pascal - Ecole MLF de ShenZhen

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pascal - Ecole MLF de ShenZhen
PASCAL (1623-1662)
I Eléments biographiques
Blaise Pascal est né à Clermont, en Auvergne le 19 juin 1623. Précoce, il commence très tôt à écrire des essais sur
les sciences naturelles et appliquées. En 1642, il met au point une machine à calculer (ancêtre de la calculatrice).
Il réalise des expériences sur le vide, de 1646 à 1654, dont la grande expérience de l'équilibre des liqueurs (1648),
lui permet de confirmer la réalité du vide et de la pression atmosphérique et de rédiger la théorie générale de
l'équilibre des liqueurs. (Dans un fluide incompressible en équilibre, les pressions se transmettent intégralement.).
En tant que savant, il défend la nouvelle conception du monde comme univers infini proposée par la science, et
plus particulièrement l'astronomie. Il critique l'autorité des Anciens et défend le raisonnement et l'expérience dans
la recherche des vérités scientifiques.
A partir de 1650, Pascal s'intéresse au calcul infinitésimal et, en arithmétique, aux suites de nombres entiers. Il
imagine le triangle de Pascal et développe le traité sur le triangle arithmétique dans lequel il utilise pour la première
fois le principe du raisonnement par récurrence.
Avec Pierre Fermat, ils sont les fondateurs d'une mathématique du hasard : le calcul des probabilités.
Tout au long de sa vie, le thème de la religion est prédominant. Il défend le mouvement jansénisme à partir de
1655.
Pascal était un mathématicien, un physicien, un théologien, un philosophe pessimiste, et un moraliste.
Son œuvre : Récit de la grande expérience de l’équilibre des liqueurs (1648), Traité du triangle arithmétique
(1654), L’Art de persuader (1660), Les Provinciales (1656-1657), Pensées (1669, posthume)
II Notions clés
- La condition de l’homme
D’après Pascal, nous n’avons qu’une certitude celle de notre mort et un seul désir celui d’être heureux. Tout le reste
n’est que ténèbres. L’univers est muet pour notre cœur; la science n’a rien à dire qui puisse nous consoler.
Si l’homme réfléchit sur sa condition, il ne voit que dépendance, abandon, néant. Pour ne pas être angoissé de leur
condition, les hommes préfèrent s’en détourner, alors ils cherchent du divertissement. En tant que moraliste et
apologue de la religion chrétienne, Pascal souligne la misère de l'homme sans Dieu qui se masque le néant de sa
condition dans le divertissement (aussi bien l'amusement que le travail acharné).
Les passions, les guerres, les affaires sont des divertissements auxquels les hommes ont recourt. Les hommes se
dupent eux-mêmes, disant chercher le repos quand ils cherchent l’agitation. Ceux qui s’arrêtent n’ont qu’une
alternative : le désespoir ou la conversion au vrai Dieu.
- La pensée
L’homme n’est rien par rapport à la nature : il a de nombreuses faiblesses, son corps est infirme, ses sens sont
limités, sa vie est instable, etc. Cependant il est doté de la pensée, c’est ce qui fait sa grandeur. Si l’univers peut
écraser l’homme, l’homme est plus noble que ce qui le tue, car il sait qu’il meurt. Mi-corps, mi esprit, l’homme ne
doit pas chercher à ignorer sa condition charnelle.
Nous sommes soumis à des puissances trompeuses :
. Premièrement, l’imagination, qui domine l’homme et se joue de la raison. Elle nuit à l’authenticité des
expériences sensibles, nous détourne de l’essentiel, et nous attache à l’insignifiant.
. Deuxièmement, l’habitude, qui nous fait croire à des mœurs, des idées, que l’on juge naturelles alors qu’elles ont
été inscrites en nous par l’éducation. Ce que nous appelons « nature humaine » n’est donc qu’un fruit de la culture.
Néanmoins, si la pensée nous distingue, nous ne devons pas en tirer vanité, car notre intelligence est faible. Bien
penser, c’est connaître son impuissance. Il faut être méfiant des préjugés, des illusions, des principes incertains, de
la fragilité des preuves. Pascal revendique le scepticisme.
- Le Moi
Le moi consiste dans ma pensée. Pascal aborde le Moi comme l’un des aspects de la grandeur de l’homme, puisque
la pensée fait cette grandeur.
Mais dès que l’on tente de le définir exactement, son inconstance (Le moi n’est pas le même selon les temps, des
changements profonds l’affectent selon les moments et les périodes de la vie), le rend insaisissable, inassignable.
De plus, le Moi est vaniteux et orgueilleux. On parle alors d’amour-propre. Il n’aime que soi et ne considère que
soi. Le moi tente de se soumettre tout ce qui l’entoure pour en user à son avantage, asservir tous les autres. Le désir
de plaire aux autres conduit l’homme à leur mentir, et à se mentir à lui-même afin de monopoliser l’amour d’autrui.
En cela, « le Moi est haïssable ».
Le Moi est aussi corrompu et concupiscent. La concupiscence est l’attachement démesuré aux biens terrestres : la
chair, la connaissance, le pouvoir. Notre meilleure volonté elle-même ne peut éloigner ces passions qui font notre
malheur.
- Le bonheur
Selon Pascal, la volonté humaine est toujours animée par la recherche du bonheur. Cependant, notre nature
humaine est trop faible pour nous permettre de l’atteindre. Pascal explique que suite au péché originel commis par
Adam et Eve, la nature humaine originelle a été modifiée. Elle porte la tâche du premier péché, dont nous avons
hérité le châtiment. Pascal défend l’idée selon laquelle la religion chrétienne est la seule conforme aux
contradictions humaines parce qu’elle nous enseigne à la fois notre corruption et notre rédemption. Lavant notre
faute, régénérant notre nature, la grâce du Christ nous ouvrirait à nouveau la voie vers la béatitude éternelle. Il
affirme que le salut de l'âme se trouve entre les mains de Dieu.
- La religion
Pascal adopte la doctrine de Port-Royal, qui nous demande de renoncer à l'homme, et de nous tourner entièrement
vers Dieu.
Il réalise une apologie du christianisme, en montrant que le recours à la foi est rendu nécessaire par l'échec de la
philosophie. La philosophie, qui prétend nous offrir bonheur et sagesse, s'avère incapable de tenir ses promesses.
Cet échec montre que l'homme ne peut obtenir ces biens par lui-même ; il a besoin du soutien de Dieu.
Pour convaincre les athées libres penseurs à croire en Dieu, Pascal imagine une analogie. La vie est comme un jeu
qui définit votre destinée. Soit vous pariez pour l’existence de Dieu, auquel cas vous devrez vivre conformément à
sa Loi, soit vous pariez contre. À chaque fois vous misez votre vie terrestre. Si Dieu existe, vous gagnez la vie
éternelle dans un cas, la damnation dans l’autre. S’il n’existe pas, vous ne perdez qu’un bien fini, une vie de plaisirs
impies. Si petite soit la chance que Dieu existe, on ne peut risquer la damnation éternelle et manquer la béatitude
infinie. Il faut donc parier que Dieu existe.
- Le cœur
Pascal soutient que la vraie voie est la voie du cœur, qui nous porte vers Dieu. Le cœur s’oppose aux
démonstrations mais pas à l’intelligence. La raison n’est pas contredite par lui mais dépassée. Pascal oppose l'esprit
de géométrie qui relève de la raison à l'esprit de finesse qui relève du cœur. Il utilise l’axiomatique comme preuve :
il assure que ces principes ne peuvent être saisis que par l’intuition. Les mathématiques reposent aussi sur des
principes conventionnels, non évidents, non démontrés, mais admis. Le cœur est la connaissance intuitive,
immédiate qui permet de saisir les principes et Dieu grâce à la foi.
III Citations
« Pour montrer qu’une hypothèse est évidente, il ne suffit pas que tous les phénomènes la suivent ; au lieu de cela,
si elle conduit à quelque chose de contraire à un seul des phénomènes, cela suffit pour établir sa fausseté. »
« On ne quitte les plaisirs que pour d’autres plus grands (la foi) »
« La curiosité n'est que vanité le plus souvent ; on ne veut savoir que pour en parler » Pensées
« La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent. » Pensées
« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » Pensées
« L'homme est si grand, que sa grandeur paraît même en ce qu'il se connaît misérable. » Pensées
« L'homme n'est qu'un roseau le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant » Pensées
« La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique. » Pensées
« La nature a des perfections pour montrer qu’elle est l’image de Dieu, et des défauts pour montrer qu’elle n’en est
que l’image. » Pensées
« La pensée fait la grandeur de l’Homme » Pensées
IV Texte choisi
« Il est absolument impossible de tout définir et tout prouver : car les premiers termes qu’on voudrait définir en
supposeraient des précédents pour servir à leur explication, et les premières propositions qu’on voudrait prouver en
supposeraient d’autres qui les précédassent ; et ainsi on n’arriverait jamais aux premières. Aussi, on arrive
nécessairement à des mots primitifs qu’on ne peut plus définir, et à des principes si clairs qu’on n’en trouve plus
qui le soient davantage pour servir à leur preuve.
L’ordre géométrique ne définit pas tout et ne prouve pas tout, mais il ne suppose que des choses claires et
constantes par la lumière naturelle, et c’est pourquoi il est parfaitement véritable, la nature le soutenant au défaut du
discours.
Cet ordre ne consiste ni à tout définir et tout démontrer, ni à ne rien définir et rien démontrer, mais à se tenir dans
ce milieu de ne point définir les choses claires et entendues de tous les hommes, et de définir toutes les autres ; et
de ne point prouver les choses connues des hommes, et de prouver toutes les autres. Par exemple, la géométrie ne
définit pas l’espace, le temps, le mouvement, le nombre, l’égalité, etc.
Il n’y a rien de plus faible que le discours de ceux qui veulent définir ces mots primitifs. Prenons l’exemple du mot
« homme » : on sait quelle est la chose qu’on veut désigner par ce terme. Le définir comme « animal à deux jambes
sans plumes » (Platon) ne procure aucun avantage : l’idée que j’en ai naturellement, et que je ne puis exprimer, est
plus nette et plus sûre que cette explication. Et un homme ne perd pas l’humanité en perdant les deux jambes, et un
coq ne l’acquiert pas en perdant ses plumes. »
Pensées, 1669
V Sujets possibles
-
La raison et la foi sont-elles incompatibles ?
La conscience de soi est-elle connaissance de soi ?
Le bonheur est-il inaccessible à l'homme ?
Est-il raisonnable de renoncer à ses désirs ?