La parole

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La parole
La parole
Il peut être intéressant de reprendre (pour les étudiants issus de la série ES) et de travailler (pour les
étudiants issus de la série S) le cours sur le langage dans un manuel de philosophie de terminale.
Sinon il existe des ouvrages généraux, qui peuvent servir à se familiariser avec le thème :
France Farago, Le langage, éditions Armand Colin, collection Cursus
Georges Gusdorf, La Parole, éditions Presses universitaires de France, collection SUP
Lectures obligatoires
PLATON Gorgias (GF), Phèdre (GF), l'Apologie de Socrate (GF) : rhétorique et philosophie
ROUSSEAU Essai sur l'origine des langues (GF)
John Stuart MILL De la liberté (1859) (Folio Essais) chapitre II : la liberté de parole doit-elle être
absolue, ou peut-elle être limitée ?
Michel FOUCAULT, L'ordre du discours
IMPORTANT : à noter : le thème de la parole était au programme des CPGE scientifiques en 20122013 ; ce programme demande d'étudier le thème en s'appuyant sur trois œuvres littéraires et
philosophiques, lesquelles étaient alors :
Platon, Phèdre
Marivaux, Les Fausses confidences
Verlaine, Romances sans paroles
Il peut être profitable de se procurer un manuel parascolaire sur ce programme (on en trouve à des prix
très bas sur le marché de l'occasion) et de lire les deux œuvres littéraires (Marivaux et Verlaine) qui
peuvent servir de point d'appui pour nourrir des dissertations de culture générale.
Distinctions conceptuelles à travailler :
la parole inscrite dans le langage : distinctions langage / langue / parole : la parole concrète
et incarnée
la parole comme le propre de l'être humain
la parole, le sens et la référence : comment la parole peut-elle signifier ? Le signe, la distinction
signifié/signifiant, sens et référence, la proposition, le discours, l'énoncé : la production de la parole à
partir de la langue (qui a été apprise).
la parole dans la communication : la parole comme relation intersubjective :
Expression de la subjectivité (« prendre la parole » c'est se faire entendre), parole incarnée, la voix
comme organe de la parole ; qu'exprime la parole ? De quoi parle-t-on ? La parole est-elle
l'extériorisation de la pensée ? Le sujet peut-il s'approprier la langue (le collectif) pour exprimer parole
singulière ? le surgissement de l'inconscient (maîtrise-t-on sa parole?), la libération de la parole, la
verbalisation du for intérieur, l'aveu (la psychanalyse, le groupe de parole et les vertus de la parole
collective)
réception par autrui de la parole : comment la parole est-elle reçue, comprise, interprétée ?
compréhension, interprétation (la parole dans le rapport à autrui) et les effets de la parole sur autrui
(manipulation, illusion, mensonge) : la parole peut-elle biaiser le rapport à autrui ? Parole et véracité (la
sincérité, l'authenticité de la parole) ; le dit et le non-dit : l'implicite dans la parole (le jeu entre autrui et
moi), le contexte
La parole dans le monde social et politique, les usages de la parole :
le dialogue (les conditions de l'accord, du consensus / les causes du désaccord, de la polémique, les
malentendus : dimension synchronique de la parole), le pouvoir de la parole et la parole du pouvoir (la
persuasion, la rhétorique, la parole séductrice, les pouvoirs de la fiction et les artifices de la parole),
l'engagement par la parole, le serment et la promesse : quel rôle la parole joue-t-elle dans l'institution du
monde social ? Les jeux de langage ; la parole et le droit, la parole dans l'espace public : la sentence,
« donner sa parole », « croire sur parole », « droit de parole », « temps de parole » ; la liberté de la parole
(la parole de révolte, le blasphème, la publicité de la parole) ; parole et sacré : le chant sacré, la prière ; la
parole peut-elle déterminer le réel (l'oracle) ? La parole et l'histoire : le témoignage, la transmission, la
circulation de la parole (dimension diachronique), l'écriture de l'histoire par le récit de l'expérience
vécue : comment faire durer l'expérience, contre l'oubli ?
La parole, l'oralité et l'écrit : verba volant, scripta manent => la parole dans le rapport au temps : la parole
est-elle vouée à l'éphémère ? Ou est-elle irréversible, intangible ?
La suspicion à l'égard de la parole :
« la parole est d'argent mais le silence est d'or » ; « mieux vaut bien écouter que trop parler »
Les échecs de la parole (le bégaiement), l'absence de la parole (le silence, l'aphasie)
Les excès de la parole, sa prolifération : le bavardage (parler à tort et à travers), la logorrhée : peut-on
parler pour ne rien dire ? Le silence est-il un remède contre la parole ?
L'expérience ineffable : le mysticisme
Proposition de Plan (projet provisoire)
PREMIERE PARTIE – La parole humanisante : l'homme est un animal qui parle
(anthropologie)
1) origines de la parole, origines de la culture : les conditions physiologiques, les hasards de
l'évolution qui rendent possible le surgissement de la parole comme propre de l'homme
Le problème de l'origine des langues, tel qu'il est posé par Rousseau dans l'Essai sur l'origine des langues (et
sera rappelé par Claude Lévi-Strauss) : de l'état de nature à la formation du langage ou les apories de la
formation des langues (qui supposent un accord, qui reposent sur une convention sur la signification
des mots – et donc qui supposent le langage déjà apparu) : Rousseau met en évidence trois difficultés,
d'une part l'apparition du besoin des langues l'homme a-t-il besoin du langage pour appeler son
prochain à son secours?), d'autre part la possibilité de son institution (la parole est nécessaire à
l'apparition de la pensée et la pensée est nécessaire à l'expression de la parole) et enfin le passage des
signes naturels (signes et gestes) aux signes institués (qui nécessitent un pacte linguistique).
Aristote, La Politique, livre I (pourquoi la parole est-elle le propre de l'homme et fait de lui un animal
politique) et De l'interprétation (de quelle façon la parole se rapporte au réel et peut signifier)
Leroi-Gourhan, Le Geste et la Parole, tome I Technique et langage : la station verticale libère la main, qui
servait à la locomotion, pour la préhension, et la bouche qui servait à la préhension pour la parole. Mais
il faut encore que le cerveau grossisse. Les conditions du langage articulé : il faut que soient assurées la
possibilité physique d'articuler des sons ou des gestes expressifs, et la possibilité intellectuelle de
concevoir des symboles expressifs, transformables en sons ou en gestes (lien avec la néoténie de l'être
humain).
Jean-Marie Hombert et Gérard Lenclud, Comment le langage est venu à l'homme : les hypothèses
scientifiques sur l'apparition du langage chez l'homme et l'émergence des trois dimensions de la
modernité de l'homme : biologique, culturelle et linguistique. Ce qui distingue le langage humain des
systèmes de communication des animaux est l'étape du signal décuplé (qui permet de communiquer sur
des choses que les êtres parlants n'ont pas sous les yeux).
2) La parole et l'institution du social : les civilisations de l'oralité
Marcel Détienne, Les Maîtres de Vérité
La parole, les mythes, la mémoire
L'autorité de la parole, la valeur de la parole, la parole et la loi, le serment : Le serment du Jeu de Paume
Hobbes, Léviathan : la promesse au fondement du pacte social
3) La parole comme expression de la subjectivité : parler et devenir sujet
La mise en doute du langage : Descartes, Méditations métaphysiques
L'autobiographie : Rousseau, Les Confessions
Ricœur , Soi-même comme un autre
La parole peut-elle être une expérience de la dépossession, l'expérience du commun au cœur de la
subjectivité ? dialectique entre l'expression de la singularité et les pesanteurs de la langue commune :
Nietzsche Le Gai savoir, § 354
Wittgenstein, Les investigations philosophiques (la notion de « jeu de langage »).
L'écriture : disparition de la parole ?
DEUXIEME PARTIE : l'art de la parole, la rhétorique et les relations intersubjectives
1) l'art de la parole : la persuasion, la manipulation, la domination par la parole :
rhétorique et philosophie ; la parole et le pouvoir de susciter chez autrui des passions ; le
dialogue philosophique / l'échange agonistique sophistique
Platon, Gorgias
Aristote, Réfutations sophistiques
Perelman, L'empire rhétorique – Rhétorique et argumentation
Les effets esthétiques de la parole
2) le problème de la véracité de la parole (dire vrai / mentir), les fictions du langage
(fictions juridiques)
Kant, Sur un prétendu droit de mentir par humanité
Réponse de Benjamin Constant
3) la parole politique : parole et espace public ; le pouvoir de la parole et la parole du
pouvoir
l'engagement, le serment : comment créer du commun ? Comment exister par sa parole dans l'espace
public ?
Hannah Arendt, La condition de l'homme moderne : distinction, dans la vita activa, entre travail, œuvre et
action (cette dernière étant la seule garante de l'existence de l'espace public)
Bourdieu, Ce que parler veut dire : la parole comme instrument de pouvoir, expression du pouvoir
symbolique, signe extérieur de richesse (capital culturel) ; la parole des vaincus et des invisibles : Pierre
Rosanvallon, Le parlement des invisibles ; Michelle Perrot, L'histoire des femmes ou les silences de l'histoire
Habermas, L'agir communicationnel
John Searle, La construction sociale de la réalité
4) la liberté de la parole
John Stuart Mill, De la liberté, II
Puissance ou faiblesse de la parole ?
TROISIEME PARTIE : les actes de paroles et les usages de la parole
1) Les actes de parole
Austin, Quand dire c'est faire
2) Les usages religieux : la prophétie, la parole apocalyptique
3) Le témoignage en histoire
Annette Wieviorka, L'ère du témoin
Ricœur, La mémoire, l'histoire, l'oubli
Primo Levi, Les naufragés et les rescapés
Organisation des interrogations orales
série n°1 : sujets de dissertation sur la parole
série n°2 : notions à problématiser sur la parole, lieux de parole, institutions de la parole, actes de parole
série n°3 : citations sur la parole à commenter
série n°4 : textes philosophiques, historiques, sociologiques à expliquer et à résumer sur la parole
série n°5 : textes littéraires (poésie, théâtre, dialogues de roman)

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