filmer la cruauté envers les animaux est désormais un crime

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filmer la cruauté envers les animaux est désormais un crime
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États-Unis : filmer la cruauté envers les animaux est
désormais un crime
(Source : Le Monde)
Commentaire :
Imaginons ce qu'est filmer les horreurs de la guerre...
Sur une vidéo filmée en caméra cachée, des ouvriers agricoles brûlent les chevilles de chevaux
du Tennessee avec des produits chimiques. Une autre montre des éleveurs dans le
Wyoming donner des coups de poings et de pieds à des porcs et porcelets, les bousculer ou
les jeter en l'air. Et chez l'un des principaux fournisseurs d'œufs du pays, on découvre des
poules en cage aux côtés de cadavres en décomposition d'oiseaux, tandis que des ouvriers
brûlent et cassent le bec de poussins.
Ces films d'une cruauté extrême, réalisés au cours des deux dernières années par des militants
de la cause animale, essentiellement Mercy for Animals, The Humane Society of the United
States et PETA (People for the Ethical Treatment of Animals), ont choqué l'opinion publique et
entraîné une réaction rapide : le dresseur de chevaux du Tennessee a été reconnu coupable
d'avoir enfreint la loi. Des autorités locales du Wyoming ont inculpé neuf ouvriers agricoles de
cruauté envers les animaux. Et le fournisseur d'oeufs a perdu l'un de ses plus gros clients, la
chaîne de restauration McDonald.
"LOIS BÂILLONS"
Pourtant, depuis quelques mois, une douzaine d'Etats américains ont proposé ou adopté
des lois criminalisant la dénonciation de ces pratiques dans les élevages et abattoirs.
Avec quelques différences selon les Etats, ces législations interdisent de filmer ou
de prendre des photos secrètement au sein de fermes d'élevage et de postuler pour
un emploi dans l'un de ces établissements sans divulguer des liens avec des groupes
de défense des animaux – un délit punissable d'un an d'emprisonnement et de 1 500 dollars
d'amende en Utah. Elles contraignent aussi les ONG à livrer les vidéos dénonçant des
abus aux autorités dans les 24 ou 48 heures qui suivent leur réalisation. Le plus extrême
de ces textes, en Arkansas, va même jusqu'à proposer d'interdire à quiconque d'autre que les
autorités d'enquêter sur les animaux.
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La plupart de ces projets de loi punissent non seulement les militants qui prennent des photos
et des films, mais aussi les médias et les organisations de défense des droits des animaux qui
diffusent les documents.
Elevage de porcs en Mayenne. | Audrey Garric/Le Monde.fr
Ces futures lois, surnommées "agriculture bâillonnée" ("ag-gag" en anglais), sont actuellement
débattues dans les Etats de l'Arkansas, la Californie, l'Indiana, le Nebraska, la Pennsylvanie, le
Tennessee et le Vermont. Elles ont d'ores et déjà été votées dans l'Iowa, l'Utah et le Missouri, à
la fin de l'année dernière. Dans le New Hampshire, le Nouveau-Mexique et le Wyoming, par
contre, leur examen a été reporté en raison de l'opposition des défenseurs des droits des
animaux, mais également des organismes veillant sur la sûreté sanitaire, comme le Food
and Water Watch.
THINK-TANK CONSERVATEUR
Selon le New York Times, ces tentatives de l'industrie de l'élevage de mettre fin aux enquêtes
dans leurs enclos ont en partie été chapeautées par l'American Legislative Council (ALEC), un
think-tank conservateur connu pour ses travaux législatifs controversés – comme la loi "Stand
your Ground" ("Défends-toi") qui autorise tout citoyen à utiliser la force, quitte à tuer, s'il se sent
menacé. Cet organisme avait aussi proposé le premier texte en matière de bien-être animal, en
2002, le Animal and Ecological Terrorism Act (AETA), qui interdisait de pénétrer "dans une
ferme pour prendre des photos ou vidéos avec l'intention de porter atteinte à l'image de
l'établissement ou de son propriétaire", les contrevenants se voyant placer sur un "registre
terroriste".
Commentaire :
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Terroriste, rien de moins.
Plusieurs législateurs des récentes lois "ag-gag" sont liés à l'industrie agro-alimentaire et
l'ALEC, confirme le journaliste d'investigation indépendant Will Potter. "Ces lois ne portent
aucune trace de leurs auteurs, et il est impossible de savoir si elles proviennent de l'ALEC, mais
cet organisme fait sans aucun doute partie du contexte général qui a permis de les
promulguer", affirme l'enquêteur.
Élevage de porcs. Le Plan Ecoantibio 2017 prévoit de réduire de 25% l'usage vétérinaire des
antibiotiques en France. | Audrey Garric/Le Monde.fr
"DROIT DE SAVOIR"
Selon les représentants des firmes d'élevage, ces tournages, dont ils mettent en cause
l'honnêteté, nuisent injustement à la réputation de la filière. "C'est aussi une question de droits à
la propriété et à la vie privée, estime, dans les colonnes d'Associated Press, Bill Meierling, porteparole de l'ALEC. Vous ne voudriez pas que je vienne dans votre maison avec une caméra
cachée."
"Ces projets de loi pourraient créer un précédent dangereux dans le pays en fermant les
portes de fermes d'élevage industriel et en permettant aux abus d'animaux, aux atteintes
à l'environnement, et à la contamination de la nourriture de passer inaperçus", rétorque
Nathan Runkle, directeur exécutif de Mercy for Animals, interrogé par ABC. Car pour les ONG,
les agences officielles, dont le nombre d'inspecteurs est réduit par les coupes budgétaires
, ne disposent pas de ressources suffisantes pour empêcher l'ensemble des cas de
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maltraitance animale et de manquements aux normes sanitaires.
Élevage de poules pondeuses en batterie. | L214
"Les fermes industrielles, comme toutes les maisons et entreprises, sont déjà protégées par la
loi contre les intrusions. Les lois "ag-gag" n'ont en réalité rien à voir avec la protection des
biens, dénonce le New York Times dans un éditorial engagé, mardi 9 avril. Leur seul but est
de maintenir les consommateurs dans l'obscurité, afin de s'assurer qu'ils en savent le
moins possible sur le fonctionnement sombre de l'élevage industriel. Ces projets de loi
sont poussés par le lobbying intensif des sociétés de l'agrobusiness. A la place, nous avons
besoin de lois qui garantissent notre droit de savoir comment notre nourriture est produite."
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