L`alternance

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L`alternance
au scanner
au scanner
excellent vecteur d’intégration
professionnelle. « Les entreprises attendent des postulants
une expérience qu’ils possèdent
rarement. Nous, nous bénéficions
d’une vraie compétence opérationnelle », remarque Audrey
Roehm, en alternance dans le
Groupe Lilly pour préparer un
diplôme de TSPCI et déjà diplômée TPCI, via l’apprentissage.
Un « plus » indéniable dans un
secteur comme celui du médicament ou de la cosmétique qui
requièrent des qualifications
spécifiques mais se trouvent
aussi en permanente évolution.
L’alternance:
une tradition pleine d’avenir
Le succès et les atouts de l’alternance ne doivent pas faire oublier la nécessité d’organiser
et de soutenir ce type de formation. Eclairage avec les industriels et les pédagogues.
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L
en un an pour l’apprentissage
et de 17 % pour les contrats de
professionnalisation, ce type de
cursus concerne désormais tous
les secteurs d’activité et tous les
niveaux d’enseignement, du CAP
Les stagiaires s’initient
sur les équipements
pédagogiques de l’IMT.
à bac +5. Rien de très étonnant
lorsque l’on connaît ses atouts.
Avec sa succession de périodes
en entreprise et en centre de
formation, ce style d’enseignement constitue d’abord un
Un enjeu majeur
Sur 340 collaborateurs, l’usine
Gemey d’Ormes (Loiret) accueille 21 alternants. Un pourcentage bien supérieur à la
© T. Borredon
© T. Borredon
© T. Borredon
entement mais sûrement,
l’alternance s’enracine dans
le paysage français de la
formation. Avec quelque
460 000 contrats signés en
2011, soit une hausse de 2,5 %
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moyenne… « Ce mode de transmission des savoirs représente
pour nous un enjeu majeur,
d’ailleurs intégré à notre gestion
prévisionnelle des emplois et des
compétences. Nous avons besoin
d’experts », explique son DRH,
Erwan Le Tallec. Rémunérée et
rassurante, l’alternance constitue en outre un moyen d’attirer
les jeunes vers des métiers mal
connus – technicien de maintenance ou responsable qualité,
par exemple –, donc de sécuriser
les recrutements. Sur le terrain,
ces filières qualifiantes ou diplômantes permettent en effet d’en
découvrir tout l’intérêt. Parfois,
elles suscitent aussi chez les
intéressés l’envie d’aller encore
plus loin, même lorsqu’ils ne
disposent que de moyens financiers modestes. Apprenti TSPCI
Cours théoriques et pratiques
à l’IMT.
Chez Gemey :
« Un enjeu
majeur
intégré
à notre
GPEC »
Erwan Le Tallec, DRH de Gemey Ormes,
aux côtés de maîtres d’apprentissage
avec leur diplôme.
patrice hibon de frohen,
directeur général de l’imt
« Une réflexion
de fond
est nécessaire »
© T. Borredon
insertion professionnelle
« Pour valoriser son image autant que pour
recruter des collaborateurs qualifiés, l’industrie
pharmaceutique et cosmétologique aurait
avantage à progresser en matière d’alternance.
Nous ne devons pas laisser les seniors partir en
retraite sans avoir transmis leurs savoirs. Mais,
en parallèle, la fonction de tuteur ou de maître
d’apprentissage devrait être mieux reconnue
et valorisée en interne. Plus largement, une
bonne synergie entre organismes de formation
et entreprises, via les tuteurs entre autres,
est nécessaire, sur le plan pédagogique et
organisationnel, pour proposer des formations
professionnelles pointues et opérationnelles.
Cela pose aussi la question des moyens : combien
coûte une formation ? A quoi les taxes et les
financements doivent-ils servir ? Avec quelles
priorités ? L’ensemble des acteurs sociaux (tant
employés qu’employeurs), au sein des OPCA, des
branches, des conseils régionaux, des collecteurs,
des structures de formation, etc., devraient
pouvoir gérer et maîtriser les fonds dédiées
à l’alternance, pour une optimisation et un
fléchage pertinent des ressources financières des
dits fonds. Cela mérite réflexion… »
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au scanner
chez Sogeval, Bertrand Morin
totalise déjà deux autres années
d’apprentissage (TPCI) et trois
ans d’expérience professionnelle : « Un plus pour l’entreprise
qui m’accueille ! Quant à moi,
j’évolue plus vite que si j’étais
resté à mon poste. »
Apprentissage et contrats de
professionnalisation aident également les alternants à mûrir, à
mieux comprendre les règles du
jeu en entreprise et la culture
de leur employeur. Mais pour
Eric Leroy, maître d’apprentissage chez Sanofi, à Ambarès-etLagrave (Gironde), les équipes
déjà en place bénéficient aussi,
en échange, d’un regard neuf
sur leurs pratiques : « Les jeunes
nous interpellent, nous remettent
en question, nous proposent des
idées nouvelles, pour réduire
le temps de pelliculage de nos
médicaments, par exemple. Un
retour sur investissement largement gagnant ! » Les anciens
Abdenasser Arbouch, tuteur
passionné par les jeunes.
Chez Sanofi :
soutenu le principe, imposant
même aux entreprises de plus
de 250 salariés un quota de 4 %
d’alternants, porté à 5 % à partir
de 2015. Mais, pour assurer le
succès de la démarche, quelques
précautions s’imposent, dans le
choix des tuteurs et des maîtres
d’apprentissage notamment.
« Gare aux abandons en cours de
cursus pour cause d’accueil inadéquat », prévient Dominique
Gauthier, directeur de l’apprentissage pour la région Centre.
« Etre un bon professionnel ne
suffit pas, des qualités de pédagogue sont également nécessaires. Il faut aussi se montrer
disponible pour assurer le rôle
de courroie entre l’entreprise
et l’apprenti et réaliser un suivi
sérieux du parcours de l’apprenant… », souligne Jean-Luc Germain, DRH de l’usine Delpharm
de Reims. De nombreuses
entreprises entretiennent d’ailleurs d’étroits contacts avec les
« Un retour
sur investissement
largement gagnant »
apprécient par ailleurs de voir
leur expertise reconnue. « Souvent entrés jeunes dans l’entreprise, ils se sentent valorisés par
la responsabilité de former à
leur tour. L’alternance devient
alors un vecteur d’animation
interne », remarque Erwan Le
Tallec. Maître d’apprentissage à
Cosmetique Active ProductionLa Roche Posay, ancien apprenti
lui-même, Abdenasser Arbouch
confirme : « Mon objectif est d’aider les jeunes comme je l’ai été.
Leur implication représente le
meilleur des encouragements ! »
De nécessaires précautions
Conscients de ses avantages, les
derniers gouvernements ont
Apprentissage, contrats pros : les différences, les avantages
Objectifs et modalités sont différents pour chaque contrat
Contrat de professionnalisation
Contrat d’apprentissage
1 à 3 ans (2 ans pour les titres IMT).
Age requisPas de contrainte d’âge.Moins de 26 ans, sauf cas particuliers
(poursuite d’études, travailleur handicapé…).
CalendrierSouplesse dans les dates de mises en œuvreCalendrier fixé par le CFA (démarrage des
et d’alternance. sessions IMT en septembre et novembre).
* Répertoire national des certifications professionnelles
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• Salaire entre 25 et 78 % du SMIC.
• Exonérations et aides pour l’employeur.
• Financement de la formation par la taxe
d’apprentissage, conseil régional, voire par l’OPCA.
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Financement
• Salaire entre 55 et 100 % du SMIC.
• Exonérations et aides pour l’employeur.
• Financement de la formation par l’OPCA.
Chez Delpharm :
« Il faut faire
un suivi sérieux
de l’apprenant »
naire d’un bilan de compétences
serait une préconisation », suggère Jean-Luc Germain. Afin de
renforcer cette connaissance
des métiers et de valoriser ces
derniers auprès des jeunes, la
région Centre mise pour sa part
sur l’organisation de journées
portes ouvertes en centres de
formation et encourage la présence de ces derniers aux forums et salons dédiés à l’orientation.
Une logistique had hoc
Transport, logement, restauration… Un soutien logistique
contribue aussi à la réussite
des alternants. D’où la mobilisation de la région Centre pour
les aider tout au long de leur
parcours. « Chacun doit pouvoir saisir sa chance et mener
son projet jusqu’au bout », insiste Dominique Gauthier. « De
plus, en nous appuyant sur les
centres de formation, nous nous
Quelles aides
pour embaucher
en alternance ?
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Prise en charge
de dépenses
Pour un contrat de
professionnalisation,
l’OPCA prend en charge
les dépenses liées au tutorat,
soit 230 € par mois
pendant six mois (345 € dans
certains cas).
Prime
Sous certaines conditions,
Pôle emploi octroie une prime
de 2000 € maximum pour
l’embauche d’une personne de
26 ans et plus en contrat de
professionnalisation.
Exonération de charges
L’entreprise bénéficie
aussi d’exonérations
de charges pour le
recrutement en contrat de
professionnalisation d’un
chômeur de 45 ans et plus. Le
financement de la formation
est à la charge de l’employeur.
Les entreprises peuvent
toutefois obtenir une prise en
charge de ces coûts par leur
OPCA de branche.
Indemnités et crédit
d’impôts
Dans le cadre d’un
apprentissage, l’employeur
bénéficie d’une indemnité du
Conseil régional de 1000 €
par an au minimum, ainsi que
d’un crédit d’impôt de
1 600 € (2 200 € dans
certains cas). Elle peut
également être exonérée
de certaines cotisations
patronales et salariales.
ObjectifsParcours sur mesure : qualifiants (CQP, certificats IMT…) Titres et diplômes inscrits au RNCP.
de la formation
ou diplômants (titres et diplômes inscrits au RNCP*).A l’IMT : titres de technicien (TPCI)
et technicien supérieur (TSPCI).
Durée du contratCDD (6 à 24 mois) ou CDI.
écoles, surveillant absentéisme
et relevés de notes. Certaines
proposent en outre une formation aux tuteurs et maîtres d’apprentissage, et récompensent
d’une prime ceux qui assument
ces fonctions. Chez Gemey,
une cérémonie de remise de
diplôme aux alternants valorise
par ailleurs les efforts de tous.
Proposer au candidat, avant son
embauche, une vision claire de
son futur métier permet d’autre
part de lui éviter des déceptions
à terme. « La réalisation prélimi-
Un bonus
pour l’alternance
Les entreprises de 250 salariés
et plus, dont le nombre
d’alternants dépasse le seuil de
4 % de l’effectif annuel moyen,
peuvent bénéficier d’une aide.
Modalités d’obtention : site de
Pôle emploi.
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people
parcours d’imt’iste
L’aide
de l’Opca
Christophe Diot :
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L’Opca Defi, l’organisme
collecteur qui conseille
et accompagne les
entreprises dans la
formation de leurs
salariés, a financé
3 732 contrats de
professionnalisation
en 2011. L’Opca
participe également
au financement du
tutorat. Pour en savoir
plus, lire l’entretien
avec Christophe
Gay, directeur du
développement et de
l’animation du réseau
de conseillers Opca Defi
dans Passerelles n° 51
(septembre 2012,
page 18), ou
www.opcadefi.fr
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taxe d’apprentissage
Informer les CFA
l’apprentissage à tout âge
Sa reconnaissance comme travailleur handicapé a permis à Christophe
Diot de reprendre une formation en apprentissage à plus de 26 ans.
Il travaille aujourd’hui à la Pharmacie Logipôle du CHU Trousseau de Tours.
© T. Borredon
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Le Leem s’investit
dans l’alternance depuis
de nombreuses années :
« Créé en 2003, le Leem Apprentissage
répond à la volonté du secteur de
développer l’apprentissage et d’adapter
les formations aux besoins des entreprises,
et ce à tous les niveaux de qualification, de valoriser
les métiers des entreprises du médicament auprès des
jeunes, mais aussi de mutualiser les fonds de la taxe
d’apprentissage pour une meilleure lisibilité et une
meilleure efficacité des actions emploi/formation de la
profession. Le Leem apprentissage est en effet habilité
à collecter cette contribution auprès des entreprises
de la branche. Levier de la politique de formation
professionnelle du secteur, ce dernier constitue un
outil pour renforcer la pratique de l’apprentissage
dans un secteur relativement peu habitué à ce mode
de formation. Les contrats de professionnalisation ne
sont pas pour autant négligés : 785 contrats de ce type
ont été pris en charge en 2011 pour des entreprises du
médicament par l’OPCA DEFI (collecteur des fonds de la
formation professionnelle pour les industries chimiques,
pétrolières, pharmaceutiques et la plasturgie). »
En bref
sommes engagés dans la lutte
contre la discrimination, qui
existe ici comme pour toutes les
formes d’embauche. Nous avons
par ailleurs créé des postes de
médiateurs dans les CFA, chargés de détecter et d’aider les
jeunes en difficulté, par le biais
de parcours individualisés, par
exemple. » Afin de répondre
aux besoins des entreprises et
de proposer aux étudiants des
filières cohérentes, une synergie importante se développe, de
plus en plus, entre les acteurs :
organismes de formation,
Leem, entreprises et régions.
En témoignent les quelque 220
formations ouvertes par la région Centre entre 2005 et 2011,
dont 150 dans l’enseignement
supérieur. Autre exemple : le
projet Pharcos. Créé dès 2005
par des entreprises de la pharmacie et de la cosmétique, en
collaboration avec l’IMT et l’Opca Defi, ce dernier aura permis
la mise en place de contrats de
professionnalisation, très attendus, préparant aux métiers de
conducteurs de ligne de conditionnement et d’opérateurs de
fabrication. « Plutôt que de se
disputer les profils intéressants,
autant unir ses forces », commente Erwan Le Tallec. Concurrence ou renforcement de la
tendance : reste à savoir quels
impacts auront les nouveaux
contrats de génération sur ces
initiatives…
Nadia Gorbatko
Pourquoi avoir changé complètement de métier et de
secteur d’activité ?
J’ai passé huit ans dans le
groupe Total, puis dix chez Habitat comme vendeur décorateur, mais le magasin a fermé et
j’ai été licencié. J’ai alors décidé
de changer radicalement de
voie professionnelle. J’ai pu reprendre mes études par le biais
de ma reconnaissance de travailleur handicapé et grâce au
contrat d’apprentissage ouvert
aux plus de 26 ans. Le groupe
Recipharm m’a permis de décrocher deux diplômes, OTPCI
et TPCI, et d’évoluer encore.
Aujourd’hui, je travaille dans
un secteur rigoureux avec une
équipe soudée, car n’oublions
pas que le travail en entreprise
ou à l’hôpital, c’est avant tout
des relations humaines. En
plus, ici, au bout de la chaine,
il y des patients.
Que vous a apporté l’apprentissage ?
C’est pour moi la meilleure
REP È RES
2012, février :
employé qualifié
à la pharmacie
du Logipole de
Trousseau, Tours.
2011 : devient TPI
après un contrat
d’apprentissage de 24
mois chez Recipharm.
2008 : décroche un
titre d’OTPI après 14
mois de contrat de
prof à l’IMT.
2007 : intérimaire
chez Delpharm
2005 : vendeur chez
Poltronesofa.
1993 : magasinier et
vendeur conseil chez
Habitat.
1984 : CAP de
vendeur magasinier
au LEP Albert-Bayet.
voie pour apprendre un métier
à tout âge, car aujourd’hui il
faut pouvoir changer de voie
professionnelle et apprendre
tout au long de sa vie. Je trouve
dommage que ce soit réservé
aux moins de 26 ans ou aux
personnes handicapées si elles
sont plus âgées.
Avez-vous encore des projets
de formation ?
Oui ! Mon objectif est d’évoluer
encore à l’hôpital. Je suis formé
à la réception de dispositifs
médicaux implantables. C’est
un poste très rigoureux qui
demande une grande coordination avec les blocs opératoires
et les cadres des services. Je
vais être bientôt formé à la
réception des médicaments et
j’envisage sereinement mon
avenir. Et, si je peux me permettre, je tiens à remercier
Christophe Duval et tous les
formateurs de l’IMT qui m’ont
transmis les connaissances
nécessaires à cette évolution et
m’ont toujours soutenu.
Le décret du 2 mai 2012
précise les modalités selon
lesquelles les entreprises
redevables de la taxe
d’apprentissage (TA) informent
les CFA des sommes qu’elles
doivent leur affecter au titre
de l’emploi d’un apprenti :
soit en informant directement
les CFA avant le 15 mars de
l’année au titre de laquelle
la TA est due, soit en donnant
mandat à l’organisme
collecteur pour informer les
CFA avant le 15 mai (via le
bordereau destiné à l’OCTA).
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région centre
212 contrats
d’alternance !
Les laboratoires
pharmaceutiques et
cosmétiques de la région
Centre se sont engagés,
avec l’IMT, dans 212 contrats
d’alternance au cours de
l’année 2012. Cela a
représenté autant de
personnes en formation :
97 en contrat d’apprentissage
et 115 en contrat de
professionnalisation. 127 de
ces personnes sont toujours
en cours de formation avec
l’IMT au moment de la sortie
de ce numéro de Passerelles.
Distribution
Sourcing dʼactifs
dʼexcipients
pharmaceutiques
techniques
Lʼexpertise au service de vos projets…
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