acte 1 : les chevaliers de la quête

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acte 1 : les chevaliers de la quête
CHAPITRE PREMIER : LES DESIRS DU COEUR
Le soir tombait sur Konoha, tel un decrescendo de lumière faisant lentement entrer le
village dans la nuit chaude et étoilée, tandis que les habitants essayaient de profiter des
derniers instants de la journée pour terminer leurs diverses tâches. Les marchands se
dépêchaient de livrer leurs produits ou de les embarquer, les commerçants annonçaient aux
clients la proche fermeture de leurs boutiques, et la garde de nuit se réveillait pour aller
prendre la relève sur les remparts. C'était une soirée tout ce qu'il y avait de plus banale à
Konoha, ce qui prouvait que le village profitait d'une paix peu commune et extrêmement
agréable.
Au milieu de tous ces mouvements de fin de journée, le jeune Shikamaru Nara marchait
de son pas nonchalant vers la maison de l'Hokage. Sa journée à lui avait été particulièrement
éprouvante, mais contrairement à d'habitude c'est à lui qu'il le devait, et non à un quelconque
concours de circonstances hasardeux. Les quelques marches qu'il eut à monter pour atteindre
le bureau de Tsunade lui donnèrent l'impression de faire un mètre de haut chacune, et d'avoir
été multipliées par dix depuis la dernière fois qu'il les avait montées. Toutefois, il fit de son
mieux pour ralentir les battements frénétiques de son cœur, évacuer l'acide qui semblait avoir
inondé chacun de ses muscles et calmer le feu qui agitait son esprit. Lorsqu'il frappa
finalement à la porte de Tsunade, il avait l'air de revenir d'une simple promenade.
- Entre, Shikamaru ! lui répondit l'Hokage.
Le chunin s'exécuta et pénétra dans le bureau aussi lentement qu'il le put avant de
refermer doucement la porte derrière lui. Tsunade se tenait debout devant la grande baie vitrée
donnant sur la Falaise aux Visage où étaient sculptés les faciès des cinq Hokages. Et bien que
son propre visage si jeune et féminin soit lui aussi présent parmi eux, son regard restait fixé
sur celui du troisième, son grand-père qui l'avait formée ainsi que les deux autres senins. Une
fois que Shikamaru fut entré, elle se retourna vers lui en affichant un sourire malicieux :
- Alors ? lui fit-elle tranquillement. Comment était-ce ?
- Je... ne m'attendais pas à ce que les épreuves soient aussi difficiles, avoua
difficilement Shikamaru.
- Peu de candidats pensent le contraire. Mais il en est ainsi depuis la création du
village, et je ne te cacherai pas qu'il existe des examens beaucoup plus difficiles.
Shikamaru déglutit involontairement.
- Mais si je t'ai fait venir ici, continua Tsunade, ce n'est pas pour te parler de l'examen,
mais de tes résultats. Et je dois dire que... je suis assez impressionnée. Tu as fais beaucoup de
progrès depuis cette affaire au pays de la Foudre, et je ne m'attendais pas à ce que tu
développes tes capacités aussi rapidement.
Le jeune Nara prit bien garde de ne rien répondre à cette remarque. Il ne voulait pas
rappeler à l'Hokage comment il avait découvert ces capacités, et encore moins les origines
démoniaques de son pouvoir de manipulation de l'ombre. Tsunade faisait partie des rares
personnes à en être au courant pour l'instant, avec les membres de la loge Ikari du pays de la
Foudre et les amis de Shikamaru. Il avait essayé d'en parler une fois ou deux avec son père,
mais à chaque fois il avait ressentit que ce dernier le savait depuis toujours. Si c'était vrai, il
aurait peut-être dû lui en vouloir. Mais en réfléchissant bien son père devait certainement
avoir ses raisons, et comptait sans doute lui en parler un jour lorsqu'il le sentirait prêt. Un jour
comme celui-ci.
- Alors ? fit le garçon. Quel est le verdict ?
- Le conseil du village a délibéré pendant sept minutes seulement avant de t'accorder
le rang de Jounin.
Shikamaru se permit un léger sourire sur le coin des lèvres.
- Et maintenant ? fit Tsunade en s'effondrant dans son fauteuil. Qu'est-ce que tu
comptes faire ? Diriger une équipe de genins ? Enseigner à l'université ? Ou essayer de
rejoindre les ANBU ?
- Je souhaite être nommé ambassadeur permanent au village de Suna, déclara le
jeune Nara d'un ton détaché mais où se dissimulait une pointe d'excitation.
- Quoi ?
La surprise de Tsunade était comme les premiers souffles de vent qui annoncent une
tempête. Shikamaru savait ce qu'il demandait, et il avait ses raisons, mais il savait également
qu'il devait ménager l'Hokage s'il voulait espérer obtenir son approbation. Et pour le moment,
c'était assez mal parti.
- Je veux aider à améliorer les relations entre Suna et Konoha, expliqua-t-il
calmement. Cette entente est la chose la plus bénéfique qui soit arrivé à nos deux villages
depuis leur création, et je souhaite employer toutes mes compétences à maintenir cet état de
fait, voir même l'améliorer encore plus.
Tsunade regarda le jeune jounin pendant un long moment de son regard sévère, et
Shikamaru fit de son mieux pour rester de marbre afin de montrer sa détermination. Il ne
voulait pas paraître faible ou influençable, néanmoins ce n'était pas une simple négociation
avec un vendeur de ramen qu'il menait là, mais une demande d'expatriation dans un pays
étranger, et non des moindres. Certes, Suna était devenu un allié de poids pour de nombreuses
missions depuis qu'Orochimaru les avait bernés pour attaquer Konoha, et cette alliance était
encore plus forte depuis que Gaara était devenu Kazekage. Mais cela n'obligeait pas
forcément l'envoie d'un jounin en tant qu'ambassadeur permanent simplement pour maintenir
cette situation. Du moins c'était l'avis de Shikamaru, et il espérait que Tsunade n'aurait pas la
même pensée.
- Très bien, fini-t-elle par dire. Ce sera la version que je donnerai au conseil du
village pour expliquer ton départ. Maintenant, est-ce que tu peux me donner la vraie raison ?
Shikamaru prit aussitôt un air étonné.
- Pas la peine de faire le surpris, mon garçon. Tu ne penses quand même pas que je
vais gober aussi facilement une excuse dans ce genre, non ? Je te pensais plus intelligent
que ça, pour un Nara.
- Je... je veux rester auprès de Témari, dit-il simplement en s'inclinant pour s'excuser.
Pardonnez-moi de vous l'avoir caché.
- Oh mais tu ne me l'as pas caché, puisque je le savais déjà.
- Quoi ? fit-il en se relevant.
- Elle m'a envoyé un message depuis Suna avec le soutient de Gaara, me demandant
de t'envoyer chez eux jouer les ambassadeurs. Je ne suis pas dupe, Shikamaru : je sais
reconnaître quand une femme est amoureuse, et celle-ci t'aime vraiment beaucoup si j'en juge
par les mots qu'elle emploie. Je voulais juste que tu restes honnête avec moi avant de partir.
Une nouvelle fois, Shikamaru s'inclina devant l'Hokage, cette fois-ci en signe de respect.
- Je vous remercie infiniment. Dite au conseil que je m'acquitterai de ma tâche
comme seuls savent le faire les Naras.
- Je n'y manquerai pas. Maintenant va rejoindre ta petite chérie. Vous devez sans
doute avoir beaucoup de choses à vous dire...
Shikamaru ne répliqua pas et se contenta de s'incliner une dernière fois pour prendre
congé avant de se diriger vers la sortie. Mais alors qu'il franchissait la porte et s'apprêtait à la
refermer, Tsunade leva la main pour le retenir :
- Oh, et Shikamaru ! Une dernière chose : préviens-moi pour la date de tes fiançailles.
Un mariage entre Suna et Konoha est une chose que nous ne manquerons pas de célébrer.
- Que-que-qu'est-ce que vous dites ?! Balbutia le garçon comme si on venait de lui
dire que le village était en flamme.
- Quoi ? Tu ne penses jamais à ce genre de choses ?
- Mais pourquoi est-ce que je devrais y penser ? Continua-t-il sur le même ton affolé.
- Parce que les femmes y pensent, elles.
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Shikamaru essaya de se vider l'esprit sur le chemin qui le ramenait chez lui. La dernière
remarque de Tsunade l'avait laissé profondément troublé. Il n'avait jamais pensé au futur de sa
relation avec Témari, et encore moins à l'éventualité de l'épouser. Ce genre de projection lui
donnait froid dans le dos, encore plus que l'idée de se retrouver au bord d'un précipice avec un
raz de marée arrivant derrière lui. Il avait rarement fait des cauchemars durant sa vie, même
après avoir découvert les origines démoniaques de son clan, mais à présent il appréhendait des
rêves agités où il serait tourmenté par l'image de Témari en robe blanche. Il faut que j'arrive à
me sortir ça de ma tête, se dit-il à lui-même. Ce n'est pas ce dont j'ai besoin en ce moment. Et
de toute façon, qu'est-ce qui me dit que Témari pense au mariage ? Après tout elle n'a que...
deux ans de plus que moi... oh merde, elle y pense, c'est sûr. Je vais être pris au piège. Telle
que je la connais, c'est elle qui va me demander de l'épouser et je n'aurai pas la force de lui
dire que c'est trop tôt... qu'est-ce que je vais faire ?
Un instant, Shikamaru songea à retourner voir Tsunade pour lui demander de trouver
une excuse qui l'empêcherait d'être envoyé à Suna. Mais ses jambes refusaient de faire demitour ou même de s'arrêter. Son cœur voulait aller à Suna, rejoindre Témari, et contre ça il ne
pouvait absolument rien. Finalement, peut-être que je vais me faire à cette idée.
J'espère juste qu'elle m'en laissera le temps...
CHAPITRE SECOND : SOUS LE VENT
Les premiers rayons du soleil apparaissaient au-dessus des crêtes rocheuses des
montagnes occidentales. L’air était encore froid comme à chaque matin, mais ne tarderait pas
à devenir étouffant dès la deuxième moitié de la matinée, et le soir sera encore accueillit
comme un répit bienvenu. Le ciel gagnait lentement en luminosité tandis que le paysage
sortait de l’ombre nocturne qui se retirait comme un voile, et la roche et le sable du pays du
Vent revenaient à la vie alors que le soleil se remettait à les illuminer pour une nouvelle
journée. C’était un cycle extrêmement banal et régulier, mais d’une beauté qui émerveillait
encore Shikamaru à chaque fois.
Le jeune garçon contemplait le spectacle depuis le balcon de son appartement. Il portait
encore son pantalon de nuit noir, mais rien sur le torse car ici, on apprenait à dormir avec
presque rien. A l’intérieur, Témari dormait encore. Shikamaru avait prit l’habitude de se lever
un peu plus tôt qu’elle spécialement pour observer le levé du soleil, un acte qui semblait
l’aider à s’adapter au climat particulier du pays du Vent. Il avait craint de subir le mal du
pays, ou une nostalgie quelconque due à ce brusquement changement de vie, mais
bizarrement jusque là il se sentait extraordinairement bien.
L’ambassade de Konoha était une grande tour de pierre érigée non loin de la massive
maison du Kazekage, sur la zone périphérique nord de Suna. Les trois premiers étages étaient
occupés par les bureaux administratifs où étaient réglés les affaires traitées conjointement
entre les deux villages, tandis que les trois étages supérieurs abritaient les demeures des
ambassadeurs officiels à raison d’un appartement par niveau. Shikamaru avait été installé au
sommet de la tour, ce qui ne le gênait pas car les escalier entretenaient sa forme et son balcon
lui donnait une vue imprenable sur la région. Une vue dont il ne manquait pas de profiter
chaque matin tant que la température était encore assez douce.
Soudain, il sentit deux bras l’enlacer tendrement par derrière et une paire de lèvres se
poser sur ses joues aussi délicatement que la brise matinale. Le parfum enivrant de Témari
parvint jusqu’à ses narines pour l’arracher à ses rêveries de paysage pour se plonger dans de
nouvelles teintées de passion, d’affection et d’amour.
Cela faisait à peine deux semaines qu’il avait quitté Konoha pour ce poste privilégié, qui
lui avait surtout permis de vivre avec celle qu’il aimait sans aucune contrainte, mais pour lui
c’était comme si ce bonheur durait depuis un éternité. Il n’aurait échangé cela pour rien au
monde, et elle non plus probablement.
- Tu t’es levé tôt ce matin, dit-il en tournant la tête pour se plonger dans le bleu des yeux
de la jeune fille. Qu’est-ce qui se passe ?
- Rien, fit-elle dans un murmure. C’est juste que je commence à percevoir lorsque tu
quittes le lit. Et je déteste ça.
- Alors tu n’as qu’à regarder le soleil avec moi. Ce sera une belle façon de commencer
nos journées.
Témari ne répondit pas, mais Shikamaru savait qu’elle acceptait entièrement l’invitation.
Elle s’ennuyait vite désormais lorsqu’ils n’étaient pas ensembles, et elle avait la curieuse
manie de s’inquiéter pour lui dès qu’elle restait sans nouvelles plus d’une demi-journée.
Inutile d’essayer de décrire son état lorsqu’elle revenait d’une mission de plusieurs jours…
- Tu as quelque chose de prévu aujourd’hui ? demanda Shikamaru.
- Je dois donner un cour de Fûton (technique de vent) dans l’après-midi. A part ça je suis
libre.
Afin d’être envoyée le moins souvent en mission hors du village, Témari avait pris un
poste de professeur à mi-temps à l’académie ninja de Suna. Elle formait les jeunes genins du
pays du vent en leur enseignant au mieux les savoirs et philosophies propres à tout ninja, une
tâche pour laquelle elle montrait de grandes qualités. Elle a déjà un fort esprit maternel, se dit
Shikamaru. Elle sait s’y prendre avec les enfants. Et bien qu’elle soit encore trop jeune pour
en avoir elle-même, j’imagine qu’elle y pense déjà. Je devrais peut-être éviter de trop creuser
le sujet si je veux échapper à la question de notre futur.
- De mon côté, je n’ai pas de dossier vraiment urgent, donc…
- Tu ne vas pas encore fuir tes responsabilités ? fit Témari en lui tapotant du doigt le bout
de son nez. Si tu n’arrives pas à faire ton travail, tu seras renvoyé illico à Konoha. Et là je ne
sais pas si j’y survivrais.
- Moi non plus, avoua le garçon. D’accord, je vais me charger de ces affaires. De toute
façon ça ne devrais pas me prendre longtemps. Et après on pourra aller faire un pique-nique
en montagne pour observer le coucher de soleil ?
- Tout ce que tu veux, tant que tu parviens à satisfaire aux besoins de l’ambassade.
Maintenant je vais m’habiller.
Témari s’éloigna dans sa robe de nuit d’un blanc éclatant que la lune avait l’habitude de
faire briller comme une étoile tombée du ciel. De son côté, Shikamaru attendit que le soleil se
soit au moins à moitié extirpé des montagnes à l’horizon pour quitter le balcon et passer à la
cuisine pour préparer le petit déjeuné. Il avait vite appris à faire sa part de vie commune pour
éviter les prises de tête avec sa petite amie et se sentir utile dans cette situation là aussi, même
s’il était encore loin d’être un cordon bleu.
Mais alors qu’il préparait un thé aromatisé, quelqu’un toqua à la porte d’une manière
plutôt nerveuse. Abandonnant là son travail, Shikamaru alla ouvrir. C’était Jagano, l’un des
autres membres de l’ambassade de Konoha, l’un des plus anciens. Bien qu’il n’ait encore
qu’une cinquantaine d’année, le travail de bureau l’avait grandement affaibli, et les premières
rides de la vieillesse commençaient à émerger sur son large front. Ses cheveux grisonnant
étaient coiffés en une longue queue de cheval qui lui tombait entre les omoplates recouvertes
pas sa tunique brune brodée d’or. Ses yeux qui d’habitude exprimaient une lassitude non
contenue, qu’il faisait d’ailleurs partager à tous ceux qui l’entouraient, renfermaient à présent
une excitation particulière que le jeune Nara n’avait encore jamais vu chez cet homme.
- Qu’est-ce qui se passe, Jagano ? fit-il en s’appuyant contre le cadre de la porte.
- Nous venons de recevoir un message du Kazekage. Il veut vous voir d’urgence ainsi
que votre… amie.
- OK. Donnez-nous juste quelques minutes pour nous préparer et on y va.
- Très bien, fit l’ambassadeur en repartant, mais ne le faites pas attendre.
Shikamaru ne releva pas la remarque et ferma simplement la porte. Alors qu’il revenait
vers la cuisine, il s’aperçut que Témari s’était occupé de finir le thé alors qu’elle n’avait pas
complètement fini de s’habiller.
- Qui s’était ? demanda-t-elle.
- Mon chef.
- Et qu’est-ce qu’il voulait ?
- A vrai dire, c’est ton frère qui veut quelque chose. Il vous nous voir, tout les deux.
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Gaara était on ne peut plus impressionnant dans son habit de Kazekage. Il se tenait debout
sur le toit de sa majestueuse maison à observer le réveil de Suna et de tout le pays du vent.
Maintenant qu’il dominait le démon du sable qui dormait en lui, il arrivait à dormir, ce qui le
rendait beaucoup plus lucide et apte à diriger son village. Son pouvoir avait gagné en
puissance au fur et à mesure qu’il maîtrisait ses capacités. Il ne portait plus l’énorme gourde
remplie de sable chargé de chakra comme du temps de l’attaque de Konoha, car il n’en avait
plus besoin. Personne dans tout le pays du Vent ne pouvait se mesurer à lui. Il incarnait le
pouvoir du désert lui-même.
Il ressentit la présence de Shikamaru et de Témari bien longtemps avait qu’ils n’atteignent
le toit de l’édifice, et se tourna vers l’escalier par où ils arrivèrent afin de les recevoir.
- Tu voulais nous voir, Gaara ? fit Témari avec une légère inquiétude.
- Oui. Il y a eu un incident particulièrement troublant et j’ai besoin de mes meilleurs
éléments pour traiter cette affaire.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda Shikamaru.
- Trois ninjas de notre village ont été tués la nuit dernière. Il était en patrouille à la
frontière Est du pays et c’est l’équipe chargée de la relève qui les ont découvert.
Actuellement, nous ignorons la nature de l’ennemi qui les a attaqués, ainsi que ses effectifs ou
ses objectifs. Mais nous devons découvrir rapidement qui a fait cela et réagir pour montrer la
force de Suna.
- Donc si j’ai bien compris, dit Shikamaru d’un air détendu, tu veux qu’on enquête sur
cette attaque, qu’on trouve les responsables et qu’on se charge d’eux. C’est ça ?
- Exactement. J’ai souhaité que tu participes à cette affaire car je connais tes grandes
facultés de réflexion et d’analyse. Tu es probablement celui qui est le plus à même de réussir
à découvrir notre ennemi inconnu.
Shikamaru accepta la flatterie qui n’en était pas vraiment une. Gaara avait beau s’être
amélioré dans ses relations avec les gens, il ne savait pas encore ce que c’était que le
mensonge, le bluff ou l’hypocrisie, ou du moins il ne savait pas comment les pratiquer.
Chacune de ses paroles était toujours extrêmement franche et réfléchie, un langage pur qui
était la réflexion de sa pensée.
- Et pour ce qui est de neutraliser l’ennemi, continua Shikamaru, tu comptes envoyer
qui ?
- Témari et Kankouro t’accompagnerons, mais c’est toi qui prendra les décisions.
Kankouro sait où l’attaque a eu lieu. Il vous y guidera dès que vous serez prêts.
Les deux jeunes ninjas inclinèrent la tête puis prirent congé du kazekage. Mais juste avant
qu’ils ne quittent le toit, Gaara leur lança un dernier avertissement :
- Surtout, faites très attention. Les hommes qui se sont fait tué étaient tous des chunins et
apparemment, ils n’ont même pas eu le temps de se défendre. Ne sous-estimez pas la force de
l’ennemi.
- On tachera d’y penser, dit simplement Shikamaru.
CHAPITRE TROIS : TRAQUE DANS LE DESERT
Une demi-journée de marche avait suffit aux trois jeunes ninjas pour atteindre le lieu de
l’incident. Celui-ci n’était pas difficile à identifier : on pouvait remarquer de très loin
l’immense anomalie géographique qui trouait le paysage désertique. C’était comme si une
demi-douzaine de dunes avaient tout simplement disparu. Et au milieu se trouvaient les corps
de la patrouille de Suna.
Une équipe de chunins était déjà là avec un ninja-médecin qui analysait les blessures des
morts depuis plusieurs heures dans l’espoir d’en découvrir plus sur l’ennemi inconnu qui les
avait attaqués. Shikamaru s’avança aussitôt vers lui pour lui demander de faire son rapport :
- Apparemment, dit le spécialiste, tous les membres de l’équipe ont été tué de la
même façon : toute l’eau de leur corps a disparu. Leur sang est complètement desséché, ce qui
a interrompu net leurs fonctions vitales.
- Cela signifie donc une technique de Suiton (élément de l’eau) extrêmement
puissante, en déduit Shikamaru.
Mais ce qui effrayait le plus le jeune Nara n’était pas seulement la puissance de cette
technique, mais le fait que d’après la disposition des corps, les trois ninjas qui en avaient été
victimes ne semblaient même pas avoir eut le temps de réagir. Leurs trois cadavres étaient
tous réunis au même endroit et n’étaient pas espacés de plus de deux mètres. Or les patrouilles
de Suna avaient l’habitude de se déplacer groupés afin d’être le plus discret possible, puis se
dispersaient au moindre signe d’un ennemi. S’ils ne s’étaient pas séparés lors du combat, cela
signifiait qu’ils n’avaient même pas vu venir l’attaque. Gaara avait raison : l’ennemi qui avait
fait cela ne devait pas être sous-estimé.
Mais Shikamaru se doutait bien que même si ces hommes avaient tous été tués par la
même personne, il n’y avait sans doute pas qu’un seul ennemi. Même les membres de
l’Akatsuki ne se risqueraient pas seuls dans le pays du Vent. Cependant aucun indice ne
permettait de connaître combien d’adversaires avaient ainsi pénétré dans le domaine de Suna.
S’il y avait eut des traces de pas, le vent et le sable les avaient recouvertes.
- A ton avis, fit soudain Témari. Qu’est-ce qui a créé cette crevasse ?
- Il y avait sans doute une source d’eau enfouie profondément dans le sol. La
technique utilisée pour éliminer la patrouille l’a sans doute fait disparaître elle aussi, ce qui
implique que cette technique possède une très grande aire d’effet.
- C’est horrible, lâcha Kankouro en observant les cadavres desséchés du coin de
l’œil. Comment peut-on tuer quelqu’un comme ça ?
Shikamaru compatissait lui aussi. Ces hommes n’avaient pas mérité de finir comme ça.
Personne ne méritait de finir comme ça, vidé de toute son eau jusqu’à ce que le sang ne
parvienne plus à se déplacer pour oxygéner le cerveau ou alimenter les muscles. Ils s’étaient
retrouvés dans l’incapacité de bouger ou même de tenir debout, avant de perdre toutes leurs
facultés sensorielles pour mourir dans la solitude absolue. Cela avait probablement pris
plusieurs minutes.
- Qui que ce soit qui ait fait ça, lâcha Shikamaru, il va le payer.
- Mais comment savoir dans quelle direction se trouve l’ennemi ? demanda Témari
en regardant aux alentours. Nous n’avons aucun indice.
- Si : la position de la frontière et des autres patrouilles qui n’ont rien remarqué
d’anormal. Cela indique que l’ennemi est arrivé par le Nord-Est, et qu’il a probablement
continué sa route au Sud-Ouest sans s’arrêter.
- Alors mettons-nous en route immédiatement.
Ce n’est qu’à la nuit tombée que l’équipe de Jounins repéra enfin un groupe d’individu
qui avançait au milieu du désert en direction d’un massif rocheux nommé le pic des flèches,
en référence à une armée de bandits qui y avait autrefois établi leur forteresse. Cinq
silhouettes se dessinaient entre la pleine lune et le sable encore chaud, marchant à pas
étrangement lents comme s’ils avaient parfaitement le droit d’être là.
Les ninjas de Suna observaient leurs ennemis depuis le haut plateau d’un grand canyon
qui s’élevait au milieu du pays du vent, et se trouvait à plus d’un kilomètre des silhouettes.
Cette distance avait beau paraître rassurante, Shikamaru ne parvenait pas à se sentir en
sécurité. Le souvenir des cadavres desséchés de la patrouille semblables à des momies était
toujours imprimé sur ses rétines.
- Qu’est-ce qu’on fait, Shikamaru ? demanda Kankouro d’un air inquiet. Ils sont plus
nombreux que nous.
- Mais ils ne se dirigent pas vers Suna, remarqua le garçon, ni vers aucune ville ou
village de la région. Leur objectif doit se trouver quelque part ici, et nous ignorons totalement
ce que c’est.
- Alors qu’est-ce qu’on fait ? fit Témari. On les suit pour savoir où ils vont ?
- On va essayer.
C’est alors que les cinq inconnus s’arrêtèrent.
- Qu’est-ce qui se passe ? demanda Témari. Ils nous ont repérés ?
- Je ne pense pas. Un bon stratège aurait continué de marcher pour nous attirer dans
une embuscade. Soit ils sont assez confiant pour vouloir nous affronter directement, soit ils
sont arrivés où ils voulaient.
- Mais il n’y a absolument rien là, remarqua Kankouro.
- C’est justement ce qui m’inquiète, répliqua Shikamaru.
Le garçon se tourna vers Témari. Elle avait déjà sorti un parchemin d’invocation
d’oiseau messager, celui que toutes les patrouilles du pays de Suna possédaient afin de
prévenir le village de tout danger imminent. Elle attendait l’approbation de Shikamaru, et
celui-ci la lui donna. Aussitôt, elle déploya le parchemin d’un mouvement rapide, puis forma
un sceau d’invocation qui le transforma en un grand aigle royale. L’oiseau de proie s’éleva
aussitôt dans les airs, comme porté par un puissant vent ascendant, avant de se diriger vers
Suna.
- Et maintenant ? demanda Kankouro.
- Maintenant on attaque, répondit Shikamaru en sortant un kunai explosif.
- Ils sont plus nombreux que nous, remarqua le marionnettiste, et un seul d’entre eux
a réussi à éliminer une patrouille de chunin. S’ils sont tous aussi fort, c’est du suicide.
- Les renforts seront bientôt en route, mais ils mettront du temps à venir. Je ne sais
pas ce que sont venu faire ces types, mais pour qu’ils se risquent à attirer notre attention
comme ça, ce doit être sacrément important. Je ne les laisserais pas atteindre leur objectif
aussi facilement.
- Tu as raison, l’appuya Témari. On peut au moins essayer de les retenir le temps
que les renforts arrivent. Et puis, la nuit est tombée. Cela devrait nous avantager.
Cette dernière remarque diminua quelque peu la confiance de Shikamaru. Le pouvoir de
l’ombre qu’il avait hérité de Kuro était certes beaucoup plus puissant lorsqu’il faisait nuit,
mais le garçon n’aimait pas l’utilisé à un tel niveau. Depuis les évènements de la Main de
l’Ombre, il s’était souvent entraîné à maîtriser de nouvelles techniques, mais il avait toujours
redouté de pousser ses limites, de peur d’être transformé par la part de démon qui se trouvait
en lui. Maintenant je comprends ce que ressent Naruto à propos de Kyuubi, se dit-il. La peur
d’être absorbé par son propre pouvoir, de le laisser prendre le contrôle de son corps et de
son esprit. Comment connaître les limites à ne pas franchir ? Et peut-on revenir en arrière si
l’on fait un pas de trop ?
Mais le jeune Nara n’avait pas le temps de se préoccuper de ces choses. Ils avaient une
mission à mener. C’est ainsi qu’il ordonna à son équipe de le suivre, puis il sauta de la falaise
du canyon. Il atterrit sur un rocher cinquante mètres plus bas, puis sur un autre, et encore un
autre jusqu’à atteindre le sol sablonneux du désert. Les trois ninjas de Suna bondirent de dune
en dune en adoptant une formation d’attaque. Quand ils furent à une centaine de mètres des
inconnus, Shikamaru lança son kunai dans leur direction, mais celui-ci fut dévié par une force
inconnue qui l’envoya droit vers le ciel. Lorsque le parchemin explosif qui y était attaché se
déclencha, il était déjà si haut que l’explosion fut à peine remarquable au milieu du
scintillement des étoiles.
Face à cette défense inconnue, Shikamaru et ses amis s’arrêtèrent net. Devant eux se
trouvaient cinq personnages aussi insolites les uns que les autres qui ne prirent même pas la
peine de prendre une posture de combat. Aucun d’entre eux ne portait de bandeau de ninja, ce
qui était particulièrement étrange.
Celui qui attirait le regard en premier était un géant de plus de deux mètres à la
musculature impressionnante qui ne portait qu’une simple tunique en tissu brun, un pantalon
ample noir et des sandales. Son visage semblait avoir été taillé à la serpe tant il était couvert
de cicatrices, et sa large mâchoire remuait sans cesse comme pour mâcher ou déloger quelque
chose de coincé entre ses dents. Ses yeux étaient diminués par ses énormes sourcils aussi
noirs que ses cheveux coupés à ras, mais brillaient d’une volonté intérieure puissante. Il devait
avoir une bonne quarantaine d’années, mais il n’était pas pour autant le membre le plus âgé du
groupe.
En effet, à côté de lui se tenait un homme aux traits tirés par la vieillesse, accusant une
bonne soixantaine d’années. Il était mince, presque squelettique, et son faciès était creusé par
cette faible constitution. Ses longs cheveux gris en désordre lui tombaient à moitié sur le
visage, dissimulant en partie les signes de son âge avancé. Toutefois, il ne semblait souffrir
d’aucune faiblesse, ni de cors ni d’esprit, et ses yeux étaient aussi perçant que ceux d’un aigle.
Il portait un simple kimono d’un blanc éclatant, soutenu par une ceinture qui portait
également un long katana au fourreau entièrement noir, mais il n’avait absolument rien aux
pieds. Shikamaru avait du mal à croire qu’il ait pu marcher ainsi durant toute la journée sur le
sable brûlant.
La troisième personne faisant face aux ninjas de Suna était une femme approchant de la
trentaine, aux cheveux aussi bleus que l’océan qui tombaient presque jusqu’au sol. Son visage
était magnifique, bien qu’elle ne portait aucun maquillage, sa peau de pêche et ses traits
angéliques suffisant à éveiller bien des passions chez n’importe quel homme. Cependant, il
suffisait de regarder ses yeux pour comprendre qu’elle possédait un tempérament froid et sans
pitié, probablement dénué d’émotion ou de compassion. Elle portait une tenue de ninja de
couleur noire très serrée plongeant sur sa forte poitrine, avec un haut col recouvrant les côtés
et l’arrière de son cou délicat, le tout recouvert de quelques légères plaques de protections aux
ornements d’argents. Ses mains étaient gantées de noir également, et à sa ceinture se
trouvaient seulement quatre petites gourdes d’eau. Mais ce qui était le plus étrange chez cette
femme était que malgré le climat aride du pays du vent, son corps était entièrement trempé,
comme si elle venait de marcher pendant plusieurs heures sous une pluie torrentielle ou de
traverser une rivière à la nage. Il ne faisait aucun doute pour Shikamaru qu’elle devait être
celle qui avait tué les hommes de la patrouille. Son affinité au Suiton était d’une évidence
frappante.
A la droite de cette femme se trouvait un homme du même âge, de constitution assez
moyenne et au dos voûté, lui donnant une apparence presque insignifiante aux côtés de ses
comparses. Il était vêtu d’un long manteau à haut col de couleur bleu sombre, aux bordures et
ornements blancs, et portait un katana de soldat à la ceinture. Son corps tout entier semblait
agité de tics minuscules tandis que ses yeux indiquaient une folie au-delà de l’entendement,
appuyé par un sourire malsain qui mettait mal à l’aise. Ses cheveux noirs mi-longs répartis en
pic désordonnés n’arrangeaient rien à son aspect inquiétant.
La cinquième personne du groupe était une jeune fille d’apparence fragile, au regard
témoignant d’un manque flagrant de confiance en soi. Probablement l’élément le plus faible
de l’équipe selon Shikamaru, qui lui donnait à peine seize ans. Portant une tenue de ninja
souple couleur vert sombre avec des protections argentées, chacun de ses gestes montrait une
grande hésitation. Son visage d’adolescente était baissé presque en permanence, mais
possédait cependant une grande beauté. Ses yeux bleux lui donnaient un air innocent tandis
que ses cheveux blonds coiffés en une longue tresse brillaient sous la lumière de la lune
comme une aube naissance.
Ces cinq individus se tenaient donc devant les ninjas de Konoha sans dire un mot ni
faire un geste.
- Qui êtes-vous ? demanda Shikamaru d’une voix autoritaire. Et que faites-vous ici ?
Personne ne lui répondit.
- Shikamaru, fit Témari en pointant de son énorme éventail l’homme en kimono
blanc. Cet homme, c’est Toshiro Nagasi, un bandit du pays du Vent qui avait disparu depuis
plusieurs années.
- Il est fort ?
- Non. A peine au niveau jounin.
- Alors on devrait se concentrer sur les autres.
Mais Shikamaru n’eut pas le temps d’élaborer une stratégie plus avancée. D’un simple
geste, le dénommé Toshiro donna l’ordre d’attaquer. Il retint cependant le géant à ses côté et
resta en arrière à observer le combat. C’est lui le chef ? s’écria Shikamaru intérieurement.
Pourtant cette femme aux cheveux bleus semble être d’un niveau bien supérieur. Et pourquoi
n’envoie-t-il que ces trois-là contre nous ? A-t-il une stratégie derrière ça ou est-il
simplement très confiant ?
Les questionnements du garçon restèrent en suspend alors qu’il dû esquiver une attaque
verticale portée par le sabre de l’homme au regard de fou. Il attaquait avec une rapidité
stupéfiante, mais enchaînait les coups simples sans démontrer une réelle maîtrise du talent
d’épéiste. Il ne cherche pas à feinter ou à concevoir un enchaînement. Avec une telle vitesse,
un maître du sabre m’aurait déjà tué. Il ne devrait pas me poser trop de problèmes…
De son côté, Témari était aux prises avec l’étrange femme aux cheveux bleus, restant à
une distance raisonnable d’où elle pouvait réagir rapidement à toute attaque. Elle n’avait
nullement l’intention de subir le même sort que la patrouille de Suna. Son adversaire ne
semblait pourtant pas vouloir utiliser cette technique, se contentant de lancer des attaques de
Suitons basiques comme des projectiles d’eau. Sa capacité à utiliser l’eau atmosphérique était
colossale, et laissait présager qu’elle ne faisait que s’échauffer.
Kankouro, lui, attaquait la jeune fille hésitante. Celle-ci ne faisait qu’éviter les coups des
trois marionnettes déployées par le ninja qui les contrôlait à distance. C’était comme si elle ne
voulait pas se battre, qu’elle voulait simplement discuter pour résoudre un malentendu. Mais
aucun des cinq individus ne prononça un seul mot.
Soudain, la femme qu’affrontait Témari recula en portant la main à l’une de ses gourdes.
Le bouchon sauta d’une simple pression et elle plongea deux de ses doigts à l’intérieur avant
de lancer une volée de goutte d’eau en direction de son adversaire. Oh non ! fit Shikamaru.
Pas maintenant ! Pas elle !
D’un simple réflexe, Shikamaru forma le sceau de l’ombre et se concentra. Son bras noir
devint soudain aussi noir que la nuit et changea de forme pour prendre l’apparence d’une
grande lame qui stoppa le sabre du fou qui l’attaquait comme un forcené. Dans le même
temps, son bras gauche effectua la même transformation, mais s’étira en un grand mur noir
qui alla s’interposer entre Témari et les projectiles liquides de son adversaire.
Les gouttes percutèrent la surface d’ombre et s’évaporèrent aussitôt, sans causer aucun
dégât. Cela causa une certaine frustration chez Toshiro.
- Et bien Iralia ? dit-il à la femme aux cheveux bleus. Je croyais que ta technique était
imparable ? Qu’est-ce qui t’arrive ?
- Elle n’est pas imparable, expliqua Shikamaru. Elle utilise simplement de l’eau
chargée de son chakra pour déclencher une réaction d’évaporation instantanée sur la cible
qu’elle touche. Ce procédé se répand jusqu’à se trouver à court d’eau avec laquelle réagir.
Mais cette technique est sans effet contre une surface totalement dépourvue d’eau, comme
une ombre.
Subitement, tous les combats cessèrent et les ninjas de Suna en profitèrent pour reculer
d’une bonne dizaine de mètres. Shikamaru dissipa rapidement son ombre, redoutant
d’approcher de la limite fatale trop rapidement, puis donna ses ordres :
- On va échanger nos adversaires. Je prends cette Iralia. Kankouro, tu prends le taré
avec son sabre, et Témari tu te charges de la fille.
Les compagnons de Shikamaru acquiescèrent.
- Très bien, fit-il. Maintenant, le vrai combat va pouvoir commencer…
CHAPITRE QUATRE : TEMPÊTE
Bien que Shikamaru ait réussi à répartir les adversaires de la meilleure manière en
fonction des aptitudes de chacun, le garçon sentait bien que la situation était loin d’être en
faveur de Suna. Il suffisait que Toshiro entre dans la danse pour que l’équilibre soit brisé. De
plus, la brute qu’il retenait comme un ours en laisse devait être très fort lui aussi et pouvait
leur poser de sérieux problèmes. Dès qu’ils auront l’impression que leurs collègues sont en
difficulté, ils ne manqueront sans doute pas d’intervenir, et ce combat risque vite de tourner
au carnage. C’est pourquoi on doit essayer de battre ces trois là rapidement, avant qu’ils ne
puissent revoir leur stratégie.
Mais c’était une chose plus facile à dire qu’à faire. L’adversaire de Shikamaru n’était pas
n’importe qui et allait lui mener la vie dure. Contre un tel ennemi, il valait mieux ne pas
mettre de gants…
- Kage uwagi no jutsu ! (le manteau des ombres)
Aussitôt, l’ombre de Shikamaru enveloppa entièrement son corps, ne laissant aucune
zone où les gouttes mortelles d’Iralia pourrait le toucher. De plus, lorsqu’il revêtait cette
forme pendant la nuit, le jeune Nara voyait sa force et sa rapidité être démultipliée, des
avantages qui ne lui seraient pas inutiles ici.
Mais la belle Iralia semblait avoir plus d’une carte maîtresse à lui lancer :
- Suiton ! Nami katana no jutsu ! (technique d’eau, épées de vague)
L’eau contenu dans deux de ses gourdes s’échappa soudain de leurs récipients pour se
diriger vers les mains de la jeune femme et y former deux longues lames liquides qui vibraient
d’un infime mouvement de vague. Le manteau d’ombre avait beau être aussi résistant que le
roc, Shikamaru doutait de son efficacité à le protéger contre de telles armes. Afin de jauger
leur puissance, il étira l’enveloppe de son bras en une pointe qui fila vers Iralia, qui la trancha
d’un simple mouvement rotatoire, dispersant la matière noire dans la nuit. C’est pire que ce
que je pensais, pensa Shikamaru. Ces lames peuvent tailler mon manteau d’ombre comme du
papier. C’est sans doute le mouvement de vague qui agite l’eau des lames qui leur donne ce
tranchant, un peu comme une scie électrique. Je ne peux pas les parer avec ce que j’ai, donc
il va falloir les esquiver.
Heureusement, la vitesse améliorée du garçon lui permettait aisément de s’écarter
rapidement des lames pour n’attaquer que de loin. Lorsque Iralia se jeta sur lui sans un cri ni
une émotion sur son visage froid, Shikamaru bondit en arrière tout en faisant partir de ses dix
doigts autant de flèches noires qui filèrent à toute vitesse. Mais Iralia réagit en un instant et
forma une série de sceau tandis que ses katanas liquides restaient mystérieusement suspendus
dans les airs.
- Suiton ! Taiyou hei no jutsu ! (technique d’eau, le mur de l’océan)
Une quantité d’eau surprenante apparut soudain devant la jeune femme pour stopper les
projectiles d’ombre qui furent capturés dans la masse liquide. L’instant d’après, le mur d’eau
de dispersa dans l’atmosphère, emportait avec lui les flèches noires de Shikamaru. Si je perds
de la matière noire à chaque attaque, je vais vite atteindre mes limites. Heureusement qu’il
fait nuit, sinon je ne pourrais déjà plus maintenir cette forme…
Le jeune garçon se risqua à jeter un œil vers Témari qui semblait carrément jouer avec
son adversaire. La jeune fille qui était face à la kunoichi de Suna ne s’était toujours pas décidé
à répliquer, et subissait une à une des attaques répétées toujours plus violente. Cette partie du
combat semblait déjà gagnée d’avance.
De l’autre côté du front, Kankouro attaquait de toute part l’épéiste fou avec ses trois
marionnettes, usant d’une panoplie de pièges intégrés tous plus mortels les uns que les autres.
Mais la rapidité de ce combattant ne s’appliquait pas seulement à ses attaques, mais aussi à
ses parades. Faisant montre de réflexes presque surnaturels, il déviait chaque kunai, paraît
chaque lame cachée et esquivait les projections de substances dangereuses aux natures
diverses. Bien que Kankouro mène ce combat avec brio, il ne faisait qu’occuper son
adversaire et l’empêcher d’attaquer. Jusque là il ne lui avait infligé aucune blessure.
Shikamaru n’eut pas le temps d’observer plus longtemps : Iralia était revenue à la charge.
Le garçon bondit sur le côté pour éviter une nouvelle fois les redoutables lames et contreattaqua en projetant une unique flèche en direction du sol. Lorsqu’elle toucha le sable, la
flèche se transforma en une ombre rampante qui fila vers Iralia avant de ressurgir quelques
mètres plus loin. La trajectoire inhabituelle du projectile ne laissa pas à la jeune femme le
temps de réagir. La flèche lui transperça l’épaule droite, lui arrachant un cri de douleur étouffé
en même temps qu’une légère éclaboussure de sang.
Soudain, les trois combats cessèrent brusquement. Les adversaires de Témari et de
Kankouro reculèrent dès qu’ils entendirent la souffrance de leur partenaire.
- Et bien ? fit Toshiro d’un ton agacé. Qu’est-ce qui vous arrive à vous trois ? Vous
n’êtes même pas capables d’éliminer des ennemis aussi faibles ?
- Désolé Toshiro, fit Iralia en reprenant son souffle. J’ai été prise par surprise.
- Ca ne fait rien, je le comprends parfaitement. Par contre, Hakagi, je te trouve
franchement un peu faiblard.
L’épéiste ne répondit pas. On aurait presque dit qu’il était incapable de répondre.
- Quand à toi, ajouta Toshiro en se tournant vers la jeune fille en tenue verte. Je me
demande bien ce que tu fais avec nous. Continue comme ça et je demanderai au maître qu’il
te remplace.
La jeune fille baissa la tête en signe de honte. Bien qu’elle portât un uniforme de combat,
elle n’avait rien d’une combattante, ni dans l’allure ni dans le mental. Effectivement, on se
demandait bien ce qu’elle faisait avec de tels tueurs…
C’est alors que Toshiro se tourna vers la grande brute à ses côtés :
- Allez, Ulgo. Finis-moi ça rapidement, qu’on puisse terminer la mission.
- Bien chef, fit le géant dans un sourire.
Soudain, alors que le dénommé Ulgo avançait à pas lent des ninjas de Suna, ses trois
comparses s’éloignèrent de plusieurs centaines de mètres. Même Toshiro prit la peine de
reculer, ce qui alerta Shikamaru au plus haut point. Je n’aime pas ça. Ils veulent laisser le
champ libre à leur collègue. Ce qui veut dire…
- Tout le monde ! cria le garçon. Repliez-vous ! Vite !
Les ninjas de Suna ne perdirent pas une seconde et repartirent vers le canyon en courrant.
Derrière eux, ils entendirent la terre trembler à un tel point qu’ils manquèrent plusieurs fois de
tomber. Shikamaru risqua un œil en arrière et vit une quantité phénoménale de sable s’élever
dans les airs pour les poursuivre tel un raz-de-marée terrestre cherchant à les engloutir. Ils
n’avaient que quelques dizaines de mètres d’avance sur cette déferlante qui gagnait du terrain
à chaque seconde. Même lorsqu’ils s’engouffrèrent dans un ravin entre les premières falaises
du canyon, le mur de sable continuait à les suivre, comme s’il rassemblait toujours plus de
dunes alors qu’ils avançaient et que le désert tout entier prenait vie.
Shikamaru repéra une caverne dans l’une des parois du canyon et décida de s’y abritait.
Ce trou était sans doute leur seule chance de survie face à une telle chose. Par chance, le
boyau rocheux était suffisamment profond et montait en pente forte. Le sable ne parvint pas à
y rentrer sur plus de cinq mètres, mais l’entrée se retrouva entièrement ensevelie, plongeant la
caverne dans le noir absolu.
- On devrait être à l’abri pour un moment, annonça Shikamaru avant de s’effondrer
sur le sol de pierre.
- Mais qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? s’écria Kankouro en gesticulant.
- On ne fait rien du tout, du moins rien concernant ces cinq enfoirés. Les renforts de
Suna ne devraient pas tarder à leur tomber dessus donc maintenant, c’est leur problème. Nous,
on va déjà essayer de sortir d’ici en vie.
En effet, cette première formalité n’était pas aussi simple qu’on pourrait le penser. Vu la
quantité de sable qui avait été lancé à leurs trousses dans le canyon, Shikamaru estima qu’il
devait y avoir au moins trois mètres de sables devant l’entrée de cette grotte. Avant de
chercher à déblayer cette zone, il valait mieux essayer de trouver un autre accès.
- Je vais aller explorer le fond de la grotte, annonça Shikamaru à ses amis. Vous,
restez ici et attendez-moi.
- Mais on n’y voit rien ! fit Kankouro. Comment est-ce que tu vas faire ? Avancer à
tâtons ?
- Ne t’inquiète pas pour lui, lança Témari en essayant de se détendre.
Shikamaru forma alors le sceau de l’ombre et prononça :
- Kage miharashi no justu ! (œil de l’ombre)
Témari ne purent voir les yeux de Shikamaru virer au noir complet, mais le jeune Nara se
mit à voir aussi clair qu’en plein jour. Tout lui apparaissait désormais dans un mélange de
couleurs grises, et il pouvait clairement voir que le tunnel se prolongeait en continuant de
s’élever. Le garçon grimpa la pente sur plusieurs dizaines de mètres avant de tomber sur un
cul-de-sac. Oh merde… moi qui pensais qu’on aurait peut-être pu rejoindre le plateau audessus, c’est raté. Si j’estime la hauteur que j’ai grimpé à l’intérieur de la falaise jusque là, je
dois être à mi-chemin de la surface. On pourra jamais creuser de ce côté pour se faire une
sortie.
C’est alors qu’il remarqua une large faille dans le sol, suffisamment grande pour qu’un
homme même bien enveloppé puisse s’y engouffrer. Shikamaru décida de risquer le coup et
se mit à descendre une paroi quasi verticale qui plongeait vers les entrailles du canyon. En
bas, il découvrit une autre grotte naturelle semblable à la première et se mit à en explorer les
nombreux tunnels. Il lui fallut un bon quart d’heure avant de finalement trouver un passage
menant à l’extérieur et n’étant pas recouvert par le sable.
Alors qu’il repartait en arrière pour aller chercher ses amis, le garçon aperçu la lueur
d’une flamme se refléter sur les parois de la caverne. Témari et Kankouro apparurent devant
lui, accompagnée d’une marionnette dont ils avaient réglé le lance-flamme au minimum pour
en faire une torche.
- On commençait à s’inquiéter, s’excusa Témari. Tu as trouvé une sortie ?
- Oui, un peu plus loin. Suivez-moi.
- Maintenant, on est sûrs de ne pas arriver à temps pour aider les renforts, grogna
Kankouro.
- Quelque chose me dit qu’ils n’ont pas eut besoin de nous, lâcha Témari.
Après être ressortis à l’air libre, les trois ninjas se dirigèrent vers le lieu où ils avaient
affronté leurs étranges adversaires. Une peur indescriptible s’empara d’eux lorsqu’ils
s’aperçurent que cette partie du désert avait été totalement transformée : un cratère d’un bon
kilomètre de diamètre et profond de plus d’une centaine de mètres avait remplacé les dunes
éternelles, mettant à nue les roches sédimentaires qui soutenaient le désert. Par tous les
dieux… lâcha Shikamaru. Quelle puissance peut bien avoir causé une telle chose ?
Le jeune Nara et ses amis approchèrent avec inquiétude jusqu’à ce qu’ils aperçoivent les
nombreuses silhouettes qui entouraient le cratère. C’étaient des ninjas de Suna. Et parmi eux
se trouvait Gaara.
- C’est toi qui a fait ça ? demanda Shikamaru en approchant du kazekage.
- Non. C’était déjà ici lorsque nous sommes arrivés.
- Et les ennemis ?
- Aucune trace.
CHAPITRE CINQ : VISAGES INCONNUS
Le petit matin se levait sur Konoha et le pays du Feu tout entier alors que l’équipe
numéro sept revenait au village. Naruto était heureux de revoir les murs d’enceinte qui
indiquait un repos bien mérité dès que ses amis et lui auraient fait leur rapport de mission à
Tsunade.
La composition de l’équipe numéro sept avait quelque peu changé depuis les évènements
de Kumo et de la Main de l’Ombre : désormais, c’était Sasuke qui dirigeait le groupe en tant
que jounin. Grâce à Sakura et à l’amour qu’elle lui portait, le jeune Uchiwa était devenu
beaucoup moins morose, ayant presque oublié son désir de vengeance. Naruto savait qu’un
jour viendrait où il mènerait l’équipe contre Itachi, mais il espérait que ce jour viendrait le
plus tard possible. Pour le moment, Sasuke était redevenu cet ami à moitié rival qu’il
appréciait tant, avec lequel il aimait partager ses aventures.
Afin de garder un nombre total de quatre ninjas, Hinata était venu compléter l’équipe.
Cependant, elle cherchait toujours à économiser le pouvoir de la Pierre Florale. La puissance
qu’elle en avait tirée involontairement lors de la bataille de Kumo contre la reine démoniaque
Makura l’avait quelque peu effrayée, et elle préférait donc se reposer sur ses seuls aptitudes
personnelles. Elle s’entraînait toujours dur avec Naruto afin de progresser, mais son père
continuait de la considérer comme un échec de la famille Hyuuga, ce qui l’attristait
profondément. Afin de ne pas se fâcher continuellement avec sa famille, elle habitait
désormais chez Naruto, lui apportant toute l’aide nécessaire à chaque moment de sa vie avec
la bonté d’une mère et l’affection d’une épouse. Jamais Naruto n’aurait pu imaginer que
l’équipe numéro sept deviendrait un groupe aussi soudé et aussi cher à son cœur.
Cette nuit, ils avaient accompli leur onzième mission ensemble : retrouver un groupe de
bandit qui avaient attaqué une caravane de marchands itinérants du pays de l’Eau et ramener
le butin à ces derniers. Cela leur avait pris une journée et une nuit entière, mais ils étaient
parvenus à débusquer les voleurs, les mettre hors d’état de nuire, et ramener la marchandise
sans aucun accrochage. Ce n’était pas une mission vraiment, mais depuis quelques temps,
aucune demande d’aide vraiment importante n’était arrivée à Konoha, à croire que le monde
commençait à s’apaiser. Même Kakashi et Gai ne trouvaient plus de mission au-dessus du
rang B.
L’équipe de Sasuke passa les énormes portes et se dirigea vers la maison de l’Hokage. En
chemin, ils tombèrent sur Haruka qui parcourait les couloirs de l’énorme bâtiment à la
recherche de matériel médical.
- Ha ! fit la jeune fille en voyant le groupe arriver. Bonjour tout le monde !
- Salut, Haruka ! répondirent les ninjas tous en cœur.
- Dis, Sakura, est-ce que tu pourrais me dire où sont rangées les parchemins
d’inhibition ?
- Dans la bibliothèque de l’aile Ouest. Lorsque tu rentres, regarde sur ta droite un
peu en hauteur. Ca devrait être là.
Haruka était devenue une disciple de Tsunade dans le but de passer ninja-médecin et
apporter un soutient non négligeable au village qui avait toujours besoin de ce genre de
spécialistes. Elle avait enfin trouvé un but dans sa vie, une chose qui faisait peut-être encore
plus plaisir à Naruto et à Hinata qui l’avait tiré de son existence triste.
- Votre dernière mission s’est bien passée si j’en crois vos visages, fit Haruka en
souriant.
- Un peu que oui ! répondit Naruto avec enthousiasme. J’ai même inventé une
nouvelle technique. Je te la montrerai plus tard si ça t’intéresse.
Haruka fit oui de la tête, puis Sasuke ordonna au groupe de continuer son chemin. Ils
gravirent les escaliers menant aux niveaux supérieurs jusqu’à atteindre le bureau de l’Hokage,
dont la porte était ouverte. Tsunade était en train d’étudier les comptes rendus médicaux de
l’hôpital de Konoha, qu’elle avait l’habitude de gérer durant son temps libre. Et justement,
elle avait beaucoup de temps libres depuis ces dernières semaines.
Comme d’habitude, Sasuke fit preuve d’un peu trop de professionnalisme en entrant dans
la pièce :
- Equipe numéro sept au rapport, Tsunade-sama.
- Je t’écoute.
- La mission s’est déroulée sans difficulté. Nous avons retrouvé les bandits avec le
butin avant qu’ils ne traversent la frontière vers…
- Tsunade-sama ! cria Shikamaru en faisant irruption dans la salle, suivit aussitôt par
Témari. Je dois vous parler d’urgence !
Les membres de l’équipe numéro sept sursautèrent en voyant arriver ainsi les deux
ninjas. On pouvait facilement voir la surprise sur leur visage, sauf sur celui de Sasuke qui
exprimait plutôt de la frustration pour avoir été interrompu dans son rapport.
- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda calmement Tsunade.
- Je porte une demande d’aide de la part du Kazekage, répondit le garçon en mettant
un genou au sol respectueusement. Un groupe de cinq étrangers a pénétré le pays du Vent et
tué une patrouille, avant de s’évanouir dans la nature.
- Et qu’est-ce que Gaara-san veut de Konoha, exactement ?
- Excepté celui qui semble guider ce groupe, Toshiro Nagasi, aucun de ces ennemis
n’a pu être identifié, et nous ignorons totalement ce qu’ils sont venu faire au pays du Vent. Ils
ne portaient aucun symbole d’appartenance à un pays ou à une organisation et aucun d’entre
eux ne se trouve dans le bingo book. Nous ne savons même pas s’ils ont atteint leur but lors
de leur incursion. Nous aurions besoin des services de renseignement de Konoha pour
découvrir qui ils sont et ce qu’ils veulent.
Naruto était assez perturbé en entendant Shikamaru parler comme s’il était un véritable
ninja de Suna. Il n’était pas devenu un étranger pour autant, mais il semblait cependant s’être
éloigné d’eux d’une certaine façon, et même ses manières semblaient avoir déjà changé
quelque peu. Tsunade s’était attendue à un tel changement, toutefois elle ne pensait pas que
cela se ferait aussi vite. Sa relation avec Témari avait certainement accéléré le processus.
- Entendu, répondit l’Hokage. Cette affaire semble mériter notre attention. Mais il va
me falloir des indications sur ces étrangers.
- Je peux vous faire une description complète de chacun d’eux, déclara Shikamaru.
Vous savez que ma mémoire ne me fait jamais défaut.
- Ce ne sera pas nécessaire.
Tsunade se leva alors de son fauteuil et s’avança vers Shikamaru.
- Il existe une technique de médecine ninja permettant d’explorer les souvenirs d’une
personne lorsque son esprit est ouvert. Je vais donc te demander de te détendre.
L’Hokage posa la paume de sa main sur le front de Shikamaru qui ferma aussitôt les
yeux. Son niveau de concentration si exceptionnel qu’il parvient à entrer dans une sorte de
transe en un instant, permettant ainsi à Tsunade de commencer. En concentrant son chakra
dans sa main, elle relia son esprit à celui du garçon et trouva rapidement le centre de la
mémoire. Ses souvenirs sont incroyablement précis, réalisa Tsunade intérieurement. Dans
toute ma vie, je pense que je n’ai utilisé cette technique que sur quatre ou cinq personnes,
mais c’est la première fois que je rencontre un esprit aussi bien rangé.
Alors qu’elle explorait les souvenirs de Shikamaru, ce dernier voyait sa vie se
rembobiner devant ses yeux clos. Mais il n’y avait pas que les images : il ressentait
absolument tout ce qu’il avait déjà ressenti, que ce soit le bruit des discussions ou simplement
le souffle du vent sur son visage. Il revécu son dur combat contre la mystérieuse et puissante
Iralia, mais aussi quelques moments de douceur avec Témari qu’il aurait préféré gardé secret.
Ne t’inquiète pas, lui dit Tsunade par la pensée, je ne dirai rien à personne. Mais je suis
heureuse de savoir que ça se passe bien pour vous deux…
Lorsque l’Hokage eut une image bien précise de chacun des cinq inconnus, elle
interrompit sa technique et son esprit quitta celui de Shikamaru.
- Maintenant je comprends pourquoi cette affaire préoccupe tellement Gaara-san,
avoua-t-elle à voix haute. J’ai pas mal voyagé dans ma vie et j’ai rencontré beaucoup de
grands ninjas, mais ces visages me sont totalement inconnus. Excepté la jeune fille. Elle, sa
tête me dit quelque chose.
Tsunade retourna soudain à son bureau et s’assit pour réfléchir.
- Shikamaru ! Témari ! Je veux que vous restiez ici pour le moment, le temps que
j’enquête là-dessus. Sasuke ! Ton équipe et toi devez rester à disposition. J’aurai sûrement
une mission à vous confier très prochainement.
- Comme vous voudrez, Hokage-sama, répondit humblement Sasuke.
Ce n’est que le lendemain matin que Tsunade convoqua les deux équipes. Lorsque Naruto
et ses amis franchirent à nouveau la porte de son bureau, Shikamaru et Témari étaient déjà là,
mais il y avait également une quatrième personne : Lee.
- Gros sourcils ? s’étonna Naruto. Qu’est-ce que tu fais ici ?
Mais Lee ne répondit pas. Il se contenta de regarder son ami de son air si sérieux avant
de lâcher un soupir.
- Lee va vous accompagner pour la mission que je vais vous confier, expliqua
Tsunade. Il est… impliqué à un certain niveau. J’ai fait de nombreuses recherches dans les
dossiers de Konoha avant de trouver des informations intéressantes. La jeune fille qui avait
attiré mon attention se nomme Kara Lao, et c’est une cousine de Lee.
Les jeunes ninjas dirigèrent aussitôt leurs regards vers le garçon qui avait baissé la tête
dans un signe d’incompréhension. Cette nouvelle avait dû lui faire un sérieux choc.
- Kara était une habitante du pays du Feu qui a disparu il y a plusieurs mois de cela
alors qu’elle rendait visite à une vieille tante malade au pays des Rizières. Ce qui est étrange,
c’est qu’elle n’était pas ninja et qu’elle ne présentait aucune prédisposition pour en devenir
une. Elle représente cependant notre seule piste sérieuse car le chef de ce groupe, Toshiro
Nagasi, a disparu depuis trop longtemps pour que nous puissions le traquer lui.
- Alors si j’ai bien compris, conclu Shikamaru, nous allons devoir enquêter sur la
disparition de Kara pour voir si on ne peut pas retrouver sa trace ?
- Exactement. Avec un peu de chance, vous pourrez découvrir quelque chose qui
nous permettra de mettre la main sur ce groupe.
- Est-ce que nous disposerons de renforts ?
- Pas dans l’immédiat, mais je vous enverrai l’équipe onze dès qu’elle sera rentrée de
mission.
Naruto se permit un sourire en entendant cette nouvelle. L’équipe onze était une nouvelle
équipe fondée après le départ de Shikamaru. L’envoie du jeune Nara au pays du Vent avait
fait réaliser à Tsunade que plusieurs équipes de ninjas avaient été affaiblies ou diminuées : Ino
avait quitté son groupe pour s’entraîner aux techniques médicales, Hinata avait rejoint
l’équipe sept pour être avec Naruto et Lee travaillait le plus souvent en solo ou avec son
maître Gai. Du coup, les membres restants de plusieurs équipes avaient été réunis pour former
l’équipe onze : Neji, Tôji, Shino et Kiba. Etant le seul jounin du groupe, c’était Neji qui avait
été nommé leader. Parmi toutes les équipes de Konoha, la numéro onze était sans doute la
seule en mesure de se mesurer à la numéro sept.
Si par chance Shikamaru parvenait à retrouver Kara et les étrangers avec qui elle
voyageait, cette aide serait plus que bienvenue…
CHAPITRE SIX : LE PEUPLE DISPARU
Il avait fallu presque une journée entière de marche vers le nord pour atteindre la frontière
séparant le pays du Feu de celui des Rizières. Ce petit pays avait autrefois abrité le village
caché du Son, qui n’était rien d’autre que l’armée privée d’Orochimaru ayant attaqué Konoha
voilà trois années de cela. Depuis ce jour, le village du Son avait été détruit et le pays des
Rizière avait été placé sous la tutelle de Konoha et de Suna qui lui interdisaient formellement
d’entretenir une armée de ninjas pour une durée de quinze ans. Sa seule force militaire était
composée de soldats en armes faisant plus office de police que d’armée, car leurs capacités
étaient très nettement en dessous de celles du moindre des adeptes du ninjutsu.
Alors qu’ils cheminaient vers Suidanko, le plus important village du pays, Shikamaru
essayait de réfléchir aux liens qui pouvaient unir Toshiro Nagasi et les ninjas qui le suivaient.
Ce groupe n’avait rien de normal, et la présence de Kara Lao, une jeune fille n’ayant jamais
montré aucune capacité ou intérêt pour le combat, était un fait des plus troublants. Il avait
beau explorer toutes les scénarios possibles dans la limite du raisonnable, il ne voyait pas
comment Kara avait put être transformé à ce point. Bien sûr, elle n’avait montré aucune
technique ninja durant le combat au pays du Vent, mais elle avait survécu à un affrontement
contre Témari, ce qui prouvait qu’elle était loin d’être aussi ignorante qu’avant dans l’art du
combat. Survivre aux attaques d’un jounins demandait de la maîtrise de soit et une excellente
condition physique. Elle avait disparu depuis seulement quatre mois et elle avait atteint au
moins l’équivalent d’un rang chunin…
Shikamaru fut interrompu dans ses réflexions par l’image du village de Suidanko. C’était
là que son groupe d’enquête devait commencer les recherches sur Kara, en particulier chez
madame Jango, la fameuse tante pour laquelle elle avait fait ce voyage dont elle n’est jamais
revenue. D’après les informations recueillis chez ses parents, elle était partie seule, croyant
que la route était suffisamment sûre depuis la destruction du pays du Son. Elle avait semblée
très impatiente d’aller aider sa tante, Kara étant d’un naturel très altruiste, pensant toujours
d’abord aux autres avant de se soucier d’elle-même. Personne n’avait voulu l’accompagner
jusqu’à Suidanko, mais cela ne semblait pas l’avoir empêché de partir… et de disparaître.
Ce village était tout ce qu’il y avait de plus simple : un ensemble de maisons en bois bien
bâties dans une vallée parcourue par de nombreuses rivières. Les seules barrières que l’on
pouvait y voir étaient celles qui délimitaient les enclos des divers troupeaux de bétails, et
seuls quelques gardes surveillaient les routes menant jusqu’au village. Les habitants étaient
pour la plupart de simples pêcheurs ou des paysans exploitant les terres voisines, très peu de
marchands et de commerçants, ce qui indiquait une activité extrêmement limitée avec
l’extérieur.
La maison de madame Jango se trouvait à la périphérie du village, et constituait l’une des
nombreuses demeures isolées réparties sur les collines alentours. Une vieille dame était en
train d’étendre son linge au soleil lorsque le groupe d’enquête de Shikamaru y arriva.
- Excusez-moi, fit le jeune Nara. Êtes-vous madame Jango ?
- Grand Dieu non, répondit la vieille dame en interrompant sa tâche. Je suis madame
Shilone. Madame Jango est morte depuis deux mois, des suites de sa maladie, je suis désolée.
C’était une bonne âme, mais elle n’avait aucune famille dans la région après que son époux
soit décédé lui aussi, voilà bien des années.
- Est-ce que quelqu’un est venu lui rendre visite peu avant sa mort ? Une jeune fille,
blonde, du nom de Kara Lao ?
Sa nièce ? Oh… oui, on m’avait dit qu’elle souhaitait lui rendre visite, c’est vrai.
Mais elle n’est jamais venue. Remarquez, je la comprends, la petite : la route est dangereuse,
surtout ces derniers temps. Elle a dû avoir peur de venir jusqu’ici.
Les soupçons de Shikamaru se confirmèrent : Kara n’était jamais arrivée jusqu’à
Suidanko. Ce qui laissait deux possibilités. Soit elle avait été enlevée sur le trajet par Toshiro
et sa bande, soit ce voyage n’était qu’un prétexte pour quitter le pays et rejoindre ce groupe de
sa propre volonté. Cette deuxième théorie était la pire à envisager, car dans ce cas cela
signifiait qu’elle pouvait avoir pris absolument n’importe quel route…
Shikamaru espéra sincèrement que sa première théorie était la bonne.
- Je vous remercie pour votre aide madame, dit-il pour prendre congé.
- Si vous revoyez la petite, surtout soyez indulgents avec elle. Ce n’est pas de sa
faute.
- J’y penserai.
Shikamaru se retourna vers ses amis. Ils tiraient tous des mines mêlant l’inquiétude au
doute. La disparition de Kara n’avait rien de banal et ils commençaient à le ressentir très
clairement.
- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Naruto.
- On va commencer par contacter la police locale. Peut-être auront-ils plus
d’informations.
Le groupe se dirigea alors vers le centre du village, où se trouvait le quartier général de
l’armée du pays des Rivières. C’était un bâtiment solide situé sur un petit îlot émergeant de
plus grand cour d’eau du pays. On y accédait par un unique pont de bois et de nombreux
gardes armés et en uniforme surveillait l’entrée, cependant n’importe quel ninja de rang
chunin aurait put balayer cette défense et entrer à l’intérieur s’il le voulait.
Dès qu’ils aperçurent les symboles de Konoha et de Suna sur les bandeau des
adolescents, les gardes s’écartèrent du passage et les saluèrent en levant bien haut leurs lances
trois fois pour leur faire frapper le sol pont de façon synchronisée. A l’intérieur du camp,
plusieurs recrues étaient en train de faire des exercices de combat au sabre ou à l’arc sous
l’œil vigilant de leurs supérieurs. Shikamaru repéra un bâtiment bien gardé au centre de
l’édifice et supposa qu’il s’agissait du poste de commandement. D’un geste, il demanda à ses
compagnons de le suivre.
Mais apparemment, la nouvelle de leur arrivée était déjà parvenue aux oreilles du chef
des armées locales, Jin Sakonoa, car ce dernier sortit du bâtiment alors qu’ils approchaient.
C’était un homme fort de très haute stature, que son uniforme bleu sombre semblait à peine
contenir, bien qu’il semblait faire au moins quarante ans. Sa moustache fine et ses cheveux
courts étaient d’un noir profond et une cicatrice sur le côté droit de sa mâchoire marquait une
certaine expérience du combat. Il avait le regard sévère et le visage dur, probablement à cause
de ses lourdes responsabilités dans un pays où l’art ninja avait été interdit.
- Commandant Sakonoa, fit Shikamaru en courbant légèrement la tête. Nous sommes
mandatés par Konoha pour une mission d’enquête à propos d’une disparition.
- Sept ninjas pour une simple disparition ? s’étonna Jin. De qui s’agit-il ?
- Kara Lao, une habitante du pays du Feu, et la cousine de mon coéquipier Rock Lee
ici présent.
Lee inclina la tête respectueusement, mais sans cesser de regarder fixement le
commandant de son air sérieux.
- Elle est impliquée dans une attaque menée contre le pays du Vent, continua
Shikamaru. C’est pourquoi nous devons rassembler toutes les informations qui pourraient
nous mener jusqu’à elle.
- Alors entrez, fit le commandant. Cette discussion risque de prendre un moment.
Jin mena le petit groupe de ninja à l’intérieur du poste de commandement jusqu’à son
bureau. C’était une salle assez petite en comparaison avec le rang de celui qui l’occupait, mais
elle était suffisamment décorée pour montrer son importance. Des armes de cérémonie et un
uniforme d’apparat blanc et bleu occupait l’un des murs, tandis qu’un autre était à moitié
recouvert par une grande carte du pays sur laquelle Shikamaru remarqua de nombreuses
indications marquées en rouge ou en noir. Le commandant Sakonoa s’assis sur son fauteuil de
cuir noir et pris une mine plutôt inquiète :
- J’aimerai être assuré que ce que je vais vous dire ne remontera jamais jusqu’à vos
supérieurs.
- Cela dépendra de l’importance de ces informations, dit simplement Shikamaru.
- C’est bien ce que je craignais. Néanmoins vous devez comprendre que si l’ennemi
apprend que je vous ai aidé, c’est le peuple du pays des Rivières tout entier qui en subirait les
conséquences.
- L’ennemi ? Quel ennemi ?
- Nous l’appelons « l’ennemi » car nous ne savons absolument rien sur lui, pas même
s’il s’agit d’une ou de plusieurs personnes. Tous ceux qui ont pu voir cet ennemi sont morts
ou disparus. Cela fait plus de deux ans que nous le cherchons.
Jin se leva alors de son siège et se dirigea vers la carte accrochée au mur.
- Ces indications désignent les derniers endroits où étaient supposées se trouver les
victimes lorsque l’ennemi est apparu. Les marques noires indiquent les morts tandis que les
rouges font référence à des disparus.
Shikamaru était stupéfait par le nombre d’indications qui recouvraient la carte. Il devait
bien y en avoir plus d’une centaine, mais seulement quelques une étaient noires. Ces marques
étaient tellement nombreuses et dispersées à travers la géographie qu’il ne parvenait pas à en
tirer une quelconque logique ou même un début de piste sur où cet « ennemi » pouvait se
trouver sur cette carte. Car une chose au moins était sûre : il était caché dans le pays des
Rivières. C’était l’endroit idéal pour commettre toutes ces disparitions et tous ces meurtres,
maintenant que la seule forme de défense locale était une armée de simples soldats. Mais estce que cet ennemi est l’ennemi que nous recherchons ?
- Y a-t-il un lien quelconque entre les victimes ? demanda le garçon.
- Seuls les enfants et les vieillards sont épargnés, répondit Jin. A part ça, personne
n’est à l’abri, quelle que soit sa condition. Même l’un de nos gardes a disparu il y a un an de
cela. Un certain Hakagi Hitaku.
Ce nom résonna dans l’esprit de Shikamaru qui sembla soudain faire un bond dans le
temps à l’intérieur de sa tête. Hakagi… c’est comme ça que Toshiro avait appelé cet espèce de
dément que nous avons affronté à Suna. Est-ce que ce serait possible que…
- Avez-vous une photo de ce garde ? demanda subitement Shikamaru.
- Euh… bien sûr, fit le commandant en retourna à son bureau pour en sortir une pile
de documents. Attendez un instant… Ha ! Le voilà !
Il tendit une fiche d’identité au jeune Nara qui ressentit une pointe d’excitation en voyant
que l’homme sur la photo était exactement celui contre lequel il avait combattu dans le désert,
excepté ses cheveux qui était coiffés au bol. Il n’y avait aucun doute : cet Hakagi Hitaku était
l’un des ennemis qu’ils poursuivaient. Tout comme Kara, il a disparu avant de faire partie de
ce groupe. Il ne s’agit plus de disparitions, mais d’enlèvements. On enlève ces gens et ils
deviennent alors autre chose. Est-ce que toutes ces disparitions ont fini ainsi ? J’espère
franchement que non. Mais cela fait une deuxième personne qui ne savait absolument rien du
ninjutsu et qui se révèle être un combattant de haute catégorie. Est-ce que ce serait Toshiro
qui aurait perpétré tous ces enlèvements ? Ou y a-t-il autre chose ? Toshiro avait parlé d’un
maître, ce qui veut dire qu’ils sont dirigés par quelqu’un d’encore plus important…
Cela commence à devenir extrêmement inquiétant.
- Comment était cet Hakagi Hitaku ? questionna le garçon.
- Oh… il avait un gros manque de confiance en soit. Pour vous dire, il a raté deux
fois l’examen d’entrée dans notre armée mais il semblait ne pas avoir d’autre choix pour vivre
car il était originaire d’une famille très pauvre. Les autres soldats de son unité le considéraient
plus comme un poids mort tout juste bon à effectuer les basses besognes, mais il avait un sens
de la justice assez peu commun. Plusieurs fois il a été blessé en voulant interrompre une
bagarre ou arrêter un voleur. Son chef espérait qu’il puisse progressé pour devenir un bon
soldat, mais il a subitement disparu, lors d’une patrouille qu’il effectuait tout prêt d’ici,
d’ailleurs.
- J’ai besoin de consulter les fichiers de toutes les personnes qui ont été enlevées.
Apparemment, nos deux affaires sont reliées.
- Très bien, fit le commandant en indiquant la pile de dossier. Faites comme vous
voulez.
Shikamaru passa dix bonnes minutes avec Témari à examiner les photos d’identité de
chacun des disparus du pays des Rivières, mais aucun d’entre eux ne leur rappelait les autres
ennemis qu’ils avaient rencontrés. Il n’y avait aucune personne nommée Iralia ou Ulgo dans
les dossiers, ce qui pouvait signifier deux choses : soit ils faisaient déjà partie du groupe avant
les enlèvements, soit ils avaient été enlevés autre part. Cette deuxième possibilité était tout à
fait envisageable, car le dossier de Kara n’était pas parmi les autres. Une chose normale
considérant le fait qu’elle venait du pays du Feu et que les autorités locales n’avaient sans
doute pas été averties de sa présence.
- Nous vous remercions de votre collaboration, commandant, fit Shikamaru. Nous
allons maintenant partir et tenter de trouver ceux qui ont enlevé votre peuple.
- Que les cinq rivières guident vos pas, déclara Jin en s’inclinant pour les remercier.
Faites très attention à vous. L’ennemi est très puissant.
Le garçon ne répondit pas, mais en son fort intérieur, il pria pour que l’équipe numéro
onze arrive au plus vite pour les aider…
CHAPITRE SEPT : UNE VIEILLE CONNAISSANCE
Les ninjas de Konoha et de Suna avaient décidé de s’arrêter un instant dans une auberge
de Suidanko afin de se restaurer un peu et de décider de comment ils allaient continuer leur
enquête. Assis autour d’une grande table ronde parsemée de plats assez pauvres mais
nourrissants, ils avaient du mal à ne pas se sentir dépassés par les évènements. Certains
d’entre eux commençaient à penser que cette affaire prenait des dimensions énormes et qu’ils
n’étaient plus tellement en mesure de la gérer à eux seuls. Mais d’autres estimaient qu’il était
de leur devoir de continuer. Naruto faisait parti de ces derniers, tout comme Sasuke, Lee et
Shikamaru qui, en tant que chef d’équipe, avait cependant la dure responsabilité de prendre la
décision finale. Le jeune Nara avait encore un souvenir douloureux de la première mission
qu’il avait mené en tant que Chunin, lorsque ses amis et lui avaient tenté de ramener Sasuke à
Konoha. Il ne souhaitait pas subir un autre échec de ce genre.
- Pourquoi est-ce qu’on ne retourne pas à Konoha pour demander des renforts ? fit
Hinata assez timidement.
- L’équipe onze ne devrait pas tarder à nous rejoindre, répliqua Shikamaru. Ce n’est
pas suffisant ?
- Peut-être pas, lui fit remarquer Témari.
De tous les membres de l’équipe, Témari était celle qui avait la meilleure raison de
vouloir reculer. Elle avait vu de près la puissance de leurs ennemis, ou du moins certains
d’entre eux. Et bien que le groupe d’inconnus semblait comporter un ou deux éléments assez
faibles, elle ne pouvait pas considérer qu’il serait facile de les neutraliser, même avec l’aide
de l’équipe onze.
- Voilà ce que je propose, intervint soudainement Naruto : que ceux qui veulent
repartir à Konoha le fassent sans tarder. Les autres peuvent venir avec moi.
Personne n’osa prendre la parole, et Shikamaru se permit d’afficher un sourire discret.
Décidément, pensa le garçon, il a toujours le chic pour faire avancer les choses. S’il était un
peu moins téméraire et un peu moins stupide, il ferait un chef d’équipe incroyable. J’espère
qu’il trouvera le temps de corriger ces petits défauts avant de devenir Hokage.
- Bon, ben tout le monde est d’accord ? fit le jeune Uzumaki. Personne veut
abandonner ? Très bien ! Alors maintenant on peut manger sans se torturer la tête.
Sur ce, il se remit à avaler son riz par grandes bouchées.
Une fois le repas terminé, Shikamaru mena ses amis à l’extérieur de Suidanko.
- Je pense que c’est le bon moment pour utiliser ça, dit-il en sortant un rouleau de
parchemin hors de son sac.
Le garçon déroula le rouleau sur le sol, puis forma une série de sceaux avant de placer sa
main droite au milieu d’un cercle tracé sur le papier. Aussitôt, l’objet disparut dans un petit
nuage de fumée, duquel surgit un chat noir portant un bandeau de ninja de Suna comme il
porterait un collier. Il avait le poil luisant et l’allure fière. Son unique œil valide à la couleur
vert émeraude projetait une lumière quasi mystique rayonnant d’intelligence, comme s’il avait
vécu tous les âges du monde. Son œil droit maintenu fermé se trouvait au milieu d’une
cicatrice, et la partie métallique de son bandeau était parcourue d’éraflures légères mais
innombrables.
- Je vous présente Yoruchi-sama, annonça Shikamaru. C’est le meilleur pisteur de
tout Suna.
- T’as intérêt à avoir une sacrée bonne raison pour m’avoir invoqué, gamin ! lança
soudainement l’animal.
La voix de Yoruchi était dure, grave et autoritaire. On y sentait une certaine colère, mais
qui cachait ce qu’on pouvait percevoir comme de l’excitation.
- Nous avons besoin de vous pour retrouver quelqu’un, lui dit Shikamaru. Une jeune
fille de Konoha du nom de Kara Lao. Elle fait partie d’un groupe de cinq ninjas inconnus qui
ont attaqué le pays du Vent récemment.
- D’accord, fit Yoruchi. J’ai besoin de tous les détails possibles.
Pendant un long moment, Shikamaru décrivit un à un les cinq personnes qu’il avait
rencontré dans le désert avec Témari. Apparence, vêtement, allure, comportement, il n’avait
rien oublié et les exposa au chat-ninja avec une précision remarquable qui ne manqua pas
d’impressionner l’animal. Autour d’eux, les autres membres de l’équipe restèrent perplexes.
Comment est-on sensé pister des individu en se basant sur leur apparence ?
- Très bien, dit finalement Yoruchi lorsque le jeune Nara eut terminé. Je vous
préviendrai dès que je les verrai.
- Euh… j’espère que c’est une blague ! intervint Naruto.
Mais Shikamaru n’avait pas l’air de plaisanter :
- Absolument pas. Yoruchi-sama a une manière bien particulière de pister ses proies.
En fait, il…
- Une minute, gamin ! intervint le chat d’un ton agacé. Est-ce que je t’ai permis de
parler de ça ? Soit déjà content que ta petite ami t’en ai parlé avant, car autrement tu n’en
aurais jamais rien su. Contente-toi de me mener là où votre Kara a pu passer et tiens ta langue,
compris ?
- Bien sûr, Yoruchi-sama.
Renforcée par ce nouveau membre plutôt inhabituel, l’équipe se remit en route,
Shikamaru ordonnant de reprendre la route vers Konoha. Durant tout le trajet, Yoruchi ne fit
rien de ce qu’un animal ferait d’habitude pour pister quelqu’un, comme renifler le sol ou
humer l’air à la recherche d’odeurs corporelles. Il se contenta d’observer d’un air placide le
paysage autour d’eux au fur et à mesure qu’ils marchaient à pas lent vers le village caché de la
Feuille.
Mais soudain, alors qu’ils traversaient une épaisse forêt en passant par un petit chemin de
terre, Yoruchi s’arrêta net et Shikamaru manqua de lui marcher sur la queue. Le chat-ninja
s’assis tranquillement et ferma son œil gauche… pour ouvrir l’œil droit.
Il n’était pas du même vert émeraude que l’autre, mais d’un noir absolu sur lequel on ne
distinguait rien. Plonger son regard dans cet œil était pareil à plonger dans l’infini… ou dans
le néant. Les jeunes ninjas qui tentèrent l’expérience furent immédiatement pris d’une
violente nausée, mais Yoruchi ne leur porta pas la moindre attention. Il resta immobile plus
d’une minute sans donner un signe de vie, comme si son esprit avait quitté son enveloppe de
chat.
- Elle est passée par là, dit-il subitement.
- Quand ? demanda Shikamaru.
- La nuit dernière. Elle était avec les autres personnes que tu m’as décrites.
- Pouvez-vous nous montrer où ils sont allés ?
Yoruchi ne répondit pas. Il referma son œil droit, attendit quelques instants, puis rouvrit
l’autre avant de quitter le chemin de terre pour s’enfoncer dans la forêt. Les adolescents le
suivirent sans discuter. Ils cheminèrent ainsi pendant un long moment avant que Yoruchi ne
s’arrête devant un arbre immense, mais mort. Son tronc pourrait aisément dissimuler un buffle
dans toute sa longueur, et ses branches nues transperçaient les frondaisons comme autant de
fourches pour pointer le ciel.
- Ils sont entrés là-dedans, annonça Yoruchi. Gamin ! Appuie là !
Le chat-ninja désigna un minuscule nœud dans le bois du tronc à hauteur de visage, et
Shikamaru appuya dessus sans hésiter. Aussitôt, un bruit de mécanique résonna à l’intérieur
de l’arbre, et l’écorce de celui-ci se souleva lentement, révélant une énorme cavité dans le
végétale lui-même, et un escalier en spirale qui descendait vers les profondeurs.
Avant que quiconque puisse dire un mot, Yoruchi annonça d’une voix lasse :
- Je pense que vous n’avez plus besoin de moi à partir de là. Je vous laisse à vos
affaires.
- Ca a été un plaisir de vous revoir, Yoruchi-sama ! fit Shikamaru en s’inclinant
respectueusement.
- Inutile de chercher à t’excuser, gamin. Fait juste attention à ne pas m’invoquer
pour rien, la prochaine fois.
Et sur ces mots, l’animal disparut dans une explosion de fumée.
- Dit donc, lâcha Naruto en fixant le jeune Nara. Il est gracieux ton pote.
- Yoruchi-sama est comme ça, on n’y peut rien. Mais surtout ne me posez pas de
questions sur lui où alors il reviendra spécialement pour me faire la peau.
Naruto eut un air étonné et presque moqueur, mais Shikamaru montra clairement qu’il ne
plaisantait pas. Puis il se tourna vers Hinata qui comprit immédiatement ce qu’il voulait.
D’une simple pensée, elle activa son Byakugan et sonda le terrain en dessous d’eux.
- Il y a un énorme complexe souterrain là-dessous, dit-elle. Je perçois cinq
présences, mais elles sont trop loin pour que j’arrive à les identifier.
- Est-ce qu’il y a des pièges ? lui demanda Naruto.
- Non… c’est bizarre.
- Ils sont peut-être tout simplement trop confiants. C’est notre chance.
Naruto se tourna vers Shikamaru. La détermination dans son regard était plus forte que
jamais et, comme d’habitude, elle était contagieuse. C’était en même temps sa plus grande
force et son plus gros défaut, car si ce courage lui permettait de surmonter toutes les épreuves
et de dépasser continuellement ses limites, cela le menait souvent à commettre des actions
irréfléchies. Mais dans cette situation, le groupe pouvait avoir ses chances…
- D’accord, dit Shikamaru. On y va. Hinata ! Continue de scruter la zone pour nous
éviter les surprises.
La jeune Hyuuga acquiesça de la tête et l’équipe se mit en route. L’escalier les obligeait
à passer un par un et Lee se porta volontaire pour passer en premier, car si quelqu’un pouvait
réagir rapidement à une menace inattendue, c’était bien lui. Mais rien ne vint freiner leur
avancée.
Les couloirs souterrains en bas de l’escalier ressemblaient à ceux d’une vieille mine, la
roche creusée étant soutenue par d’épaisses poutres de bois parfois renforcée avec des plaques
de métal. Ils étaient éclairés par de nombreuses torches accrochées aux piliers de soutient,
ainsi que par des lanternes suspendues sous certaines poutres. Une curieuse odeur d’encens
saturait l’air, comme pour essayer de masquer une odeur derrière un puissant écran olfactif.
Soudain, alors que le groupe avançait en direction des cinq individus qu’avait repérés
Hinata, Sasuke s’immobilisa, son regard froid figé sur l’un des piliers du couloir.
- Qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda Sakura, inquiète.
- Ce symbole, répondit l’Uchiwa en désignant l’image grossière d’un serpent à deux
têtes gravé dans le bois. C’est celui d’Orochimaru.
Un silence de mort envahi soudain les gorges des adolescents. Chacun d’entre eux avait
gardé un souvenir particulièrement douloureux du jour où le légendaire sanin avait attaqué
Konoha et tué le troisième Hokage, surtout Témari dont le village avait été manipulé pour
devenir le pantin d’Orochimaru. Mais Orochimaru était mort. Sasuke l’avait tué voilà
plusieurs mois de cela avant de partir à la recherche de la Main de l’Ombre, et personne
n’osait remettre sa parole en doute sur ce sujet. Pourtant, l’idée de devoir affronter ce monstre
avait de quoi glacer le sang…
- Shikamaru… fit brusquement Témari. Qu’est-ce qu’on fait ?
Le garçon ne savait plus quoi penser. De toute évidence, cette cachette avait été réutilisée
par quelqu’un d’autre après la disparition d’Orochimaru pour servir d’autres buts. Les cinq
inconnus ayant attaqué le pays du Vent devaient certainement avoir découvert cette cachette
d’une manière ou d’une autre et se l’approprier. Reste à savoir quel est leur objectif…
- On continue, dit-il simplement. Oubliez ce que vous venez de voir.
Le groupe arriva finalement devant une grande porte de pierre polie bloquant l’extrémité
du couloir. D’après Hinata, l’ennemi se trouvait juste derrière dans une vaste pièce remplie
d’objets étranges qu’elle ne parvenait pas à identifier clairement. Sasuke ne perdit pas un
instant à se demander s’il y avait un moyen simple d’ouvrir cet accès et chargea
immédiatement un puissant Chidori qui fit voler la porte en éclats.
La stupéfaction frappa l’équipe lorsque la fumée se dissipa. Il n’y avait pas cinq personnes
dans cette pièce, mais six : les cinq inconnus que Shikamaru et Témari avaient rencontrés
dans le désert et une autre personne, de taille moyenne entièrement enveloppée dans une
longue cape noire à capuche.
- Hinata ? fit Naruto en se tournant vers la jeune fille. Qu’est-ce que…
- Je ne comprend pas… mon byakugan ne le voit pas.
- Bien sûr que tu ne peux pas me voir jeune Hyuuga ! lança l’inconnu d’un ton réjoui.
En entendant cette voix, Naruto et Sasuke eurent un choc. Des souvenirs s’échappèrent
des coins d’ombres de leur mémoire où ils avaient espéré les oublier pour venir s’imposer à
leurs yeux. Ils ne s’étaient pas attendus à entendre cette voix à nouveau, surtout après la mort
d’Orochimaru. Pourtant leurs sens ne pouvaient pas se tromper, c’était bien lui, et l’inconnu
releva sa capuche pour révéler son visage et dissiper leurs doutes. La colère fit serrer les dents
à Naruto alors qu’il prononçait le nom de cet ennemi qu’il avait cru pouvoir oublier :
- Kabuto…
CHAPITRE HUIT : ENNEMIS JURÉS
Naruto sentait un froid glaciale remonter le long de sa colonne vertébrale, paralysant ses
membres un à un comme le ferait un serpent s’enroulant autour de sa proie avant de lui porter
le coup de grâce. Il avait déjà affronté le dénommé Kabuto Yakushi par le passé, lorsque
Jiraya-sama et lui étaient partis chercher Tsunade-sama pour qu’elle devienne le nouvel
hokage, et bien qu’il ait gardé de cet affrontement un souvenir plutôt positif le jeune Uzumaki
ne pouvait nier qu’il n’espérait franchement pas le retrouver un jour face à lui. Car après tout,
Kabuto avait été le bras droit d’Orochimaru pendant des années, et quand on connaissait la
personnalité du sennin déchu cela ne pouvait laisser présager que le pire. Savoir que cet
homme dont on ne savait presque rien était derrière les évènements de Sunna pouvait
certainement être la pire possibilité envisageable.
Kabuto était entouré de quatre des ninjas que poursuivaient nos héros. Le cinquième,
Toshiro, étant allongé inconscient sur une sorte de table d’opération où étaient disposés
également plusieurs outils de médecine dont certains étaient tâchés de sang. L’ancien homme
de main d’Orochimaru était encore vêtu de sa tenue violette à haut col et de ses lunettes qu’il
s’amusait à remonter sur son nez, ainsi que sont bandeau de ninja de Konoha qu’il affichait
comme un trophée autour de son front. Mais il y avait néanmoins quelque chose qui avait
changé chez Kabuto, quelque chose dans son regard et dans ses gestes qui le rendait aussi
différent qu’inquiétant.
- Je suis ravi que vous soyez arrivés jusqu’ici à temps pour éprouver mes travaux.
La voix de Kabuto avait changé, elle aussi, très légèrement mais d’une manière tout aussi
inquiétante que son regard désormais dénué de toute peur ou de toute hésitation, et où siégeait
à présent comme une sorte de folie presque aussi terrifiante que celle d’Orochimaru luimême.
- Naruto… fit Hinata d’une voix troublée. Les… ces ninjas autour de lui… leurs corps
ont été modifiés.
- Quoi ? Tu en es sûre ?
- Oh… fit Kabuto dans un ton presque théâtrale, j’en oubliais qu’il y a ici une porteuse
du célèbre Byakugan, excusez-moi. Et oui, ces guerriers sont le summum de la modification
chirurgicale appliquée pour le ninjutsu : leurs réserves de chakras se dispersent désormais
dans le corps de cellule à cellule sans avoir à passer par des canaux de circulation. Cela leur
permet d’utiliser plus librement leurs réserves d’énergie et de mieux en contrôler les flux. J’ai
également apporté d’autres petites modifications spéciales : des os renforcés, des implants de
tissus musculaires additionnels, et aussi quelques organes supplémentaires pour augmenter
leurs chances de survie au combat. Qu’est-ce que vous en pensez ?
- Espèce de monstre ! hurla Lee que ses amis durent retenir pour éviter qu’il ne se jette
contre l’ennemi. Tu as osé faire cela à ma cousine ?
A ces mots, un sourire sadique apparut sur le visage de Kabuto.
- Ta cousine ? Quelle cousine ?
- Kara ! cria-t-il en tendant sa main vers la jeune fille. Reviens ! On est venus te sauver !
Mais Kara afficha une incompréhension si grande et une telle inquiétude que les espoirs
de Lee furent aussitôt anéantis, le vidant de cette volonté qui le caractérisait tant, ne laissant
qu’un abattement atroce.
- Kara… murmura-t-il. Pourquoi ?
- Désolé mon petit bonhomme, fit Kabuto en haussant les épaules, mais cette jeune fille
n’est pas ta cousine. Tu dois te tromper.
C’est alors que Kabuto prit un petit objet qui était posé à côté de Toshiro sur la table
d’opération. C’était une pierre de la taille d’une lame de kunai et qui luisait d’une lumière
blanche surnaturelle qui lui donnait l’aspect du cristal… de la même façon que la pierre
florale d’Hinata.
En voyant cet objet, le cœur de la jeune Hyuuga s’emballa et son premier réflexe fut de
porter la main à son pendentif qui était dissimulé sous ses habits. La réaction de la pierre
florale fut instantanée et un léger courant d’air tourbillonna dans la pièce, éteignant les
flammes de plusieurs bougies sur son passage. La luminosité baissa mais les torches
accrochées aux murs permettaient toujours d’observer le visage de Kabuto qui venait soudain
de se remplit de curiosité.
- Tiens tiens… lâcha-t-il avec intérêt. C’est donc toi qui porte le catalyseur ? C’est gentil
de venir me l’apporter.
- Tu ne toucheras pas à Hinata ! lança Naruto en se plaçant devant sa moitié.
- Je vois… si tu n’y vois pas d’inconvénient, dit-il en montrant la pierre dans sa main, je
vais d’abord en terminer avec ça puis je me chargerai de vous.
Tranquillement, il prit l’un de ses outils et l’utilisa pour ouvrir le torse de Toshiro,
laissant s’échapper un filet de sang qui coula le long de la table, puis il inséra l’étrange pierre
à l’intérieur du corps du ninja. Naruto chercha immédiatement à empêcher l’opération et
joignit alors ses mains en prononçant :
- Kage Bunshin no Jutsu ! (technique du clonage de l’ombre)
Mais dès que les copies de Naruto apparurent, celle que Lee pensait être sa cousine
exécuta elle aussi une succession de signes :
- Katon ! Honoo no joukaku ! (technique de feu, la forteresse des flammes)
Un mur de feu apparut aussitôt pour s’interposer aux clones avant de s’étendre tout
autour du groupe de Kabuto, les protégeant complètement de toute attaque extérieure et
bloquant la vue de nos héros. La température de la pièce grimpa en flèche et plusieurs fioles
posées sur les étagères alentours explosèrent en libérant leurs contenus sur le sol. Il y avait là
des potions, des enduis, mais aussi des animaux morts et des organes conservées dans du
formol qui donnèrent de soudaines nausées aux âmes les plus sensibles du groupe. Pendant un
instant, Shikamaru eut le sentiment qu’il valait mieux quitter cet endroit, mais Naruto le prit
par le bras pour lui montrer la détermination dans son regard. Ils devaient affronter Kabuto
maintenant, ou alors tout ce qu’ils auraient accompli n’aurait servi à rien.
La protection incandescente ne dura pas longtemps, à peine une vingtaine de secondes,
mais lorsqu’elle disparut la soit-disante Kara Lao semblait épuisée, au bord de
l’effondrement. Elle avait néanmoins permis à Kabuto de terminer son expérience, et Toshiro
se tenait désormais à ses côtés, prêt à se battre.
- Kara, fit-il en relevant ses lunettes d’un air dépité, tu me déçois vraiment beaucoup. Ne
pas pouvoir maintenir ce genre de technique sans s’affaiblir est vraiment indigne des Spectres.
- Je… je suis désolée, maître.
- Soit contente que mes plans doivent s’accélérer et que je ne puisse pas songer à te
remplacer.
- Je… j’en suis heureuse, maître.
Kabuto se tourna ensuite vers Toshiro qui semblait redécouvrir son corps sous un
nouveau jour, éprouvant ses muscles et faisant craquer ses os un à un comme pour vérifier
qu’ils étaient toujours là.
- Comment te sens-tu, mon ami ? fit Kabuto. Mieux ?
- Vous n’avez pas idée à quel point, Yakushi-san. Je peux m’entraîner sur ces insectes ?
S’entraîner ? se dit Naruto à lui-même. S’entraîner à quoi ? Qu’est-ce qu’il lui a fait ?
Qu’est-ce que c’est que cette pierre ?
Le garçon se tourna vers Hinata qui n’avait pas lâché la pierre florale, comme pour y
puiser un peu de courage et de réconfort face à cette scène terrifiante.
- Hinata, dit-il en lui prenant la main. C’est quoi cette histoire de catalyseur ?
- Je n’en sais rien. Mais cette pierre… celle que Toshiro a en lui… elle est semblable à la
pierre florale. J’en suis sûre.
- C’est pas bon du tout. On doit la récupérer.
Toshiro laissa soudain s’échapper un ricanement aigu et porta la main à son torse, là où se
trouvait désormais cette fameuse pierre, avant de se tourner vers Kabuto pour lui demander
simplement :
- Je peux ?
- Bien sûr, ils sont là pour ça. De plus, mes recherches sont terminées, alors inutile de
faire attention au matériel.
Tous les ninjas se mirent aussitôt en posture de combat. Mais avant que Shikamaru ne
puisse mettre au point une stratégie, Toshiro se précipitait déjà sur eux, dégainant son long
katana dont la lame brillait d’un éclat blanc inquiétant. Sans qu’il prononce la moindre
technique ni effectue le moindre signe de ninjutsu, il envoya d’un simple mouvement de lame
un projectile de chakra pur qui découpa comme un rien une étagère en métal adossée contre
un mur.
- Spectres ! dit-il à l’adresse de ses coéquipiers. Eliminez ces intrus et récupérer le
catalyseur !
Aussitôt, tous les suivants de Kabuto se ruèrent au combat comme des forcenés,
provoquant une tornade de dévastation dans la large salle souterraine du repère tandis que
Kabuto observait la scène tranquillement. Les jeunes ninjas de Konoha et de Suna tentèrent
tant bien que mal de se répartir intelligemment face à ces adversaires, mais la puissance de ces
derniers ne leur laissait pas beaucoup de liberté d’action. Naruto, Lee et Haruka se chargèrent
de protéger Hinata contre Toshiro et Kara. Shikamaru et Témari joignaient leurs forces pour
affronter le géant Ulgo qui faisait montre d’une force terrifiante et d’une réserve de chakra
colossale, qui semblait même l’obliger à se retenir pour éviter de détruire totalement le
souterrain où ils se trouvaient. De leur côté, Sakura et Sasuke s’opposaient à la femme aux
cheveux bleus, Iralia, et à l’épéiste fou dénommé Hakagi, dont les compétences semblaient se
compléter parfaitement et qui donnaient aux jeunes de Konoha les pires difficultés à
simplement survivre.
Naruto avait beau créer autant de clones qu’il pouvait, Toshiro ne lui laissait pas la
moindre occasion de le toucher. Faisant tournoyer la lame de son épée dans tous les sens, il
envoyait des projectiles de chakra tranchants dans toutes les directions avec une rapidité
surprenante. Lee, de son côté, cherchait à surpasser la vitesse de son adversaire pour trouver
une faille dans sa défense, mais sans succès, et toutes les techniques d’illusion tentées par
Haruka semblaient n’avoir absolument aucun effet sur lui. Kabuto devait sans doute avoir
trouvé un moyen pour rendre ces « spectres » immunisés aux techniques de genjutsu.
- Shikamaru ! hurla Naruto. On doit se tirer d’ici !
- Je suis bien d’accord !
- Pas moi, fit une nouvelle voix derrière eux.
L’espace d’un instant, le combat s’arrêta alors que les ninjas se tournaient vers l’entrée de
la pièce pour découvrir de nouveaux arrivants : l’équipe 11 de Konoha.
CHAPITRE NEUF : LES FANTÔMES
- Comment nous avez-vous retrouvés ? s’exclama Naruto.
- Il m’a suffit de renifler l’odeur de ta bêtise, répondit Kiba dans un sourire.
Le jeune Uzumaki ne prit pas la peine de relever la plaisanterie, et préféra reprendre son
souffle tandis que les ninjas de Kabuto avaient cessé leurs attaques en voyant venir les
renforts de Konoha. Kiba… Tôji… Shino… et Neji… avec eux on peut vaincre ces types.
L’avantage est enfin de notre côté.
Remis de sa surprise, l’ennemi reprit le combat et l’équipe 11 de Konoha dispersa ses
membres au mieux : Neji comprit rapidement qu’Hinata devait être protégée et vint aider la
garde rapprochée de sa cousine. De son côté, Kiba évita la femme aux cheveux bleus qui ne
dégageait aucune odeur en raison de l’eau qui la recouvrait constamment, préférant la laisser à
Shino, et dirigea plutôt son attention vers l’épéiste qui s’agitait dans tous les sens. Tôji,
voyant que la jeune fille aux cheveux blonds ne semblait pas être une adversaire trop
dangereuse, se dirigea droit vers la grosse brute qui paraissait mieux convenir à son style de
combat.
La vaste salle souterraine sembla rapidement sur le point d’exploser sous la pression des
violents combats qui s’y déroulaient. Un tel rassemblement de puissants ninjas déchaînant
leurs techniques destructrices dans un lieu confiné donnait l’impression d’un ouragan enfermé
dans un bocal à poissons. Un éclair pulvérisa un pilier de soutien large comme trois hommes
avant de creuser un trou profond de huit mètres dans le mur le plus proche. De l’autre côté de
la salle, une tempête de flammes s’abattit sur un mur et réduisit en cendre les restes d’une
longue étagère de bois remplie de parchemins fragiles qui se consumèrent en un instant.
L’espace d’un instant, la lueur de toutes les torches vacilla tandis qu’un immense mur
d’ombre apparaissait au milieu de la pièce pour stopper une pluie horizontale à l’intensité
diluvienne. Deux silhouettes humaines, l’une en tenue verte et l’autre en kimono blanc, se
déplaçaient et s’entrechoquaient avec une vitesse telle que leurs mouvements étaient à peine
perceptible, et chacun de leurs chocs provoquait une onde dévastatrice capable de fracasser la
roche. A l’opposé, deux êtres massifs étaient engagées dans une intense épreuve de force,
d’un tel niveau que les dalles massives sous leurs pieds se fracturèrent sous l’effort en
soulevant de minuscules fragments comme autant de pétales emportés par le vent. La
destruction était omniprésente, et à chaque instant elle emportait un peu plus de la réalité de
ce monde vers un néant ténébreux et impitoyable.
C’est alors qu’au milieu du vacarme de la bataille, un son de claquement de mains se fit
entendre aussi clairement qu’un tintement de cloche : c’était Kabuto qui applaudissait en
esquissant un sourire sadique. Aussitôt, tous les combats cessèrent et les adversaires
tournèrent leur attention vers lui. Il n’avait pas bougé de sa place depuis le début du combat et
n’avait pas esquissé le moindre mouvement. Son regard était d’une cruauté sans pareil, même
en comparaison avec son défunt maître Orochimaru, car il n’y avait pas cette même touche de
folie que l’on ressentait chez le senin déchût. Non, cette cruauté était totale, pleine, absolue.
- Je vous félicite, dit-il à son assemblée. Vous m’avez bien amusé. Je ne pensais pas que
mes spectres puissent à ce point se retrouver dépassés dès que le nombre est un peu en leur
défaveur, même si seulement deux d’entre eux sont entièrement achevés.
- Je suis humblement désolé mon maître, fit Toshiro. C’est juste que je ne maîtrise pas
encore suffisamment le pouvoir de la pierre pour en tirer tout son avantage.
- Et je ne voudrais pas tous nous ensevelir sous la montagne, ajouta Ulgo pour sa propre
défense.
Kabuto leva une main sans même les regarder, ne détournant pas ses yeux d’Hinata qui
tenait toujours fermement la Pierre Florale dans sa main comme un homme de foi tiendrait
une emblème divine face à un démon.
- Je comprends, je comprends. L’endroit ne joue certes pas en votre avantage. Ces
chiens de Konoha pourraient bien croire être capables de gagner, vu votre performance, mais
heureusement j’ai encore quelques atouts en main.
Sur ces mots, il claqua des doigts et, aussitôt, plusieurs dalles de pierres composant les
murs de la salle s’abaissèrent pour faire apparaître des passages secrets d’où surgirent des
dizaines d’individus en uniformes noir de ninja. Leurs visages étaient cachés derrière des
foulards ne laissant voir que leurs yeux sombre inexpressifs, et il ne portaient aucun bandeau
ni aucun signe d’appartenance à un quelconque village ninja. Ils se déplaçaient tels des
automates, dans un silence absolu comme s’ils ne faisaient que flotter sur le tapis de débris
qui avait recouvert l’intégralité de la pièce. A leurs ceintures étaient accrochées un grand
nombre de kunais, de shiruken et autres accessoires de combat propre aux ninjas, tandis que
dans leurs dos ils portaient des armes plus encombrantes, des katanas pour la plupart.
Soudain, Naruto sentit la main d’Hinata tirer sur sa manche. Lorsqu’il se tourna vers elle,
ce fut pour la retrouver terrorisée face à ce que son byakugan activé lui montrait.
- Ils sont modifiés eux aussi…
- Je vous présente mon armée de fantômes, déclara Kabuto en tendant le bras. Bien
qu’ils n’aient pas bénéficié du même soin que pour mes chers spectres ici présents, vous
pouvez constater qu’ils ont l’avantage d’être faciles à produire. Ils n’ont pas encore été testés,
du moins pas contre de véritables ninjas, mais je suis sûr qu’ils sauront se charger de vous.
Maintenant vous autres, rapportez-moi le catalyseur.
Les soit-disant fantômes se jetèrent à l’assaut sans prononcer un cri ni même un son,
dégainant leurs armes par des gestes lents et assurés avant de frapper. La plupart des ninjas de
Konoha et de Suna dégainèrent un ou plusieurs kunai pour se défendre, et ils remarquèrent
rapidement que leurs adversaires étaient particulièrement doués pour les arts martiaux,
enchaînant les attaques, parades et contre-attaques avec une dextérité quasi parfaite et sans la
moindre hésitation. Accablés par le nombre, l’équipe de Shikamaru et celle de Neji se
retrouvèrent forcés de se rassembler autour d’Hinata afin de la protéger contre ces assaillants
arrivant de toute part.
Alors qu’il parvenait enfin à trouver une ouverture pour enfoncer son kunai dans le thorax
d’un ennemi, Sasuke fut surpris de ne pas entendre celui-ci crier et de ne pas le voir
s’effondrer, ni même chanceler. Le jeune Uchiwa esquiva de justesse une attaque horizontale
de cet adversaire transpercé, avant de récupérer son arme et d’effectuer un mouvements de
feinte pour obtenir une ouverture sur la gorge. Lorsqu’il frappa, non seulement le coup ne
gêna pas plus son adversaire que ne l’avait fait la perforation de son poumon droit, mais cela
arracha son foulard et laissa Sasuke voir avec horreur le visage de celui qui tentait de le tuer.
L’homme devait avoir entre quarante et cinquante ans. Des mèches de cheveux bruns
sales passaient devant ses yeux bleus clairs sans expression, et sous son nez aquilin, ses lèvres
avaient été cousues par du fil chirurgical. Sa peau fripée était couverte de petites cicatrices,
non pas de celles que l’on peut recevoir au combat avec des armes coupantes, mais plutôt en
travaillant dur toute sa vie dans les champs ou dans un atelier.
Sasuke avait devant lui le visage impassible et muet d’un civil. Un civil qui maîtrisait le
sabre avec un talent quasi inné et qui était bien déterminé à trancher le jeune homme en deux.
Malgré cela, Sasuke ne trouvait plus la détermination de frapper à nouveau.
- Nous devons quitter cet endroit ! lança-t-il à Shikamaru au travers de la mêlée.
- Pour une fois, je suis bien d’accord. Mais il faudrait qu’on arrive à les repousser un
instant.
- Pas de problème pour ça. Naruto !
- J’ai entendu, fit le jeune Uzumaki. Donne-moi deux secondes.
Calmement, Naruto forma une succession de sceaux :
- Fûton ! Ökina hanpatsu no Jutsu ! (technique secrète de vent, la répulsion majeure)
Puis il leva pied droit pour le reposer ensuite avec force devant lui. L’onde de choc fut
amplifiée par son chakra et projeta tous les fantômes autour de lui à plusieurs mètres de là,
laissant le groupe de ninjas libres de leurs mouvements.
- Repli ! ordonna Shikamaru.
Par chance, aucun autre adversaire ne vint bloquer le passage des héros vers la surface, et
Tôji avait fait s’effondrer l’accès derrière eux plusieurs fois afin de ralentir la progression des
spectres qui étaient sur leurs talons. En temps normal il se serait contenté de le faire une seule
fois mais, après avoir affronté le géant Ulgo, il savait pertinemment que ce n’était pas ce
genre d’obstacle qui allait les stopper.
Une fois à l’extérieur, le groupe courut aussi vite que possible droit en direction de
Konoha pendant près d’une heure avant de décider d’une halte :
- Je pense qu’on est suffisamment loin maintenant, dit Shikamaru.
Les ninjas s’arrêtèrent au milieu d’une clairière ensoleillée. Ils avait passé la frontière du
pays du Feu quelques minutes plus tôt et le paysage leur redevenait enfin familier, du moins
pour certains. La plupart d’entre eux était cependant trop préoccupés à reprendre leur souffle
ou à se remettre de leurs émotions pour profiter de cela, et une poignée gardait même un œil
sur leurs arrières en craignant voir surgire leurs ennemis de derrière le mur végétal de la forêt.
- Pourquoi est-ce qu’on s’arrête maintenant ? demanda Naruto. Konoha n’est plus qu’à
quelques kilomètres de là.
- Temari et moi allons informer Suna de ce qui s’est passé, afin qu’une stratégie puisse
être mise en place contre ces individus au cas où ils attaqueraient le village. Sasuke, je te
confie le commandement du groupe. Ramène tout le monde à Konoha et fait ton rapport à
Tsunade. Je compte sur toit.
- Ne t’inquiète pas, répondit l’Uchiwa. Le plus dur est déjà derrière nous.
- Pour aujourd’hui, oui, probablement. Mais quels que puissent être les plans de Kabuto,
ils doivent être stoppés par tous les moyens, car je crains que sinon des milliers d’innocents
risquent d’en payer le prix.

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