026 Edition-National

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026 Edition-National
CHRONIQUE MINUTE PAPILLON
26 |
Migros Magazine 23, 2 juin 2009
Les vérités du terrain
Je trouve curieux
comme les fils de
la comédie et de
la tragédie s’entremêlent parfois,
tant nous pouvons vivre à des niveaux de réalité différents.
C’était en 1992, à la frontière de la Somalie
et du Kenya. Le gouvernement de Siad Barre
était tombé. Mogadiscio était livrée au chaos: clans rivaux et «seigneurs de la guerre»
bourrés de khat s’affrontaient, montés à
bord de pick-ups avec mitrailleuse lourde à
l’arrière. On les appelait des Mad Max.
Aujourd’hui, pour la population, rien n’a
changé, sinon quelques-unes des parties au
conflit. Après le retrait de l’armée éthiopienne début 2009, seuls quelques quartiers
de la capitale restent sous le contrôle de
Cheikh Chariff Cheikh Ahmed, président
du gouvernement d’union nationale, en
lutte contre les jeunes islamistes shebabs et
les miliciens du Hizbul Islam, le parti de
l’islam. Près de 60 000 civils déplacés depuis début mai. Et depuis dix-huit ans, les
civils, femmes, enfants fuient, beaucoup
vers la frontière kényane...
Jean-François Duval,
journaliste
L’autre soir, allongé sur le lit d’une chambre d’hôtel zurichoise, je voyais défiler à la TV des
images réveillant des souvenirs laissés loin
derrière moi: misérables camps de réfugiés
sur la terre désertique du nord-est du Kenya. Que n’avais-je pas fait, vécu, depuis tout
ce temps? Par le seul privilège d’être né au
bon endroit au bon moment... Alors que
beaucoup de ceux que j’avais rencontrés làbas y sont encore! Pourrissant et stagnant
dans les mêmes camps.
C’était août 1992. A l’aube. Sur le tarmac de l’aéroport Wilson de Nairobi, je serrais la main
d’un Français grisonnant avec lequel, dans
quelques minutes, j’allais grimper à bord
d’un petit bimoteur qui nous conduirait à la
frontière somalienne. Nous nous sommes
mutuellement présentés, mais nos noms se
sont perdus dans le vacarme des hélices
qu’on lançait. Je comprends tout de même
que, reporter français, il arrive tout juste de
Mogadiscio, et je lui demande de me résumer brièvement la situation là-bas. Il s’exécute avec un brio qui me stupéfie. Ensuite,
survol du Kenya, coincés juste derrière le
pilote.
Peu d’heures après, une jeep nous conduit
du camp de réfugiés de Liboi – 50 000 personnes – jusqu’à la désertique zone frontière où, à l’abri de deux arbres rabougris,
sont affalés des femmes et des enfants arrivés dans la nuit, espérant qu’on les emmènera bientôt au camp de transit. Le chauffeur est aux aguets, car la zone est fort peu
sûre. Avec une naïve fougue juvénile, j’entraîne mon nouvel ami – il a bien vingt ans
de plus que moi – pour recueillir le témoignage des fugitifs épuisés. Plus tard, de retour au camp de «transit», nous travaillons
encore de concert: 50 000 réfugiés dont il
s’agit de rendre compte de la situation pour
nos lecteurs. Pause, nous avalons quelque
chose sur le pouce et faisons plus ample
connaissance. «En fait, je ne suis pas «que»
reporter», fait le Français. Je suis aussi le
PDG d’Ouest France.» François-Régis Hutin! Grand patron de presse!
«Chaque année, m’explique-t-il, je retourne au
moins une fois sur le terrain.» Et moi qui m’ima-
ginais «réveiller» la flamme du reportage
chez un journaliste en fin de course!... Belle
leçon à tous égards: combien de big boss
font-ils pareil effort pour se tenir au courant
des réalités du terrain? A-t-on jamais vu un
banquier partager la vie des clochards? Un
CEO redevenir un instant petit employé?
Certains se remuent, d’autres pas. D’autres
encore semblent condamnés à demeurer à
jamais des statues de sel. Les jeunes réfugiés
avec lesquels nous avons parlé là-bas – je
me souviens qu’ils avaient confectionné un
ballon de fortune pour jouer au football –
ont aujourd’hui 40 ans! Et les nourrissons?
20 ans! Non, décidément, nous ne jouons
pas tous la même partie, dans cette vie.
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