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LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique Valentin Luksza Théo Meunier Elodie Leroy Marc Charron 1 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique Résumé : Le TAP, théâtre auditorium de Poitiers a ouvert ses portes en 2008, proposant aux artistes et spectateurs de profiter de salles de spectacle dotées d’une acoustique reconnue. L’élaboration de telle salle repose sur une connaissance de l’acoustique très précise. En effet, une fois les contraintes imposées mises sur papier, le concepteur de la salle doit trouver les matériaux répondant au mieux aux besoins des artistes. Et cela peut s’avérer compliqué, car un matériau à lui seul ne permet pas de remplir le cahier des charges. Il a en effet une consistance, une forme, des voisins, autant de paramètres à prendre dans leur globalité si on veut maîtriser le son produit par les artistes. C’est ainsi à ces matériaux que nous nous sommes consacrés dans ce projet. Plus précisément, nous avons voulu faire le lien entre la durée de réverbération d’un son et l’absorption des matériaux. Sommaire I Les interactions d’une onde sonore avec un milieu A) Rencontre d’un son et d’un obstacle B) Diffusion et Réflexion II Réverbération d’une salle A) TR- Temps de réverbération B) Mesure du temps de réverbération III Mesure des coefficients d’absorption des matériaux A) Mesure dans une chambre de réverbération B) Mesure par le taux d’ondes stationnaires TOS. V Mesure de coefficient d’absorption en fonction de la fréquence A ) Le matériel B ) Différents matériaux C ) Différentes structures 2 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique Introduction Nous sommes quatre élèves du Lycée Pilote Innovant International (LP2I), issus de l’ » « ACF » Acfoud’onde. Les ACF (Activités Complémentaires de Formation) sont des projets menés en équipe (12 à 15 élèves) sur une année scolaire mélangeant tous les niveaux (secondes, premières et terminales et de toutes les nationalités) et assisté par des professeurs et intervenants extérieurs. Une ACF compte deux élèves responsables. Au cours de l’année, nous devons détailler puis présenter nos différents projets devant un jury composé d’anciens élèves, de professeurs, de parents d’élèves et de personnel administratif, mais également au grand public durant la journée portes ouvertes. Nous avons pris comme base un travail réalisé par quelques-uns de nos camarades l’an dernier, en approfondissant les recherches sur l’auditorium de Poitiers. Si le groupe précédemment cité voulait identifier l’action de la forme et de l’orientation des murs qui intervient dans l’acoustique de l’auditorium, en réaliser une maquette à l’échelle, nous nous intéressons sur l’importance des matériaux utilisés ainsi que leurs caractéristiques acoustiques. Une salle de spectacle possède un volume lié avant tout à sa capacité d’accueil définie par un cahier des charges. Comment alors, une fois ce volume fixé, doit-on choisir les matériaux pour que l’acoustique de la salle réponde aux besoins des artistes ? Après avoir défini les différentes interactions existant entre une onde acoustique et la matière, nous comprendrons que ces interactions jouent un rôle majeur au niveau du temps de réverbération de la salle. Ce temps de réverbération nous conduira peu à peu vers l’étude de l’absorption des matériaux. I - Les interactions d’une onde sonore avec un milieu A ) Rencontre d’un son et d’un obstacle. Lorsque nous avons visité l’auditorium de Poitiers, nous avons eu une visite détaillée, par un guide qui était présent lors de la réalisation de la salle, et qui avait gardé contact avec l’architecte et l’ingénieur qui en avait la responsabilité. Nous avons ainsi pu profiter d’une description précise, dans laquelle était abordée la réverbération de la salle, le fait que la qualité acoustique devait être la même en tout lieu de celle-ci. Nous avons pu observer également que les revêtements de la salle étaient particuliers, que ce soit la peinture, qui pouvait être plus ou moins rugueuse selon les endroits, ou encore les sièges, qui lorsqu’ils n’étaient pas occupés, permettaient à l’assise de se relever, présentant alors une planche trouée cachant de la mousse. Tous ces matériaux, que ce soit au niveau de leur forme ou de la matière dont ils sont constitués, ont été choisis avec une grande attention. 3 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique Ils permettent en effet de contrôler plus ou moins ce que devient le son une fois que celui-ci cogne un obstacle. Ils contribuent ainsi au fait que le son se répartisse de façon homogène dans la salle. De retour au lycée, nous avons pu réaliser quelques premières expériences pour effectivement constaté l’importance des matériaux. Envoyons par exemple un son d’un haut-parleur sur un obstacle, et disposons un microphone devant l’obstacle, et un autre derrière. Pour que le micro placé devant l’obstacle n’enregistre pas directement le son émit par le haut-parleur, nous avons choisi de l’envoyer jusque sur la surface grâce à un tuyau. Obstacle universel tuyau sonore Nous avons ainsi pu constater que le microphone positionné du même côté que le haut-parleur enregistre un signal plus intense que celui disposé derrière l’obstacle. L’intensité transmise est plus faible que l’intensité réfléchie par l’obstacle. Mais le terme « réflexion » est à prendre avec précaution . En effet, ce terme est à employer lorsque la réflexion se fait de telle manière que l’angle de réflexion est le même que l’angle d’incidence par rapport au plan de l’obstacle. Pour que le son soit réparti de façon homogène dans la salle, ce phénomène de réflexion doit être à minimiser, car il est trop directionnel. Et il est fort possible que le caractère rugueux des matériaux contribuent à diminuer cette réflexion des ondes acoustiques. Nous avons voulu le savoir en reprenant le dispositif précédent, et en faisant varier l’angle auquel se trouve le microphone, en utilisant une surface lisse puis une surface rugueuse. Les résultats que nous obtenons ne sont pas si flagrants que cela, mais on peut tout de même distinguer que la surface présentant une grosse rugosité permet davantage de diffuser le son : le phénomène de diffusion est en effet par définition un phénomène au cours duquel le son est renvoyé par la surface, non pas de façon directionnelle, mais dans un certain volume depuis la surface touchée par l’onde. Mais transmission, réflexions et diffusion ne sont les seules choses qui peuvent concerner une onde acoustique lorsqu’elle rencontre un obstacle. En effet, le but du dessous de l’assise des sièges de l’auditorium est d’absorber le son, comme nous l’a expliqué Michael Petit, directeur technique du TAP, théâtre auditorium de Poitiers. Pour mettre en évidence ce phénomène d’absorption, nous avons recommencé la première expérience, en changeant de matériau : nous avons pris cette fois-ci une mousse. Nous avons alors constaté que pour une même intensité de l’onde émise, l’intensité transmise ainsi que l’intensité réfléchie ou diffusée sont plus faibles que ce que l’on avait avec du PVC. Où est passé le reste ? Il a été absorbé par la mousse, vendue effectivement pour ses qualités absorbantes. 4 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique Finalement, si nous remettons ensemble tous ce qui peut se passer lorsqu’une onde acoustique rencontre un obstacle, on peut alors dire qu’une partie sera réfléchie, une autre diffusée, une autre transmise, une autre absorbée. En mettant l’intensité réfléchie et diffusée sous le même terme I réfléchie, on a alors : I incidente = I réfléchie + I absorbée + I transmise Cependant, I transmise étant négligeable car très faible par rapport aux autres intensités, on peut admettre: I incidente = I réfléchie + I absorbée Nous focaliserons notre attention sur l’absorption des ondes acoustiques par les matériaux. On peut calculer le coefficient de réflexion (noté r) pour caractériser ce phénomène en fonction des matériaux avec I qui correspond à l’intensité de l’onde acoustique : r = I réfléchie / I incidente . Pour pouvoir caractériser l’absorption d’un matériau, on calcule son coefficient l’absorption noté α (souvent appelé alfa) et de formule : α = I absorbée / I incidente Ainsi, en négligeant le terme de transmission devant les autres termes, on peut en déduire la relation : 1=α+r L'absorbant absorbe s'il est placé en surface seulement, et éventuellement améliore l'isolation s'il est recouvert d'un matériau massique, opaque, continu, mais alors il n'absorbe plus dans le local. 5 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique B) Diffusion et réflexion : Amplitude Il est possible de distinguer plus nettement une onde diffusée d’une onde réfléchie, à l’aide d’une impulsion sonore. Nous avons enregistré un signal sonore très bref émis au milieu de la cours intérieure de notre lycée. Nous l’avons enregistré avec le logiciel audacity, et latis pro ensuite pour étudier le temps de réverbération de la cours. Temps Celui-ci se présente alors en deux parties : la première partie montre un pic, puis une plus faible amplitude, qui remonte ensuite avant de décroître dans le temps. Le premier pic est dû au phénomène de réflexion : la cours est en forme de cercle, et le signal a été émis depuis le centre du cercle. Le micro était également disposé au centre du cercle. Le signal enregistré par la suite représente des ondes qui ont mis plus de temps avant de parvenir jusqu’au micro. Ces ondes n’ont donc pas pris le chemin le plus court. Elles représentent l’onde diffusée par les murs de la cours. Ainsi, ondes réfléchies et ondes diffusées se différentient dans le temps. Cette notion de temps est primordiale si on veut maîtriser la qualité acoustique de la salle. En effet, du fait des phénomènes de réflexion, diffusion, et d’absorption, le son perdurera plus ou moins longtemps dans une salle. S’il dure trop longtemps, les sons déjà présents dans la salle se mélangeront avec les nouveaux. Tout dépend alors à quoi est destiné la salle : si elle est destinée à faire des discours, il faut que la durée de réverbération du son soit faible, pour pouvoir distinguer correctement les mots. Dans une salle de concert, au contraire, il faut que les sons se mélangent un peu, mais pas trop, pour avoir une continuité et un bon mélange bien dosé entre les différents instruments. Mais qu’est-ce que le temps de réverbération et comment le mesurer ? 6 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique II – Réverbération d’une salle A ) TR- Temps de réverbération La durée de réverbération est la durée au bout de laquelle le niveau sonore L d’un son bref diminue de 60 dB après son émission (voir schéma ci-contre) Le niveau sonore est une unité adaptée à l’oreille humaine : le décibel, noté dB. En effet, l’oreille n’est pas un récepteur linéaire, mais logarithmique. Lorsque 2 violons produisent chacun une intensité sonore I en un point de l’espace, bien que l’intensité résultante It en ce point-là soit égale à 2I, l’oreille humaine n’entend pas un son 2 fois plus fort, mais un son de niveau sonore L I répondant à la formule : L 10 log Où I0 représente une intensité sonore de référence. I0 B ) Mesure du temps de réverbération : 1 ) La méthode Pour mesurer le temps de réverbération, il suffit alors d’émettre un bruit bref, et d’enregistrer le signal qui en découle. C’est ce que nous avons fait, au sein de notre lycée. Mais nous ne disposons pas de microphone qui permet d’accéder directement au niveau sonore. Alors voyons comment, à partir du signal enregistré par le micro, il est possible d’arriver à nos fins. Le signal récupéré par le microphone est une tension, car le micro convertit le signal acoustique en signal électrique. Comment faire pour passer de la tension au niveau sonore ? Nous avons pu lire dans les ouvrages que l’intensité est proportionnelle à la pression au carré de l’onde sonore. I kp² où k est le coefficient de proportionnalité. Or la tension en sortie du microphone est proportionnelle à la pression de l’onde. Donc I KU ² avec K coefficient de proportionnalité. I Ainsi, L 10 log I0 KU ² K 10 log 10 log I0 I0 10 logU ² C 20 logU 7 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique Dans cette expression, le terme qui nous intéresse est le second, car si L diminue, c’est à cause du second terme. On cherchera alors au bout de combien de temps 20logU diminue de 60 dB. 2 – Les mesures : Nous avons réalisé plusieurs mesures et nous en présentons quelques-unes afin de les commenter : a – Dans une grande salle inoccupée du lycée Nous sommes allés dans une salle d’environ 400 m3, munis de pièges à son, et nous avons fait une acquisition du temps de réverbération(TR) à partir du logiciel Latis Pro. Voici les résultats obtenus : La courbe rouge montre la variation du niveau sonore au cours du temps. Avec l’aide de la courbe, nous constatons que cette dernière diminue de 30 décibels en environ 600ms. Ce qui signifie qu’il y a une diminution de 60 décibels en 2 fois plus de temps, soit 1,2s. Nous pouvons conclure que la salle étudiée ne possède pas de bonnes caractéristiques acoustiques, du fait de son importants temps de réverbération. Dans le cas d’une salle de cours dont la qualité acoustique est correcte le temps de réverbération doit être d’environ 0,8 secondes. Cette salle est consacrée aux évaluations, il est difficilement envisageable qu’un cours y ait lieu d’après nos résultats. 8 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique b – Salle de TP inoccupée : Une incertitude doit être envisagée sur la détermination de la pente. Mais une fois connue la pente, il est possible d’en déduire le temps de réverbération en appliquant la démarche suivante : La droite à une pente p L 60 que l’on peut mesurer. On en déduit que TR t p Ici, TR est donc compris entre 0,6 et 0,7 s, donc une durée inférieure à 0,8 s. La salle est dans les normes pour y faire cours. Que se passe-t-il maintenant lorsque la salle est occupée ? c – Salle de TP occupée : Nous avons demandé à nos camarades de venir dans la salle et avons à nouveau mesuré le temps de réverbération : 9 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique L’analyse de la mesure donne alors un temps de réverbération commpris entre 0,4 et 0,5 s. Ces trois courbes obtenues sont logiques. En effet, plus le volume d’une salle est grand, et plus son met du temps entre le moment où il est émis, et le moment où il est enregistré par le micro après réflexion et diffusion. D’autre part, le fait de mettre des obstacles dans la salle ne peut qu’augmenter l’absorption, donc diminuer l’intensité sonore de façon plus rapide. Nous avons pu effectivement voir que le temps de réverbération peut s’exprimer en fonction du volume de la salle, et de l’aire équivalente des matériaux se trouvant dans la salle. Cette façon de définir le temps de réverbération constitue la formule de Sabine : TR 0,16 V A Où V représente le volume de la pièce (en m3) et A l’aire absorbante équivalente de la pièce (en m²). Cette aire équivalente prend en compte l’absorption des différents matériaux : une surface de béton ne va pas absorber une même intensité sonore qu’une surface de plâtre identique. Ainsi, n A ai S i i 1 Où ai correspond au coefficient d’absorption, et Si la surface du matériau considéré (en m²). Grâce à cette relation, on comprend par exemple l’utilité des éléments absorbeurs qui ont été rajouté au plafond dans la salle de TP (voir photo) : ces éléments rajoutent de la surface absorbante A, ce qui fait diminuer TR. Laissons de côté la géométrie, et intéressons nous maintenant davantage aux matériaux. Ceux-ci peuvent absorber, réfléchir diffuser ou encore diffracter les sons. Et comme nous l’avons expliqué, le temps de réverbération dépendant de ces phénomènes, il est important de les métriser. Il est en particulier impératif de quantifier l’absorption des ondes acoustiques par les matériaux. Ceci peut être réalisé par deux méthodes différentes, comme nous allons le voir dans la partie suivante. 10 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique III – Mesure des coefficients d’absorption des matériaux A) Mesure dans une chambre de réverbération : Il s’agit d’une chambre présentant des angles différents de 90° entre les murs et entre murs et plafond, pour éviter des phénomènes de résonance. La mesure se fait alors en deux temps : une première mesure sans le matériau dont on veut connaître le coefficient d’absorption, et une deuxième mesure avec le matériau. La comparaison des deux temps de réverbération mesurés permet d’en déduire le coefficient d’absortpion du matériau. Nous ne possédons pas de telles chambres à Poitiers dans les laboratoires d’acoustique. B) Mesure par le taux d’ondes stationnaires TOS. Cette deuxième méthode nous a été communiquée par Christian Prax, chercheur à l’université de Poitiers, avec qui nous avons pu échanger sur le sujet. Cela nous a amené à travailler sur des notions que nous allons prendre le temps d’expliquer avant de les utiliser pour la mesure de coefficients d’absorption. a – Que se passe-t-il lorsqu’une onde est confinée dans un volume de forme géométrique particulière ? Lorsqu’un son est émis à l’extrémité d’un tube cylindrique et que l’on fait varier la fréquence de ce son, on remarque assez nettement que pour certaines fréquences, le son paraît plus intense. Le tube semble alors être une caisse de résonances pour ces fréquences. Pour comprendre ce phénomène, nous avons noté pour quelles fréquences cela se passait. Nous disposons comme matériel, d’un tube de longueur 50 cm, munit d’un haut-parleur à l’une de ses extrémité, et d’un micro pouvant se déplacer à l’intérieur du tube. L’autre extrémité du tube est fermée. Un générateur de fréquence relié à un fréquencemètre permet d’ajuster la fréquence du signal du haut-parleur. Pour une position quelconque du micro, nous avons alors noté quelle fréquence conduisait à une amplitude maximale du signal enregistré par le micro. 11 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique Nous avons trouvé les fréquences : 172 Hz, 515 Hz, 865 Hz Ces fréquences correspondent aux fréquences propres de vibration de la colonne d’air contenu dans le tube. b – Pourquoi seules certaines fréquences d’excitation de l’air conduisent à des résonances Pour comprendre la présence de ces modes propres, nous avons pour chacun d’entre eux cherché comment varie l’intensité du signal (grâce à l’oscilloscope) à l’intérieur du tube sur toute sa longueur, pour chacun des modes propres. Voici ce que nous avons trouvé : l’amplitude de l’onde acoustique à l’intérieur du tube présente des maxima et des minima. Ces maxima et minima correspondent à des « ventres » et des « nœuds » de vibration. La premier mode propre à la fréquence F1 = 172 Hz présente ainsi 1 nœud au niveau du hautparleur, et 1 ventre au niveau de l’autre extrémité. Le deuxième mode propre à la fréquence F2 présente 2 nœuds et 2 ventres, ainsi de suite. En mesurant la position des ventres et des nœuds, on peut représenter l’onde sous forme de fuseaux de longueurs différentes en fonction de la fréquence : mode fondamental = harmonique 1 1 4L 1 2 4L 3 3 4L 5 F3 5F1 4L 2n 1 Fn 2n 1F1 v = λ1 f1 =4L F1 F1 = 172 Hz harmonique 2 F2 harmonique 3 F3 harmonique n Fn n F2 v 2 4 LF1 3 3F1 4L Ces fréquences sont en réalité des modes propres résonant : le tube de PVC se comporte pour ces fréquences comme une caisse de résonance, car alors le tube amplifie ces ondes : l’onde fait des aller-retour, et la fréquence est telle que les ondes « aller et retour » se superposent dans le tube. On dit que les ondes à l’intérieur du tube sont des ondes stationnaires c – Le TOS En réalité, une onde est rarement parfaitement stationnaire. Elle ne l’est que si l’onde réfléchie par un obstacle a la même intensité que celle émise, ce qui n’est possible que si le matériau percuté par l’onde ne l’absorbe pas. Nous avons vu dans le paragraphe précédent qu’une onde stationnaire se caractérise par la présence de nœuds et de ventres. Faisons une expérience pour visualiser ces nœuds et ventres 12 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique dans le cas ou l’onde stationnaire est issue d’une réflexion par un matériau très absorbant : de la mousse acoustique Le profil de l’amplitude de l’onde stationnaire dans le tube est tel que l’amplitude maximale (au niveau d’un ventre, vaut 0,48 V, alors que l’amplitude au niveau d’un nœud vaut 0,3 V. On peut donc voir que l’amplitude au niveau du nœud n’est pas du tout négligeable par rapport à celle mesurée au niveau du ventre. Cela nous permet de voir que sous l’effet d’un matériau absorbant, l’onde, au niveau d’un nœud, peut avoir une amplitude non négligeable. L’amplitude au niveau d’un ventre est également modifiée. Ces deux données permettent ainsi de quantifier le taux d’ondes stationnaires qui est alors forcément relié à l’absorption du matériau. En travaillant sur le sujet, nous avons pu lire que les coefficients d’absorption pouvaient effectivement être déduis de cette notion de taux d’ondes stationnaires, en utilisant la relation suivante : 1 r avec U U min r max U max U min 2 Où U représente l’amplitude de l’onde, proportionnelle à la tension mesurée par le microphone. Umax se mesure au niveau d’un ventre, et Umin au niveau d’un nœud. Le principe de la mesure est alors de régler la fréquence sur une fréquence propre, et de mesurer le taux d’ondes stationnaires (TOS), représenté par U max U min U max U min Voyons alors concrètement cela avec une mesure, en disposant un bouchon de mousse à l’extrémité du tube…. Mais à quelle fréquence travailler ? Essayons deux fréquences éloignées… Nous avons réalisé les mesures pour une fréquence de 637 Hz et 2086 Hz Pour F = 637 Hz : Umax = 1,45 et Umin = 0,18 , donc α = 0,4 Pour F = 2086 Hz : Umax = 0,48 et Umin = 0,3 , donc α = 0,95 Donc le coefficient d’absorption dépend de la fréquence. Nous avons alors voulu savoir comment un matériau absorbe une onde acoustique en fonction de sa fréquence. 13 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique IV – Mesure de coefficient d’absorption en fonction de la fréquence. A ) Le matériel Comme nous voulions mesurer l’absorption in situ d’une salle, nous avons confectionné un dispositif qui permet d’être plaqué sur un matériau afin d’en mesurer le coefficient d’absorption. Nous avions également dans l’idée, d’étudier l’absorption sur une grande plage de fréquence. Or les fréquences audibles s’étalent de 20 à 20000 Hz. Si on veut mesurer l’absorption sur l’ensemble du domaine audible, cela pose problème, car il faut que le micro, à l’intérieur du tube, puisse mesurer l’amplitude au niveau d’un ventre, et au niveau d’un nœud. Mais la longueur d’onde pour une fréquence de 20 Hz, et égale à 17 m ! Comme le tube doit avoir une longueur /4, cela représente une longueur de 4.25 m. Et la tige qui entre dans le tube pour guider le micro doit également mesurer 4,25 m. La salle doit avoir une longueur de 8,5 m… Nous avons choisi de travailler avec des fréquences un peu plus pratiques. D’autant plus que nous avons pu lire qu’il est d’usage de mesurer le coefficient d’absorption pour les fréquences de 62 Hz, 125 Hz, 250 Hz, 500 Hz, 1000 Hz, 2000 Hz et 4000 Hz. Si on s’en tient à ces valeurs, on peut prévoir la longueur L des tubes que nous utiliserons grâce au tableau situé page 16. On remarque que si on veut qu’il y ait au moins 2 nœuds et ventres, il faut tout de même un tube de longueur 4,15 m environ à 62 Hz. En réalité, nous prévoyons d’assembler 2 tubes avec un manchon, de sorte de pouvoir faire varier la longueur du tube. En effet, toutes ces longueurs ont été calculées avec une célérité des ondes acoustiques de 340 m/s, mais cette célérité dépend de la température, ce qui peut amener des corrections, et donc un ajustement de la longueur des tubes. D’autre part, une autre question nous est venu : est-ce que le tube de PVC ne va pas absorber lui aussi, y compris sur toute sa longueur ? En se documentant, nous avons lu que si on veut mesurer les coefficients d’absorption par les méthodes des ondes stationnaires, comme on s’apprête à le faire, il faut alors que l’onde soit plane. Et pour cela, il faut que la longueur d’onde soit grande devant le diamètre du tube ( > 4 x diamètre environ). Nous avons alors dû construire plusieurs dispositifs de différentes longueurs et diamètre. En effet, à 2000 Hz par exemple, la longueur d’onde est 17 cm. Nous avons alors choisi un tube de diamètre 5 cm. Exemples : tube de diamètre 5 cm, longueur 1m avec bouchon à l’extrémité, et haut-parleur miniature à l’autre extrémité pour les hautes fréquences, donc faibles longueurs d’onde. Tube de longueur 4,15 m pour les basses fréquences (grandes longueurs d’onde) 14 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Tube de 4,15 m de longueur Olympiades de physique Fixation du micro sur des rails mobiles Le microphone coulisse sur des rails disposés à l’intérieur du tube. Nous avons ainsi pu mesurer l’absorption de différents matériaux en fonction de la fréquence. Mais comme nous l’avions déjà remarqué au début du mémoire, le matériau à lui seul n’explique pas son absorption, il faut également tenir compte de la forme qu’on lui a donné, ou encore de la façon dont on l’a assemblé avec d’autres structures : 15 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Fréquence Nœud 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 Olympiades de physique 62,00 (Hz) 125,00(Hz) 250,00(Hz) 500,00(Hz) 1000,00(Hz) 2000,00(Hz) 4000,00(Hz) L d L d L d L d L d L d L d n n n n n n n 4,15 1,38 5,53 2,06 0,69 2,74 1,03 0,34 1,37 0,51 0,17 0,69 0,26 0,09 0,34 0,13 0,04 0,17 0,06 0,02 0,09 6,92 3,43 1,72 0,86 0,43 0,21 0,11 9,68 4,80 2,40 1,20 0,60 0,30 0,15 12,45 6,17 3,09 1,54 0,77 0,39 0,19 15,21 7,55 3,77 1,89 0,94 0,47 0,24 17,98 8,92 4,46 2,23 1,11 0,56 0,28 20,75 10,29 5,15 2,57 1,29 0,64 0,32 23,51 11,66 5,83 2,92 1,46 0,73 0,36 26,28 13,03 6,52 3,26 1,63 0,81 0,41 29,04 14,41 7,20 3,60 1,80 0,90 0,45 31,81 15,78 7,89 3,94 1,97 0,99 0,49 34,58 17,15 8,58 4,29 2,14 1,07 0,54 37,34 18,52 9,26 4,63 2,32 1,16 0,58 Calcul de la longueur théorique du tube L est la longueur du tube en fonction du nombre de nœuds désiré pour la fréquence considérée d est la distance à laquelle se trouve le premier nœuds par rapport à l’extrémité fermée du tube n est la longueur d’onde de la deuxième harmonique : nous nous sommes dit qu’il est intéressant qu’il y ait au moins 2 nœuds dans le tube pour bien voir la présence des nœuds et des ventres. A partir de d et n, il est possible de connaître la position du ventre le plus proche de l’extrémité fermée du tube. LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique B) Différents matériaux Voici quelques courbes issues des mesures que nous avons réalisées : Mousse Polystyrène PVC Les valeurs en ordonnées représentent le coefficient d’absorption, et en abscisse se trouve la fréquence (Hz) Nous pouvons voir qu’effectivement : Le coefficient d’absorption dépend du matériau, 17 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique Le coefficient d’absorption dépend de la fréquence. Ceci peut s’expliquer en observant le matériau en question : Le PVC est très lisse et dense. Le polystyrène est moins lisse et moins dense, il présente des petites aspérités, et la mousse, comme son nom l’indique présente une multitude de petites espaces occupés par l’air, et n’est pas lisse du tout. On peut alors supposer que plus la surface présente des aspérités et contient de l’air, plus l’absorption sera importante. Mais cela sera surtout vrai, de manière générale, pour les hautes fréquences et non pour les basses. Cela est sans doute lié au fait que la longueur d’onde des hautes fréquences étant très faible, l’onde est plus sensible à la structure du matériau qu’elle rencontre. En lisant des documents, nous avons alors pu compléter nos connaissances sur ce sujet : Il s’avère qu’ils existent différents types de matériaux qui réagissent différemment en fonction des fréquences : Il y a tout d’abord les matériaux poreux ou fibreux. En effet, dans ce cas, l'onde sonore peut pénétrer à l'intérieur du matériau, elle y engendre donc des frottements, des déplacements de fibres légères, d'où une transformation d'énergie. La porosité doit donc être de type ouverte (ex : laine de verre, et non polystyrène) pour être le plus efficace possible. Ces matériaux ont un coefficient d'absorption faible aux fréquences basses, qui augmente avec la fréquence, et fort aux fréquences élevées. L'absorption aux fréquences basses est d'autant plus importante que le matériau est épais et que ses pores ou cavités sont grandes. Ce type est le plus courant, le plus facile à utiliser, mais il ne permet pas une absorption uniforme en fréquence : c'est pourquoi presque toujours les réverbérations sont plus fortes aux fréquences basses. Les exemples types de cette catégorie sont : le textile, la moquette, la mousse, la laine de roche ou de verre peu revêtue ou revêtue par un matériau acoustiquement transparent Comme nous le rappelions, la structure du matériau est également importante, ou encore l’agencement du matériau étudié par rapport à un autre. C) Différentes structures Voici par exemple les mêmes matériaux que ceux étudiés dans la partie précédente, mais positionnés non pas au fond du tube, mais à quelques centimètres : coefficient d’absorption en ordonnée, et fréquence en Hz en abscisse : Mousse + 3 cm entre la mousse et le fond du tube 18 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique Polystyrène + 3 cm entre la mousse et le fond du tube : On peut ainsi remarquer une très nette différence de comportement, lié à la modification de la position du matériau absorbant. En réglant la distance entre ce matériau et un mur sur lequel on le dispose, il est alors possible de contrôler l’absorption, de façon à ensuite disposer d’un temps de réverbération souhaité. En général, ce dispositif fait intervenir un panneau, dont le but est d’absorber les graves (moins de 300 Hz). Son principe est simple : le panneau et la masse d’air située derrière celui-ci entrent en vibration lorsqu’il est touché par une onde acoustique. Cet ensemble va former une masse relativement lourde qui va osciller sur des fréquences basses. La fréquence propre de ce système vaut : Avec, ps : masse surfacique ps (en kg/m2) vaut d : la distance entre le mure et le panneau (en m) Parmi les structures existantes se trouvent celle observée sous l’assise des fauteuils du TAP. Cette structure est appelée structure en cavité de Helmholtz dont le but est d’absorber les médiums (de 300 Hz à 1000 Hz). Il est formé d’un goulot et d’une cavité. L’énergie acoustique va faire vibrer le résonateur et ainsi, une fraction de l’énergie acoustique sera transformée en chaleur par dissipation sur les parois du goulot (ou dans le matériau poreux qui pourrait être placé à l’intérieur. C’est bien cela qui est présent sous les sièges du TAP ! Nous sommes en ce moment même en train de mesurer l’absorption de telles structures, et nous présenterons nos résultats à Angers. 19 LP2I – Lycée Pilote Innovant International Olympiades de physique Conclusion : Les mesures d’absorption réalisées avec différents matériaux, et différentes structures permettent de contrôle la totalité des ondes audibles au niveau de l’absorption : Nous voyons ainsi que les structures permettent d’absorber dans les graves alors que les matériaux permettent d’absorber des sons de hautes fréquences. C’est grâce à cela qu’il sera possible d’ajuster le temps de réverbération d’une salle pour une géométrie et une contenance fixée. Outre cette conclusion, que nous avons amené suite à notre démarche expérimentale, nous avons pu nous confronté à des nouvelles notions en physique et compléter nos connaissances. Nous poursuivons notre projet car plusieurs autres structures peuvent être étudiées. Remerciements : - Christian Prax – chercheur à l’université de Poitiers – institut PPRIME TAP – Théâtre auditorium de Poitiers – Michael Petit et Bernard Mouchon Olympiades de physique 20