Kant - Sujet bac - Mars - 2009 - Philosophie

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Kant - Sujet bac - Mars - 2009 - Philosophie
Kant
m Expliquer
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le texte suivant :
« Personne ne peut me contraindre à être heureux à sa manière
(c’est-à-dire à la manière dont il conçoit le bien-être des autres
hommes) ; par contre, chacun peut chercher son bonheur de la manière
qui lui paraît bonne, à condition de ne pas porter préjudice à la liberté
qu’a autrui de poursuivre une fin semblable (c’est-à-dire de ne pas
porter préjudice au droit d’autrui), liberté qui peut coexister avec la
liberté de chacun grâce à une possible loi universelle. Un gouvernement
qui serait fondé sur le principe de la bienveillance envers le peuple,
comme celui d’un père envers ses enfants, c’est-à-dire un gouvernement
paternaliste, où les sujets sont forcés de se conduire d’une manière simplement passive, à la manière d’enfants mineurs, incapables de
distinguer ce qui leur est vraiment utile ou nuisible et qui doivent
attendre simplement du jugement du chef d’État la manière dont ils
doivent être heureux et simplement de sa bonté qu’également il le
veuille, est le plus grand despotisme qu’on puisse concevoir (c’est-à-dire
une constitution qui supprime toute liberté pour les sujets qui ainsi ne
possèdent aucun droit). »
Emmanuel Kant, Théorie et pratique…
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit
que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du
problème dont il est question.
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LES CLÉS DU SUJET
■ Dégager la problématique du texte
• Le bonheur des individus peut-il être organisé par l’État ? Autrement
dit, peut-on revendiquer un droit au bonheur ? Faire du bonheur individuel une affaire politique, c’est immiscer la sphère publique dans le
privé. En effet, le bonheur n’est-il pas défini comme état de satisfaction
total et durable ? Si tout le monde recherche le bonheur, la manière d’y
parvenir ne relève-elle pas cependant d’un choix individuel ?
• Pourtant, si les hommes choisissent de former des sociétés, n’est-ce
pas pour vivre mieux ? Dès lors la bienveillance d’un État ne serait-elle
pas la condition nécessaire à son bon fonctionnement ? Kant montre
qu’au contraire un État qui veut le bonheur d’un peuple est un État
despotique car il le prive de sa liberté.
■ Repérer la structure du texte et les procédés
d’argumentation
Dans une première partie (première phrase), Kant explique que le
bonheur ne peut s’imposer. Puis dans une seconde partie (seconde
phrase), il applique ce principe à l’ordre politique pour montrer que
paradoxalement un État bienveillant est le pire des despotes.
■ Éviter les erreurs
• Il convient de rattacher ce texte à la distinction entre sphère publique
et sphère privée. Il ne faut pas oublier que la source de l’explication se
trouve dans ce que Kant attribue à l’essence de l’homme : la liberté.
• Il ne faut pas faire de contresens sur l’image du père et de ses
enfants : l’État ne doit pas se comporter avec le peuple comme si
celui-ci était dénué de raison et de pouvoir décisionnel. L’autorité de
l’État ne doit pas être un autoritarisme, quelles que soient ses
intentions.
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