JAMES MATTHEW BARRIE Peter Pan
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JAMES MATTHEW BARRIE Peter Pan
XXe SIÈCLE Un conte merveilleux JAMES MATTHEW BARRIE Peter Pan (2192) I. Lecture de Peter Pan A. Qui est James Matthew Barrie ? James Matthew Barrie est un écrivain écossais, né en 1860 et mort en 1937. D’abord journaliste, il se fait ensuite romancier. Ses œuvres sont très souvent empreintes d’humour et d’ironie. Les aventures de Peter Pan prennent d’abord la forme d’un récit, Peter Pan dans les jardins de Kensington, publié en 1906, avant de paraître sous la forme d’un conte, Peter et Wendy, en 1911, puis d’être adaptées pour le théâtre en 1928, Peter Pan ou le garçon qui ne voulait pas grandir. Ce n’est qu’en 1921 que le conte fut baptisé Peter Pan et Wendy, et tout récemment Peter Pan. Ainsi, le personnage de Peter Pan, qui lui ressemble, est-il cher à James Matthew Barrie : comme son héros, ce dernier « n’a jamais su grandir » et a entretenu un rapport passionnel avec sa mère. Le conte de Peter Pan, s’il présente un personnage tout droit inspiré de la personnalité de son auteur, s’inscrit par ailleurs dans la tradition du roman anglais, notamment de Robinson Crusoé (1719) ou de L’Île au trésor (1883). 44 UN CONTE MERVEILLEUX La vie de l’écrivain intéresse aujourd’hui le cinéma : un film de Marc Forster, Neverland, est actuellement en préparation, avec Johnny Depp, Dustin Hoffmann et Kate Winslet. B. Peter Pan, un conte merveilleux Avant de commencer véritablement l’étude de l’œuvre de Peter Pan, il convient de rappeler les éléments qui caractérisent le conte merveilleux. Il s’agit d’un récit transmis essentiellement oralement, rapportant les aventures (souvent initiatiques) d’un héros, et dont le dénouement est heureux. Les événements se situent dans des lieux imprécis, tels une forêt, un palais (une île imaginaire à la route mystérieuse dans Peter Pan : « La deuxième à droite, et droit devant jusqu’au matin ! », chapitre IV). L’époque à laquelle se déroule l’action est, elle aussi, indéterminée et le lecteur doit se contenter de formulations vagues, telles « il était une fois » ou « jadis », et il est très difficile de définir l’exacte durée des choses (« Dire qu’ils en étaient si fiers, il n’y a pas si longtemps. Pas si longtemps. Mais encore ? Depuis combien de temps déjà ? » est-il noté dans Peter Pan, au chapitre IV). Les personnages, quant à eux, sont le plus souvent des « types » (des enfants, un capitaine, des Indiens, des sirènes…), et peu d’entre eux ont un nom « véritable » : – Comment t’appelles-tu ? demanda Peter. – Wendy Moira Angela Darling, répondit-elle avec une satisfaction évidente. Et toi ? – Peter Pan. Elle le savait déjà, bien sûr, mais ce nom sonnait si court en comparaison du sien. – C’est tout ? dit-elle. – C’est tout, répondit-il sèchement (chapitre III). PETER PAN 45 Enfin, le merveilleux, élément à part entière du conte, se caractérise par l’apparition de faits surprenants, extraordinaires, mais dont personne, ni les héros, ni le lecteur, ne s’étonne – ainsi en est-il du pouvoir de voler, de la présence d’une fée ou de sirènes… Dans Peter Pan, il se manifeste dans l’organisation d’un « monde à l’envers » (voir présentation de l’édition), où toutes les règles de notre société semblent se dérober, et dans ce jeu incessant du « faire semblant », qui consiste à mimer et travestir le monde des adultes et qui se révèle être un leurre dangereux. Il convient de bien faire comprendre aux élèves cette spécificité du merveilleux et de les conduire à employer la bonne terminologie pour le désigner, et non pas celle de « fantastique », dont la signification est différente. Le fantastique naît, en effet, au cœur du quotidien : un événement surprenant, souvent terrifiant, vient perturber le cours des choses. Dès lors le doute s’installe, cela s’estil ou non produit ? C. Le détournement du conte Pourtant James Matthew Barrie s’écarte des règles traditionnelles du conte et s’en détourne. Les nombreuses interventions du narrateur pourraient s’inscrire dans la perspective du conte : destiné en premier lieu aux enfants, le texte s’applique à captiver son public, à mobiliser son attention. Ici, le narrateur interpelle régulièrement le lecteur, le prend directement à parti, lui adresse des clins d’œil complices : « Si vous pouviez rester éveillés (mais c’est impossible, bien sûr), vous verriez comment s’y prend votre maman et trouveriez très intéressant de l’observer à ce moment » (chapitre I) ; « N’en doutez pas : Mme Darling examina l’ombre avec soin, mais c’était tout à fait une ombre de l’espèce commune » (chapitre II). Il s’associe intime- 46 UN CONTE MERVEILLEUX ment à son lecteur, comme le souligne parfois l’utilisation de la première personne du pluriel (« Nous allons voir ce qui arriva », chapitre X), l’accompagne dans sa lecture. Mais les interventions du narrateur peuvent également recevoir une autre interprétation : elles incitent le lecteur à se pencher sur les actes des héros et à prendre du recul devant les situations décrites. Barrie, à travers son narrateur, donne alors de véritables clés de lecture en pointant l’essentiel : « Puisque cela lui était égal, à elle, de s’en aller, il lui montrerait, lui Peter, comme il s’en battait l’œil ! En réalité, il souffrait beaucoup ; et son cœur était si plein de rancune contre les grandes personnes qui gâchent tout, comme d’habitude » (chapitre XI). Bien plus, l’auteur manie très souvent l’ironie, il tourne en dérision ses personnages : « Un grand froid leur serra le cœur. Bien fait pour eux » (chapitre XVI). Il décrit des héros qui, loin d’être parfaits, se comportent souvent de façon désagréable ou même agressive. On pense par exemple aux caprices incessants de Peter. Par ailleurs – c’est là une nouvelle preuve de son ironie –, Barrie s’amuse à mettre à mal le merveilleux du conte. Alors que chacun est prêt à accepter de rencontrer les sirènes, celles-ci se dérobent, alors que chacun s’attend à une grande complicité de Peter avec le monde animal, Peter ne comprend pas le langage de l’oiseau qui vient pourtant le sauver et se permet même à son égard quelques écarts de parole… Enfin, plus spécifiquement, Barrie ne se contente pas de faire de certains de ses héros des êtres capricieux, il introduit au sein du conte les notions de cruauté et de haine. La guerre et le sang sont particulièrement présents dans Peter Pan : l’équipage du capitaine Crochet trouve du plaisir à tuer et Clochette a pour Wendy une jalousie féroce : « [Wendy] ignorait encore que la fée lui PETER PAN 47 vouait une haine farouche, une vraie haine de femme » (chapitre IV). Barrie prend donc des distances significatives avec le conte. D. Prolongements du conte Si le nom de Barrie est aujourd’hui quasiment inconnu, il en est tout autrement de son conte et de son héros. Le conte a fait l’objet d’une adaptation en dessin animé par les studios Walt Disney en 1953. Tout récemment, en 2002, les mêmes studios ont imaginé une suite à l’histoire de Barrie, racontant les aventures de Peter Pan et de la fille de Wendy, Jane, dans Peter Pan 2, retour au Pays Imaginaire. Par ailleurs, dans le courant de l’année 2003, sortira sur les écrans des salles de cinéma le film de Paul J. Hogan avec Ludivine Sagnier dans le rôle de la fée Clochette. Le personnage de Peter Pan a, quant à lui, intéressé des psychologues, tel le docteur Dan Kiley qui a identifié un syndrome qu’il appelle le « syndrome Peter Pan » et a consacré un livre à ce sujet. Il y décrit un trouble du comportement social, uniquement masculin, et qui, selon lui, tend à se développer à notre époque. Voici, condensée, la description qu’il livre de l’individu « atteint » du syndrome : « Homme de par son âge, c’est un enfant par ses actes 1. » C’est un « homme enfant » qui, tout comme Peter Pan, refuse de grandir : « Je ne veux jamais devenir un homme. […] Je veux toujours rester un petit garçon et m’amuser » ; « Je ne veux pas devenir un homme ! », s’exclame Peter aux chapitres III et XVII. Au chapitre XV, Peter Pan indique encore : « Je suis la jeunesse, je suis la joie. » Le docteur Kiley pré1. Dan Kiley, Le Syndrome de Peter Pan, Odile Jacob, « Poches », 1996, p. 17. 48 UN CONTE MERVEILLEUX sente cette manifestation d’un refus de grandir comme un leurre qui dissimule une réelle souffrance : « Ni malade mental, ni inadapté, il n’en est pas moins profondément triste. La vie n’est pour lui que perte de temps. Il tente par tous les moyens de dissimuler sa tristesse sous un air de gaieté et d’insouciance, supercherie qui marche souvent, pendant quelque temps du moins 1. » Il met en outre en évidence les difficultés relationnelles que rencontre ce type d’individu, ce qu’illustre parfaitement la relation ambiguë de Peter et de Wendy : « L’homme désire votre amour, l’enfant, votre pitié. L’homme brûle d’être proche de vous, l’enfant a peur d’être touché 2 » ; « Peter veut que les filles agissent en mère à son égard. Seules le préoccupent l’acceptation et l’approbation maternelles. Sa dépendance infantile inhibe le développement de toute relation adulte. Il ne pense qu’à une chose et si les filles ne peuvent pas penser comme lui, qu’elles passent alors leur chemin 3 ! » II. Proposition de séquence L’étude de Peter Pan répond aux instructions officielles de la classe de sixième qui prescrivent l’étude du genre narratif et celle d’un conte ou d’un récit merveilleux. On peut demander aux élèves de lire le texte avant la séquence et de remplir un questionnaire pour vérifier la connaissance et la compréhension de l’œuvre (voir le dossier de l’édition) ou bien étaler la lecture sur l’ensemble des séances qui lui sont consacrées. On privilégiera plutôt la première approche si l’on choisit de faire travailler les élèves sur le schéma narratif dès le début de la séquence. Par ailleurs, l’étude de textes doit permettre l’acquisi1. Dan Kiley, op. cit., p. 18. 2. Ibid., p 17. 3. Ibid., p. 121. PETER PAN 49 tion de certains réflexes : les élèves doivent prendre l’habitude de justifier leurs réponses par des citations précises du texte, bien introduites et entre guillemets. On se montrera particulièrement vigilant sur ces points qui permettent aux élèves de se familiariser avec la méthode de l’étude de texte et sont utiles dans d’autres matières (en particulier en histoire). L’étude de Peter Pan s’organisera essentiellement autour : – des caractéristiques du conte et du merveilleux, – des caractéristiques principales des héros, – des éléments du genre narratif : schéma narratif et valeurs des temps de l’imparfait et du passé simple. Nous proposons un déroulement de l’étude axé autour des points suivants : 1. Introduction au conte et au merveilleux 2. La découverte du livre 3. Le schéma narratif 4. L’arrivée de Peter Pan 5. « Le voyage dans les airs » 6. Wendy, une nouvelle mère 7. Le combat avec le capitaine Crochet 8. Les temps du récit et leurs valeurs 9. Travail sur l’adaptation du texte 10. Évaluation Séance n° 1 : introduction au conte et au merveilleux Objectifs → Définir précisément les mots « conte » et « merveilleux ». → Construire un tableau synthétisant les caractéristiques du conte. • Définir précisément les mots « conte » et « merveilleux » On peut demander aux élèves de citer les contes qu’ils connaissent (il s’agit le plus souvent de ceux de Perrault, de Grimm ou d’Andersen), les amener à pré- 50 UN CONTE MERVEILLEUX ciser les différentes caractéristiques du genre et à donner une définition du merveilleux (voir ci-dessus, « Peter Pan, un conte merveilleux »). • Construire un tableau synthétisant les caractéristiques du conte On peut proposer aux élèves de reproduire le tableau suivant et de le compléter en s’aidant des réponses qu’ils ont données dans l’exercice précédent. Ce tableau synthétise les caractéristiques des contes, en se référant tout particulièrement à Peter Pan. Il pourra être complété au fur et à mesure de l’étude. Textes Lieux Peter Pan Citations (uniquement pour Peter Pan) « le pays de l’Imaginaire », « l’île aux enfants » Blanche-Neige (Grimm) Époque Personnages Éléments merveilleux Séance n° 2 : la découverte du livre Objectifs → Connaître l’objet livre. → Vocabulaire : définir précisément les mots « auteur », « narrateur » et « héros ». • Connaître l’objet livre On demandera aux élèves de repérer le titre de l’œuvre, le nom de l’auteur, l’éditeur, la collection, l’année de publication. On les aidera à concevoir la chaîne du livre (depuis l’auteur jusqu’au lecteur, en passant par l’éditeur). On leur demandera d’observer l’illustration de la première de couverture et le résumé de la quatrième : PETER PAN 51 quelles informations délivrent ces éléments ? Quel est leur rôle ? On pourra inviter les élèves à imaginer d’autres illustrations et résumés. • Vocabulaire : définir précisément les mots « auteur », « narrateur » et « héros » L’étude de Peter Pan permet de définir avec précision les termes « auteur », « narrateur » et « héros ». Les élèves connaissent le plus souvent ces trois mots mais ne les utilisent pas toujours à bon escient. Il s’agit donc ici simplement de les inviter à s’exprimer avec précision et de leur faire comprendre que tous les mots ne sont pas équivalents. Les nombreuses interventions du narrateur dans Peter Pan permettent de repérer facilement son rôle (voir cidessus, « Le détournement du conte »). Séance n° 3 : le schéma narratif Objectifs → Connaître le schéma narratif. → Restituer le schéma narratif de Peter Pan. • Connaître le schéma narratif On peut demander aux élèves de réfléchir sur ces deux mots, « schéma » et « narratif », et les inviter à en donner une définition. Avec eux, on identifie ensuite les différentes étapes du récit. La recherche des désignations précises « situation initiale », « élément perturbateur », « péripéties », « élément de résolution » et « situation finale » peut donner lieu à un travail sur le vocabulaire (recherche de synonymes, d’antonymes, etc.). 52 UN CONTE MERVEILLEUX • Restituer le schéma narratif de Peter Pan Pour mettre en application ces nouvelles connaissances, on peut, dans un premier temps, choisir de faire travailler les élèves sur un texte plus court, un conte de Perrault par exemple, et, dans un second temps, essayer de reconstituer avec eux le schéma narratif de Peter Pan. On pourra l’organiser sous forme de tableau : Étapes du schéma narratif Situation initiale Le schéma narratif de Peter Pan Les trois enfants vivent tranquillement auprès de leurs parents. Élément perturbateur La venue de Peter Pan qui les emmène avec lui dans son monde. Péripéties L’ensemble de leurs aventures dans l’île imaginaire (on peut choisir ou de non de retrouver chacune précisément). Élément de résolution L’histoire de Wendy à laquelle Peter assiste exceptionnellement. Situation finale Les enfants retrouvent la maison familiale. Séance n° 4 : l’arrivée de Peter Pan Objectifs → Reconnaître le merveilleux. → Découvrir les caractéristiques du héros. → Réfléchir sur les valeurs des temps du récit. Support → Du début du chapitre III à « on surestimait l’importance de ces créatures ». • Reconnaître le merveilleux On rappelle la définition du merveilleux et on demande ensuite aux élèves quelles en sont les manifestations dans Peter Pan : l’apparition de Clochette sous forme de lumière, « le pollen des fées », sa taille (elle est tombée dans un « broc de toilette »), sa langue, celle des fées (semblable à un tintement) ; l’entrée de Peter par la fenêtre en volant, son ombre, qui est dissociée de lui, son nom et son adresse. PETER PAN 53 On invite ensuite les élèves à repérer les éléments qui donnent au merveilleux un caractère de normalité ; on leur demande notamment de montrer que tout ce qui arrive semble parfaitement naturel à Wendy. Le texte indique en effet que « la vue d’un inconnu pleurant sur le plancher, loin de lui causer la moindre frayeur, l’intéressa vivement ». Elle manifeste de l’intérêt mais aucune surprise, aucune perception de l’absurde, de l’impossible. Et, lorsqu’elle s’étonne, elle ne semble pas arrêtée bien longtemps par les réponses de Peter. • Découvrir les caractéristiques du héros On peut rappeler aux élèves ce qu’est un héros et leur demander de relever, dès cette première apparition de Peter Pan, ses principales caractéristiques, lesquelles se vérifient tout au long de l’œuvre. C’est un « garçon merveilleux », comme il se définira lui-même devant le capitaine Crochet : il vole, parle aux fées, etc. ; c’est un enfant solitaire, qui n’a pas de mère, ce qui explique souvent ses réactions ; il est tout en contradictions, se comporte comme un petit enfant – « frissonnant de tout son corps, il s’assit par terre et fondit en larmes » – et, l’instant d’après, se montre fier, rempli de certitude et d’assurance – « il fit une superbe révérence », « dit-il méprisant ». • Réfléchir sur les valeurs des temps du récit On peut choisir deux passages du texte, l’un descriptif, l’autre narratif, et demander aux élèves la différence qu’ils perçoivent entre les deux. Ils devront ainsi distinguer l’imparfait, qui sert la description – « Cette fille-fée […] était vêtue d’une feuille taillée très court, ce qui avantageait sa gracieuse silhouette » –, et le passé simple, qui sert la narration – « La fenêtre s’ouvrit tout grand, poussée par le souffle des étoiles, et Peter fit son entrée ». 54 UN CONTE MERVEILLEUX Séance n° 5 : « Le voyage dans les airs » Objectifs → Reconnaître les éléments du conte et le merveilleux. → Découvrir les caractéristiques de l’île. → Réfléchir sur les valeurs des temps du récit. Support → Du début du chapitre IV à « tantôt étouffant », puis de « Après un voyage follement gai » à « ils étaient si bien renseignés sur l’île ! ». • Reconnaître les éléments du conte et le merveilleux On peut demander aux élèves de rappeler les différentes caractéristiques du conte, notamment du merveilleux, puis leur demander d’en rechercher les manifestations. Ils noteront en particulier l’indétermination du temps et du lieu. – Le temps : « Dire qu’ils en étaient si fiers, il n’y a pas si longtemps. Pas si longtemps. Mais encore ? Depuis combien de temps déjà ? » – Le lieu : « La deuxième à droite, et droit devant jusqu’au matin ! », « le pays de l’Imaginaire », « l’île », « la Rivière Mystérieuse ». – Le merveilleux : « l’île était allée à leur rencontre et les cherchait ». • Découvrir les caractéristiques de l’île Quel est le nom de l’île ? Le « pays de l’Imaginaire », l’« île aux enfants ». Il s’agit d’inviter les élèves à s’interroger sur la signification de ces noms : qu’évoquent-ils ? En quoi peut-on dire que cette île est effectivement l’« île aux enfants » ? Elle apparaît immédiatement familière aux enfants : « Si curieux que cela paraisse, ils la reconnurent aussitôt », « un ami intime chez qui l’on PETER PAN 55 retourne régulièrement passer ses vacances », « ils étaient si bien renseignés sur l’île ». Quels éléments du dialogue le prouvent tout particulièrement ? Les enfants retrouvent leurs propres jeux comme le montre l’utilisation de l’adjectif possessif : « ta lagune », « ton flamant rose », « ta grotte », « mon bateau »… On demande ensuite aux élèves d’identifier les sentiments des héros à ce moment de l’histoire. Que signifient les nombreux points d’exclamation ? Enfin, on peut envisager de faire dessiner « l’île aux enfants » à partir des différentes informations fournies par le texte, ou demander d’effectuer le relevé de toutes les indications qui concernent l’île sur une partie du texte plus longue. • Réfléchir sur les valeurs des temps du récit Quelles sont les valeurs de l’imparfait et du passé simple ? Le passé simple est employé pour une action limitée dans le temps – « ils la reconnurent aussitôt » – et l’imparfait l’est davantage pour ce qui s’inscrit dans la durée – « Peter se sentait un peu frustré ». Séance n° 6 : Wendy, une nouvelle mère Objectifs → Comprendre la raison pour laquelle Peter a emmené Wendy sur l’île. → Préciser les caractéristiques de Wendy. Support → Chapitre VI, de « La porte s’ouvrit » à « raconter la fin de Cendrillon ». • Comprendre la raison pour laquelle Peter a emmené Wendy sur l’île Comment les enfants considèrent-ils Wendy alors qu’elle n’est qu’une toute petite fille ? Ils emploient le 56 UN CONTE MERVEILLEUX terme « dame ». Wendy se distingue donc des autres enfants ; elle est « élevée » au rang d’adulte. Quelle demande les enfants font-ils presque immédiatement à Wendy ? Justifiez votre réponse par une citation du texte. « C’est pour vous que nous avons bâti cette maison », « nous sommes vos enfants », « soyez notre mère à tous ». Les enfants ont uniquement besoin de quelqu’un qui s’occupe d’eux, « qui ait l’air maternel ». C’est la raison pour laquelle Peter Pan a invité Wendy dans son monde. • Préciser les caractéristiques de Wendy Comment Wendy reçoit-elle cette demande ? Relevez avec précision les mots ou les indices qui montrent sa réaction. Elle est « rayonnante », juge la « prière » des enfants « affreusement tentant [e] ». Les points d’exclamation témoignent de son enthousiasme et de sa joie. Quelle attitude adopte alors Wendy ? Elle prend son rôle très au sérieux et se comporte immédiatement comme elle pense qu’une mère doit le faire. Elle se place au-dessus de tout ce petit monde, prête à régner sur son royaume : « Allons, vilains garçons, entrez tout de suite dans la maison. Je suis sûre que vos pieds sont trempés. » Elle se montre aussi protectrice et douce : « J’aurai tout juste le temps de vous raconter la fin de Cendrillon. » Séance n° 7 : le combat avec le capitaine Crochet Objectifs → Montrer qu’il s’agit d’une scène de combat classique et s’interroger sur la place du merveilleux dans ce passage. → Repérer la progression du combat. → Réfléchir sur les valeurs des temps du récit. Support → Chapitre XV, de « Levez vos épées, les gars ! » à « Crochet se sentit perdu ». 57 PETER PAN • Montrer qu’il s’agit d’une scène de combat classique et s’interroger sur la place du merveilleux Relevez le champ lexical du combat. S’agit-il du premier combat entre Peter et le capitaine Crochet ? Ils se sont déjà affrontés au chapitre VIII. Quelle est la place du merveilleux dans cette scène ? Il ne se manifeste quasiment pas dans ce passage. Cette scène est une scène de combat classique digne des romans de cape et d’épée. Sans intervention ou presque du merveilleux, les personnages sont au même niveau, aucun d’eux n’est avantagé a priori et le combat, plus équitable, a donc plus d’intérêt. • Repérer la progression du combat Relevez dans un tableau tous les passages qui concernent les « actions » de Peter Pan et du capitaine Crochet : Peter Pan Le capitaine Crochet « son étrange sourire » « magnifique escrimeur » « parait les coups avec une rapidité foudroyante » « il feintait, puis allongeait une botte qui surprenait la défense adverse » « geste sublime » « Mais Peter voltigeait autour de lui, comme si le vent des épées fendant l’air le chassait hors de la zone de danger. Et il pointait, piquait, sans trêve » « Crochet frissonnait légèrement » « aussi brillant sinon aussi preste dans le jeu du poignet » « un coup décisif qui transperça le capitaine entre les côtes. À la vue de son propre sang […] l’épée tomba de sa main » « Crochet se sentit perdu » Que constate-t-on ? On remarque que le capitaine Crochet s’affaiblit au fur et à mesure de l’affrontement alors que la confiance et la vivacité de Peter Pan ne cessent de s’accroître. Cela permet d’appréhender l’issue du combat. 58 UN CONTE MERVEILLEUX • Réfléchir sur les valeurs des temps du récit On remarquera l’emploi du passé simple pour exprimer la succession d’actions limitées dans le temps – « Peter esquiva, se faufila […] et allongea un coup décisif ». Séance n° 8 : les temps du récit et leurs valeurs Objectifs → Revoir les conjugaisons de l’imparfait et du passé simple. → Connaître les principales valeurs de ces deux temps. • Revoir les conjugaisons de l’imparfait et du passé simple Il est bien de procéder à un rapide rappel des conjugaisons à l’imparfait et au passé simple. • Connaître les principales valeurs de ces deux temps Ce travail a été préparé tout au long de l’étude. On choisit différents passages de l’histoire (on peut évidemment s’appuyer sur ceux délimités pour les exercices précédents) et l’on interroge les élèves sur les valeurs des deux temps principalement utilisés : l’imparfait et le passé simple. Afin de synthétiser les remarques des séances précédentes, on demande aux élèves de compléter le tableau suivant : Imparfait Passé simple 1. Description Ex. : 1. Narration Ex. : 2. Durée Ex. : 2. Action limitée dans le temps Ex. : 3. Habitude Ex. : 3. Action unique Ex. : 4. Actions simultanées Ex. : 4. Actions successives Ex. : PETER PAN 59 On propose ensuite aux élèves différents exercices d’application, choisis dans un livre de grammaire ou élaborés à partir du texte de Peter Pan. Cette séance peut s’achever sur un exercice de rédaction pour s’assurer de l’acquisition de ces nouvelles connaissances. Séance n° 9 : travail sur l’adaptation du texte Objectif → Réfléchir au travail d’adaptation, à ses conditions et à ses difficultés. On peut visionner une adaptation cinématographique de Peter Pan et demander aux élèves de commenter les choix qui ont été faits. Le visionnage peut également être l’occasion d’une discussion entre les élèves : préfèrent-ils voir un film (ou un dessin animé) avant ou après avoir lu le livre dont il est tiré ? Beaucoup d’entre eux auront pu répondre à cette question, sans même s’en rendre compte, avec l’adapation au cinéma de Harry Potter par exemple. Séance n° 10 : évaluation Objectif → Évaluer les connaissances acquises au cours de la séquence. On peut donner aux élèves un texte court et leur demander d’en établir le schéma narratif. On peut également leur proposer plusieurs sujets de rédaction, par exemple : « Racontez la rencontre des enfants avec les sirènes ou le capitaine Crochet » – la consigne étant de faire un récit au passé, en employant à bon escient l’imparfait et le passé simple. Enfin, il est envisageable de prévoir une interrogation sur les conjugaisons de l’imparfait et du passé simple et sur les valeurs de ces temps. 60 UN CONTE MERVEILLEUX III. Orientations bibliographiques Deux interprétations du conte Dan KILEY, Le Syndrome de Peter Pan, Odile Jacob, « Poches », 1996. Kathleen KELLEY-LAINÉ, Peter Pan ou l’Enfant triste, Pocket, 1995. Filmographie Peter Pan, Walt Disney, 1953. Peter Pan 2, retour au Pays Imaginaire, Walt Disney, 2002. En préparation : un film consacré à James Matthew Barrie et une adaptation des aventures de Peter Pan (voir ci-dessus). Sophie SALLANDROUZE.