour retrouver une activité normale et pour satisfaire à nouveau les besoins des habitants habitués à consommer majoritairement les produits de son exploitation. Comme pour toute activité, cette reprise est permise par cinq éléments : - un bâtiment solide ; - du matériel et des biens nécessaires au fonctionnement ; - des liens avec les réseaux ; - du personnel ; - des liens avec les fournisseurs, ainsi qu’avec les marchés de vente. b) Les activités industrielles On entend par activités industrielles toutes les activités exercées par des entreprises dont le but est de transformer des matières premières ou des produits, pour parvenir à la commercialisation d’un produit final. Les activités industrielles ne sont liées à l’habitant qu’en terme d’emploi, celui qu’elles peuvent fournir à ce dernier. Il apparaît donc inutile de s’attarder sur une typologie précise des différentes activités industrielles. Toutefois, il est important de noter que certaines activités vont apparaître essentielles sur un territoire en cas d’inondation. Ce sera d’autant plus vrai quand l’entreprise concernée par l’une de ces activités sera la seule, par sa position géographique ou par ses capacités d’accès à la commune sinistrée, à pouvoir répondre aux problèmes posés sur le territoire. Par exemple, une entreprise X produisant des matériaux de construction sur un territoire n’est pas indispensable en soi pour les habitants. Une entreprise Y similaire et proche pourra avoir le même rôle et offrir une solution aux habitants ou à la commune. En revanche, si l’entreprise X est la seule présente dans un large périmètre, la population et la commune ne pourront s’en passer que difficilement. Il en va de même pour ces autres activités essentielles en temps de crise : - production du matériel indispensable à l’amélioration de la situation de crise (pompes à eau, groupes électrogènes) ; - production de produits alimentaires de première nécessité (huile, lait, farine, etc.) ; - production d’énergie (électricité, combustibles) ; - fabrication de médicaments et de matériel médical ; - fabrication de pièces nécessaires aux réparations des biens des personnes (automobile, électroménager) ; - production du matériel destiné aux artisans, notamment du bâtiment (tuyau de plomberie, peinture, papier peint, matériel électrique, carrelage, etc.). Pour les habitants, l’enjeu est le fonctionnement de ces entreprises. Pour les entreprises, l’enjeu porte alors sur les bâtiments et sur cinq éléments : - un bâtiment solide ; - du matériel et des biens nécessaires au fonctionnement ; - des liens avec les réseaux ; - du personnel ; - des liens avec les fournisseurs, ainsi qu’avec les marchés de vente. 61 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 B. DÉFINITION DES INDICATEURS DE VULNÉRABILITÉ Pour chacun des enjeux définis précédemment, il convient maintenant de savoir en quoi ils rendent une commune et ses habitants vulnérables face au risque d’inondation. Les tableaux (présentés dans le dossier Définition des enjeux et de la vulnérabilité) exposent les différentes composantes et les indicateurs qui leur sont associés et qui ont une influence positive ou négative sur la vulnérabilité urbaine. II. DÉFINITION DE LA VULNÉRABILITÉ DU TERRAIN D’ÉTUDE : LA VILLE-AUX-DAMES A. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE-AUX-DAMES La Ville-aux-Dames est une commune située en Indre-et-Loire (37). Le Val de Tours, dont elle fait partie, est fortement urbanisé. Il correspond pourtant à un tronçon de vallée inondable d’une longueur de 25 km, comprenant seize communes concernées par le risque d’inondations. Le territoire communal s’inscrit à la jonction des vallées de la Loire et du Cher55. Cette zone est aussi drainée par des petits ruisseaux comme la Boire de Saint-Pierre-desCorps et Le Filet en rive droite du Cher56. Il s’agit d’une vaste plaine alluviale unique formant un milieu homogène où l’eau (réseaux de surface et nappes phréatiques) et les micro reliefs revêtent une grande importance. L’altitude de la commune est en moyenne de 50 mètres NGF au Nord de la D 751, et de 48 mètres au Sud57. Les contraintes du milieu physique de La Ville-aux-Dames ont orienté la mise en valeur de ses sols et l’implantation de son habitat. Le paysage de La Ville-aux-Dames est marqué par une lutte séculaire contre les inondations. Pour protéger le val de ces deux fleuves, deux digues ont été construites : celle de la Loire au Nord et celle du Cher au Sud La Ville-aux-Dames. La commune s’est tout d’abord développée en tant que cité viticole et maraîchère (culture d’asperges principalement) sur sols sablo-argileux, peu riches au départ progressivement fertilisés au cours des siècles grâce à l’intervention de l’homme. Peu à peu, l’habitat se densifie, et l’urbanisation concurrence les terres agricoles. Les sites d’origine privilégiés pour l’implantation de l’habitat correspondent à des montils (petites buttes permettant de surélever les constructions) : le long des axes tels que la route du Chemin-Neuf où s’est construit le Bourg, le hameau de la Carte au carrefour des chemins gallo-romains. Le centre bourg, autrefois localisé sur les montils, tend à se déplacer vers l’Est au carrefour des voies de communications. Avec le développement du transport ferroviaire, la commune s’est transformée en véritable « cité dortoir »58 et possède aujourd’hui tous les attributs d’une commune périurbaine. Elle appartient à la Communauté de Communes de l’Est Tourangeau (la CCET) et non pas à Tour(s)plus, même si elle est située dans la deuxième couronne de l’agglomération tourangelle. Le mouvement de périurbanisation s’est principalement fait ressentir au Nord de la commune (le bourg). Le Grand Village, au Sud, n’a été que partiellement modifié. 55 Source : POS de La Ville-aux-Dames, p.4 Source : PPRi du Val de Tours – Val de Luynes, p.17 57 Source : POS de La Ville-aux-Dames, p.4 58 Entretien avec Mme Masson, adjointe à l’environnement, le 20/04/2005 56 62 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 B. DONNEES DEMOGRAPHIQUES GENERALES Entre 1982 et 1999, la population de La Ville-aux-Dames croît de façon régulière et soutenue, même si on constate un certain ralentissement. Elle comptait 4 647 habitants au recensement INSEE de 1999. La démographie de La Ville-aux-Dames est caractéristique des communes périurbaines. Il s’agit d’une population relativement jeune arrivée dans les années 1970, qui commence cependant à vieillir sur le territoire communal. La VilleauxDames 0-19 ans 20-39 ans 40-59 ans 60-74 ans 75 ans et plus 26.2 % 24.5 % 31.9 % 12.8 % 4.6 % Tableau 1: Répartition par classes d’âges en 1999 (source : POS p. 19) La Ville-aux-Dames attire principalement les jeunes ménages (29-40 ans) avec enfants ainsi que les personnes âgées de 40 à 59 ans. En 1999, les couples avec un ou deux enfants (31,8 %) et les couples sans enfant (40,1 %) constituent les types de famille les plus représentés à la Ville-aux-Dames59. Un solde déficitaire pour les individus de 15 à 29 ans est à souligner. Le nombre de personnes par foyer étant relativement faible, La Ville-aux-Dames doit proposer de nombreux logements. Elle offre en grande majorité de l’habitat individuel (86,3 % du parc en 199960), ainsi que des logements individuels groupés et des logements collectifs en moindre proportion. Il s’agit principalement de résidences principales, puisque les logements occasionnels ne représentent que 0,8 % du parc en 1999 et l’on ne compte que 2,3 % de logements vacants cette même année. La commune connaît un fort ralentissement de la construction lié notamment aux contraintes d’inondation et d’exposition aux risques industriels, alors que la demande en logement est de plus en plus forte. De ce fait, le marché local de l’habitat est très tendu, élevant considérablement le prix du foncier sur La Ville-aux-Dames qui est d’ailleurs le plus élevé sur la CCET. 59 60 Source : PLH p.13 Source : recensement INSEE de 1999 63 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 C. DONNEES SOCIO-ECONOMIQUES Le taux de chômage dans la population de La Ville-aux-Dames est de 8,8 %, ce qui est relativement faible comparé à la moyenne nationale s’élevant à environ 10 %. 1999 Ensemble Ensemble Evolution de 1990 à 1999 Ayant un emploi Chômeurs Ensemble Ayant un emploi Chômeurs 2 245 90,9 % 8,8 % 10,9 % 12,5 % 2,1 % de 15 à 24 ans 157 74,5 % 20,4 % -35,1 % -33,1 % -34,7 % de 25 à 49 ans 1 528 91,8 % 8,2 % 6,6 % 5,8 % 15,6 % 560 93,0 % 7,0 % 60,9 % 66,5 % 11,4 % Hommes 1 150 92,3 % 7,0 % 0,4 % 0,6 % 12,5 % Femmes 1 095 89,4 % 10,6 % 24,6 % 29,2 % -4,1 % de 50 ans ou plus Tableau 2 : population active à La Ville-aux-Dames (source : INSEE, Recensement de la population de 1990, exploitation exhaustive, et, Recensement de la population de 1999, exploitation principale) Les employés, les ouvriers puis les professions intermédiaires forment l’essentiel de la population active. 1999 Agriculteurs exploitants Artisans Commerçants Chefs d’entreprise Cadres professions intellectuelles supérieures Professions intermédiaires Employés Ouvriers La VilleauxDames 1.1 % 4.2 % 6.6 % 23.5 % 34.9 % 29.6 % Tableau 3: CSP des actifs de la Ville-aux-Dames en 1999 (source : PLH) Les revenus des habitants de La Ville-aux-Dames connaissent une augmentation depuis les vingt dernières années : le revenu annuel moyen déclaré en 1990 s’élève à 84 068 francs (12 816 €) contre 101 402 francs (15 458 €) en 1999, soit 20,6 % d’augmentation. Cela montre un certain dynamisme pour la commune. Cependant, 40 % des foyers étaient déclarés non imposables en 1999. Entre 1990 et 1999, le nombre d’emplois sur La Ville-aux-Dames a augmenté de 26 %. Trois zones d’activités sont présentes sur la commune : - une partie de la Zone d’Activités des Yvaudières, commune avec Saint-Pierre-desCorps. Cette zone est entièrement occupée ; - la Zone Industrielle du Bois de Plante. Il reste actuellement une dizaine d’hectares à urbaniser dans cette zone ; - la ZAC des Fougerolles dont dix hectares sont en cours d’acquisition. 64 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Plus des trois quarts de la population active de La Ville-aux-Dames travaillent dans une commune différente de leur lieu de résidence. Les deux pôles les plus attractifs, pour les habitants de la CCET, sont surtout Tour(s)plus qui accueille 60 % de ses actifs en 1999, et, dans une moindre mesure, Amboise (2,9 % des actifs en 1999). Il en est probablement de même pour La Ville-aux-Dames. Plus de 55 % des emplois proposés par la CCET sont, quant à eux, de plus en plus occupés par des actifs extérieurs à celle-ci61. Actifs ayant un emploi 1999 Ensemble 2 040 Travaillent et résident : * dans la même commune 297 * dans 2 communes différentes : 1 743 - de la même unité urbaine 1 559 - du même département 1 656 87 - de départements différents Tableau 4 : Lieu de résidence – lieu de travail des habitants de La Ville-aux-Dames (source : INSEE 1999) Le nombre de véhicule est important sur le territoire (plus de 2 300). Nombre total de ménages en 1999 Ménages sans voiture % Ménages 1 voiture % Ménages 2 voitures ou plus % 1638 100 6.1 765 46.7 773 47.2 La Villeaux-Dames Tableau 5: nombre de véhicules par foyer à La Ville-aux-Dames (source : INSEE, 1999) 61 Source : PLH p.65 65 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 D. LA VULNERABILITE DE LA VILLE-AUX-DAMES ENJEUX GENERAUX INDICATEURS ASSOCIES Phase 3 L’habitant Phase 1&2 1- Nombre de personnes âgées X X AGE Nombre d'enfants (nourrissons, très jeunes enfants, enfants scolarisés dans le primaire) X Santé physique des personnes (personnes à mobilité réduite, malades nécessitant des soins particuliers, aveugles, sourds, muets) SANTE X X X Santé mentale des personnes (personnes ayant des pathologies ou des dépendances) X X Santé mentale des personnes suivant le sexe X OBSERVATIONS A LA VILLE-AUX-DAMES Les classes d'âges 60-74 ans (12,8%) et plus de 75 ans (4,6%) en 1999 sont en hausse (source : PLH). La population vieillit même si celle-ci reste relativement jeune (indice de vieillesse (PLH) : 0,67 en 1999 ; 0,39 en 1990). La MAFPA (résidence pour personnes âgées) concentre une population fragile. Son accès est, en plus, problématique pour les secours. Sur la commune, deux écoles (maternelle et primaire) et un centre de loisirs concentrent ce type de population. (Voir annexe : Inventaire des services à La Ville-aux-Dames) Il existe aussi une liste des personnes à mobilité réduite dans le projet de Plan de Secours de la commune. (Voir annexe : Inventaire des services à La Ville-aux-Dames et Entretien avec M. Dallet et M. Viros, médecins généralistes à La Ville-aux-Dames) Il existe seulement une psychologue scolaire sur la commune. (Voir annexe : Inventaire des services à La Ville-aux-Dames et entretien avec M. Dallet et M. Viros, médecins généralistes à La Ville-aux-Dames) 2 285 hommes et 2 358 femmes en 1999 sur La Ville-aux-Dames. (Voir annexe : Entretien avec M. Dallet et M. Viros, médecins généralistes à La Ville-aux-Dames) 66 INDICATEURS ASSOCIES Nombre de personnes par familles Phase 3 ENJEUX GENERAUX Phase 1&2 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 X Nombre de personnes par ménage : 2,8 en 1999 (source : INSEE). X 13,5% des ménages en 1999. (source : PLH) X 6,4% des ménages en 1999. (source : PLH) Nombre de personnes seules Familles monoparentales MENAGES OBSERVATIONS A LA VILLE-AUX-DAMES Les types de familles les plus représentés sur la commune en 1999 sont : - les couples avec 1 ou 2 enfants : 31,8% des ménages - les couples sans enfant : 40,1%. (source : PLH) Familles "traditionnelles" X Fragilité économique X X Des personnes habitent dans des logements précaires à la Ville-auxDames, non loin de la levée. Le taux de chômage à La Ville-auxDames s'élève à 8,8%, ce qui est faible comparé au taux de chômage à Tours (16,2%). (source : INSEE) X Fragilité sociale Migrations domicile-travail EMPLOI X X Population active en augmentation : 2040 personnes en 1999 soit +12,5% par rapport à 1990 (source : PLH). 1743 personnes habitent et travaillent dans deux communes différentes : surtout dans deux communes de la même unité urbaine (agglomération tourangelle) et du même département. (source : INSEE) Croissance de l'emploi à la Ville-auxDames : 1244 emplois en 1999 soit +26% depuis 1990. (source : PLH) Catégories SocioProfessionnelles : surtout des employés et des ouvriers, avec une augmentation de l'importance des professions intermédiaires. (source : PLH) 67 INDICATEURS ASSOCIES Phase 3 ENJEUX GENERAUX Phase 1&2 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Degré d'attachement aux biens X A La Ville-aux-Dames, observation dans les jardins et les garages de citernes non fixées et d'objets susceptibles de flotter Utilité des biens X BIENS X Plus de 2300 voitures à la Ville-auxDames. (source : INSEE 1999) Assurance du véhicule X CULTURE DU RISQUE Préparation face à la crise X X Capacité de relogement X X La culture du risque est quasiment absente chez les habitants de la Villeaux-Dames (d’après les habitants interrogés). ENJEUX GENERAUX INDICATEURS ASSOCIES Présence d'un sous-sol et /ou d'une cave Phase 3 Le logement Phase 1&2 2- OBSERVATIONS A LA VILLE-AUX-DAMES X Etage ou dépendance audessus des PHEC FORME X X OBSERVATIONS A LA VILLE-AUX-DAMES Types de logements observés suite à un travail de terrain (du plus vulnérable au moins vulnérable) : - maison sans étage au dessus des PHEC - rez-de-chaussée dans le collectif - construction avec cave ou sous-sol semi-enterré (particulier tourangeau) - maison individuelle avec un étage au dessus des PHEC - collectif au dessus des plus hautes eaux connues Pas de quartiers homogènes concernant le bâti. 68 INDICATEURS ASSOCIES Phase 3 ENJEUX GÉNÉRAUX Phase 1&2 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Type de matériaux utilisés (ex: maisons à ossature bois) Qualité des fondations X X X X Présence de vides sanitaires X STRUCTURE Précarité de l'habitat (cabane, mobil home, caravane, etc.)) X Configuration du réseau électrique au sein des logements Distance par rapport à la digue POSITION GEOGRAPHIQUE DU LOGEMENT Habitations dans des zones qui ne se vidangent pas d'elles mêmes Peu de cas observés sur le terrain. Indicateur non significatif sur la commune malgré deux ou trois maisons en bois repérées. En revanche, ossatures non visibles de l'extérieur. Environ 80% des maisons sur la communes sont équipées d'un vide sanitaire. 1 camping sur la commune : Le Camping des Acacias Logements précaires observés au Nord-Ouest de la commune (rue des Levées, rue Cécile Bergerot) à la frontière avec St Pierre des Corps. Logements principalement occupés par des "nomades sédentarisés". X X X X X Présence de logements isolés (habitat diffus) X VOCATION DU LOGEMENT X OBSERVATIONS A LA VILLE-AUX-DAMES X Caractéristiques des occupants du logement X X Pas de logement derrière l'ancienne brèche de Conneuil sur le territoire communal, ce qui n'est pas le cas pour Montlouis-sur-Loire. Pas de logement derrière l'ancienne brèche de Conneuil Logements isolés observés au Nord-Ouest de La Boisselière, au Nord-Est du lieu-dit Les Renaudières, entre la RD 142 et Montlouis-sur-Loire. (se référer au cadastre pour distinguer précisément les habitations isolées) Maison de retraite "La MAFPA", rue Dienesch Camping "Les Acacias", rue Morisot Hôtel-restaurant "Au joyeux pêcheur", rue Gabrielle d'Estrées 69 INDICATEURS ASSOCIES Phase 3 ENJEUX GÉNÉRAUX Phase 1&2 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 OBSERVATIONS A LA VILLE-AUX-DAMES X Part non négligeable du parc social pour une commune périurbaine. Le parc social représente 14% des résidences principales en 1999 (même si cela reste en deçà des exigences de la loi SRU) « Le Petit Bois » fut le premier HLM de la commune. Il date de 1974. Déficit d’offre locative privée (9 ,3% de l'offre en 1999). Le parc locatif privé est récent (essentiellement construit après 1990). 76,5% des habitants de la commune étaient propriétaires de leur résidence principale en 1999. Propriétaire occupant Locataire d'un bailleur social X TYPE DE BAILLEUR Locataire auprès d'un particulier X UTILITÉ SOCIALE DES SERVICES SERVICES Services politiques (cabinet du Maire) Phase 3 Les services Phase 1&2 3- OBSERVATIONS A LA VILLE-AUXDAMES 55 employés municipaux répartis dans 8 services à la mairie de La Ville-aux-Dames. Service voirie Service voirie départemental (Conseil Général ou DDE) Services indispensables pendant toute la durée de la crise Administration pénitentiaire Pas de prison à La Ville-auxDames Production, transport et commerce d'électricité Captage, traitement et distribution d'eau Réseau d'eau : Générale des Eaux Réseau d'électricité : EDF (voir tableaux réseau de distribution d'électricité et réseau de distribution de gaz de ville). Une station-service dans le centre commercial Leclerc (ZAC des Fougerolles). Commerce de détail de carburants 70 SERVICES Hôpitaux, Cliniques Services indispensables pendant l'évacuation et l'inondation, et utiles au retour Service Départemental d'Incendie et de Secours (SDIS) Casernes locales de pompiers Télécommunications (hors transmissions audiovisuelles) Phase 3 UTILITÉ SOCIALE DES SERVICES Phase 1&2 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 OBSERVATIONS A LA VILLE-AUXDAMES Pas d'hôpital et de clinique à La Ville-aux-Dames. En revanche, plusieurs hôpitaux et cliniques à Tours : - hôpitaux Bretonneau, Trousseau, Clocheville - Cliniques des Dames Blanches, Saint-Augustin, Saint-Gatien, Saint-Grégoire, Velpeau, Fleming, et clinique du Parc Pas de caserne de pompiers à La Ville-aux-Dames. Réseau fixe : France Télécom Réseau mobile : Bouygues Télécom et Orange (France Télécom) (voir tableau réseau de télécommunication) Aide aux personnes malades et handicapées Services très utiles pour l'évacuation et indispensables au retour de crise Services très utiles pendant toute la durée de la crise Psychiatrie - Psychologie Une psychologue scolaire seulement sur la commune. Production, stockage et distribution de gaz Réseau de gaz de ville : GDF (voir tableau réseau de distribution de gaz de ville). Pédiatrie Pas de pédiatre à La Ville-auxDames. Location de camions Déménagement Une entreprise de déménagement: - M. Bourdin, 29, avenue Jeanne d'Arc Deux entreprises de location de camions : - VIA Location et InterTransport des Marais, ZI des Yvaudières 71 Services indispensables pendant l'évacuation et l'inondation SERVICES Phase 3 UTILITÉ SOCIALE DES SERVICES Phase 1&2 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 OBSERVATIONS A LA VILLE-AUXDAMES Service Incendie Défense Protection Civile (SID-PC) Existence d'un SID-PC à Tours, délocalisé à Saint-Cyr-sur-Loire (hors zone inondable) en cas d'inondation, avec cellule de crise et Plan de Secours Spécialisé Inondations. DIREN DIREN Centre basée à Orléans, avec Service de Prévision des Crues qui surveille toute la Loire. Gendarmerie - Police Un seul policier compose la Police Municipale de La Ville-auxDames. Médecine d'urgence Médecine des associations humanitaires Infirmiers(ères) urgentistes Aide alimentaire Médecine Générale Infirmiers(ères) libéraux(les) Services indispensables au retour, après l'inondation Sur la commune : - 5 médecins généralistes - 7 Infirmier(ère)s Services municipaux de collecte et de traitement des eaux usées et service municipal de l'environnement (eau, assainissement, déchets) Compétences gestion des déchets, gestion des eaux de l'intercommunalité Enlèvement et traitement des ordures ménagères Traitements des autres déchets solides Adduction d'eau et assainissement sous la responsabilité de la commune. Gestion des déchets : Communauté de Communes de l'Est Tourangeau Terrassement Démolition Travaux souterrains, Une entreprise de démolition : Garcia Frères, La Boisselière réalisation de réseaux Levage, montage Construction d'ouvrages d'art Construction de voies ferrées 72 Services indispensables au retour, après l'inondation (suite) SERVICES Phase 3 UTILITÉ SOCIALE DES SERVICES Phase 1&2 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 OBSERVATIONS A LA VILLE-AUXDAMES Services de désinfection Touraine Désinfection, M.Adel : 8, rue Lucie Coutaz-Repland Epicerie-Supérette Supermarché-Hypermarché Hypermarché Leclerc : ZAC des Fougerolles Centres de loisirs sans hébergement (CLSH) Crèches et garderies d'enfants CLSH, rue Colette Garderie, 23, rue Marie Curie Assurance et mutuelles Construction de lignes électriques et de télécommunications Assurance des habitants, lieux divers. Réseaux de télécommunication sur la commune : France Telecom (fixe et mobile) et Bouygues Telecom (mobile). (voir tableau réseaux de télécommunication) Construction de chaussées routières Carrière de Luché : ZI des Yvaudières Métiers du bâtiment : - isolation et étanchéification - plâtrerie - installations électriques, d'eau et de gaz - installation d'équipements thermiques, de climatisation et d'assèchement - menuiserie bois et métallique - maçonnerie - revêtement des sols et des murs - miroiterie et vitrerie - peinture A La Ville-aux-Dames : - 5 menuisiers - 3 plombiers - 3 électriciens - 2 maçons - 1 carreleur - 2 peintres-plâtriers - 1 vendeur d'appareils de climatisation et de séchage Commerce de matériaux de construction et appareils sanitaires, de revêtements de sols et de murs, de fournitures pour plomberie et chauffage Un commerce de revêtements de sols et de murs : Seigneurie Euridep, ZI Bois des Plantes Experts en construction Entretien et réparation de véhicules automobiles Transports urbains de voyageurs Six garages, dont un pour poids lourds, sur le territoire de La Villeaux-Dames Fil Bleu pour toute l'agglomération tourangelle et les communes alentours 73 SERVICES Phase 3 UTILITÉ SOCIALE DES SERVICES Phase 1&2 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 OBSERVATIONS A LA VILLE-AUXDAMES Service d'action sociale de la commune Services très utiles pendant l'évacuation Services très utiles au retour Ambulances Un ambulancier sur la commune : DIDIER Ambulances, 10, rue M. Laurencin Centres de collecte et banques de sang Collecte à l'hôpital Bretonneau Armée La Ville-aux-Dames dépend de la zone de défense de Rennes. Les hommes mobilisés le seront sur un large périmètre. La Ville-auxDames ne sera sans doute pas la commune prioritaire. Commerce alimentaire de gros Un grossiste en liquide (pour Auchan) sur La Ville-aux-Dames : ID Logistics France, ZI des Yvaudières Location d'autocars Location de matériels de transport aérien (hélicoptères) Une entreprise de location d'autocars (avec chauffeurs) : Touraine Avenir Voyage, ZI des Yvaudières Location de matériel nautique (petits bateaux pneumatiques) Un vendeur de matériel nautique motorisé : Ets. Pétrignet, ZAC des Fougerolles Pharmacie 2 pharmacies : M. Bruel, 3 rue Agnès Sorel Mme Guyomarc'h, 89 av. George Sand Kinésithérapie 2 kinésithérapeutes : M. Veie, av. Jeanne d'Arc Mme Drouault, 31 av. M. Curie Accueil des enfants handicapés Accueil des adultes handicapés Pas de structure à La Ville-auxDames Accueil des personnes âgées Maison d'accueil familial de personnes âgées (MAFPA) 1 rue Marie-Madeleine Dienesch Aide à domicile Commerce d'appareils photographiques Commerce de développement photographique (argentique et numérique) 1 Hypermarché : Leclerc, ZAC des Fougerolles 74 SERVICES OBSERVATIONS A LA VILLE-AUXDAMES Transport de voyageurs par taxis Une entreprise de taxis à La Ville-aux-Dames : M. Saudeau, 68 bis rue George Sand Postes nationales Deux bureaux de postes sur la commune : - 124 bis, avenue Jeanne d'Arc - 95, avenue George Sand Location de voitures Commerce de véhicules automobiles A La Ville-aux-Dames, il n'existe qu'un seul vendeur de voitures. Mais celui-ci les importe de l'étranger donc les délais sont plus longs : - SCI Paré, ZAC des Fougerolles Aucun commerce de ce type à La Ville-aux-Dames. Commerce et réparation de motocycles Services très utiles au retour (suite) Phase 3 UTILITÉ SOCIALE DES SERVICES Phase 1&2 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Boulangerie-pâtisserie Boucherie-Boucherie chevaline Charcuterie-Traiteur Trois boulangeries et une charcuterie sur la commune. Banques-Caisses d'épargneOrganismes financiers Une agence du Crédit Agricole Distribution et commerce de combustibles Une entreprise de distribution de combustibles : Iber logistics, ZI des Yvaudières Blanchisserie-Teinturerie Aucun commerce de ce type à La Ville-aux-Dames Une école maternelle au 103 bis, avenue Jeanne d'Arc. Une école primaire au 103, avenue Jeanne d'Arc. Enseignement primaire (écoles maternelles et primaires) Gestion des retraites complémentaires Distribution sociale de revenus Selon les situations personnelles. DDASS Services vétérinaires Commerce de droguerie et de quincaillerie (gros et détail) Pas de commerce de droguerie et de quincaillerie à La Ville-auxDames. Commerce de bricolage (gros et détail) Une grande surface de bricolage : M. Bricolage, ZAC des Fougerolles Activités d'architecture Métreurs, géomètres Ingénierie, études techniques Aucune activité de ce type à La Ville-aux-Dames 75 SERVICES Transports routiers réguliers de voyageurs Transports ferroviaires de voyageurs Phase 3 UTILITÉ SOCIALE DES SERVICES Phase 1&2 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 OBSERVATIONS A LA VILLE-AUXDAMES Réseau Ferré de France Fil Vert Transports routiers et ferroviaires de marchandises Transport de proximité et interurbains Services très utiles au retour (suite) Gestion d'infrastructures de transports terrestres La commune Le département La région SNCF Charpenterie, couverture Deux charpentiers-couvreurs sur la commune : - M. Morel, 82 rue Gabrielle d'Estrées - Quintas SARL, 44 rue Mado Robin Serrurerie Un serrurier à La Ville-auxDames : M. Brichet, ZAC des Fougerolles (galerie marchande de l'hypermarché Leclerc) Pas de commerce de ce type à La Ville-aux-Dames. Commerce d'optique Pompes funèbres Pas de commerce de ce type à La Ville-aux-Dames. Administration d'immeubles résidentiels 76 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 ENJEUX GÉNÉRAUX INDICATEURS ASSOCIES Phase 3 Les réseaux de communication Phase 1&2 4- Utilité des itinéraires (taux de fréquentation) X X X ROUTES Statut juridique de la route (appartenance de la route) X VEHICULES Véhicules à forte utilité (véhicules de secours, voitures personnelles, outil de travail de professionnels, etc.) Le réseau communal se compose de quatre routes départementales (RD 140, RD 141, RD 142 et RD 751) et d'une majorité de routes communale. X Dépendance d'un réseau de communication à l'électricité (train, tramway, métro) Nombre de voitures sur la commune Les axes suivants sont ceux les plus fréquentés sur la commune : - RD 751, RD 140, RD 141, RD 142 - Avenue Jeanne d'Arc, Avenue Marie Curie, Avenue George Sand, Rue Louise Michel Plusieurs points stratégiques sur la commune : - Le pont permettant de traverser la voie ferrée, Avenue Marie Curie Le rond-point situé au Nord-Est de la Ville-aux-Dames permettant d'aller vers l'Est (Montlouis-sur-Loire, Amboise) mais aussi de revenir sur Tours. Coupures en des points stratégiques (carrefour, ouvrage de franchissement) Sensibilité de la voie à l'endommagement OBSERVATIONS A LA VILLE-AUX-DAMES X environ 2 300 voitures à la Villeaux-Dames (source : INSEE 1999). X X X 77 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 ENJEUX GÉNÉRAUX INDICATEURS ASSOCIES Matériel permettant le fonctionnement du réseau: Production : points de captage, stations de traitement Stockage : points de stockage (château d'eau ou cuve) Distribution : canalisations, éventuellement dépresseurs et surpresseurs dans un système non gravitaire RÉSEAU D'ADDUCTION D'EAU X Phase 3 Le réseau d’adduction d’eau Phase 1&2 5- X Nombre d'abonnés X X Service gestionnaire X X OBSERVATIONS A LA VILLE-AUXDAMES Réseau géré par la Générale des Eaux : - 2 châteaux d'eaux : l'un rue Marie Curie, l'autre derrière le Centre de loisirs et le stade Michel Hidalgo. - 3 points de captage sur l'île de Rochecorbon. Interconnexion possible avec le réseau de Saint-Pierre-des-Corps mais cette commune sera aussi inondée. 100% des bâtiments sont reliés à l'eau et tous seront touchés par l'arrêt de la distribution. D'après la Générale des Eaux, il n'y aura pas de travaux de réparation à effectuer sur les canalisations. (source : Entretien avec M. Gomez, responsable d'exploitation à la Générale des Eaux, secteur de SaintPierre-des-Corps et de La Ville-auxDames) 78 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 ENJEUX GÉNÉRAUX INDICATEURS ASSOCIES Matériel permettant le fonctionnement du réseau : Distribution : transformateurs, compteurs, lignes électriques aériennes et souterraines, pylônes électriques (réseau en coupure d'artères, "cascade de tensions" de la THT à la BT) X Phase 3 Le réseau électrique Phase 1&2 6- X Réseau géré entièrement par EDF : - Un seul transformateur HT-MT à Saint-Pierre-des-Corps (en zone inondable) alimentant tout le réseau communal et composé de 2 départs électriques (au sud et au nord des voies ferrées). - 30 transformateurs (MT - BT) appartenant au gestionnaire de réseau, tous situés en zone inondable. - 7 transformateurs (MT-BT) privés, tous situés en zone inondable. - Un compteur électrique par bâtiment au moins. (Voir annexe : Compte-rendu de l'entretien avec M. Decros, responsable du Service Qualité Electricité d'EDF) X 100% des bâtiments de la Ville-auxDames sont reliés au réseau électrique et tous seront touchés par l'arrêt de la distribution. Nombre d'abonnés RÉSEAU DE DISTRIBUTION D'ÉLECTRICITÉ Service gestionnaire X OBSERVATIONS A LA VILLE-AUX-DAMES X La zone de distribution se trouve à Tours Sud en zone inondable (rue Fromentelle). Cette zone de distribution sera évacuée et installée dans deux autres sites à Saint-Cyr-sur-Loire et à Tours (source: PSSi Préfecture p.112). Les lignes (principalement souterraines à La Ville-aux-Dames) ne seront pas touchées. Les installations derrière la digue seront balayées (notamment le transformateur de la station de pompage). Les transformateurs devront tous être remplacés (à raison de 3000 € par transformateur). Les compteurs seront tous à sécher. 79 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 ENJEUX GÉNÉRAUX INDICATEURS ASSOCIES Matériel permettant le fonctionnement du réseau : Distribution : gazoducs, vannes, canalisations souterraines (réseau en antenne) RÉSEAU DE DISTRIBUTION DE GAZ DE VILLE X Phase 3 Le réseau de gaz Phase 1&2 7- X Nombre d'abonnés X Service gestionnaire RÉSEAU DE DISTRIBUTION DE GAZ (non naturel) Matériel permettant le fonctionnement du réseau : Production : usines de production de gaz Stockage : points de stockage (cuves, citernes, bouteilles) Distribution : camions de transport de gaz équipés X X X X Nombre d'utilisateurs X Service gestionnaire X OBSERVATIONS A LA VILLE-AUX-DAMES Réseau entièrement géré par GDF. Canalisations de gaz Moyenne Pression uniquement (4bars). 100 % des bâtiments de la Villeaux-Dames étant situés en zone inondable, tous les abonnés au gaz de ville seront touchés par l'arrêt de la distribution de gaz. D'après un agent GDF, il n'y aura pas de travaux de réparation à réaliser sur les canalisations. De plus, la zone de distribution sera évacuée et installée à Tours (source : PSSi Préfecture p. 112). Aucune usine de production de gaz n'a été recensée sur la commune. Mais une entreprise de ce type (Primagaz) est située sur la commune voisine de Saint-Pierre-des-Corps. Elle est située juste derrière la digue, en zone inondable. Observation de plusieurs citernes non fixées dans les jardins des habitants de La Ville-aux-Dames. X 80 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 ENJEUX GÉNÉRAUX INDICATEURS ASSOCIES Matériel permettant le fonctionnement du réseau : Distribution : centres de transit, centraux téléphoniques, armoires de sous-répartition, lignes (aériennes et souterraines), pylônes, émetteurs pour téléphonie mobile Nombre d'abonnés Services gestionnaires Phase 3 Les réseaux de télécommunication Phase 1&2 8- X X X X RÉSEAU DE TELECOMMUNICATION X X OBSERVATIONS A LA VILLE-AUXDAMES Réseau de téléphonie fixe majoritairement géré par France Telecom. Un émetteur Bouygues Telecom sur la ZAC des Fougerolles (à côté du magasin Baobab) et un émetteur Orange sur la ZI des Yvaudières (à côté de l'agence France Telecom Unité Réseau Régionale - Centre Val de Loire). D'après France Telecom, c'est principalement sur la boucle locale et sur les centraux téléphoniques que vont se concentrer les problèmes en cas d'inondation. Le plus difficile sera alors d'écoper l'eau stockée dans les centraux et les armoires puis de les faire sécher. France Telecom signale également sa très forte dépendance au réseau électrique. Tant que ce dernier n'est pas rétabli, les centraux téléphoniques ne peuvent être alimentés en électricité et donc ne peuvent fonctionner. (Voir annexe : Compte-rendu de l'entretien avec M. Deshaies, pilote de l'emploi à l'Unité Régionale Centre-Val de Loire de France Telecom) 81 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Matériel permettant le fonctionnement du réseau: Transport : canalisations, ramassage des ordures ménagères Stockage : poubelles bennes, containers Traitement : station d'épuration, déchetterie, centre de tri, incinérateur Phase 3 ENJEUX GÉNÉRAUX INDICATEURS ASSOCIES Phase 1&2 Le réseau d’assainissement OBSERVATIONS A LA VILLE-AUXDAMES X Réseau d'assainissement et d'évacuation des eaux usées géré par la commune elle-même et réseau d'évacuation des déchets géré par la Communauté de Communes de l'Est Tourangeau (CCET). Les eaux usées de la commune convergent vers la station d'épuration de La Riche. Les eaux pluviales se déversent dans la Boire de Saint-Pierre-desCorps. Nombre d'habitants RÉSEAU D'ASSAINISSEMENT ET D'ÉVACUATION X Services gestionnaires X 100% des habitants de la commune ont la possibilité d'évacuer leurs eaux usées et leurs déchets et tous seront touchés par la perturbation ou le non fonctionnement de ces réseaux. La station d'épuration de La Riche est en zone inondable. D'après Mme Soulignac, responsable des stations d'épuration au service assainissement de Tour(s)plus, l'immersion de la station d'épuration ne poserait pas de problème particulier. Les eaux usées seraient stockées dans les postes de stockage et pourraient être rejetées dans la Loire, sans créer d'importantes pollutions. 82 Partie III Scénario 83 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 PRÉAMBULE Le scénario qui suit cherche à offrir la vision la plus exhaustive possible des conséquences d’une inondation de type cinq-centennale, sur une commune du Val de Loire. L’aléa proposé reprend ceux qui se sont déjà produits historiquement : l’inondation a lieu à la suite d’une rupture de digue par surverse à Conneuil et touche le Val de Tours, inondable dans sa totalité. Ce scénario prend pour exemple La Ville-aux-Dames, et s’appuie sur l’état actuel de vulnérabilité de cette commune, définie précédemment, et celle de ses voisines face au risque d’inondation. Le récit produit n’a pas la prétention d’être la prévision exacte de ce qui se passerait lors d’une inondation, mais s’attache néanmoins à être le plus proche de la réalité. Il a été construit : - d’après les données que nous avons pu obtenir sur le terrain en rencontrant certains acteurs du territoire : les élus, les employés municipaux, les gestionnaires des réseaux, des habitants, des commerçants, et des entreprises. Ces données sont mises en évidence par des cadres de couleur rose ; - d’après les données transmises par nos commanditaires : la DIREN Centre et l’Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature. Ces données, souvent d’ordre théorique, sont différenciées du scénario par des cadres de couleur orangée ; - d’après les rapports d’expérience d’inondations ayant eu lieu récemment en France (en Bretagne et Saône en 1999 et 2001, dans le Gard en 2002) ; - d’après le livre de M. VARAGNE, Le Jour où la Loire débordera…, qui relate les événements qui pourraient avoir lieu lors d’une crue de même type, à Orléans. Le scénario a donc pour but de faire apparaître les points faibles de la gestion de crise si elle avait lieu actuellement, tant au moment de l’évacuation que pendant l’inondation et au retour de crise. Dégager les difficultés que rencontrent les communes et les habitants permettra de proposer, en dernière partie de ce rapport, une stratégie de réduction de la vulnérabilité destinée aux municipalités et aux habitants des communes inondables. En mettant en œuvre les outils qu’elle propose, les acteurs de ces territoires pourront réduire leur vulnérabilité, et faire face à une inondation plus efficacement qu’aujourd’hui. N.B. : Un plan de La Ville-aux-Dames est disponible pour permettre de localiser les sites mentionnés tout au long du scénario (page suivante). 84 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 PLAN DE LA VILLE-AUX-DAMES 85 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 I. PHASE D’ÉVACUATION A- DE L’ANNONCE DE LA CRUE A LA DÉCISION PREFECTORALE D’ÉVACUATION í SAMEDI 10 - MARDI 13 SEPTEMBRE 2005 1- Très fort débit au Bec d’Allier (Samedi 10 septembre 2005) La Loire atteint un débit de 8 500 m3/s au Bec d’Allier, en aval de Nevers (58), ce qui correspond à une crue cinq-centennale. Carte 1: La Loire Moyenne : du Bec d'Allier à Angers Informé par le réseau Cristal, le Service de Prévision des Crues (SPC) de la DIREN et Météo France préviennent la Préfecture d’Indre-et-Loire (37) que ce niveau de débit risque d’entraîner une forte crue de la Loire d’ici six jours à Tours. En effet, la vitesse de propagation de l’onde de crue entre 6 000 m3/s et 8 500 m3/s est de l’ordre de 3,3 km/h (80 km toutes les 24 heures)62. Le SPC informe le Préfet et son équipe qu’une telle vitesse pourra être à l’origine d’une ou de plusieurs brèches sur son territoire. Avec un tel débit, les cotes de niveau d’eau atteindront rapidement sept mètres dans le lit de la Loire par rapport au niveau de l’étiage, cote qui correspond à la décision d’évacuer toutes les populations résidant en zone inondable63. Le Préfet déclenche le Plan de Secours Spécialisé Inondations (PSSi) et forme la « cellule restreinte » dans ses locaux du Service Incendie Défense et Protection Civile (SIDPC). Cette cellule a pour but d’anticiper les inondations sur les sites sensibles, et de suivre l’évolution de la situation. 62 63 Préfecture d’Indre-et-Loire, Plan de Secours Spécialisé - inondations, Tours, 2002, p.11 Voir Partie I : Anticipation et gestion de crise, p.36 86 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 2- Gien sous les eaux (lundi 12 septembre – 22h00) Le Préfet sait que lorsque Gien commence à être inondé, il dispose de moins de trois jours pour prendre des mesures préventives. Conscient de la gravité de la situation (l’inondation éventuelle concerne 115 000 habitants, 44 450 logements, 4 690 entreprises, 331 équipements collectifs, 11 stations d’eau et 380 hectares en culture dans le secteur Tours Amont (Montlouis-sur-Loire, La Ville-auxDames, Saint-Pierre-des-Corps, Tours, La Riche)64, le Préfet se voit dans l’obligation de prendre dès le lendemain un arrêté préfectoral d’évacuation de la population habitant en zone inondable dans les communes situées entre Montlouis-sur-Loire et Tours (Tours n’est pas évacuée car la ville est protégée par l’autoroute A10 batardée). L’évacuation de toute la population devra avoir lieu dans une période de 72 heures. S’appuyant sur le Règlement Départemental d’Annonce des Crues et de Transmission des Avis de Crues, le Préfet tente de contacter tous les acteurs du territoire pour les convoquer à une réunion, le lendemain matin. Ce relais d’information est difficile à réaliser à cause : de la complexité et de la longueur de la chaîne d’alerte ; de la non mise à jour des documents, obligeant à rechercher les nouvelles coordonnées de certains acteurs65. Si l’inondation a réellement lieu, d’après les brèches qui se sont historiquement produites, c’est à Conneuil, au Nord-est de La Ville-aux-Dames que la digue cèdera car la vitesse de l’eau y est plus importante. Le PPRi informe que toute la commune de La Villeaux-Dames est en zone inondable. Il faut envisager de faire évacuer la population de La Ville-aux-Dames dans son ensemble. 3 Mardi 13 septembre 2005 : la décision d’évacuation Renforcement de la cellule de crise restreinte par la mise en place d'un P.C. fixe (cellule de crise préfectorale) délocalisé à Saint-Cyr-sur-Loire, dans les locaux du Secrétariat Général pour l’Administration de la Police, rue du Mûrier66. Les locaux du SID-PC sont à Tours en zone inondable, il apparaît donc plus judicieux à la Préfecture de se déplacer en prévision d’une éventuelle inondation de Tours. a) Information des acteurs des territoires concernés En début de matinée, le Préfet, avec la DIREN, organise une réunion interne qui a pour but : de relayer l’ordre d’évacuation à tous les acteurs du territoire ; de mobiliser des renforts supplémentaires (venant d’autres régions et d’autres pays, en appliquant l’accord d’assistance réciproque au niveau européen qui donne le droit à l’État qui subit une catastrophe d’obtenir des renforts des nations cosignataires, Allemagne et autres pays européens.)67 ; de s’interroger sur les lieux d’accueil potentiels pour la population évacuée. 64 Préfecture d’Indre-et-Loire, Plan de Secours Spécialisé - inondations, Tours, 2002, p. 27 Voir Partie I : II- La Crise et la post-crise : La gestion de la fonction résidentielle en temps de crise. p.28 66 Préfecture d’Indre-et-Loire, Plan de Secours Spécialisé - inondations, Tours, 2002, p. 50 67 Accord mis en œuvre pour la première fois lors des crues du Gard en 2003 (source : Colloque d’Arles, 03/12/04, Synthèse des Interventions) 65 87 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Les acteurs concernés sont : les services déconcentrés de l’Etat : DDE ; DRIRE ; DDASS ; DDAF ; DRAC ; Chambres Consulaires. les collectivités territoriales : Municipalité : Ɠ Maires (dont celui de La Ville-aux-Dames) ; Ɠ services municipaux. Services Intercommunaux : Ɠ La Communauté de Communes de l’Est Tourangeau (la CCET) ; Ɠ La Communauté d’Agglomérations Tourangelles : Tour(s)plus. Les Grands Opérateurs : transports : SNCF et responsables des transports en commun ; EDF-GDF ; France Telecom ; La Générale de Eaux. La Sécurité et la santé : police ; gendarmerie ; pompiers ; SDIS ; centre hospitalier régional ; SAMU ; SMUR. Les Services de gestion de la Loire : EPL ; gestion des barrages. Autre : rectorat. b) Relais de l’annonce préfectorale d’évacuation par les municipalités Le Maire, dans la chaîne officielle d’alerte, est responsable de l’évacuation de ses administrés, ordonnée par le Préfet. Il doit donc annoncer l’évacuation et veiller à ce qu’elle se déroule au mieux. 88 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 A La Ville-aux-Dames, l’annonce d’évacuation est difficile à réaliser. En effet, à cause d’un manque réel de préparation, la municipalité perd un temps considérable : à réunir tout le personnel communal nécessaire à la bonne gestion de l’annonce de l’évacuation. Elus et services municipaux seront difficilement disponibles en septembre car l’astreinte inondation se calque sur l’astreinte salage (de décembre à mars) ; à chercher du matériel pour transmettre l’alerte sonore : aucune autre sirène que celle des pompiers n’est prévue ; La Ville-aux-Dames ne possède que peu de matériel : Ɠ aucun mégaphone amovible ; Ɠ un seul EMA (Ensemble Mobile d’Alerte, voiture munies de hautparleurs circulant dans les rues) : celui de la Police Municipale. à transmettre un message clair à la population : incompréhension du signal transmis par la sirène. La population n’est en effet pas préparée à ce genre d’alerte et n’en connaît donc pas la signification. Ce moyen est donc inefficace, et devient même paniquant pour certaines personnes ; un message est diffusé par les mégaphones disponibles sur la commune. Les habitants n’étant pas préparés, ils ne portent pas grande attention à ce message : « La commune va être touchée par une inondation dans les prochaines 72 heures. L’évacuation de la ville a été décidée ; nous vous demandons donc de fermer le gaz, l’électricité et l’eau. Prenez le minimum dont vous aurez besoin pendant deux semaines : papiers personnels, médicaments indispensables, vêtements de rechange, nécessaire de toilette. Dans tous les cas, après l’évacuation, personne n’aura l’autorisation de revenir sur la commune pour chercher ce qui lui manque. Avant de partir, veillez à bien fermer vos portes à clef. Si vous ne connaissez personne susceptible de vous héberger pendant les deux prochaines semaines, contactez la mairie. » (Ce message est inspiré de celui du PSC de La Ville-auxDames68, à l’état d’ébauche actuellement). Dans la précipitation et le plan de circulation de crise n’étant pas encore terminé69, certaines rues ne sont pas couvertes par l’annonce ; certaines personnes ne sont alors pas prévenues : celles résidant dans des groupements d’habitat isolé ; celles travaillant au moment de l’annonce (près ou loin de La Ville-aux-Dames). Par exemple, sur La Ville-aux-Dames, les logements isolés sont situés principalement : - au Nord Ouest de La Boisselière - au Nord Est du lieu dit Les Renaudières - à l’Est de la CD 142 - etc. En 1999, la majorité des actifs de La Ville-aux-Dames (85,4 %) travaillaient dans une autre commune que la leur, et pour 95 % d’entre eux, dans la même unité urbaine ou dans le même département. 4,2 % des habitants de La Ville-aux-Dames travaillent hors du département. 68 69 Voir annexe : Exemple d’un message d’alerte dans le PSC de La Ville-aux-Dames Plan à l’état d’ébauche actuellement dans le PSC de La Ville-aux-Dames 89 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Lors d’une telle crise, le Maire peut aussi décider de déclencher l’annonce d’évacuation avant même que le Préfet ne le décide70. Lorsque le Préfet ordonne l’évacuation (souvent quand le problème concerne plusieurs communes du département), il donne au Maire la responsabilité des opérations sur sa commune. C’est le cas de La Ville-aux-Dames. Si le Maire refuse l’évacuation de sa commune, alors le Préfet prend la direction des opérations à la place du Maire. c) Information des populations par les médias Le Préfet, chargé de transmettre l’information au grand public, organise une conférence de presse, après sa réunion avec les acteurs locaux, où sont convoqués : les journaux locaux (La Nouvelle République) ; les radios locales (Radio Béton) et nationales (Radio France) officiellement responsables du relais de cette alerte ; les médias télévisés (France 3 Région). L’alerte de crue et l’ordre d’évacuation sont retransmis en direct par les médias locaux aux populations. Les médias nationaux sont, eux, moins impliqués dans cette retransmission : on assiste à un phénomène de dilution de l’information. Des inondations se sont déjà déroulées en amont de Tours, à Nevers, à Gien, et l’intérêt médiatique diminue ; les informations concernent essentiellement la ville de Tours, sans prendre en compte les communes plus petites aux alentours comme La Ville-aux-Dames ; les informations sont incomplètes ou erronées parce que les médias n’ont euxmêmes pas suffisamment d’éléments ; la rupture de brèche n’est encore qu’une supposition, et ce, 72 heures à l’avance ; les médias ne transmettent pas l’information très rapidement ; d) Premières réactions de la population face à cette annonce Les habitants, une fois mis au courant, rejettent cette information et ne croient pas leurs élus : sentiment d’être protégés par les digues (ils ne pensent pas qu’une inondation telle que celle de Gien puisse se dérouler chez eux). La levée de la Loire a développé un sentiment trompeur de sécurité. Cette digue de plus de sept mètres de hauteur « cache » la Loire et les gens ont effacé l’image du fleuve de leur cognition ; refus d’accepter une telle éventualité puisque ni eux, ni les générations précédentes n’ont vécu une telle situation (même si l’Histoire rappelle que les digues peuvent rompre - crues du XIXème siècle)71 ; aucune preuve concrète du bien-fondé de la décision préfectorale : le fonctionnement de la commune est tout à fait normal ; malgré les pluies continues de ces derniers mois, il fait beau. 70 71 Voir Partie I : II- La Crise et la post-crise : La gestion de la fonction résidentielle en temps de crise. p.28 Voir Partie I : I-C. Historique des crues de la Loire p.17 90 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 La propagation d’une crue dans la Val de Loire est rapide, et surtout brutale comme le montre l’hydrogramme ci-dessus (les délais de propagation sont les mêmes pour une crue cinqcentennale que pour la crue cent-septentennale ici présentée, seules les hauteurs d’eau changent). Cinq jours avant le pic de crue, le niveau de la Loire dans son lit est encore très bas. Lorsque la crue est à son maximum à Gien, il faut moins de trois jours pour qu’il en soit de même à Tours (et donc à La Ville-aux-Dames). Il n’y a pas de connaissance, et encore moins de conscience du risque chez les habitants de La Ville-aux-Dames : - les habitants rencontrés sur La Ville-aux-Dames (avril-juin 2005) ne se sentent pas, en grande majorité, concernés par une inondation produite par rupture de digue ; - ayant connu une inondation due à une remontée d’égouts il y a quelques années, ils n’imaginent pas avoir des hauteurs d’eau chez eux plus importantes que celles qu’ils ont déjà connues, de l’ordre de 50 cm, voire 1 m pour les moins chanceux ; - ni le personnel de la mairie, ni les habitants rencontrés ne savent où se trouvent les repères de crue de la commune (et en ignorent même l’existence). 91 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 B- PREPARATION A L’ÉVACUATION (13 septembre au matin – expiration du délai d’évacuation : 15 septembre au soir) 1- Les priorités d’évacuation en fonction des zones Pendant l’organisation de l’évacuation, les services municipaux se rendent compte que la commune ne sera pas inondée simultanément dans sa totalité : les zones les plus proches de la brèche seront les premières touchées, laissant à peine trois heures supplémentaires aux plus éloignées ; l’eau s’écoulera d’une certaine manière, mais la commune ne s’est jamais renseignée pour savoir comment. Pour définir les zones prioritaires à l’évacuation, la municipalité consulte le seul document qui est à sa disposition : le PPRi. Elle choisit l’ordre d’évacuation en fonction des zones d’aléas. Les populations habitant dans les zones d’aléa très fort seront évacuées en premier, et celles habitant dans les zones d’aléa faible le seront en dernier. La connaissance de l’Atlas des zones inondables72, les réunions de travail avec les services de l’Etat et la lecture du PPRi permettent à certains membres de la municipalité de prendre conscience qu’il faut évacuer toute sa commune. Ces membres informent alors tous les élus et les employés municipaux qui ne sont pas conscients de cette nécessité. Malheureusement, la municipalité dans son ensemble n’a rien préparé dans ce sens. Comme elle n’a que très peu de temps et de moyens pour prévenir les habitants concernés, l’évacuation risque fortement de s’effectuer dans « le désordre » (si elle arrive à convaincre ses administrés de quitter leur logement). La municipalité doit d’ores et déjà prendre en compte les personnes qui n’auront pas de solution de relogement. Elle demande donc à Montlouis-sur-Loire73 de se préparer à accueillir cette population. Un problème est posé à Montlouis-sur-Loire car la municipalité de La Ville-aux-Dames ne peut pas déterminer le nombre de personnes qui vont nécessiter cet accueil. 2- Comportement de la population a) Réticence importante de la population Durant les trois jours suivant l’alerte d’évacuation, les habitants ne croient toujours pas à l’inondation promise, et ce malgré les efforts de communication entrepris par la municipalité. Ils ne se résignent donc pas à préparer l’évacuation qui leur est imposée : ils ne s’imaginent pas quitter leur logement ; ils ne savent pas où ils pourraient aller ; Responsable de la sécurité des habitants sur le territoire communal, la municipalité est dans l’obligation des les faire tous évacuer, et doit trouver des moyens d’y parvenir jusque dans les dernières heures. Certains habitants adoptent un comportement agressif voire même violent. 72 Atlas consultable à l’adresse : http://www2.centre.ecologie.gouv.fr/azi1/index.htm Voir annexe : cartes des aléas des vals de Tours, de Luynes et de Villandry 73 Convention qui devrait être signée entre les deux communes au cours du mois de juillet 2005 pour l’accueil à Montlouis-sur-Loire des sinistrés de La Ville-aux-Dames (source : entretien téléphonique avec Mme MASSON, adjointe au Maire chargée de l’Environnement, le 14 juin 2005). 92 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 La municipalité va se trouver face à un réel problème. Elle ne peut pas être sûre que l’ordre d’évacuation sera suivi d’effets chez les habitants. Il lui faudra donc : - convaincre ses administrés ; - utiliser la force (police, gendarmerie, armée), ce qui est peu réaliste. On estime qu’il faut au minimum deux agents des forces de l’ordre pour évacuer une personne. Il est évident qu’il n’y aura pas assez de personnel pour toutes les personnes à évacuer sur le Val (communes de Montlouis-sur-Loire, Saint-Pierre-des-Corps, La Ville-aux-Dames : au moins 25 000 habitants sans compter l’éventuelle évacuation de Tours.). Ce sera d’autant moins réalisable à La Ville-aux-Dames où il n’y a qu’un policier communal et une secrétaire. b) Un climat de tension qui augmente Même si les habitants ne croient pas au besoin d’évacuer : questionnement et début de panique chez les habitants : comment s’y prendre si l’évacuation doit vraiment avoir lieu ? saturation des réseaux téléphoniques (téléphonie fixe et mobile) : les habitants cherchent à contacter leurs proches susceptibles de les accueillir et de les héberger ; ils téléphonent à leurs connaissances (voisins, etc.) habitant eux aussi sur La Ville-aux-Dames, pour savoir s’ils sont au courant et comment ces derniers réagissent ; ils veulent aussi contacter leur famille et amis pour les prévenir de leur situation et recevoir du soutien, ou reçoivent les appels de ces derniers qui s’inquiètent ; ils cherchent enfin à joindre diverses personnes pour bénéficier d’un service ou d’une prestation : saturation des lignes téléphoniques ; à la mairie, les six lignes téléphoniques sont surchargées. Il est impossible de contacter le personnel municipal. la commune de La Ville-aux-Dames est très peu touristique. C’est une chance pour la municipalité car elle n’a pas à gérer leur évacuation, qui serait d’autant plus difficile à cause de la barrière de la langue. Il existe seulement deux établissements touristiques à La Ville-aux-Dames, situés au Nord-est de la commune : - le camping des Acacias ; - l’hôtel-restaurant « Au joyeux pêcheur ». 3- Préparation des habitants La crue se rapproche du Val de Tours, et quelques habitants commencent à se préparer à l’évacuation. Par effet de chaîne, les habitants de toutes les communes touchées par l’annonce d’évacuation commencent à prendre conscience qu’il leur faudra vraiment quitter leur logement. Les premières préparations ont lieu dans la panique. Il ne leur reste que peu de temps (deux jours à peine) pour s’organiser. Etant donnée l’absence de représentation des habitants de La Ville-aux-Dames des effets qu’une crue de type cinq-centennale peut produire, on ne peut affirmer qu’ils voudront évacuer. Il en va de même pour les communes voisines. 93 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 a) Protection des biens et du logement mise à l’abri, à l’étage quand il y en a un, des biens transportables (peu lourds), même si cet étage risque d’être inondé. Les maisons de plain-pied posent alors un problème car aucun bien ne peut y être protégé ; surélévation des autres biens de 60 cm (meubles, etc.) : besoin de matériel et de matériaux spécifiques (parpaings, briques, etc.). étanchéification et batardage des logements : besoin de matériel et de matériaux spécifiques (ciment, planches, joints, mastic, sable, etc.) ; les magasins de bricolage accessibles sont alors pris d’assaut et dévalisés. les habitants de toute la zone à évacuer cherchent aussi à emporter les biens non protégés avec eux. Les entreprises de location de camions et de camionnettes des environs sont prises d’assaut. Les personnes n’ayant pas pensé, n’ayant pas les moyens de louer des camions ou n’en ayant pas trouvé, entassent un maximum d’effets personnels dans leur(s) propre(s) véhicule(s). Là encore on se rend compte que les habitants que nous avons interrogés n’ont aucune connaissance des effets d’une inondation et en particulier des hauteurs d’eau qui vont toucher leur logement. Il prévoient de : - mettre leurs biens sur des parpaings (élévation maximale : 60 cm), ce qui ne permet pas de les protéger quand les hauteurs d’eau sont de l’ordre de 2 à 4 mètres ; - batarder ou étanchéifier leur logement, ce qui n’a d’efficacité que si les hauteurs d’eau sont inférieures à 1 mètre et si l’on peut pomper au retour. Au dessus d’1 mètre, la pression de l’eau est trop forte et le logement ne résiste pas. On note la présence d’un seul magasin susceptible de fournir des matériaux de construction à La Ville-aux-Dames Nom de l'entreprise M. Bricolage Type de service Adresse N° de téléphone Commerce de bricolage (gros et détail) ZAC des Fougerolles 02 47 44 22 20 et seulement deux entreprises aptes à louer des véhicules : Nom de l'entreprise Type de service Adresse N° de téléphone VIA Location Location de camions ZI des Yvaudières 02 47 44 47 18 M.BOURDIN Déménagement 02 47 44 69 36 29, rue Jeanne d'Arc 94 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 b) Complexité des préparations pour certains habitants les personnes exerçant leur activité professionnelle, libérale ou commerciale, sur La Ville-aux-Dames, et qui habitent la commune, doivent à la fois protéger leurs biens personnels et leurs biens professionnels ; les personnes seules et les familles monoparentales ont elles aussi plus de mal à préparer leur évacuation. Les premières ne bénéficient pas de l’aide d’un conjoint. Quant aux dernières, elles doivent à la fois s’occuper de leurs enfants et mettre leurs biens en sécurité. A La Ville-aux-Dames74 : 13,5 % des ménages sont composés d’une seule personne ; 6,4 % des ménages sont des familles monoparentales. c) Ravitaillement en produits de première nécessité ravitaillement en nourriture et en produits jugés utiles lors d’une crise. Tous les habitants comptent accumuler le plus de vivres et autres produits utiles dès maintenant afin de pouvoir en bénéficier avant leur évacuation mais surtout à leur retour. Les magasins de toute la zone sont pris d’assaut : achat de : eau, sucre, farine, conserves, huile, lait, pâtes, riz, pain ; achat de : bougies, lampes électriques, piles. 48 heures après l’alerte, il devient très difficile de s’approvisionner en nourriture de première nécessité ainsi qu’en matériaux et matériel de bricolage, tant ces produits ont été vendus en masse durant les deux derniers jours ; saturation des stations d’essences suite à la rumeur d’une pénurie de carburant. Les habitants jugent nécessaire de faire le plein de carburant avant d’évacuer les lieux alors que la plupart ont assez d’essence pour rejoindre les structures d’accueil. Il n’y a pas d’épicerie sur le territoire de La Ville-aux-Dames. Toutefois, on y trouve une grande surface Leclerc, associée à une station-service (la seule sur la commune). Nom de l'entreprise Type de service Centre Leclerc Supermarché-Hypermarché Station-service Commerce de détail de carburants 74 Adresse N° de téléphone ZAC des Fougerolles 02 47 32 53 20 Source : PLH, 1999 95 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 d) Conséquences de toutes ces préparations sur l’ensemble du territoire saturation du réseau routier et impossibilité de se déplacer dans toutes les communes de la zone inondable : création d’embouteillages dus : Ɠ à la présence de nombreux véhicules sur toutes les communes riveraines, accompagnée de leur stationnement anarchique dans les rues ; Ɠ aux allers-retours des zones inondables vers les zones non inondables pour mettre un maximum de biens à l’abri de même que pour faire des achats (qu’il faut faire de plus en plus loin, les stocks d’aliments et de matériaux les plus demandés étant les uns après les autres dévalisés dans les magasins les plus proches). survenue d’accidents dans cette situation de panique. Les professionnels de la santé (SAMU, SMUR) et les pompiers sont alors appelés : Ɠ manque de moyens et d’effectifs : tout le personnel présent sur le territoire est déjà débordé par l’évacuation des personnes fragiles (personnes âgées, personnes handicapées) ; Ɠ une partie du personnel est elle-même concerné par l’inondation ; Ɠ difficultés de déplacement pour ces professionnels : toutes les voies de la zone inondable sont saturées. La gestion des flux d’habitants est difficile. La municipalité envisage de faire appel aux forces de police pour gérer la « sur-clientèle » dans les magasins. Mais elle se heurte à un manque d’effectifs. Les forces de l’ordre sont déjà débordées par la gestion des évacuations : convaincre les habitants de quitter leur logement ; organiser la circulation ; préparer les centres d’accueil. Non seulement les habitants de La Ville-aux-Dames ne peuvent que très difficilement circuler à l’intérieur de leur commune tant les embouteillages sont nombreux et le désordre est complet, mais ils ne peuvent pas non plus sortir de la commune. En effet, peu de routes permettent d’évacuer la commune : ces voies emmènent toutes vers Saint-Pierre-des-Corps ou Montlouis-sur-Loire, qui connaissent les mêmes problèmes d’encombrement que La Ville-aux-Dames. 4- La municipalité est débordée Parallèlement aux bouleversements déclenchés sur son territoire, on se rend compte que le personnel communal peine à faire face à cette situation de crise : absence de certains employés municipaux qui sont personnellement concernés par la crue à venir ; employés non formés à ce genre de situation entraînant la désorganisation du personnel présent et celle des habitants qui n’obtiennent pas de réponse précise à leurs questions. La municipalité doit pourtant mener diverses actions, toutes très importantes pour la phase d’évacuation : 96 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 a) Evacuation des personnes en difficulté qui ont été recensées L’évacuation de ces personnes est difficile à réaliser : l’évacuation des personnes fragiles est du ressort de plusieurs acteurs. Il faut les mettre en relation et répartir les taches entre : les agents municipaux ; les organismes spécialisés comme la DDASS ; les pompiers. le recensement par la municipalité de ces personnes fragiles s’avère incomplet75. On peut être certain que les registres des établissements spécialisés sur le territoire, tels que les maisons de retraites, seront à jour. Il est par contre impossible de vérifier si toutes les personnes fragiles habitant à domicile ont bien été recensées pour être prises en charge et évacuées : personnes à mobilité réduite (personnes âgées dépendantes, handicapés moteurs, etc.) ; personnes dont l’état de santé est fragile ; celles dont le temps de réaction est long ; celle étant dans la difficulté voire l’incapacité de mettre à l’abri leurs biens. Avec des difficultés plus grandes que les autres habitants face à une telle situation, ces personnes fragiles acceptent moins bien l’évacuation. Elles ont donc besoin d’une aide extérieure, mais se retrouvent seules : la plupart des personnes susceptibles de les aider sont très souvent déjà occupées à la protection de leurs propres biens. Difficultés rencontrées par le personnel lors de l’évacuation : ces personnes fragiles peuvent avoir un comportement imprévisible et demandent donc un personnel qualifié et du matériel spécialisé ; difficulté d’accès aux logements des personnes en difficulté : Ɠ balisage des routes non respecté par les autres habitants : aucune voie prioritaire pour les secours n’est disponible ; Ɠ les embouteillages créés par les allers-retours des habitants, gênent considérablement le passage des véhicules de secours (VSAB, Ambulances, etc.). Un recensement des personnes fragiles de La Ville-aux-Dames a été effectué au moment de la mise en œuvre du Plan de Secours Communal (encore aujourd'hui à l’état de projet). La Ville-aux-Dames ne possède sur son territoire qu’une maison de retraite : La MAFPA. Cependant, l’accès à cet établissement est très difficile car la route y menant est très étroite, tourne à angle droit et est de plus sans issue : Voie d’accès à la MAFPA : une rue à angle droit et sans issue 75 Seul le recensement des personnes handicapées a été effectué dans l’ébauche du PSC de La Ville-aux-Dames. 97 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 b) gestion de l’information Malgré ses faibles effectifs, les services municipaux de La Ville-aux-Dames essaient de continuer leurs rondes pour vérifier que toute la population est avertie. De plus, ils vérifient que les entreprises et les professions libérales installées sur le territoire protègent leurs locaux et leur matériel. La Ville-aux-Dames comprend deux Zones Industrielles (la ZI du Bois des Plantes et la ZI des Yvaudières) et une Zone d’Aménagement Concerté (la ZAC des Fougerolles). On compte aussi plusieurs dizaines de commerçants et professions libérales insérés dans le tissu urbain76. c) gestion des « déménagements » organisation de la municipalité quant à sa propre délocalisation pour être en mesure de continuer à gérer la crise une fois l’eau arrivée ; chercher des lieux de repli pour proposer aux habitants des logements provisoires ; une fois trouvées, ces structures d’accueil sont à équiper en : personnel d’accueil ; matériel (lits, sanitaires mobiles, couvertures de survie, télévisions, jeux, jouets, etc.) ; denrées alimentaires (nourriture, eau minérale et potable) ; matériel médical. Pour son autogestion77 : mise à l’abri, dans un premier temps (jusqu’au dernier moment), des documents à l’étage de l’Hôtel de Ville ; installation dans, dans un second temps, dans les locaux de la mairie de Montlouissur-Loire. Lieux d’accueils actuellement prévus à Montlouis-sur-Loire 78 : les bâtiments culturels et sportifs pouvant accueillir 1346 personnes : l’Espace Ligéria, le Centre Culturel Pivert, le Centre de loisirs Arcadine, la MLC, la salle de danse, le Gymnase Racault, le Gymnase Léo Lagrange, le Gymnase Mousset, le vestiaire de football, le complexe sportif municipal, la salle de tennis couvert Françoise Durr ; les écoles (560 places disponibles): E. Gerbault, R. Desnos, J. Ferry, Des Rallueres, Arcadine, R. Lejeau ; les logements privés (une centaine de lits) : 8 gîtes ruraux, 3 chambres d’hôtes (Bienvenue au Château, Le Buisson et le Colombier), Le gîte d’étape Les Ecuries d’Anadé et 2 meublés touristiques. 76 Voir annexe : Inventaire des services à La Ville-aux-Dames Ebauche du PSC de La Ville-aux-Dames 78 Ebauche du PSC de La Ville-aux-Dames 77 98 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 On sait déjà qu’il n’y aura pas assez de place pour satisfaire toutes les demandes. La Ville-aux-Dames compte en effet 4 647 habitants79, ce qui est minime comparé aux plusieurs dizaines de milliers de personnes à évacuer dans le secteur de Tours Amont (La Ville-aux-Dames, Saint-Pierre-des-Corps, Montlouis-sur-Loire, La Riche). Toutes ces personnes cherchent elles-aussi des solutions d’hébergement sur les communes non inondables. La mairie devra donc, en même temps qu’elle gère d’autres problèmes, pallier ce manque de places et trouver rapidement d’autres moyens pour loger ses habitants. d) Gestion des établissements publics protection des bâtiments publics appartenant à la commune (vérifier que les bâtiments sont vides de personnes, couper les réseaux, etc.). Faute de temps et de personnel, le matériel de fonctionnement, le mobilier, etc. sont restés sur place ; fermeture de tous ses établissements publics. A La Ville-aux-Dames, les établissements publics sont : Nom de l'entreprise Ecole élémentaire Marie Curie Ecole maternelle Colette Restaurant scolaire Cimetière Type de service Enseignement primaire (écoles maternelles et primaires) Restauration collective sous contrat Gestion d'installations funéraires Centres de loisirs sans hébergement (CLSH) Gestion d'installations sportives Gestion d'installations sportives Gestion d'installations sportives Gestion d'installations sportives Gestion d'installations sportives Gestion des bibliothèques rue Colette 02 47 32 96 85 rue Colette rue Colette rue Colette rue Colette rue Colette 23, rue Marie Curie 02 47 32 86 44 02 47 44 74 35 02 47 44 33 49 02 47 32 05 06 02 47 44 74 35 02 47 32 72 18 Gestion de salles de réunion 23, rue Marie Curie 02 47 32 03 99 Ecoles de musique Crèches et garderies d'enfants Gestion de salles des fêtes 23, rue Marie Curie 23, rue Marie Curie rue Marie Curie 02 47 44 86 43 02 47 32 72 38 en construction Gestion d'installations sportives rue Marie Curie 02 47 44 16 04 Gestion de salles de réunion rue Bernadette Delprat 02 47 63 07 66 rue Bernadette Delprat 02 47 44 36 46 rue George Sand 02 47 63 07 71 Salle municipale Maryse Bastié Gestion de salles de réunion rue George Sand 02 47 44 55 73 MAFPA : Résidence Jeanne Jugan 1, rue Marie-Madeleine Dienesch 02 47 44 87 00 CLSH ESVD basket Gymnase Lionel Delauney Piscine Tennis club Tennis de table Bibliothèque Centre Socio-culturel Camille Claudel Ecole de musique CCET Garderie Salle des fêtes Maria Callas Stade de football Michel Hidalgo Salle municipale Bernadette Delprat Mairie Salle municipale George Sand 79 Service politique, d'action sociale, urbanisme Gestion de salles de réunion Accueil des personnes âgées Adresse N° de téléphone 103 , rue Jeanne d'Arc 02 47 44 37 78 103 bis, rue Jeanne d'Arc 02 47 44 43 17 103 bis, rue Jeanne d'Arc 02 47 44 41 73 rue Jeanne d'Arc - Source : INSEE 1999 99 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 C- EXPIRATION DU DÉLAI D’ÉVACUATION : LE DÉPART DES HABITANTS 1- Les habitants « sur le départ » a) Les préparations non terminées Le message d’alerte accordait 72 heures pour évacuer, et de ce fait, les habitants n’ont pas quitté la commune avant la fin de ce délai. Vécue pour chacun comme un véritable traumatisme, l’évacuation est en effet retardée le plus possible. remise en question du caractère sérieux de cette alerte : les habitants pensent que cela correspond à mauvaise décision de leurs élus ; scepticisme quant à l’utilité de l’évacuation. augmentation de la tension au sein de la population due : à l’agitation dans les rues ; au fait que les habitants ne croient toujours pas à l’inondation ; aux préparations non terminées (pour leur logement, les commerces) Ɠ par curiosité, les habitants vont voir par eux-mêmes la montée des eaux qui n’est pas encore extraordinaire (voir hydrogramme p.91) et perdent du temps dans leurs préparations ; Ɠ Quelques commerces de proximité sont encore ouverts, ne pouvant se permettre de manquer ces précieux jours de travail. Leur marge de bénéfices n’est souvent pas très importante alors ils profitent de la grande affluence pour vendre leur marchandise et « vider leurs stocks ». Ils n’utilisent donc pas ce temps pour se protéger et ne sont pas prêts au moment du départ. A La Ville-aux-Dames, on compte trois boulangeries-pâtisseries et une charcuterie (qui fait traiteur également). Nom de l'entreprise M.BROSSET M.BROSSET M.ROBYN-BERDER M.LARVOL Type de service Boulangerie-Pâtisserie Boulangerie-Pâtisserie Boulangerie-Pâtisserie Charcuterie-Traiteur Adresse 93, rue Jeanne d'Arc 93, rue George Sand 132, rue George Sand 34, rue Maryse Bastié N° de téléphone 02 47 46 24 92 02 47 44 37 08 02 47 44 36 37 02 47 44 36 11 100 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 b) Un départ en voiture difficile La fin du délai approchant, on peut espérer que la plupart des habitants se résignent finalement à quitter définitivement les lieux. Il en est de même pour la majorité des habitants des communes voisines. De nombreux embouteillages se constituent sur les routes menant à l’extérieur de la zone inondable. Ils sont aggravés par : le manque de cohérence entre le plan préfectoral de circulation de crise et ceux parfois mis en place localement ; la circulation habituelle qui continue à s’écouler, et notamment les nombreux poids lourds. Un climat de tension se fait ressentir, allant même jusqu’à des altercations entre automobilistes. Les deux voies les plus fréquentées correspondent aux principales liaisons avec Tours et Montlouis-sur-Loire: - la RD 751 (levée de la Loire, au Nord de la commune) : 12 900 véhicules / jour et 5,6 % du trafic correspondent à des poids lourds. - La RD 140 (levée du Cher, au Sud de la commune) : 17 268 véhicules / jour et 9,7 % du trafic correspondent à des poids lourds. Deux autres voies sont importantes, mais dans une moindre mesure : - La RD 142 (liaison Nord-Sud, via la ZAC des Fougerolles) : 9 032 à 9 471 véhicules / jour, dont 11,7 % du trafic correspondent à des poids lourds - La RD 141 (avenue Marie Curie, liaison Nord-Sud, interne, via la Z.I. des Yvaudières) : 3 858 véhicules / jour D’autres routes seront utilisées de manière importante lors de l’évacuation : - L’avenue Jeanne d’Arc (liaison Ouest Est en direction de Montlouis-sur-Loire, au Nord des voies ferrées) - L’avenue George Sand (liaison Ouest Est en direction de Montlouis-sur-Loire, au Sud des voies ferrées) - la rue Louise Michel (liaison Ouest Est en direction de Montlouis-sur-Loire, au Sud des voies ferrées) Les possibilités d’échappatoire sont peu nombreuses à La Ville-aux-Dames, car il n’y a que très peu de routes permettant l’évacuation, ce qui la ralentit et la rend particulièrement difficile. Ce problème est augmenté par le fait que les habitants des communes alentours doivent emprunter ces mêmes routes (en particulier Saint-Pierre-des-Corps qui se rendra vers Tours Nord par la levée RD 751) 101 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Carte 2 : Le réseau routier de La Ville-aux-Dames – hiérarchisation 102 Même si les routes permettant de se mettre à l’abri vers les coteaux, et celles permettant de traverser les fleuves, paraissent nombreuses, il faut bien s’imaginer que sur ces routes se trouve l’ensemble de la population du Val de Tours, qui vient s’ajouter à la circulation habituelle, trafic qui n’aura pas été stoppé. Ce sont donc plus de 50 000 voitures particulières, ainsi que de nombreux camions et autocars qui circulent sur ces voies, à côté de piétons, cyclistes ou autres motards. Les routes sont d’autant plus encombrées que certains des évacuants font des allers-retours, ne sachant pas forcément où se diriger. De cette façon, seuls les premiers partants ont pu quitter le Val sans attente ; les autres restent dans leur véhicule sans pouvoir progresser facilement. 103 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 c) La population restant sur la commune La municipalité se doute qu’il reste encore certaines personnes sur sa commune : ceux qui veulent rester jusqu’au dernier moment pour finir les préparations ; ceux qui sont retenus (perte d’un animal domestique, etc.) ; les indécis ou réfractaires qui ne comprennent toujours pas l’intérêt de l’évacuation. En revanche, elle n’en connaît ni le nombre, ni leur localisation. Une partie de population a été recensée, mais cela reste très largement insuffisant : les personnes évacuées par les autorités, que ce soit par la gendarmerie, la police ou les pompiers, ont été recensées ; les personnes présentes dans les centres d’accueil ont aussi été comptabilisées ; celles parties se loger par leurs propres moyens ne sont pas listées. La seule solution reste de faire des « rondes ». Les autorités et les forces de l’ordre sont de nouveau réquisitionnées pour balayer chacune des rues de la commune afin de localiser les derniers habitants à évacuer. Mais il manque toujours des effectifs et les rondes ne sont pas vraiment efficaces : les forces de l’ordre sont débordées car elles doivent à la fois être présentes dans les centres d’accueil et assurer la fermeture des routes ; le processus de déploiement des hommes et des moyens militaires est très long. En effet, le secteur de La Ville-aux-Dames, comme celui d’Orléans et de Blois, dépend de la zone Ouest de défense, basée à Rennes. Ces forces de l’ordre sont difficilement mobilisables parce que déployées sur d’autres secteurs depuis deux jours (à Orléans et Blois notamment) ; la force doit être employée pour ceux qui ne veulent vraiment pas partir. 2- Mise en sécurité de la zone inondable Quand la majorité des habitants sont partis, les autorités interdisent alors l’accès aux zones inondables. Seules les personnes munies de laissez-passer accordés par la préfecture (agents de la DDE pour surveiller la solidité des digues, forces de l’ordre, etc.) sont habilitées à emprunter les axes fermés au public. D’autres agents s’appliquent à surveiller les rues afin d’éviter au maximum les pillages. Par ailleurs, en ayant fait la demande préalablement à la Générale des Eaux et à EDFGDF, la municipalité s’assure que les réseaux d’eau, d’électricité et de gaz sont bien coupés. 3- L’arrivée dans les centres d’accueil Les personnes fragiles sont redirigées vers les centres d’accueil situés en zone non inondable auxquels viennent s’ajouter un grand nombre d’habitants n’ayant pu trouver une solution d’hébergement auprès de leurs proches. 104 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 a) Centres d’accueil en cours de préparation A l’arrivée dans les centres d’accueil, les personnes évacuées s’aperçoivent que ceuxci ne sont pas prêts. Le personnel d’accueil (composé du personnel municipal et de personnes appartenant au milieu associatif) n’était pas suffisant et était bien souvent occupé à évacuer la commune : les réserves de nourriture et d’eau minérale sont faibles ; peu de couvertures sont disponibles : elles ont été réparties entre l’ensemble des centres d’accueil (qui hébergent les habitants de Saint-Pierre-des-Corps, La Riche, Montlouis-sur-Loire, etc.) ; peu de matériel de divertissement pour les enfants a été prévu (jeu ou jouet) ; les sanitaires portables ne sont pas encore tous arrivés, ceux déjà sur place ne sont pas nettoyés. Les premiers arrivants, traumatisés par leurs dernières journées, sont donc face à situation inconfortable, tendue alors qu’ils auraient besoin d’être rassurés. ils ne savent pas encore combien de temps ils vont rester là ; ils supposent et espèrent que le retour chez eux se fera relativement rapidement ; beaucoup d’entre eux sont abattus par ce qu’ils sont en train de vivre. De plus, les réserves en eau minérale et en nourriture s’amenuisent. Des livraisons sont tout de même attendues pour le lendemain mais les habitants de La Ville-aux-Dames ne sont pas les seuls dans cette situation et rien ne garantit qu’elles arriveront vraiment. Les nourrissons, les enfants en bas âge et les personnes âgées vivent difficilement cette situation. b) Manque de places Dans les communes situées en zone non inondable, les centres d’accueil sont saturés. Le délai d’évacuation est terminé et il n’y a toujours pas assez de places pour toutes les personnes évacuées. De nombreuses personnes sont toujours à la recherche d’un logement provisoire dans les communes d’accueil qui ne parviennent pas à trouver un lieu encore libre. Des appels sont alors lancés aux particuliers pour héberger les évacués. Les communes d’accueil sont débordées par les afflux de population venant de toute la zone inondable, non seulement de La Ville-aux-Dames mais aussi de Saint-Pierre-des-Corps qui compte 15 773 habitants80 (soit trois fois plus que La Ville-aux-Dames), La Riche, Montlouis-sur-Loire, etc. (Tours n’est en principe pas inondée dans notre scénario, mais l’évacuation de cette ville correspondrait à environ 100 000 autres personnes). c) Des difficultés pour stationner les véhicules Tous les habitants s’étant évacués eux-mêmes de La Ville-aux-Dames ou de SaintPierre-des-Corps arrivent dans les centres d’accueil avec leur propre voiture. Très rapidement, l’espace entourant ces centres est saturé, les véhicules des habitants de La Ville-aux-Dames viennent s’ajouter à ceux déjà mis à l’abri de l’eau par les habitants de Montlouis-sur-Loire 80 Source : INSEE, 1999 105 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 résidant au pied du coteau. On demande en plus aux habitants de déplacer les véhicules déjà stationnés pour ouvrir des passages utilisables par les secours. Cela engendre donc de nouvelles complications dans la circulation, cette fois dans les zones non inondables, ce qui agace les sinistrés. d) Un climat tendu dans les structures d’accueil Toutes les personnes ayant été dirigées dans les mêmes centres d’accueil, des problèmes de cohabitation se font ressentir : des nourrissons empêchent certaines personnes âgées de dormir ; des enfants turbulents énervent certaines personnes âgées ; les sinistrés sont irrités par la surpopulation. On se rend compte que certaines personnes nécessitent des locaux et du personnel spécialisés. De ce fait, elles auraient du être directement transportées vers les hôpitaux : celles diminuées physiquement et nécessitant des soins particuliers (PMR, personnes âgées, femmes enceintes, personnes dialysées, etc.) ; les personnes présentant un comportement anormal (troubles mentaux, comportement agressif voire violent de celles qui ont mal vécu leur évacuation, etc.). Les employés municipaux appuyés par la DDASS lancent un appel aux hôpitaux et aux cliniques de la région pour accueillir les personnes les plus fragiles, afin de leur apporter des soins mais aussi dans le but de préserver un climat acceptable au sein des structures d’accueil, ces personnes doivent être de nouveau évacuées. Mais : certaines de ces structures sont déjà inondées et sont en train d’évacuer ; les autres sont débordées : par les patients hospitalisés avant la crise ; par ceux déjà arrivés pendant la crise (accidents, malaises, etc.). Des lits de fortune sont alors installés dans les couloirs. de nombreuses difficultés apparaissent lors du transfert : nombreuses routes coupées pour la sécurité de tous ; méconnaissance des itinéraires de déviation empruntables ; manque de véhicules et de matériel pour ce transport (brancards,etc.) peu de personnel disponibles : présence des pompiers, des gendarmes, etc. Ils sont indispensables au maintien d’un climat favorable au sein des centres d’accueil. Ils apportent : Ɠ des soins ; Ɠ du réconfort ; Ɠ une certaine forme d’autorité. 106 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 D’après le Service Urbanisme de la Municipalité de Tours81 : Certains hôpitaux et cliniques de l’agglomération tourangelle sont sous la menace d’une inondation (si les batardeaux protégeant la ville de Tours cèdent eux aussi). Ils sont classés en aléa faible dans le PPRi du Val de Tours – Val de Luynes : - l’hôpital Clocheville (49 boulevard Béranger 37 000 Tours) ; - le CHU Bretonneau (2 boulevard Tonnellé 37 000 Tours) ; - la clinique des Dames Blanches (37 rue Georges Courteline 37 000 Tours) ; - la clinique St Augustin (22 rue des Ursulines 37 000 Tours) ; - la clinique St Gatien (8 place de la Cathédrale 37 000 Tours) ; - la clinique Fleming (2 rue Alexander Fleming 37 000 Tours). Les autres sont submergés par l’arrivée de personnes malades, âgées, blessées, toutes traumatisées par leur évacuation, et peuvent difficilement faire face à l’arrivée de nouvelles personnes : - le CHU de Trousseau (avenue de la République 37 170 Chambray les Tours) ; - la clinique St Grégoire (18 rue Groison 37 000 Tours) ; - la clinique Velpeau (2 rue Croix Pasquier 37 081 Tours Cedex 2) ; - la clinique Du Parc (12 allée des Tilleuls 37 170 Chambray les Tours) ; - CPTS : Centre Psychothérapeutique de Tours Sud (Avenue du Général de Gaulle 37 550 St Avertin) ; - CPU : Clinique Psychiatrique Universitaire (rue du Coq 37 540 Saint-Cyr-sur-Loire) ; - l’hôpital de l’Ermitage (2 rue Gaston Pagès 37 000 Tours). Inquiétudes et mécontentement se font sentir : les sinistrés commencent à comprendre que les réserves en eau minérale et en nourriture vont s’amenuiser rapidement ; incertitude quant aux délais de livraisons (prévues en principe pour le lendemain). 81 Entretien téléphonique avec Mme RATSIMBAZAFY le 13/06/05 107 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 SYNTHÈSE DE LA PHASE D’EVACUATION De la décision d’évacuation jusqu’aux premières arrivées dans les centres d’accueil, la première phase du scénario révèle une mauvaise voire une absence de préparation face à l’arrivée de la crue, et cela malgré les dispositifs de gestion de crise déjà mis en place, au niveau préfectoral et à l’échelle municipale. 1- Préparation trop faible de la municipalité La municipalité n’ayant pas assez pris en considération que son territoire se trouvait dans sur une zone à risque, elle est prise au dépourvu : manque de renforts (pas de moyen en hommes et en matériel) rendant difficiles : la transmission de l’alerte à la population et aux professionnels l’évacuation des personnes fragiles dans les structures spécialisées l’évacuation des personnes les plus réfractaires la fermeture des établissements publics son propre déménagement la gestion des centres d’accueil : ils ne sont pas préparés à temps la mise en sécurité de la zone une fois évacuée plan de circulation de crise peu précis : l’ensemble des personnes concernées par l’évacuation ne sont pas prévenues la circulation est saturée sur le territoire communal. Les secours et les habitants parviennent difficilement à se déplacer non mise à jour du recensement de la population : la municipalité ne connaît pas toutes les personnes fragiles à prendre en charge il est impossible de savoir si le territoire communal est totalement évacué il manque des structures d’accueil pour les personnes qui n’ont pas trouvé personnellement un logement provisoire : elle doit se renseigner auprès des communes voisines l’évacuation de certaines personnes est inadaptée : il faut les rediriger vers des structures spécialisées (hôpitaux) peu de cohérence intercommunale : pas de plan de circulation de crise à l’échelle du val inondable : la circulation est totalement saturée manque de structures d’accueil : des personnes se retrouvent sans aucun logement provisoire 108 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 2- Pas de préparation des habitants et des professionnels dans le cadre d’une évacuation Les administrés n’ayant jamais considéré sérieusement les informations transmises par leur municipalité concernant le fait d’habiter en zone inondable, ils n’ont pas conscience des conséquences qu’une inondation peut avoir sur leur commune. Aucune anticipation pour faire face à cette situation n’a jamais été envisagée. refus des habitants et des professionnels à évacuer signaux d’alerte peu clairs : les habitants et les professionnels comprennent mal ou pas du tout le message d’évacuation qui leur est destiné incrédulité des habitants au réalisme de la situation : il est très difficile à leur faire accepter la nécessité d’évacuer, car, pendant un long moment, ils ne veulent pas quitter les lieux. Ils retardent le plus possible leur évacuation longue préparation à l’évacuation se réalisant dans le désordre non prévision de logements provisoires : ils ne savent donc pas où aller une fois partis inconscience des conséquences d’une inondation : ils prennent des mesures inefficaces (batardage et étanchéification des bâtiments, surélévation des biens en les mettant sur parpaings, etc.) désordre complet sur le territoire communal pendant l’évacuation saturation des réseaux routiers: ils cherchent tous à se ravitailler non respect des consignes : le balisage des routes n’est pas considéré 109 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 II. L’INONDATION A- MONTLOUIS-SUR-LOIRE, LA VILLE-AUX-DAMES, PIERRE-DES-CORPS SOUS LES EAUX 1- SAINT- La rupture de digue Vendredi 16 septembre 2005 L’eau commence à envahir La Ville-aux-Dames au quatrième jour : le débit, devenu trop important, a engendré une rupture de digue par surverse à Conneuil, exactement au même endroit que lors de la crue de 1856, puisque c’est en ce lieu que les eaux de la Loire sont mises en vitesse82 ; Digue de Conneuil phénomène impressionnant et dévastateur. Dans un rayon de plus de 500 mètres autour de la brèche, l’eau emporte tout sur son passage. Par chance, aucune maison n’est construite dans les 500 mètres à La Ville-auxDames (en revanche, présence de maisons à Montlouis-sur-Loire, sous le pont du TGV) ; puis, répartition de l’eau dans les rues de la ville en fonction du modelé topographique de la commune. A La Ville-aux-Dames, le passage de l’eau n’épargne quasiment aucun centimètre carré de terre. Le terrain derrière la digue a déjà été érodé par les ruptures précédentes donc l’eau emprunte le même chemin. 2- Relais de l’information dans les centres d’accueil L’information est mal relayée par les médias locaux et nationaux dans les structures d’accueil, phénomène fréquent en temps de crise : information inexacte, erronée et manquant de cohérence à cause des sources multiples et parfois peu fiables ; absence d’information locale sur La Ville-aux-Dames : les chaînes nationales évoquent uniquement une crue dans la région de Tours. Ils s’attardent sur la 82 Préfecture d’Indre-et-Loire, Plan de Secours Spécialisé - inondations, Tours, 2002, p.27 110 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 menace pesant sur la ville de Tours (protégée jusqu’alors par des batardeaux). Ils évoquent rapidement l’inondation de Saint-Pierre-des-Corps mais ne parlent à aucun moment de la situation à La Ville-aux-Dames ; La Ville-aux-Dames est inaccessible aux journalistes. 3- Réactions des habitants et organisation dans les centres d’accueil a) Une population difficile à gérer les habitants finissent par apprendre la nouvelle. Ils sont : surpris que l’inondation ait vraiment eu lieu (l’absence de conscience du risque était un vrai problème pendant les trois jours d’alerte) ; inquiets pour leur maison et leurs biens restés sur place ; tranquillisés car se rendant compte d’avoir échappé au pire. le manque d’informations précises sur l’ampleur de la crue, les hauteurs d’eau, etc., n’est pas sans conséquences (certains journalistes parlent d’une crue historique, sans précédent, d’autres évoquent uniquement des sous-sols inondés) : des rumeurs commencent à se répandre : les gens ne savent pas combien d’eau ils ont chez eux alors ils imaginent le pire. (Auparavant, ils ne se sont jamais informés sur ce sujet. Néanmoins, personne n’aurait été en mesure de les renseigner) ; on sait dès lors que pour les habitants les plus touchés, le retour dans leur logement ne se fera pas avant deux semaines. On prévoit un retour dans les trois jours pour les moins sinistrés ; début d’un sentiment de panique mêlé d’impatience et de nervosité : tout le monde veut rentrer chez soi pour observer l’état de sa maison ; dans les centres d’accueil, la tension monte : difficulté des autorités et du personnel présent à rétablir le calme, à rassurer les gens. Tout le monde s’agite. Certains refusent de rester dans les structures d’accueil et font pression pour partir. Les forces de l’ordre sont obligées d’intervenir ; habitants de plus en plus difficiles à gérer. b) Des difficultés d’approvisionnement Samedi 17 septembre 2005 manque d’eau potable dans les centres d’accueil dû à la coupure complète du réseau. Les points de captage ne fonctionnent plus, soit parce qu’ils sont inondés, soit parce qu’ils ne sont plus alimentés en électricité. Les réseaux de distribution communiquent tous entre eux donc les territoires exondés sont aussi concernés ; besoin de faire venir sur place des Unités Mobiles de Potabilisation (UMP) : l’eau potable est indispensable pour les nourrissons et les réserves en eau minérale sont faibles ; 111 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 l’acheminement de l’eau et de la nourriture dans les centres d’accueil est difficile car : la marchandise vient de loin : tous les magasins alentours susceptibles d’en fournir sont inondés ou ne peuvent être réapprovisionnés ; les centres d’accueil sont difficilement accessibles : routes barrées ou saturées dans les secteurs exondés, ponts fermés à la circulation, etc. B- LA SITUATION SUR LE TERRAIN Parallèlement aux problèmes d’organisation dans les centres d’accueil, la situation est délicate sur le terrain car l’eau est très vite montée à son plus haut niveau (en quelques heures seulement). Seule une entreprise à La Ville-aux-Dames est susceptible de fournir ce genre de matériel. Elle a été recensée dans le plan de secours mais on ne sait pas si une convention a été passée ; de plus elle est en zone inondable. Nom de l'entreprise M. PETRIGNET 1- Type de service Adresse Vente et réparation de matériel motorisé ZAC des Fougerolles N° de téléphone 02 47 44 47 94 Des habitants non évacués besoin de canots pneumatiques pour que pompiers, gendarmes, policiers, armée, etc., puissent se rendre sur les lieux mais : le matériel à disposition est insuffisant ; les entreprises alentours susceptibles d’en fournir ont elles-mêmes été inondées. Le matériel doit venir de loin et être réparti sur toutes les communes sinistrées, et pas seulement à La Ville-aux-Dames : le processus est donc très lent. les hommes de la sécurité civile parviennent néanmoins à effectuer les premières rondes : ils s’aperçoivent qu’il reste des habitants sur le territoire communal. Des personnes appellent au secours. Elles s’étaient cachées avant l’évacuation pour ne pas être trouvées, et ont dû se réfugier au deuxième étage de leur maison, parfois dans le grenier voire même sur les toits. Ces personnes pensaient que l’inondation n’aurait pas lieu et refusaient de laisser leur maison et leurs biens (elles n’avaient pas conscience du risque qu’elles encouraient) ; obligation de la part des autorités et/ou des pompiers de les évacuer immédiatement malgré les risques encourus à manœuvrer sur l’eau: mobilisation de beaucoup de personnel et de moyens (cordes, harnais, etc.) ; perte de temps ; matériel à disposition rudimentaire (manque d’hélicoptères). 112 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 évacuations rendues possibles grâces aux lucarnes ; châssis de toit inutiles car ouvertures trop petites et toits glissants : risques d’accidents ; traumatisme de ces habitants non évacués avant l’inondation par ce qu’ils viennent de vivre : ils doivent être évacués vers les hôpitaux ou cliniques. Mais comme il a déjà été évoqué, ces derniers sont soit inondés, soit saturés. L’inconscience des habitants de La Ville-aux-Dames quant aux risques encourus étant très forte, il est très probable que les autorités retrouvent de nombreuses personnes qui s’étaient cachées pour ne pas être évacuées. Les traumatismes que subissent ces personnes non préparées sont extrêmement violents. Ils augmentent les conséquences négatives que la crise a sur l’individu. 2- Dommages observés pendant les rondes Les dommages observés ne sont pas les mêmes sur tout le territoire communal. Ils dépendent de : la hauteur des eaux ; leur vitesse ; la durée d’immersion. Dans les secteurs les plus sinistrés, on observe : a) Sur les réseaux Réseau électrique hors service sur tout le territoire communal: transformateur HT-MT de Saint-Pierre-des-Corps inondé : tout le réseau électrique de La Ville-aux-Dames est dépendant de ce transformateur ; tous les transformateurs MT-BT de la commune sont inondés ; tous les compteurs électriques individuels sont sous l’eau ; les poteaux électriques situés dans la zone de 500 mètres parallèlement à la digue se sont effondrés (pas de résistance à la vitesse, affouillement ou objets charriés par l’eau). réseaux de télécommunications endommagés (téléphonie fixe et téléphonie mobile) : centraux et armoires inondés ; coupures de lignes dues à l’effondrement de poteaux ; antennes non alimentées en électricité (et batteries déchargées) donc coupure de certains réseaux de téléphonie mobile : handicap très fort pour tout le monde (surtout pour les hommes sur le terrain) ; les quelques opérateurs qui fonctionnent encore voient leur réseau saturé par un nombre trop important d’appels simultanés : leur coupure est imminente (les antennes ne peuvent résister que quelques heures à une panne d’électricité) ; sans compter tous les portables déchargés qui ne peuvent être rechargés. La perturbation de ces réseaux rend la communication entre les hommes sur le terrain et les autres acteurs de la crise difficile. 113 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 b) Sur les maisons très peu de maisons sur la commune ont été épargnées par l’inondation : toutes ou presque ont vu passer l’eau ; un premier état des lieux permet les constats suivants : les caves et les sous-sols ont tous été inondés, sans exception ; les maisons de plain-pied sont les plus touchées ; pour certaines, la hauteur de l’eau atteint le toit de la maison. Aucun bien à l’intérieur n’a été épargné ; les maisons R+1 n’ont pas toutes été touchées de la même façon : pour certaines, l’étage n’a pas été inondé ; pour d’autres la hauteur d’eau au 1er étage dépasse 50cm (parfois 1m) ; les maisons ayant deux étages ou plus ont au moins un étage au sec. Il faut espérer que les habitants y aient mis le plus de biens à l’abri ; pour le collectif, les observations sont les mêmes : les caves, sous-sols et RDC ont tous été inondés. Parfois les premiers étages aussi. en s’approchant des maisons, on observe meubles, canapés, frigidaires, vaisselle, papiers, etc., qui flottent. La force de l’eau, quand son niveau a dépassé 60 cm, a soulevé tout ce qui était posé sur les parpaings. Suivant l’endroit où ils se trouvent sur le territoire communal et suivant leur forme, les logements n’ont pas tous connus les mêmes hauteurs d’eau. Dès lors, il apparaît intéressant de croiser les informations fournies par le MNT (voir le dossier Elaboration d’une stratégie de réduction de la vulnérabilité) avec les différents types de logements rencontrés sur la commune. Zones non inondables Zones théoriquement non inondables, c’est-à-dire zones dans lesquelles l’eau ne restera pas. En revanche, ces zones verront le passage de l’eau sur une hauteur comprise entre 0 et 50 cm. Les logements connaîtront donc quelques dommages (se référer à la catégorie suivante). Zones inondables : 50 cm d’eau en stockage Rue Madame de Maintenon Rue Anne de France 114 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Zones inondables : 1 m d’eau en stockage Rue Diane de Poitiers Rue Sarah Bernhardt Zones inondables : 2 m d’eau en stockage Rue Comtesse de Ségur Zones inondables : 3 m d’eau en stockage Rue Louise de Savoie Rue Madame de Lamballe 115 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Zones inondables : 4 m d’eau en stockage Rue Comtesse de Ségur c) Dans les rues de nombreux objets flottants sont devenus des projectiles. Certains, sous l’effet de la vitesse, ont cassé les vitres des maisons : caravanes, camping-car venant du camping ou des jardins ; troncs d’arbres ; ordures provenant des poubelles, des conteneurs, des bennes, etc. ; matériel entreposé dans les garages et les entrepôts ; mobilier urbain non scellé ou mal scellé (poubelles, bancs, lampadaires, etc.) ; plaques d’égouts : la remontée des égouts soulève les plaques à la sortie des bouches ; voitures, camionnettes restées sur place ; citernes de gaz, de fioul non fixées. Î Le carburant et le fioul s’échappent des véhicules et des citernes, polluant ainsi toute la ville. Viennent s’ajouter les produits toxiques des entreprises et des particuliers (peintures, détergents, huile de moteur, etc.) : l’eau, en charriant ces polluants laisse des traces indélébiles sur tous les murs des maisons à l’extérieur et à l’intérieur. 116 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Alors que La Ville-aux-Dames n’héberge pas d’usine à risque dite Seveso sur son territoire, Saint-Pierre-des-Corps accueille, elle, l’entreprise Primagaz, et ce, juste à la frontière Nordouest de La Ville-aux-Dames. De ce fait, toutes les citernes entreposées (et non fixées) dans le parc de Primagaz vont devenir des projectiles, et provoqueront autant de dégâts sur les deux communes. Citernes de gaz de l’entreprise Primagaz 3 Le problème du pillage organisation de rondes le jour et la nuit pour surveiller la commune et la préserver du pillage mais personnel insuffisant : des pilleurs parviennent à s’introduire dans la commune sur des canaux pneumatiques et à pénétrer dans les maisons. Le fait que les effectifs des forces de l’ordre soient vraiment insuffisantes est un réel problème. Ils ont de nombreuses taches à assumer en temps de crise, et ne peuvent pas y parvenir. C- LA BAISSE DES EAUX 1- La lente résorption des eaux a) Le processus d’aspiration Samedi 17 septembre, en milieu de journée environ 36 heures après la rupture de digue, la décrue s’amorce. Elle peut s’effectuer de trois façons : existence d’une brèche aval à Saint-Pierre-des-Corps due à l’inversion des forces de pression entre le Val rempli d’eau et la Loire dont le niveau a baissé ; création de brèches artificielles également en aval sur les digues de la Loire ; création d’une brèche artificielle dans la digue du Cher. dans tous les cas, processus d’aspiration : lors de leur évacuation, les eaux sont entraînées vers la Loire par l’intermédiaire d’une ou de plusieurs brèches. Se retirant, elles prennent de la vitesse. Cette vitesse provoque de nouveaux dommages sur les constructions aux abords de la digue. apparition d’un trou béant derrière la brèche à Conneuil : trou de plusieurs mètres de profondeur dû au ravinement de l’eau lors de la rupture. 117 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 b) Les difficultés d’absorption l’eau peine à se résorber car le sol est gorgé d’eau et est donc imperméable ; remontées de nappes (dues à l’influence dans la Loire du haut niveau des eaux du Cher) qui n’étaient pas prévues : des routes qui devraient être dégagées sont de nouveau coupées ; les caves et les sous-sols ne désemplissent pas ; l’hôpital Bretonneau reste sous les eaux. besoin de pompes à gros débit pour terminer de vider certains quartiers (dans lesquels la hauteur d’eau était inférieure à 50 cm) : pénurie de pompes : pompes rares et demande très forte (La Ville-auxDames n’est pas la seule commune à en avoir besoin) ; sollicitation de pompes allemandes : délai d’attente (assistance européenne à nouveau mise en oeuvre). 2- Information des habitants la municipalité annonce la décrue aux populations dans les centres d’accueil et délivre quelques informations sur ce qu’il faudra faire dès le retour : ne rentrer que lorsque la municipalité l’autorisera ; faire attention aux installations électriques qui ont été immergées ; prendre des photos pour justifier aux assureurs des dégâts et des dommages subis ; préparer son dossier d’indemnisation ; conserver les appareils électroménagers, les meubles, etc. : preuves pour les experts d’assurances (ne pas jeter à la benne) ; être vigilant avec les chauffages d’appoint (faire attention aux asphyxies) et les bougies (faire attention aux incendies). par ailleurs, la municipalité annonce que les retours se feront de manière échelonnée : les personnes habitant les quartiers les moins sinistrés rentreront en premier, celles pour qui les quartiers ont été les plus touchés rentreront en dernier. elle explique pourquoi personne ne peut réintégrer son logement dès à présent : certains quartiers sont en effet pratiquement exondés mais : Ɠ attente des pompes venant d’Allemagne pour les vider totalement (et de groupe électrogènes pour les faire fonctionner) ; Ɠ formation d’îlots : ces quartiers étant les seuls exondés, ils constituent des îles isolées du reste de la commune (impossibilité de se déplacer une fois dans le quartier) ; Ɠ réseau électrique coupé sur la totalité de la commune car transformateur MT de Saint-Pierre-des-Corps encore immergé ; Ɠ réseau d’eau coupé car les points de captage sur l’île de Rochecorbon ont été inondés. la commune doit être nettoyée et les réseaux sécurisés. Elle doit s’organiser avec l’aide principalement de la Préfecture et des structures intercommunales (la CCET, Tours(s)plus), et de tous les acteurs de la gestion de crise ; 118 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 enfin, elle évoque les dates de retour des habitants : les habitants les moins sinistrés pourront éventuellement rentrer dès le lundi 19 septembre 2005 sous réserve que ces derniers acceptent leurs conditions de vie précaires du fait du probable non rétablissement du réseau électrique (d’après M. DECROS, responsable du Service Qualité Electricité à Tours, il faut au minimum une semaine pour rétablir le réseau électrique après le passage d’une telle crue) ; les habitants des quartiers les plus touchés ne pourront pas réintégrer leur logement avant la première semaine du mois d’octobre 2005 : Ɠ il faut attendre que l’eau se résorbe ; Ɠ il faut réparer les routes, nettoyer les rues ; Ɠ il faut attendre le passage d’experts pour vérifier la solidité des maisons. les services municipaux décident alors de procéder à un recensement des maisons et de leur état afin de déterminer qui pourra ou non regagner rapidement son logement. 3- De vives réactions a) Concernant les conseils prodigués par la municipalité sur ce qu’il faut faire au retour apparition d’inquiétudes : les gens voudraient être chez eux pour pouvoir commencer les réparations ; ruée vers les magasins pour pouvoir se procurer chauffages d’appoint, bougies, lampes torches, réchauds, appareils photos, etc. : les magasins des communes non inondées sont assaillis par tous les sinistrés des environs. Ils se retrouvent vite dévalisés ; les sinistrés quittent les centres d’accueil la journée pour aller voir leur maison : les autorités doivent veiller à ne laisser entrer personne dans le périmètre inondé ; des hostilités apparaissent (intervention nécessaire des forces de l’ordre). b) Un climat de plus en plus défavorable Dans les centres d’accueil, plus les jours avancent et plus le climat se dégrade : les gens veulent rentrer chez eux : fragilisées par le traumatisme qu’elles vivent, certaines personnes ont besoin de soins médicaux : matériel médical, médicaments insuffisants dans les centres ; certains ne supportent plus la situation : comportements de plus en plus agressifs des sinistrés ; recherche d’un responsable à tout prix : les habitants font parfois preuve de mauvaise foi ; reproches à la municipalité : Ɠ de ne jamais les avoir prévenus qu’ils étaient installés en zone inondable ; Ɠ de les avoir autorisés à s’installer en zone inondable ; Ɠ de ne pas les avoir informés des risques qu’ils encouraient, malgré les DICRIM qu’ils avaient reçus dans leurs boîtes aux lettres83. 83 Voir annexe : DICRIM de La Ville-aux-Dames 119 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 l’attente peut provoquer l’exacerbation des problèmes : si dans un premier temps, mouvement de solidarité, dans un second temps, sentiment de lassitude chez la population évacuée (il en est de même pour les personnes hébergées ailleurs que dans les centres d’accueil même si elles bénéficient de meilleures conditions que les autres en terme de confort et de nourriture) ; situation d’autant plus difficile pour les personnes qui travaillent : impossibilité, pour la plupart, de se rendre sur leur lieu de travail (notamment ceux qui travaillent en aval à Saint-Pierre-des-Corps et à Tours ; et ils sont nombreux) du fait de la perturbation des réseaux de transport ; petit à petit, certaines routes sont réouvertes au sein du périmètre inondé pour désengorger la circulation. Mais la Loire sera difficilement franchissable (situation préoccupante pour les personnes travaillant sur l’autre rive). La cote du fleuve est encore trop haute pour garantir la solidité des ponts au passage des véhicules. D- LES PREMIERS TRAVAUX DE REMISE EN ETAT Dimanche 18 septembre 2005 Une fois la décrue bien amorcée, la commune se trouve dans une situation délicate. Il règne dans la commune un désordre complet. Elle doit alors, avec l’aide de divers acteurs du territoire, se mettre au travail afin d’être en mesure d’accueillir de nouveau sa population dans les plus brefs délais. Le retour des premiers habitants est prévu pour le lendemain. Les besoins en hommes et en moyens sont considérables, mais les effectifs présents sont toujours insuffisants. 1 Le nettoyage mobilisation des pompiers, des policiers, des CRS, des gendarmes, des militaires, des agents des collectivités territoriales et des services de l’Etat, des bénévoles des associations, à l’échelle locale mais aussi nationale (voire internationale en ce qui concerne les pompiers) pour : déblayer les rues ; organiser le tri (grossier dans un premier temps) et le stockage des déchets accumulés (limons, sable, graviers, boues, terre, granulats mais aussi fer, bois, plastiques) ; nettoyer les rues car chaussées grasses à cause des boues. 120 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 réquisition de matériel indispensable, effectuée auprès : des services déconcentrés du Ministère de l’Equipement ; des services municipaux ; des entreprises de travaux publics ; des entreprises de location de matériel ; Ce matériel est coûteux et très difficile à trouver car situation identique dans toutes les autres communes inondées : systèmes de pompage à gros débit et groupes électrogènes pour les faire fonctionner pour pomper les trous et les cuvettes qui ne s’évacuent pas : demandés depuis la veille, certains commencent à arriver (beaucoup viennent d’Allemagne) ; engins de travaux publics pouvant se trouver dans les services de l’Equipement, les services municipaux ou les entreprises de travaux publics : Ɠ pelles mécaniques ; Ɠ camions bennes ; Ɠ engins de levage, etc. ; petit matériel : Ɠ seaux ; Ɠ pelles ; Ɠ balais, etc. Ce matériel est ensuite réparti entre les communes sinistrées. 2- La remise en état des réseaux Les gestionnaires de réseaux interviennent (France Telecom, EDF-GDF, Générale des Eaux, Services municipaux, etc.) pour tenter de rétablir au plus vite les réseaux très fortement endommagés : le réseau d’assainissement et d’évacuation a beaucoup souffert : il faudra plusieurs semaines pour le rétablir (deux semaines d’après la Préfecture d’Indre-etLoire, mais personne ne sait réellement combien de temps) ; la station d’épuration de La Riche a été inondée. Des remontées d'égouts paralysent certaines portions du réseau routier. Le réseau d’assainissement ne fonctionne plus du tout. le réseau d’adduction d’eau est rompu en quelques points. les canalisations doivent être réparées avant de relancer la distribution ; les têtes des points de captage doivent être remplacées. les agents du réseau de distribution d’électricité doivent : sécher, réparer et/ou remplacer les transformateurs ; remplacer les gaines souterraines qui n’ont pas été étanches ; réparer ou remplacer les compteurs individuels qui sont tous au ras du sol, et ont donc tous été inondés. Cela demandera beaucoup de temps. malgré les dires de Gaz de France, certaines canalisations du réseau de distribution de gaz n’ont pas résisté à la pression de l’eau pendant la crue. Les agents doivent s’assurer (porte-à-porte) que l’arrivée de gaz est fermée dans chaque maison pour relancer la distribution. les agents du réseau de télécommunications (France Telecom) doivent réparer les lignes téléphoniques endommagées ; réparer ou remplacer les armoires immergées lors de l’inondation ; 121 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 3- attendre que le réseau de distribution d’électricité soit rétabli. Le réseau de téléphonie dépend effectivement du bon fonctionnement du réseau électrique pour l’alimentation des centraux, des centres de transit et des antennes (pour la téléphonie mobile). Autres travaux mobilisation d’entreprises de travaux publics et de l’armée pour réparer les chaussées défoncées : mais très peu d’entreprises disponibles car débordées par l’ampleur de la tâche ; mobilisation d’experts (architectes, experts d’assurance, etc.) pour vérifier la solidité des bâtiments (maisons et équipements) mais leur travail est loin d’être exhaustif (ils ne sont pas assez nombreux) ; Lors de ces interventions, il reste encore de l’eau sur le territoire communal : des terre-pleins de ralentissement non indiqués (les routes ayant été mal balisées au moment de l’évacuation) sont à l’origine d’accidents : Terre-pleins de ralentissement rue Maryse Bastié 4- Les problèmes sanitaires a) Des découvertes macabres pendant ces travaux de remise en état, découvertes macabres : plusieurs corps sans vie sont découverts à même le sol après le départ de l’eau : des habitants qui se sont cachés pendant l’évacuation et dont personne n’a remarqué ou signalé l’absence et qui n’ont pu se réfugier en hauteur, parce que pas d’étage ou prises par les eaux (ne sachant pas nager) ; des personnes emportées par le courant lors de la rupture de digue alors qu’elles photographiaient l’événement. découverte également de cadavres d’animaux laissés sur place, perdus lors de l’évacuation ou transportés par les eaux. 122 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 b) Des rues insalubres ces découvertes posent un sérieux problème sanitaire : le risque d’épidémie est grand ; Les épidémies représentent une des premières causes de mortalité lors des inondations. augmentation importante du nombre de rats et autres animaux nuisibles sur la commune (cafards, blattes, insectes, etc.). intervention indispensable d’organismes pour remédier à ces problèmes sanitaires : la DDASS doit régler rapidement ces problèmes sanitaires avant de se retrouver face à un réel problème de santé publique ; besoin des entreprises de désinfection, de dératisation. Ces organismes sont, tout comme les forces de l’ordre, submergés par le travail puisque toutes les villes inondées se retrouvent face aux mêmes difficultés. Il n’y a pas assez de personnel pour remédier à ce problème d’insalubrité. 123 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 SYNTHÈSE DE LA PHASE D’INONDATION La seconde phase du scénario décrit le plus exhaustivement possible les conséquences du passage de l’eau sur le territoire communal et dresse ainsi le bilan d’une phase de préparation et d’évacuation relativement mal gérée. De la rupture de digue jusqu’aux premiers travaux de remise en état, cette phase laisse entrevoir les problèmes majeurs rencontrés. 1- Un désordre complet Que ce soit dans les centres d’accueil ou sur le domaine communal inondé, les conséquences des faibles préparations de la municipalité et des habitants sont lourdes. Il manque des moyens en hommes et en matériel pour faire face à la situation. n’ayant pas été anticipées, la gestion des centres d’accueil est difficile à mettre en place : il n’est pas évident de les approvisionner en eau potable, en nourriture et matériel de fonctionnement ; étant dirigés vers des centres d’accueil mal adaptés, les sinistrés sont mécontents : une partie d’entre eux ne peuvent pas se rendre sur leur lieu de travail ; certaines familles sont séparées ; à cause de l’inefficacité des protections des bâtiments et des biens, on constate des dommages considérables sur les réseaux, les constructions et dans les rues ; le mauvais recensement des sinistrés n’a pas permis de savoir si toute la population avait été évacuée : certains habitants sont retrouvés cachés dans leur logement alors que celui-ci est inondé. 2- Des accidents mortels Sans protection, il est difficile de survivre à une inondation. On retrouve dans la ville des cadavres d’habitants, ceux qui, n’étant absolument pas préparés à la crise, n’ont pas suivi les consignes données par la municipalité. On retrouve aussi les cadavres d’animaux domestiques perdus lors de l’évacuation, et d’animaux sauvages. 3- il est inacceptable, pour la municipalité, de ne pas avoir pu protéger sa population ; les corps n’étant pas forcément retrouvés dans les premiers jours, il est impossible de les évacuer. L’insalubrité augmente, et une crise sanitaire avec risque d’épidémies est probable. Le manque d’information de la population En plus des conséquences liées à une mauvaise gestion du début de crise, les habitants manquent d’informations. Le climat se dégrade progressivement dans les centres d’accueil et la population devient alors difficile à gérer. peu d’informations quant à l’évolution de la situation : les habitants hébergés dans les centres d’accueil obtiennent des données imprécises et peu fiables. Difficultés pour la municipalité à juger les dommages sur le territoire : les habitants ne peuvent pas savoir la date précise de leur retour. Elle doit annoncer que les retours seront échelonnés et que certains ne pourront pas rentrer chez eux. 124 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 III. LE RETOUR DE CRISE A- UN RETOUR ECHELONNE 1- Les premiers habitants rentrent chez eux Lundi 19 septembre 2005 alors que les travaux de remise en état se poursuivent, les habitants les moins touchés par l’inondation sont autorisés à rejoindre leur maison : même si l’électricité n’est pas encore rétablie, ces derniers ont souhaité rentrer au plus vite chez eux ; les logements sont peu endommagés : l’eau n’a fait que passer (avec tout de même une hauteur de 50 cm) : les caves et les sous-sols sont encore inondés : Ɠ besoin de pompes pour les vider ; Ɠ besoin de la main-d’œuvre (pour manier les pompes) ; Ɠ besoin de groupes électrogènes (quelques pompes peuvent néanmoins fonctionner sans électricité). quelques meubles n’ayant pas été surélevés sont détériorés. traumatisme moindre pour ces habitants mais la vie quotidienne reste difficile : beaucoup de voies de communication sont coupées ; les magasins sont soit fermés, soit non réapprovisionnés ; la commune est privée d’électricité (difficulté pour cuisiner et pour sécher tout ce qui est resté humide). 2- Des difficultés de relogement Les jours suivants 84 intervention délicate de la municipalité dans les structures d’accueil. Certaines personnes ne peuvent rentrer dans leur logement car celui-ci est trop endommagé : nécessité de renforcer la cellule de soutien psychologique mais rien n’est véritablement prévu ; incapacité d’évaluer le temps que ces familles vont devoir passer dans des logements provisoires. Cette période dépend du délai nécessaire : Ɠ à la réhabilitation ou à la reconstruction de leur logement ; Ɠ à la construction d’une nouvelle maison. la municipalité, en collaboration avec la CCET et la DDASS doit trouver des moyens de reloger ces habitants : réquisition d’hôtels, de caravanes, de mobil homes (ou de tentes faute de mieux dans un premier temps) ; pas assez de réserves foncières pour placer ces tentes ou mobil homes (les acquisitions foncières ne sont réalisées qu’en prévision d’opérations d’urbanisme, que ce soit à La Ville-aux-Dames ou dans l’agglomération tourangelle ; les réserves foncières de Tour(s)plus sont en zone inondable84; entretien téléphonique avec Melle AUROUX (CCET) et Mme BLONDEL (Tours(s)plus), juin 2005 125 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 en attendant de réquisitionner (ou louer) ces logements provisoires, il n’y a pas d’autre solution que de laisser les sinistrés dans les centres d’accueil ; tant que Tour(s)plus n’est pas parvenue à reloger tous ses habitants, elle ne peut pas offrir de solution à La Ville-aux-Dames. Etant donné le marché local de l’habitat tendu dans l’agglomération tourangelle et ses abords proches, il sera difficile de trouver des logements pour les sinistrés dont les habitations ont été tellement touchées qu’on ne peut envisager qu’ils y retournent. Une partie de la population va donc devoir essayer de reprendre une vie normale dans des logements, présentés comme provisoires, mais qu’ils vont habiter pendant plusieurs mois, voire plus d’un an. 3- Retour des habitants les plus sinistrés a) Départ des centres d’accueil Premiers jours d’octobre 2005 la majorité des personnes évacuées étant lourdement sinistrées, elles rentrent toutes en même temps chez elles ; Plusieurs dizaines de milliers de personnes vont regagner leur domicile en même temps après plus de quinze jours dans les centres d’accueil. En plus de La Ville-aux-Dames, Montlouis-sur-Loire, Saint-Pierre-des-Corps et Tours (si les digues ou les batardeaux ont cédé) ont elles-aussi été évacuées. besoin des forces de l’ordre pour gérer les flux de population rentrant à leur domicile et pour faire la circulation car : routes saturées : de nombreux embouteillages dus aux chassé-croisés des sinistrés sur les routes, de leurs amis, de leur famille, des volontaires, du personnel qui déblaie, nettoie, répare, etc. Nécessité de faire la circulation car plus d’électricité pour les feux tricolores. L’entreprise SOTRASER à Saint-Pierre-des-Corps s’occupe de la signalisation à destination des communes mais ses contrats se dispersent sur toute la grande couronne tourangelle ; comportement des automobilistes parfois dangereux : accidents, non respect du balisage des routes (certaines routes sont barrées) car les habitants sont dans un état de nervosité important. b) Le retour au domicile sur place, véritable choc pour les habitants qui sont consternés face à l’ampleur des dommages. besoin très fort de soutien psychologique, mais peu d’aide pour les plus traumatisés : le personnel médical est débordé ; au retour de crise, le traumatisme des sinistrés est très peu considéré. On pense souvent à tort qu’une fois rentré chez lui, le sinistré n’est plus traumatisé. Or, le syndrome de stress post-traumatique existe. 126 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Le syndrome de stress post-traumatique est une forme de trouble anxieux qui fait suite à un événement particulièrement traumatisant sur le plan psychologique : attentats, bombardements, accidents graves, catastrophes naturelles, violences physiques, viols… La personne qui présente le syndrome de stress post-traumatique est la victime elle-même de l’événement. Elle peut aussi être le témoin d’un événement ayant concerné d’autres victimes. Le syndrome se présente sous la forme d’une sorte de retour permanent de l’événement, sous forme de cauchemars, ou d’envahissement de la conscience chez le sujet éveillé, de souvenirs fréquents. Ces troubles s’accompagnent souvent d’insomnies, de dépression, d’irritabilité, parfois de violences ou de conduites pathologiques (alcoolisme…). Au maximum, ils entraînent une désadaptation sociale importante. Cependant, confrontées au même événement traumatisant, certaines personnes ne subissent pas de séquelles alors que d’autres développent ce syndrome de stress post-traumatique. On parle de syndrome de stress post-traumatique lorsque les symptômes durent plus d’un mois. La durée des troubles peut se limiter à quelques mois, ou au contraire durer beaucoup longtemps voire devenir chronique. Source : www.doctissimo.fr fourni par M. Nicolas DALLET, médecin généraliste rencontré à La Ville-aux-Dames Il existe seulement une psychologue scolaire à La Ville-aux-Dames et les médecins sont débordés. Dysfonctionnement dans l’évaluation du nombre de personnes à reloger : la commune a estimé le nombre de personnes qui pourraient rentrer chez eux dès le départ de l’eau lors de ses rondes. Mais le nombre d’habitants ne pouvant réintégrer leur logement s’avère plus important que ce à quoi commune s’attendait : certains n’ont plus d’étage habitable car ils ont tous été inondés ; d’autres pourraient utiliser des étages hors d’eau, mais ceux-ci ne sont pas équipés pour une vie normale (étage composé uniquement de chambres par exemple) ; les personnes fragiles ne peuvent pas rentrer chez elles tant que leur logement n’est pas entièrement remis aux normes et qu’elles ne disposent pas de tout le confort dont elles ont besoin. Pour la municipalité, ces retours différés des habitants dans leur logement s’ajoutent aux difficultés qu’elle a connu pour les héberger dans un premier temps dans les structures d’accueil. 127 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 B- UN CONSTAT EDIFIANT Suite au passage d’une inondation, les dommages observés sur les logements et les biens vont dépendre de la hauteur d’eau qu’ils ont subi et de leur durée d’immersion. 1- L’état des maisons très forte détérioration des habitations : l’eau a été destructrice ; de nombreux matériaux n’ont pas résisté à l’immersion surtout ceux étant, à la base, de mauvaise qualité : les huisseries en bois ont gonflé. Certains habitants sont obligés de casser des vitres pour rentrer chez eux. Ils ne peuvent pas rentrer par la porte trop gonflée, et donc impossible à ouvrir ; les boiseries sont déformées ; par capillarité et submersion, les revêtements des murs sont détruits : le papier peint est tâché, il se décolle ; les cloisons en placoplâtre se décomposent ; le parquet s’est décollé ; certains carrelages se sont soulevés. l’eau est entrée par les vides sanitaires. Après le passage de l’inondation, les vides sanitaires sont toujours remplis d’eau de même que « d’immondices » qui laisseront pendant très longtemps des odeurs désagréables. Leur nettoyage est indispensable mais ils sont très difficiles d’accès ; les caves et les sous-sols sont toujours immergés : besoin de pompes pour les vider ; besoin de main-d’œuvre (pour manier les pompes) ; besoin de groupes électrogènes (il existe toutefois des pompes manuelles) ; le pompage est une opération longue car il nécessite d’être fait par paliers, pour éviter que la pression de l’eau ne soit trop forte. Manque de pompes ; les magasins sont dévalisés. Les gens essaient par tous les moyens d’acheter des pompes ; les prix augmentent alors considérablement (la demande est très largement supérieure à l’offre) ; structure générale des maisons fragilisée par des chocs : certaines maisons menacent de s’effondrer (les experts n’ont pas eu le temps de contrôler toutes les maisons avant le retour des habitants) ; il y aura à faire des expertises pour les maisons ayant subi des chocs et celles se trouvant dans les zones de vitesse pendant la vidange. besoin de sécher les maisons : recherche d’assécheurs. Les assécheurs manquent et ne peuvent pas fonctionner tant que l’électricité n’est pas rétablie. Sans ces assécheurs, des moisissures se développent. Elles constituent un premier problème sanitaire auquel viennent s’ajouter les animaux malsains qu’elles attirent. Les effondrements de maison représentent une des trois principales causes de mortalité lors des inondations. 128 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 2- L’état des biens a) Les biens vitaux et « de confort » nombreux biens endommagés, irrécupérables pour la plupart ; les habitants pensaient avoir bien tout protégé : au rez-de-chaussée, les meubles et autres biens posés sur parpaings ont été soulevés par la force de l’eau : ils ont été déplacés, souvent renversés et brisés ; beaucoup de personnes avaient mis leurs biens à l’abri au 1er étage lorsqu’ils en avaient la possibilité : cet étage a parfois été inondé. les pertes le plus fréquemment constatées sont : les meubles : armoires, buffets, lits, bureaux (peu de meubles sont récupérables car le bois a gonflé au contact de l’eau et les meubles sont déformés) car les démonter et les déplacer prend beaucoup de temps ; les cuisines aménagées (elles représentent la moitié du coût des dommages en moyenne) et les salles de bain, non déplaçables; les appareils électroménagers quand ils ne sont pas déplaçables : frigidaires, congélateurs, machines à laver, sèches linge, fours, cuisinières. Les pertes seront plus faibles pour les petits appareils électroménagers (aspirateurs, grille-pain, appareils divers) ; les appareils électriques : télévisions, magnétoscopes, lecteurs DVD, ordinateurs, imprimantes, scanners, chaînes Hi-fi qui n’ont pu être mis à l’abri ; autres biens : linge, CD, DVD, plantes, etc. ces pertes de biens sont les premières constatées par les habitants en rentrant chez eux : ce ne sont pas les plus graves dans l’absolu car ces biens peuvent être remplacés suite à une indemnisation des assurances. b) Les biens à valeur sentimentale en revanche, d’autres pertes bien plus importantes : les biens non indemnisables et irremplaçables. Ces pertes sont les plus traumatisantes. Souvent rangés à l’intérieur des meubles (ou posés dessus), ces biens sont perdus car en absence de préparation et de temps, les habitants ne pensent pas à les protéger : la vaisselle (elle est indemnisable mais pas à la hauteur de ce qu’elle représente pour certains : service de mariage, héritage des générations précédentes, pièce unique achetée sur une brocante, etc.) ; les photos de familles : perte extrêmement traumatisante car cela donne l’impression aux sinistrés que toute leur vie est partie dans l’inondation. Aucun moyen de remplacer les photos de famille ; les objets souvenirs : tous les biens qui évoquent un souvenir aux habitants, souvent des cadeaux, des souvenirs, etc. ; autres biens : dessins d’enfants, diplômes, etc. en terme de perte traumatisante, on peut ajouter les animaux domestiques : beaucoup acceptent très difficilement la disparition de leur animal de compagnie, notamment les personnes âgées. Cette perte accentue le traumatisme psychologique dû à la crue. 129 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 c) Les véhicules 3 il faut ajouter à ces pertes la perte de son véhicule (sa voiture en particulier). Dans la précipitation, beaucoup de véhicules ont été laissés sur place pendant la crue : ils ont été soulevés par les eaux, parfois emportés. Certains sont inutilisables. Cette perte est souvent très handicapante car : elle restreint les capacités de déplacement des habitants concernés : or, se déplacer est d’une nécessité absolue au retour de crise (pour aller travailler, pour faire des achats, pour se rendre dans les administrations, chez les assureurs, chez le médecin, etc.) ; utilité très forte : dépendance de l’homme au véhicule ; elle représente une perte économique sèche : plus les voitures sont vétustes, moins elles sont assurées et moins elles sont indemnisées. Les habitants assurant leur véhicule sous la seule garantie de la responsabilité civile ne sont pas indemnisés du tout. Les habitants disposant de ce type de véhicule n’ont souvent pas les moyens d’en acheter un autre en l’absence d’indemnisation. L’état des réseaux non fonctionnement de certains réseaux (essentiellement électricité et eau) au retour des habitants. Les gestionnaires de réseaux n’ont pas eu le temps de faire toutes les réparations avant ce retour. Ils sont intervenus sur les premières zones dégagées et commencent seulement maintenant à pouvoir agir sur tout le territoire. a) Problèmes relatifs au réseau de distribution d’électricité le personnel d’EDF disponible n’a pas à s’occuper que de La Ville-aux-Dames. Il faut environ une semaine pour réparer le réseau à partir du départ de l’eau ; des quartiers entiers sont encore privés d’électricité ; lorsqu’elle a été rétablie, l’électricité ne parvient pas jusqu’aux maisons car : installations électriques individuelles à refaire entièrement (car beaucoup d’habitants ont oublié de couper l’électricité avant leur départ ); immersion totale des compteurs électriques individuels ; besoins d’électriciens pour vérifier que sa maison répond aux normes de sécurité pour rallumer l’électricité (bilan de maison). Ces électriciens sont débordés. électrocutions : nouvelle catastrophe se rajoutant au bilan déjà dramatique. Des habitants sont morts électrocutés en tentant de rétablir l’électricité dans leur maison ; beaucoup d’imprudences : toutes les installations sont encore humides. Les électrocutions représentent une des premières causes de mortalité lors des inondations. 130 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 b) Problèmes relatifs au réseau de distribution de gaz Le réseau de distribution de gaz est relativement solide : installations souterraines ; résistance des gaines à la pression ; coupure automatique des postes de détente à partir d’un certain niveau d’eau. Le réseau de distribution de gaz peut être remis en fonctionnement dès lors que toutes les maisons ont été contrôlées. D’après un employé du réseau GDF, le réseau de distribution de gaz ne peut pas être endommagé. Les pressions dans les canalisations de La Ville-aux-Dames sont de 4b (Moyenne Pression) et peuvent donc supporter la pression de l’eau (la pression de 10mètres d’eau = 1bar). En revanche, le réseau de Saint-Pierre-des-Corps peut subir des dommages puisqu’il s’agit d’une distribution Basse Pression. c) Problèmes relatifs au réseau de télécommunications peu endommagés, les réseaux de télécommunications sont assez vite remis en état : les centres de transit et les centraux téléphoniques sont les premiers séchés, réparés et repartent très vite grâce à des groupes électrogènes dont dispose France Telecom ; c’est aussi le cas pour les boucles locales non immergées ; les problèmes se concentrent sur les armoires de sous-répartition qui ont le plus souffert du passage et de la stagnation de l’eau et qui doivent être remplacées ; certaines boucles locales restent inopérantes ; les lignes et raccordements vers les particuliers doivent être vérifiés. les agents de l’opérateur historique sont submergés par l’ampleur des réparations et le gestionnaire manque d’hommes pour intervenir étant donné l’ampleur des dommages. De plus, l’Unité Réseau Régionale responsable de la préparation du matériel d’intervention, présente sur le territoire de La Ville-aux-Dames, est en partie détruite par l’inondation ; les habitants ne peuvent toujours pas téléphoner à leurs proches, où qu’ils soient en France, et s’inquiètent de ne pas pouvoir les rassurer. D’après M. DESHAIES, pilote de l’emploi à l’Unité Réseau Régionale Centre Val de Loire, le réseau de télécommunications peut repartir très rapidement, grâce à une collaboration avec les autres Unités dans tout le pays. Or, cette collaboration nécessite une planification pour que le matériel et les hommes nécessaires soient disponibles (non réquisitionnés sur d’autres territoires) et puissent rejoindre le territoire inondé, planification inexistante à l’heure actuelle. 131 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 d) Problèmes relatifs au réseau d’adduction d’eau le réseau d’adduction d’eau est encombré par les débris laissés par la crue (gravats, branchages, sable, etc.) ; l’eau n’est plus aux normes de potabilité à cause du passage de la crue (points de captage inondés, nappes phréatiques polluées) : eau impropre à la consommation : problème de salubrité. La DDASS effectue des tests bactériologiques et participe à la désinfection des réseaux de distribution ; nécessité d’approvisionnement en eau par des Unités Mobiles de Potabilisation (UMP) et des Unités Mobiles de Distribution (UMD). la perturbation de la distribution d’eau sera très longue : impatience des habitants. e) Problèmes relatifs au réseau d’évacuation des eaux usées le réseau est également encombré : il faut le nettoyer ; arrêt du fonctionnement de la station d’épuration car elle a été inondée. Il faut sécher les moteurs et attendre que le réseau de distribution d’électricité soit rétabli; en attendant que la station d’épuration fonctionne de nouveau, les eaux usées sont rejetées directement dans la Loire et dans le Cher. D’après Mme SOULIGNAC, responsable des Stations d’Epuration, Service Assainissement, Tour(s)plus rencontrée le 14 juin 2005, rejeter les eaux usées sans traitement ne pose pas de problème majeur en terme de pollutions, puisque le débit de la Loire est élevé en période de crue85. Notons cependant qu’après une crue, le niveau de la Loire descend très vite (voir hydrogramme), et qu’il paraît inconcevable d’y rejeter des eaux usées qui ne s’écouleraient pas. f) Problèmes relatifs au réseau de communication (routes, infrastructures de transport, etc.) 85 effondrement des chaussées les moins solides : les services municipaux, la DDE et les entreprises de travaux publics n’ont pas eu le temps de consolider toutes les routes endommagées avant le retour des habitants ; aucun expert n’a mesuré la charge que pouvaient supporter les routes après le passage de l’eau. Les routes ont été fragilisées, leur structure a été endommagée (le soubassement est gorgé d’eau), elles sont instables ; avec le trafic incessant des voitures et des camions, certaines routes s’effondrent et deviennent de nouveau impraticables. problème de saleté (les routes sont encore grasses même après le nettoyage et peuvent provoquer des accidents. Voir annexe : Scénario des conséquences d’une brèche à Conneuil sur la station d’épuration de La Riche 132 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 C- REPARATIONS ET RECONSTRUCTIONS Au retour, le bilan est catastrophique : habitants démunis ; logements dévastés ; réseaux et services mal rétablis ; La municipalité a besoin d’hommes et de moyens en nombre pour effectuer les réparations et les reconstructions qui sont considérables 1- Pénurie de matériel, de matériaux, d’artisans a) Besoins humains appel à des renforts : la municipalité fait appel à des volontaires (non sinistrés) pour venir en aide aux sinistrés ; les habitants font appel à leurs propres connaissances ; les gérants des réseaux appellent leurs renforts (cellule FIRE pour EDF, plan CRISTAL pour France Telecom). la population a besoin de soutien : régulièrement, les élus se rendent sur le terrain pour soutenir, réconforter les sinistrés et encourager les bénévoles. Ils essaient de les tenir au courant de l’avancée de la situation concernant le rétablissement des réseaux : mais eux-mêmes obtiennent des informations imprécises. Les habitants attendent et ne voient rien venir. Leur mécontentement augmente ; impression de solitude. L’armée et les pompiers ne sont plus présents sur le terrain : malgré l’aide des bénévoles et le soutien de la municipalité, les habitants se sentent seuls. besoin d’artisans (électriciens, plombiers, maçons, menuisiers, carreleurs, etc.) : toutes les entreprises de bâtiment et de travaux publics sont prises d’assaut ; ils sont débordés et ne peuvent satisfaire tout le monde, ce qui participe à l’augmentation du mécontentement des habitants ; certains artisans travaillent à flux tendus et n’ont donc pas de stock : difficulté à se faire approvisionner car : Ɠ demande très forte de toute part ; Ɠ certains itinéraires sont coupés ; Ɠ parfois, l’entreprise d’approvisionnement travaille elle-même à flux tendus ou alors, elle a aussi été inondée. 133 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Les entreprises liées au bâtiment présentes sur le territoire de La Ville-aux-Dames sont les suivantes : Nom de l'entreprise SARL PEREIRA SARL JAULARD M.VIERA GARCIA Frères M.BOURDON Type de service Maçonnerie Maçonnerie Plâtrerie Bâtiment et Travaux Publics Installation d'équipements thermiques, de climatisation et d'assèchement Installation d'équipements thermiques, de climatisation et d'assèchement Electricité générale Adresse 79, rue Gabrielle d'Estrées ZI des Yvaudières 46, rue George Sand "La Boisselière" N° de téléphone 02 47 63 17 22 02 47 32 07 09 02 47 44 08 19 02 47 46 20 21 2, rue Louise Michel 02 47 63 15 36 ZI Bois des Plantes 02 47 32 70 50 169, rue Jeanne d'Arc 02 47 44 62 27 Electricité générale 161 bis, rue George Sand 02 47 44 14 05 Electricité générale Plomberie Plomberie Plomberie Revêtement des sols et des murs Peinture, vitrerie Menuiserie bois et métallique Menuiserie bois et métallique Menuiserie bois et métallique Menuiserie bois et métallique Menuiserie bois (tourneur sur bois) Menuiserie bois (fabrication) Commerce et réparation de meubles (réfection) Commerce et réparation de meubles (création et vente) 49 bis, rue Gabrielle d'Estrées 7, rue Louise Weiss 7, rue Madame de Récamier ZI Bois des Plantes 141, rue Jeanne d'Arc 1, rue Pauline Carton rue George Sand 12, rue Berthe Morisot 30, rue Bernadette Delprat 49, rue Gabrielle d'Estrées ZI Bois des Plantes ZI Bois des Plantes 06 77 16 82 88 02 47 44 03 55 02 47 44 03 18 02 47 44 60 32 02 47 46 09 16 02 47 44 54 64 02 47 63 17 20 02 47 44 84 64 02 47 44 14 07 02 47 44 75 75 02 47 32 08 47 02 47 32 42 00 ZI des Yvaudières 02 47 44 71 75 ZI des Yvaudières 02 47 44 71 75 BRICHET JL (Bricolage Serrurerie Fermetures et Menuiserie) ZAC des Fougerolles 02 47 44 22 20 M.Morel QUINTAS SARL Polyservice PolyService 37 82, rue Gabrielle d'Estrées 44, rue Mado Robin ZI des Yvaudières ZI des Yvaudières 02 47 44 91 84 02 47 32 03 84 02 47 44 59 95 02 47 44 76 00 ZI Bois des Plantes 02 47 32 93 94 Proxitherm M.SURGET CGIE (Cabral Goncalves Installation Electrique) AREL M.MARTIN M.MEUNIER SARL VERGER SUUN Père et Fils M.JARRIAU M.AUDURIER Menuiserie CHAUD Serge M.COSTARD Tours Pose DE SOUSA M.BERNARD France Contreplaqué Atelier de l'Orbe Voie Eben'Hystérie FCB SARL (Froid, Cuisine, Buanderie) Charpenterie, couverture Charpenterie, couverture Levage, montage Levage, montage Installations électriques, d'eau et de gaz (pour les entreprises et les collectivités) Au retour de crise, ces entreprises risquent d’être débordées par la charge de travail. La demande sera telle qu’elles ne pourront satisfaire tous les besoins des habitants de la commune. Les artisans des communes alentours seront eux aussi très occupés. Par ailleurs, il est important de signaler que la plupart des ces entreprises vont être touchées par l’inondation (à des degrés divers). Certaines d’entre elles seront dans l’incapacité de fonctionner au retour de crise, accentuant ainsi la pénurie d’artisans du bâtiment sur la commune. 134 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 A La Ville-aux-Dames, on note la présence d’une entreprise susceptible de fournir quelques artisans installés sur la commune (essentiellement les peintres et les carreleurs). Or, cette entreprise se trouve sur la ZI du Bois des Plantes qui, d’après le Modèle Numérique de Terrain, connaîtra des hauteurs d’eau comprises entre 1 et 3 mètres. Il sera donc très difficile pour elle de fonctionner : les artisans pourront difficilement y accéder et l’approvisionnement par les fournisseurs sera compromis. Par ailleurs, la reconstruction se fera avec les « moyens du bord » et dans la précipitation. Tout sera reconstruit à l’identique et suivant les mêmes techniques. Sans conseils pour reconstruire autrement, les mêmes erreurs seront commises, et auront les mêmes conséquences lors d’une prochaine crue. Nom de l'entreprise Seigneurie Euridep Type de service Adresse Commerce de revêtements de sols et de murs ZI Bois des Plantes N° de téléphone 02 47 63 10 63 b) Besoins en moyens (matériaux, matériels) besoin de moyens mais pénurie de matériel et de matériaux : véhicules de location (comme lors de l’évacuation) ; groupes électrogènes, piles électriques ; lampes (à pétrole, à alcool), bougies, éclairage de camping ou de secours ; chauffages d’appoint en attendant la réparation des radiateurs (gaz, pétrole) ; réchauds ; gants, bottes, produits de nettoyage et de désinfection ; matériel et matériaux de reconstruction ; … l’absence d’électricité empêche le retour à la normale. C’est sans doute ce qui handicape le plus les habitants au retour de crise : pas de chauffage ; pas d’éclairage ; difficultés à cuisiner; impossibilité d’utiliser des moyens techniques d’assèchement et de nettoyage. les fournisseurs d’énergie sont débordés : très forte demande en gaz, pétrole, fioul, essence pour se chauffer, manger et se déplacer ; difficultés d’acheminement de ces énergies ; toutes les stations-service des alentours sont dévalisées ou ne sont pas réapprovisionnées La Ville-aux-Dames compte une seule station-service, qui doit être nettoyée, ce qui augmentera le délai de remise en service. Nom de l'entreprise Type de service Adresse Station essence (Centre Leclerc) Commerce de détail de carburants ZAC des Fougerolles N° de téléphone 02 47 32 53 20 135 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 2- Difficulté à se reconstruire en tant qu’habitant la période de réparations et de reconstructions est très longue : plusieurs mois, voire même plus d’une année ; plus le temps avance et plus les habitants se retrouvent seuls : pas de soutien, oubliées par l’Etat, par les communes n’ayant pas subi la catastrophe, et par les médias ; les personnes fragiles du point de vue économique et social sont souvent isolées. Elles n’ont pas de soutien social et doivent affronter seuls le retour. Mais dès la fin du passage de la crue, il faut recommencer à vivre : les habitants se retrouvent face à une multitude de problèmes : difficultés à être indemnisé malgré l’arrêté interministériel de « Catastrophe Naturelle » : au retour, les habitants remplissent une déclaration de dommages. Le remboursement se fait en fonction des contrats et des biens déclarés, avec la vétusté car : beaucoup ont oublié de prendre des photos avant leur évacuation. Au retour, les habitants se ruent vers les magasins qui vendent des appareils photos (puis vers les magasins de développement) ; voitures vétustes mal remboursées voire pas du tout ; perte des papiers, factures, etc. puisque non protégés et donc noyés dans l’inondation : impossibilité de justifier la propriété de tel ou tel bien et difficulté d’évaluer la valeur d’un bien détérioré ; les personnes en difficulté financière ont une faible capacité d’adaptation au retour de crise (pour les reconstructions, l’achat de nouveaux équipements, etc.). difficulté à retourner travailler car : traumatisme lourd : quelques uns deviennent inaptes au travail (tous sont traumatisés mais la plupart prendra sur soi pour travailler quand même puisque c’est nécessaire pour vivre) ; indisponibilité partielle des médecins et psychologues pour évacuer ce traumatisme : Ɠ outils de travail (cabinet et matériel) endommagés ; Ɠ professionnels débordés par la masse de travail. Ils ne peuvent donc pas satisfaire tout le monde, même s’ils peuvent aller consulter directement chez les habitants). La Ville-aux-Dames concentre sur son territoire une seule psychologue scolaire et cinq médecins généralistes (associés dans deux cabinets). Nom de l'entreprise Type de service Adresse N° de téléphone Psychologue scolaire Pratique médicale (psychiatrie - psychologie) 103, rue Jeanne d'Arc 02 47 44 59 52 M.MASSON 02 47 44 99 50 Pratique médicale (médecine générale) 91, rue Jeanne d'Arc M.SAUVAGE 02 47 44 37 10 M.VIROS 02 47 46 01 79 M.DALLET 02 47 44 66 28 Pratique médicale (médecine générale) 91 bis, rue Jeanne d'Arc Mme. GIRAULT 02 47 44 66 23 136 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 de nombreux travaux à effectuer dans la maison (sécher, nettoyer, réparer), ce qui prend du temps ; difficultés pour se déplacer car : Ɠ perte de la voiture (ou du vélo) ; Ɠ itinéraires coupés ; Ɠ non rétablissement de tous les transports en commun : les prix des taxis augmentent considérablement. difficultés pour garder les enfants : Ɠ les écoles et le centre de loisirs ont beaucoup souffert de l’inondation et ne peuvent rouvrir leurs portes pour l’instant (nécessité de remettre les bâtiments aux normes de sécurité) : rien n’a été prévu par la municipalité pour garder les enfants ; Ɠ la plupart des habitants sont occupés à se réinstaller eux-mêmes et ne sont donc pas disponibles pour s’occuper d’un enfant. chômage technique pour les habitants travaillant dans des entreprises ayant été sinistrées. La perte d’emploi entraîne souvent la perte de ses repères. beaucoup d’habitants se sentent démunis. Le retour à la normale est loin d’être simple. Ils ressentent les symptômes du syndrome post-traumatique : certaines personnes font une dépression nerveuse ; d’autres ont des troubles du sommeil ; de nombreux maux se développent chez tous les habitants : le traumatisme est toujours là. le retour à la normale dans la vie quotidienne prend du temps : un climat tendu règne dans la commune et aux alentours ; augmentation du prix des loyers et du foncier dans les communes voisines (celles qui n’ont pas été touchées par l’inondation) : demandes en augmentation alors que l’offre proposée reste toujours la même. Cela pénalise encore : Ɠ les personnes qui doivent vivre dans un logement temporaire en attendant la réhabilitation, voire même la reconstruction de leur ancien logement ; Ɠ les personnes qui veulent reconstruire ailleurs. Dans le même temps, certains habitants de La Ville-aux-Dames voudront quitter la commune, et peu de personnes seront prêtes à y investir, étant donné le sinistre qui vient d’avoir lieu. De fait, sur La Ville-aux-Dames, les prix des logements et du foncier vont chuter et rester bas pendant quelques années. Le développement de la commune va ralentir. parallèlement aux reconstructions, un scandale éclate : les habitants de La Ville-aux-Dames et de Saint-Pierre-des-Corps s’associent pour dénoncer leur « sacrifice » pour protéger la ville de Tours. L’autoroute A10 a été batardée de façon à protéger Tours de l’inondation. L’eau ne pouvant s’échapper par ce côté, La Ville-aux-Dames et Saint-Pierre-des-Corps sont devenues de véritables « baignoires ». D’après les habitants, si les eaux s’étaient mieux réparties, ils auraient connu moins de dommages et les pertes humaines auraient été moins grandes : sentiment de rancune, d’animosité, qui promet de durer encore longtemps. 137 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 SYNTHÈSE DE LA PHASE DE RETOUR Au retour de crise, de nombreux problèmes empêchent le retour à la normale de la vie quotidienne. Ces difficultés résultent particulièrement de la non préparation de la municipalité, des habitants et des services. 1- Le délai très important de rétablissement des réseaux et des services Ce non rétablissement est principalement dû au manque de matériel de remplacement et à l’indisponibilité de la main d’œuvre. La main d’œuvre disponible est débordée. 2- sans électricité, il est très difficile de retourner vivre dans la commune sinistrée. On ne peut pas commencer le nettoyage de la ville, ni faire fonctionner les autres réseaux ; sans eau propre, il est impossible de nettoyer la commune (lieux publics, logements privés, entreprises) ; sans routes réparées et nettoyées, il est difficile de circuler dans la commune ; sans matériel de pompage, les zones « cuvettes » ne peuvent pas être vidées ; sans services indispensables disponibles (entreprises du bâtiment, entreprises d’alimentation générale), la vie quotidienne ne peut pas reprendre. L’incapacité de relogement pour les sinistrés nombre important de logements trop endommagés pour être réintégrés par leurs occupants : les habitants se retrouvent sans toit pour une durée indéterminée ; marché local de l’habitat tendu sur l’agglomération touchée : manque de réserves foncières et de logements disponibles. Il est extrêmement difficile de trouver une solution pour reloger les sinistrés près de leur habitation d’origine. 3- Les réhabilitations et reconstructions réalisées sans changement Les travaux de reconstruction et de réhabilitation sont effectués sur le champ : aucun conseil donné pour améliorer les constructions : les problèmes liés à la structure des bâtiments ne sont pas résolus et provoqueront les mêmes conséquences lors d’une prochaine inondation ; peu de matériel et de matériaux disponibles : on ne peut garantir la fiabilité des reconstructions. 4- Les habitants démunis peu de remboursements possibles : les régimes d’assurance sont inadaptés aux catastrophes de type inondation ; manque de soutien et de conseils envers les habitants : le délais de fonctionnement de la cellule de soutien psychologique après la crise n’est pas assez long ; difficulté de quitter son logement : revente d’une construction sinistrée au prix d’achat extrêmement délicate, voire même impossible, effondrement du marché foncier sur les zones inondables, contrairement aux zones protégées connaissant une forte inflation. 138 Partie IV Elaboration d’une stratégie de réduction de la vulnérabilité 139 Inondation de la Loire : Influence de la fonction résidentielle sur la vulnérabilité urbaine – Septembre 2005 Au vu de ce scénario et des problèmes évoqués, ainsi qu’au regard des inondations qui sont survenues il y a quelques années en France (crues du Gard notamment), il est très difficile de se remettre d’une crise telle que celle-ci. Les personnes touchées restent traumatisées et fragiles bien plus d’un an après la catastrophe. L’impression que cela ne pourra plus jamais se reproduire est une des conséquences perverses qui ne permet pas de se protéger au mieux dans l’éventualité d’une prochaine crue. Mais on a vu qu’une autre crue, de même importance, peut se reproduire rapidement : dix ans après 1856, les habitants du Val de Loire ont été touchés à nouveau par l’inondation provoquée par une nouvelle crue cinq-centennale. Cela étant, mieux préparés, la commune et ses habitants auraient supporté plus aisément cette inondation et ses conséquences. Il est donc nécessaire que la commune et les habitants se préparent, pour anticiper toutes les conséquences néfastes d’une telle catastrophe, et limiter dans le temps les gênes occasionnées par une inondation de cette ampleur. Le rapport ci-joint, intitulé Elaboration d’une stratégie de réduction de la vulnérabilité, poursuit cet objectif. La déclinaison d’axes d’action, et d’outils permettant d’appliquer cette stratégie, donne au maire de toute commune entièrement ou partiellement inondable les clés pour la préparation à un sinistre et sa gestion efficace. 140 CONCLUSION Le risque d’inondation est toujours apparu, dans notre société, comme un des risques naturels les plus redoutables et faisant partie de ceux dont les conséquences sont les plus dramatiques. Souvent à la une des actualités, les inondations laissent derrière elles leur lot de désastres, à savoir des logements dévastés, des habitants traumatisés, des cultures détruites, des activités anéanties. Le retour à la normale est souvent très long : les dommages sont considérables et les sinistrés rencontrent des difficultés pour être indemnisés. Face à ces constats trop fréquents, il devient urgent de s’investir davantage dans une démarche collective de lutte contre les inondations. Actuellement, le processus est amorcé. Les collectivités territoriales, les organismes d’Etat, les bureaux d’études privés et d’autres professionnels (entreprises, gestionnaires de réseaux, services de santé, etc.) s’engagent dans ce combat. Relativement difficile à mener, il commence aujourd’hui à porter ses fruits. Des structures telles que l’Etablissement Public Loire ou l’Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature parviennent peu à peu à obtenir des résultats, notamment auprès des professionnels lorsque ces derniers comprennent, par exemple, l’intérêt de faire établir un diagnostic de vulnérabilité de leur entreprise. Ainsi, notre stage s’inscrivait complètement dans cette démarche. Partant de la fonction résidentielle d’un territoire, thématique non traitée jusqu’à maintenant, il avait pour objectif d’aboutir à une stratégie de réduction de la vulnérabilité des communes face au risque d’inondation. En d’autres termes, l’étude devait placer l’habitant au cœur des préoccupations communales en temps de crise, définir comment une municipalité pouvait assurer un retour rapide à la vie quotidienne normale après le passage de l’inondation, et épargner au mieux la vie de l’habitant ainsi que ses biens. Toutefois, à l’heure actuelle, cet objectif semble relativement difficile à atteindre. En effet, on observe fréquemment au sein de la population, des professionnels, et des pouvoirs publics, une absence totale de culture du risque. Les crues catastrophiques de la fin du XIXème siècle ont laissé peu de souvenirs dans les mémoires des générations actuelles. Malheureusement, seules les crues récentes, du Gard par exemple, marquent les esprits. Les retours d’expérience de ces catastrophes constituent un moyen efficace de prise de conscience. Le problème majeur reste qu’en général, on attend de subir l’inondation avant de se prémunir contre ses effets. Néanmoins, comme il a déjà été évoqué dans les paragraphes précédents, une certaine volonté publique de prévenir le risque d’inondation se manifeste depuis une vingtaine d’années. L’évolution est lente mais progressive. Auparavant, la prévention se limitait (bien que cela était nécessaire) au contrôle de l’aléa, à travers la construction d’ouvrages de protection tels que les levées ou les barrages. Ces mesures se sont traduites par la création d’un faux sentiment de sécurité parmi la population. Les habitants du Val de Loire se sont sentis protégés du fleuve et ont oublié le risque qu’il représentait. La Loire s’est trouvée cachée par les digues. Aujourd’hui, les politiques évoluent. La prévention vise à réduire la vulnérabilité des personnes et de leurs biens. Les perspectives d’action ne sont plus les mêmes. On ne vit plus contre le fleuve mais avec le fleuve (cette idée trouve sa place dans le SDAGE au sein de l’objectif « Savoir mieux vivre avec les crues » et dans les objectifs du Plan Loire Grandeur Nature). La logique de précaution a remplacé la logique de protection. 141 La démarche actuelle de réduction de la vulnérabilité communale face au risque d’inondation en est à ses balbutiements. Le stage s’inscrivait dans ces travaux de recherche sur la réduction de la vulnérabilité. Il s’agissait de déterminer la vulnérabilité de la fonction « habiter » au sein d’un territoire à travers, tout d’abord, un travail de synthèse des connaissances existantes en matière de vulnérabilité puis, un travail de recherche s’appuyant sur l’étude de cas de la commune ligérienne périurbaine de La Ville-aux-Dames. Les recherches se sont centrées autour d’une question principale : « Quels éléments rendent une commune vulnérable lors d’une inondation ? » Cette interrogation a conduit à une analyse complète des enjeux liés à la fonction résidentielle sur un territoire. Un travail de terrain et de recherche auprès des acteurs locaux du territoire a permis de déterminer la vulnérabilité de chacun de ces enjeux, et ainsi d’en lister l’ensemble des critères de vulnérabilité. Par la suite, ce travail a servi de base à l’élaboration d’un scénario, lequel devait relater le déroulement d’une crue de type cinq-centennale dans le Val de Tours et plus particulièrement sur la commune de La Ville-aux-Dames, avec le niveau de préparation actuel. Certes fictif, le scénario s’appuie néanmoins sur des informations réelles et des sources sûres. Sa lecture laisse clairement apparaître de nombreux dysfonctionnements, dont certains très sérieux. En effet, le scénario fait état de stratégies existantes mal appliquées, incomplètes et souvent imparfaites et laisse ainsi entrevoir le manque de préparation des pouvoirs publics si une crue venait à se produire. Il permet d’imaginer combien les conséquences de cette crue seraient dramatiques pour les communes sinistrées et leurs habitants. C’est pourquoi, face à ce manque de préparation et à cette absence de culture du risque, il est apparu judicieux de ne pas en rester là. Le stage ne prétendait pas uniquement soulever les problèmes, mais également amorcer une réflexion sur la manière dont une commune pourrait se prémunir, elle et sa population, contre le risque d’inondation. Ainsi, cela permettait de comprendre comment une commune serait en mesure de réduire concrètement sa vulnérabilité face à ce risque. Ainsi, en réponse à la demande de l’Equipe Pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature, une stratégie communale de réduction de la vulnérabilité face aux inondations au regard de la fonction résidentielle a été mise en place. S’adressant directement aux maires des communes exposées et à leur personnel municipal, cette stratégie tente d’apporter des éléments de réponses aux problèmes posés en temps de crise, et d’organiser le cadre des actions. Cette stratégie a conduit à la détermination d’outils efficaces et à leur explication détaillée au travers de « fiches-outils ». Les outils ont tous pour vocation de permettre l’application de la stratégie. D’une manière générale, la stratégie proposée vise à améliorer la préparation des municipalités face à la crise, en passant par une meilleure connaissance de leur territoire et de leur population, de façon à anticiper les problèmes et à répondre à trois objectifs généraux : éviter les pertes humaines, limiter les dommages et assurer un retour rapide à la normale. 142 BIBLIOGRAPHIE Ouvrages généraux : MONTRICHER (de) N. : L’aménagement du territoire, Collection Repères, Editions la Découverte, Paris, 1995, 128p. SCHEIBLING J. : Qu’est-ce que la Géographie ? Carré Géographie, Hachette Supérieur, Paris, 1998, 199p. TIFFOU J. : Commenter la carte topographique aux examens et concours, Géographie U, Armand Colin, Paris, 2000, 189p. TRIBILLON J.-F. : L’urbanisme, Collection Repères, Editions La Découverte, Paris, 2002, 125p. 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Notice de l’atlas des zones inondables de la Vallée de la Loire (site de la DIREN Centre) Cartographie et plans : Atlas des zones inondables de la vallée de la Loire, vals de Tours, de Luynes et de Villandry, Direction régionale de l’Environnement- Bassin Loire-Bretagne, Edition 2003. Complément au plan de Secours Spécialisé Inondations (version 2, Cartographies : Vals de Cisse, Tours et Vienne, « Simulation de scénario d’inondation pour des crues cinquantennale et centennale », Préfecture d’Indre-et-Loire, Service Interministériel de Défense et de Protection Civile, avril 2002, 7p. Plan d’occupation des Sols de la Ville-aux-Dames, Plan des Servitudes, mis à jour le 19/04/02. Plan d’Occupation des Sols de la Ville-aux-Dames, Plan de Zonage, Partie Nord et partie Sud, modification novembre 2000. Sites INTERNET : http://195.101.101.220/accueil/dir_acc.asp (site DIREN Midi-Pyrénées) http://www.bourgogne.environnement.gouv.fr (site DIREN Bourgogne) http://www.centre.ecologie.gouv.fr/ (site DIREN Centre) http://www.champagne-ardenne.environnement.gouv.fr/ (site DIREN Champagne-Ardenne) http://www.eau-loire-bretagne.fr/sdage/ (site du SDAGE) http://www.environnement.gouv.fr/rhone-alpes/ (site DIREN Rhône-Alpes) http://www.insee.fr/fr/home/home_page.asp (site de l’INSEE) http://www.iutcolmar.uha.fr : article de B. PAUVERT sur le Cadre juridique de la gestion des crises par les autorités publiques locales http://www.lorraine.environnement.gouv.fr (site DIREN Lorraine) http://perso.wanadoo.fr/mdloire45/ (site de la maison de la Loire du Loiret) http://www.prim.net 145 TABLE DES MATIERES Remerciements..................................................................................................................................................................................... p.1 Sommaire .................................................................................................................................................................................................. p.3 Glossaire .................................................................................................................................................................................................... p.5 Introduction générale .................................................................................................................................................................... p.7 PARTIE I : INTRODUCTION AUX INONDATIONS I. CONTEXTE PRÉCIS DE L’ÉTUDE : LES VILLES LIGÉRIENNES FACE AUX INONDATIONS ........................................................................................................................ p.10 A. LES CONCEPTS FONDAMENTAUX LIÉS AU RISQUE ................................................. p.10 1- L’aléa ............................................................................................................................................................................... p.10 2- Les enjeux .................................................................................................................................................................... p.10 3- La vulnérabilité ........................................................................................................................................................ p.10 4- Le risque ........................................................................................................................................................................ p.11 5- Les dommages .......................................................................................................................................................... p.12 B. LA FONCTION RÉSIDENTIELLE SUR UN TERRITOIRE .......................................... p.13 1. Fonction résidentielle et « cadre » naturel .......................................................................................... p.13 2. Fonction résidentielle et population ......................................................................................................... p.14 3. Fonction résidentielle et réseaux ................................................................................................................ p.14 4. Fonction résidentielle et occupation du sol ........................................................................................ p.16 C. HISTORIQUE DES CRUES DE LA LOIRE .................................................................................... p.17 D. LA CONNAISSANCE DU RISQUE INONDATION ET LA POLITIQUE DE PREVENTION ............................................................................................................................................................... p.19 1. La notion de protection ...................................................................................................................................... p.19 a) Définition d’une crue ................................................................................................................................. p.19 b) Les dispositifs de protection ................................................................................................................. p.20 c) Limites de ces dispositifs de protection........................................................................................ p.21 Description des brèches dans les levées ..................................................................... p.21 Des déversoirs peu nombreux et non adaptés au niveau de crue prévu ...................................................................................................................................................... p.23 Des barrages écrêteurs de crue à l’action limitée ? ........................................... p.23 d) Les solutions apportées ou envisagées (dans le cas de la Loire) ............................ p.23 2. Les notions de prévision, prévention et précaution ..................................................................... p.24 146 II. LA CRISE ET LA POST - CRISE : LA GESTION DE LA FONCTION RESIDENTIELLE EN TEMPS DE CRISE .............................................................................. p.28 A. DÉFINITION D’UNE CRISE ET DE SA GESTION ................................................................ p.28 B. LES DIFFÉRENTES PHASES DE LA GESTION D’UNE CRISE ............................. p.28 C. TABLEAU DES PRINCIPAUX ACTEURS CONCERNES ET DES OUTILS EXISTANTS ..................................................................................................................................................................... p.30 D. FICHES MISSIONS DES ACTEURS ...................................................................................................... p.36 1- Prévision........................................................................................................................................................................ p.36 Les Services de Prévision des Crues (SPC) ............................................................ p.36 2- Anticipation et gestion de crise ................................................................................................................... p.36 Le préfet .............................................................................................................................................. p.36 Les Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) ............ p.37 Le maire .............................................................................................................................................. p.37 La Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) ............................................................................................................................................ p.38 Les forces de l’ordre .................................................................................................................. p.38 EDF-GDF........................................................................................................................................... p.39 France Telecom ............................................................................................................................. p.39 3- Retour d’expérience et prévention ............................................................................................................ p.40 Les assurances et l’indemnisation .................................................................................. p.40 E. LES OUTILS ET LES MOYENS EXISTANTS ............................................................................. p.41 1- Pour la prévision ..................................................................................................................................................... p.41 Le réseau CRISTAL .................................................................................................................. p.41 2- Pour la gestion de la crise et l’anticipation ........................................................................................ p.41 Le Plan de Secours Spécialisé – inondations (Préfecture d’Indre-etLoire (PSSi)...................................................................................................................................... p.41 La chaîne d’alerte ........................................................................................................................ p.42 La cellule de crise préfectorale ......................................................................................... p.45 Le Plan de Secours Communal « Inondations » (PSC).................................. p.47 La cellule de crise communale .......................................................................................... p.47 3- Pour le retour d’expérience et la prévention ..................................................................................... p.49 Le Plan de Prévention des Risques naturels inondations (PPRi)............ p.49 L’information préventive....................................................................................................... p.49 Le Plan Loire Grandeur Nature ........................................................................................ p.50 Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux du Bassin Loire-Bretagne (SDAGE) .................................................................................... p.51 147 PARTIE II : DEFINITION DES ENJEUX ET DE LA VULNERABILITE I. IDENTIFICATION ET DÉFINITION DES ENJEUX LIES À LA FONCTION RESIDENTIELLE EN ZONE INONDABLE ET DE LA VULNERABILITE APPORTEE À LA COMMUNE .................................................. p.53 A. IDENTIFICATION ET DÉFINITION DES ENJEUX ............................................................. p.53 1- L’habitant ..................................................................................................................................................................... p.53 2- Le logement ................................................................................................................................................................ p.54 3- Les services et les réseaux............................................................................................................................... p.54 a) Les services ........................................................................................................................................................ p.54 b) Les réseaux de communication ........................................................................................................... p.56 Le réseau routier ........................................................................................................................... p.57 Le réseau ferroviaire.................................................................................................................. p.58 c) Le réseau d’adduction d’eau ................................................................................................................ p.58 d) Les réseaux d’énergie ................................................................................................................................ p.59 e) Les réseaux de télécommunication .................................................................................................. p.59 f) Les réseaux d’assainissement et d’évacuation des déchets.......................................... p.60 4- Les activités ................................................................................................................................................................ p.60 a) Les activités agricoles ............................................................................................................................... p.60 b) Les activités industrielles ........................................................................................................................ p.61 B. DÉFINITION DES INDICATEURS DE VULNÉRABILITÉ ........................................... p.62 Se rapporter au dossier Définition des enjeux et de la vulnérabilité II. DÉFINITION DE LA VULNERABILITE DU TERRAIN D’ETUDE : LA VILLE-AUX-DAMES ................................................................................................................................. p.62 A. B. C. D. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE-AUX-DAMES .................................. p.62 DONNEES DEMOGRAPHIQUES GENERALES ...................................................................... p.63 DONNEES SOCIO-ECONOMIQUES .................................................................................................... p.64 TABLEAUX DE LA VULNERABILITE DE LA VILLE-AUX-DAMES .............. p.66 1- L’habitant ..................................................................................................................................................................... p.66 2- Le logement ................................................................................................................................................................ p.68 3- Les services................................................................................................................................................................. p.70 4- Les réseaux de communication ................................................................................................................... p.77 5- Le réseau d’adduction d’eau.......................................................................................................................... p.78 6- Le réseau électrique.............................................................................................................................................. p.79 7- Le réseau de gaz ...................................................................................................................................................... p.80 8- Les réseaux de télécommunication .......................................................................................................... p.81 9- Le réseau d’assainissement............................................................................................................................. p.82 148 PARTIE III : SCENARIO PRÉAMBULE ................................................................................................................................................................................... p.84 I. PHASE D’ÉVACUATION................................................................................................................................ p.86 A. DE L’ANNONCE DE LA CRUE A LA DECISION PREFECTORALE D’EVACUATION ........................................................................................................................................................ p.86 1- Très fort débit au Bec d’Allier (Samedi 10 septembre 2005).............................................. p.86 2- Gien sous les eaux (lundi 12 septembre – 22h00) ........................................................................ p.87 3- Mardi 13 septembre 2005 : la décision d’évacuation ................................................................ p.87 a) Information des acteurs des territoires concernés ......................................................... p.87 b) Relais de l’annonce préfectorale d’évacuation par les municipalités ............ p.88 c) Information des populations par les médias ....................................................................... p.90 d) Premières réactions de la population face à cette annonce ................................... p.90 B. PREPARATION A L’ÉVACUATION .................................................................................................... p.92 1- Les priorités d’évacuation en fonction des zones ......................................................................... p.92 2- Comportement de la population.................................................................................................................. p.92 a) Réticence importante de la population .................................................................................... p.92 b) Un climat de tension qui augmente ............................................................................................ p.93 3- Préparation des habitants.................................................................................................................................. p.93 a) Protection des biens et du logement .......................................................................................... p.94 b) Complexité des préparations pour certains habitants................................................. p.95 c) Ravitaillement en produits de première nécessité .......................................................... p.95 d) Conséquences de toutes ces préparations sur l’ensemble du territoire ........ p.96 4- La municipalité est débordée ........................................................................................................................ p.96 a) Evacuation des personnes en difficulté qui ont été recensées ............................... p.97 b) Gestion de l’information ..................................................................................................................... p.98 c) Gestion des « déménagements » ................................................................................................... p.98 d) Gestion des établissements publics ............................................................................................ p.99 C. EXPIRATION DU DÉLAI D’EVACUATION : LE DÉPART DES HABITANTS ................................................................................................................................................................. p.100 1- Les habitants « sur le départ » ................................................................................................................... p.100 a) Les préparations non terminées ................................................................................................. p.100 b) Un départ en voiture difficile ....................................................................................................... p.101 c) La population restant sur la commune ................................................................................. p.104 2- Mise en sécurité de la zone inondable ................................................................................................ p.104 3- L’arrivée dans les centres d’accueil...................................................................................................... p.104 a) Centres d’accueils en cours de préparation..................................................................... p.105 b) Manque de places .................................................................................................................................. p.105 c) Des difficultés pour stationner les véhicules.................................................................... p.105 d) Un climat tendu dans les structures d’accueil ................................................................ p.106 SYNTHÈSE DE LA PHASE D’EVACUATION ........................................................................................... p.108 1- Préparation trop faible de la municipalité ........................................................................................ p.108 2- Pas de préparation des habitants et des professionnels dans le cadre d’une évacuation ................................................................................................................................................................. p.109 149 II. L’INONDATION ........................................................................................................................................................ p.110 A. MONTLOUIS-SUR-LOIRE, LA VILLE-AUX-DAMES, SAINT-PIERRE-DESCORPS SOUS LES EAUX ............................................................................................................................... p.110 1- La rupture de digue ............................................................................................................................................ p.110 2- Relais de l’information dans les centres d’accueil .................................................................... p.110 3- Réactions des habitants et organisation dans les centres d’accueil .............................. p.111 a) Une population difficile à gérer ................................................................................................. p.111 b) Des difficultés d’approvisionnement ...................................................................................... p.111 B. LA SITUATION SUR LE TERRAIN .................................................................................................... p.112 1- Des habitants non évacués ........................................................................................................................... p.112 2- Dommages observés pendant les rondes .......................................................................................... p.113 a) Sur les réseaux ......................................................................................................................................... p.113 b) Sur les maisons ........................................................................................................................................ p.114 c) Dans les rues ............................................................................................................................................. p.116 3- Le problème du pillage ................................................................................................................................... p.117 C. LA BAISSE DES EAUX ..................................................................................................................................... p.117 1- La lente résorption des eaux ....................................................................................................................... p.117 a) Le processus d’aspiration ............................................................................................................... p.117 b) Les difficultés d’absorption ........................................................................................................... p.118 2- Information des habitants.............................................................................................................................. p.118 3- De vives réactions............................................................................................................................................... p.119 a) Concernant les conseils prodigués par la municipalité sur ce qu’il faut faire au retour ....................................................................................................................................................... p.119 b) Un climat de plus en plus défavorable.................................................................................. p.119 D. LES PREMIERS TRAVAUX DE REMISE EN ETAT ....................................................... p.120 1- Le nettoyage ............................................................................................................................................................ p.120 2- La remise en état des réseaux .................................................................................................................... p.121 3- Autres travaux........................................................................................................................................................ p.122 4- Les problèmes sanitaires................................................................................................................................ p.122 a) Des découvertes macabres ............................................................................................................. p.122 b) Des rues insalubres.............................................................................................................................. p.123 SYNTHÈSE DE LA PHASE D’INONDATION ............................................................................................. p.124 1- Un désordre complet ......................................................................................................................................... p.124 2- Des accidents mortels....................................................................................................................................... p.124 3- Le manque d’information de la population ..................................................................................... p.124 150 III. LE RETOUR DE CRISE ................................................................................................................................. p.125 A. UN RETOUR ECHELONNE ........................................................................................................................ p.125 1- Les premiers habitants rentrent chez eux.......................................................................................... p.125 2- Des difficultés de relogement .................................................................................................................... p.125 3- Retour des habitants les plus sinistrés ................................................................................................. p.126 a) Départ des centres d’accueil ........................................................................................................ p.126 b) Le retour au domicile ......................................................................................................................... p.126 B. UN CONSTAT ÉDIFIANT .............................................................................................................................. p.128 1- L’état des maisons .............................................................................................................................................. p.128 2- L’état des biens ..................................................................................................................................................... p.129 a) Les biens vitaux et « de confort ».............................................................................................. p.129 b) Les biens à valeur sentimentale ................................................................................................. p.129 c) Les véhicules ............................................................................................................................................. p.130 3- L’état des réseaux................................................................................................................................................ p.130 a) Problèmes relatifs au réseau de distribution d’électricité .................................... p.130 b) Problèmes relatifs au réseau de distribution de gaz .................................................. p.131 c) Problèmes relatifs au réseau de télécommunications ............................................... p.131 d) Problèmes relatifs au réseau d’adduction d’eau .......................................................... p.132 e) Problèmes relatifs au réseau d’évacuation des eaux usées.................................. p.132 f) Problèmes relatifs au réseau de communication (routes, infrastructures de transport, etc.).......................................................................................................................................... p.132 C. RÉPARATIONS ET RECONSTRUCTIONS ................................................................................ p.133 1- Pénurie de matériel, de matériaux, d’artisans ............................................................................... p.133 a) Besoins humains ..................................................................................................................................... p.133 b) Besoins en moyens (matériaux, matériels) ........................................................................ p.135 2- Difficulté à se reconstruire en tant qu’habitant ............................................................................ p.136 SYNTHÈSE DE LA PHASE DE RETOUR ....................................................................................................... p.138 1- Le délai très important de rétablissement des réseaux et des services ....................... p.138 2- L’incapacité de relogement pour les sinistrés ............................................................................... p.138 3- Les réhabilitations et reconstructions réalisées sans changement ................................. p.138 4- Les habitants démunis...................................................................................................................................... p.138 PARTIE IV : STRATEGIE Se rapporter au dossier Elaboration d’une stratégie de réduction de la vulnérabilité Conclusion .......................................................................................................................................................................................... p.141 Bibliographie ................................................................................................................................................................................... p.143 Table des matières ...................................................................................................................................................................... p.146 Annexes .......................................................................................................................................................................... (dossier à part) 151