La Préhistoire : un champ historique immense L`évolution des

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La Préhistoire : un champ historique immense L`évolution des
La Préhistoire : un champ historique immense
L’évolution des hominidés vers l’homme moderne
Quelques repères chronologiques
Sources : François BON, revue L’Histoire,
n°420 article « La vie quotidienne au Paléolithique »,
p 36 - p 44, février 2016.
François BON est professeur de préhistoire à
l’université Toulouse II Jean Jaurès. Il a publié
Préhistoire. La fabrique de l’homme. Paris, Seuil, 2009.
AP signifie Avant le Présent. Les datations des temps préhistoriques se font généralement ainsi, le
présent ayant été placé en 1950, date de la 1ère datation au carbone 14.
7 millions d’années AP : Apparition de l’humanité en Afrique. Sahelanthropus tchadensis, une
des premières espèces de la lignée humaine, probablement très proche de la divergence entre les
Panidae (Les Panines ou grands singes africains : chimpanzés, bonobos, gorilles) et le genre Homo,
comprenant l’homme. Découverte du crâne de Toumaï au Tchad en 2001 par l’équipe de Michel
Brunet.
5/4,2 millions d’années AP : Apparition des Australopithèques. Découverte de la mâchoire
d’Abel, Australopithecus bahrelghazali de 3,5 millions d’années, au Tchad en 1995 par l’équipe de
Michel Brunet. Découverte du squelette fossile de Lucy, Australopithecus afarensis de 3,2 millions
d’années, en Ethiopie en 1974 par l’équipe d’Yves Coppens.
4/ 3 millions d’années AP : Adoption d’une locomotion bipède et probable production
d’outils.
3/ 2,8 millions d’années AP : Apparition des Hominidés essentiellement en Afrique de l’est.
Homo Rudolfensis est considéré actuellement comme le 1er représentant du genre Homo. Viennent
ensuite Homo Abilis, Ergaster, Erectus en Asie, Rhodesiensis, Heidelbergersis, Neanderthalensis en
Europe, Floresiensis en Indonésie puis Sapiens en Afrique selon les espaces, les époques et les
découvertes anthropologiques.
400000 ans AP : Domestication du feu. Maîtrise des bifaces.
200000 ans AP : Apparition d’Homo Sapiens en Afrique puis très lentes migrations vers le
Proche Orient puis l’Europe. Sapiens côtoie longtemps d’autres formes humaines, notamment
Erectus et Néanderthal puis reste le seul représentant du genre hominidé après un désormais très
probable métissage avec Néanderthal.
100000 ans AP : Premières migrations de Sapiens vers le Proche Orient. L’Afrique et l’Eurasie
sont peuplées, il n’y aucune présence humaine en Australie et en Amérique. Les foyers de
peuplement sont très discontinus.
Premières sépultures au Proche Orient.
50000 ans AP : Humanité toujours plurielle, pas d’innovations techniques substantielles mais
l’Océanie et l’Australie sont peuplées, vraisemblablement via l’Indonésie.
45000 ans AP : Peuplement de l’Europe. Pour l’Amérique, dernier continent peuplé, de vives
controverses animent les préhistoriens. Des vestiges en Amérique du sud dateraient de 30000
ans AP, le détroit de Béring émergé lors de la dernière glaciation n’aurait pas été la seule voie de
peuplement. Celui-ci se serait fait aussi par l’océan Pacifique.
35000 ans AP : Grotte Chauvet. Développement d’une pensée symbolique matérialisée dans les
premières œuvres d’art (Jean Clottes parle d’un Homo Symbolicus).
18600- 17000 ans AP : Grotte de Lascaux (voir fiche)
10000 ans AP : Fin du Paléolithique supérieur. Toute la planète est peuplée sauf les pôles et
les îles lointaines. Sapiens domine, les autres formes humaines ont disparu. Diversité des
comportements culturels et techniques : taille de la pierre, développement de l’art pariétal,
représentation de son univers mental par Sapiens, organisation en clans de 3/5 familles soit 15/25
personnes, parure corporelle : bijoux en os, en dents animales, en bois de cervidés, en ivoire, en
coquillages.

A quoi ressemblait Homo sapiens ?
Il avait vraisemblablement la peau sombre, pouvait mesurer jusqu’à 1m80, était nomade, vivait
en petites communautés de quelques familles, se déplaçant au rythme des saisons et des
ressources. Il vivait à l’entrée de grottes ou d’abris sous roche ou en plein air dans des habitations
légères et mobiles. Il était habillé de peaux de bêtes travaillées au grattoir, poinçon et aiguilles. Sa
nourriture était très carnée (rennes, chevaux, bisons), il pêchait le saumon et cueillait des baies, des
végétaux, des fruits, des champignons. En raison des steppes herbeuses très giboyeuses et en dépit
d’un environnement froid, il n’a pas connu de périodes de famine. Son espérance de vie ne
dépassait pas 40 ans. Il disposait d’un langage élaboré et de capacités artistiques évidentes en
tous les cas pour certains individus vraisemblablement formés et chargés de réaliser pour le clan
des peintures au fort pouvoir symbolique. Il entretenait des réseaux de relations de longue
distance, entre 200 et 300 km, comme l’atteste la circulation d’instruments de pierre ou de bijoux.
Cela explique la diffusion d’idées techniques et d’innovations telles que les lamelles de silex, les
sagaies, les propulseurs, les arcs mais aussi d’œuvres d’art comme les « Vénus » du Gravettien et du
Magdalénien. Il enterrait ses défunts, des sépultures font état d’individus enterrés avec parure,
objets, mobilier mais manifestement pas tous puisqu’on a retrouvé des fragments humains épars
dans le sol. La question de ces sociétés généralement considérées comme égalitaires reste donc
ouverte.
9000 ans av JC : Premiers villages, premières cités dans le Croissant fertile, Jéricho en
Palestine, Jarno en Mésopotamie, Choirokoitia à Chypre, Mureybet en Syrie, Catal Hôyük en
Anatolie (voir fiche).
8500 ans av JC : Domestication des animaux ( mouton, chèvre, bovin, cheval) et des céréales et
légumineuses.
7500 ans av JC : Premières poteries.
7000-6500 av JC : Néolithisation de l’Europe par deux courants, le courant Danubien ou
culture rubanée, le courant Méditerranéen ou culture cardiale. D’autres régions du monde ont
connu une néolithisation plus ou moins indépendante du Proche Orient et de l’Europe : l’Indus
(buffle, volaille), l’Extrême-Orient (riz, millet), le Mexique (maïs, courge), le Pérou (maïs, haricots,
pomme de terre, camélidés), l’Afrique subsaharienne (mil, sorgho, igname).
4500 av JC : Mégalithisme (dolmens et menhirs).
4000 av JC : Culture de Cucuteni-Trypillia en Ukraine, en Moldavie et en Roumanie. Fondation de
grandes cités concentriques pouvant couvrir jusqu’à 200 ha et peuplées d’environ 10000 hbts. Sites
de Taliansky, Nebelivka et Maydanets. Cités lacustres en Europe. Lac de Chalain dans le Jura, lac
de Constance en Allemagne.
3500-3000 av JC : Invention de l’écriture en Mésopotamie et en Egypte.
Laurence DEBASSEUX
[email protected]
Les sociétés préhistoriques
Sources : Yann POTIN, L’invention d’une science dans la revue L’Histoire de février 2016,
n°420, pages 28 à 55.
Yann POTIN est historien et archiviste aux Archives Nationales. Il recense les
archives des préhistoriens. Longtemps portée par les paléontologues et les anthropologues,
la préhistoire s’est constituée en science, en France, au XIXème siècle, à la croisée des
sciences de la Terre et du règne animal puis de l’histoire.
Les grandes dates de la préhistoire :
1793 : Fondation du Muséum d’histoire naturelle à Paris
1836 : Mise à jour à Sansan dans le Gers, d’un singe fossile par Edouard Lartet, un des
pionniers de la préhistoire. Théorie du chaînon manquant entre le singe et l’homme.
1840 : Découverte par Jacques Boucher de Perthes des premiers outils préhistoriques en
silex : les bifaces, dans la Somme.
1859 : Parution de « L’origine des espèces » de Charles Darwin. Validation par une
commission de savants français et britanniques des découvertes de Boucher de Perthes
1865 : Elaboration du terme « Paléolithique » par le britannique John Lubbock.
1866 : Découverte à Solutré en Bourgogne de silex en feuilles de laurier.
1867 : Ouverture du Musée des Antiquités nationales à St Germain en Laye.
1868 : Découverte de squelettes sous l’abri de Cro-Magnon, près du village des Eyzies- deTayac en Dordogne.
1876 : Fondation d’une Ecole d’Anthropologie par Gabriel de Mortillet et Emile Cartailhac,
un des premiers à reconnaître l’existence d’un art préhistorique.
1879 : Découverte de la grotte d’Altamira en Cantabrie espagnole.
1894 : Découverte de la « Vénus » de Brassempouy.
1901 : Reconnaissance de l’art pariétal préhistorique suite à la découverte à Font-deGaume et aux Combarelles, près des Eyzies, de 800 peintures et gravures pariétales du
Magdalénien. D’artisan, Cro-Magnon devient artiste, doté d’un rapport à la mémoire et à
l’abstraction : Homo devient Sapiens.
1904 : Création de la Société préhistorique française.
1908 : Découverte de sépultures néanderthaliennes à La Chapelle-aux-Saints, Corrèze.
1909 : Parution de « La guerre du feu » de J-H Rosny aîné, grand succès de la littérature
préhistorique.
1929 : L’Abbé Breuil (1877-1961) est nommé professeur à la chaire de préhistoire du
Collège de France.
1930 : Essor du tourisme préhistorique en France, considéré comme le sanctuaire
scientifique et patrimonial du Paléolithique supérieur.
Septembre 1940 : Découverte de la grotte de Lascaux.
1948 : Création du département Préhistoire au CNRS, aux côtés de l’anthropologie et de
l’ethnologie.
1950 : Première datation au carbone 14 par Willard Frank Libby.
1965 : Travaux majeurs de André Leroi-Gourhan qui révolutionne la méthode des fouilles
préhistoriques à Pincevent, site exceptionnel du Magdalénien, en Seine et Marne.
Octobre 2015 : Réouverture du musée de l’Homme, héritier d’un siècle et demi de
collections anthropologiques et archéologiques liés à la Préhistoire.
Laurence DEBASSEUX
[email protected]

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