Septembre 2012

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Septembre 2012
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benchmark
COmmENT SE mESuRE
La maTuRITé du SIh ?
Pour la première fois, un centre hospitalier français
(Belfort-Montbéliard) s’est vu certifier niveau 6 par l’organisation
HIMSS Analytics. À quoi correspond cette classification ? Qu’apporte-telle au centre hospitalier ?
A
vec la mise en place de
l’oSIS (observatoire
des systèmes d’information de santé), il y a
un peu moins de 5 ans,
les établissements ont pu commencer à se comparer les uns aux autres
et apprécier ainsi les résultats de leurs
efforts de déploiement de SIH. Les
données agrégées de l’observatoire
ont également été publiées au lancement de la stratégie Hôpital Numérique, par la DGOS, en 2011. Avec
une participation de plus de 1 500
établissements, elles constituaient
une « photographie » de la couverture
fonctionnelle moyenne atteinte alors
par chaque catégorie (CHU, CH, etc.)
dans les 5 domaines prioritaires du
nouveau programme de soutien aux
investissements en SI1.
L’oSIS fait actuellement l’objet d’une
re f o n t e , c o n f i é e à l ’ AT I H
(Agence Technique de l’Information
sur l’Hospitalisation), et sa nouvelle
version, annoncée pour la rentrée, va
intégrer les indicateurs du programme
Hôpital Numérique, ainsi qu’un lien
avec la base RELIMS (Référencement
des Éditeurs de Logiciels et Intégrateurs du Marché de la Santé).
Le profil e-santé des
hôpitaux français
D’après l’étude publiée par la
Commission européenne en
Par Dominique Lehalle
avril 20113, la France ne se
situe pas si mal dans le
concert européen. Ses hôpirégulièrement scrutés, soit dans le
taux (MCO) font preuve de
cadre de benchmarking commandis c o re s s u p é r i e u r s à l a
tés par la Commission européenne,
moyenne sur 4 indicateurs : le
soit à l’occasion d’enquêtes réalisées
degré de connexion avec l’expar des sociétés de conseil et marketérieur, l’infrastructure Wi-Fi, le
ting.
dossier médical unique parIDC Health Insights2 a ainsi établi une
tagé par plusieurs services et
« échelle de maturité numérique », sur
la e-prescription. Ils se situent
laquelle les établissements français se
dans la moyenne sur 3 autres
situent entre les étapes 2 et 3, l’étape
indicateurs : des règles d’acultime – 5 – de l’hôpital en réseau, incès structurées aux données
tégré dans un système de soins sur le
cliniques, le débit des
territoire, n’étant encore atteinte par
connexions et le télémonitoaucun pays européen, même si ceux
ring (mais il faut remarquer
du nord s’en rapprochent avec
que, sur ce dernier point, tous
constance.
5.2.11
France’s acute hospital eHealth profile
les pays sont à un niveau très
Tandis que, sur la base d’un sondage
faible !). Ils font en revanche
auprès des DSI et directeurs médipreuve de retard pour ce qui
5.2.11 France’s acute hospital eHealth profile
concerne les PACS, la transcaux
d’un
peu
plus
de
1
000
établis
mission de résultats de radiosements des 27 pays de l’Union
logie avec l’extérieur et la mise
européenne, Deloitte et Ipsos ont
en œuvre de plans de contidessiné le diagramme radar qui corFRANCE
nuité d’activité.
respond
au profil e-santé de chaque
Externally connected
pays rapporté à la moyenne euro5,0
EAS for disaster recovery in less than 24
FRANCEBroadband > 50Mbps
péenne (en encadré).
4,5
hours
4,0
3,5
Clear and structured rules on access to
3,0
clinical data EAS for disaster recovery in less than 24
2,5
hours
2,0
Clear and structured rules on access to
Exchange of radiology reports with external
clinical data
providers
Externally connected
5,0
4,5
Single and unified wireless
Broadband > 50Mbps
4,0
1,5
3,5
1,0
3,0
0,5
2,5
0,0
2,0
Single and unified wireless
Single EPR shared by all departments
1,5
Du benchmarking européen…
Au-delà du paysage hexagonal,
l’avancement – et les retards – en matière d’informatisation des organisations de santé sont assez
1,0
Exchange of radiology reports with external
Exchange of laboratory resultsproviders
with external
providers
0,5
0,0
Exchangeofoflaboratory
clinical care
information
with
Exchange
results
with external
external
providers
providers
Single EPR shared by all departments
PACS usage
ePrescribing
Tele- monitoring
Exchange of clinical care information with
external providers
PACS usage
Integrated system for eReferral
ePrescribing
Tele- monitoring
Integrated system for eReferral
EU 27 + 3 (n=906)
France (n=150)
1
- Voir l’analyse des données à juin 2011 : http://www.sante.gouv.fr/l-observatoire-des-systemes-d-information-de-sante-osis.html
- http://www.idc-hi.com
3
- eHealth Benchmarking III, Deloitte et Ipsos Belgique.
EU 27 + 3 (n=906)
2
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France (n=150)
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benchmark
… au classement international
Avec l’arrivée de HIMSS Analytics en
Europe, les hôpitaux français – et du
Vieux Continent dans son ensemble –,
peuvent désormais se mesurer à une
échelle internationale, cela en fonction
d’une classification unique : l’EMRAM
o u E l e c t ro n i c M e d i c a l R e c o rd
Adoption Model. Les Français y ont
jusque-là prêté peu d’attention, mais
cela pourrait changer depuis que le
Centre Hospitalier de Belfort-Montbéliard (CHBM) a montré qu’il était possible d’atteindre les meilleurs scores !
L’établissement s’est en effet classé
au niveau 6 – sur un barème qui va de
0 à 7 –, sa note évaluant un bon niveau de performance concernant la
sécurisation du circuit du médicament
et l’aide à la décision clinique, ainsi
qu’un excellent degré d’intégration
des applications.
« Nous collectons les données de la
même manière en Europe et aux
États-Unis, explique Marion Boutemy,
responsable des relations clients pour
HIMSS Analytics Europe. Les DSI répondent à un questionnaire, sur fichier
ou en entretien téléphonique, ce qui
prend environ 1 heure. Ils détaillent les
fonctionnalités et applications dont ils
disposent (PACS, RIS, système de
gestion de laboratoires, de pharmacie, etc.). Nous mettons ensuite en
œuvre un contrôle qualité pour vérifier
la cohérence des réponses en les
croisant avec la base de données décrivant les solutions des éditeurs. »
nation des taux d’utilisation et de déploiement, de même que dans la réalisation des interfaces et la qualité de
l’aide à la décision. Elle peut alors
donner lieu à publication.
« Nous n’avons pas travaillé dans le
but d’être classés !, commente
Corinne Casoli, DSI du CHBM. Mais
je dois reconnaître que c’est important de pouvoir ainsi valoriser et reconnaître le travail des équipes. Cela,
d’autant plus qu’il s’agit d’un regard
extérieur. J’ai en effet tendance à être
plus sévère quand je procède à une
auto-évaluation ! »
« Il faut également souligner que cette
classification apporte à l’établisse-
ment une reconnaiss ance inter nat i o n a l e » , a j o u t e David Corcos,
directeur général de Cerner France,
fournisseur de la solution Millennium
déployée au CHBM.
C’est en tout cas une étape clé pour
le centre hospitalier, qui aborde désormais la dernière phase de déploiement dans les services les plus
complexes comme la réanimation. Et
une motivation supplémentaire à
confirmer les chantiers dans lesquels
Corinne Casoli a décidé de s’engager,
à l’instar des contrats de services utilisateurs, « une démarche exigeante
dans laquelle peu d’hôpitaux se sont
lancés ».
Repères
Le Centre Hospitalier de Belfort-Montbéliard regroupe 2 sites distants
d ’ e n v i ro n 2 0 k m , d i s p o s a n t c h a c u n d e q u e l q u e 6 0 0 l i t s .
Corinne Casoli l’a rejoint en 2000, à l’issue de la fusion.
Il a fait le choix, en 2007, de la solution Millennium, hébergée par le
GCS Emosist, dans le cadre d’un déploiement mutualisé avec 5 autres établissements de Franche-Comté.
Un regard extérieur
Une petite cinquantaine d’hôpitaux
s’est prêtée au jeu en France, alors
que l’Espagne et l’Italie se sont montrées plus enthousiastes. En Angleterre, BSC Health vient de se rallier à
l’initiative. En 2 ans, HIMSS Analytics
Europe a pu évaluer les systèmes
d’information cliniques d’un peu plus
de 1 600 établissements dans 14
pays. Si l’organisation ne publie pas
les résultats pays par pays, elle souligne cependant que le score français
atteint un niveau tout à fait honorable.
Jusqu’au niveau 5, l’hôpital est informé de ses résultats et bénéficie
des rapports de benchmarking durant
1 an. À partir du niveau 6, l’évaluation
est revalidée par un nouveau questionnaire, plus pointu dans la détermi-
Sur un peu plus de 5 000 établissements analysés par HIMSS aux États-Unis, le gros des
troupes a atteint un niveau 3 (42,4 % au 2ème trimestre de cette année), tandis que
1,7 % réussissent à se classer au niveau 7.
En Europe, 2 établissements ont obtenu ce score d’excellence : le centre hospitalier universitaire de Hambourg-Eppendorf, en Allemagne, et l’hôpital Marina Salud de Denia, en
Espagne.
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