JAMES MATTHEW BARRIE Peter Pan

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JAMES MATTHEW BARRIE Peter Pan
XXe SIÈCLE
Un conte merveilleux
JAMES MATTHEW BARRIE
Peter Pan
(2192)
I. Lecture de Peter Pan
A. Qui est James Matthew Barrie ?
James Matthew Barrie est un écrivain écossais, né en
1860 et mort en 1937. D’abord journaliste, il se fait
ensuite romancier. Ses œuvres sont très souvent empreintes d’humour et d’ironie. Les aventures de Peter
Pan prennent d’abord la forme d’un récit, Peter Pan dans
les jardins de Kensington, publié en 1906, avant de paraître
sous la forme d’un conte, Peter et Wendy, en 1911, puis
d’être adaptées pour le théâtre en 1928, Peter Pan ou le
garçon qui ne voulait pas grandir. Ce n’est qu’en 1921 que
le conte fut baptisé Peter Pan et Wendy, et tout récemment
Peter Pan. Ainsi, le personnage de Peter Pan, qui lui ressemble, est-il cher à James Matthew Barrie : comme son
héros, ce dernier « n’a jamais su grandir » et a entretenu
un rapport passionnel avec sa mère. Le conte de Peter
Pan, s’il présente un personnage tout droit inspiré de la
personnalité de son auteur, s’inscrit par ailleurs dans la
tradition du roman anglais, notamment de Robinson
Crusoé (1719) ou de L’Île au trésor (1883).
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UN CONTE MERVEILLEUX
La vie de l’écrivain intéresse aujourd’hui le cinéma :
un film de Marc Forster, Neverland, est actuellement en
préparation, avec Johnny Depp, Dustin Hoffmann et
Kate Winslet.
B. Peter Pan, un conte merveilleux
Avant de commencer véritablement l’étude de l’œuvre
de Peter Pan, il convient de rappeler les éléments qui
caractérisent le conte merveilleux.
Il s’agit d’un récit transmis essentiellement oralement, rapportant les aventures (souvent initiatiques)
d’un héros, et dont le dénouement est heureux.
Les événements se situent dans des lieux imprécis,
tels une forêt, un palais (une île imaginaire à la route
mystérieuse dans Peter Pan : « La deuxième à droite, et
droit devant jusqu’au matin ! », chapitre IV). L’époque à
laquelle se déroule l’action est, elle aussi, indéterminée
et le lecteur doit se contenter de formulations vagues,
telles « il était une fois » ou « jadis », et il est très difficile
de définir l’exacte durée des choses (« Dire qu’ils en
étaient si fiers, il n’y a pas si longtemps. Pas si longtemps.
Mais encore ? Depuis combien de temps déjà ? » est-il
noté dans Peter Pan, au chapitre IV). Les personnages,
quant à eux, sont le plus souvent des « types » (des
enfants, un capitaine, des Indiens, des sirènes…), et peu
d’entre eux ont un nom « véritable » :
– Comment t’appelles-tu ? demanda Peter.
– Wendy Moira Angela Darling, répondit-elle avec une
satisfaction évidente. Et toi ?
– Peter Pan.
Elle le savait déjà, bien sûr, mais ce nom sonnait si court
en comparaison du sien.
– C’est tout ? dit-elle.
– C’est tout, répondit-il sèchement (chapitre III).
PETER PAN
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Enfin, le merveilleux, élément à part entière du
conte, se caractérise par l’apparition de faits surprenants, extraordinaires, mais dont personne, ni les héros,
ni le lecteur, ne s’étonne – ainsi en est-il du pouvoir de
voler, de la présence d’une fée ou de sirènes… Dans Peter
Pan, il se manifeste dans l’organisation d’un « monde à
l’envers » (voir présentation de l’édition), où toutes les
règles de notre société semblent se dérober, et dans ce
jeu incessant du « faire semblant », qui consiste à mimer
et travestir le monde des adultes et qui se révèle être un
leurre dangereux.
Il convient de bien faire comprendre aux élèves cette
spécificité du merveilleux et de les conduire à employer
la bonne terminologie pour le désigner, et non pas celle
de « fantastique », dont la signification est différente. Le
fantastique naît, en effet, au cœur du quotidien : un événement surprenant, souvent terrifiant, vient perturber
le cours des choses. Dès lors le doute s’installe, cela s’estil ou non produit ?
C. Le détournement du conte
Pourtant James Matthew Barrie s’écarte des règles traditionnelles du conte et s’en détourne.
Les nombreuses interventions du narrateur pourraient s’inscrire dans la perspective du conte : destiné en
premier lieu aux enfants, le texte s’applique à captiver
son public, à mobiliser son attention. Ici, le narrateur
interpelle régulièrement le lecteur, le prend directement à parti, lui adresse des clins d’œil complices : « Si
vous pouviez rester éveillés (mais c’est impossible, bien
sûr), vous verriez comment s’y prend votre maman et
trouveriez très intéressant de l’observer à ce moment »
(chapitre I) ; « N’en doutez pas : Mme Darling examina
l’ombre avec soin, mais c’était tout à fait une ombre de
l’espèce commune » (chapitre II). Il s’associe intime-
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UN CONTE MERVEILLEUX
ment à son lecteur, comme le souligne parfois l’utilisation de la première personne du pluriel (« Nous allons
voir ce qui arriva », chapitre X), l’accompagne dans sa
lecture.
Mais les interventions du narrateur peuvent également recevoir une autre interprétation : elles incitent
le lecteur à se pencher sur les actes des héros et à
prendre du recul devant les situations décrites. Barrie, à
travers son narrateur, donne alors de véritables clés de
lecture en pointant l’essentiel : « Puisque cela lui était
égal, à elle, de s’en aller, il lui montrerait, lui Peter,
comme il s’en battait l’œil ! En réalité, il souffrait beaucoup ; et son cœur était si plein de rancune contre les
grandes personnes qui gâchent tout, comme d’habitude » (chapitre XI).
Bien plus, l’auteur manie très souvent l’ironie, il
tourne en dérision ses personnages : « Un grand froid
leur serra le cœur. Bien fait pour eux » (chapitre XVI). Il
décrit des héros qui, loin d’être parfaits, se comportent
souvent de façon désagréable ou même agressive. On
pense par exemple aux caprices incessants de Peter. Par
ailleurs – c’est là une nouvelle preuve de son ironie –,
Barrie s’amuse à mettre à mal le merveilleux du conte.
Alors que chacun est prêt à accepter de rencontrer les
sirènes, celles-ci se dérobent, alors que chacun s’attend
à une grande complicité de Peter avec le monde animal,
Peter ne comprend pas le langage de l’oiseau qui vient
pourtant le sauver et se permet même à son égard
quelques écarts de parole…
Enfin, plus spécifiquement, Barrie ne se contente pas
de faire de certains de ses héros des êtres capricieux, il
introduit au sein du conte les notions de cruauté et de
haine. La guerre et le sang sont particulièrement présents dans Peter Pan : l’équipage du capitaine Crochet
trouve du plaisir à tuer et Clochette a pour Wendy une
jalousie féroce : « [Wendy] ignorait encore que la fée lui
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vouait une haine farouche, une vraie haine de femme »
(chapitre IV). Barrie prend donc des distances significatives avec le conte.
D. Prolongements du conte
Si le nom de Barrie est aujourd’hui quasiment
inconnu, il en est tout autrement de son conte et de son
héros.
Le conte a fait l’objet d’une adaptation en dessin
animé par les studios Walt Disney en 1953. Tout récemment, en 2002, les mêmes studios ont imaginé une suite
à l’histoire de Barrie, racontant les aventures de Peter
Pan et de la fille de Wendy, Jane, dans Peter Pan 2, retour
au Pays Imaginaire. Par ailleurs, dans le courant de
l’année 2003, sortira sur les écrans des salles de cinéma
le film de Paul J. Hogan avec Ludivine Sagnier dans le
rôle de la fée Clochette.
Le personnage de Peter Pan a, quant à lui, intéressé
des psychologues, tel le docteur Dan Kiley qui a identifié
un syndrome qu’il appelle le « syndrome Peter Pan » et
a consacré un livre à ce sujet. Il y décrit un trouble du
comportement social, uniquement masculin, et qui,
selon lui, tend à se développer à notre époque. Voici,
condensée, la description qu’il livre de l’individu
« atteint » du syndrome : « Homme de par son âge, c’est
un enfant par ses actes 1. » C’est un « homme enfant »
qui, tout comme Peter Pan, refuse de grandir : « Je ne
veux jamais devenir un homme. […] Je veux toujours
rester un petit garçon et m’amuser » ; « Je ne veux pas
devenir un homme ! », s’exclame Peter aux chapitres III
et XVII. Au chapitre XV, Peter Pan indique encore : « Je
suis la jeunesse, je suis la joie. » Le docteur Kiley pré1. Dan Kiley, Le Syndrome de Peter Pan, Odile Jacob, « Poches », 1996,
p. 17.
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UN CONTE MERVEILLEUX
sente cette manifestation d’un refus de grandir comme
un leurre qui dissimule une réelle souffrance : « Ni
malade mental, ni inadapté, il n’en est pas moins profondément triste. La vie n’est pour lui que perte de
temps. Il tente par tous les moyens de dissimuler sa
tristesse sous un air de gaieté et d’insouciance, supercherie qui marche souvent, pendant quelque temps du
moins 1. » Il met en outre en évidence les difficultés
relationnelles que rencontre ce type d’individu, ce
qu’illustre parfaitement la relation ambiguë de Peter et
de Wendy : « L’homme désire votre amour, l’enfant,
votre pitié. L’homme brûle d’être proche de vous,
l’enfant a peur d’être touché 2 » ; « Peter veut que les
filles agissent en mère à son égard. Seules le préoccupent l’acceptation et l’approbation maternelles. Sa
dépendance infantile inhibe le développement de toute
relation adulte. Il ne pense qu’à une chose et si les filles
ne peuvent pas penser comme lui, qu’elles passent alors
leur chemin 3 ! »
II. Proposition de séquence
L’étude de Peter Pan répond aux instructions officielles de la
classe de sixième qui prescrivent l’étude du genre narratif et celle
d’un conte ou d’un récit merveilleux.
On peut demander aux élèves de lire le texte avant la séquence
et de remplir un questionnaire pour vérifier la connaissance et la
compréhension de l’œuvre (voir le dossier de l’édition) ou bien
étaler la lecture sur l’ensemble des séances qui lui sont consacrées. On privilégiera plutôt la première approche si l’on choisit
de faire travailler les élèves sur le schéma narratif dès le début de
la séquence. Par ailleurs, l’étude de textes doit permettre l’acquisi1. Dan Kiley, op. cit., p. 18.
2. Ibid., p 17.
3. Ibid., p. 121.
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tion de certains réflexes : les élèves doivent prendre l’habitude de
justifier leurs réponses par des citations précises du texte, bien
introduites et entre guillemets. On se montrera particulièrement
vigilant sur ces points qui permettent aux élèves de se familiariser
avec la méthode de l’étude de texte et sont utiles dans d’autres
matières (en particulier en histoire).
L’étude de Peter Pan s’organisera essentiellement autour :
– des caractéristiques du conte et du merveilleux,
– des caractéristiques principales des héros,
– des éléments du genre narratif : schéma narratif et valeurs
des temps de l’imparfait et du passé simple.
Nous proposons un déroulement de l’étude axé autour des
points suivants :
1. Introduction au conte et au merveilleux
2. La découverte du livre
3. Le schéma narratif
4. L’arrivée de Peter Pan
5. « Le voyage dans les airs »
6. Wendy, une nouvelle mère
7. Le combat avec le capitaine Crochet
8. Les temps du récit et leurs valeurs
9. Travail sur l’adaptation du texte
10. Évaluation
Séance n° 1 : introduction au conte et au merveilleux
Objectifs → Définir précisément les mots « conte » et
« merveilleux ».
→ Construire un tableau synthétisant les
caractéristiques du conte.
• Définir précisément les mots « conte »
et « merveilleux »
On peut demander aux élèves de citer les contes
qu’ils connaissent (il s’agit le plus souvent de ceux de
Perrault, de Grimm ou d’Andersen), les amener à pré-
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UN CONTE MERVEILLEUX
ciser les différentes caractéristiques du genre et à
donner une définition du merveilleux (voir ci-dessus,
« Peter Pan, un conte merveilleux »).
• Construire un tableau
synthétisant les caractéristiques du conte
On peut proposer aux élèves de reproduire le tableau
suivant et de le compléter en s’aidant des réponses qu’ils
ont données dans l’exercice précédent. Ce tableau synthétise les caractéristiques des contes, en se référant tout
particulièrement à Peter Pan. Il pourra être complété au
fur et à mesure de l’étude.
Textes
Lieux
Peter Pan
Citations
(uniquement pour Peter Pan)
« le pays de l’Imaginaire »,
« l’île aux enfants »
Blanche-Neige (Grimm)
Époque
Personnages
Éléments merveilleux
Séance n° 2 : la découverte du livre
Objectifs → Connaître l’objet livre.
→ Vocabulaire : définir précisément les mots
« auteur », « narrateur » et « héros ».
• Connaître l’objet livre
On demandera aux élèves de repérer le titre de
l’œuvre, le nom de l’auteur, l’éditeur, la collection,
l’année de publication. On les aidera à concevoir la
chaîne du livre (depuis l’auteur jusqu’au lecteur, en passant par l’éditeur).
On leur demandera d’observer l’illustration de la première de couverture et le résumé de la quatrième :
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quelles informations délivrent ces éléments ? Quel est
leur rôle ?
On pourra inviter les élèves à imaginer d’autres illustrations et résumés.
• Vocabulaire : définir précisément les mots « auteur »,
« narrateur » et « héros »
L’étude de Peter Pan permet de définir avec précision
les termes « auteur », « narrateur » et « héros ». Les
élèves connaissent le plus souvent ces trois mots mais ne
les utilisent pas toujours à bon escient. Il s’agit donc ici
simplement de les inviter à s’exprimer avec précision et
de leur faire comprendre que tous les mots ne sont pas
équivalents.
Les nombreuses interventions du narrateur dans Peter
Pan permettent de repérer facilement son rôle (voir cidessus, « Le détournement du conte »).
Séance n° 3 : le schéma narratif
Objectifs → Connaître le schéma narratif.
→ Restituer le schéma narratif de Peter Pan.
• Connaître le schéma narratif
On peut demander aux élèves de réfléchir sur ces
deux mots, « schéma » et « narratif », et les inviter à en
donner une définition.
Avec eux, on identifie ensuite les différentes étapes
du récit.
La recherche des désignations précises « situation
initiale », « élément perturbateur », « péripéties », « élément de résolution » et « situation finale » peut donner
lieu à un travail sur le vocabulaire (recherche de synonymes, d’antonymes, etc.).
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UN CONTE MERVEILLEUX
• Restituer le schéma narratif de Peter Pan
Pour mettre en application ces nouvelles connaissances, on peut, dans un premier temps, choisir de faire
travailler les élèves sur un texte plus court, un conte de
Perrault par exemple, et, dans un second temps, essayer
de reconstituer avec eux le schéma narratif de Peter Pan.
On pourra l’organiser sous forme de tableau :
Étapes
du schéma narratif
Situation initiale
Le schéma narratif de Peter Pan
Les trois enfants vivent tranquillement auprès de leurs
parents.
Élément perturbateur La venue de Peter Pan qui les emmène avec lui dans son
monde.
Péripéties
L’ensemble de leurs aventures dans l’île imaginaire (on
peut choisir ou de non de retrouver chacune précisément).
Élément de résolution L’histoire de Wendy à laquelle Peter assiste exceptionnellement.
Situation finale
Les enfants retrouvent la maison familiale.
Séance n° 4 : l’arrivée de Peter Pan
Objectifs → Reconnaître le merveilleux.
→ Découvrir les caractéristiques du héros.
→ Réfléchir sur les valeurs des temps du récit.
Support → Du début du chapitre III à « on surestimait
l’importance de ces créatures ».
• Reconnaître le merveilleux
On rappelle la définition du merveilleux et on
demande ensuite aux élèves quelles en sont les manifestations dans Peter Pan : l’apparition de Clochette sous
forme de lumière, « le pollen des fées », sa taille (elle est
tombée dans un « broc de toilette »), sa langue, celle des
fées (semblable à un tintement) ; l’entrée de Peter par
la fenêtre en volant, son ombre, qui est dissociée de lui,
son nom et son adresse.
PETER PAN
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On invite ensuite les élèves à repérer les éléments qui
donnent au merveilleux un caractère de normalité ; on
leur demande notamment de montrer que tout ce qui
arrive semble parfaitement naturel à Wendy. Le texte
indique en effet que « la vue d’un inconnu pleurant sur
le plancher, loin de lui causer la moindre frayeur, l’intéressa vivement ». Elle manifeste de l’intérêt mais aucune
surprise, aucune perception de l’absurde, de l’impossible. Et, lorsqu’elle s’étonne, elle ne semble pas arrêtée
bien longtemps par les réponses de Peter.
• Découvrir les caractéristiques du héros
On peut rappeler aux élèves ce qu’est un héros et leur
demander de relever, dès cette première apparition de
Peter Pan, ses principales caractéristiques, lesquelles se
vérifient tout au long de l’œuvre. C’est un « garçon
merveilleux », comme il se définira lui-même devant le
capitaine Crochet : il vole, parle aux fées, etc. ; c’est un
enfant solitaire, qui n’a pas de mère, ce qui explique
souvent ses réactions ; il est tout en contradictions, se
comporte comme un petit enfant – « frissonnant de tout
son corps, il s’assit par terre et fondit en larmes » – et,
l’instant d’après, se montre fier, rempli de certitude et
d’assurance – « il fit une superbe révérence », « dit-il
méprisant ».
• Réfléchir sur les valeurs des temps du récit
On peut choisir deux passages du texte, l’un descriptif, l’autre narratif, et demander aux élèves la différence qu’ils perçoivent entre les deux. Ils devront ainsi
distinguer l’imparfait, qui sert la description – « Cette
fille-fée […] était vêtue d’une feuille taillée très court, ce
qui avantageait sa gracieuse silhouette » –, et le passé
simple, qui sert la narration – « La fenêtre s’ouvrit tout
grand, poussée par le souffle des étoiles, et Peter fit son
entrée ».
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UN CONTE MERVEILLEUX
Séance n° 5 : « Le voyage dans les airs »
Objectifs → Reconnaître les éléments du conte et le
merveilleux.
→ Découvrir les caractéristiques de l’île.
→ Réfléchir sur les valeurs des temps du récit.
Support → Du début du chapitre IV à « tantôt étouffant », puis de « Après un voyage follement gai » à « ils étaient si bien renseignés
sur l’île ! ».
• Reconnaître les éléments du conte et le merveilleux
On peut demander aux élèves de rappeler les différentes caractéristiques du conte, notamment du merveilleux, puis leur demander d’en rechercher les manifestations. Ils noteront en particulier l’indétermination
du temps et du lieu.
– Le temps : « Dire qu’ils en étaient si fiers, il n’y a pas
si longtemps. Pas si longtemps. Mais encore ? Depuis
combien de temps déjà ? »
– Le lieu : « La deuxième à droite, et droit devant
jusqu’au matin ! », « le pays de l’Imaginaire », « l’île »,
« la Rivière Mystérieuse ».
– Le merveilleux : « l’île était allée à leur rencontre et
les cherchait ».
• Découvrir les caractéristiques de l’île
Quel est le nom de l’île ? Le « pays de l’Imaginaire »,
l’« île aux enfants ».
Il s’agit d’inviter les élèves à s’interroger sur la signification de ces noms : qu’évoquent-ils ?
En quoi peut-on dire que cette île est effectivement
l’« île aux enfants » ? Elle apparaît immédiatement familière aux enfants : « Si curieux que cela paraisse, ils la
reconnurent aussitôt », « un ami intime chez qui l’on
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retourne régulièrement passer ses vacances », « ils
étaient si bien renseignés sur l’île ».
Quels éléments du dialogue le prouvent tout
particulièrement ? Les enfants retrouvent leurs propres
jeux comme le montre l’utilisation de l’adjectif possessif : « ta lagune », « ton flamant rose », « ta grotte »,
« mon bateau »…
On demande ensuite aux élèves d’identifier les sentiments des héros à ce moment de l’histoire. Que signifient les nombreux points d’exclamation ?
Enfin, on peut envisager de faire dessiner « l’île aux
enfants » à partir des différentes informations fournies
par le texte, ou demander d’effectuer le relevé de toutes
les indications qui concernent l’île sur une partie du
texte plus longue.
• Réfléchir sur les valeurs des temps du récit
Quelles sont les valeurs de l’imparfait et du passé
simple ? Le passé simple est employé pour une action
limitée dans le temps – « ils la reconnurent aussitôt » –
et l’imparfait l’est davantage pour ce qui s’inscrit dans la
durée – « Peter se sentait un peu frustré ».
Séance n° 6 : Wendy, une nouvelle mère
Objectifs → Comprendre la raison pour laquelle Peter a
emmené Wendy sur l’île.
→ Préciser les caractéristiques de Wendy.
Support → Chapitre VI, de « La porte s’ouvrit » à
« raconter la fin de Cendrillon ».
• Comprendre la raison pour laquelle Peter
a emmené Wendy sur l’île
Comment les enfants considèrent-ils Wendy alors
qu’elle n’est qu’une toute petite fille ? Ils emploient le
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UN CONTE MERVEILLEUX
terme « dame ». Wendy se distingue donc des autres
enfants ; elle est « élevée » au rang d’adulte.
Quelle demande les enfants font-ils presque immédiatement à Wendy ? Justifiez votre réponse par une citation du texte. « C’est pour vous que nous avons bâti
cette maison », « nous sommes vos enfants », « soyez
notre mère à tous ». Les enfants ont uniquement besoin
de quelqu’un qui s’occupe d’eux, « qui ait l’air
maternel ». C’est la raison pour laquelle Peter Pan a
invité Wendy dans son monde.
• Préciser les caractéristiques de Wendy
Comment Wendy reçoit-elle cette demande ? Relevez
avec précision les mots ou les indices qui montrent sa
réaction. Elle est « rayonnante », juge la « prière » des
enfants « affreusement tentant [e] ». Les points d’exclamation témoignent de son enthousiasme et de sa joie.
Quelle attitude adopte alors Wendy ? Elle prend son
rôle très au sérieux et se comporte immédiatement
comme elle pense qu’une mère doit le faire. Elle se
place au-dessus de tout ce petit monde, prête à régner
sur son royaume : « Allons, vilains garçons, entrez tout
de suite dans la maison. Je suis sûre que vos pieds sont
trempés. » Elle se montre aussi protectrice et douce :
« J’aurai tout juste le temps de vous raconter la fin de
Cendrillon. »
Séance n° 7 : le combat avec le capitaine Crochet
Objectifs → Montrer qu’il s’agit d’une scène de combat
classique et s’interroger sur la place du
merveilleux dans ce passage.
→ Repérer la progression du combat.
→ Réfléchir sur les valeurs des temps du récit.
Support → Chapitre XV, de « Levez vos épées, les
gars ! » à « Crochet se sentit perdu ».
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PETER PAN
• Montrer qu’il s’agit d’une scène de combat classique
et s’interroger sur la place du merveilleux
Relevez le champ lexical du combat.
S’agit-il du premier combat entre Peter et le capitaine
Crochet ? Ils se sont déjà affrontés au chapitre VIII.
Quelle est la place du merveilleux dans cette scène ?
Il ne se manifeste quasiment pas dans ce passage. Cette
scène est une scène de combat classique digne des
romans de cape et d’épée. Sans intervention ou presque
du merveilleux, les personnages sont au même niveau,
aucun d’eux n’est avantagé a priori et le combat, plus
équitable, a donc plus d’intérêt.
• Repérer la progression du combat
Relevez dans un tableau tous les passages qui
concernent les « actions » de Peter Pan et du capitaine
Crochet :
Peter Pan
Le capitaine Crochet
« son étrange sourire »
« magnifique escrimeur »
« parait les coups avec une rapidité
foudroyante »
« il feintait, puis allongeait une botte
qui surprenait la défense adverse »
« geste sublime »
« Mais Peter voltigeait autour de lui,
comme si le vent des épées fendant l’air
le chassait hors de la zone de danger. Et
il pointait, piquait, sans trêve »
« Crochet frissonnait légèrement »
« aussi brillant sinon aussi preste dans
le jeu du poignet »
« un coup décisif qui transperça le capitaine entre les côtes. À la vue de son
propre sang […] l’épée tomba de sa
main »
« Crochet se sentit perdu »
Que constate-t-on ? On remarque que le capitaine
Crochet s’affaiblit au fur et à mesure de l’affrontement
alors que la confiance et la vivacité de Peter Pan ne cessent de s’accroître. Cela permet d’appréhender l’issue
du combat.
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UN CONTE MERVEILLEUX
• Réfléchir sur les valeurs des temps du récit
On remarquera l’emploi du passé simple pour
exprimer la succession d’actions limitées dans le temps
– « Peter esquiva, se faufila […] et allongea un coup
décisif ».
Séance n° 8 : les temps du récit et leurs valeurs
Objectifs → Revoir les conjugaisons de l’imparfait et du
passé simple.
→ Connaître les principales valeurs de ces
deux temps.
• Revoir les conjugaisons de l’imparfait
et du passé simple
Il est bien de procéder à un rapide rappel des conjugaisons à l’imparfait et au passé simple.
• Connaître les principales valeurs de ces deux temps
Ce travail a été préparé tout au long de l’étude.
On choisit différents passages de l’histoire (on peut
évidemment s’appuyer sur ceux délimités pour les exercices précédents) et l’on interroge les élèves sur les
valeurs des deux temps principalement utilisés : l’imparfait et le passé simple. Afin de synthétiser les remarques
des séances précédentes, on demande aux élèves de
compléter le tableau suivant :
Imparfait
Passé simple
1. Description
Ex. :
1. Narration
Ex. :
2. Durée
Ex. :
2. Action limitée dans le temps
Ex. :
3. Habitude
Ex. :
3. Action unique
Ex. :
4. Actions simultanées
Ex. :
4. Actions successives
Ex. :
PETER PAN
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On propose ensuite aux élèves différents exercices
d’application, choisis dans un livre de grammaire ou élaborés à partir du texte de Peter Pan.
Cette séance peut s’achever sur un exercice de rédaction pour s’assurer de l’acquisition de ces nouvelles
connaissances.
Séance n° 9 : travail sur l’adaptation du texte
Objectif → Réfléchir au travail d’adaptation, à ses
conditions et à ses difficultés.
On peut visionner une adaptation cinématographique de Peter Pan et demander aux élèves de commenter les choix qui ont été faits.
Le visionnage peut également être l’occasion d’une
discussion entre les élèves : préfèrent-ils voir un film (ou
un dessin animé) avant ou après avoir lu le livre dont il
est tiré ? Beaucoup d’entre eux auront pu répondre à
cette question, sans même s’en rendre compte, avec
l’adapation au cinéma de Harry Potter par exemple.
Séance n° 10 : évaluation
Objectif → Évaluer les connaissances acquises au cours
de la séquence.
On peut donner aux élèves un texte court et leur
demander d’en établir le schéma narratif.
On peut également leur proposer plusieurs sujets de
rédaction, par exemple : « Racontez la rencontre des
enfants avec les sirènes ou le capitaine Crochet » – la
consigne étant de faire un récit au passé, en employant
à bon escient l’imparfait et le passé simple.
Enfin, il est envisageable de prévoir une interrogation
sur les conjugaisons de l’imparfait et du passé simple et
sur les valeurs de ces temps.
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UN CONTE MERVEILLEUX
III. Orientations bibliographiques
Deux interprétations du conte
Dan KILEY, Le Syndrome de Peter Pan, Odile Jacob, « Poches »,
1996.
Kathleen KELLEY-LAINÉ, Peter Pan ou l’Enfant triste, Pocket,
1995.
Filmographie
Peter Pan, Walt Disney, 1953.
Peter Pan 2, retour au Pays Imaginaire, Walt Disney, 2002.
En préparation : un film consacré à James Matthew Barrie et
une adaptation des aventures de Peter Pan (voir ci-dessus).
Sophie SALLANDROUZE.

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