Introduction

Transcription

Introduction
« ÉMILE N’APPRENDRA JAMAIS […] DES FABLES » • COMMENTAIRE • SUJET
22
• Étudiez les effets d’accélération et de ralentissement.
• Comment La Fontaine suggère-t-il le ton de ces paroles ?
• Quel est le niveau de langue ?
• Appréciez la technique argumentative du Chien, sa persuasion.
La poésie
22_FRA060028_10C.fm Page 187 Jeudi, 26. juillet 2007 3:47 15
Voici un plan détaillé à partir duquel vous pouvez travailler en surlignant le
texte d’une part pour trouver les « preuves » des idées avancées sur le texte,
en rédigeant certains passages d’autre part.
Introduction
• Définition de l’apologue et de la fable.
• Situation de La Fontaine dans son siècle ; mention de la variété de ses
fables. Pour les élèves qui ont étudié La Fontaine : fable qui appartient au
premier recueil des Fables (pour le Dauphin, à des fins pédagogiques).
• Placer ici la « définition » de la fable, en précisant l’identité des deux
animaux en présence.
• Annonce du plan : vivacité du récit ; dynamisme et teneur argumentative
du dialogue ; explicitation et étude de la « leçon ».
© Hatier 2007
187
C O R R I G É
Convaincre…
Les réécritures
C O R R I G É
L’autobiographie
Le roman
• Montrez comment elle est préparée tout au long du récit.
• Indiquez les enjeux de cette confrontation. Quelle est l’alternative ?
Comment est-elle concrétisée ?
• Qualifiez cette morale : quelles valeurs met-elle en avant ? Est-elle
pessimiste ? optimiste ?
• « Leçon de modération ? de licence » ? (doc. E, Rousseau, l. 55)
• N’oubliez pas de faire des remarques d’écriture poétique : rythme des
vers, sonorités, longueur des mètres…
La fable : voir lexique des notions.
Les textes en vers : voir lexique des notions.
Le vers : voir lexique des notions.
Le théâtre
Troisième piste : la morale de cette fable
22_FRA060028_10C.fm Page 188 Jeudi, 26. juillet 2007 3:47 15
« ÉMILE N’APPRENDRA JAMAIS […] DES FABLES » • COMMENTAIRE • SUJET
22
I. Le récit animé d’une rencontre
L’anecdote est presque insignifiante – une rencontre entre un Chien et un
Loup –, mais La Fontaine en fait un récit animé et pittoresque.
1. Les étapes de la rencontre : une composition théâtrale
• Un dosage savant d’accélération et de ralentissement :
– Mise en place des circonstances de la rencontre : 9 vers (ralentissement),
mais beaucoup de verbes d’action (accélération).
– La promesse (non tenue) d’un conflit possible (voir vocabulaire du combat
dans les pensées du Loup : « l’attaquer, le mettre en quartiers, livrer bataille,
se défendre » (suspense).
– La transformation en une joute verbale (« entre en propos ») : suspense
désamorcé mais tout de même conservé (ralentissement).
– Tirades (v. 12-21, v. 23-29) (ralentissement) suivies d’un élément perturbateur (le Loup aperçoit le collier : gros plan sur le « cou pelé »), qui crée un
rebondissement, et d’un dialogue plus précipité (v. 33-40).
– Fin en coup de théâtre.
– Passage (v. 10) au présent de narration.
Au total, une structure théâtrale.
2. Le choix et la présentation des personnages
Des personnages :
– qui se ressemblent, mais qui mènent une vie totalement opposée (indices
dans le texte) ;
– au physique opposé (expressions pittoresques à relever : « gras, puissant
et beau, poli » en opposition à « les os et la peau ») ;
– mi-animaux (relever des exemples), mi-humains : sentiments et paroles
(relever des exemples : « mégarde, humblement, compliment, en propos, à la
pointe de l’épée… »).
II. La vivacité du dialogue et sa teneur argumentative
Grande place du dialogue dans la fable.
1. La vivacité du dialogue
• Une conversation très XVIIe siècle, presque de cour (courtoisie et politesse :
« fait compliment, beau Sire »…).
• Du style indirect suggestif (v. 10-12) au style direct prédominant.
2. L’argumentation persuasive du Chien
• Les ressources du style :
– impératifs persuasifs (exemples) ;
– expressions pittoresques très concrètes (« cancres, hères, franche
lippée »…) ;
© Hatier 2007
188
C O R R I G É
• Accélération du dialogue (v. 33 et suivants), avec de nombreuses questions elliptiques, des réponses brèves et une dramatisation (étudier les
coupes, v. 33-37).
• Mots mis en relief en fin de vers, en opposition : « attaché/trésor », enjeu
de la rencontre et de la discussion.
• Surprise du Loup sensible dans les enjambements (v. 37-38, 38-39).
• Désir d’éluder la question, de minimiser les inconvénients sensible chez le
Chien (v. 23, 33 : « rien » ; v. 37 : « Pas toujours ») ; périphrase allusive (« de
ce que vous voyez » = cou pelé).
• Refus catégorique du Loup qui se marque dans l’amplitude de sa dernière
réplique, dans le verbe « vouloir » appuyé de la négation et de « en aucune
sorte ».
III. La portée de la fable : une alternative proposée,
un choix non équivoque
Une morale implicite, mais préparée dans tout le récit.
1. Une morale implicite préparée dans le récit
• L’humanisation des animaux (exemples) prépare la transposition dans le
monde humain.
• La description en contraste des deux animaux et de leur vie a valeur
d’argument (« mourir de faim / rien d’assuré » ; « meilleur destin, félicité, os,
caresse »).
© Hatier 2007
189
C O R R I G É
Le théâtre
Convaincre…
3. La reprise d’un dialogue vif et le refus
Le roman
– énumérations (exemples) ;
– alacrité des vers (alternance vive alexandrins-octosyllabes, coupes à
étudier).
• La stratégie argumentative :
– un tableau en diptyque : une peinture négative du sort d’aventurier pauvre
du Chien (mots péjoratifs : « misérables, pauvres diables, mourir de
faim… ; ») d’un côté ; une peinture positive de son propre sort (mots
mélioratifs : « meilleur destin » qui rime en opposition avec « faim », « force
reliefs.. ; os de poulets… ; caresse ») de l’autre ;
– le passage sous silence des inconvénients de sa condition (absence de
liberté) ;
– la précision d’un véritable « mode d’emploi » du parfait animal domestique
(suite d’infinitifs, 3 vers, v. 23-25, avec chiasme v. 25), suivi de la récompense, présentée positivement (sur 4 vers) ;
– l’efficacité de l’argumentation se mesure à la tentation du Loup et à son
acceptation, à son enthousiasme, à ses pleurs (peu en accord avec son
tempérament de loup…) (v. 30-31).
L’autobiographie
22
Les réécritures
« ÉMILE N’APPRENDRA JAMAIS […] DES FABLES » • COMMENTAIRE • SUJET
La poésie
22_FRA060028_10C.fm Page 189 Jeudi, 26. juillet 2007 3:47 15
22_FRA060028_10C.fm Page 190 Jeudi, 26. juillet 2007 3:47 15
« ÉMILE N’APPRENDRA JAMAIS […] DES FABLES » • COMMENTAIRE • SUJET
22
• Une alternative proposée (concrétisée dans les deux personnages) :
– d’un côté : esclavage (désigné par la métonymie du « cou pelé » et par la
mention du « maître ») confortable, représenté par le « repas » ;
– de l’autre : liberté (représentée métaphoriquement par « courir », deux
fois), sans ressources (mais occulté en fin de fable).
• Une sympathie non équivoque de La Fontaine pour le Loup (description
pitoyable, franchise…), sous des traits qui ne lui sont pas habituels (cf. « Le
Loup et l’Agneau ») → force persuasive du récit.
2. La teneur de la « leçon »
• La liberté comme valeur suprême : plus qu’un « trésor » (métaphore).
• Mais une nette conscience des réalités, constatation réaliste : la liberté
exige des sacrifices (faim).
• Conclusion logique : mieux vaut vivre pauvre et libre que opulent mais
soumis.
• Une vision ni optimiste ni pessimiste, mais réaliste (aucune condition n’est
exempte d’inconvénients) + un choix de vie.
• On réinterprète alors les éléments du récit : repas = aisance, luxe ;
logis = sécurité ; collier = contraintes sociales et dépendance. L’image
d’un bonheur solitaire et naturel, loin de la société.
• Mais une fable qui serait, selon Rousseau, pernicieuse pour les enfants :
provoque les pleurs de l’enfant + ambiguïté de la « morale » : « leçon de
modération ? leçon de licence » ?
Conclusion
Écho de la vie même de La Fontaine. Préoccupation constante, peut-être
regret de devoir « servir » à la Cour :
« Hélas ! que sert la bonne chère
Quand on n’a pas la liberté ? »
(« Le Cheval s’étant voulu venger du Cerf », IV, 13)
Fable réussie : l’Émile de Rousseau, qui n’a pas accès aux fables, est privé
d’un grand plaisir.
© Hatier 2007
190
C O R R I G É