CORRIGÉ TEXTE Kant (248B) (intégration du travail d

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CORRIGÉ TEXTE Kant (248B) (intégration du travail d
CORRIGÉ TEXTE Kant (248B) (intégration du travail d’un élève)
SUBDIVISION EN PROPOSITIONS
REFORMULATION (reformule chacune des propositions avec tes propres mots, de façon à ce que l’on voie
que tu as compris)
Dans la constitution naturelle d'un être organisé, c’est-à-dire d'un être conformé en
vue de la vie,
Dans la constitution naturelle d'un être organisé dans le but d'être vivant,
nous posons en principe
nous postulons
qu'il ne se trouve pas d'organe pour une fin quelconque,
que tout organe formé dans un but quelconque
qui ne soit du même coup le plus propre et le plus accommodé à cette fin.
est le plus approprié pour ce but
Or, si dans un être doué de raison et de volonté
Or, si dans un être raisonnable et volontaire
la nature avait pour but spécial sa conservation, son bien-être, en un mot son
bonheur,
la nature avait en vue la prolongation de sa vie dans des conditions agréables, bref son
bonheur
elle aurait bien mal pris ses mesures
elle se serait trompée
en choisissant la raison de la créature comme exécutrice de son intention.
si elle avait choisi la raison de cet être pour réaliser son intention
Car toutes les actions que cet être doit accomplir dans cette intention,
Car tout ce que cet être doit faire pour vivre heureux,
ainsi que la règle complète de sa conduite,
Ainsi que la méthode à suivre
lui auraient été indiquées bien plus exactement par l'instinct,
lui auraient été dictés bien plus efficacement par son instinct,
et cette fin aurait pu être bien plus sûrement atteinte
et ce but aurait été atteint bien plus certainement
de la sorte qu'elle ne peut jamais l'être par la raison ;
qu'il ne peut l'être par la raison.
en un mot, la nature aurait empêché
Bref, la nature aurait évité
que la raison n'allât verser dans un usage pratique
que la raison soit utilisée pour des finalités pratiques
et n'eût la présomption, avec ses faibles lumières,
et qu'elle prétende, dans sa faiblesse,
de se figurer le plan du bonheur et des moyens d'y parvenir;
trouver le chemin du bonheur ;
la nature aurait pris sur elle le choix non seulement des fins, mais encore des
moyens mêmes,
la nature se serait elle-même chargée de choisir non seulement les buts mais aussi les
moyens,
et avec une sage prévoyance elle les eût confiés ensemble simplement à l'instinct .
et elle les aurait tous octroyés sagement à l'instinct seul.
Au fait, nous remarquons que plus une raison cultivée s’occupe de poursuivre la
jouissance de la vie et du bonheur, plus l’homme s’éloigne du vrai contentement.
En effet, nous remarquons que plus une raison instruite essaie d'atteindre le bien-être,
moins l'homme qui la possède est heureux.
Voilà pourquoi chez beaucoup,
C'est pour cette raison que chez beaucoup,
et chez ceux-là mêmes qui ont fait de l'usage de la raison la plus grande expérience,
et en particulier chez ceux qui ont une raison très expérimentée,
il se produit, pourvu qu'ils soient assez sincères pour l'avouer, un certain degré de
misologie, c’est-à-dire de haine de la raison.
il se forme, à la condition qu'ils soient assez sincères pour l'avouer, une misologie,
c'est-à-dire une haine de la raison.
QUANT À LA RÉDACTION - Comme je vous avais dit, les propos du texte de départ doivent être subdivisés en des unités simples : des petits bouts faciles à mettre en correspondance
mot-à-mot avec votre reformulation. Beaucoup d’entre vous ont au contraire subdivisé le texte en gros périodes et ils les ont « reformulés » avec des très courtes synthèses. Une telle
démarche ôte tout l’intérêt de cet exercice, qui est celui de réfléchir analytiquement au sens des mots lus, sans partir par des chemins interprétatifs que nul ne pourra plus contrôler
Les propos de votre reformulation doivent s’enchaîner entre eux de façon à donner un texte cohérent et lisible en continu, même sans connaître le texte de départ. En fragmentant au
contraire le texte comme s’il était constitué d’une suite de propositions principales et indépendantes entre elles, beaucoup d’entre vous ont souvent changé dramatiquement le sens même de
ces nouvelles propositions.
QUANT AU FOND -
Beaucoup d’entre vous ont transformé des propos très distinctement conditionnels, comme par exemple « la nature aurait choisi l’instinct » […si elle avait pour but
spécial le bonheur d’un être doué de raison et volonté, ce qui n’est pas le cas] … en des affirmations à l’indicatif : par ex. « la nature a choisi l’instinct ». Certain[e]s d’entre vous ont
même transformé la suite d’hypothèses de l’irréalité qui jalonne ce texte – toutes conditionnées à une circonstance non réelle : que notre finalité soit le Bonheur – en une suite
d’affirmations péremptoires: la nature a empêché, elle a choisi etc…. ce qui donne tout simplement un autre texte, en faisant dire à Kant ce qu’il ne dirait jamais.
Dans d’autres cas, vous avez transformé ce même « aurait choisi l’instinct » en « aurait dû choisir l’instinct », ce qui est une pure et simple projection de votre part d’une affirmation, des
fois même clairement formulée, que, de même, Kant n’aurait jamais signée : que la nature s’est trompée, voire qu’elle pousse l’homme à sa perte.
Ce type de transformations du texte ont donné comme résultat une erreur majeure dans la saisie de la Thèse : Kant aurait soutenu que pour atteindre le bonheur « il faut suivre son
instinct ». Eh bien NON ! Ceci est très faux, car ce qu’il dit est que SI LA NATURE avait destiné l’Homme au Bonheur, dans ce cas (qui n’est pas le cas) elle, la Nature, se serait elle-même
occupée de l’affaire en choisissant comme moyen pour atteindre ce but l’Instinct comme exécuteur de son (de la Nature) intention.
Moralité kantienne : même au cas où un homme veuille poursuivre son bonheur, il ne devra certes pas faire comme si ceci était sa destination naturelle. Il ne devra donc surtout pas suivre
son instinct ! C’est pourquoi le texte 3 (T248C) est intéressant : car Kant nous dit que bien au contraire notre Bonheur doit devenir l’objet de notre Devoir, car ni l’instinct ni le calcul rationnel
(épicurien) ne pourrons jamais nous aider en ce sens.
Bref, il est bien vrai que Kant affirme qu’il ne faut pas utiliser sa Raison pour poursuivre son bonheur, mais il ne fallait surtouy pas ajouter – comme beaucoup d’entre vous l’ont fait - … «…
mais au contraire son instinct ».
ABRÉGÉ (« L’abrégé d’un texte contient tous et seuls ses éléments fondamentaux»). L’abrégé doit évidemment restituer l’enchainement logique des parties qui composent le texte.
L’abrégé qui suit (d’un élève) est donc très bien fait de ce point du vue
Chez tout être vivant, tout organe constitué dans un but quelconque est le plus approprié pour ce but. Or, la raison n'est pas le meilleur moyen d'atteindre le bonheur, l'instinct est
plus approprié. La raison est même mauvaise conseillère dans la quête du bonheur. Donc la raison n'est pas faite pour aider l'homme à atteindre le bonheur, au point que ceux qui le
remarquent en viennent parfois à la haïr.
… et pourtant, il est trop abrégé, et pour ne se concentrer que sur la structure syllogistique du texte, il finit par ajouter quelque chose [DONC la raison n’est pas faite] en omettant en
revanche des éléments bien fondamentaux de l’argumentation de l’auteur par ex. « Nous postulons… etc. ; Si la Nature… etc. » Et il finit ainsi par tomber dans l’erreur majeure dont
nous avons parlé : « l'instinct est plus approprié ». Un abrégé se doit donc d’être à la fois très structuré et parfaitement exhaustif. Exemple :
Si, une fois admis que dans tout être vivant chaque organe est le mieux adapté à remplir sa fonction, nous hypotisions qu’ayant doué l’homme de Raison et de
Volonté la Nature visait à son bonheur, nous devrions en conclure qu’elle s’est trompée, car dans ce cas elle aurait fait de cette même Raison l’organe préposé à
l’exécution d’une telle tâche… tandis que, bien au contraire, tout ce que nous devrions faire dans un cas pareil nous serait bien mieux indiqué par l’ «organe» de
Instinct. Dans l’hypothèse en question, donc, la Nature aurait bien plutôt empêché que notre raison ait en général le pouvoir de diriger nos actions en risquant de se
présumer capable – malgré sa faiblesse – de guider nos vies sur le Chemin du Bonheur, et elle aurait fait sans plus de l’Instinct l’exécuteur de ses intentions. En
confirmation de cela, nous savons bien que le plus un homme cultivé s’obstine à faire du bonheur le but de sa vie, le plus il s’en éloigne, en arrivant même, bien
souvent, à haïr sa raison (ce qu’on appelle misologie) comme responsable de son malheur
Une autre erreur très très très dangereuse où il ne faut donc, surtout pas tomber est de superposer VOTRE interprétation de la THESE à l’Abrégé, qui ne devient enfin qu’une
explication de VOTRE interprétation de cette même Thèse. Si donc votre interprétation est erronée, vous parlerez tout simplement d’un AUTRE TEXTE, en présentant toutefois ce que vous
dites comme une synthèse de CE texte.
THÈSE : La Raison n’est pas faite pour nous mener au Bonheur [implicite : car la finalité essentielle de la vie de l’Homme (être rationnel) ne se trouve pas dans l’atteinte du Bonheur]
THÈME(S) (UN ÉLÈVE) – « On distingue différents thèmes à travers ces texte, les principaux étant l’atteinte d’un objectif (ici l’objectif serait le bonheur), [moi prof. je trouve le thème d
l’objectif trop éloigné] l’impuissance de la raison ou encore la force de l’instinct. Ces différents thèmes permettent l’existence de thèses… ». Nous pouvons ajouter : la condition humaine, la
destination de l’homme, le rôle de la raison, le rapport entre la nature humaine et la Nature, en général… [en général donc, le thème doit être brièvement exposé, argumenté,
discuté…]
TITRE Je veux que ce soit le titre d’un sujet de dissertation. Donc, non pas « Le Bonheur » ou « L’impuissance de la raison » etc… . Vous devez savoir lire le texte de départ comme
une micro-dissertation que l’auteur a faite à partir de votre sujet. Ex. Peut notre raison nous conduire au bonheur ?

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