étude épidémiologique et clinique des aplasies
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étude épidémiologique et clinique des aplasies
ÉTUDE ÉPIDÉMIOLOGIQUE ET CLINIQUE DES APLASIES MÉDULLAIRES SÉVÈRES AU CONGO A. ELIRA-DOKEKIAS *, N. TCHISSAMBOU *, A. SANGARE **. RÉSUMÉ Entre le 1er Janvier 1993 et le 31 Décembre 1995, 27 cas d’aplasies médullaires sévères ont été répertoriées dans le service d’hématologie du C.H.U. de Brazzaville sur un effectif de 1000 malades. Au terme d’une étude retrospective, les auteurs analysent les aspects épidémiologiques et cliniques des aplasies médullaires sévères. Les critères de définition de la sévérité de l’aplasie médullaire sont classiques. La fréquence hospitalière de la maladie est de 5 cas pour 10.000. L’affection touche les deux sexes avec un ratio (F/M) de 1,27. La tranche d’âge la plus concernée est celle comprise entre 20 à 30 ans (10 cas). La couche la moins nantie représentée par les paysans et les cadres moyens paye un lourd tribut à la maladie avec près de 18 cas (66 %). La population Kongo proche de la zone de Brazzaville est la plus importante avec 14 patients (56 %). L’enquête étiologique a permis de retenir 15 cas d’aplasies médullaires «idiopathiques», 10 cas d’aplasies post médicamenteuses, 1 cas associé à une infection à VIH et 1 cas associé à une sérologie positive pour l’hépatite B. La symptomatologie clinique initiale est dominée par les infections, les hémorragies et le syndrome anémique qui est très constant. La mortalité par aplasie médullaire sévère reste très lourde 13 décès contre 14 vivants (48, 14 %). Mots-clés : Épidémiologie, Clinique, Aplasie Médullaire Sévère. SUMMARY Epidemiological and clinical features of severe aplastic anemia in Congo From 1 January to 31 December 1995, 27 cases of severe aplastic anemia out of 1000 patients were treated in the hematology department of University Hospital of Brazzaville. This is a r e t rospective study that aim at analyzing epidemiology and clinical manifestations of severe aplastic anemia. The criteria for defining severe aplastic anemia were those commonly admitted. The hospital prevalence of aplastic anemia is 5 per 10.000. Both males and females cases are seen (sex ration F/M = 1,27). Most (10 cases) are between 20 and 30 years old. The disease is present, the most middle class (18 cases : 66 %) population and the list in peasants. The Kongo ethnic group living near the University hospital is the one that having the largest number of case (14 patients : 56 %). The following medical cases were found 10 cases secondary to drug, one case in an HIV infected patient, one case with HBV infection. The initial symptoms are infections, hemorrhages, anemia. The mortality of aplastic anemia was highdied, 13 cases out 27 (48, 14 %). Key-words : Epidemiology, clinic, severe aplastic anemia INTRODUCTION L’aplasie médullaire sévère (severe aplastic anemia selon les anglosaxons) est une hémopathie très lourde liée à l’atteinte de la cellule souche totipotente se caractérisant par l’absence de tissu hématopoïétique capable de soutenir l’hématopoïèse. Le mécanisme d’atteinte de la cellule souche est de mieux en mieux maîtrisé grâce au développement des techniques de cultures médullaires, à l’apport de l’immunologie et de la biologie moléculaire. Dans près de la moitié des cas, aucune étiologie précise n’est généralement retrouvée. La pathologie reste rare et relève de la réanimation hématologique. Dans notre continent sinistré, très peu d’études ont été consacrées à cette affection. Le but de ce travail qui est le premier dans notre pays est de déterminer la fréquence de cette pathologie, d’inventorier les facteurs étiologiques possibles et d’en présenter les principales manifestations cliniques. * Service Hématologie, C.H.U. Brazzaville, 13 Avenue Maréchal Lyautey B.P. 32 - BRAZZAVILLE (CONGO). ** Service Hématologie, C.H.U. de Yopougon - Abidjan - Côte d’Ivoire. Médecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (11) A. ELIRA-DOKEKIAS, N. TCHISSAMBOU, A. SANGARE 583 MALADES ET MÉTHODES 1 - Malades Tous les malades retenus dans cette étude ont été hospitalisés entre le 1er Janvier 1993 et le 31 Décembre 1995 (36 mois) dans le service d’Hématologie du Centre Hospitalier et Universitaire de Brazzaville. Il s’agit d’un service de 15 lits sans unité de réanimation hématologique, ni d’isolement stérile accueillant les malades en provenance de Brazzaville (via le service des urgences générales ou par trans-fert d’autres services hospitaliers) et de quelques malades transférés de l’intérieur du pays. Ce service accueille généralement les patients âgés de plus de 15 ans et dans un certains cas, les enfants d’âge inférieur sur demande des services de Pédiatrie. 2 - Méthodologie Cette étude est retrospective. Tous les malades retenus ont été suivis dans le service depuis le premier jour de leur admission. L’enquête clinique minutieuse et rigoureuse a comporté : - un interrogatoire quasi policier. - un examen physique détaillé (examen appareil par appareil). - une échographie abdominale systématique. Le bilan biologique a associé : - un hémogramme tri paramétrique par Coulter M18 avec examen obligatoire du frottis sanguin périphérique. - une numération manuelle des réticulocytes sur 1000 cellules. - un examen de la moelle osseuse : étude cytologique au Congo et étude histologique en France (Hôpital Avicenne) ou en Belgique (CHU Sart Tilman). - sérologies virales (hépatites, HIV). Les critères diagnostiques d’aplasies médullaires sévères sont classiques (4) : - pancytopénie sévère et arégénérative. - moelle osseuse désertique avec prédominance du tissu adipeux (absence d’infiltration tumorale et de signes de myelodysplasie). RÉSULTATS ET ANALYSE DES RÉSULTATS A - Epidémiologie 1. Fréquence et incidence A l’issu des 36 mois d’étude, 27 patients ont été répertoriés Médecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (11) sur un effectif global de près de 46.430 malades au C.H.U. de Brazzaville établissent ainsi une fréquence hospitalière de l’ordre de 5 cas pour 10.000. Au cours de la même période, le service d’Hématologie a accueilli 1000 malades hospitalisés soit une fréquence de 27 pour 1000. L’aplasie médullaire sévère occupe le 7 ème rang des causes d’hospitalisation loin derrière les hémoglobinopathies congénitales (en particulier la drépanocytose), les anémie diverses, les splénomégalies, les lymphomes malins, les leucémies aiguës, les gammapathies monoclonales malignes et peu devant les maladies congénitales de l’Hémostase. L’incidence mensuelle de la maladie (très approximative à cause du facteur régularité) est de l’ordre de 1 malade par mois. 2. Répartition par âge et par sexe Le tableau n° I reprend cette répartition. Il en ressort sur un effectif de 27 patients, 12 de sexe masculin (44 %) et 15 de sexe féminin (56 %). Le ratio est ainsi inversé en faveur de la tendance féminine 1,25 (F/H). La tranche d’âge la plus touchée par la maladie est celle comprise entre 20 et 30 ans avec 10 cas soit 40 % suivie par la couche des patients âgés de plus de 40 ans (8 cas ; 29 %). L’âge moyen de nos patients est 38,75 ans (extrêmes 2 et 60 ans). Tableau I : Répartition des malades par âge et par sexe Sexe Année (Âge) H F Total % <10 11-20 21-30 31-40 >40 Total 1 3 5 3 12 2 2 5 1 5 25 3 5 10 1 8 27 11 18,9 37 4,1 29 100 3. Répartition socioprofessionnelle Tableau II : Répartition des patients selon leur catégorie socioprofessionnelle Sexe Année (Âge) H F Total % Cadres supérieurs Cadres moyens Ouvriers et apparentés Paysans Total 1 6 1 4 12 2 3 3 8 15 3 9 2 12 27 11 34 11 44 100 ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE… Cette répartition des patients en 4 catégories socioprofessionnelles fait apparaître que la couche paysanne exerçant essentiellement les activités ménagères et dans les plantations sans usage de produits industriels paye un lourd tribut à la maladie, suivie de la couche des cadres moyens représentée par les enseignants, les employés gradés de bureaux et les étudiants. Les patients âgés de moins de 20 ans au nombre de 8 (29%) apparaissant sur notre série sont repartis entre la couche des cadres moyens (4 malades), la couche des cadres supérieurs (2 patients) et celle des paysans (2) dont leur parents sont issus. Il n’a pas été relevé d’exposition ni de manipulations de composants supposés hématotoxiques au sein de la population ouvrière. 4. Répartition Ethnogéographique Notre pays comprend 3 grands groupes ethniques ayant en leur sein plusieurs sous groupes ethniques. Il s’agit du groupe Kongo prédominant dans 4 régions situées autour de Brazzaville et dont les moyens de communication sont accessibles ; le deuxième groupe est le groupe Téké habitant Brazzaville et se trouvant par ailleurs distribué dans quelques régions du Sud du pays, la majorité se situant dans la partie Nord ; le dernier groupe est celui des Mbossi dont l’implantation d’origine est la partie nord du Congo. Ainsi, 16 patients de notre série (59 %) appartiennent au groupe Kongo (dont 10 patients originaires de la région du pool, région la plus rapprochée de Brazzaville) ; 6 patients du groupe Téké (22 %) et 5 issus du groupe Mbossi (19 %). 5. Facteurs étiologiques L’enquête étiologique a été limitée par notre sous équipement . Du point de vue biologique, seuls les marqueurs de l’Hépatite A, B et le dépistage des Anticorps anti HIV1 et 2 ont été recherchés. Nous n’avons pas réalisé d’analyses toxicologiques et cytogénétiques. Les critères d’imputation médicamenteuse d’une cytopénie se sont basés sur la survenue de l’événement hématologique après la prise du médicament et en l’absence de prise concomitante d’autres substances médicamenteuses. Il apparaît ainsi que l’aplasie médullaire est étiquetée sans cause apparente «idiophatique» chez 15 malades (55 %) soit près de la moitié des cas. L’aplasie est imputée à une origine médicamenteuse chez 10 patients. Le tableau n° III suivant répartit les 10 malades. 588 Selon le médicament incriminé : Dénomination du médicament Effectif des malades Pyriméthamine (DARAPRIM ®) 5 Chloramphenicol 2 Carbamazepine 1 Pyriméthamine - Sulfadoxine 1 Dans les 10 cas d’aplasie post médicamenteuse, nous avons retenu que l’événement hépatologique est survenu entre un délai de deux (2) à 8 semaines de la période du début de la substance médicamenteuse incriminée. Deux patientes ayant reçu la pyriméthamine présentaient au moment de l’événement une grossesse de 22 et 26 semaines. Une sérologie HIV a été relevée positive pour les virus HIV1 et HIV2 chez un patient au stade IVa de l’infection à HIV selon la classification du CDC. Chez autre patient diabétique non insulinoprive sans médication antidiabétique spécifique depuis plus de 7 mois, il a été retrouvé au cours de l’événement, avant toute transfusion sanguine une sérologie positive pour l’hépatite B sans signes de cytolyse aiguë. 6. Mortalité La mortalité par aplasie médullaire sévère dans notre série est très importante. Nous avons observé 15 décès dans cette étude (56 %). Le délai de survenue des décès est très court (moyenne 72 jours). Le décès le plus rapide dans le service est survenu 48 heures après l’admission du patient et le décès le plus éloigné est survenue 600 jours après. Causes des décès : • Accident infectieux 9 • Accident hémorragique 4 • Anémie aiguë 2 B. Étude clinique Le principal motif d’admission de nos malades est l’hyperthermie. Cette hyperthermie est rapportée à un syndrome infectieux évoluant souvent depuis plusieurs jours. Elle est retrouvée chez tous les 27 patients de notre série associée à la constance du syndrome infectieux. Le tableau infectieux est caractérisé à l’admission selon la répartition suivante : (1) Fièvre d’origine indéterminée : 9 cas (2) Pharyngite ulcéro nécrotique : 7 cas (3) Infection cutanée évolutive : 4 cas Médecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (11) A. ELIRA-DOKEKIAS, N. TCHISSAMBOU, A. SANGARE 589 (4) Choc toxi infectieux : (5) Infection pulmonaire : 3 cas 2 cas L’anémie est souvent de grande ampleur nécessitant d’emblée la transfusion de concentrés érythocytaires à l’admission. L’anémie sévère avec un tableau d’anoxie cérébrale est retrouvée dans 2 cas. La symptomatologie hémorragique franche est retrouvée d’emblée à l’admission chez 20 patients. Epistaxis et/ou gingivorragies : 17 cas Hémorragie cérébrale (suspicion): 2 cas Pétéchies et ecchymoses : 12 cas Hémoptysie : 1 cas Hématurie totale : 2 cas Hémorragie digestive : 5 cas Hémorragies génitales : 4 cas Cette symptomatologie hémorragique est souvent faite d’associations (hémorragies muqueuses/hémorragies cutanées). Le tableau d’hémorragie cérébrale est de confirmation limitée par l’absence de tomodensitométrie et d’autopsie. DISCUSSION L’aplasie médullaire sévère reste une entité hématologique rare, mais très grave, liée à une insuffisance médullaire quantitative à l’origine de la pancytopénie. Sa fréquence est difficile à apprécier dans notre pays. Car l’information à traduire n’est issue que du Centre Hospitalier et Universitaire de Brazzaville et précisément du Service d’hématologie. En France, la fréquence de la maladie est estimée entre 4 et 10 sujets atteints sur 1.000.000 (8). En Europe et aux USA, elle se situe autour de 2,3 à 24,6 sur 1.000.000 (5, 7, 8). En Afrique subsaharienne, quelques études réalisées dans les pays anglo-saxons (2, 11) ne rapportent pas la fréquence de cette maladie. Au Congo, sur près de 46.430 malades hospitalisés, nous retrouvons 27 patients atteints d’aplasie médullaire dans sa forme sévère sur une période de 36 mois d’étude. Cette fréquence paraît très importante si l’on tient compte du fait que n’ont été recensés ici que des cas colligés dans un seul service hospitalier. L’incidence en fonction de l’âge montre dans notre série deux pics de fréquence, l’un entre 20-30 ans et l’autre au dessus de 40 ans. AKENOVA (2), au Nigéria rapporte également une fréquence élevée de la maladie entre 20 et Médecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (11) 30 ans. NAJEAN (9) décrit deux pics, l’un avant 20 ans, l’autre au delà de 50 ans. Notre série retrouve une fréquence élevée de la maladie dans la couche féminine de la population bien que celle-ci soit très peu significative. Ces résultats concordent avec ceux de NAJEAN qui trouve la maladie distribuée autant chez l’homme que chez la femme alors qu’AKENOVA trouve dans sa série une nette prédominance masculine. Toutes les catégories socioprofessionnelles sont concernées par la pathologie dans cette étude. Cependant, on note un important pic dans les couches les plus démunies. Cette couche de la population semble tout de même la moins bien informée sur le risque de substances hématotoxiques. Au Kenya et au Nigéria, les aplasies sont souvent retrouvées à une fréquence élevée chez les ouvriers et les paysans (2, 11). RIYAT (11) relève que 58 % des enfants recensés dans son étude sont issus de la couche paysanne alors que notre série retrouve 44% des sujets. Du point de vue ethnique, tous nos malades sont issus de parents Congolais. Bien que l’on observe une prédominance de la population Kongos, originaire de la région proche de Brazzaville, nous ne retrouvons aucune prédisposition à caractère ethnogénétique. Au Kenya, RIYAT (11) relève une prédominance de l’ethnie KIKUYU évaluée à 64,5 % des patients atteints. Sur le plan étiologique, près de la moitié des cas d’aplasies médullaires sont idiopathiques (5,9,10,12). Ces résultats semblent concorder avec les nôtres (55%) bien que la série et le nombre d’années d’étude soient limités. La fréquence réelle des aplasies de cause toxique est diversement appréciée allant de 80 % de l’ensemble des anémies aplastiques (12) dans les statistiques mexicaines à 60 % dans une analyse retrospective américaine (7). Une enquête britannique réalisée par DAVIES et al (5) ne retrouve que 33 % des cas. Toutes ces différences sont dues en majorité à la qualité de l’enquête étiologique et de l’analyse toxicologique. Notre sous équipement nous limite beaucoup dans ce genre d’enquête. Mais l’interrogatoire policier et les réponses thérapeutiques obtenues après l’arrêt du toxique supposé associé au traitement par Acide folinique dans les aplasies post pyriméthamine rendent notre présomption forte parmi les 10 cas d’A-A supposées d’origine toxique. Au Kenya et au Nigéria (2,11), les aplasies semblent souvent d’origine toxique. Les agents toxiques incriminés sont des herbicides, des insecticides organophosphorés et des toxiques industriels à base d’hydrocarbures. L’utilisation de ces substances insecticides à base d’organophosphorés ou ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE… 590 chlorés est très peu courante dans notre pays. A l’heure actuelle, très peu de projets de santé publique ou d’Agriculture utilisent les techniques d’épandage contre les vecteurs. L’utilisation limitée d’agents insecticides dans le cadre de la lutte contre l’onchocercose et la schistosomiase est réalisée dans certaines régions. Nous n’avons pas observé de cas d’aplasie sur chloramphénicol, comparée à sa très large utilisation dans le traitement des infections à salmonelles dans notre pays. L’aplasie post hépatitique semble la plus fréquente et la mieux étudiée (2, 8). Notre étude n’a observé qu’un malade présentant une sérologie positive pour l’hépatite B peut être sans rapport direct avec son hémopathie. La tuberculose est une cause classique, devenue rare en occident, peut être encore fréquente dans nos pays où elle est en recrudescence à cause de l’incidence croissante de l’infection à HIV. Dans le cas du patient atteint de l’infection à HIV dans notre série, nous n’avons pas été en mesure de rechercher des mycobactéries atypiques. La mortalité par Anémie aplastique constitue une grande préoccupation dans notre série (plus de la moitié de nos malades). En Afrique, la même préoccupation est partagée par AKENOVA (2) au Nigéria. En Occident (10), l’existence d’unités de transplantation médullaire équipées de flux laminaire stérile, assistées par des Centres de transfusion sanguine autosuffisants en produits sanguins a permis de réduire significativement la tendance. Il faut ajouter à toutes ces raisons liées au sous-équipement, l’admission souvent tardive de nos malades souvent multimanipulées avant leur hospitalisation dans le service. Les symptômes initiaux observés chez nos patients sont le reflet de cette admission tardive conséquence de l’ignorance et/ou de la sous estimation de ces symptômes par les cadres de santé. Le tableau de pancytopénie profonde initiale explique les complications infectieuses, hémorragiques et l’importance du syndrome anémique. Dans la série de RIYAT (11) au Kenya, sur une série infantile, 83 % des patients sont admis pour syndrome anémique sévère. CONCLUSION L’aplasie médullaire dans sa forme sévère reste une hémopathie rare mais très grave. Cette gravité est plus importante en zone sous développée. La revue de la littérature relève que cette pathologie reste moins étudiée dans notre continent pourtant confronté à l’usage de plus en plus fréquent d’agents toxiques potentiels (Insecticides, radiations, automédication) et à un environnement de plus en plus pollué. Notre ignorance explique le nombre important d’aplasie post médicamenteuse. Mais, que pouvons nous faire devant les prix onéreux des médicaments essentiels, moins toxiques dans le management quotidien de nos infections ? La démarche consistera à utiliser les substances réputées moins toxiques, à coût accessible et à mieux réglementer notre cadre de vie à l’abri de tout ce qui peut gêner. BIBLIOGRAPHIE 1 - K. AJLOUNI, T.D. DOEBLIN The syndrome of hepatitis and aplastic anemia. Br. J. Haematol. 1974, 27 : 345 - 355. 2 - AKENOVA, OKUNADEMA. Aplastic anemia : A review of cases at the University cellege Hospital IBADAN, NIGERIA. Cent. Afr. J. Med, 1992, 38 : 362 - 367. 3 - P.A. BRYON, O. GENTILHOMME, D. FIERE. Etude histologique quantitative du volume de l’hétérogénéité des adipocytes dans les insuffisances myéloïdes globales. Pathol. Biol. 1979, 27 : 209 - 213. 4 - B. M. CAMITTA. Criteria for severe Aplastic Anemia. Lancet, 1988 : 303 - 306. 5 - S.M. DAVIES, D.J. PARKER. Aplastic Anemia in the nothern region. Clin. Lab. Hematol 1986, 8 : 307 - 312. 6 - B. 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