DIMANCHE DE PAQUES Tout d`abord lire

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DIMANCHE DE PAQUES Tout d`abord lire
DIMANCHE DE PAQUES
1ere lecture : Actes des Apôtres 10,34 a + 37-43
2eme lecture : Colossiens 3,1-4
Evangile selon saint Jean 20,1-9
Tout d'abord lire
Lire plusieurs fois paisiblement. L'idéal serait, comme les moines depuis des siècles, de recopier les
textes, à la main bien sûr, pour les faire entrer jusque dans notre corps. Mais bon!...nous n'avons pas
toujours le temps.
Puis se poser quelques questions, à propos des textes d'abord
Pâques ! Les cloches de retour carillonnent à tous les vents : "Ressuscité ! Christ est ressuscité : En
vérité il est ressuscité !" Inutile de chercher un autre "mot crochet" pour agrafer entre eux les
lectures de ce Dimanche des Dimanches. Mais il y a bien d'autres questions à se poser.
Dans la première lecture, celle des Actes des Apôtres :
Pourquoi Pierre résume-t-il toute la vie terrestre de Jésus avant d'annoncer la Résurrection ? Sur
quel mot insiste-t-il ?
Pourquoi Jésus ressuscité ne se montre-t-il pas "à tout le peuple" ?
Dans l'Evangile :
Deux mots, deux verbes, reviennent plusieurs fois. N'allez pas les chercher comme des oeufs dans
le jardin, nous vous les offrons : "courir" et "voir".
- "Courir" : Marie-Madeleine, Pierre et son compagnon courent. Qu'est-ce que peut indiquer cette
insistance sur la course ? L'"autre disciple, celui que Jésus aimait" court plus vite que Pierre.
pourquoi ? Ne répondez pas que c'est parce qu'il est plus jeune : c'est possible, mais c'est une
réponse trop courte, et pas très respectueuse de la profondeur symbolique de l'Evangile de Jean où
tous les détails ont un sens fort.
Mais "il n'entre pas", et laisse Pierre entrer le premier. Qu'est-ce que cela peut vouloir dire ?
- "Voir" : Qu'est-ce que "voit" Marie-Madeleine et qu'est-ce qu'elle en conclut ?
Qu'est-ce que voit Pierre ? Est-ce qu'il voit seulement en passant ? Est-ce qu'il en conclut quelque
chose ?
Et "l'autre disciple" ? Il voit la même chose, mais quel est l'effet sur lui, et pourquoi sur lui ?
Pourtant, sur quoi s'appuie la foi des apôtres en la Résurrection, d'après le dernier verset ? Et dans le
dernier verset de la première lecture, sur quoi s'appuyait la foi ? Y a-t-il un rapport ?
Dans le passage de saint Paul (nous avons choisi le texte des Colossiens proposé dans "Prions en
Eglise") :
Quelle est la perspective particulière par rapport à la Résurrection ?
Enfin, s'interroger soi-même, avec l'Esprit Saint.
PROPOSITIONS DE REPONSE
Le passage des Actes des Apôtres
Pierre rappelle en résumé la vie de Jésus sans doute pour insister sur le fait que c'est bien ce même
Jésus, cet homme qui a vécu parmi les hommes, et qui, sur cette terre, "faisait le bien", c'est le
même qui est mort et ressuscité. C'est pourquoi les mots sur lesquels il insiste sont
"témoins...témoigner...témoignage". Les Apôtres sont d'abord "témoins de tout ce qu'il a fait dans le
pays des Juifs et à Jérusalem" , ils ont été ses compagnons, ont entendu ses enseignements et vu ses
miracles. Puis il leur est apparu "après sa résurrection d'entre les morts", à eux, en tant que les
"témoins que Dieu avait choisis d'avance" de cette résurrection. Enfin, ils doivent maintenant
"témoigner que Dieu l'a choisi comme Juge des vivants et des morts". Triple témoignage qui porte
sur le passé, le présent et un avenir qui est celui de la fin des temps, donc un témoignage de foi.
Triple témoignage qui n'en fait qu'un car il condense la totalité du Mystère du Christ, et la totalité
du Mystère du salut que Dieu donne aux hommes. Mais il faut le compléter par le dernier
"témoignage" de ce texte, celui que rendent "les prophètes" : "Tout homme qui croit en lui reçoit par
lui le pardon des péchés".
Pourquoi le Ressuscité ne se montre-t-il pas "à tout le peuple", mais seulement aux femmes et aux
Apôtres, à ses amis qui l'ont suivi sur les routes de Judée et de Galilée ? Nous avons déjà répondu
en partie, puisque nous venons de voir qu'ils doivent témoigner que Jésus est le même avant et après
sa résurrection. mais cela ne suffit pas et il faut aller plus loin. Jésus se montre à ses amis, oui, et
non à ses ennemis, à ceux qui l'ont fait mettre à mort. On peut en conclure deux choses :
- Jésus ne cherche pas le triomphe, le "je vous l'avais bien dit", le "happy end", il ne se montre pas
pour se montrer, mais pour montrer la puissance de la Vie, l'amour de Père.
- Seuls peuvent le voir ceux qui l'aiment, qui le pleurent, et qui ont le coeur assez ouvert et assez
brûlant pour le reconnaître (rappelez-vous les pèlerins d'Emmaüs qui ont du mal à l'identifier, ou,
pour rester dans saint Jean, le chapitre 21, les disciples au bord du lac), ceux qui croient en Lui.
Le passage évangélique :
- Courir :
"Elle court donc trouver Pierre..." Elle est soudain poussée par l'urgence : "On a enlevé le Seigneur
de son tombeau et nous ne savons pas où on l'a mis..." Urgence de l'inquiétude, de la stupéfaction, et
urgence de la recherche, car Jésus, malgré l'échec apparent de la crucifixion, reste pour elle, "le
Seigneur", le Maître bien-aimé. Urgence de l'amour. mais peut-être aussi urgence née d'une obscure
espérance, encore informulée. Il s'est passé quelque chose, elle ne formule qu'une hypothèse
d'enlèvement, mais "elle court", comme s'il y avait quelque chose à faire - à espérer ?
"Ils couraient tous les deux ensemble..." Ce sont des hommes, et déjà comme les responsables de la
petite communauté des disciples, ils doivent vérifier ces dires féminins - mais ils pourraient en rire,
ou aller voir posément. Là encore, espérance informulée ? Et urgence de l'amour pour ce Maître
qu'ils ont abandonné, renié ? A Pâques, tout le monde court, parce que quelque chose de nouveau,
d'incroyable, est en train de se produire. Et qu'on ne peut rester assis dans le deuil et les larmes.
L'"autre disciple, celui que Jésus aimait" court plus vite. Quelle que soit son identité personelle, il
est ici la figure de tout disciple "que Jésus aime", de celui qui est lié au Christ par le lien de l'amour
le plus fort, et que cette urgence de l'amour le pousse plus vite, que le Seigneur l'attire à tout vitesse.
Non pas que Pierre soit exclu de cet amour, bien au contraire, mais il a une autre fonction dans
l'Eglise (voir le chapitre 21 de Jean là encore), il est Pierre, le pasteur ; "l'autre disciple" est le
symbole de tout disciple aimé et aimant, qui court au-devant de Jésus. Il est la figure de chacun de
nous dans sa quête du Seigneur., et nous pouvons dire, comme la Fiancée du Cantique des
Cantiques à son Bien-Aimé : "Attire-moi sur tes pas, courons..."
Mais "il n'entre pas", il s'efface pour laisser entrer Pierre le premier. Quel que soit le lien personnel
de tout chrétien avec le Seigneur, demeure toujours la médiation de l'Eglise, de la communauté
entière des baptisés autour de Pierre. Il ne s'agit d'ailleurs pas ici tant de primauté que de
responsabilité dans le témoignage : "Il entre dans le tombeau, et il regarde..." C'est lui qui devra
ensuite, au nom de tous les Apôtres, prendre la parole et raconter ; nous rejoignons ici al 1ère
lecture.
- Voir :
Que voit Marie-Madeleine ? "Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau" : elle voit un
tombeau ouvert, pas même un tombeau vide, du moins on ne nous dit pas qu'elle y est entrée pour
voir. Elle a deviné, soupçonné, elle a craint, et cela a suffi à la mettre en mouvement pour aller
chercher des frères. Un tombeau ouvert, ce n'est pas un signe clair, et cela ne suffit pas pour croire,
mais peut-être déjà pour espérer, sans le savoir, que quelque chose de neuf a commencé, que la
pierre de la mort a été roulée du destin de l'humanité.
Que voit Pierre ? A peine plus, mais lui, il "regarde", il fait attention, il dresse un constat :"le linceul
resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa
place" . Autrement dit : l'absence du corps, les signes de la mort abandonnés sur place, mais en bon
ordre, en paix, et non comme après un enlèvement. Des indices étranges, mais dont il ne tire aucune
conclusion, on pourrait dire avec les mots de l'Evangile de Luc lors de la Vigile Pascale , qu'"il s'en
retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé"
Que voit l'autre disciple. Rien d'autre, mais lui : "il vit et il crut". Sa foi ne vient pas uniquement de
ces signes, ceux-ci en sont le déclencheur, mais sa foi vient de l'intérieur, et de cet amour qui le relie
à Jésus - et elle va lui permettre, à lui et à tous les disciples de "voir" "que, d'après l'Ecriture, il
fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts".
Double regard et double témoignage, qui rejoignent la fin de la 1ère lecture. car c'est "l'Ecriture",
l'Ancien Testament, qui permet de comprendre, de lire les signes de la vie, de la mort et de la
résurrection de Jésus. Nous sommes ici devant une structure fondamentale de la transmission de la
foi en christianisme : autorité de l'Ancien Testament perçu comme annonçant le Christ, autorité du
Nouveau Testament comme témoignage des Apôtres sur Jésus, et grâce de la foi qui fait tout relire,
relier et voir.
Le passage de la Lettre aux Colossiens :
Sa perspective particulière est de parler de notre propre résurrection, qu'il affirme comme étant déjà
effective "avec le Christ", en lui. La Résurrection de Jésus est présentée comme entraînant déjà la
nôtre, mais nous sommes dans la situation bien connue du "déjà là" et "pas encore". Baptisés, nous
sommes "morts avec le Christ", nous avons été plongés dans sa mort, pour renaître dans sa vie, mais
notre vie "reste cachée avec lui en Dieu" et nous ne vivrons dans la plénitude de sa gloire que
lorsqu'il reviendra.
En attendant, Paul tire quelques conséquences pratiques pour notre vie présente en nous exhortant à
rechercher "les réalités d'en-haut", à tendre "vers les réalités d'en-haut, et non pas vers celles de la
terre" Ce qui ne signifie pas que nous devons marcher les yeux fixés au ciel, vers le "spirituel" sans
regarder où nous mettons les pieds de notre vie quotidienne, au risque de piétiner les plates-bandes
des voisins - mais que nous devons rechercher l'essentiel et non l'accessoire ou le superflu, que le
désir profond de notre coeur doit être de tendre, non vers les biens de consommation, ou l'ambition,
ou le pouvoir... mais vers notre coeur profond où Dieu habite, car "c'est là qu'est le Christ, assis à la
droite de Dieu"
Avec l'aide du Saint-Esprit, se poser des questions sur soi en
face de ces textes
"Christ est rescuscité" ! Est-ce que j'y crois vraiment ? Est-ce que cela change quelque chose dans
ma vie ? Est-ce une source de joie ? Je suis ressuscité avec le Christ, moi ? C'est vrai ? Est-ce que
j'y crois ? Qu'est-ce que cela change dans ma vie ? Et mon prochain, ma voisine, mon époux, mon
épouse, mon patron, ma belle-mère, le boulanger, le percepteur,... ils sont ressuscités avec le Christ.
Est-ce que j'y crois ? etc.
Joyeuses Pâques à tous !