Les Manchots de la péninsule antarctique menacés

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Les Manchots de la péninsule antarctique menacés
LES MANCHOTS DE LA PENINSULE ANTARCTIQUE MENACES
Au large de la péninsule antarctique, au milieu des baleines, des otaries et des
pétrels, Philippe Poupon, Géraldine Danon et leurs enfants vont pouvoir observer les
différentes espèces de manchots qui peuplent la région ; espèces de plus en plus
menacées par les activités humaines et le réchauffement climatique.
Un groupe de manchots Adélie
La péninsule antarctique compte trois espèces principales de manchots : le manchot à
jugulaire, le manchot Adélie et le manchot papou, ce dernier étant sur le point d'être classé
« vulnérable ».
Les manchots sont des oiseaux migrateurs. Ils vivent la majorité de l'année dans les
océans de l'hémisphère sud et ne rejoignent leurs colonies que pour s'accoupler et élever
leurs poussins. La plupart des espèces de manchots sont fidèles à un site de nidification
qu'elles regagnent à chaque saison de reproduction. De plus des études ont démontré que la
majorité des manchots s'accouple avec le même partenaire d'année en année. Le poussin, une
fois recouvert de son plumage imperméable, peut aller en mer et il devient indépendant de ses
parents.
La péninsule antarctique, par sa proximité avec le continent américain, attire des
touristes curieux de découvrir la vaste étendue blanche. Or la présence humaine fragilise
l'environnement et la faune de l'Antarctique. Les manchots, comme les tortues marines,
meurent étouffés par des sacs en plastique abandonnés dans les océans. Les récentes marées
noires ont démontré que le déversement du fioul sur les côtes a des conséquences
désastreuses sur le plumage des manchots et met en péril leur survie. Les survols d'avion qui
se multiplient au-dessus de l'Antarctique génèrent eux du stress chez les colonies de
manchots, stress qui les transforme en proies faciles pour leurs prédateurs.
Afin de prévenir tout excès d'un tourisme de masse qui nuirait gravement à
l'environnement fragile de la région, un tourisme « écologique » s'est développé. En 1991, une
organisation a été créée afin de protéger la zone en régulant les excursions touristiques. C'est
l'IAATO : International Association of Antarctica Tour Operators. Les compagnies de voyages
sont tenues de limiter le nombre de personnes lors des débarquements, de veiller au
traitement des déchets sur les navires, et de mettre en évidence les recommandations de
sécurité et de préservation de l'environnement. L'IAATO a acquis un poids important dans la
législation environnementale. Depuis sa création, les professionnels du tourisme semblent
respecter les accords.
Mais, outre ces menaces, la survie des manchots dépend aujourd'hui de l'accélération
dangereuse du réchauffement climatique. Ces cinquante dernières années, la température
générale de la péninsule antarctique a augmenté de 2,5°C. La fonte des glaciers et le
réchauffement des eaux ont des répercussions directes sur l'ensemble de la chaîne
alimentaire. En effet les quantités de phytoplancton ne cessent de diminuer à cause de la
réduction de la banquise. Les phytoplanctons, considérés à raison comme « les poumons de
l'océan », sont des algues microscopiques qui constituent des éléments fondamentaux de la
chaîne alimentaire dans l'écosystème marin. Le krill, petit crustacé se déplaçant en bancs, se
nourrit de ces phytoplanctons, et le manchot - comme de nombreux cétacés et oiseaux de
mer - se nourrit à son tour des krills. Le réchauffement des eaux met donc en danger toute la
chaîne alimentaire de l'Antarctique. D'autre part, le changement climatique nuit aussi aux
jeunes manchots qui ne sont pas encore recouverts de leur plumage. L'humidité provoquée
par l'augmentation de la température les fragilise : s'il gèle, leur duvet mouillé peut provoquer
leur perte.
Enfin le réchauffement climatique force les manchots à se déplacer toujours plus vers
le sud, ce qui n'est pas naturel pour des animaux attachés à leur terre d'origine. Le manchot
Adélie est l'espèce la plus concernée par ce phénomène car il ne se nourrit qu'à proximité de
la glace. Cependant la fonte des glaces affecte toutes les espèces de manchots car leurs zones
de nidification se voient compromises.
Réchauffement climatique, fonte de la banquise, pollution, surabondance de la pêche,
ou développement du tourisme, les manchots de la péninsule antarctique se trouvent
aujourd'hui sous le joug de menaces de plus en plus nombreuses et de plus en plus
alarmantes. La disparition des espèces est un fait qui ne doit pas être négligé : il est un
indicateur redoutable du changement de notre écosystème.
Laëtitia REY
L2 Lettres Modernes
Université de La Rochelle