Tourisme et changement climatique - Ministère de l`Environnement
Transcription
Tourisme et changement climatique - Ministère de l`Environnement
Publié par la En collaboration avec le Ministère de l’Equipement, de l’Aménagement du Territoire et du Développement Durable Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts environnementaux et socioéconomiques du changement climatique sur les principales activités touristiques en Tunisie Publié par Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Siège de la société : Bonn et Eschborn Bureau de Tunis B.P. 753, 1080 Tunis-Cédex, Tunisie T +216 71 967 220 F +216 71 967 227 www.giz.de/tunisie Email: [email protected] Responsables Anselm Duchrow (GIZ) Ali Abaab (GIZ) Auteurs Marie Lootvoet (TEC), Jean-Paul Ceron (TEC), Louise de Torcy (TEC), Norbert Trehoux (TEC), Jean Medhi Chapoutot, Zied Ouelhazi, Prof. Latifa Henia, Dr. Bas Amelung Mise à jour Janvier 2010 Photo Firas Ben Khelifa Conception couverture i.Grafik Le contenu de la présente publication relève de la responsabilité de la GIZ. Mandaté par Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) Institution partenaire Ministère de l’Equipement, de l’Aménagement du Territoire et du Développement Durable (Tunisie) Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Avant propos Dans le cadre de la coopération tuniso-allemande, le Ministère de l’environnement et du développement durable (MEDD) tunisien collabore avec la coopération technique allemande (GTZ) dans l’exécution d’un projet relatif à la mise en œuvre de la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (Projet CCC/GTZ). Ce projet vise à renforcer les capacités d’action de la Tunisie dans le domaine du changement climatique (CC) et s’articule autour de deux composantes : • la Vulnérabilité & et l’Adaptation au changement climatique (V&A), composante concernée par la présente étude ; • le Mécanisme du Développement Propre (MDP). Au niveau national, plusieurs activités en matière d’adaptation au changement climatique sont en cours de réalisation, selon une approche sectorielle. A terme, il est prévu de fusionner l’ensemble de ces stratégies sectorielles en vue d’élaborer une stratégie nationale intégrée d’adaptation au changement climatique. Le présent projet s’inscrit dans ce cadre et concerne l’élaboration d’une stratégie d’adaptation au changement climatique du secteur touristique tunisien. Il s’articule autour de trois phases : • phase 1 : évaluation des impacts environnementaux et socioéconomiques du changement climatique sur les principales activités touristiques en Tunisie ; • phase 2 : proposition d’une stratégie d’adaptation du secteur touristique au changement climatique; • phase 3 : élaboration d’un plan d’actions et de deux projets prioritaires. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 2/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Le présent rapport intermédiaire présente les résultats de la première phase de cette étude. Son premier chapitre expose la méthodologie déployée pour mener à bien les travaux de cette première phase avec, notamment, les sources sollicitées pour réunir l’information nécessaire. Le second chapitre brosse le portrait synthétique du secteur touristique, insistant particulièrement sur les caractéristiques qui vont induire des vulnérabilités aux effets du changement climatique. Le troisième chapitre rappelle les principaux résultats sur le climat de la Tunisie et les projections climatiques pour le futur et détaille les impacts du tourisme sur le changement climatique, Le quatrième chapitre rappelle que le tourisme aussi contribue au changement climatique et que la conjoncture internationale des politiques d’atténuation des émissions de GES impactera également le secteur. Le cinquième chapitre fait le point sur les approches du lien tourisme et changement climatique et les expériences significatives à l’international. Le sixième chapitre propose une synthèse des éléments précédents et souligne les priorités pour ouvrir la réflexion vers les pistes d’adaptation du secteur. Les travaux ont été menés par le cabinet TEC (Marie LOOTVOET, Jean-Paul CERON, Louise de TORCY, Norbert TREHOUX) et ses partenaires : Jean Medhi CHAPOUTOT et Zied OUELHAZI, experts indépendants du tourisme tunisien, le Pr. Latifa HENIA, docteur en climatologie des Universités de Tunis et de Paris-La Sorbonne et le Dr. Bas AMELUNG, Directeur de Amelung Advies. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 3/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Sommaire AVANT PROPOS ...................................................................................................................... 2 TABLE DES FIGURES ET TABLEAUX ........................................................................................... 8 ACRONYMES ......................................................................................................................... 10 RESUME DE LA PREMIERE PHASE........................................................................................... 11 1 INTRODUCTION ............................................................................................................... 17 1.1 LE CONTEXTE DE L’ETUDE ..........................................................................................................18 1.1.1 Quel lien entre tourisme et changement climatique ? .............................................. 18 1.1.1.1 Le tourisme contribue au changement climatique ............................................ 18 1.1.1.2 Les impacts du changement climatique dans les destinations touristiques ... 19 1.1.2 Une nécessaire adaptation du secteur ........................................................................ 20 1.2 LES OBJECTIFS ET RESULTATS ATTENDUS DE L’ETUDE ........................................................................21 1.3 METHODOLOGIE : L’ORGANISATION DES TRAVAUX DE LA PHASE 1 ..................................................23 1.3.1 Le lancement de l’étude ................................................................................................ 23 1.3.2 Une analyse documentaire préalable .......................................................................... 23 1.3.2.1 Les caractéristiques du secteur touristique tunisien............................................. 23 1.3.2.2 L’analyse de la littérature nationale et internationale........................................ 24 1.3.3 L’étude et l’approfondissement des données climatiques relatives à la Tunisie 24 1.3.4 La consultation des acteurs tunisiens ............................................................................ 25 1.3.5 L’analyse et la restitution des résultats .......................................................................... 26 2 L’ANALYSE DES ACTIVITES TOURISTIQUES EN LIAISON AVEC LE CHANGEMENT CLIMATIQUE .......................................................................................................................... 27 2.1 DEVELOPPEMENT ET PLACE (ECONOMIQUE ET SOCIALE) DU SECTEUR TOURISTIQUE EN TUNISIE ..............28 2.1.1 Un moteur pour l’économie tunisienne ........................................................................ 28 2.1.2 Une part essentielle des emplois… ................................................................................ 29 2.1.3 Et une participation aux finances locales .................................................................... 29 2.1.4 Les évolutions de la demande ....................................................................................... 29 2.2 LES CARACTERISTIQUES DU TOURISME TUNISIEN ET SA SENSIBILITE AUX PARAMETRES CLIMATIQUES ..........31 2.2.1 Les clientèles ...................................................................................................................... 31 2.2.1.1 Les européens ............................................................................................................ 31 2.2.1.2 Le tourisme maghrébin............................................................................................. 33 2.2.1.3 Les clientèles lointaines ............................................................................................ 35 2.2.1.4 Le tourisme domestique ........................................................................................... 35 2.2.2 Les caractéristiques de l’offre......................................................................................... 37 2.2.2.1 Un tourisme avant tout balnéaire........................................................................... 37 2.2.2.2 Le golf .......................................................................................................................... 39 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 4/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 2.2.2.3 La thalassothérapie................................................................................................... 40 2.2.2.4 Le tourisme culturel ................................................................................................... 41 2.2.2.5 L’écotourisme et le tourisme de découverte ....................................................... 42 2.2.2.6 Le tourisme saharien ................................................................................................. 43 2.2.2.7 La plaisance ............................................................................................................... 45 2.2.3 2.3 Commercialisation et communication ......................................................................... 46 CADRE INSTITUTIONNEL ET PLANIFICATION DU SECTEUR DU TOURISME ...............................................48 2.3.1 Organisation du secteur .................................................................................................. 48 2.3.2 Perspectives et évolution attendue du secteur du tourisme en Tunisie .................. 50 2.3.2.1 Les orientations de l’administration du tourisme .................................................. 50 2.3.2.2 2007-2011 : le XIème plan............................................................................................ 50 2.3.2.3 Le plan d’actions du Ministère du Tourisme.......................................................... 52 2.3.2.4 La stratégie touristique à 2016 ................................................................................ 52 2.4 LES LIENS AVEC LES AUTRES SECTEURS .........................................................................................53 2.5 MESURES (INSTITUTIONNELLE, JURIDIQUE, FINANCIERES…) ET PROGRAMMES ENVIRONNEMENTAUX DU SECTEUR TOURISTIQUE .......................................................................................................................54 2.5.1 Les outils de planification ................................................................................................ 55 2.5.1.1 L’aménagement du territoire .................................................................................. 55 2.5.1.2 Les zones touristiques et les plans d’aménagement touristique ....................... 55 2.5.1.3 La planification spécifique à l’écotourisme ......................................................... 56 2.5.2 Les espaces naturels protégés ....................................................................................... 56 2.5.3 En amont des projets ....................................................................................................... 57 2.5.3.1 Le code de l'Aménagement du Territoire et de l'Urbanisme ............................. 57 2.5.3.2 Les études d’impacts................................................................................................ 57 2.5.4 La conception et l’exploitation des hébergements ................................................... 58 2.5.4.1 Les normes des hébergements touristiques .......................................................... 58 2.5.4.2 Les lois et programmes sur l’eau ............................................................................. 58 2.5.4.3 La politique de réduction des consommations d’énergie ................................. 59 2.5.4.4 L’écolabel tunisien .................................................................................................... 60 2.5.5 L’aménagement des plages .......................................................................................... 61 2.5.5.1 Les plans d'occupation des plages ....................................................................... 61 2.5.5.2 Le label Pavillon Bleu ................................................................................................ 61 2.5.6 En synthèse ........................................................................................................................ 62 3 LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIO-ECONOMIQUES POTENTIELS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LES ACTIVITES TOURISTIQUES ......................................... 63 3.1 REMARQUE PRELIMINAIRE ........................................................................................................64 3.2 LA MISE EN ŒUVRE DE L’APPROCHE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN TUNISIE .............................66 3.2.1 Les hypothèses de travail ................................................................................................ 66 3.2.1.1 Le choix du modèle .................................................................................................. 66 3.2.1.2 Le choix des échéances .......................................................................................... 68 3.2.1.3 Le choix des scénarios .............................................................................................. 68 3.2.2 L’étude du climat et de ses évolutions en Tunisie ....................................................... 70 3.2.2.1 Caractéristiques générales du climat de la Tunisie ............................................. 70 3.2.2.2 Evolution récente observée du climat de la Tunisie ............................................ 74 3.2.2.3 Les avenirs climatiques possibles pour la Tunisie .................................................. 76 3.2.3 Le niveau de la mer ......................................................................................................... 78 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 5/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.2.3.1 Le niveau actuel de la mer en hausse en Tunisie ................................................ 78 3.2.3.2 La hausse accélérée du niveau de la mer dans la perspective du changement climatique ............................................................................................................ 78 3.3 LES IMPACTS DIRECTS DES EFFETS CLIMATIQUES SUR LE TOURISME .....................................................81 3.3.1 Le potentiel climato-touristique...................................................................................... 82 3.3.2 L’indice de potentiel climato-touristique journalier (IPCTJ) pour la Tunisie ............. 83 3.3.2.1 Cadrage méthodologique...................................................................................... 83 3.3.2.2 Données et résultats spécifiques à la présente étude ........................................ 86 3.3.2.3 Les conditions climato-touristiques actuelles ........................................................ 87 3.3.2.4 Les caractéristiques du potentiel climato-touristique actuel ............................. 90 3.3.2.5 Le potentiel climato-balnéaire ............................................................................... 93 3.3.2.6 Les tendances récentes ........................................................................................... 94 3.3.3 Les effets possibles du changement climatique sur le potentiel climatotouristique de la Tunisie ................................................................................................................... 96 3.3.3.1 L’évolution du potentiel climato-touristique à l’échelle annuelle .................... 96 3.3.3.2 L’impact possible du changement climatique sur les activités balnéaires ...100 3.3.3.3 Les impacts potentiels sur l’activité touristique ..................................................102 3.3.4 3.4 LES IMPACTS SUR LES RESSOURCES TOURISTIQUES ........................................................................106 3.4.1 Le littoral et les plages....................................................................................................106 3.4.1.1 La vulnérabilité du littoral tunisien.........................................................................107 3.4.1.2 Un risque réel pour le tourisme tunisien ................................................................109 3.4.2 La ressource en eau .......................................................................................................114 3.4.2.1 Un pays déjà pauvre en eau et une ressource amenée à diminuer .............114 3.4.2.2 Les conséquences potentielles pour le tourisme ...............................................115 3.4.3 L’approvisionnement alimentaire ................................................................................118 3.4.4 La biodiversité, les écosystèmes et les paysages ......................................................119 3.4.4.1 La biodiversité ..........................................................................................................119 3.4.4.2 Les paysages ............................................................................................................120 3.5 4 La sécurité sanitaire des touristes : risques et santé ..................................................104 LES COUTS ASSOCIES AUX IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE ...............................................121 3.5.1 Les sources potentiels de coûts du changement climatique .................................121 3.5.2 Les limites de l’étude des coûts....................................................................................122 3.5.3 Les coûts liés à la dégradation environnementale du littoral .................................122 3.5.3.1 Les coûts directs de la dégradation environnementale ..................................122 3.5.3.2 Les impacts sociaux et économiques sur le secteur touristique ......................123 LA CONJONCTURE INTERNATIONALE ET SES IMPACTS SUR LE TOURISME TUNISIEN . 127 4.1 LA CONTRIBUTION DE LA TUNISIE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE...................................................128 4.1.1 L’évaluation des émissions tunisiennes........................................................................128 4.1.2 La politique de réduction des émissions .....................................................................129 4.2 LA CONJONCTURE INTERNATIONALE : LE FUTUR DE LA CONTRAINTE CARBONE .................................130 4.2.1 Des objectifs de réduction des émissions ...................................................................130 4.2.2 Les conséquences pour le secteur de l’aérien..........................................................132 4.2.2.1 Vers une régulation internationale des émissions de l’aérien ..........................132 4.2.2.2 La sensibilité du transport aérien à la hausse du prix du carburant et à l’instauration d’un prix du carbone ........................................................................................133 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 6/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 4.2.3 Une préparation à l’adaptation au changement climatique est incontournable ..............................................................................................................................134 4.3 LES IMPACTS INDIRECTS DES POLITIQUES D’ATTENUATION SUR LE TOURISME TUNISIEN .........................135 4.3.1 Le transport aérien .........................................................................................................135 4.3.2 Les transports internes ....................................................................................................137 4.3.3 La consommation d’énergie des hébergements touristiques ................................138 4.4 LES IMPACTS GENERAUX DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LES SOCIETES......................................139 5 EXPERIENCES INTERNATIONALES SUR LA VULNERABILITE ET L’ADAPTATION DU SECTEUR TOURISTIQUE......................................................................................................... 140 5.1 L’ADAPTATION, QUELLE APPROCHE INTERNATIONALE ? ...............................................................141 5.2 LES PRINCIPALES EXPERIENCES INTERNATIONALES .......................................................................143 6 SYNTHESE : VULNERABILITE, IMPACTS POTENTIELS ET IMPERATIF D’ADAPTATION DU SECTEUR TOURISTIQUE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE ............................................. 147 6.1 VULNERABILITE ET IMPACTS POTENTIELS : SYNTHESE .....................................................................148 6.1.1 Les caractéristiques du tourisme tunisien....................................................................148 6.1.2 Les impacts potentiels du changement climatique .................................................149 6.1.2.1 Les impacts climatiques directs ............................................................................149 6.1.2.2 Les impacts indirects sur les ressources via l’environnement ...........................150 6.1.2.3 Les impacts des politiques d’atténuation sur les déplacements touristiques. .................................................................................................................................151 6.1.2.4 Les impacts généraux du changement climatique sur les sociétés. ..............151 6.1.2.5 Les coûts associés aux impacts du changement climatique ..........................151 6.2 LA PRISE DE CONSCIENCE DES ACTEURS TUNISIENS .....................................................................152 6.3 LA NECESSITE DE S’ADAPTER AU CHANGEMENT CLIMATIQUE .........................................................154 6.4 LES PRIORITES POUR L’ADAPTATION DU TOURISME TUNISIEN ..........................................................155 6.4.1 L’analyse FFOM ...............................................................................................................155 6.4.2 Vers une stratégie d’adaptation .................................................................................159 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 161 ANNEXE 1 : LES PERSONNES RENCONTREES DANS LE CADRE DE L’ETUDE ...................... 167 ANNEXE 2 : ETUDE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LE POTENTIEL CLIMATOTOURISTIQUE DE LA TUNISIE ................................................................................................ 170 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 7/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Table des figures et tableaux Figure 1 : Projection des émissions CO2 à 2035 avec un scénario tendanciel/ “business as usual” (excluant les excursionnistes) ..................................................................................................................... 19 Figure 2 : Répartition géographique des principaux effets du changement climatique sur les destinations touristiques .............................................................................................................................. 20 Tableau 1 : Les chiffres clés du tourisme tunisien (1987-1997-2008) ..................................................... 28 Figure 3 : Part de marché des principales destinations méditerranéennes (hors UE) ...................... 30 Figure 4 : Évolution des nuitées des principaux marchés européens .................................................. 31 Figure 5 : Évolution des nuitées des marchés russe, tchèque et polonais .......................................... 32 Tableau 2 : Recettes touristiques par marché européen - 2008 .......................................................... 32 Tableau 3 : Part des arrivées internationales par mode de transport (en %)..................................... 33 Tableau 4 : Évolution de la demande maghrébine1998-2008 ............................................................. 33 Figure 6 : Répartition de l'hébergement par motivation en 2008 ........................................................ 37 Tableau 5 : Réalisations des principales régions touristiques - 2008 ..................................................... 38 Tableau 6 : Évolution de la capacité moyenne en lits .......................................................................... 38 Tableau 7 : Irrigation des parcours de golf - 2006 .................................................................................. 40 Figure 7 : Anomalies de température des régions du Sud de l'Europe et de la Méditerranée SEM ........................................................................................................................................................................ 67 Figure 8 : Evolution des précipitations selon les modèles ...................................................................... 68 Figure 9 : Température maximale moyenne du mois d’août ............................................................... 71 Figure 10 : Température minimale moyenne de janvier ........................................................................ 71 Figure 11 : Carte des régions climatiques ................................................................................................ 74 Figure 12 : Evolution de la température à Kairouan .............................................................................. 75 Figure 13 : Evolution du nombre annuel des jours caniculaires............................................................ 75 Figure 14 : Evolution de la température moyenne en Tunisie selon les scénarios ............................. 76 Tableau 8 : Evolution prévue de la température et des précipitations en Tunisie ............................ 76 Figure 15 : Projection de l’évolution de la température en °C selon le scénario A2 ........................ 77 Figure 16 : Projection de l’évolution des précipitations (en %) selon le scénario A2 ........................ 77 Figure 17 : Elévation du niveau de la mer selon le RSSE ........................................................................ 79 Tableau 9 : Les scénarios de l’évolution de la température et du niveau de la mer en Tunisie .... 79 Figure 18 : Quelques effets attendus du changement climatique sur les destinations touristiques méditerranéennes ....................................................................................................................................... 81 Tableau 10 : Classes d'ambiances thermiques journalières (ATJ) selon les valeurs de l'IAT ............. 84 Tableau 11 : Les classes de l’IPCTJ ............................................................................................................ 85 Figure 19 : Quelques scénarios du GIEC .................................................................................................. 86 Tableau 12 : Fréquence des types d'ambiances thermiques (% du nombre total des jours de l'année).......................................................................................................................................................... 87 Tableau 13 : Fréquence (% des jours) saisonnière des ambiances thermiques confortables à très confortables.................................................................................................................................................. 88 Figure 20 : fréquence des phénomènes climatiques contraignants pour les activités de plein air (% des relevés tri horaires du vent et en % des jours pour l’ensoleillement et la pluie.) ................... 89 Figure 21 : Fréquence annuelle (% des jours de l’année) des types d’ambiances climatotouristiques. ................................................................................................................................................... 90 Figure 22 : Régime mensuel des ambiances climato-touristiques défavorables et très défavorables ................................................................................................................................................ 91 Figure 23 : Régime mensuel des ambiances climato-touristiques d’un confort moyen .................. 91 Figure 24 : Régime mensuel des ambiances climato-touristiques favorables ................................... 92 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 8/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 25 : Régime mensuel des potentiels climato-touristique très favorables ................................ 92 Figure 26 : fréquence annuelle (en % des jours de l’année) des ambiances climato-touristiques balnéaires...................................................................................................................................................... 93 Figure 27 : Régime mensuel (en % du nombre total des jours du mois) des ambiances climato touristiques balnéaires ................................................................................................................................. 94 Figure 28 : L’évolution de la fréquence des ambiances thermiques. ................................................. 95 Figure 29 : Evolution des ambiances climato touristiques défavorables (% des jours de l’année) par rapport à la moyenne 1991-2000 et selon les scénarios B2, A2 du GIEC et aux échéances 2030 et 2050. ................................................................................................................................................. 96 Figure 30 : Evolution des ambiances climato touristiques très favorables (% des jours de l’année) par rapport à la moyenne 1991-2000 et selon les scénarios B2, A2 du GIEC et aux échéances 2030 et 2050. ................................................................................................................................................. 97 Figure 31 : Evolution des ambiances climato touristiques favorables (% des jours de l’année) par rapport à la moyenne 1991-2000 et selon les scénarios B2, A2 du GIEC et aux échéances 2030 et 2050. ............................................................................................................................................................... 97 Figure 32 : Evolution saisonnière de la fréquence des jours à ambiances climato touristiques défavorables ................................................................................................................................................ 98 Figure 33 : Evolution de la fréquence des jours très favorables ........................................................... 99 Figure 34 : Evolution du potentiel climato-balnéaire (en % des jours de l’année).......................... 100 Figure 35 : Evolution mensuelle de la fréquence des jours balnéaire (% des jours du mois.) ........ 101 Figure 36 : Evolution saisonnière de la fréquence du “balnéaire refuge” ....................................... 101 Figure 37 : Evolution saisonnière de la fréquence du “balnéaire favorable” .................................. 102 Tableau 14 : Les types de côtes par secteur côtier (en % du total du pays) ................................... 107 Tableau 15 : Répartition des plages sur la côte tunisienne ................................................................. 108 Tableau 16 : Linéaire des plages par zone touristique .........................................................................108 Tableau 17 : Retrait de la côte avec une EANM de 50 cm. ............................................................... 113 Figure 38 : Volume d'eau consommé par le secteur touristique (Millions de m3)........................... 116 Figure 39 : Consommation spécifique (litre/jour/lit) et Taux d'occupation (%) ............................... 117 Tableau 18 : Méthode d’estimation des coûts des impacts socio-économiques .......................... 124 Tableau 19 : La valeur du capital productif dégradé suite à une EANM......................................... 124 Tableau 20 : Perte du capital productif suite à l’EANM (en MDT et par gouvernorat côtier) ....... 125 Tableau 21 : Pertes de production occasionnées par une EANM de 50 cm................................... 125 Tableau 22 : Pertes des recettes touristiques (par zone), suite à une EANM de 50 cm.................. 125 Figure 40 : Evolution des émissions de GES par secteur .......................................................................129 Tableau 23 : Incidence du prix de la tonne de CO2 ............................................................................ 133 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 9/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Acronymes ACC AEP AFD AFT AND ANME ANPE APAL APD ATJ BMNT CC CCNUCC CNDD CNT CRT DGAT DGEDA DGEQV DGRE DPM EANM FRAV FRH FTAV FTH GES GIEC GTZ IAT IE IP IPCTJ IV INM INSTM IPCT MARH MEAT MEDD MSP MT OMT ONTT OTEDD PAU PNUE RSSE SHO SRES THI TO URCE Etude « Stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture tunisienne et des écosystèmes aux changements climatiques » MARH et GTZ 2007 Approvisionnement en eau potable Agence française de développement Agence foncière touristique Autorité nationale désignée du mécanisme pour le développement propre Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie Agence nationale de protection de l’environnement Agence de protection et d’aménagement du littoral. Aide publique au développement Ambiances thermiques journalières Bureau de mise à niveau du tourisme Changement climatique Convention cadre des nations unies sur les changements climatiques Commission nationale du développement durable Centre national de télédétection Commissaire régional au tourisme Direction générale de l'aménagement du territoire Direction générale des études et du développement agricole Direction générale de l'environnement et de la qualité de vie Direction générale des ressources en eau Domaine public maritime Elévation accélérée du niveau de la mer Fédération régionale des agents de voyage Fédération régionale de l'hôtellerie Fédération nationale des agents de voyage Fédération nationale de l'hôtellerie Gaz à effet de serre Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat La coopération technique allemande Indice d’ambiance thermique Indice d'ensoleillement Indice de précipitation Indice de potentiel climato touristique journalier Indice du vent Institut national de la météorologie Institut national des sciences et technologies de la mer Indice du potentiel climato touristique Ministère de l’agriculture et des ressources hydrauliques Ministère de l’équipement et de l’aménagement du territoire Ministère de l’environnement et du développement durable Ministère de la santé publique Ministère du tourisme Organisation mondiale du tourisme Office national du tourisme tunisien Observatoire tunisien de l’environnement et du développement durable Plan d’aménagement urbain Programme des nations unies pour l'environnement Rapport spécial sur les scénarios d'émissions Service hydrologique et océanographique de Tunisie Special report on emission scenarios Temperature-humidity index Tour opérateur Unité de réduction certifiée des émissions TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 10/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Résumé de la première phase Cette étude vise à construire une meilleure compréhension des impacts possibles du changement climatique sur l’activité touristique en Tunisie et de doter le secteur d’une stratégie et d’un plan d’actions pour se préparer à faire face à ces évolutions. Elle vise également à sensibiliser l’ensemble des acteurs du tourisme et à leur apporter des éléments qui les aideront à comprendre les nouveaux enjeux du développement touristique, les risques auxquels ils devront se préparer et les opportunités qu’ils pourront saisir. La première phase de l’étude concernait l’évaluation des impacts environnementaux et socioéconomiques du changement climatique sur les principales activités touristiques en Tunisie. Un tourisme dépendant du climat estival et des évolutions du littoral En réaction à la création d’un nombre de lits bien supérieure à la programmation établie au début des années 1960, le gouvernement tunisien a mis en place, dans les années 1970, une stratégie de développement touristique essentiellement balnéaire. Au début des années 1990, la stratégie gouvernementale s’est orientée vers l’ouverture de l’activité touristique à d’autres types de tourisme afin de passer d’une offre quantitative à une offre plus qualitative (golf, casinos, thalasso mais aussi tourisme saharien, culturel…). La mise en œuvre de cette vision a cependant pris du retard. La volonté de changement semble s’affirmer actuellement pour aller vers un équilibre entre les différentes régions (littorales et intérieures) et donc vers une diversification du produit touristique tunisien. Si l’évolution des mentalités, tant des développeurs que des touristes, demande du temps, le poids de l’image balnéaire du tourisme tunisien contraint encore les démarches d’ouverture. Par ailleurs, cette dépendance au balnéaire signifie une sensibilité particulière du tourisme tunisien au climat estival d’une part, et à la montée du niveau de la mer et à l’érosion côtière d’autre part. Et largement lié à l’accessibilité par le transport aérien La relation du tourisme avec le secteur des transports nous paraît particulièrement déterminante. Il a été amplement démontré que le transport de l’origine à la destination est responsable de l’ordre de 75% de la contribution du tourisme au réchauffement climatique. Des calculs spécifiques à la Tunisie montreraient sans aucun doute une contribution plus forte en raison de la part de l’avion dans l’arrivée des touristes internationaux, même si ces derniers en l’occurrence viennent de pays européens qui ne sont pas si éloignés. On sait également que le transport est non seulement le noyau dur de la dépendance au pétrole, mais également le secteur où les perspectives de diminution des émissions sont les moins favorables à la fois en raison de l’accroissement de la mobilité et de perspectives technologiques qui ne sont pas à la hauteur des enjeux (en particulier pour l’aviation). Des impacts potentiels du changement climatique Plusieurs catégories d’impacts peuvent concerner la Tunisie : • des impacts climatiques directs à travers par exemple les températures ou les précipitations, qui pourraient modifier les conditions d’attractivité des destinations. A ce niveau on s’attend à un déplacement des conditions optimales vers des TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 11/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 latitudes et des altitudes plus élevées. Certaines destinations pourraient voire leur position compétitive entamée, alors que d’autres (le Sud de l’Angleterre par exemple) en bénéficieraient. Il n’est cependant pas évident de prévoir la redistribution possible des flux, en raison d’un cumul d’incertitudes (niveau du réchauffement global, modalités régionales et locales, exigences climatiques des touristes). Globalement les facteurs climatiques directs ont plus un impact sur la localisation des flux que sur leur volume. Aujourd’hui, la Tunisie présente un potentiel plutôt élevé pour le tourisme d’un point de vue purement météorologique, mais ce potentiel n’est pas exploité aujourd’hui à son maximum pour des formes de tourisme alternatives au balnéaire. Pour la Tunisie, les impacts climatiques directs seront surtout marqués par une hausse des températures et une diminution des précipitations. Les conséquences sur le tourisme devraient entraîner une modification des saisons les plus propices avec des étés devenus trop chauds dans la moitié sud et des intersaisons plus favorables. Les régions du nord et les régions montagneuses devraient voir leurs conditions climatiques s’améliorer pour le tourisme alors que les zones sahariennes seront moins praticables. Dans une perspective de changement climatique, le réchauffement des températures ainsi que la diminution du nombre de jours de pluie devraient avoir un impact significatif sur le potentiel climato touristique de la Tunisie et notamment sur le tourisme balnéaire. Ces impacts pourront être contrastés selon les saisons et les régions. Ces évolutions semblent tendre vers une distribution saisonnière moins contrastée, plus plate, du potentiel climato-touristique et balnéaire ainsi que vers une certaine convergence des conditions pour les 6 régions touristiques vers la fin de siècle, gommant sensiblement les disparités régionales. − La saison estivale devrait connaître une aggravation de l’inconfort du aux fortes chaleurs et des canicules, la dégradation du répit nocturne, avec l’accroissement des risques de coup de soleil et de coup de chaleur. Les conditions du tourisme balnéaire restent très favorables par contre pour cette saison. Ce type d’ambiance déborde même sur les saisons intermédiaires. Comme nous l’avons vu, ces résultats sont sans doute à moduler compte tenu des toutes dernières études disponibles. − Les saisons intermédiaires connaîtront plutôt une amélioration de leur potentiel, qu’il s’agisse du potentiel touristique en général ou balnéaire, avec une augmentation du nombre des jours « balnéaires » et surtout du type d’ambiances favorables aux corps fragiles (avril, mai, novembre) ; − En hiver, les conditions climatiques s’améliorent sensiblement sur l’ensemble du pays. Cela est particulièrement marqué dans le nord-ouest du pays et les régions montagneuses où l’hiver est aujourd’hui une saison défavorable au tourisme ; − On constate également que les conditions pour les différentes régions touristiques ont tendance à converger vers la fin de siècle, gommant les disparités régionales. Les régions du sud subissent plus la dégradation des conditions estivales avec des côtes qui conservent un potentiel balnéaire dit « refuge » (on se baigne pour supporter la chaleur) et ce sont les régions montagneuses et la côte nord qui ont le plus à gagner avec les évolutions climatique en termes d’allongement de saison et de potentiel, notamment pour des formes de tourisme alternatives. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 12/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 • Les impacts indirects sur les ressources via l’environnement Le tourisme est très dépendant des ressources environnementales locales. Par conséquent, une grande diversité de changements environnementaux consécutifs au CC pourraient avoir des effets marquants sur le tourisme : pertes de biodiversité, baisse de la ressources en eau, perte de valeur esthétique des paysages, changements dans les productions agricoles, élévation du niveau de la mer, érosion du littoral et disparition des plages, risques naturels, impacts sanitaires sont autant d’exemples. Ici encore les impacts pourraient être profonds et entraîner une redistribution des flux, sans toutefois changer le niveau de la demande globale. Pour la Tunisie, les impacts indirects les plus importants seront incontestablement liés au recul – voire la disparition – des plages, « matière première » incontournable du produit balnéaire dominant. Le recul du trait de côte et le risque de submersion menaceront également toutes les infrastructures touristiques construites à proximité du littoral. Mais les tensions croissantes sur la ressource en eau devraient également poser problème pour la consommation des hôtels, notamment à travers les équipements les plus demandeurs et la qualité des eaux de baignade. Les évolutions de la biodiversité et des paysages ne constituent qu’un enjeu secondaire pour le tourisme tunisien. • Les impacts de la conjoncture internationale Face aux conséquences du changement climatique, l’adaptation d’un secteur d’activité ne peut être envisagée sans traiter également la question de l’atténuation de ses émissions de gaz à effet de serre. Le tourisme contribue à hauteur d’environ 5% aux émissions globales de CO2 dans le monde, notamment par le transport aérien qu’il implique, et cette part est amenée à croître. Cette tendance est confirmée en Tunisie où 64% des touristes arrivent en avion et la voie aérienne représente plus de 95% pour les entrées des européens. L’atteinte d’objectifs de réduction des émissions nécessiterait un considérable effort pour les pays développés émetteurs de flux touristiques. Tous les secteurs économiques et toutes les pratiques sociales (dont le tourisme) seront touchés et aucun ne pourra s’exonérer d’un effort considérable. L’aviation internationale (contrairement au transport aérien interne) n’a pas été prise en compte dans le protocole de Kyoto mais un processus destiné à prendre la suite du protocole de Kyoto est engagé, avec pour échéance la conférence de Copenhague fin 2009, qui devrait concerner cette fois l’aérien. Or, face à la contrainte, les mécanismes de compensation ou de souplesse (achat de permis d’émissions, MDP, exemptions ou mesures transitoires pour des pays en voie de développement) ne pourront que jouer à la marge, dans un contexte de concurrence exacerbée qui ne pourra que faire monter les prix à un niveau qui n’aura rien à voir avec le prix actuel de la tonne de carbone. Une crise du transport aérien paraît donc inéluctable. Pour la Tunisie, où la quasi-totalité des arrivées internationales (hors proximité) se font par avion et où ce mode de transport fait l’objet d’investissements lourds, cet impact est, à terme, une réelle menace. Cependant, la proximité des marchés émetteurs laisse entrevoir des alternatives qui permettraient, mieux que d’autres destinations exotiques lointaines, de maintenir la possibilité d’attirer les clientèles européennes. Par ailleurs, le développement du tourisme domestique laisse également une marge de manœuvre importante pour le secteur. La Tunisie a déjà pris conscience de la nécessité d’atténuer ses émissions de CO2 et lancer des programmes d’économie d’énergie et un écolabel qui s’applique TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 13/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 notamment à l’hôtellerie. Mais la question centrale reste aujourd’hui liée au poids de l’aérien et des perspectives liées à la contrainte carbone sur cette activité. Au-delà de la question des politiques d’atténuation, le changement climatique devrait entraîner des risques pour l’économie et la stabilité politique, comme l’ont montré le rapport Stern ou les travaux du GIEC. Dans ce contexte le budget « vacances » des ménages risque évidemment de souffrir et la demande de globalement diminuer. Pour la Tunisie comme pour toute autre destination, cet impact est le plus difficile à évaluer. Les connaissances et les projections manquent pour affiner cet exercice. Par ailleurs, on insiste fréquemment sur la perspective que le changement climatique nuise plus aux pays du sud qu’à ceux du nord et à l’intérieur des premiers aux couches défavorisées de la société avec des conséquences en termes de sécurité et de stabilité politique. La nécessité de s’adapter au changement climatique L’Organisation Mondiale du Tourisme, à l’occasion de la conférence de Davos (PNUE, 2007) affirme qu’il est aujourd’hui absolument nécessaire de se préoccuper de l’adaptation du secteur touristique aux conséquences du changement climatique. Si l’on a pu constater par le passé (SRAS, attentats terroristes…) une capacité d’adaptation du tourisme relativement meilleure que pour d’autres secteurs, on ne peut néanmoins pas se passer d’une mobilisation de l’ensemble des acteurs et d’une stratégie cohérente permettant à chacun de se projeter à long terme. Il ne s’agit pas ici d’envisager des mesures ponctuelles et très localisées mais bien d’apporter une vision de long terme des enjeux globaux et des incidences locales. Pour répondre à ces enjeux, le secteur doit dès maintenant se doter d’une stratégie d’adaptation, cadre global pour l’ensemble des acteurs du tourisme, des administrations au secteur privé. Les priorités pour l’adaptation du tourisme tunisien Plusieurs enjeux prioritaires semblent émerger pour le tourisme tunisien. Sans préjuger des moyens à mettre en œuvre et en se plaçant du seul point de vue des impacts du changement climatique, il nous semble pouvoir dégager un certain nombre de menaces et d’opportunités qui pourront guider la construction d’une stratégie d’adaptation. En préalable, il faut garder à l’esprit que l’une des conséquences du changement climatique les moins aisées à cerner mais les plus probables, concerne, en Tunisie comme ailleurs, la stabilité sociopolitique des pays. Les problèmes d’approvisionnement alimentaire et d’accès à l’eau potable pèseront de plus en plus fortement sur les populations et les structures sociales. Or les tensions sociales découragent le tourisme. La Tunisie, où la stabilité rassure actuellement les touristes, n’échappe pas à cette menace. Par ailleurs, les menaces les plus préoccupantes sont liées : • au recul du trait de côte, aggravé par la hausse accélérée du niveau de la mer avec : − la perte ou la dégradation des plages, principale ressource touristique d’une destination aujourd’hui essentiellement balnéaire ; − la menace des infrastructures touristiques (hôtels, marinas, golfs) avec la reprise par la mer des zones basses ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 14/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 − mais surtout le risque croissant, pour les bien et les personnes, de submersion marine liée à des évènements extrêmes (fortes marées, tempêtes). Ces phénomènes soudains et incontrôlables ne laissent pas la place à une adaptation progressive mais nécessitent une anticipation dès maintenant pour limiter le risque ; • à l’élévation sensible des températures estivales et à l’augmentation des phénomènes de « super canicule » avec : − un risque de santé, en particulier pour les clientèles européennes moins habituées à la chaleur ; − une inadaptation de l’urbanisme des stations et des hébergements touristiques. Les normes actuelles ne prennent pas suffisamment en compte les très fortes chaleurs et la notion de construction ou d’urbanisme bioclimatique ; − une offre d’activité inadaptée en termes d’horaires, d’aménagement des sites, etc. − une focalisation sur le tourisme estival qui pourrait devenir impraticable, notamment dans la zone saharienne ; • à la baisse de la ressource en eau avec : − des conséquences sur l’approvisionnement des hébergements et activités touristiques ; − une question sur le comportement des touristes et leur sensibilisation ; − le risque de baisse de la qualité de l’eau, support des activités touristiques (baignade, thalasso…) ; • aux impératifs d’économies d’énergie avec notamment une hausse des coûts d’exploitation des entreprises touristiques et, là encore, une question sur la sensibilisation des touristes sur les comportements responsables ; • à plus long terme, l’infléchissement de la demande des clientèles européennes (diminution de la capacité à voyager et climat plus agréable sur le lieu de résidence). Les opportunités qui semblent les plus intéressantes reposent sur : • le développement d’une véritable offre à la fois alternative et complémentaire au balnéaire, en particulier sur les thématiques Santé et Culture en dehors du littoral. La Tunisie possède déjà des atouts certains pour mieux développer ces thématiques qui sont moins sensibles aux paramètres climatiques, peuvent permettre à la destination de se différencier dans un contexte de concurrence méditerranéenne et peuvent générer une valeur ajoutée supérieure au tourisme balnéaire banalisé ; • une organisation du secteur touristique permettant plus de souplesse dans la structuration de l’offre et une plus grande autonomie dans la commercialisation, avec une diminution de la dépendance aux TO étrangers, des modes de coopération permettant de favoriser l’innovation et le développement d’offres nouvelles ; • le développement d’une offre adaptée à la clientèle tunisienne et à la clientèle maghrébine en termes de promotion et commercialisation, de tarification et de produit ; • une nouvelle conception des hébergements touristiques et de l’urbanisme des stations touristiques, plus proche des concepts et modes de vie méditerranéens TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 15/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 traditionnels. Cette idée permettrait à la fois de répondre de façon plus adaptée aux impératifs climatiques tout en proposant aux clientèles étrangères un produit plus spécifique à la Tunisie. Enfin, la réflexion sur la question des transports, à la fois internes et externes, est également cruciale mais dépasse le cadre du tourisme. Il s’agit d’un enjeu à considérer dans un cadre très global, dans la perspective du réseautage des transports autours de la Méditerranée (train) et de l’articulation avec les politiques de transport de l’Europe. Dans une optique touristique et tunisienne, il semblerait néanmoins intéressant d’inscrire à l’agenda des réflexions la valorisation du rail sur le territoire national et la desserte par ferry depuis l’Europe. Vers une stratégie d’adaptation Cette analyse nous amène à identifier des grands dossiers prioritaires et transversaux qui constitueront la trame de la future stratégie du tourisme tunisien : − la gestion de la chaleur, notamment estivale ; − la gestion de l’offre littorale face à l’élévation du niveau de la mer ; − la gestion de l’eau douce ; − la question des transports et de la mobilité. Ces dossiers pourraient être formulés plus spécifiquement pour proposer des axes stratégiques plus parlants pour les acteurs du tourisme tunisien : − faire évoluer les composantes de l’offre pour prendre en compte les modifications météorologiques ; − réduire la dépendance au tourisme balnéaire ; − réinventer un tourisme plus économe ; − réduire la dépendance aérienne. Pour chacun des grands axes identifiés, les différents types de stratégie d’adaptation possibles seront analysés et évalués afin de proposer les orientations pour le secteur. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 16/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 1 Introduction Cette introduction vise à présenter le cadre de l’étude « Tourisme et changement climatique en Tunisie » en décrivant le contexte national et international dans lequel elle s’inscrit (1.1), les objectifs assignés à ce projet (1.2) et enfin la méthodologie employée pour mener à bien cette première phase (1.3). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 17/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 1.1 Le contexte de l’étude 1.1.1 Quel lien entre tourisme et changement climatique ? 1.1.1.1 Le tourisme contribue au changement climatique La deuxième conférence mondiale sur le tourisme et le changement climatique qui s’est tenue à Davos en septembre 2007 a été l’occasion de la première tentative d’estimation1 des émissions de GES et du forçage radiatif au niveau mondial pour le secteur touristique (UNWTO, UNEP et al. 2008). L’ordre de grandeur de la contribution du tourisme aux émissions globales de CO2 est de l’ordre de 5% du total mondial. Si l’on prend en compte le forçage radiatif, méthode de mesure qui rend mieux compte des impacts spécifiques de l’aviation, la fourchette est de 4,4% à 14,3% (si l’on inclut la contribution maximale des cirrus2 sur laquelle pèse une très forte incertitude). Si l’on décompose cette contribution, les transports de l’origine à la destination représentent 75% de toutes les émissions de CO2 du tourisme alors que l’hébergement rend compte de 21% et les activités de 4%. Pour le tourisme international, les voyages par air causent 86% des émissions de CO2 (source OMT). Des émissions qui vont augmenter Alors que, dans d’autres secteurs, la tendance est à la stabilisation ou à la réduction des émissions, le tourisme représente une part de plus en plus importante, en raison notamment de l’accroissement du nombre de touristes, de l’augmentation de la part des voyages longs courriers et enfin de l’accroissement de la fréquence de départ (courts séjours), avec pour conséquence une augmentation des GES liées au tourisme, et en particulier celle du transport aérien. 1 Cette évaluation inclut les émissions des allers et retours à la journée et considère les émissions du transport, de l’hébergement et des activités liées au tourisme. Les trainées des avions contribuent à la formation de cirrus (nuages), phénomène qui participe au phénomène global d’effet de serre. 2 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 18/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 1 : Projection des émissions CO2 à 2035 avec un scénario tendanciel/ “business as usual” (excluant les excursionnistes) International (2005) International (2035) Domestic (developed world, 2005) Air transport Domestic (developed world, 2035) Car transport Other transport Domestic (developing world, 2005) Accommodation Activities Domestic (developing world, 2035) 0 500 1000 1500 CO2 emissions (Mton) Source : (UNWTO, UNEP et al. 2008) Le contexte dans le bassin Méditerranéen En dix-sept ans, de 1988 à 2005, la part des arrivées internationales en avion en Méditerranée est passée de 23 à 40%, représentant en volume respectivement 47 et 122 millions de touristes. Certains pays, notamment insulaires, sont quasi totalement dépendants du transport aérien pour l’acheminement des touristes internationaux, avec des taux d’arrivées par avion supérieurs à 90%. Dans les pays du Sud et de l’Est, cette dépendance s’accroît dans la majorité des cas, avec des taux d’arrivée par air en Israël, Égypte et Maroc atteignant respectivement 87%, 78% et 51% en 2005. Certains pays du Nord connaissent la même situation (73% en Espagne par exemple). En Tunisie, ce sont 63% des touristes internationaux qui arrivent aujourd’hui en avion et 95% des visiteurs européens. Les touristes de proximité, comme les libyens et algériens qui arrivent actuellement en voiture, devraient bientôt bénéficier de nouvelles lignes aériennes, accroissant ainsi les flux en direction de la Tunisie. Selon les projections des arrivées internationales du Plan Bleu et si la part du transport aérien reste constante, les touristes arrivant par avion pourraient être plus de 158 millions en 2025. Compte tenu du rôle du transport aérien dans les émissions de gaz à effet de serre (GES), une telle évolution n’est clairement pas durable, surtout si l’on considère les objectifs de réduction des GES liés à la lutte contre le changement climatique. 1.1.1.2 Les impacts du changement climatique dans les destinations touristiques La communauté internationale, tant scientifique que politique, reconnaît aujourd’hui le changement climatique comme un risque croissant pour l’équilibre national et international. Les effets intégrés du changement climatique seront lourds de conséquence pour les entreprises et les destinations touristiques. Il est important de noter que le changement climatique aura des effets à la fois négatifs et positifs sur le secteur du tourisme et que ces effets varieront considérablement selon les segments de marché et les régions géographiques concernés. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 19/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 2 : Répartition géographique des principaux effets du changement climatique sur les destinations touristiques Source : OMT/ PNUE/ OMM, 2007 La figure 2 montre que le bassin méditerranéen, en tant que région touristique, est particulièrement exposé à certains risques vers le milieu ou la fin du XXIème siècle : hausse de températures estivales, raréfaction de l’eau, perte de biodiversité terrestre et marine, augmentation des épidémies. Cependant les évaluations réalisées par le GIEC restent très générales et nécessitent des études plus précises localement avant de pouvoir évaluer les conséquences possibles en termes d’effets économiques ou sociaux nets du changement climatique sur le secteur du tourisme. 1.1.2 Une nécessaire adaptation du secteur Si la question de l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre a longtemps accaparé les discussions et les actions, il est aujourd'hui reconnu que les effets du changement climatique se feront dans tous les cas ressentir et que toutes les sociétés et les activités économiques devront aussi penser à s’adapter à ces évolutions. Les destinations touristiques et leurs acteurs ne seront pas épargnés. D’une façon générale, il semble que les touristes eux-mêmes ont la plus grande capacité d’adaptation (choix de la destination, époque de leur voyage, choix des activités…). Les acteurs socio-économiques (hébergeurs, communautés d’accueil, voyagistes qui ont beaucoup investi dans des actifs immobiliers…) ont la capacité d’adaptation la plus faible. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 20/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 La capacité de l’industrie touristique à faire face à une large gamme d’évènements majeurs récents (SRAS3, attentats terroristes dans plusieurs pays, tsunami asiatique…), permet cependant de considérer que la capacité d’adaptation de l’ensemble de ce secteur est relativement élevée. Il semble que ce constat se confirme en Tunisie. Expérience internationale L’un des enseignements les plus importants tirés de l’ouragan Katrina et de l’hiver extrêmement chaud de 2006-2007 dans les Alpes européennes est que les adaptations risquent de ne plus suffire lorsque surviennent des phénomènes inattendus qui sortent du champ d’expérience du secteur touristique. Ces phénomènes devraient être anticipés dans le cadre du changement climatique ; il faut donc impérativement que le secteur du tourisme évalue l’efficacité des adaptations actuelles dans des conditions climatiques projetées. À une époque où le climat change dans le monde entier, il ne suffit plus de s’appuyer sur l’expérience passée. Les besoins en informations indispensables à une adaptation efficace et anticipative au changement climatique seront très importants et l’adaptation est par conséquent un domaine critique pour les futurs travaux de recherche. Source : OMT/ PNUE/ OMM, 2007 1.2 Les objectifs et résultats attendus de l’étude Une stratégie d’adaptation par et pour les acteurs du tourisme en Tunisie Cette étude vise à construire une meilleure compréhension des impacts possibles du changement climatique sur l’activité touristique en Tunisie et à doter le secteur d’une stratégie et d’un plan d’actions pour se préparer à faire face à ces évolutions. Elle vise également à sensibiliser l’ensemble des acteurs du tourisme et à leur apporter des éléments qui les aideront à comprendre les nouveaux enjeux du développement touristique, les risques auxquels ils devront se préparer et les opportunités qu’ils pourront saisir. Elle doit préfigurer des outils leur permettant de faire évoluer leur activité. Les résultats de l’étude seront principalement utilisés : • par les différents ministères et institutions concernés (MEDD, Ministère du tourisme, ONTT…) pour alimenter, voir infléchir, leurs politiques et stratégies ; • par les acteurs privés du tourisme pour anticiper les évolutions au sein de leur activité et innover afin de rester compétitifs sur le marché international ; • par l’ensemble de ces acteurs pour travailler conjointement sur des actions concrètes à court terme permettant une meilleure prise de conscience des évolutions à venir et l’expérimentation de produits et de démarches pilotes. Il est donc indispensable que l’ensemble de ces acteurs soit associé en amont à la construction de la stratégie d’adaptation. Syndrome Respiratoire Aigu Sévère, désigne l’épidémie mondiale de pneumopathie atypique survenue en 2003 3 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 21/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Combiner adaptation et atténuation Prenant en compte la vulnérabilité au changement climatique d’activités de tourisme très liées aux caractéristiques environnementales locales, il faut envisager l’ensemble des interrelations entre le tourisme et le changement climatique : • les effets du changement climatique sur les ressources climatiques et environnementales du tourisme et des loisirs, problème dont les professions sont les plus promptes à se saisir, puisqu’il les menace directement ; • la contribution du tourisme au changement climatique, en raison essentiellement de son fort recours aux transports, contribution généralement passée sous silence ou considérée comme une problématique « transport » plutôt que « tourisme », mais dont les premières études montrent pourtant qu’elle est considérable et en augmentation rapide ; • les effets possibles des politiques de lutte contre le changement climatique sur le tourisme, qui devraient finalement influer plus rapidement sur le tourisme que des évolutions climatiques encore difficiles à évaluer avec précision. Cette étude vise donc à intégrer l’ensemble de ces thématiques, bien que la troisième soit, selon les conventions en usage, exclue du champ de l’adaptation tel que défini par le GIEC (Wilbanks, Romero Lankao et al. 2007). En l’état actuel des connaissances scientifiques, les effets directs du changement climatique sur les températures, les précipitations, les évènements extrêmes ou le niveau de la mer sont encore entachés de fortes incertitudes quant à leur amplitude et leur échéance, même si leur amplification à court terme est certaine. Il n’est donc pas possible de proposer des évaluations certaines et fiables des impacts sur le secteur du tourisme, en termes de coûts ou de modification des flux notamment. On peut seulement envisager des impacts potentiels et identifier des vulnérabilités puis définir des mécanismes de souplesses qui permettront de faire progresser la connaissance et de réagir plus rapidement lorsque les impacts se préciseront. Par contre, la lutte contre le changement climatique est déjà une préoccupation majeure au niveau international et notre expérience des études d’impacts du changement climatique nous persuade que les impacts les plus rapides risquent d’être liés aux politiques d’atténuation menées à tous les niveaux (local, national, international). En particulier dans le cas du tourisme tunisien, l’impact des politiques internationales de lutte contre le changement climatique sur le transport aérien est une donnée essentielle en raison des menaces qu’elle fait peser sur de la mobilité des touristes, de la possible compensation financière des émissions liées aux vols touristiques, de l’incitation à éviter les séjours touristiques de courte durée, de l’incitation au tourisme de qualité au détriment du tourisme de masse, etc.). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 22/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 1.3 Méthodologie : l’organisation des travaux de la phase 1 L’ensemble des outils et méthodes mobilisés pour la réalisation de la première phase sont présentés ici. Pour chaque étape, les objectifs fixés, la méthodologie employée et les résultats obtenus sont précisés. Les travaux s’appuient sur l’expertise des consultants nationaux et internationaux mobilisés, tant sur le secteur touristique que sur le changement climatique. Sur l’analyse des données, leur expertise a permis de sélectionner les documents pertinents et d’en tirer l’information utile avec suffisamment d’analyse critique. La diversité et la complémentarité des outils et l’expertise des consultants ont permis d’atteindre les objectifs de cette phase. 1.3.1 Le lancement de l’étude L’objectif de cette première étape de lancement était de cadrer les travaux avec les principales parties prenantes du projet et appréhender les principaux enjeux de l’étude. Ce lancement a eu lieu les 15 et 16 juin 2009 à Tunis et s’est déroulé en trois étapes : • une réunion de travail entre le cabinet TEC les membres de la GTZ, destinée à valider le cadre méthodologique du projet et son calendrier et collecter la documentation disponible ; • une réunion de travail entre le cabinet TEC, la GTZ et l’ONTT, destinée à présenter le projet, ses objectifs et son déroulement ; • la participation du cabinet TEC à la table ronde « Tourisme écologique : Réalités et potentiels » organisée par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (DGEQV) le 16 juin au CITET, Tunis. Lors de cet atelier, Mme KHAMASSI (ONTT) a présenté le contexte et les objectifs de l’élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique au changement climatique puis Mme LOOTVOET (TEC) à présenté la méthodologie et la démarche pour l’élaboration de cette stratégie. 1.3.2 Une analyse documentaire préalable L’objectif de cette étape était de collecter les données et informations documentaires nécessaires à la réalisation de ce diagnostic. Cette étape documentaire était nécessaire, avant tout processus de concertation, afin de préparer l’analyse à partir de l’ensemble des travaux existants. Elle s’est organisée selon deux axes : − l’analyse des caractéristiques du secteur touristique tunisien ; − l’analyse de la littérature internationale concernant les impacts changement climatique sur le tourisme et les mesures d’adaptation. du 1.3.2.1 Les caractéristiques du secteur touristique tunisien L’objectif de cette tâche était de dresser un état des lieux du tourisme tunisien centré sur la question de la dépendance au climat. Il ne s’agit donc pas de dresser un état des lieux exhaustif de ce secteur mais bien d’analyser les activités touristiques en TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 23/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 relation directe avec le changement climatique ainsi que le cadre institutionnel et organisationnel de ce secteur. La collecte de données et l’étude bibliographique ont particulièrement porté sur : − les données et statistiques sur le tourisme tunisien : documents de stratégie et de planification, rapports d’activité et compendium statistiques, organigrammes, etc. − diverses études sur le tourisme tunisien : études universitaires, rapports d’études d’organisme et bureaux d’étude tunisiens, articles scientifiques, etc. Toutes les sources de données utilisées sont citées dans la bibliographie annexée à ce rapport. Cette information a été traitée par l’équipe d’experts afin d’analyser le secteur touristique en lien avec le changement climatique : la structure générale du secteur touristique, les chiffres clés, l’organisation institutionnelle, les évolutions attendues au regard de la planification et les orientations à long terme et, enfin, les vulnérabilités en regard de l’élévation du niveau de la mer, des conditions climatiques et de l’utilisation des ressources naturelle. Cette analyse a été réalisée pour le secteur touristique en général, avec des approfondissements pour les thèmes suivants : − le tourisme balnéaire ; − le tourisme saharien ; − le golf ; − la thalassothérapie ; − le tourisme culturel ; − l’écotourisme. − la plaisance ; Cette analyse est restituée dans le chapitre 2 de ce rapport. 1.3.2.2 L’analyse de la littérature nationale et internationale Une étude bibliographique des travaux réalisés à l’échelle de la Tunisie et à l’échelle internationale a été réalisée. Elle porte sur l’évaluation des impacts du changement climatique sur les activités touristiques et les mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique envisagées. L’ensemble des références bibliographiques est présenté à la fin de ce rapport. 1.3.3 L’étude et l’approfondissement des données climatiques relatives à la Tunisie L’objectif de cette tâche était de collecter et analyser les travaux déjà réalisés en termes de projections climatiques pour la Tunisie. Les termes de référence présent projet ne prévoient pas de mener une nouvelle étude du climat tunisien et de ses évolutions futures mais de s’appuyer sur les conclusions des travaux réalisés lors de l’étude sur l’adaptation du secteur agricole : «Stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture tunisienne et des écosystèmes aux changements climatiques» (MARH et GTZ 2007), dite étude ACC. Le rapport de l’étude ACC a servi de base à la connaissance des évolutions climatiques en Tunisie. Seuls les résultats présentés dans les rapports publiés (intermédiaire et final) ont été utilisés. Cependant, afin de compléter les données climatiques existantes, il nous a semblé nécessaire de disposer de données climatiques plus directement pertinentes pour le secteur touristique. Pour cela, des projections spécifiques à notre étude ont été réalisées. Ces travaux ont consisté à : TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 24/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 − identifier les paramètres climatiques qui intéressent le secteur du tourisme (exemple : nombre de jours de pluie plutôt que cumul des précipitations) ; − retraiter ces données pour créer des indices composites comme le TCI ; − préparer des présentations attractives de ces éléments pour pouvoir accompagner une consultation d’acteurs en Tunisie, et les faire réagir sur ces données. Ces travaux sont synthétisé en partie 3.2 de ce rapport et détaillés dans l’annexe 2. 1.3.4 La consultation des acteurs tunisiens L’objectif de cette phase était de confronter et compléter le diagnostic réalisé à travers des rencontres avec les acteurs tunisiens concernés par le tourisme. Il ne s’agit pas à ce stade de réaliser une enquête détaillée et représentative mais de mener des entretiens qualitatifs avec une diversité d’acteurs, dans une posture d’écoute plutôt que de construction. Les interlocuteurs visés représentaient à la fois l’administration et le secteur privé, les acteurs du tourisme et les acteurs d’autres secteurs directement liés à la problématique, des acteurs nationaux et des représentants régionaux. L’ambition de cette série de rencontres n’était pas d’être exhaustive mais diversifiée. Ces rencontres avaient pour but d’aborder les questions suivantes : − de sentir le niveau de sensibilité des acteurs à la problématique du changement climatique et leur perception de cet enjeu et de les sensibiliser sur le sujet ; − de collecter une information complémentaire (étude, données…) ; − de discuter les impacts possibles des constats climatiques que nous présentons sur l’activité touristique ; − de tenter de recueillir des témoignages illustrant les impacts déjà observés des phénomènes climatiques et sur leurs conséquences en termes de coût et d’adaptation de l’activité touristique. Ces rencontres ont pris plusieurs formes différentes : − des entretiens en tête à tête. Ces rendez-vous ont été organisés soit par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (DGEQV), soit directement par les consultants. Il s’agissait d’entretiens semi-directifs orientés en fonction du type d’interlocuteur rencontré ; − des réunions dans les différentes régions touristiques avec les commissaires régionaux au tourisme et des représentants du secteur privé à travers leur fédération et certains opérateurs locaux. Ces réunions ont été organisées par l’ONTT. Pour chaque réunion, l’étude a été présentée, ainsi que la problématique du changement climatique et du tourisme. Les consultants ont exposé le type d’impacts attendus afin de faire réagir les participants. Ces rencontres se sont déroulées du 28 septembre au 13 octobre 2009 en Tunisie. Elles ont permis de rencontrer un total de 87 personnes, représentant plus de 30 organismes, administrations et professionnels du tourisme. La liste des personnes rencontrées est présentée en annexe à la fin de ce rapport. Les expériences relatées par les acteurs rencontrées sont exposées dans le corps du rapport sous forme d’encadrés comme illustration du propos. Une analyse globale du ressenti des acteurs est exposée au chapitre 6. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 25/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 1.3.5 L’analyse et la restitution des résultats L’objectif de cette dernière tâche était de compiler, analyser, synthétiser et restituer l’ensemble des travaux décrits ci-dessus. Il ne s’agit pas d’exposer l’exhaustivité des informations collectées lors cette première phase mais bien d’en proposer une synthèse analytique destinée à préparer les travaux des phases suivantes. A l’issue des étapes d’étude documentaire et de rencontres, les consultants ont mené une analyse de l’ensemble de l’information collectée afin : • de mettre en perspective des vulnérabilités du tourisme tunisien avec les scénarios climatiques • d’identifier les impacts potentiels du changement climatique sur le tourisme − impacts environnementaux et socioéconomiques directs − impacts liés à la conjoncture internationale • d’analyser la conjoncture internationale et ses impacts possibles. Il s’agira en particulier d’analyser les impacts des politiques globales d’atténuation. • de proposer des pistes d’évaluation des coûts liés aux impacts du changement climatique. Il est important de souligner à ce stade que le chiffrage des impacts du changement climatique est un exercice extrêmement complexe pour lequel la communauté internationale manque encore de méthodologie fiable. Il peut se baser, en théorie sur plusieurs méthodes qui sont complémentaires : − la bibliographie : il s’agit de répliquer (Benchmark) des exemples similaires au cas de la Tunisie ; − la modélisation économétrique : il s’agit de coupler des modèles climat/ fréquentation puis fréquentation/ impact économique (notamment par l’intermédiaire des comptes satellites du tourisme) ; − des entretiens avec des experts et personnalités qualifiés ; − une consultation large d’acteurs. En pratique ces méthodes doivent être adaptées à chaque contexte national. Dans le cas de la Tunisie, l’absence de comptes satellites du tourisme (en cours d’élaboration actuellement) ne permet pas une approche de modélisation économétrique. Ce sont donc la bibliographie et la consultation des acteurs qui nous ont permis d’approcher cette dimension. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 26/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 2 L’analyse des activités touristiques en liaison avec le changement climatique Ce chapitre vise à présenter les grandes caractéristiques du tourisme tunisien, en se focalisant sur les éléments qui peuvent constituer des atouts ou des vulnérabilités face aux conséquences du changement climatique. Il rappelle tout d’abord le poids de l’activité touristique en Tunisie (2.1), soulignant ainsi l’enjeu que représente la pérennité de ce secteur économique. Il décrit ensuite les caractéristiques du secteur avec les différentes composantes de la demande touristique puis de l’offre touristique déclinée selon plusieurs thématiques (2.2). Les parties suivantes présentent le cadre organisationnel du secteur (2.4), ses évolutions attendues (2.4) et ses liens avec les autres secteurs dans le cadre de la prise en compte du changement climatique (2.5). Enfin, la dernière partie fait l’inventaire des différents outils et mesures environnementales qui l’appliquent au secteur touristique (2.6). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 27/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Identifié comme l’une des activités économiques les plus importantes dans le monde, le tourisme joue en effet un rôle considérable en Tunisie. Comptant parmi les grandes destinations touristiques du Sud de la Méditerranée, la Tunisie a accueilli en moyenne 5 millions de visiteurs par an entre 2000 et 2005. Les performances du tourisme sont essentielles à son économie. Après avoir enregistré une croissance rapide entre les années 1988 et 1995, ce secteur rencontre des difficultés, dans un contexte marqué par le renforcement de la concurrence en Méditerranée. 2.1 Développement et place (économique et sociale) du secteur touristique en Tunisie 2.1.1 Un moteur pour l’économie tunisienne Différents chiffres reflètent de l’importance du secteur touristique pour l’économie tunisienne, résumés dans le tableau ci-dessous. Tableau 1 : Les chiffres clés du tourisme tunisien (1987-1997-2008) 1987 1997 2008 443 662 836 Capacité disponible en lit 100 456 178 176 238 495 Capacité mise en exploitation 86 496 154 829 197 780 Arrivées aux frontières des non-résidents 1 874 734 4 263 107 7 048 999 Arrivées aux frontières des européens 1 547 637 2 845 952 4 106 675 Arrivées aux frontières des maghrébins 265 057 1 281 298 2 779 859 Nuitées globales 18 556 793 29 795 812 38 112 352 Nuitées des non-résidents 17 515 741 27 684 239 35 048 653 Nuitées des résidents 1 041 052 2 111 573 3 063 699 Durée moyenne de séjour 9,3 6,5 5,0 Taux d'occupation (%) 58,8 52,7 52,7 550,2 1565,3 Valeur ajoutée (en millions de dinars) x x 1 917 Part du PIB x x 7% 77,0 % 60,1 % 50,6 % x x 17 % 63 360 253,6 40 182 71 300 95 398 x x 286 194 Nombre d'hôtels Recettes touristiques (en millions de dinars) Taux de couverture du déficit commercial Part des exportations Investissements millions de dinars Emplois directs Emplois indirects 3077,3 Source : le Tourisme en chiffres, ONTT TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 28/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 2.1.2 Une part essentielle des emplois… Les impacts sociaux du tourisme sur la croissance sont appréhendés à travers l'indicateur essentiel, à savoir la création d'emplois. Depuis les années 1960, l'extension de l'activité touristique a permis d'atténuer les tensions sociales et ce, en particulier grâce aux emplois directs et indirects créés. D'année en année, la part du tourisme dans le total de la création d'emplois en Tunisie, n'a fait qu'augmenter. Inférieure à 7% de 1975 à 1984, elle est passée à plus de 8% de 1984 à 1994 et est actuellement de l'ordre de 10%. Durant l'année 2007, 1556 emplois directs et 4667 emplois indirects supplémentaires ont été générés par l'activité touristique4. On estime aujourd’hui à un tunisien sur cinq le ratio d’emploi dans le secteur du tourisme. 2.1.3 Et une participation aux finances locales Il existe un lien entre finances locales et développement touristique. En effet, l'activité touristique est la plus productrice de fiscalités locales. En conséquence, le potentiel de prélèvement touristique au niveau des municipalités, est une source de financement à la réalisation d'équipements sur le territoire de ces mêmes municipalités. Pour permettre une distribution équitable des revenus touristiques, sans pour autant que l'État, déjà fortement engagé dans le volume des budgets locaux, y participe directement, d'autres mesures ont été mises en place, comme les taxes et impôts5 au niveau des municipalités. Ces éléments de cadrage soulignent la place importante que tient le secteur du tourisme en Tunisie et la nécessité d’anticiper les évolutions de cette activité dans la perspective du changement climatique. 2.1.4 Les évolutions de la demande Développée à partir des années 60, l’offre touristique a d’abord visé une clientèle internationale de masse, basée pourtant sur une offre d’hébergement de qualité supérieure à la moyenne méditerranéenne. Cette politique permettait de s’assurer des entrées en devises avec des coûts raisonnables d’investissement par lit. Les trente premières années6, cette stratégie a connu un grand succès résistant aux crises : chocs pétroliers, changement de régime, guerre du Golfe, entre autre. Par la suite la croissance s’est tassée, à un rythme annuel de 4,7% par an entre 1990 et 20007. 4 La projection des emplois engendrés par l'implantation touristique se base sur les normes suivantes, soit 1 lit touristique créé 0,40 emploi direct et 1 emploi direct génère 3,5 emplois indirects. En terme de type d'emploi, et selon les normes admises, le taux moyen de postes d'encadrement du personnel de commandement et du personnel "cadre moyen" est de 25 %; le taux d'encadrement pour le personnel de base et de service est de 75%. 5 Loi n°75-34 du 14 mai 1975 a fixé le taux de la taxe hôtelière à 1% du chiffre d'affaires des établissements touristiques. 6La croissance moyenne annuelle s’est élevée à 17 %. (La Tunisie et le marché euro-méditerranéen du tourisme. Document de travail 7, AFD, septembre 2005). 7 Ibid. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 29/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Depuis, le modèle tunisien laisse apparaître des faiblesses face à une concurrence accrue8, et perd des parts de marché par rapport aux destinations méditerranéennes, ces faiblesses étant davantage d’ordre structurel que conjoncturel. Selon l’étude menée en 2005 par l’AFD9, en dépit d’une compétitivité-prix remarquable et d’une augmentation de la fréquentation, la part de marché de la Tunisie dans le tourisme au Sud de la Méditerranée diminue. Figure 3 : Part de marché des principales destinations méditerranéennes (hors UE) Sur cette période encore, il faut relever la bonne résistance de l’activité touristique aux différents évènements conjoncturels : attentats du 11 septembre (2001), attentat de Djerba (2002), crise internationale. La relative proximité des marchés émetteurs, l’image sure de ce pays et le potentiel représenté par le tourisme domestique pourraient contribuer à expliquer cette résistance et constituer autant d’atouts pour l’adaptation aux impacts du changement climatique Depuis 3 ans, les arrivées augmentent à nouveau, avec en même temps une diminution de la durée des séjours. Les recettes et les emplois sont également tournés à la hausse sur ces trois années. En 2008, le nombre de visiteurs a dépassé les 7 millions, réalisant un total de plus de 38 millions de nuitées, soit 5 nuitées par voyageur en moyenne. Le taux d’occupation annuel moyen s’est élevé à 52,7% en 2008. Les recettes touristiques, quant à elles, atteignent près de 1 885 millions d’euros, avec une hausse des dépenses moyennes par touriste et par nuitée10. Aujourd’hui, deux types de tourisme coexistent : − un tourisme hôtelier, pratiquement sédentaire, pour les marchés européens qui utilisent les transports aériens ; − un tourisme de plus grande mobilité pour les marchés maghrébins. 8 Parmi les destinations de la Méditerranée (hors UE), la part de marché de la Tunisie est passée de 20 % en 1994 à 14 % dix ans plus tard. (La Tunisie et le marché euro-méditerranéen du tourisme. Document de travail 7, AFD, septembre 2005, p11). 9 Ibid. 10 687 dinars par visiteur européen en 2008 (soit 380€ par séjour), Le tourisme tunisien en chiffres 2008, p15. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 30/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 2.2 Les caractéristiques du tourisme tunisien11 et sa sensibilité aux paramètres climatiques 2.2.1 Les clientèles 2.2.1.1 Les européens Les marchés européens, qui représentent 93% des nuitées des non-résidents, ont évolué depuis le début des années 2000. Le marché français conserve sa première place avec plus de 9,2 millions de nuitées suivie de l’Allemagne (6,1 millions), l’Italie (3 millions), la Grande-Bretagne (2,5 millions) et la Belgique (1,6 millions) en 200812. Figure 4 : Évolution des nuitées des principaux marchés européens 12 000 000 10 000 000 8 000 000 2000 2004 2007 6 000 000 4 000 000 2 000 000 0 Français Allemand Italiens Anglais Belges Source : le Tourisme en chiffres, ONTT Si les marchés italien et anglais stagnent, le marché allemand est désormais loin de ses positions de l'année 2000 ; seul le marché français progresse. De nouveaux marchés sont apparus permettant une croissance des nuitées. Ainsi, les plus fortes progressions ont été enregistrées par les marchés roumain (143%), russe (21%), bulgare (21%), hongrois (20%), slovaque (11%) et polonais (10%) qui ont contribué à près de 50% de l’augmentation des nuitées totales. 11 Sauf indication contraire, tous les chiffres ont pour source : ONTT, Le tourisme tunisien en chiffres 2008 12 En nuitées hôtelières. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 31/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 5 : Évolution des nuitées des marchés russe, tchèque et polonais 1 800 000 1 600 000 1 400 000 1 200 000 1 000 000 2000 2004 2007 800 000 600 000 400 000 200 000 0 Russe Tchèque Polonais Source : le Tourisme en chiffres, ONTT Il y a 15 ans, en 1994, ces trois marchés ne représentaient que 1,5% des nuitées des européens ; en 2008, 14,7%. C'est dire la place qu'ils occupent dans le tourisme tunisien, avec, dans une moindre mesure, les marchés roumains, hongrois, bulgares et slovaque. Par contre, en termes de durée de séjour et de recette touristique, ces trois marchés n'ont en aucun cas remplacé le marché allemand. En effet, si la durée de séjour des marchés russe avec 7,7 jours, tchèque avec 8,1 jours et polonais avec 7,3 jours est supérieure à la moyenne des européens, 6,8 jours, elle reste toutefois inférieure à celle du marché allemand, 9,6 jours. Il en est de même au niveau des recettes. Tableau 2 : Recettes touristiques par marché européen - 2008 Pays Recettes touristiques (Millions de DT) France 875,6 Allemagne 542,3 Grande Bretagne 223,8 Italie 277,9 Belgique 137,4 Pologne 108 Tchéquie 77,4 Russie 108,6 Source : le Tourisme en chiffres, ONTT D’une façon générale, la fréquentation des clientèles européennes est caractérisée par une saisonnalité marquée : deux tiers des visites ont lieu entre les mois de juin et octobre. Cette fréquentation estivale et l’origine géographique de ces clientèles européennes laissent penser qu’elles sont sensibles au climat, recherchant soleil et chaleur propices à la baignade mais peu habituées aux fortes chaleurs du sud TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 32/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Méditerranée. Par ailleurs, il faut aussi souligner que cette saisonnalité est fortement contrainte par des facteurs sociaux (vacances scolaires, fermetures d’entreprises) qui renforcent la sensibilité de ces marchés au climat estival. Enfin, les motifs de visites sont quasi uniquement liés à l’agrément et au balnéaire, la fréquentation est donc très sensible à la qualité de l’offre balnéaire. Plus de 60% des entrées des non-résidents se font par air et 35% par voie terrestre. Néanmoins, il y a lieu d'affiner ces résultats. En effet, la voie aérienne représente plus de 95% pour les entrées des européens, tandis que la voie terrestre représente 93% des entrées des maghrébins. Ainsi, la relative diminution de l’aérien au profit du transport routier est à imputer au développement du tourisme maghrébin. Tableau 3 : Part des arrivées internationales par mode de transport (en %) 1964 1965 1968 2006 Aérien X 58 74 63 Routier 41 32 X 35 Maritime X X X 2 La part de vols charters est assez fluctuante. En 1971, 52% des passagers des aéroports de Tunis–Carthage, Djerba–Mellita et Monastir–Skanès empruntaient des vols charters. En 1972, 66% des touristes empruntant la voie aérienne, sont transportés par des compagnies charters. Mais, il est difficile de donner des statistiques fiables. De nombreux vols réguliers sont en partie des vols charters. En 1987, 57% des passagers, passant par les 5 aéroports de Tunisie, empruntent des vols non réguliers. En 1997, cette part était de 58%. Compte tenu de ces éléments, on peut imaginer que les clientèles européennes sont sensibles au prix de l’aérien. Cependant, ceci est à nuancer, comme nous le verrons plus loin, par le mode de commercialisation au forfait qui permet d’absorber dans une certaine mesure les variations de prix des vols. Par contre, il est possible de dire que ces clientèles développent de plus en plus une conscience environnementale qui peut les amener à réfléchir sur les impacts de leurs vacances et en faire un critère de décision. Cette tendance commence à être sensible pour les clientèles d’Europe du Nord. 2.2.1.2 Le tourisme maghrébin Les maghrébins, avec 39,4% des arrivées aux frontières, représentent la seconde région d’origine des touristes. Avec 1,8 millions d’arrivées, le marché libyen se situe en 1ère position, devant les marchés français, 1,4 millions d’arrivées, et algérien, 0,97 millions d’arrivées. Tableau 4 : Évolution de la demande maghrébine1998-2008 Arrivées aux frontières Arrivées dans les Hôtels Nuitées Durée de séjour hôtelier 1998 Marocains 45 111 28 144 64 297 2,3 Algériens 684 221 223 957 521 519 2,3 Libyens 834 473 154 232 262 250 1,7 2000 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 33/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Marocains 37 689 22 907 59 135 2,6 Algériens 611 620 195 578 437 757 2,2 Libyens 685 208 128 716 234 701 1,8 32 430 16 820 46 705 2,8 968 499 262 432 758 517 2,9 1 766 881 165 979 340 058 2,0 2008 Marocains Algériens Libyens Source : ONTT, Le tourisme tunisien en chiffres 2008 Mais en termes d'arrivées dans les hôtels, la situation est tout à fait différente : ces clientèles de proximité ne génèrent que peu de nuitées dans l’hôtellerie et préfèrent généralement la location de meublés. En termes de durée de séjour à hôtel, les marchés algériens, 2,9 jours, et libyens, 2 jours, sont très loin de la moyenne qui est de 6,3 jours. Finalement, ils totalisent environ 1,1 millions de nuitées en hébergement marchand (3% des nuitées des non-résidents dans les hôtels) alors que le marché national atteint les 3 millions. En termes de recettes touristiques, le marché libyen, avec 255,3 millions de dinars, se situe en 3ème position après les marchés français et allemand et le marché algérien, 116 millions de dinars, en 6ème position. Les arrivées aux frontières des clientèles libyennes ont progressé de 14,5% entre 2007 et 2008, tandis que les nuitées ont progressé de 19%. Il s'agit d'un tourisme de santé, de famille, d'affaires mais également un tourisme ludique. Aujourd’hui, ces touristes arrivent à 86% par voie terrestre mais la création de plusieurs lignes aériennes entre la Libye et la Tunisie devraient bouleverser la donne dès 2010. Le marché libyen se caractérise par un étalement réel de la fréquentation au long de l’année. Ceci s’explique en partie par le motif du déplacement : le tourisme de santé en majorité, ainsi que par sa proximité. Alors que les arrivées internationales varient de 300 000 en janvier à plus d’un million en août, celles des libyens oscillent entre 100 000 et 170 000 toute l’année. Le marché libyen, compte tenu de la proximité mais également de la langue et des traditions communes, est un marché solide pour la Tunisie. Il représente de réelles opportunités dans l’optique du changement climatique car c’est un marché qui apparaît peu sensible au climat et au prix de l’aérien. C’est d’autant plus vrai qu’il n’est pas focalisé sur le produit balnéaire d’agrément mais sur d’autres types de produits et de motifs, moins sensibles aux conséquences des évolutions climatiques. Cependant, ce marché reste aujourd’hui peu organisé. Il s’agit essentiellement de voyage individuel, de très courte durée et sa connaissance du produit touristique tunisien est très limitée. Il offre ainsi une réelle marge de progrès en termes de revenus pour le tourisme tunisien. Certaines caractéristiques diffèrent pour le marché algérien, en particulier la saisonnalité qui reste marquée avec 38,5% des arrivées aux frontières en juillet et août. Les principales régions visitées sont Tunis, Cap bon, Sousse et naturellement Tabarka. Cependant, il est important de noter que 60% des arrivées proviennent de l’est algérien, laissant supposer que ces clientèles sont relativement captives aujourd’hui du fait de leur proximité et de motifs familiaux et que ce marché reste fragile devant le développement des infrastructures de transport et l’amélioration du pouvoir d’achat des algériens. Même s’il est également insensible au climat et au prix de l’aérien, il ne semble pas aussi solide que le marché libyen. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 34/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 2.2.1.3 Les clientèles lointaines Les clientèles lointaines sont minoritaires en Tunisie : • Les arrivées des marchés américain et canadien ont progressé de 7,3 et 7,7% entre 2007 et 2008. Concernant les nuitées, la hausse atteint 12,2%. En 2008, la dépense des marchés américains progresse de 17% et atteint 34,6 millions de dinars. • Les autres marchés lointains, Japon, Brésil, Chine et Australie, voient le nombre de leurs arrivées diminuer entre 2007 et 2008 excepté l’Australie (+1,2%). Cependant, le total des nuitées augmente fortement, hormis pour le marché japonais. Au niveau des dépenses, les devises japonaises diminuent de 3,4% entre 2007 et 2008, passant de 8,7 à 8,4 millions de dinars. Par contre, celles des autres pays augmentent de plus de 20%, atteignant 11,1 millions de dinars en 2008. En conclusion, le nombre de nuitées des marchés éloignés diminue entre 2007 et 2008, passant de 941 000 à 936 000, tandis que la dépense quotidienne augmente légèrement de 50 à 57 dinars. Ces marchés restent néanmoins confidentiels, comptant pour seulement 2,45% du total des nuitées touristiques et ne justifient surement pas un investissement marketing coûteux, qui pourrait être mieux rentabilisé sur d’autres cibles (marché européen ou de proximité). 2.2.1.4 Le tourisme domestique En 2008, les résidents ont atteint 1,3 millions d’arrivées dans les hôtels. Ils ont généré 3 millions de nuitées, soit 8% des nuitées globales, les plaçant au 3ème rang dans la structure des nuitées globales, après les marchés français et allemand. La motivation première est le balnéaire. La région de Hammamet-Nabeul (19%) reste la plus fréquentée. Hammamet, relié par l'autoroute A1, est considéré comme la grande banlieue de Tunis et totalise près de 600 000 nuitées. Les résidents qui fréquentent les hôtels sont issus de catégories socioprofessionnelles élevées et la majorité fréquente des établissements 4*. Cependant, les nuitées hôtelières ne donnent qu’une indication très partielle de la réalité du tourisme interne. Une étude sur « Le marché touristique interne » a été réalisée en 2004 par le bureau d'études ACC. Selon cette étude, le taux13 de départ du tunisien en vacances se situe à hauteur de 59%. Plus de la moitié des nuitées sont passées en hébergement « non marchand » (parents et amis). L’hébergement en résidences louées concerne environ 8% des séjours avec une durée moyenne de séjour de 12 nuitées (estimé à 8,1 millions de nuitées). Ce marché est toutefois difficile à mesurer car il est peu structuré et les tunisiens passent rarement par une agence immobilière pour la location de ces résidences (environ 3% des cas). On prend conscience, à la vue de ces données, de l’importance de ce marché pour la Tunisie. La même étude permet également de mieux comprendre les caractéristiques de ce marché. Il ressort que, comme pour les touristes internationaux, les flux de touristes internes vers l’intérieur du pays sont faibles, restant plutôt concentrés sur la côte, et que ces vacances ont lieu plutôt en été (75%). Neuf destinations touristiques « traditionnelles » (le Grand Tunis, Sousse, Hammamet, Djerba, Nabeul, Bizerte, Tabarka- 13 Ce taux détermine le rapport entre le nombre d’enquêtés ayant affirmé avoir passé au moins une nuitée en dehors de leur environnement habituel à des fins non liées à l’exercice d’une activité rémunérée (loisirs, visite à des parents et amis, santé,…) et le nombre total d’enquêtés. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 35/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Aïn Draham, Mahdia et Monastir) accueillent environ 80% de l’ensemble des séjours et vacances. La voiture particulière occupe la première position dans le mode de transport le plus utilisé (dans plus de 50% des vacances passées en 2004). Cependant, l’étude fait ressortir les attentes des tunisiens sur une meilleure desserte des espaces de loisirs par les transports en commun. Le tourisme domestique mérite d’être considéré comme un réel atout dans la perspective du changement climatique. Les tunisiens sont moins sensibles que les européens au climat méditerranéen auquel ils sont habitué et ils ne sont pas dépendant d’une desserte aérienne mais sont sensibles à l’offre de transport en commun. Dans les années 1970 et 1980, la demande nationale n'a pas été bien appréciée et ses impacts n’ont pas été anticipés. Cependant, la situation évolue et plusieurs types de mesure ont été pris : • pour le tourisme de proximité, des espaces réservés ont été affectés à l’usage de vacanciers nationaux (plan d'occupation des plages, zones réservées au tourisme intérieur sont en cours d'aménagement). • des modes d’hébergement marchand alternatifs se développent : hébergement collectif, camping, maisons de jeunes ; • une politique de loisirs est mise en place avec des agences de voyages qui se spécialisent dans le créneau national, afin de faire bénéficier les résidents des tarifs groupes et une politique de réduction des prix pour le tourisme intérieur. En synthèse Le tableau suivant résume les éléments décrits dans les paragraphes qui précèdent sur la sensibilité des différents types de clientèle aux paramètres qui pourront être affectés par le changement climatique. Paramètres Européens Maghrébins Tunisiens XXX X X XX XX XX XXX XX XX X X X Problèmes sanitaires XX X X Qualité des eaux de baignade/Thalasso X X X XX X - Chaleur Intempéries Montée des eaux/ érosion Modification des écosystèmes (moustiques, méduses, algues…) Coût du transport aérien TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 36/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 2.2.2 Les caractéristiques de l’offre Aujourd’hui l’offre tunisienne est principalement axée sur un tourisme balnéaire, enrichi par des produits complémentaires : balnéothérapie, golf, sites archéologiques, excursions dans le Sahara. Sur le plan quantitatif, on dénombre en 2008 : − 836 établissements hôteliers totalisant 238 495 lits ; − 358 restaurants touristiques ; − 9 parcours de golf ; − 6 ports de plaisance ; − 474 agences de voyage. 2.2.2.1 Un tourisme avant tout balnéaire Sauf dans les années 1960 au cours desquelles la région de Tunis comptabilisait le plus grand nombre d'établissements, ce sont désormais les régions littorales qui en dénombrent le plus. L’offre est aujourd’hui essentiellement concentrée sur un produit balnéaire qui enregistre 92% des nuitées. Figure 6 : Répartition de l'hébergement par motivation en 2008 100% 90% Autres 8% Autres 13% Balnéaire 92% Balnéaire 87% Nuitées Capacité 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Source : le Tourisme en chiffres, ONTT Plusieurs stations composent cette offre. La Tunisie compte en effet différentes régions touristiques, de Tabarka-Aïn Draham au nord ouest à Jerba-Zarzis au sud en passant par Tozeur au centre ouest, disposant de caractéristiques qui leur sont propres. La majorité des nuitées est cependant concentrée sur la côte Est de la Tunisie. Les 6 régions suivantes représentent plus de 68% des nuitées globales14. 14 Les 5 premières constituent des zones balnéaires et la 6ème, une zone saharienne. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 37/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Tableau 5 : Réalisations des principales régions touristiques - 2008 Régions Arrivées Nuitées Taux d'occupation Nabeul Hammamet 746 322 6 538 815 51,1 Yasmine-Hammamet 417 348 3 117 691 54,8 Sousse-Kairouan 929 980 7 853 446 56,5 Monastir-Skanes 472 343 4 127 486 56,6 Djerba-Zarzis 1 315 549 9 706 873 60,0 Tozeur-Gafsa 663 481 1 093 697 33,5 Source : le Tourisme en chiffres, ONTT Adapté au tourisme de masse européen Il existe une forte adéquation entre l'offre hôtelière et le type de demande. La taille des établissements répond, en effet, à la demande d'un tourisme de masse : plus de la moitié de la capacité est concentrée dans des hôtels de 500 à 1000 lits. Depuis les années 1970, la capacité moyenne des unités hôtelières a toujours augmenté. Il est à noter que les établissements haut de gamme ont une capacité moyenne en lits bien plus élevée. Ainsi, en 2007, la capacité moyenne en lits des hôtels 5* est de 475 lits ; des hôtels 4*, de 505 lits ; des hôtels 3*, de 353 lits. Tableau 6 : Évolution de la capacité moyenne en lits Années Capacité moyenne en lits 1969 158 1979 225 1989 231 1999 266 2008 285 Source : le Tourisme en chiffres, ONTT Les principales vulnérabilités au changement climatique D’une façon générale, l’offre touristique tunisienne est concernée par un certain nombre de paramètres liés aux conditions climatiques. Ce lien peut constituer une vulnérabilité, mais, comme nous le verrons, ce n’est pas toujours le cas. Plusieurs points font du tourisme balnéaire une forme de tourisme particulièrement vulnérable au changement climatique : • sa dépendance au rivage : la majeure partie de la capacité d’accueil 87% est située sur le littoral. Ces infrastructures sont menacées par l’élévation rapide du niveau de la mer avec un risque de submersion des infrastructures particulièrement élevé pour certaines zones. L’érosion des plages est également un problème, déjà constaté par nombre d’hôteliers, qui sera aggravé par les conséquences du changement climatique. Ces vulnérabilités sont particulièrement élevées face aux évènements extrêmes qui représentent un réel risque pour les biens et les personnes, notamment en bord de mer (tempêtes, fortes précipitations entrainant le débordement des oueds en TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 38/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 aval...) ; • sa dépendance au confort climatique : une activité de plein air qui dépend forcément des conditions climatiques. A noter cependant que l’activité purement balnéaire (baignade) ne semble que peu sensible au problème des très fortes chaleurs. Cependant, au-delà du confort ce sont aussi les questions de santé qui constituent une vulnérabilité en fonction des clientèles (sénior, familles avec enfants en bas âge, européens du Nord…). Par ailleurs, les hébergements touristiques actuels apparaissent vulnérables aux paramètres climatiques à travers leurs coûts d’exploitation (dépense énergétique) car ce sont souvent des constructions qui n’ont pas suffisamment pris en compte les questions d’isolation et d’efficacité énergétique avec, notamment, un recours à la climatisation à outrance ; • sa dépendance à la qualité et à la disponibilité de la ressource en eau : des pics de demande en eau potable à une saison et dans des zones où elle se fait le plus rare, des attentes en termes de qualité pour la pratique des activités touristiques (baignade, thalasasso…), le besoin de proposer des espaces verts de qualité en rapport avec la gamme des hébergements, une tarification déjà peu favorable aux établissements touristiques. • la baignade en mer comme principale activité : la qualité des eaux marines en zones côtières est essentielle à l’attractivité de l’offre balnéaire. Or, toute altération de cette ressource (dépôts d’algues dans certaines zones, recul des plages, multiplication de certaines espèces comme les goélands, les méduses ou les moustiques), altérations déjà constatées, représente un réel risque pour cette attractivité. 2.2.2.2 Le golf La possibilité de pratiquer le golf en hiver et au printemps, ce qui peut être une raison décisive de voyage à l'étranger, et un fort potentiel de golfeurs en Europe, 2 millions, ont encouragé les destinations touristiques à développer le tourisme golfique. La Tunisie s'est lancée dans une politique golfique dont l'objectif premier a été de drainer une clientèle aisée en hors saison grâce à des conditions climatiques favorables. Cet équipement, tout comme la plaisance, devait structurer la zone touristique, créer un pôle d'activités et ainsi enrichir le produit balnéaire en mettant à la disposition de la demande une nouvelle offre touristico-sportive. Cependant, le golf est une activité de niche, qui nécessite une chaîne de services de très haute qualité, du transport (aéroport sur place) à la restauration (gastronomie, service et hébergement de luxe). Aujourd’hui, le tourisme de golf en Tunisie est : • un segment très important en termes de dépenses, puisque les dépenses des golfeurs sont 30% supérieures à celles du touriste classique ; • une offre de qualité (choix des architectes, normes internationales, accueil de compétitions internationales) ; • une rentabilité assurée par un programme immobilier qui accompagne la réalisation des golfs (comme partout dans les destinations touristiques, le golf touristique n'est pas rentable) ; • une commercialisation au forfait en établissements 5*. Pour les mêmes prestations de base, à savoir le transport aérien A/R, les transferts aéroport-hôtel-aéroport, les TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 39/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 7 nuitées en LPD (logement petit-déjeuner), le prix de base est multiplié par 2,7 avec obligation de prendre ses repas au restaurant à la carte. Les principales vulnérabilités au changement climatique Le tourisme golfique présente une vulnérabilité contrastée aux différents paramètres climatiques : • les conditions climatiques en hiver et au printemps permettent la pratique du golf « toute saison » mais de très fortes chaleurs estivales risquent peser sur la pratique (on pense notamment à Tozeur) ; • les golfs tunisiens sont conçus selon des critères internationaux impliquant un fort besoin en irrigation. Le maintien de la qualité des parcours dépend très directement de la disponibilité de la ressource en eau. Même si les golfs sont généralement arrosés au moyen d’eaux usées traitées, les besoins d’irrigation vont croître et les arbitrages sur les usages de l’eau (même les eaux traitées) pourraient leur être défavorables ; Tableau 7 : Irrigation des parcours de golf - 2006 Golf Superficie (ha) Superficie irrigable (ha) Volume d'eau épurée m3/jour Carthage 30 18 600 Yasmine Hammamet 80 45 1800 Citrus Hammamet 172 90 2700 El Kantaoui – Sousse 132 110 3456 Flamingo Monastir 80 60 1900 Palm Links Monastir 80 50 2200 Jerba 92 44 1500 Tabarka 110 45 1500 Tozeur 150 75 NC Source : SONEDE • certains terrains sont construits sur le rivage (Hammamet, Sousse-Monastir, Djerba…), donc vulnérables au risque de submersion et de recul du trait de côte. 2.2.2.3 La thalassothérapie Bien que le développement de la thalassothérapie soit assez récent, la Tunisie a pu se créer une image confirmée en occupant la deuxième position derrière la France. La capacité d’accueil des centres a enregistré une croissance entre 1999 et 2007. Cette capacité est totalement intégrée dans des unités hôtelières de catégories 4 et 5 étoiles et reste concentrée dans les régions de Hammamet et de Djerba. La clientèle est principalement féminine, âgée de 40 ans et plus avec une certaine tendance au rajeunissement, disposant d’un revenu moyen à élevé et réservant de plus en plus de manière individuelle. Les curistes sont à 94% des européens. Les français représentent environ la moitié des curistes qui viennent en Tunisie avec une part de 47,2%. La croissance du marché russe a entraîné la perte d’un marché assez important de point de vue recettes qui est le marché suisse. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 40/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 La thalassothérapie tunisienne permet de drainer à peu près 97,6 millions de DT et de créer 1 237 emplois. Au niveau des unités hôtelières, l’offre de thalassothérapie contribue à améliorer la rentabilité. L’un des points faibles de la thalassothérapie tunisienne est son positionnement encore limité aux cures. L’offre n’est pas intégrée dans un cadre plus global du tourisme de santé et de bien-être offrant des activités sportives et culturelles aux curistes. Les principales vulnérabilités au changement climatique La thalassothérapie est une activité vulnérable à certains aspects du changement climatique. • la majeure partie des centres étant située en bord de mer, les infrastructures de captation et d’évacuation sont très vulnérables à l’élévation rapide du niveau de la mer et les bâtiments au risque de submersion ; • la principale ressource de ce produit étant l’eau, avec une exigence de qualité élevée, l’amenuisement de cette ressource et son renchérissement constituent une réelle menace ; • le réchauffement des températures de l’eau de mer, quoique peu étudié, pourrait également modifier la qualité des soins Par ailleurs, l’activité de thalassothérapie est parfois montrée du doigt comme une pression supplémentaire sur le littoral, à travers la pose de canalisations et le rejet d’eau insuffisamment traitée. L’attention croissante portée au respect de l’environnement littoral pourrait renforcer les pressions, et donc les coûts, sur cette activité. 2.2.2.4 Le tourisme culturel Les différentes civilisations qui se sont succédé en Tunisie ont permis au pays d’hériter d’un patrimoine historique et culturel d’une valeur incontestable (sites archéologiques, musées, forts, ribats et médinas). La Tunisie est le premier pays mondial en termes de densité de sites archéologiques, dont plusieurs sont inscrits au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Outre ces sites, la Tunisie offre une panoplie de festivals tout au long de l’année, d’envergure locale, régionale, nationale ou internationale. Ces potentialités, la croissance de la demande mondiale et son engouement pour les richesses culturelles de la destination visitée, ont incité la Tunisie à accorder au développement du tourisme culturel une attention particulière dans le cadre de ses politiques de développement touristique et de diversification. Pourtant, tous les sites culturels de Tunisie ne sont pas aménagés et valorisés aujourd’hui. La plus forte densité des sites touristiques se situe dans les régions balnéaires du nord et du centre de la Tunisie. Leur diversité est cependant amoindrie par une qualité touristique des sites assez faible. Bien que plusieurs programmes soient mis en place avec le concours de bailleurs de fond internationaux, les sites culturels n’ont pas fait l’objet d’investissement de grande ampleur. Le tourisme culturel devrait permettre de diversifier le produit touristique tunisien, de générer une clientèle plus rémunératrice et de réduire la saisonnalité. Dans les faits, les entrées aux sites ont enregistré une évolution assez fluctuante dans le temps, avec des entrées aux sites archéologiques représentant près de 51%. Les entrées sont saisonnières avec des pics qui correspondent aux pics de l’activité touristique en Tunisie. Cette saisonnalité apparaît aussi pour les musées, les forts les ribats et les médinas des sites qui peuvent être visités toute l’année. Cela tend à montrer que le produit culturel reste un enrichissement au produit balnéaire. A noter cependant que les régions de l’intérieur TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 41/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 affichent une saisonnalité inverse aux zones côtières : le pic des entrées aux sites culturels est enregistré au cours des mois de mars et d’avril, avec des performances légèrement supérieures à la moyenne au cours de la période août-octobre. Il s’agit alors de produits exclusivement programmés dans des circuits culturels (cas des régions de Bizerte-Béjà et de Tabarka-Aïn Drahem) ou encore à la programmation de certains sites dans les circuits et les excursions partant vers le sud tunisien (cas des régions de Sbeïtla-Kasserine et de Gafsa-Tozeur). Les principales vulnérabilités au changement climatique D’une manière générale, on peut dire que le tourisme culturel est peu vulnérable au changement climatique. Les visites sont peu dépendantes de la météo et les problématiques liées au littoral ne concernent que peu de sites. Cependant, deux facteurs augmentent sa vulnérabilité en Tunisie : • la qualité encore insuffisante de l’aménagement des sites qui vont nécessiter une conception adaptée aux fortes chaleurs ; • la forte dépendance au produit balnéaire et la conception même des excursions (horaires notamment). La question de la dégradation des sites face à certains paramètres climatique reste aujourd’hui à étudier en détail. Au-delà des sites d’accueil du public, toutes les richesses culturelles immatérielles constituent une ressource touristique particulièrement peu vulnérable au changement climatique : artisanat, traditions, spectacles… Ce sont autant d’atout pour le développement d’un tourisme spécifique à la Tunisie (contrairement à un produit balnéaire plus banal en Méditerranée), non saisonnier, potentiellement support de développement économique et de conservation des savoir-faire, non attaché à la frange littorale et intéressant aussi les touristes domestiques en recherche d’une meilleure animation de leurs régions. 2.2.2.5 L’écotourisme et le tourisme de découverte La Tunisie possède les ressources nécessaires pour développer une offre d’écotourisme. Une soixantaine de sites ont retenu l'attention des spécialistes nationaux et internationaux pour leurs ressources naturelles (faunistiques, floristiques et géologiques) culturelles et humaines, source d’activités très diversifiées : observation de la nature, randonnées, agritourisme, arts et traditions populaires. Un décret de 1998 (voir 2.5.1.3) prévoit le développement du tourisme vert et écologique dans les zones suivantes : − Parc d'Ichkeul (délégation de Tinja) ; − Parc de Bou Hedma (délégation de Mezouna) ; − Parc de Chaambi (délégation de Kasserine) ; − L'île de Kerkennah (délégation de Kerkennah). Depuis, le développement de l’écotourisme s’appuie sur : • le tourisme de montagne dans les gouvernorats de Tataouine (délégations de Bir Lahmar, de Tataouine, de Ghomrassen et de Smar), de Matmata (délégations de Matmata nouvelle et Matmata ancienne) et de Médenine (délégations de Beni Khedache) ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 42/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 • une station éco-touristique dans le parc national du Boukornine avec des espaces de loisirs ; • une réserve naturelle de 2322 ha à Jebel Sif dans le gouvernorat de Kef ; • le développement du tourisme côtier du Nord dans les gouvernorats de Jendouba (délégations de Tabarka, Aïn Draham) et de Béja (délégation de Nefza). Aujourd’hui, le développement de l’écotourisme reste à concrétiser en Tunisie avec des circuits thématiques (déjà identifiés mais non valorsiés), la mise en tourisme l’intérieur du territoire et l’ouverture des parcs nationaux au public. De nombreuses limites s’opposent à ce développement, avec notamment la difficulté à concrétiser une véritable transversalité entre les acteurs du tourisme, de l’environnement et du développement local, une transversalité également entre acteurs publics et privés ainsi que des outils réglementaires inadaptés ou très récents. En 2008, une étude stratégique sur le développement de l'écotourisme en Tunisie a été menée par le ministère de l'Environnement et du Développement Durable, avec le concours de l'Agence de coopération technique allemande, détaillant les potentialités pour l’écotourisme et les moyens de le développer. Les principales vulnérabilités au changement climatique L’écotourisme est moyennement vulnérable au changement climatique. Les questions de confort et de santé des touristes restent à l’ordre du jour en fonction des régions. Ce type de tourisme, généralement de plein air, reste compatible avec de nombreux types de temps moyennant des adaptations en termes d’horaires et d’aménagement des sites. Cependant, les régions les plus septentrionales sont plus vulnérables, particulièrement en saison estivale (voir tourisme saharien). A contrario, les régions les plus fraiches (montagne, nord) présentent des atouts pour le développement de ce type de tourisme en été. La principale vulnérabilité réside dans la dépendance de l’écotourisme à ses principales ressources : la biodiversité, les écosystèmes et les paysages. Ces éléments sont susceptibles d’être modifiés dans la perspective du changement climatique. Cependant, cette vulnérabilité ne semble pas trop préoccupante si elle est connue et assumée. Les évolutions des paysages et des espèces présentent ne mettent pas en péril l’activité touristique mais demandent une souplesse dans l’organisation et la promotion des activités. A noter enfin la vulnérabilité à certains évènements extrêmes types orages violents et inondations dans des zones reculées où l’accès des secours et des soins pourrait être problématique. 2.2.2.6 Le tourisme saharien Le tourisme saharien occupe une place un peu particulière dans l’offre tunisienne. Comme d’autres produits, il vise la diversification du produit touristique, notamment pour les clientèles européennes, avec un étalement de la saisonnalité. Mais il doit également contribuer au développement régional et permettre aux régions sahariennes déshéritées de trouver, dans le tourisme, une solution à leurs problèmes économiques tout en préservant leur patrimoine culturel et naturel. Dès lors, le tourisme saharien a bénéficié de certaines mesures spécifiques qui ont permis de développer l’infrastructure de base (2 aéroports, l’infrastructure routière, une TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 43/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 station d’épuration qui permet notamment de récupérer l’eau traitée pour l’arrosage du golf) et moyens d’appui juridiques (incitations financières et fiscales spécifiques), humaines (école hôtelière touristique à Tozeur). Le tourisme saharien tunisien concerne principalement trois régions : − la région de Gafsa et du Jérid avec les oasis de Tozeur, Nefta et les oasis de montagne (Chbika, Midès et Tamerza) ; − la région de Nefzaoua avec Kébili, Douz, le Grand Sud et le parc national de Jbil ; − la région des troglodytes de Matmata, les Ksours de Tataouine avec Gabès, Médenine et Tataouine. Pourtant, le tourisme saharien reste un produit complémentaire au balnéaire. Il est concentré sur les circuits partant des zones balnéaires vers Tozeur avec des excursions en étoiles, avec une durée de séjour courte (environ 1,4 jour). Par conséquent, l’activité est affectée par une saisonnalité similaire à celle observée dans les régions balnéaires. Mais il faut noter que seules les performances touristiques des excursions classiques, en termes d’arrivées et de nuitées ainsi que de création d’emplois, sont captées par le système statistique touristique national publié par l’Office National du Tourisme Tunisien. Pour accompagner ces produits, l’industrie touristique dans les régions sahariennes est principalement concentrée sur l’hôtellerie. La région de Gafsa-Tozeur compte en 2008 77 établissements pour environ 11 000 lits. Cette capacité reste stable depuis plusieurs années. Mais au-delà de ces excursions « classiques », l’offre et la demande pour d’autres types de produit est en pleine croissance (Chapoutot 2007) : • le tourisme d’aventure et sportif où la motivation principale est le sport mécanique, l’aventure sportive et la vitesse en 4x4, motos et quads. • les circuits de re-création pour lesquels le cadre primordial et la consommation touriste est essentiellement symbolique, à savoir celle du regard, du silence avec : − des circuits « confort personnalisé » combinant promenades, repos, rencontres et soins du corps traditionnels dans le dépaysement de campements fixes en plein désert ; − des randonnées à dos de dromadaires ou méharées, les randonnées pédestres ou trekking de 2 à 3 heures de marches sur une période de 6 jours ou plus et même parfois plus. Et d’autres types d’hébergement sont en développement, bien que le manque de données relatives aux investissements réalisés ne permette pas d’apprécier la diversification et la croissance de cette activité. Pour les excursions de re-création, l’offre d’hébergement est principalement composée de lits sous tentes et en bivouac. D’autres formes sont entrain de se développer avec la reprise de certains Ksours qui sont réaménagés pour accueillir les touristes. Au-delà de l’hébergement, l’offre touristique en matière d’attractions et d’activités est assez diversifiée dans le sud. L’offre sportive dans la région de Gafsa-Tozeur est assez riche. Elle varie des vols en montgolfières, en ULM, aux raids en quads, en motocross et en 4x4. Récemment, la région de Gafsa-Tozeur s’est vue dotée d’un terrain de Golf. En matière d’attractions culturelles, celles-ci comptent les musées (musée du Sahara à Douz, l’initiative privée de Dar Chraïet, parc à thème Chak Wak à Tozeur) et les spectacles (festival de Douz, festival des oasis de Tozeur, festival des ksours). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 44/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Les principales vulnérabilités au changement climatique Le tourisme saharien s’avère très vulnérable aux paramètres climatiques compte tenu du climat déjà extrême qui le caractérise. Les chaleurs estivales sont déjà difficilement compatibles avec une activité touristique. Les nouvelles formes d’hébergement basées sur l’habitat traditionnel du désert constituent le meilleur atout pour ce tourisme, car les hébergements touristiques « classiques » (constructions récentes, mal isolées et recours massif à la climatisation) ne semblent pas à même de répondre aux enjeux de confort à des coûts acceptables. C’est la principale vulnérabilité du tourisme saharien, déjà identifiée par les acteurs locaux. Au-delà du confort thermique des touristes, difficulté immédiate et déjà bien cernée, c’est plus largement la question de l’avancée du désert qui pourrait se poser. L’amenuisement de la ressource en eau conduit à des conflits d’usage plus importants graves encore que sur les côtes. Et des phénomènes comme les tempêtes de sable ou l’avancée des dunes, certainement aggravés par les évolutions climatiques, nécessiteront des moyens de protection supplémentaires. Enfin, à noter que le développement des sports mécaniques, aujourd’hui en plein essor, est contraire à une approche durable du tourisme. Fortement consommatrices de carburants, ces activités pourraient subir de plein fouet le renchérissement de l’énergie. Par ailleurs, elles sont de plus en plus mal vues (bruit, dégradation des sols et des dunes, dégradation du couvert végétal et, plus généralement, dégradation du paysage saharien) d’une certaine catégorie de touristes dont la conscience environnementale est de plus en plus prégnante et qui recherche dans le désert calme et relaxation. 2.2.2.7 La plaisance Le développement de la plaisance s’est fait en parallèle avec le développement du tourisme en Tunisie. Malgré l’initiative prise par les pouvoirs publics, la capacité d’accueil reste assez limitée par rapport au potentiel plaisancier et à l’offre en Méditerranée. La plaisance permet de générer près de 16 millions DT par an (Source Créocéan 2005). La filière plaisance souffre aussi de certaines faiblesses liées à sa position géographique, à l’infrastructure d’accueil et aux prestations de services techniques offertes. Malgré ces insuffisances, les flux de bateaux et de passagers affichent une tendance à la hausse. La Tunisie reste bien positionnée sur certains segments de marchés de la plaisance pour les bateaux de taille réduite mais la capacité d’accueil adressée aux grands plaisanciers reste très faible. Par contre la destination est absente sur d’autres formes de pratique, notamment le marché de la location qui semble pourtant intéressant dans une optique de diversification de l’offre balnéaire. Les principales vulnérabilités au changement climatique La plaisance reste une forme de tourisme relativement vulnérable aux conséquences du changement climatique à travers : • la vulnérabilité de ses aménagements en dur face à l’élévation rapide du niveau de la mer ; • les nuisances que connaissent déjà les marinas avec l’invasion des rives par les algues par exemple. Les évolutions de la biodiversité concernent également la qualité des activités que pratiquent généralement les plaisanciers, en particulier la plongée sous-marine ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 45/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 • les contraintes croissantes sur la qualité des eaux réglementations en matière d’évacuation des eaux usées ; côtières avec les • les évènements extrêmes : orages en été, épisodes de tempêtes plusieurs fois par an, etc. Par ailleurs, les aménagements nécessaires au développement de la plaisance (artificialisation du rivage) posent de nombreuses questions environnementales. Déjà montré du doigt par certains protecteurs du littoral, cette artificialisation est un facteur aggravant de plus, aux côté des conséquences du changement climatique, de la dégradation du littoral (modification des courants marins notamment). 2.2.3 Commercialisation et communication La commercialisation du produit tunisien sur les marchés internationaux (excepté pour les marchés maghrébins) est réalisée principalement selon le principe du forfait, à savoir, la combinaison d'au moins deux opérations : le transport et l'hébergement (avec restauration au choix) auxquelles l'hôtelier ajoute des activités d'animation. Pour le marché européen, environ 85% des touristes ont recours à un tour-opérateur qui sont plus de 400 à commercialiser la destination Tunisie. La promotion de la destination se fait à partir des foires et salons, des actions conjointes avec les TO, des invitations, des workshops et des actions spécifiques. Malgré le développement de produits complémentaires et de bons positionnements sur certains marchés de niche comme celui du golf ou de la thalassothérapie (2ème marché après la France), ceux-ci ne sont que faiblement rémunérateurs, et constituent des produits d’enrichissement plutôt que de réels produits de diversification. Le mode de développement du tourisme en Tunisie a en effet peu évolué depuis une quarantaine d'années. Il connait donc un essoufflement pour plusieurs raisons. Un investissement de plus en plus lourd Le coût d’investissement au lit représente entre 3 et 4 fois les recettes/lit. Cette situation a engendré une situation de surendettement du secteur hôtelier. Un marché en mutation Les « Trente Glorieuses » ont correspondu à une forte demande touristique européenne et à l'essor du tourisme en Méditerranée et donc en Tunisie. Du fait de leur confiance dans l'avenir, de leur culture de la sécurité et de leur style de vie, les classes moyennes ont eu une consommation touristique élevée. Elles ont fait la fortune du tourisme méditerranéen grâce à l'adéquation entre le produit hôtelier balnéaire et la demande. Aujourd'hui, les départs sont toujours importants, mais la destination Tunisie, qui connaît un déficit d'image, attire essentiellement une clientèle « last minute » qui procède de la recherche des bas prix. Une dépense moyenne en hausse… La dépense moyenne par visiteur s’est élevée en 2008 à 481 dinars par séjour15. Ce chiffre est en hausse constante depuis 2004. Néanmoins, il reste faible au regard de la concurrence méditerranéenne. De plus, le développement d’une clientèle moins 15 Soit 267 euros. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 46/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 rémunératrice d’Europe de l’Est aux dépens de celle d’Europe occidentale, pourrait affecter cette progression. Enfin, autre fait surprenant, c’est à la basse saison que la dépense moyenne est la plus élevée alors même que les tarifs sont plus bas, soit 544 dinars contre 458 en haute saison16 ! Cela peut s’expliquer par le motif des visiteurs, qui relèvera davantage de circuits ou de produits thalasso plus que de balnéaire pur. Ou encore par la présence de marchés plus rémunérateurs, les libyens entre autre. Cela peut donc traduire une mauvaise exploitation du potentiel touristique tunisien, avec une inadéquation entre la commercialisation et la valorisation du produit. Mais une concurrence sans cesse accrue Le mouvement de concentration des tours opérateurs, qui proposent une palette de plus en plus diversifiée de destinations, associée à la baisse des prix du transport, a exacerbé la concurrence entre les destinations. Cette tendance est renforcée par l’essor du commerce électronique : au niveau mondial, ces transactions auraient dépassé les ventes des agences de voyage. Aussi, la Tunisie n’est pas seulement confrontée à la concurrence des autres pays méditerranéens mais doit faire face à la concurrence de toutes les destinations qui se situent dans sa gamme de prix. Toutefois, dans une optique de limitation de la mobilité touristique des principales clientèles, on s’attachera surtout à la concurrence exercée par les autres pays méditerranéens, principalement la Turquie, l’Egypte, la Croatie et le Maroc, destinations situées à moins de quatre heures des marchés centraux d’Europe. Entrainant une perte de compétitivité inquiétante à l’aube de difficultés nouvelles L’adaptation au changement climatique viendra s’ajouter aux difficultés actuelles. Principalement situées sur les côtes, les stations tunisiennes sont fortement concernées par l’élévation accélérée du niveau de la mer mais aussi par les changements de températures et la modification des précipitations. La réglementation du transport aérien est là encore une incertitude pesant sur la croissance touristique de la Tunisie. La Tunisie saura-t-elle s’adapter au changement climatique, ou subira-t-elle cette nouvelle contrainte de plein fouet ? Sera-t-elle mieux préparée que ses concurrents ? Pour sortir par le haut de cette situation préoccupante, la Tunisie devra différencier son offre et entre autre miser sur une stratégie de mise en valeur de ses dotations naturelles et culturelles. 16 Le tourisme tunisien en chiffres 2008, p85. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 47/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 2.3 Cadre institutionnel et planification du secteur du tourisme 2.3.1 Organisation du secteur Le diagramme ci-dessous propose une vision fonctionnelle simplifiée des structures et principaux outils qui organisent le secteur touristique en lien avec la prise en compte des impacts du changement climatique. Ministère du tourisme Tutelle et orientation Fédérations professionnelles AFT ONTT • Promotion : code d'incitations à l'investissement touristique, cadre juridique : incitations financières et exonérations fiscales et douanières (loi n° 86-85, loi n°90-21 du 19 mars 1990) • Contrôle du produit touristique • Commercialisation Commissariats régionaux MEDD ANPE APAL validation • Maîtrise du foncier et mise en place des infrastructures de base • Conception et réalisation des plans d’Aménagement touristiques Direction de l’environnement et du patrimoine Représentations du tourisme tunisien à l’étranger FTH FTAV Etude d’impacts environnementale préalable à chaque projet OTEDD En complément à ces organes, notons l’importance et le rôle des pouvoirs locaux et régionaux (municipalités et gouvernorats) à travers notamment la validation des plans d’aménagement, les autorisations de construire, etc. Aujourd’hui, le contexte institutionnel est extrêmement centralisé et privilégie une structure hiérarchique plutôt que la transversalité entre les différents acteurs. C’est particulièrement le cas pour la prise en compte les impacts du changement climatique. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 48/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Le cadre institutionnel du tourisme seul est aujourd’hui peu adapté pour traiter les aspects liés au changement climatique car les structures spécifiques n’ont pas été prévues. C’est surtout sur d’autres structures que repose l’enjeu environnemental. Dans le contexte de mondialisation et de prise en compte des aspects environnementaux, de nouvelles institutions ont en effet été créées, qui peuvent apporter les compétences nécessaires au secteur du tourisme, sous réserve d’assurer la transversalité entre les secteurs : • un ministère de l'Environnement en 1992. Son rôle auprès du secteur touristique est central pour la prise en compte du changement climatique, par sa vocation à coordonner l’ensemble des programmes relatifs à ce thème en Tunisie, apportant les compétences qui font défaut aux différents secteurs et assurant une vision globale absolument nécessaire pour traiter ce sujet ; • une Agence nationale de la protection de l'environnement qui a en charge les études d’impact, préalable aux études d’aménagement, décret n°91-362 du 13 mars 1993, s’appliquant notamment au tourisme ; • une Agence de protection et d'aménagement du littoral créée par la loi n°95-72 du 24 juillet 1995 pour la sauvegarde de l’environnement côtier. Elle est chargée entre autres de la gestion des espaces littoraux et du suivi des opérations d'aménagement ainsi que de la surveillance des règles et des normes fixées par les lois et règlements en vigueur relatifs à l'aménagement de ces espaces, leur utilisation et leur occupation ; • l'observatoire du littoral mis en place en 1997 dont les objectifs vont de la collecte et la mise à jour des informations sur le littoral, de la mise en place d'un système de surveillance et d'une base de données et d'un système d'information géographique ; • le centre international des techniques de l'environnement de Tunis (CITET) qui organise notamment la mise en place de l’écolabel ; • l'agence nationale de maîtrise de l'énergie (ANME) qui définit les politiques d'accompagnement des hôtels dans leurs efforts de réduction des dépenses énergétiques. Cette politique de maîtrise des impacts territoriaux a été accompagnée par des financements tels que des fonds et des lignes budgétaires : • le fonds de protection des zones touristiques (loi n°92-122 portant loi des finances pour la gestion 1993 et notamment les articles 38, 39 et 40 relatifs à la création d’un fonds spécial) a pour objectif l'amélioration de l’environnement (pavage et dallage des circuits touristiques, éclairage public) et de l'assainissement. Il est géré par le ministère des Finances, le ministère du Tourisme et la Fédération Hôtelière de Tunisie ; • les zones touristiques municipales qui permettent aux villes touristiques de bénéficier de lignes budgétaires pour l'amélioration du cadre de vie. Elles sont gérées par le ministère de l'Intérieur, le Secrétaire d'état chargé des Affaires Régionales et des Collectivités Locales et le ministère du Tourisme. Les structures qui précèdent semblent les plus à même de traiter les questions environnementales liées au tourisme dans la mesure où il est nécessaire qu’une administration indépendante des secteurs économiques assure la bonne prise en compte de ces enjeux (qualité des études d’impacts, gestion raisonnée et durable des espaces littoraux largement concernés par le tourisme, respect des labels, accompagnement des professionnels…) et apportent les compétences techniques qui TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 49/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 ne sont pas du ressort des professionnels du tourisme. Cependant, il est encore nécessaire de renforcer les liens et la coordination entre ces structures et les acteurs du tourisme pour assurer une meilleure transversalité et l’efficacité du dispositif. 2.3.2 Perspectives et évolution attendue du secteur du tourisme en Tunisie17 2.3.2.1 Les orientations de l’administration du tourisme Pour 2007-2011, cinq orientations marquent la stratégie de l’administration du tourisme : • L’encouragement au dynamisme régional et le développement des spécificités locales ; • La diversification des produits touristiques ; • La diversification de l’offre d’hébergement ; • L’amélioration de la compétitivité des produits ; • L’encouragement de l’investissement local et étranger ainsi que l’implication du secteur privé. Pour répondre à ces axes, l’administration du tourisme a acquis les terrains et défini le plan d’aménagement de 15 zones sur l’ensemble du territoire tunisien18, réparties comme suit sur quatre aspects thématiques : • Le produit balnéaire : Cap Gammarth, Jenan el Ouest, Bekalta, Sidi Salem, Chott Ennassim, Lella Mariem, Lella Hadhria, Salloum, Hergla, Ghedhabna, Gabès ; • Le produit écologique : Sidi Founkhall, Zouaraa ; • Le produit familial : Chaffar ; • Le produit thermal : Grand Kourbous, Khebayet ; 2.3.2.2 2007-2011 : le XIème plan Les objectifs du XIème plan (2007-2011) visent un taux de croissance annuel de 6,5%, permettant de recevoir prés de 9 millions de touristes et d'atteindre les 50 000 000 de nuitées. Pour y parvenir, la Tunisie souhaite se doter d’une capacité totale de 258000 lits en 2011, grâce à capacité additionnelle de 5 000 lits par an. Le taux d'occupation prévisionnel atteindrait alors 59%. Selon ce même plan, les recettes devraient dépasser les 4 500 millions de dinars, grâce à un taux de croissance annuel des recettes de l'ordre de 10%. De nouvelles zones touristiques ont donc été programmées : 17 18 • sur le littoral Est à Hergla, Ghedhabna et Gabès, • sur l'ile de Djerba à Lella Hadhria, • sur l'ile de Kerkennah à Sidi Founkhal, • sur le littoral nord à Zouaraa. Cf Annexe 1 : Le cadre institutionnel Décrété lors du Conseil Ministériel restreint du 20 Octobre 1999 consacré au secteur touristique. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 50/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Il s'agit en fait d’une confirmation du tourisme balnéaire. Seule la station d’El Khabayet Hamet à proximité de Gabès présente un produit thermal. Les marchés ciblés La stratégie actuelle prévoit que toute adaptation du système touristique tunisien doit nécessairement passer par l'identification de nouveaux segments de clientèle et par une nouvelle stratégie de communication et de promotion afin de : • présenter une image innovante de la Tunisie valorisant l'ensemble des différents produits touristiques ; • s’adapter aux exigences de la demande ; • cibler des segments de la demande qui élargiraient l'éventail de la clientèle comme la clientèle golfique, les séniors, les adeptes de thalassothérapie ; • accéder aux marchés lointains tels le Japon, la Chine, les Etats-Unis et le Canada qui ne représentent que 0,9% des nuitées des non-résidents en 2007. La commercialisation En outre, la destination Tunisie devrait être commercialisée sur internet grâce à un nouveau portail du tourisme tunisien "tunizie.com", ouvrant la Tunisie aux marchés étrangers. Ainsi, chaque professionnel tunisien aura l'opportunité de toucher directement 500 millions de touristes européens potentiels. Le site offrira un portail de commercialisation, pour l’ensemble de la filière : billet d’avion, chambre d’hôtel, taxi menant de l’aéroport à l’hôtel, etc. Ce site donnera une information pertinente et contextualisée et fera figure de benchmark permettant aux touristes de comparer les hôtels en Tunisie, avec ceux d’autres destinations. Ce portail devrait diminuer l’emprise des Tour-operators sur le secteur. Le développement de nouveaux produits dans la région de Tozeur Par ailleurs, d'autres produits font l'objet d'une attention particulière, comme le tourisme spatial via l'aéroport international de Tozeur qui prévoit d’accueillir des vols paraboliques en apesanteur19 et des vols sub-orbitaux dans les années qui viennent20. Parallèlement, une réflexion est actuellement menée sur l’aéroport de Tozeur, qui prévoit le développement de produits comme des excursions en hélicoptère, des initiations au pilotage, des vols en chute libre ou du saut en parachute mais aussi la découverte de sensations fortes grâce à la participation à des exercices de voltige dans des avions de chasse. Situé à la lisière du Sahara, l'aéroport de Tozeur dispose de nombreux atouts (excellente visibilité, proximité avec l'Europe, espace aérien non-congestionné) pour séduire une clientèle à la recherche de sensations fortes. Ces vols s'inscrivent dans le cadre d'un grand projet de tourisme spatial annoncé en juin 2007 par le géant européen de l'aéronautique EADS. Les vols paraboliques, qui seront effectués à bord d'Airbus A300600 ou d'un Antonef 74, devrait offrir environ 23 secondes en apesanteur. 20 Les vols sub-orbitaux seront effectués à bord d'un avion-fusée dévoilé en juin 2007 par Astrium, filiale du groupe EADS. La propulsion de cet avion est assurée par des moteurs à réaction pour la phase atmosphérique et un moteur-fusée pour la phase de tourisme spatial. 19 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 51/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 2.3.2.3 Le plan d’actions du Ministère du Tourisme Toutes ces orientations permettant de développer le secteur sont traduites dans le plan d’actions du Ministère. Il est divisé en cinq axes21 : • Le maintien et la prospection de nouveaux marché, grâce à : − un observatoire des tendances du secteur ; − un Fonds de promotion alimenté par les hôteliers (à hauteur de 1% de leur chiffre d’affaires) et l’Etat ; − une Commission Nationale du Tourisme chargée de définir les priorités et de coordonner le développement du tourisme tunisien ; − au développement de la promotion par Internet. • La diversification du produit, grâce à : − aux Stations Touristiques Intégrées offrant une gamme de services en plus du produit balnéaire : golf, thalassothérapie, centres commerciaux… − la mise en valeur des sites archéologiques (signalétique) ; − au développement de différentes formes de tourisme : écologique (parcs et réserves naturelles), bien-être, tourisme médical, événementiel, agritourisme… − au développement du tourisme saharien. • L’amélioration de l’environnement, grâce à : − au fonds de protection des zones touristiques financés par les professionnels22 ; − la collaboration des différentes agences : ONTT, APAL, ANPE ; − au renforcement de la réglementation : Etude d’impact Environnementale obligatoire, Utilisation rationnelle du sol et des matériaux de construction et respect de l’architecture locale, Réglementation du littoral ; • La libéralisation du secteur et l’incitation des investisseurs en vertu de l’adhésion de la Tunisie à l’OMC et de l’inscription du tourisme dans la liste des secteurs à libéraliser : − liberté d’investissement, − liberté de transfert des bénéfices, − protection de l’investissement, − reconnaissance des sentences arbitrales étrangères, − couverture des risques non commerciaux − protection des droits de propriété • Le développement de la qualité, grâce à : − la réévaluation du système de classement des hôtels ; − la mise en place de normes de qualité et de labels en partenariat avec l’Europe : Ecolabel, la Clé verte, Pavillon Bleu… 2.3.2.4 La stratégie touristique à 2016 L’élaboration d’une stratégie touristique à 2016, accompagnée d’un plan d’actions, est en cours de réalisation par le Ministère du tourisme et l’ONTT. 21 22 Cf annexe : Le plan d’actions du Ministère. A hauteur de1% de leur CA. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 52/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 2.4 Les liens avec les autres secteurs Le tourisme est un secteur d’activité transversal. Il s’agit d’une activité qui interagit avec de nombreux autres secteurs. Le développement du tourisme en Tunisie, s’appuyant sur un engagement fort de l’Etat et un tissu d’hôtelier tunisien, a eu un impact économique certain dans le pays. En s’appuyant largement sur les ressources locales, ce secteur a contribué à lancer ou renforcer des industries tunisiennes par effet d’entrainement comme des industries de construction ou d’ameublement et décoration, mais également le secteur agricole qui fournit les denrées alimentaires. Le modèle de développement a également permis, contrairement à d’autres littoraux méditerranéens, de préserver de larges portions de côtes grâce à la concentration des infrastructures touristiques sur quelques zones bien délimitées. On peut également considérer des interactions où d’autres secteurs ont permis au tourisme de se diversifier comme celui de la santé. Grâce à la qualité de l’offre de santé, une forme de tourisme se développe autour de cette thématique. Ce constat de transversalité du tourisme, qui n’est ni récent ni limité à la Tunisie, a toujours constitué une difficulté à la fois dans l’analyse de l’activité (périmètre de collecte des chiffres, multiplicité des acteurs et sources de données…) et dans l’établissement de stratégies (maîtrise des leviers d’action). C’est notamment vrai en Tunisie, où la transversalité s’est naturellement établie sur le terrain, entre les acteurs socio-économiques, mais où elle reste à renforcer au niveau institutionnel. Comme nous l’avons vu, les liens entre les différentes administrations ne se font pas toujours pour mettre en commun les efforts et les compétences. Pour prendre en compte les contraintes liées au changement climatique, le secteur touristique devra impérativement travailler avec de nombreux autres secteurs, à tous les niveaux. Nous avons tenté ici d’identifier les principaux points d’interaction nécessaires en lien avec les enjeux du changement climatique. Ces interactions nécessitent le renforcement des ponts entre les administrations concernées pour assurer une bonne coordination en matière de gestion des espaces, de collecte de données, de formation et d’évolutions législatives. Secteur Sujets d’interaction Equipement et Aménagement du Territoire Politique de desserte aérienne et réflexion sur les autres modes de desserte (route, fer, maritime) Développement du réseau ferré sur le territoire national Maillage du réseau routier dans les régions intérieures Code de l’urbanisme et de l’aménagement : évolution du DPM et des contraintes d’urbanisme sur le littoral Environnement Gestion des espaces naturels protégés Observation et suivi scientifique des évolutions du trait de côte Gestion intégrée du littoral : recherche de l’équilibre entre aménagement et protection Ressource en eau Observation et suivi scientifique des ressources en eau et des consommations par secteur Observation et suivi scientifique de la qualité de l’eau (baignade en mer TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 53/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 et thalassothérapie notamment) Prospective de l’état futur des réserves en eau potable et définition des critères d’arbitrage entre usages Mesures d’économies d’eau adaptées à l’économie touristique Agriculture Prospective de l’approvisionnement alimentaire des établissements touristiques Partage des ressources en eau (voir ci-dessus) Energie Observation et suivi scientifique des ressources énergétique et des consommations par secteur Mesures d’économies d’énergie adaptées à l’économie touristique Culture et sauvegarde du Patrimoine Suivi et entretien des sites patrimoniaux Artisanat Inventaire des productions artisanales traditionnelles, valorisation touristique et transmission des savoir-faire Petites et Moyennes Entreprises Sensibilisation et éducation des corps de métiers fournisseurs du secteur touristique, en particulier celui de la construction Urbanisme et construction Evolution des normes de construction (isolation, choix des matériaux…) et d’urbanisation Santé Observation et suivi scientifique des conditions sanitaires Aménagement des sites patrimoniaux pour la visite Plans d’urgence canicule : application aux établissements touristique et formation des personnels Développement de l’offre de tourisme de santé en coordination avec le secteur touristique Education Sensibilisation et éducation des professionnels du tourisme et des responsables administratifs sur la problématique du changement climatique et ses impacts. 2.5 Mesures (institutionnelle, juridique, financières…) et programmes environnementaux du secteur touristique La Tunisie a, depuis longtemps, pris conscience des défis environnementaux. Pour y répondre, plusieurs outils ont petit à petit été développés, des outils réglementaires aux engagements volontaires. Ces outils ne sont généralement pas spécifiques au tourisme mais peuvent s’y appliquer. Nous décrivons ici les principaux éléments de politique environnementale qui peuvent s’appliquer au secteur du tourisme. A partir des années 1990, la Tunisie s'est engagée dans une nouvelle stratégie économique qui se caractérise par l'acceptation des notions de développement durable et de partenariat, deux notions qui renvoient à la Conférence de Rio en 1992, et à la Déclaration de Barcelone en 1995. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 54/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 A la suite des recommandations de la Conférence de Rio, une commission nationale pour le développement durable a été créée (décret n°93-2061 du 11 octobre 1993). Un atelier de travail, se rapportant à l'Agenda 21, a élaboré un document fondamental dans lequel il est recommandé de « développer et de promouvoir un tourisme diversifié, intégré et respectueux de l'environnement en améliorant la localisation et la qualité des unités touristiques et en développant et promouvant un système touristique diversifié déconcentrant le tourisme des zones balnéaires en l'ouvrant sur l'intérieur du pays et respectueux de l'environnement ». Les institutions ayant la charge de protéger et de défendre l'environnement, constituent la traduction, au plan des acteurs, de l'importance que les pouvoirs publics tunisiens attachent à la notion de développement durable dans le cadre du développement de l'activité touristique. 2.5.1 Les outils de planification Le décret n°94-426 du 14 février 1994 a défini des zones réservées au tourisme. 2.5.1.1 L’aménagement du territoire Le Schéma National d'Aménagement du Territoire est un document d’orientation dont les objectifs sont de : − conditionner le cadre de vie ; − − assurer l’exploitation rationnelle des ressources ; protéger les zones de sauvegarde, les sites naturels et culturels ; − assurer la sécurité et la santé publique ; − garantir une répartition rationnelle entre les zones urbaines et rurales. Les schémas régionaux de développement spatial servent de cadre de développement spatial aux zones touristiques. En effet, la zone touristique doit s'inscrire dans le cadre défini par le schéma directeur d'aménagement de la zone. Sur le plan urbain, les constructions touristiques sont régies par des normes d’urbanisme définies suivant les schémas directeurs de l’aménagement du territoire. Ces normes déterminent le coefficient d’utilisation foncière et le coefficient d’occupation du sol ainsi que le nombre de lits à l’hectare. L’existence d’outils de planification de l’aménagement qui encadrent le développement touristique est une base solide et indispensable pour faire face aux enjeux du changement climatique. La réflexion doit en effet être globale à l’échelle d’une région, voire du pays, afin de prendre la mesure de ces enjeux et d’envisager les orientations adéquates. 2.5.1.2 Les zones touristiques et les plans d’aménagement touristique De tels règlements présentent l’avantage de maîtriser le développement touristique de grandes unités selon des règles urbanistiques et des contraintes économiques. Cependant, comme de nombreux outils, les enjeux du changement climatique ne sont pas encore réellement intégrés dans ces outils. En particulier, la possibilité de développer une offre plus diffuse dans le territoire peine à s’affirmer. En Tunisie, les plans d'aménagement touristique ont pour objectif d'offrir : − 100 lits/ha ; − 25 m de front de plage/lit ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 55/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 − 8 à 10 m2 de plage/baigneur. Les contraintes d’urbanisation s’appliquant aux zones touristiques sont définies par le code de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. 2.5.1.3 La planification spécifique à l’écotourisme Le décret n°98-1042 du 5 mai 1998 précise les zones identifiées pour le tourisme vert et écologique. Des régions ont ainsi été délimitées pour : − Parc d'Ichkeul (délégation de Tinja) ; − Parc de Bou Hedma (délégation de Mezouna) ; − Parc de Chaambi (délégation de Kasserine) ; − L'île de Kerkennah (délégation de Kerkennah). Là encore, ces outils paraissent tout à fait nécessaires pour maîtrise le développement de cette forme de tourisme, mais encore insuffisants. Nous souscrivons aux limites identifiées par l'étude stratégique sur l'écotourisme : • le statut foncier des sites naturels sur lesquels des équipements pourraient être réalisés ; • l'absence de cadre réglementaire régissant l'activité ; • l'inexistence de normes qui permettraient à l'Office national du tourisme tunisien d'agréer des projets écotouristiques. Sur la question des normes, de nouveaux textes commencent à exister pour les hébergements (voir plus loin). 2.5.2 Les espaces naturels protégés Les espaces naturels protégés sont des territoires particulièrement intéressants pour développer un tourisme de découverte, sous réserves qu’ils soient accessibles au public et que leur vocation touristique soit prévue. • Les parcs nationaux : l'ensemble des parcs nationaux couvre une superficie de 197 048 hectares. Ils sont au nombre de huit, caractérisés par des paysages et des écosystèmes spécifiques à chaque région. Chaque parc est doté d'un écomusée conçu comme un outil éducatif. Actuellement, ces parcs font l'objet d'aménagement (bureau d'accueil, pistes balisées et signalétique) afin de satisfaire les visiteurs. Leur gestion devrait être confiée au secteur privé. • Les réserves naturelles : il s'agit de sites peu étendus ayant pour but le maintien d'espèces individuelles ou de groupes d'espèces naturelles, animales ou végétales ainsi que leur habitat et la conservation d'espèces de faune migratrice d'importance nationale ou mondiale. Ces espaces n’ont pas toujours une vocation touristique. • Les zones humides : les plus intéressantes sont les zones humides d'importance internationale comme habitats pour les oiseaux d'eau protégés et pour lesquelles la Tunisie a adhéré (24 novembre 1980) à la Convention de Ramsar. Les distinctions internationales ont l’avantage de valoriser les espaces naturels auprès d’un public averti et d’assurer une gestion réellement respectueuse de l’environnement. Par ailleurs, 19 nouvelles zones protégées devraient être intégrées au réseau national d'aires protégées, ce qui porterait le total des zones protégées à 43, soit 7% de la superficie de la Tunisie. Dans l’optique du changement climatique, en Tunisie comme TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 56/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 ailleurs, la définition des périmètres des aires protégées va nécessiter de gagner en souplesse. La modification des écosystèmes et des aires de répartition des espèces impliquera potentiellement des révisions régulières de ces périmètres. 2.5.3 En amont des projets 2.5.3.1 Le code de l'Aménagement du Territoire et de l'Urbanisme La question du recul du trait de côte Le code de l'Aménagement du Territoire et de l'Urbanisme aborde la question de la construction en bordure de mer. L’article 25 (modifié par la loi n°2003-0078 du 29 décembre 2003) définit le retrait en arrière imposé aux aménagements dans deux cas distincts : − dans les zones non couvertes par un plan d'aménagement urbain approuvé, une distance de cent mètres à partir des limites du domaine public maritime (DPM) ; − dans les zones couvertes par un plan d'aménagement approuvé, une distance minimum de vingt cinq mètres à partir des limites du DPM (fixée en fonction des particularités de chaque zone). Ces règles ne prennent pas en compte les perspectives du changement climatique sur la hausse accélérée du niveau de la mer. Cela est d’autant plus préoccupant que les règles précitées peuvent être contournées pour « harmoniser le tissu urbain situé sur front de mer », ce qui laisse la porte ouvert à l’aménagement touristique en front de mer. Toutefois, si le code n’a pas encore intégré les impacts potentiels du changement climatique, le cade prévoit que ces distances peuvent faire l'objet d'une extension dans les zones menacées d'érosion maritime ou d'inondation, ce qui laisse la possibilité, en l’état actuel du code, de prendre en compte, localement et au cas par cas, les contraintes liées au changement climatique. La question de l’urbanisme des stations touristiques Aujourd’hui, la conception des stations touristique repose toujours sur des modèles relativement anciens qui ont fait le succès du tourisme tunisien à ses débuts. Les nouveaux enjeux du changement climatique, en particulier en termes de gestion de la chaleur, ne sont pas pris en compte dans ces conceptions. La question d’un urbanisme de fraîcheur, qui répond à des principes bioclimatiques, n’est pas encore traitée dans les codes : aménagement des extérieurs ombragés, traitement des espaces verts, utilisation des brises de mer, recours à l’architecture méditerranéennes traditionnelle… 2.5.3.2 Les études d’impacts Afin de limiter les impacts du tourisme sur l’environnement naturel, chaque projet touristique doit faire l’objet d’une Etude d’Impact Environnemental (EIE)23. Néanmoins, l’EIE s’intéresse à l’impact du projet en question sur l’environnement et ne prend pas suffisamment en compte les impacts cumulés des autres projets à proximité 23 Loi n° 88-91 du 2/08/1988 modifiée par la loi n° 115 du 30/11/1992 et par la loi n° 2001-14 du 30/01/2001, article 5 et décret n°91-362du13/03/1991. Décret n° 2005-1991 du 11 juillet 2005. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 57/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 ce qui peut rendre limiter l’intérêt de l’évaluation et surtout des mesures de correction proposées. Ceci s’explique principalement par l’absence d’un système d’information environnementale suffisamment précis qui permettrait de dégager ce type de données. 2.5.4 La conception et l’exploitation des hébergements 2.5.4.1 Les normes des hébergements touristiques Des normes ont été établies pour les différents types d’hébergements touristiques. C’est normes n’abordent pas la plupart des points liés à la vulnérabilité au changement climatique : • Notion d’économies d’énergie et d’eau, d’équipements économes ; • Conception bioclimatique/ isolation des bâtiments et non recours à la climatisation (la climatisation est au contraire requise). On note cependant des efforts en direction d’un style architectural local, mais qui s’applique surtout à la décoration intérieure. Ces normes sont inspirées de normes européennes. Elles ont le mérite d’encadrer la profession et de fournir un premier niveau de guide pour les professionnels. Elles apparaissent cependant insuffisantes sur les questions environnementales, en particulier sur la question de la gestion des grandes chaleurs. La climatisation semble être la réponse la plus utilisée. Cette solution semble cependant partielle (climatiser une chambre suffit-il à faire rester les touristes ?) et porteuses de problèmes (émissions de CO2 induites par la consommation d’énergie des climatiseurs, tensions énergétiques estivales qui ne se produisaient pas dans le passé). Au-delà de la climatisation, il faudrait encourager la réflexion sur l’architecture et la construction des hébergements et équipements touristiques, notamment autour de l’architecture à Haute Qualité Environnementale (HQE). Avant même les normes spécifiques aux hébergements touristiques, ce sont donc les normes de constructions des bâtiments qui sont à interroger. Aujourd’hui, nombre de professionnels du tourisme sont soumis aux contraintes de bâtiments sur lesquels ils n’ont pas forcément de maîtrise. La conception d’hébergements et d’équipements de meilleur confort thermique et de moindre consommation énergétique est une priorité qui va bien au delà de l’activité touristique. Encore faut-il veiller à ce que le tourisme s’inscrive bien dans cette dynamique. 2.5.4.2 Les lois et programmes sur l’eau La Tunisie, du fait de ses faibles ressources en eau, a déjà pris conscience de l’enjeu et pris un certain nombre de mesures qui devraient lui permettre de mieux anticiper les conséquences du changement climatique. Des tarifs spécifiques ont été introduits, le tarif hôtelier étant supérieur au coût de la production de l'eau (les hôteliers participent à hauteur de 11% aux recettes de la Sonede). Dans un premier temps, la croissance de la consommation a sensiblement fléchi grâce à l’introduction de ce tarif spécifique mais cet effet c’est rapidement estompé. Par ailleurs, l'audit des systèmes d'eau, à l'intérieur des hôtels (Décret n°2002335 du 14 février 2002 fixant le seuil (2000 m3) à partir duquel la consommation des eaux est soumise à un diagnostic), n'est pas réellement appliqué. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 58/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Cela a conduit les autorités à mettre en place une stratégie nationale de maîtrise de l’eau dans les établissements touristiques. En effet, à la suite d’une étude de la consommation, il a été établi que les établissements hôteliers utilisaient 22% de l’eau pour l’irrigation, 13% pour la recharge des piscines, alors que les pertes représentent près de 17%. La stratégie nationale d’économie d’eau vise, pour ce qui est du secteur touristique, à réduire la consommation spécifique moyenne à 300 l/j/lit occupé en 2030 contre 513 l/j/lit occupé actuellement. Pour y parvenir, des audits seront régulièrement réalisés afin de constater les progrès ou écarts par rapport aux objectifs. Les principales mesures sont la réhabilitation des tuyauteries vétustes, l’acquisition et l’installation d’équipements économiseurs d’eau et la mise en place d’un programme de sensibilisation par les différents opérateurs touristiques. Les professionnels du tourisme ne semblent en effet pas suffisamment inquiétés par un éventuel manque d’eau. Bien qu’ils trouvent la facture de plus en plus chère, le problème de la disponibilité ne semble pas les effrayer. Par ailleurs, le recours au dessalement des eaux saumâtres et des eaux de mer et le traitement des eaux usées sont considérés comme les solutions d’avenir et déjà largement utilisés pour répondre aux besoins croissants en eau potable. La stratégie à 2030 vise ainsi la mise à contribution d’eau provenant des ressources non conventionnelles aux alentours de 7% : • Réutilisation des eaux usées traitées (EUT) : 76% des établissements touristiques ont formulé une demande pour ce type de technique (régions de Hammamet-Sud, El Kantaoui, Djerba) grâce auquel ils peuvent économiser environ 1,5 million de m3 d’eau soit l’équivalent de 2,7 millions DT. L’utilisation d’eau traitée permet d’entretenir, les golfs et jardins tout au long de l’année. Les objectifs d’utilisation des EUT concernent l’irrigation de 910 hectares de terrains de golf et 900 ha pour les jardins d’hôtels. Des subventions octroyées par la Sonede existent pour soutenir ce programme. • Dessalement de l’eau : il existe actuellement 60 stations de dessalement fonctionnelles pour une capacité globale de l’ordre de 40 000 m3 par jour. D’ici 2010, l’objectif est d’installer 60 nouvelles stations pour un coût estimé à 40 millions DT24. Notons le fait qu’en l’état actuel de la technologie, les solutions de dessalement sont critiquables d’un point de vue de la consommation d’énergie induite. 2.5.4.3 La politique de réduction des consommations d’énergie Au fur et à mesure que la Tunisie poursuit son développement économique, ses besoins énergétiques augmentent. Depuis 1990, sa consommation a cru de 50%25 environ. Si la disponibilité des ressources n’est pas remise en cause à court ou à moyen terme, la dépendance énergétique reste problématique, notamment face à des ressources dont les prix sont relativement volatiles (pétrole). La Tunisie a donc lancé un programme d’efficacité énergétique. Le plan quadriennal de 2008-2011 se base sur 3 axes : • l’efficacité énergétique ; • le recours aux énergies renouvelables ; GHEDIRI H., Economie de l’eau dans le tourisme : le dessalement de l’eau de mer et les eaux usées traitées à la rescousse, Le Quotidien, http://www.tunisia-today.com/archives/13816 25 Sources : ANME. 24 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 59/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 • la substitution énergétique. Le secteur touristique est concerné à plusieurs niveaux avec des mesures comme : • la mise en place de contrats-programmes d’efficacité énergétique (390 tous secteurs confondus) ; • l’installation d’équipements de cogénération (70 MW tous secteurs confondus); • l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les bâtiments (1500 unités dans le tertiaire) ; • le chauffage solaire de l’eau (programme Prosol) ; • le développement du photovoltaïque. Néanmoins, ces mesures sont intersectorielles et restent assez générales, excepté pour le secteur du transport pour lequel des mesures plus spécifiques existent. 2.5.4.4 L’écolabel tunisien Le MEDD a récemment mis en place l’écolabel tunisien, basé sur les normes européennes, qui a pour but de développer la responsabilité environnementale des entrepreneurs. Sa gestion a été confiée au CITET (Centre International des Technologies de l’Environnement de Tunis). Les secteurs de l’exportation sont particulièrement visés dont l’industrie hôtelière. Promu par la FTH, la mise en œuvre de ce label a débuté en mai 2009 et 3 établissements ont pour l’instant reçu cette distinction. Le label est organisé autour de six axes : − l’optimisation de la consommation d’énergie, − l’optimisation de la consommation d’eau, − la gestion des déchets, − l’utilisation préférentielle d’énergies renouvelables, − l’utilisation de produits d’entretiens écologiques, la sensibilisation aux questions de protection de l’environnement. Ce label constitue donc un bon outil pour encourager les hôteliers à agir et leur donner des pistes d’action. Organisé autour de 40 critères obligatoires et environ 15 facultatifs, il est pour l’heure facultatif, mais reste comme le souligne le MEDD, un signal d’importance pour les partenaires européens. Cependant, un tel outil génère surtout des actions ponctuelles et limitées, même si elles sont intéressantes. Les hôteliers sont généralement très contraints par les bâtiments maintenant anciens dont la construction n’est pas adaptée à la maîtrise de la consommation d’énergie (pas d’isolation…) et pour lesquels les actions les plus significatives peuvent impliquer des investissements trop importants. Aujourd’hui encore, les normes de construction sont obsolètes par rapport aux nouveaux enjeux du bâtiment (isolation, matériaux, aérations, gestion différenciée des espaces…). L’écolabel parait particulièrement intéressant comme préfiguration de futures normes obligatoires pour les hébergements touristiques. Dans ce but, il serait nécessaire de le rendre suffisamment souple pour évoluer au gré de son expérimentation par les professionnels et de l’amélioration des connaissances sur les effets du changement climatique. Par la suite, il nous semble nécessaire de lui donner une exigence plus affirmée dans les actions à entreprendre. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 60/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 2.5.5 L’aménagement des plages Deux types de plages sont à analyser : les plages dans les zones touristiques et celles hors des zones touristiques. Dans les zones touristiques, l'Agence de protection et d'aménagement du littoral (APAL) a en charge l'aménagement de l'espace qui est donné en concession aux hôteliers ; pour les autres zones, il a été créé en 2002 une Société des loisirs touristiques (SLT) dont le but est l'aménagement de plages publiques dans l'ensemble des gouvernorats de Tunisie. 2.5.5.1 Les plans d'occupation des plages Les habitants des centres urbains, vont passer des journées à la plage dans des campings spontanés. Il s’agit dans ce cas d’un tourisme de proximité, de plus en plus développé grâce à la généralisation de la voiture individuelle. Ce type de tourisme a un impact négatif sur l'environnement. C'est pourquoi des espaces littoraux ont été affectés à l’usage de vacanciers nationaux. A cet effet, des plans d'occupation des plages (POP) ont été programmés pour une gestion de la plage en la dotant des équipements nécessaires et des commodités requises (parasols, tables, chaises en plastique, sanitaires, douches, etc.) au bien-être des estivants. Le but des plages aménagées est d’offrir aux familles tunisiennes des espaces aménagés de loisirs, moyennant des prix préférentiels. Elles sont tenues à accueillir les estivants de 9h à 23h. Ces plages sont gérées par les communes (52) ou par la société des loisirs touristiques, par le biais de concession aux privés (34). L’aménagement requiert que la plage en question soit raccordée aux réseaux de la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (SONEDE), de la Société tunisienne d'électricité et de gaz (STEG) et de l’Office national de l'assainissement (ONAS). L’exploitant doit, selon le cahier des charges, veiller sur la protection de la sécurité et de la propreté de la plage, ainsi que sur le maintien de l’ordre et de la sécurité. Il doit appliquer les tarifs en vigueur. Depuis son démarrage en 2002, l’opération a débouché sur l’aménagement de plages de Tabarka à Médenine, financé à raison de 50 % par le fonds de la protection de l’environnement touristique et 50 % par le budget de l'État. En 2008, plus de 80 plages ont été aménagées dans 13 gouvernorats et d’ici 2010/11, il devrait y en avoir une centaine. 2.5.5.2 Le label Pavillon Bleu Les plages aménagées suscitent un vif engouement des Tunisiens. L’affluence est grande et se compte par milliers. Au point qu’on ne trouve pas une place de libre, notamment pendant les week-ends. Il est envisagé de les labelliser pavillon bleu, un système de certification écologique volontaire ciblant les plages et les ports de plaisance. En Europe, notamment en France, ce label est attribué aux plages communales sur la base de critères liés à l’environnement, à la gestion des déchets, à la gestion de l’eau et à la sensibilisation du public aux problématiques environnementales. Une plage labellisée "Pavillon bleu", est dotée de plus d’équipements comme un parcours pour handicapés, des plaquettes en bois pour ne pas marcher sur un sable brûlant… La différence se retrouve au niveau du coût de l’aménagement : 20 à 30 mille dinars pour une plage aménagée et 55 à 60 MD pour une plage "Pavillon bleu". Le pavillon bleu est aussi décerné aux plages et aux marinas qui satisfont un ensemble de critères TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 61/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 spécifiques concernant l'information et l'éducation environnementale, la qualité de l'eau, la sécurité, les services et la gestion environnementale. L'écolabel «le pavillon bleu », a été remis, le 15 juin 2009, à cinq plages tunisiennes. Il s’agit de plages situées dans les régions Zarzis (sud-est), Korba, Hammamet Sud et Hammamet Nord, ainsi qu'au port de plaisance de Hammamet-sud (Nord-est). Les certifications ont été remises lors d'une journée d'information organisée par l'Association Tunisienne Pour la Protection de la Nature et de l'Environnement (ATPNE), sur le thème « les pavillons bleus, des outils de préservation du littoral et de promotion du tourisme écologique durable ». Des certificats d'adhésion à l’écolabel ont été décernés dans le cadre du programme du pavillon bleu, aux plages de Tabarka, Bizerte, Kélibia, plage Mnirat (Mahdia) et la plage « «Penelope Magic Life » à Djerba ainsi qu'au port de plaisance de Monastir. L’objectif de ces certifications est d'adapter le tourisme tunisien aux normes internationales de tourisme écologique et durable et d’inculquer aux estivants (touristes, population locale, personnel des plages et des marinas), les bonnes pratiques environnementales et aussi les principes de citoyenneté et de respect de l'environnement. Ce label, par la multiplicité de ses critères, constitue un très bon outil pour l’aménagement des plages. 2.5.6 En synthèse Les outils décrits ici constituent un arsenal assez complet pour accompagner le développement d’un tourisme plus respectueux de l’environnement. Cependant, plusieurs limites viennent nuancer ce constat, limites qui préfigurent un certain nombre de pistes d’adaptation : • il reste difficile de faire réellement appliquer les lois et réglementations ; • la connaissance du changement climatique et de ses impacts est récente et encore limitée. Ainsi les outils existants, qu’il s’agisse de normes réglementaires, de labels ou autres, ne prennent pas toujours la mesure de cet enjeu majeur. Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes de souplesse qui permettront de faire évoluer facilement tous ces outils au fur et à mesure de la connaissance ; • les moyens nécessaires à cette connaissance, à travers des observatoires performants, des programmes de recherche et des outils informatiques pointus, nécessitent des moyens importants que la Tunisie n’est pas toujours à même de mobiliser. • plus encore d’autres enjeux environnementaux, ceux posés ou aggravés par le changement climatique nécessitent une réflexion et surtout une action transversale et globale. Ainsi, la réelle application des principes de transversalité dans la planification et la réglementation liée au tourisme doit être renforcée. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 62/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3 Les impacts environnementaux et socioéconomiques potentiels du changement climatique sur les activités touristiques Ce chapitre donne tout d’abord quelques précisions pour permettre une meilleure compréhension des limites des résultats climatiques exposés (3.1). Sont rappelés ensuite les principaux résultats globaux sur le climat de la Tunisie et les projections climatiques pour le futur (3.2). Il décrit ensuite les impacts potentiels de ces évolutions climatiques sur le tourisme tunisien. Sont décrits dans ce chapitre deux catégories d’impacts possibles du changement climatique sur le tourisme : − les impacts directs des effets climatiques (3.3) avec la présentation de projections climatiques spécifiques à l’activité touristique réalisées pour cette étude et leurs conséquences possibles ; − les impacts sur les ressources touristiques à travers l’environnement (3.4). Le chapitre est conclu par une approche de la question des coûts induits par le changement climatique et ses impacts (3.5). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 63/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 L’attractivité d’une destination touristique est le résultat de nombreux facteurs. Patrimoine, paysage, accessibilité, convivialité, ancienneté et qualité de l’offre touristique dessinent la spécificité de chaque destination. Le climat est, directement ou indirectement, lié à une partie de ces facteurs. C’est d’abord au soleil et à la pluie que l’on pense mais, au-delà, le climat influe sur l’existence et la qualité des ressources sur lequel le tourisme s’appuie : une ressource en eau de qualité pour la baignade et la consommation, les types de production agricoles pour le tourisme de terroir, les espèces et milieux naturels propices à un tourisme de nature, enfin l’aspect des paysages dans les différentes saisons. Le tourisme est donc un secteur particulièrement sensible aux effets du changement climatique. 3.1 Remarque préliminaire Nous tenons ici à alerter le lecteur sur les limites des exercices de projections climatiques et surtout sur les fortes incertitudes qui pèsent sur les résultats à l’échelle d’un pays comme la Tunisie. Un développement détaillé et illustré de ces considérations est proposé dans l’annexe 2 jointe à ce rapport. La méthode d’approche dominante pour explorer l’avenir du changement climatique est celle des scénarios qui ont pour ambition de fournir des images du futur qui découlent d’ensembles d’hypothèses. Ils ne se prononcent pas sur la probabilité respective de ces futurs. Les scénarios sans mesures politiques (scénarios RSSE), utilisés ici, combinent : • des modèles physico-chimiques du climat, appelés Modèles de circulation générale ; • des modèles socio-économiques, ces derniers fournissant les quantités de GES émis en fonction d’hypothèses faites sur l’évolution des forces motrices : démographie, croissance économique, ressources utilisées et technologie. On a donc, dans ces scénarios, deux marges d’incertitude : • le principal facteur influençant le changement climatique – les émissions de GES – n’est pas connu, et dépend d’hypothèses socio-économiques : quelles vont être les croissances démographiques et économiques ? va-t-on aller vers plus ou moins d’échanges commerciaux ?… Si les prospectivistes peuvent rassembler des tendances passées et élaborer des visions de l’avenir cohérentes, ils ne peuvent pas présager du futur, et la recherche ne permettra pas de combler cette incertitude « intrinsèque » aux sociétés humaines ; • l’autre facteur d’incertitude, qui peut-être réduit progressivement, consiste dans l’accord imparfait des modèles pour des hypothèses d’émission similaires. C’est ici la limite de notre compréhension actuelle du fonctionnement du climat qui est en cause. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 64/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Lorsqu’il s’agit de réaliser des recherches sur le changement climatique dans une région, il s’agit de prendre la mesure d’une incertitude de taille. Si au niveau mondial l’existence du réchauffement climatique fait l’objet d’un consensus quasi-unanime, cette conclusion est d’une utilité pratique limitée au niveau régional, d’autant plus que les effets locaux de ce réchauffement global sont nettement plus incertains. Il est donc important d’aller au-delà des scénarios mondiaux et d’opérer des descentes géographiques d’échelles donnant des résultats plus pertinents à l’échelle d’un pays comme la Tunisie. Par ailleurs, à défaut de disposer d’un scénario de référence, vu la multiplicité des modèles, et de prévoir « le temps qu’il fera à Tunis en 2050 », il faut s’attacher à mettre en lumière des tendances climatiques (plus de canicules, moins de pluie en été…) et évaluer la vulnérabilité plus que les impacts : même si on ne sait pas exactement quelle sera l’élévation du niveau de la mer en 2050, on peut dire que le tourisme balnéaire est très vulnérable à celle-ci. Dans tous les cas de figure, il importe avant tout d’être transparent sur le scénario socio-économique de référence (ex : A2), le(s) modèle(s) utilisé(s), et la plage de résultats qu’auraient pu donner d’autres modèles. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 65/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.2 La mise en œuvre de l’approche des changements climatiques en Tunisie La présente étude n’a pas pour vocation à produire de nouvelles connaissances sur les projections climatiques en Tunisie. Elle vise à s’appuyer sur des travaux déjà réalisés par la communauté scientifique nationale et internationale sur ce sujet ainsi que les études menées dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (UNFCCC). En particulier, cette étude se réfère aux projections climatiques sur la Tunisie du projet ACC26 ainsi qu’aux travaux sur la stratégie d’adaptation du littoral tunisien27. Pour cela, nous reprendrons dans ce rapport de synthèse uniquement les éléments de résultats qui serviront directement à l’étude. 3.2.1 Les hypothèses de travail 3.2.1.1 Le choix du modèle On rappelle que l’étude prospective des changements climatiques consiste à articuler des scénarios socio-économiques avec des modèles physico chimiques de l’atmosphère. Dans l’étude de référence qui fourni l’information sur les projections climatiques en Tunisie (projet ACC), c’est le modèle HadCM3 du Hadley Centre en Grande Bretagne qui a été retenu. C’est également sur ce modèle que se basent les projections des indices climato-touristiques afin d’assurer la cohérence des travaux. Il utilise des mailles de 0,5°x 0,5°, soit pour la Tunisie un maillage de 55 km et un ensemble de 56 mailles. L’output du modèle est une prévision des quantités mensuelles des précipitations et des niveaux de températures pour chaque maille. L’analyse conduite ici est donc une analyse fondée sur un seul modèle. Il faut rappeler qu’il existe de nombreux modèles concurrents. On a évoqué plus haut les différences dans les résultats, pour un même scénario socio-économique en fonction du modèle utilisé. Le choix de ce modèle a été fondé sur une étude comparative des résultats de quatre modèles : le modèle canadien (CGCM2), le modèle australien (CSIROmk2), le modèle américain (DOEPCM) et le modèle britannique (HadCM3). C’est ce dernier qui a donné les résultats les plus plausibles. Ces résultats ont été validés sur un échantillon de données réelles s’étendant sur cinq ans. Ceci ne doit en aucun cas faire oublier l’existence de l’incertitude forte qui pèse sur les résultats d’une analyse mono-modèle. «Stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture tunisienne et des écosystèmes aux changements climatiques» (MARH et GTZ 2007). 27 Etude de la vulnérabilité environnementale et socio-économique du littoral tunisien face à une élévation accélérée des niveaux de la mer dues aux changements climatiques et identification d’une stratégie d’adaptation (MEDD – IHEE – GEF/UNDP, 2008) 26 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 66/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 La question des incertitudes Si les résultats obtenus avec les modèles de circulation générale (GCM) concordent assez bien quant aux effets moyens mondiaux, les écarts peuvent être conséquents à l’échelle régionale. L’Europe et la Méditerranée sont concernées par deux zones définies par le GIEC : NEU (Europe du Nord) et SEM (Sud de l’Europe et Méditerranée), (Figure 7). Figure 7 : Anomalies de température des régions du Sud de l'Europe et de la Méditerranée SEM Anomalies de températures (référence 1901-1950) − observées (de 1906 à 2005, ligne noire) − simulées par un ensemble de modèles avec les forçages28 connus (enveloppe rouge) − projetées pour 2001-2100 par un ensemble de modèles ayant utilisé le scénario A1B. Les barres verticales indiquent la fourchette de réchauffement pour le scénario B1 (bleu), A1B (orange) et A2 (rouge). pour un ensemble de Source : GIEC, 2007 modèles Les différents travaux exposés par le GIEC estiment que, selon le scénario A1B, le Sud de la Méditerranée expérimentera un réchauffement marqué et que les précipitations sont en baisse en toute saison pour une majorité de modèles. Cette mais aux modulations saisonnières différentes. La dispersion sur le cumul annuel de précipitations à la fin du XXIème siècle est de 5 à 7 %, mais avec des contrastes saisonniers marqués. Ainsi les modèles montrent une forte dispersion sur l’amplitude de la baisse des précipitations estivales sur le Sud de l’Europe (dispersion de 21%). On s’en convainc avec le graphique qui suit (Figure 8) où apparaît la zone de transition (en blanc : moyenne des tendances faibles ou modèles montrant des évolutions de signes opposés) dont on s’aperçoit de sa variation saisonnière. 28 quantités de gaz à effet de serre émises TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 67/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 8 : Evolution des précipitations selon les modèles Evolution des précipitations : annuel à gauche, hiver au milieu et été à droite En bas : nombre de modèles qui prévoient une augmentation des précipitations Source : GIEC, 2007 Il apparaît sur cette dernière carte que la Tunisie se situe dans une zone où la quasitotalité des modèles étudiés envisagent plutôt une baisse des précipitations dans l’avenir. En effet, si de fortes incertitudes subsistent sur les tendances d’évolution des précipitations au nord du bassin méditerranée, la tendance à l’assèchement sur la rive sud de la Méditerranée constitue aujourd’hui un certain consensus. 3.2.1.2 Le choix des échéances Les horizons temporels des projections du projet ACC sont 2020 (2011-2040) et 2050 (2041-2070) ; les variations des températures et des précipitations sont déterminées par rapport à la période de référence (1961- 1990). Les climats simulés pour ces échéances se basent sur l’étude des moyennes sur 30 ans réalisées sur des périodes centrées sur chacun des horizons. Cependant, soulignons qu’actuellement, dans la plupart des travaux en cours sur les projections climatiques, l’horizon 2020 est abandonné parce que trop proche pour que les scénarios puissent fournir des tendances significatives et que l’image du futur puisse se dégager de la variabilité naturelle du climat : d’ailleurs aucun exercice de scénario en matière de changement climatique ne considère plus cet horizon là. 3.2.1.3 Le choix des scénarios Comme nous l’avons vu sur la question des incertitudes, tout travail de projection nécessite d’explorer plusieurs scénarios possibles afin de rendre compte de la variabilité des avenirs possibles selon les hypothèses socio-économiques envisagées. Quatre scénarios SRES ont été étudiés par le projet ACC : − haut : A1F, − bas : B1, − moyens : A2 et B2. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 68/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Les résultats exposés par le projet ACC concernent essentiellement les scénarios dits moyens (A2 et B2) considérés jusqu’ici comme les plus proches de la réalité climatique actuelle, appréciation qui risque toutefois d’être remise en cause par les fortes émissions du début de la décennie (Raupach, Marland et al. 2007) : • le scénario A2 suppose l’augmentation rapide de la population mondiale (taux de fécondité élevé), le maintien sur le long terme des techniques fortement émettrices de GES29 et le recours persistant aux énergies fossiles. Ce scénario décrit un monde hétérogène caractérisé par la préservation des identités locales, un développement inégal selon les régions. C’est un scénario assez pessimiste qui prévoit en 2100 un réchauffement moyen de 3,4° C dans une fourchette allant de 2 à 5,4° C ; • le scénario B2 est plutôt assez optimiste. Il mise sur un monde où l’accent est placé sur des solutions régionales et locales dans le but d’augmenter la durabilité économique, sociale et environnementale. Il prévoie une augmentation moyenne de la température 2,4°C en 2100 dans une fourchette allant de 1,4 à 3,8°. D’une façon générale, mais plus particulièrement pour le secteur touristique, les impacts les plus rapides du changement climatique risquent d’être liés aux politiques d’atténuation menées à tous les niveaux (local, national, international)30 plutôt qu’aux modifications de la météo. En particulier dans le cas du tourisme Tunisien, l’impact des politiques internationales de lutte contre le changement climatique sur le transport aérien est une donnée essentielle (diminution de la mobilité des touristes, compensation financière des émissions liées aux vols touristiques, incitation à éviter les séjours touristiques de courte durée, incitation au tourisme de qualité au détriment du tourisme de masse, etc.) C’est pourquoi nous estimons que : • le scénario A2, qui représente un changement climatique rapide, fournit la vision la plus réaliste. Cependant, parmi les scénarios définis par le GIEC, c’est le scénario A1F, plus pessimiste encore, qui est considéré aujourd’hui comme le plus proche des tendances actuellement observées (scénario du type tendanciel, « Business as usual ») ; • Le scénario B2, qui envisage un changement climatique nettement plus modeste, est aujourd’hui largement dépassé. Parmi les scénarios définis par le GIEC, le scénario B1A est considéré aujourd’hui comme le plus proche d’un scénario de stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre (GES) autour de 550 ppm. Les concentrations actuelles sont proches de 386 ppm, augmentant d’environ 2 ppm par an. Limiter la hausse des températures à +2°C pour éviter un « changement climatique dangereux » nécessiterait une stabilisation à 450 ppm, ce qui semble désormais peu réaliste. Il s’agit d’un scénario considéré comme équivalent à un scénario volontariste dans lequel on considère que l’on cherche à limiter le réchauffement à 2°C, soit des réductions d’émissions très fortes dans tous les domaines (hébergement, transport local international…). Dans le cas d’une telle volonté internationale, on s’attachera à étudier l’impact de politiques d’atténuation ambitieuses sur la conjoncture internationale (évolution du transport 29 30 GES : Gaz à Effet de Serre. La question de la hausse probable des prix du pétrole est hors du champ de l’étude TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 69/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 aérien) sans forcément s’intéresser au détail des impacts physiques qui ne sont pas trop marqués. 3.2.2 L’étude du climat et de ses évolutions en Tunisie 3.2.2.1 Caractéristiques générales du climat de la Tunisie Le climat de la Tunisie est de type méditerranéen à tendance chaude, aride à semiaride, avec des saisons contrastées et des variations spatiales et interannuelles importantes. Ces caractères s’expliquent par : • une large ouverture sur la Méditerranée (des côtes qui s’étendent sur plus de 1600 km) ; • une large ouverture sur le Sahara au sud ; • un relief peu élevé et très aéré ; • une situation de carrefour, qui fait que le pays est traversé par différents types de masses d’air (tropicales, polaires, maritimes, continentales…) et des perturbations atmosphériques d’origine différentes. L’ensoleillement La Tunisie bénéficie d’un ensoleillement généreux en toute saison. Il constitue l’une des principales attractions touristiques du pays. La moyenne annuelle du nombre d’heures d’ensoleillement est très élevée et elle augmente du nord au sud en passant de 2300 heures à 3200 heures. Les jours longs et peu nuageux de la saison chaude enregistrent une durée d’ensoleillement proche de la durée théorique du jour. En hiver, malgré une nébulosité plus forte, la moyenne mensuelle des heures d’ensoleillement dépassent les 120 h au Nord et les 200 h au Sud. La moyenne mensuelle des intersaisons varie entre 180 et 230 h au Nord et 230 et 300 h au Sud. Le centre du pays est dans une situation intermédiaire, mais plus proche de celle du Sud. La température Les moyennes annuelles de la température sont relativement élevées. Elles augmentent du nord au sud en passant de 18,4° à Tabarka à 21,5° à Elborma. A 1090m d’altitude Thala a une moyenne moins élevée que celle de Tabarka (15,2°C), elle constitue un pôle de fraîcheur immergé dans une région plus chaude. Dans le Sud, la température augmente de la côte vers l’intérieur dominé par le Sahara, alors que dans le reste du pays elle diminue de la côte vers l’intérieur montagneux. La tendance chaude du climat apparaît à travers les valeurs des moyennes annuelles, mais aussi à travers les températures extrêmes maximales et minimales (Figure 9 et Figure 10). En effet, la moyenne des maximales du mois d’août est supérieure à 32°C sur les côtes et dépassent 36° dans le Sud du pays. La moyenne des minima de janvier dépasse 6°C sur la côte et reste positive même dans les régions montagneuses. Les maxima absolus dépassent les 45° dans la plupart des régions alors que les minima absolus tombent très rarement sous les -5° C TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 70/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 9 : Température maximale moyenne du mois d’août Figure 10 : Température minimale moyenne de janvier Source : HENIA L. dir. 2008 : « Atlas de l’eau en Tunisie », Université de Tunis L’humidité atmosphérique Elle joue un rôle important dans la sensation de la chaleur et du froid. Elle augmente du Sud vers le Nord et de l’intérieur vers les régions côtières. La moyenne annuelle va de moins de 50 % dans le Sud Ouest à plus de 70 % sur les côtes. Lorsqu’une forte humidité s’associe à une forte chaleur, l’ambiance thermique est très inconfortable. Les vents Les vents sont très variables en force et en direction suivant les régions et les saisons. Les plus importants sur le plan bioclimatique sont : • le sirocco (Chhili), venant du sud et du sud ouest, ramène des masses d’air saharien chaud et sec qui s’étendent sur le centre et le Sud du pays et atteignent parfois le Nord ; • les vents du nord sont plus humides et plus frais surtout en hiver. Ils sont assez violents quand ils accompagnent des perturbations atmosphériques ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 71/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 • les vents d’ouest assez froids et secs en hiver, sont adoucis sur la côte par l’effet de la Méditerranée ; • la brise de mer soufflant pendant la période chaude a un effet rafraîchissant, mais elle ne concerne souvent qu’une frange côtière étroite. Les précipitations Les précipitations sont globalement modestes. Elles diminuent du nord au sud : 1530 mm à Ain Draham au Nord, 320 mm à Sousse au centre, 97 mm à Tozeur au Sud. Le nombre de jours de pluie est relativement faible à cause de la faiblesse des totaux pluviométriques et de la concentration des précipitations dans le temps (114 jours de pluie par an à Tabarka et 23 jours à Tozeur). Ces précipitations se concentrent en dehors de la saison chaude. Les saisons L’année est divisée en 4 saisons dont les caractères et la longueur diffèrent légèrement d’une région à une autre : • un été chaud et sec dans toutes les régions. Il l’est de plus en plus chaud en allant du Nord vers le Sud. Sur la côte, en comparaison avec les régions intérieures, la diminution de la température tend à améliorer le confort climatique mais l’augmentation de l’humidité atmosphérique œuvre dans le sens contraire ; • un hiver doux et humide sur les côtes, plus rigoureux à l’intérieur et sur les reliefs élevés. Dans la partie sud ouest, la douceur diurne s’oppose à un froid nocturne intense, considéré comme difficilement supportable ; • les saisons intermédiaires constituent une transition plus ou moins rapide et plus ou moins graduelle entre l’hiver et l’été. L’automne est plus chaud et plus court que le printemps. Les moyennes des températures masquent souvent une grande variabilité inter journalière. Au cours de ces deux saisons en effet, les masses d’air d’origines et de caractères différents se relayaient sur le pays. Les perturbations atmosphériques sont fréquentes aussi pendant cette période de l’année. La variabilité du climat La variabilité du climat est grande partout, mais elle est plus marquée dans le centre du pays et elle affecte particulièrement les précipitations. Les cycles d’années sèches sont séparés par de rares années très pluvieuses (à risque d’inondation). La variation interannuelle de la température est plus faible comparativement à celle des précipitations. Pendant une année chaude, l’augmentation de la température ne concerne pas nécessairement toutes les saisons, elle peut même se traduire par une évolution opposée entre l’hiver et l’été (à un hiver très froid succède un été très chaud). La variation de la température et des précipitations entraîne aussi une variation de la longueur des saisons et donc de leur début et de leur fin, précoces ou tardifs. Cette variabilité est de nature à influencer la longueur des saisons touristiques. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 72/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Les régions climatiques La variation des conditions climatiques du nord vers le sud et de la côte vers l’intérieur nous permet de distinguer 6 régions climatiques (Figure 11 ci-dessous) : • le Nord-Ouest, montagneux et assez pluvieux (pluie > 600mm/an), se caractérise par un hiver froid et nuageux mais les étés sont très chauds, voire même torrides dans les vallées ; • le Nord-Est, moins élevé et moins humide (pluie entre 400 et 600mm/an), est plus favorisé sur le plan de l’ensoleillement et de la température grâce à sa façade maritime ; • le Centre-Ouest est dominé par un relief de plateaux de faible altitude. Son appartenance au domaine semi-aride de la Tunisie centrale fait que les précipitations sont comprises entre 200 et 400 mm/an. C’est une région bien ensoleillée mais les amplitudes thermiques diurnes et annuelles sont élevées. Les hivers y sont froids et inconfortables ; • le Centre-Est, comprenant le Sahel et les basses steppes, connaît un climat plus tempéré sur le plan thermique grâce à l’influence maritime mais les étés restent chauds et les jours torrides peuvent être enregistrés même sur la côte ; • le Sud-Ouest est dominé par les fortes chaleurs et l’aridité qui caractérisent le domaine désertique (pluie <150 mm/an). Les vents de sable sont assez fréquents et les amplitudes thermiques élevées ; • le Sud-Est, grâce à sa façade maritime, se caractérise par des amplitudes thermiques plus faibles, les vents marins atténuent légèrement les chaleurs estivales mais les vents sahariens englobent, quand ils soufflent, cette région dans le domaine désertique. Ces nuances régionales perceptibles au niveau des moyennes annuelles s’estompent au cours de certains jours de l’été quant les vents chauds s’étendent sur l’ensemble du pays. Ces variations spatio-temporelles constituent à la fois une richesse et une contrainte avec au final un potentiel climato-touristique non négligeable pour la diversification des activités touristiques. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 73/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 11 : Carte des régions climatiques Source : HENIA L. dir. 2008 : « Atlas de l’eau en Tunisie » Université de Tunis 3.2.2.2 Evolution récente observée du climat de la Tunisie Plusieurs chercheurs se sont intéressés à l’évolution du climat de la Tunisie au cours du 20ème siècle (voir, entre autres, LABEN et al. 1996, SAKISS 1994, HENIA et ALOUANE 2007 et 2008). La recherche du terme tendanciel appliquée à des séries de mesures de la pluie et de la température fiables, couvrant le 20ème siècle, montre qu’il n’y a pas de tendance dominante, statistiquement significative. En revanche, le climat de la Tunisie présente, depuis quelques décennies, des signes de changement au niveau de la température, de la pluie et de la variabilité. La température montre une tendance très nette à la hausse à partir des années 1970 (Figure 12). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 74/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 12 : Evolution de la température à Kairouan Source : MARH et GTZ 2005 L’évolution des précipitations à partir du début du 20ème siècle ne laisse apparaître aucune tendance significative, ni à la hausse, ni à la baisse. Par contre, si on considère uniquement la deuxième moitié du 20ème siècle, la tendance à la baisse est très nette (MEDD, 2007). La variabilité du climat devient plus accentuée. La dernière décennie a été marquée, en Tunisie, par une intensification du rythme des situations extrêmes aussi bien au niveau de la température que celui de la pluie. Quatre années sèches successives ont marqué la période allant de 1999 à 2002, suivies par quatre années humides de 2003 à 2006. Des inondations ont marqué l’année 2003 à deux reprises (en janvier et en septembre) ainsi que l’année 2007. L’été 2003 a été parmi les plus chauds depuis le début du 20ème siècle. La fréquence des canicules est en hausse (Figure 13). Figure 13 : Evolution du nombre annuel des jours caniculaires Nombre de jours nombre annuel des jours caniculaires 80 60 40 20 0 1990 1992 1994 1996 Kairouan Linéaire (Monastir) 1998 2000 2002 2004 Monastir Linéaire (Kairouan) Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 75/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.2.2.3 Les avenirs climatiques possibles pour la Tunisie D’après le quatrième rapport du GIEC (GIEC/IPCC 2007), l’Afrique du Nord y compris la Tunisie, ainsi qu’une bonne partie de la Méditerranée occidentale connaîtront une augmentation de la température qui sera, selon les scénarios, de 1 à 2°C en 2030 et de 3 à 5°C en 2100 et ce par rapport à la période 1980-1990. Selon la même source, la température dans cette aire géographique, a accusé déjà une nette augmentation (de 1 à 2°C) entre 1970 et 2004. Les résultats spécifiques à la Tunisie présentés ci-dessous proviennent de l’étude ACC (MARH et GTZ 2007). Les deux paramètres observés par les modèles sont la température moyenne et les précipitations. La figure suivante montre l’évolution de cette température moyenne pour la Tunisie, selon les 4 scénarios étudiés pour le siècle à venir. Figure 14 : Evolution de la température moyenne en Tunisie selon les scénarios Source : MARH et GTZ 2007, Tableau 8 : Evolution prévue de la température et des précipitations en Tunisie Evolution Horizon 2030 Horizon 2050 Température A la hausse 1,2 à 1,9°C 1,6 à 2,7°C Précipitation A la baisse - 7,5 à – 15 % -11 à 29 % Source : MARH et GTZ 2007, Selon les projections présentées, il fera donc plus chaud et plus sec en Tunisie mais l’ampleur du changement varie selon les régions et les saisons : • le réchauffement sera plus marqué au Sud qu’au Nord et à l’intérieur du pays que sur la côte ; à l’échelle saisonnière il sera plus marqué en été (Tableau 8 et Figure 15) ; • • la baisse des précipitations sera plus marquée au Sud qu’au Nord et au niveau de la Tunisie orientale plus qu’au niveau des hautes terres intérieures (Tableau 8 et Source : MARH et GTZ 2007 Figure 16). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 76/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 15 : Projection de l’évolution de la température en °C selon le scénario A2 Source : MARH et GTZ 2007 Figure 16 : Projection de l’évolution des précipitations (en %) selon le scénario A2 Source : MARH et GTZ 2007 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 77/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.2.3 Le niveau de la mer L’interface terre-mer rend les zones côtières vulnérables aux variations de niveaux d’eau, au régime des houles, aux tempêtes et à d’autres facteurs de nature climatique. Le changement climatique aura des impacts sur tous ces paramètres. 3.2.3.1 Le niveau actuel de la mer en hausse en Tunisie Il est démontré, dans plusieurs études (OUESLATI 2004, 2005, MEDD, 2000, 2007 …) que l’évolution récente du niveau de la mer en Tunisie constitue un facteur de la vulnérabilité de son littoral (MEDD 2000 et 2007). Les données de mesures et de l’observation disponibles (pour la Tunisie et la Méditerranée), les images satellites et les résultats d’un modèle de circulation des eaux près des côtes tunisiennes développé par l’INSTM (MEDD. 2008) ont permis de conclure aux faits suivants : • le niveau de l’eau près des côtes tunisiennes est plus élevé que vers le large (10 à 20 cm) sous l’effet de la circulation induite par le vent et les effets thermohalins. Cette surélévation est plus importante en hiver qu’en été ; • les différents indices disponibles permettent une bonne connaissance des variations du niveau marin en Tunisie, notamment pour le quaternaire et la période de l’antiquité ; • il existe de nombreux témoignages (vestiges archéologiques…) tout à fait indubitables de ces oscillations. Les observations faites dans les terrains tectoniquement stables, en particulier celles menées par des géomorphologues et/ou des archéologues (notamment OUESLATI 2004), permettent de conclure que la valeur de l’élévation d’origine eustatique du niveau marin depuis l’antiquité se situe entre 20 et 40 cm. Différentes publications ont révélé des modifications parfois sensibles dans la position du trait de côte. L’analyse des enregistrements marégraphiques confirme la continuation de la montée marine au cours du 20ème siècle. Les valeurs obtenues sont souvent supérieures à la moyenne mondiale et ce sous l’influence du comportement tectonique du sol côtier en différents points et tout particulièrement sur l’ensemble des côtes méridionales soumises à des phénomènes de subsidence. 3.2.3.2 La hausse accélérée du niveau de la mer dans la perspective du changement climatique Comme nous l’avons déjà vu dans les paragraphes précédents, aussi bien le rapport du GIEC que les études qui focalisent sur la Méditerranée ou la Tunisie (4ème rapport du GIEC 2007, MARH 2005, MEDD 2007…) mentionnent l’ampleur du changement climatique prévu pour la marge sud de la Méditerranée et en l’occurrence pour la Tunisie. Ce qui pourrait se traduire, entre autres, par une élévation importante de la température des eaux marines près des côtes tunisiennes et par suite une élévation importante et accélérée du niveau de la mer (EANM). Le GIEC estime que durant le 20ème siècle le niveau de la mer a augmenté de 12 à 22 cm avec une accélération à la fin du siècle, dont on ne sait pour l’instant si elle est due à une accélération du réchauffement climatique ou à des phénomènes de variabilité de moyenne durée. Pour le 21ème siècle, selon les scénarios de réchauffement climatique, l’élévation prévisible en fin de siècle est comprise entre 18 et 38 cm dans le meilleur des cas et entre 26 et 59 cm pour le scénario de réchauffement le plus important. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 78/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 17 : Elévation du niveau de la mer selon le RSSE Source : GIEC Tenant compte des résultats du 3ème rapport du GIEC, d’un certain nombre d’études récentes sur la variation du niveau de la mer en Méditerranée et près des côtes tunisiennes et d’un certain nombre d’hypothèses relatives à la politique du pays en matière de l’environnement littoral, l’étude du MEDD (2007) a défini, trois scénarios : Tableau 9 : Les scénarios de l’évolution de la température et du niveau de la mer en Tunisie Scénario Echelle de temps Elévation de la température Elévation du niveau de la mer Scénario MR : (maximum de risque) 1990 – 2100 4,6°C 50 cm 1990 – 2050 2,2°C 18 cm 1990 – 2030 1,0°C 12 cm Scénario R 1990 – 2100 2,9°C 38 cm (de référence) 1990 – 2050 1,6°C 16 cm 1990 – 2030 0,8°C 10 cm 1990 – 2100 2,0°C 30 cm 1990 – 2050 0,9°C 15 cm 1990 – 2030 0,5°C 8 cm Scénario mR (minimum de risque) Source : MEDD, 2007 Seul le scénario maximum de risque à l’échéance de 2100 est retenu dans cette étude pour l’évaluation des risques liés à l’EANM, c’est-à-dire une élévation du niveau de la mer de 50 cm. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 79/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 L’approche par scénarios trouve ici sa justification du fait que la vulnérabilité du littoral tunisien à l’élévation accélérée du niveau de la mer est fonction de plusieurs facteurs dont certains sont entourés d’incertitudes comme l’évolution du climat global, la réponse des eaux océaniques en général et celles de la Méditerranée en particulier aux changements climatiques, l’évolution socio-économique et la politique nationale relative au littoral. Il faut cependant faire remarquer que les émissions du début du 21ème siècle nous placent au dessus du scénario le plus pessimiste du GIEC et que des voix s’élèvent actuellement pour se demander si les scénarios SRES, élaborés il y a une dizaine d’années, sont encore d’actualité. De plus, dans les prévisions du GIEC la contribution de la fonte des glaciers du Groenland et le détachement des icebergs de l’Antarctique peuvent être sous estimés. De fortes incertitudes (expliquant la réticence du GIEC à les prendre en compte) pèsent sur les phénomènes de synergie, qui pourraient accélérer ces phénomènes.. Cependant une littérature récente et croissante les concerne et il ne paraît pas exclu que ces phénomènes se traduisent par une élévation du niveau de la mer nettement plus importante (Schlermeier 2004). Ces considérations nous incitent à ne pas nous fonder uniquement sur les scénarios du GIEC comme le font la plupart des études récemment publiées, lesquelles prennent en compte comme hypothèse la hausse moyenne prévue par le GIEC c’est-à-dire de l’ordre de 40 cm à la fin du siècle. Une version de ce choix qui nous paraît raisonnable est celle de l’Association des assureurs britanniques qui envisage une élévation du niveau de la mer de 40 cm dès 2040 (Association of British insurers 2006). Dès maintenant, les nouveaux ouvrages à longue durée de vie sont dimensionnés en fonction d’une élévation de un mètre aux Pays Bas, au Canada (digues, ponts…)(Ressources Naturelles Canada 2008). Cette projection ne remet pas en cause l’analyse approfondie des impacts possibles d’une EANM de 50 cm réalisée pour la Tunisie en 2007. Il est juste nécessaire de souligner que l’échéance à laquelle cette élévation est envisagée est sans doute sousévaluée et que les impacts décrits relèveront plutôt des décennies à venir que de la fin du siècle. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 80/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.3 Les impacts directs des effets climatiques sur le tourisme Le changement climatique engendrera, comme nous l’avons vu, une série de modifications des paramètres climatiques. Ces évolutions auront un impact direct sur le climat ressenti – « la météo » – dans les destinations touristiques et, par conséquent, pourront influer sur la répartition spatiale et temporelle de l’activité touristique. Une activité vulnérable mais des impacts incertains Le haut degré d’incertitude qui se dégage des projections climatiques montre qu’il est nécessaire de parler d’impacts potentiels et non pas d’impacts prévisibles, les scénarios climatiques actuels ne procurant pas des résultats locaux assez fins (micro-climats) et présentant une variabilité conséquente d’un scénario à l’autre. C’est donc avec ce regard que l’on doit considérer les résultats présentés tant par l’étude ACC que par les projections spécifiquement réalisées pour la présente étude. Figure 18 : Quelques effets attendus du changement climatique sur les destinations touristiques méditerranéennes Source : G. Vereczi, OMT, 2007 Une étude française récente31 (MEIE-DIACT-MEEDDM, 2009) a cherché à améliorer la connaissance des exigences climatiques des touristes français : quel est le poids du climat dans la prise de décision touristique, à quels éléments les touristes sont-ils sensibles ? Bureau de la prospective et de l'évaluation économique-S/DP3E-Direction générale de la compétitivité de l'industrie et des services (DGCIS) du Ministère de l’Economie de l’Industrie et de l’Emploi – Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM) – Délégation interministérielle à l’Aménagement et à la Compétitivité des Territoires (DIACT), 2009, « Météorologie, climat et déplacements touristiques 2009 », étude réalisée par TEC et le CREDOC. 31 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 81/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Les facteurs climatiques déclenchant les changements de comportement sont difficilement prévisibles, même si certains viennent facilement à l’esprit : par exemple une augmentation importante des cancers de la peau conjuguée avec un matraquage médiatique. D’autres mécanismes pourraient être plus inattendus : les européens du nord pourraient se désintéresser des résidences secondaires au sud de l’Europe ou de la Méditerranée s’ils constatent qu’il y fait trop chaud. Les variations quant à la fréquence et à la violence des précipitations entreront également en jeu. Les résultats de cette étude remettent en cause l’idée jusqu’ici soutenue (Scott, D., Gössling et al. 2008) que les températures supportées par les touristes sont relativement modérées : entre 25 et 29°C par exemple pour les séjours balnéaires. Ceci a pu laisser penser à une forte vulnérabilité à une hausse des températures estivales moyennes ou à des épisodes caniculaires. Cette nouvelle enquête (visant toutefois une nationalité différente) semble montrer non seulement que la plage de tolérance est beaucoup plus large, avec jusqu’à 33°C pour des séjours à la mer, ou 34°C pour les activités balnéaires, mais également une faible répulsion pour la canicule. Attention cependant car on peut raisonnablement penser que les touristes sous-estiment leur vulnérabilité à la canicule : les températures qu’ils mentionnent comme « trop chaudes » le sont vraiment trop et sont déjà au-delà de certains seuils considérés comme « alerte canicule ». Ces résultats nous invitent donc à relativiser le poids de la température, tout en le maintenant, évidemment, dans les indices de confort touristique, et modérer les affirmations de type « dans 30 ans les étés seront trop chauds en Méditerranée ». Par ailleurs, le climat est un facteur de décision important, mais pas le premier facteur dans les décisions des touristes. Il arrive en 3ème ou 4ème position, selon les études, derrière le coût, la beauté des paysages et des sites et parfois la découverte de nouveaux lieux. Il reste qu’une partie des voyageurs n’est absolument pas sensible au climat ou à la météo : soit parce qu’il faut déjà beau chez eux, soit parce que leurs vacances sont contraintes (visite famille et amis) ou leurs activités indépendantes du climat (activités culturelles notamment). Dans les paragraphes qui suivent, nous exposons d’abord la notion de potentiel climato-touristique (3.3.1) et en quoi elle intéresse notre étude. Nous présentons ensuite les travaux réalisés pour notre étude sur les évolutions de cet indicateur en Tunisie (3.3.2). Enfin la dernière partie (3.3.3) tire de ces travaux les conséquences possibles sur l’activité touristique en Tunisie. 3.3.1 Le potentiel climato-touristique Sur la question du rapport entre climatologie et tourisme, il nous a semblé nécessaire d’exposer dans ce rapport l’état de la réflexion et de la recherche internationale. La compréhension des préférences climatiques des touristes, des climats plus ou moins favorables au tourisme, n’est pas une préoccupation récente. Les travaux visant à affiner ces connaissances reposent notamment sur la construction d’indices de préférences climatiques des touristes. A la fin des années quatre vingt, J.P. Besancenot a produit une analyse détaillée des différents facteurs définissant les attentes des touristes (Besancenot 1989) et fourni des plages d’acceptabilité en particulier dans les domaines : − de l’ensoleillement (durée, régularité) ; − des précipitations diurnes, qui sont acceptables et même souhaitables dans certaines limites ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 82/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 − du confort thermique qui résulte d’une combinaison de la température, de l’humidité de l’air et du vent. Ainsi, depuis plusieurs décennies, un certain nombre de travaux s’efforcent de relier le climat au confort physique des touristes (le confort maximum étant supposé atteint quand le corps au repos dépense une énergie minimum) et d’en déduire l’aptitude des destinations à les accueillir, ainsi que leurs avantages comparatifs (Mieczkowski 1985; Besancenot 1989; Matzarakis and De Freitas 2001; Matzarakis, C.R. de Freitas et al. 2004). Des statisticiens et économètres se penchent sur les changements de comportement des touristes en fonction des températures (Madison 2001 et Lise 2002) et en déduisent des situations considérées comme optimales. Lorsque la question du changement climatique est apparue dans le domaine des études sur le tourisme, la tentation a été forte d’examiner comment ces aptitudes pourraient évoluer dans le futur, selon les scénarios. Les chiffres qui résultent de ces travaux peuvent paraître parfois discutables ; ils ont toutefois l’intérêt de mettre en évidence l’existence des dépassements de seuils qui pourraient résulter du changement climatique. Il faut néanmoins être très prudent quant aux conclusions à tirer de ces indications pour les comportements futurs des touristes. En effet on a pu constater que les exigences climatiques des touristes varient à la fois selon les populations concernées et selon les époques. Les exigences climatiques des habitants du nord de l’Europe ne sont évidemment pas les mêmes que celles d’un Français ou d’un Espagnol : le climat (actuel) de la Bretagne sera plus attrayant pour un Britannique que pour un Français, ce qui ne veut pas dire que le premier ne privilégiera pas une destination plus ensoleillée. On sait également que la recherche du soleil est un comportement assez récent (au XIXème on se baignait en hiver, mais surtout pas en été). Les populations méditerranéennes recherchent l’ombre et la fraîcheur, c’était aussi le cas des britanniques en Inde quand ils établissaient leurs villégiatures d’été en altitude. En un siècle les bienfaits recherchés dans un séjour à la mer ont totalement changé (du désir d’endurcir son corps au farniente…) et avec eux les exigences en matière de température de l’eau. 3.3.2 L’indice de potentiel climato-touristique journalier (IPCTJ) pour la Tunisie A la lumière des réflexions qui précèdent, il est apparu indispensable de compléter les travaux existants sur les projections climatiques de la Tunisie (focalisées sur température et volume de précipitation), pour traiter le cas particulier du secteur touristique qui nécessite des indicateurs spécifiques sur les évolutions du climat. Ainsi un travail de projections climatique a été réalisé spécifiquement pour cette présenté sur le secteur du tourisme32. 3.3.2.1 Cadrage méthodologique Les ambiances climatiques les plus favorables au tourisme sont celles qui présentent deux caractéristiques fondamentales : − le confort thermique ; 32 Les travaux présentés sur l’IPCTJ ont été réalisés par le Pr. Latifa HENIA, docteur en climatologie des Universités de Tunis et de Paris-La Sorbonne TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 83/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 − l’absence de phénomènes atmosphériques qui risquent de gêner les activités de plein air. L’indice de potentiel climato touristique journalier (IPCTJ) combine la notion d’ambiance thermique et les caractéristiques des phénomènes atmosphériques. Pour caractériser les ambiances thermiques, nous nous référons aux indices de bioclimatologie humaine. Certains de ces indices associent la température et l’humidité de l’air, d’autres, la température et la vitesse du vent ou bien les trois paramètres à la fois (Besancenot, 1990). Chacun de ces indices a des avantages et des inconvénients et son intérêt change d’un climat à un autre et même d’une saison climatique à une autre. Une analyse critique de différents indices appliqués au climat de la Tunisie a été réalisée par P. Escourrou (1996) et par T. Alouane (2002). Les indices bioclimatiques les plus utilisés par les chercheurs sont : • l’indice de confort thermique THI (temperature-humidity index) de THOM, qui intègre la température (T°C) et l’humidité relative (U%) ; • l’indice K de Sipple et de Passel (ou le cooling power) qui intègre la température (T°C) et la vitesse du vent (Vm/s). L’indice obtenu de cette combinaison est appelé l’Indice de l’Ambiance Thermique (IAT) Au niveau de la journée, l’IAT est la moyenne des huit valeurs de cet indice à l’échelle tri-horaire. Cinq classes d'ambiances thermiques journalières (ATJ) sont définies selon la valeur de cet indice qui va de 0 à 6 (Tableau 10). Tableau 10 : Classes d'ambiances thermiques journalières (ATJ) selon les valeurs de l'IAT Classe ATJ Très inconfortable Inconfortable Modérée Confortable Très confortable Valeur de l'IAT <1,2 1,2 – 2,3 2,4 - 3,6 3,7 – 4,8 > 4,8 Si l’ambiance thermique est un facteur essentiel du confort touristique, certains phénomènes atmosphériques peuvent gêner les activités de plein air. Pour le cas de la Tunisie, il s’agit essentiellement des précipitations, des vents forts et du vent de sable. Ajoutons à ceci, la fraction d’insolation qui a une influence sur le degré du confort physique et psychique de l’organisme humain. Pour chacun de ces paramètres a été définit un code : code 1 dans le cas où il ne constitue pas une contrainte pour les activités de plein air et 0 lorsqu’il est contraignant, en passant par une valeur intermédiaire (0,5) lorsque l’empêchement n’est pas total. L’IPCTJ combine à l’échelle de la journée les valeurs de l’IAT et les caractéristiques de ces phénomènes. La journée est considérée différemment selon les saisons. Chaque jour de l’année se voit accorder un indice de potentiel climato-touristique (IPCTJ) égal à la somme des codes de l’indice de l’ambiance thermique (codé de 0 à TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 84/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 6) et de ceux relatifs aux phénomènes atmosphériques (dont de code peut être 0, 0.5 ou 1) IPCTJ = IAT + IP + IV + IE − IAT : indice d’ambiance thermique (codé de 0 à 6) ; − IP : indice de précipitation ; − IV : indice du vent (il regroupe les jours de vent de sable et de vent fort) ; − IE: indice d'ensoleillement. Cinq classes d’ambiances climato-touristiques (Tableau 11) sont ainsi définies de très favorable à très défavorable. Tableau 11 : Les classes de l’IPCTJ Valeurs de IPTCJ <2 2 à 3,9 4 à 5,9 Classes Très défavorable* Défavorable Modérée 6 à 7,9 >=8 Favorable Très favorable** Source : HENIA et ALOUANE 2008 * Au nombre des jours dont l’indice est <2, nous avons ajouté, pour la classe très défavorable, les jours, où un phénomène atmosphérique constitue un empêchement (vent d’une vitesse >8m/s, vent de sable, pluie >5 mm) et ce quelle que soit la valeur de l’IPCTJ. ** Les jours très favorables sont ceux qui se caractérisent par des ambiances thermiques très confortables en absence de tout phénomène atmosphérique contraignant. L’importance du tourisme balnéaire en Tunisie nécessite de définir les ambiances plus ou moins favorables à cette activité spécifique en se basant sur les indices définis plus haut. Cette activité nécessite 3 conditions météorologiques : • un temps peu venteux (V < 8m/s) ; • une journée très peu pluvieuse (pluie < 5mm /jour) ; • une température assez douce car l’air froid augmente la sensation d’inconfort, en particulier pour la population locale et les touristes des pays. Le critère thermique retenu n’est pas la température sous abri mais le refroidissement éolien car, en début et en fin de saison balnéaire, les températures ressenties peu élevées sont influencées par la vitesse du vent. Il est donc considéré qu’un refroidissement inférieur à 250Kcal/m2/h au milieu de la journée est nécessaire pour l’activité balnéaire pour l’ensemble des touristes. Etant donné que les ambiances thermiques varient entre des ambiances douces et confortables et des ambiances torrides du milieu de l’été nous avons distingué deux types d’ambiances climatiques balnéaires : • les ambiances balnéaires favorables (THI < 26.5° au milieu de la journée) ; • les ambiances balnéaires difficiles ou « balnéaire refuge » (THI >= 26.5° au milieu de la journée). Cette ambiance thermique inconfortable pousse souvent les gens à chercher refuge dans les eaux fraîches de la Méditerranée. Le choix de l’indice THI est du au fait que l’humidité atmosphérique a plus d’impact sur le confort en présence de température élevée. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 85/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.3.2.2 Données et résultats spécifiques à la présente étude L’étude des données observées Nous utilisons les mesures et observations de différents paramètres météorologiques composant l’ambiance climatique (température, vent, humidité de l’air, pluie, phénomènes de sable, durée d’insolation) et ce à l’échelle tri-horaire. Ces données concernent la dernière décennie (1991 – 2000) et 9 stations représentatives aussi bien du littoral que de l’intérieur : les stations littorales Tabarka, Nabeul, Monastir, Djerba, Houmet Souk ; Tozeur est une région de tourisme saharien ; Le Kef, Thala et Seliana sont des stations intérieures et élévées. Pour l’étude des ambiances climato-touristiques journalières favorables aux activités de plein air, nous avons fait varier, selon les saisons, le nombre de relevés tri-horaires adopté dans cette étude. Pour l’hiver (où le jour, période d’activité de plein air, est court), nous retenons 5 groupes de relevés (ceux de 6h, 9h, 12h, 15h, 18h). Pour la saison estivale, nous avons retenu 7 relevés sur 8 par jour (6h, 9h, 12h, 15h, 18h, 21h et 0h), vu que pendant cette saison, de nombreuses activités ont un caractère nocturne et sont pratiquées en plein air profitant du répit thermique nocturne après la canicule du jour. Pour les saisons intermédiaires, nous retenons les observations tri-horaires de 6h, 9h, 12h, 15h, 18h et 21h. Les projections futures La figure suivante reprend les projections présentées dans le 4ème rapport du GIEC pour une sélection de scénarios. Figure 19 : Quelques scénarios du GIEC Source : d’après rapport du GIEC, 2007 La Figure 19 laisse apparaître que : − pour l’échéance 2030, les différents scénarios donnent des résultats très proches. Partant de ce graphique, nous avons retenu, pour 2030, une augmentation moyenne de la température de 0,5°C par rapport à 1990 ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 86/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 − pour l’échéance 2050 nous avons tablé sur une augmentation de la température de 1°C pour le scénario B2 et de 2°C pour le scénario A2. Pour étudier l’impact du réchauffement global sur le confort thermique et sur le potentiel climato touristique de la Tunisie, nous avons ajouté ces valeurs aux données climatiques tri-horaires de la période étudiée (1991-2000). En suivant cette approche méthodologique nous essayons de dégager les impacts probables du changement climatique sur le potentiel climatique de la Tunisie, en se référant aux scénarios A2 et B2 pour les deux échéances 2030 et 2050. 3.3.2.3 Les conditions climato-touristiques actuelles La prédominance des ambiances thermiques confortables Les travaux ont tout d’abord consisté à étudier les ambiances thermiques actuelles dans les régions touristiques. Tableau 12 : Fréquence des types d'ambiances thermiques (% du nombre total des jours de l'année) Modérée Confortable 16 47 Très confortable 33 Tabarka Inconfortable à très inconfortable 4 Nabeul 1 18 39 42 Monastir 2 20 40 38 Djerba 2 22 35 41 Le Kef 4 31 44 21 Tozeur 16 21 36 27 Source : HENIA et ALOUANE 2007 La Tableau 12 laisse apparaître que : • les ambiances thermiques inconfortables à très inconfortables caractérisent moins de 4 % des jours de l’année sur la côte. A l’intérieur, leur fréquence augmente légèrement, sans atteindre, pour la plupart des stations, 10 % des jours, (4% au Kef). • seule la station désertique de Tozeur enregistre 60 jours d’inconfort thermique (16% du total des jours de l’année). Cet inconfort thermique est lié à la chaleur de l’été. Dans les régions élevées à l’intérieur du pays (le Kef ou Thala), l’inconfort est lié plus au froid hivernal. • Les ambiances confortables à très confortables occupent 75 à 81 % des jours de l’année dans la plupart des stations. Même dans les stations continentales élevées où l'hiver est relativement froid et dans les stations sahariennes où l'été est très chaud, ces types d’ambiances restent dominants (65% des jours au Kef et 63 % à Tozeur). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 87/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Tableau 13 : Fréquence (% des jours) saisonnière des ambiances thermiques confortables à très confortables Hiver Printemps Eté Automne Tabarka 74 90 66 87 Kef 39 85 48 86 Nabeul 83 96 52 90 Monastir 83 95 47 84 Djerba 87 96 41 78 Tozeur 83 88 9 71 Source : HENIA et ALOUANE 2007 • les saisons intermédiaires sont les plus confortables sur le plan thermique (Tableau 13). • l'hiver vient généralement en troisième position, par la fréquence des ambiances thermiques journalières confortables, après le printemps et l'automne. Il est à signaler cependant que dans le Sud-Ouest du pays, à climat saharien, l'hiver est plus confortable que le printemps. A Tozeur on y compte en moyenne, 20 jours de température très confortable, 55 jours de température confortable et 16 jours d'ambiance modérée. Les jours inconfortables sont presque totalement absents. Dans les stations d'altitude à l'ouest, l'hiver est par contre la saison la plus inconfortable. A Thala, on compte en moyenne, 52 jours inconfortables à très inconfortables. Seuls 15 % des jours de l'hiver sont confortables dans cette station. • l'été est partout la saison la moins confortable à cause de la forte chaleur, sauf à Thala et même au Kef, où la chaleur estivale est modérée par l'effet de l'altitude. Dans la première station, les ambiances thermiques estivales sont plus confortables que celles des autres saisons et des autres stations. La température estivale est même plus confortable à Thala que dans les stations littorales, L'air y est en effet, non seulement moins chaud, mais aussi moins humide que sur la côte. A Tozeur, par contre, plus que 50 % des jours de l’été présentent des ambiances stressantes à cause de la forte chaleur. Une faible fréquence des phénomènes atmosphériques contraignants pour les activités de plein air Les activités touristiques de plein air peuvent être gênées, comme mentionné plus haut, même si l'ambiance thermique est confortable, par certains phénomènes atmosphériques. On considère généralement que la situation est non favorable dans les cas suivants : • un vent dont la vitesse dépasse 8 m/s (Besancenot, 1987). Le vent agit en effet, non seulement par son influence sur la sensation de la température effective (indice K) mais aussi par son effet mécanique ; • une pluie journalière supérieure à 5 mm ; • une durée d'ensoleillement inférieure au 1/3 de la journée; la faiblesse de l’ensoleillement n'entrave pas totalement les activités touristiques, mais à cause de son effet psychique, nous considérons qu’un ensoleillement inférieur à 1/3 de la journée est gênant pour les activités touristiques ; • un vent de sable qui persiste au moins pendant deux observations tri-horaires de la journée. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 88/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 20 : fréquence des phénomènes climatiques contraignants pour les activités de plein air (% des relevés tri horaires du vent et en % des jours pour l’ensoleillement et la pluie.) 30 25 Vent>8m/s+vent de sable 20 15 Ensoleillement < à1/3 du jour 10 pluie quotidien >=5mm 5 T oz eu r K ef Le Je rb a M on as tir na be ul T ab ar ka 0 Source : HENIA et ALOUANE 2007 La Figure 20 résume ces caractères contraignants. Dans la plupart des stations, la contrainte liée au vent (les vents forts dont la vitesse > 8 m/s) et au vent de sable constituent un facteur de gêne pour les activités de plein air dans 1 à 6 % des jours de l'année, sauf à Monastir (10% et à Tozeur 12.4%). A Monastir (situation de cap avancé dans la mer), c'est surtout le vent fort qui constitue un facteur de gêne. A Tozeur c'est plutôt le vent de sable qui est contraignant. Ce type de vent affecte autour de 30 jours en moyenne par an dans les stations les plus touchées (celles du Sud-Ouest). Sa fréquence diminue considérablement en Tunisie orientale (une dizaine de jours à Djerba, moins de deux jours à Monastir). Le phénomène est rare dans le Nord, comme si la Dorsale constitue une barrière à la propagation du vent de sable vers dans cette direction. L'ensoleillement faible caractérise entre 24 % (à Tabarka) et 12 % des jours (à Djerba et Tozeur). Les pluies supérieures à 5 mm se produisent dans 12% des jours de l'année au Kef, 1.3% des jours à Tozeur et entre 3 et 7 jours dans les autres stations. En synthèse, le faible ensoleillement ne constitue pas un handicap dans les différentes régions touristiques tunisiennes. Les nuisances liées au vent sont sensibles à Tozeur et à Monastir et celles qui dépendent des précipitations concernent surtout Tabarka. Le climat de la Tunisie présente donc des atouts météo importants pour le tourisme avec, notamment, la dominance des ambiances confortables et l’existence des nuances régionales et saisonnières qui offrent la possibilité de diversification des activités touristiques. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 89/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.3.2.4 Les caractéristiques du potentiel climato-touristique actuel Pour aller plus loin que l’ambiance thermique, l’étude s’intéresse à l’indice climatotouristique. Figure 21 : Fréquence annuelle (% des jours de l’année) des types d’ambiances climato-touristiques. jours en % 60 50 40 30 20 10 0 Monastir Tabarka Nabeul Jerba Très défavorable Défavorable Favorable Très favorable Tozeur Le Kef Moyen Source : HENIA et ALOUANE 2007 A l’échelle annuelle (Figure 21), nous remarquons : • une très faible fréquence des jours défavorables. Cette catégorie représente moins de 3% des jours dans les stations côtières et au Kef et 10,5% à Tozeur (les contraintes sont ici d’ordre thermique essentiellement); • les ambiances très défavorables (liées essentiellement au vent fort/ vent de sable et / aux précipitations) enregistrent des taux légèrement plus élevés 4 % des jours de l’année à Djerba, 7% à Monastir, 10% au Kef et 10.6% à Tozeur. Au total, la fréquence de ces deux types d’ambiances défavorables et très défavorables reste limitée dans les stations côtières et au Kef (entre 4 et 12%) alors qu’elle concerne les 20 % des années à Tozeur ; • les ambiances climato touristiques moyennement confortables caractérisent 25 % des jours de l’année à Monastir, à Tozeur et au Kef et 20 % des jours dans les autres stations ; • les ambiances favorables et très favorables sont largement dominantes partout. La première catégorie vient en première position dans toutes les stations, elle intéresse le 1/3 des jours de l’année à Tozeur et entre 44 % et 52 % dans les autres stations. Les ambiances très favorables sont moins fréquentes que les précédentes, elles concernent entre 19 et 28 % des jours dans les stations côtières, 17% des jours au Kef et 10 des jours à Tozeur. ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 90/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 60 50 40 30 20 10 0 Monastir Tabarka Nabeul décembre novembre octobre septembre août juillet juin mai avril mars février Jerba janvier jours en % Figure 22 : Régime mensuel des ambiances climato-touristiques défavorables et très défavorables Tozeur Le Kef Source : HENIA et ALOUANE 2007 A l’échelle saisonnière (Figure 22) nous remarquons : • au niveau de la fréquence des ambiances inconfortables et très inconfortables, une nette opposition entre Tozeur d’une part et les autres stations d’autre part. Dans la première, ces 2 catégories culminent en été (49 % des jours en juillet) reflétant ainsi l’impact des extrêmes thermiques chauds et des vents de sable. Dans les autres stations, la fréquence de ces deux types d’ambiance est minimale en été et maximale en hiver (Kef) ou en intersaison. L’écart entre les mois est relativement modeste. La saison estivale est donc propice aux activités de plein air, malgré son inconfort thermique, exception faite de Tozeur. • la fréquence des ambiances d’un confort moyen (Figure 23) culmine en été, mais avec des taux différents d’une station à l’autre. (2/3 des jours du mois d’août à Monastir, Djerba, Nabeul et 50 % des jours de ce mois dans les autres stations). Un sommet secondaire apparaît en hiver alors que les taux les plus bas concernent les saisons intermédiaires. Cela s’explique par l’accroissement des jours très favorables au cours de cette période. 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Monastir Tabarka Nabeul Jerba Tozeur ao ût se pt em br e oc to br e no ve m br e dé ce m br e et ju ill ju in m ai av r il m ar s fé v vi e jan rie r Le Kef r jours en % Figure 23 : Régime mensuel des ambiances climato-touristiques d’un confort moyen Source : HENIA et ALOUANE 2007 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 91/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 • le régime mensuel des ambiances climato-touristiques favorables (Figure 24) oppose Tozeur aux autres stations. A Tozeur, la fréquence du type favorable culmine en Janvier avec 61% des jours de ce mois et tombe à seulement 3 % des jours en juillet et à 1 % des jours au mois d’août. Dans les autres stations, la variation inter mensuelle est assez irrégulière. Les taux les plus élevés concernent les deux extrémités de la saison chaude. La différence entre l’hiver et les saisons intermédiaires est assez réduite. Figure 24 : Régime mensuel des ambiances climato-touristiques favorables 100 80 60 40 20 0 Monastir Tabarka Nabeul Jerba j an vi e fé r vr ier m ar s av r il m ai ju in ju i ll et ao se pt û t em b oc re to n o b re ve m d é b re ce m br e Tozeur Le Kef Source : HENIA et ALOUANE 2007 • La saison chaude (Figure 25) enregistre des taux assez faibles des ambiances climato-touristique très favorables qui tombent à 0 au milieu de l’été (). Cela reflète la tendance chaude du pays surtout à Tozeur où la précocité de l’été fait que le mois de mai n’enregistre que 7 % de jours favorables. Dans les autres stations, la transition printemps été est plus tardive. De fait, à Monastir, on passe de 40 % de jours favorables en mai à 3.3 % des jours le mois suivant. Les saisons intermédiaires sont les plus favorables puisque la fréquence de cette ambiance varie de 24 à 50 à Djerba, Monastir et Nabeul. Ces taux sont plus faibles à Tabarka à cause du froid et des précipitations ainsi qu’à Tozeur, station très chaude et venteuse. • le maximum des ambiances très favorables est enregistré pendant les saisons intermédiaires (octobre- novembre et mars-avril). Figure 25 : Régime mensuel des potentiels climato-touristique très favorables 70 60 Monastir 50 Tabarka 40 Nabeul 30 Jerba 20 Tozeur 10 Le Kef se aoû t pt em br e oc to b no re ve m br dé e ce m br e ju in ju ill et m ai av ril m ar s ja nv ie r fé vr ie r 0 Source : HENIA et ALOUANE 2007 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 92/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.3.2.5 Le potentiel climato-balnéaire L’activité balnéaire s’étend sur un nombre assez élevé de jours (allant de 37% des jours de l’année sur les côtes septentrionales à 42% des jours sur les côtes sud-est). Cette progression du nord vers le sud est due à une augmentation des ambiances chaudes dans le même sens. Figure 26 : fréquence annuelle (en % des jours de l’année) des ambiances climatotouristiques balnéaires. 45 40 joursen% 35 30 Balnéaire refuge Balnéaire favorable 25 20 15 10 5 0 Tabarka Nabeul Monastir Jerba Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 Deux catégories de jours balnéaires peuvent être distinguées (Figure 26) : • les jours à ambiance balnéaire refuge : ils sont très inconfortables sur le plan thermique à cause de la forte chaleur. De fait, la canicule constitue un danger pour les personnes fragiles mais elle pousse en même temps les estivants, en quête d’une certaine fraîcheur, vers la baignade. Cette catégorie est relativement rare, elle est de 19 jours à Tabarka et Nabeul, 28 jours à Djerba et 32 jours à Monastir ; • les jours à ambiance balnéaire favorable : l’activité s’effectue dans des conditions favorables sur le plan de la température, de l’ensoleillement et du vent. Le balnéaire favorable domine dans les 4 stations et sa fréquence augmente de Monastir à Djerba. Elle passe de 29,6 % des jours de l’année dans la première station à 34,6 % des jours pour la dernière. Ce qui explique la renommée des plages tunisiennes et surtout celles de Djerba. Il va sans dire que l’activité balnéaire correspond à la saison chaude (Figure 27). Les mois de mars et avril connaissent quelques jours favorables à l’activité balnéaire mais la mer encore fraîche rebute souvent le touriste. Le mois de mai marque une transition vers l’été (25% de ses jours sont balnéaires à Monastir, 29% à Tabarka, 35% à Djerba, mais 13 % seulement à Nabeul). La pleine activité balnéaire débute en juin (les 2/3 des jours de ce mois sont de type balnéaire), culmine en juillet-août (plus de 90 % des jours de ces mois sont de type balnéaire) et recule légèrement en septembre (80% des jours du mois sont de type balnéaire). Octobre constitue la transition vers la fin de la saison balnéaire (la fréquence des jours balnéaires y est encore importante, 77 % des jours à Djerba, 62 % à Monastir, 50 % Nabeul et 44 % à Tabarka). Au mois de novembre les ambiances balnéaires n’occupent que 15 % des jours de ce mois à Djerba et 10 % des jours dans les autres stations. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 93/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 27 : Régime mensuel (en % du nombre total des jours du mois) des ambiances climato touristiques balnéaires 80 Balnéaire refuge 80 Balnéaire refuge ve m br e dé ce m br e no e br e oc to t ao û se pt em br ll e t n Balnéaire favorable br e dé ce m br e ve m no e br e oc to t se pt em br et ao û n ju i ju i ll m ai vi er ja n br e dé ce m br e br e ve m no e oc to t ao û em br se pt et ju i ll n ju i m ai av ril m ar s ier 0 vi er 20 0 av ril 40 20 fé vr ju i 60 ier 40 m ar s 60 fé vr jours en % 100 80 Balnéaire refuge Nabeul 120 100 ja n ril Balnéaire favorable Monastir Balnéaire favorable av no ja n vi er ve m br e dé ce m br e e br e oc to ût se pt em br n ll e t ao ju i ju i m ai av ril m ar s ja n ier 0 vi er 20 0 m ai 40 20 Balnéaire favorable jours en % 60 ier 40 m ar s 60 fé vr jours en % 100 80 fé vr jours en % 100 120 Jerba 120 ju i Tabarka 120 Balnéaire refuge Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 La longueur de la saison balnéaire dépasse donc quatre mois surtout à Djerba. Ce qui donne à cette île un autre avantage climatique. Le balnéaire refuge est enregistré au milieu de l’été et culmine en août avec 42 % des jours de ce mois à Nabeul, 48 % à Monastir et Djerba et 35 % à Tabarka. En juin et septembre le balnéaire refuge recule fortement pour rester autour de 15 % à Tabarka et à moins de 20 % des jours dans les autres stations. La variabilité inter annuelle des ambiances climato-touristiques est assez importante dans toutes les stations, mais son ampleur varie selon les stations d’une part et selon la fréquence de chaque catégorie d’ambiance d’autre part. Ainsi au Kef le nombre de jours très favorables enregistre une différence entre les fréquences annuelles de 13 jours, alors que pour la même catégorie la différence atteint 35 jours à Tabarka et à Nabeul et 50 jours à Djerba. La variation inter annelle du nombre des jours balnéaires dépend surtout de celle des ambiances thermiques. Les années fraîches enregistrent un repli des activités balnéaires. A titre d’exemple, Monastir a enregistré 130 jours balnéaires en 1991 et 146 jours en 1993 (année plus chaude). Djerba a connu 22 jours de type “balnéaire refuge” en 1992 et 36 jours en 1995. 3.3.2.6 Les tendances récentes L’évolution récente du potentiel climato-touristique est relativement difficile à dégager car les paramètres utilisés (température, humidité, ensoleillement....) évoluent parfois en sens opposé et peuvent avoir de ce fait un effet contradictoire sur le potentiel climatique. En outre, la variation interannuelle très élevée estompe en partie la tendance générale. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 94/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Pour essayer de dégager cette tendance nous prenons l’exemple de deux stations ayant presque la même latitude, l’une côtière (Monastir) et la deuxième située à 50 km de la côte (Kairouan). La Figure 28 qui représente une série de 15 ans nous permet de dégager les constatations suivantes : • dans les deux stations, la fréquence des ambiances thermiques froides présente une tendance nette à la baisse entre 1990 et 2004. La fréquence des ambiances chaudes présente une tendance à la hausse. L’évolution positive de la fréquence de l’ambiance modérée est plus faible ; • la progression est plus sensible à Kairouan traduisant à la fois l’impact de la continentalité et de l’îlot de chaleur urbain. En effet cette station c’est intégrée dans le tissu urbain. Figure 28 : L’évolution de la fréquence des ambiances thermiques. Kairouan Monastir 30 20 jours en %. jours en %. 30 10 20 10 0 0 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 1990 1992 1994 Froide très chaude Linéaire (Froide) 1996 1998 2000 2002 2004 modéré Linéaire (très chaude) Linéaire (modéré) Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 Cette tendance observée dans l’évolution récente des ambiances thermiques risque de s’accentuer avec les changements climatiques. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 95/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.3.3 Les effets possibles du changement climatique sur le potentiel climato-touristique de la Tunisie 3.3.3.1 L’évolution du potentiel climato-touristique à l’échelle annuelle L’évolution du potentiel climato touristique paraît modeste à l’échelle de l’année. Cette situation est due au fait que le réchauffement estival qui tend à augmenter les ambiances inconfortables chaudes est compensé par le recul en hiver des ambiances inconfortables froides. Cet effet de compensation est de nature à estomper l’évolution du potentiel climatique à l’échelle de l’année. Les échelles saisonnière et mensuelle paraissent de ce fait mieux indiquées pour rendre compte de l’évolution du potentiel climato-touristique dans le cadre du changement climatique. Cependant, les Figure 29 et Figure 30 laissent apparaître l’existence, à l’échelle annuelle, des nuances entre les stations. Le cas de Tozeur mérite attention. En effet, dans cette station, la fréquence des jours à ambiance défavorable double en passant de 10,5 % des jours actuellement à 19,2 % des jours en 2050 (scénario A2). Figure 29 : Evolution des ambiances climato touristiques défavorables (% des jours de l’année) par rapport à la moyenne 1991-2000 et selon les scénarios B2, A2 du GIEC et aux échéances 2030 et 2050. Défavorable jours en % 25 Monastir 20 15 Tabarka Nabeul 10 Jerba Tozeur Le Kef 5 0 actuel 0,5° 1° 2° température actue l: moyenne 1991-2000. 0,5°: échéance 2030, scénario A2 et B2. 1°: échéance 2050, scénario B2. 2°: échéance 2050, scénrio A2 Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 96/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 30 : Evolution des ambiances climato touristiques très favorables (% des jours de l’année) par rapport à la moyenne 1991-2000 et selon les scénarios B2, A2 du GIEC et aux échéances 2030 et 2050. Très favorable jours en % 30 Monastir Tabarka 25 20 Nabeul Jerba Tozeur 15 10 Le Kef 5 actuel 0,5° 1° 2° température actue l: moyenne 1991-2000. 0,5°: échéance 2030, scénario A2 et B2. 1°: échéance 2050, scénario B2. 2°: échéance 2050, scénrio A2 Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 jours en% Figure 31 : Evolution des ambiances climato touristiques favorables (% des jours de l’année) par rapport à la moyenne 1991-2000 et selon les scénarios B2, A2 du GIEC et aux échéances 2030 et 2050. Favorable 55 50 45 40 35 30 25 20 Monastir Tabarka Nabeul Jerba Tozeur Le Kef actuel 0,5° 1° 2° température actue l: moyenne 1991-2000. 0,5°: échéance 2030, scénario A2 et B2. 1°: échéance 2050, scénario B2. 2°: échéance 2050, scénrio A2 Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 A l’échelle saisonnière et mensuelle, dans toutes les stations on remarque une régression des ambiances défavorables en hiver (Figure 32) et une progression en été. L’évolution hivernale reste modeste et ne concerne qu’autour de 2 % des jours de la saison. En effet, à Tabarka, pour une augmentation de la température de 2°C, la fréquence des ambiances défavorables passe de 5,8 % à 3,2 % des jours en janvier et de 3,2% à 0,6% en décembre. Cette tendance s’inverse en été et connaît une plus grande ampleur. Ainsi, en août, on passe de 2.6% des jours défavorables aujourd’hui à 12,3% des jours pour le scénario A2 à l’échéance 2050. La progression est encore plus nette pour Monastir (de 7,7% à 33,5% des jours de la saison) et atteint son apogée à Tozeur (38,8% des jours à73%). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 97/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 32 : Evolution saisonnière de la fréquence des jours à ambiances climato touristiques défavorables 80 Défavorable 70 janvier (tabarka) décembre (Tabarka) août (Tabarka) août (Monastir) août(Tozeur) jours en % 60 50 40 30 20 10 0 actuel 0,5° 1° température 2° actuel: moyenne 1991-2000. 0,5°: échéance 2030, scénario A2 et B2. 1°: échéance 2050, scénario B2. 2°: échéance 2050, scénrio A2 Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 Au niveau des ambiances très favorables (Figure 32), l’année se divise en deux périodes où la fréquence des ambiances évolue en sens inverse. • Une période de progression pendant laquelle la fréquence des jours très favorables augmente parallèlement au réchauffement général. Elle s’étend de décembre à avril à Tabarka, Monastir et Nabeul, de décembre à mars à Djerba et de décembre à février à Tozeur. L’augmentation de la fréquence est plus importante pour les mois les plus froids. Entre l’état actuel et le scénario A2 en 2050, à Djerba, la fréquence de ce type d ‘ambiance passe de 57.4 % à 64.57% des jours en décembre et de 24 % à 49 % des jours en janvier. • Une période de régression plus longue correspondant aux mois chauds de l’année. Les jours à ambiances très favorables, déjà très rares au milieu de l’été, tendent à disparaître des mois d’août et septembre dés que la température s’élève de 0,5°. Cette forte régression s’étend au mois de juillet et d’octobre pour une augmentation de 2°C (échéance 2050). L’ambiance très favorable n’intéresse au mois d’octobre que moins de 10 % des jours dans toutes les stations. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 98/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 33 : Evolution de la fréquence des jours très favorables Monastir 60 50 50 40 40 20 Actuel 10 0,5° 1° 2° 35 20 Série1 10 Série2 0 Série3 Série4 Le Kef 30 actuel: moyenne 1991-2000. 25 20 15 10 Série1 5 Série2 0 Série3 TF ja nv ie fe r vr ie r m ar s av ril m ai ju in ju ille t s e ao pt ût em b oc re t no o br ve e m br e jours en 30 To ja nv ie fe r vr ie r m ar s av ril m ai ju in ju i ll e t s e ao pt ût em b oc re t no o br ve e dé mbr ce e m br e 0 Tozeur ze ur T ja F nv i fe er vr ie m r ar s av ril m ai ju in ju ille se a t pt o û em t oc bre no to b ve re dé m b ce r e m br e 30 jours en jours en 60 0,5°: échéance 2030, scénario A2 et B2. 1°: échéance 2050, scénario B2 Série4 2°: échéance 2050, scénrio A2 Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 En somme, la période froide de l’année enregistre une amélioration grâce à l’augmentation de la fréquence des jours très favorables au dépend des types défavorables liés au froid. Cette amélioration très importante au milieu de l’hiver continue en mars et avril mais avec moins d’ampleur. La saison chaude tend à devenir plus longue et plus inconfortable. Malgré l’empiétement de l’été sur les saisons intermédiaires, ces dernières gardent un taux élevé de jours à ambiances climato touristiques favorables et très favorables qui dépasse souvent les 2/3 des jours du mois. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 99/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.3.3.2 L’impact possible du changement climatique sur les activités balnéaires La Figure 34 montre une progression du potentiel climato-balnéaire en fonction de l’augmentation du réchauffement général. Figure 34 : Evolution du potentiel climato-balnéaire (en % des jours de l’année). Evolution du potentiel balnéaire 2volution du balnéaire favorable 60 40 jours en % jours en % 50 30 20 10 0 Nabeul TabarKa Monastir Jerba 40 35 30 25 20 15 10 5 0 Nabeul TabarKa Monastir Jerba 2volution du balnéaire refuge 25 jours en % 20 actuel: moyenne 1991-2000. 15 0,5°: échéance 2030, scénario A2 et B2. 2 5 2 0 10 1 5 1 0 1°: échéance 2050, scénario B2. 5 5 0 Na b e u l T a b a K r a M o n a stir Je b r a 2°: échéance 2050, scénario A2 0 Nabeul TabarKa Monastir Jerba Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 La saison balnéaire gagne une semaine pour un réchauffement annuel de 0,5°C, 2 semaines pour un réchauffement de 1°C et un mois pour un accroissement de la température de 2°C (échéance 2050). La fréquence du “balnéaire refuge” augmente de fréquence dans toutes les stations, reflétant ainsi l’impact du réchauffement estival et l’accroissement des jours caniculaires. Cette avancée se fait au dépend du “balnéaire favorable”. Entre l’état actuel et à 2050, pour le scénario A2, la fréquence des jours à ambiance de type “balnéaire refuge” passe de 5,2 % des jours à 17 % à Nabeul, de 8,8 à 21%des jours à Monastir et de 7,6 à 19 % des jours à Djerba. Le balnéaire favorable subit un léger fléchissement en passant à Djerba du 34,7% actuellement à 31% des jours de l’année en 2050 (scénario A2). Ainsi on perd 10 jours de “balnéaire favorable” par an à Djerba, 13 à Nabeul et 18 jours à Monastir. Alors que la situation reste stable à Tabarka. A l’échelle mensuelle, le changement climatique pourrait entraîner : • une augmentation de la fréquence des jours balnéaires pour tous les mois, en dehors de l’hiver. Cette progression est faible pour l’été qui est déjà saturé, mais plus importante pour les saisons intermédiaires. Pour un réchauffement de 2°C, la fréquence des jours balnéaires à Tabarka passe, en septembre, de 26 à 28 jours, de 9 à 15 jours en mai et de 14 à 23 jours en octobre. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 100/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Figure 35 : Evolution mensuelle de la fréquence des jours balnéaire (% des jours du mois.) Tabarka jours en % 120 actuel: moyenne 1991-2000. 100 80 0,5°: échéance 2030, scénario A2 et B2. 60 40 1°: échéance 2050, scénario B2. 20 ja nv ie fé r vr ie r m ar s av ril m ai ju in ju ill et se pt ao em ût b oc re no tob ve re dé mb ce re m br e 0 2°: échéance 2050, scénario A2 Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 La saison Balnéaire s’allonge allant de mai à octobre sur l’ensemble des côtes tunisiennes. • la domination estivale du balnéaire refuge. Figure 36 : Evolution saisonnière de la fréquence du “balnéaire refuge” Jerba joursen% 100 actuel: moyenne 1991-2000. 80 0,5°: échéance 2030, scénario A2 et B2. 60 40 1°: échéance 2050, scénario B2. 20 se pt ao emût br e oc to no br ve e m dé br ce e m br e 2°: échéance 2050, scénario A2 ju in ju ill et av ril m ai ja nv ie r fé vr ie r m ar s 0 Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 La fréquence des jours à ambiance balnéaire refuge progresse en juillet et septembre et culmine en août. Entre l’état actuel et l’échéance 2050 (scénario A2), le balnéaire refuge passe à Tabarka de 5 à 14 jours en juillet, de 12 à 24 jours en août et de 2 à 10 jours en septembre. Dans les autres stations, le mois d’août sera entièrement dominé par le “balnéaire refuge”. Pour le mois de juillet, les jours à ambiance balnéaire refuge occupent 3 semaines à Monastir et à Djerba et deux semaines à Nabeul et seulement 10 jours à Tabarka. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 101/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Monastir actuel: moyenne 1991-2000. 0,5°: échéance 2030, scénario A2 et B2. 1°: échéance 2050, scénario B2. av ril m ai ju in ju ill et se a pt o emût br e oc to no b ve re m dé b ce re m br e 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 ja nv ie r fé vr ie r m ar s joursen% Figure 37 : Evolution saisonnière de la fréquence du “balnéaire favorable” 2°: échéance 2050, scénario A2 Source : HENIA L. et ALOUANE T. 2009 La fréquence des jours à ambiance balnéaire favorable connaîtra un recul en juilletaoût et septembre et une progression au cours des autres mois des saisons intermédiaires. A Monastir, un réchauffement de 2°C fera passer la fréquence de cette catégorie de 76 % à 29% des jours en juillet, de 43 à 5% des jours en août et de 8 à 23% des jours en novembre. La progression vers les saisons intermédiaires se fera aussi par le balnéaire refuge qui migre du cœur de l’été vers les saisons douces. En synthèse, le changement climatique pourrait faire progresser la saison balnéaire vers les saisons intermédiaires. Le milieu de la saison balnéaire serait dominé par le balnéaire refuge. Ces tendances s’accentuent de 2030 à 2050 et du scénario B2, au scénario A2. 3.3.3.3 Les impacts potentiels sur l’activité touristique Ces projections nous permettent ainsi de lister, au niveau de la Tunisie, un ensemble d’impacts potentiels dont les plus marquants pourraient être les suivants : • La modification de la saisonnalité : − l’allongement des intersaisons propices au tourisme : automne/printemps, extension des conditions favorables vers le nord ; − les perspectives sont différentes pour les régions Sud, déjà très chaudes en été et qui pourraient souffrir d’un excès de chaleur et ainsi accueillir plutôt des populations jeunes et bien portantes, aptes à supporter des conditions caniculaires ; − en termes de position concurrentielle de la destination, il est difficile de conclure, car l’ensemble des destinations concurrentes connaîtra également une amélioration des conditions climatiques au printemps et à l’automne : • la modification des régions touristiques en Tunisie : − l’été, les régions de montagnes (Monts Tebessa ou la région des hautes steppes) pourraient voir se développer un tourisme de fraîcheur et offrir des conditions très favorables au tourisme de découverte (randonnée, écotourisme…) sur une bonne partie de l’année ; − les régions sahariennes pourraient voir diminuer l’activité touristique estivale, même sous forme d’excursions depuis les côtes proches ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 102/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 • la modification des motifs : − l’hiver pourrait attirer une population de retraités d’Europe à la recherche de douceur mais également de soins médicaux (cures…) ; − le changement climatique pourrait modifier les conditions de concurrence des destinations méditerranéennes entre elles : les destinations du sud du pourtour méditerranéen seraient plus durement touchées par les excès de chaleur que celle du Nord. L’amélioration des conditions climatiques du nord de l’Europe pourrait conduire les clientèles d’Europe du nord à passer plus les vacances d’été chez elles qu’elles ne le font actuellement et voir se renforcer la concurrence de pays européens plus tempérés. Témoignage de professionnels Depuis ces 5 à 8 dernières années, les hôteliers de la côte orientale de la Tunisie constatent que les touristes allemands fuient la période des grosses chaleurs. Ce constat vaut également pour la clientèle senior dont la fréquentation diminue l’été (juin à septembre) pour se reporter sur des saisons plus fraiches. Un bouleversement des précipitations Par ailleurs, le système des précipitations connaît également des modifications. Si la moyenne de la pluviométrie est appelée à diminuer, la fréquence d’évènements violents pourrait augmenter (inondations, crues). Au-delà des impacts sur le ressenti des clients et sur les activités disponibles, les conséquences sur les infrastructures ou les plages peuvent être importantes. De coupures de courant en cas de forts orages, à la pollution des plages par les oueds33, de l’engorgement des stations d’épuration, à la pollution de l’eau, les impacts relevés par les professionnels du tourisme sont nombreux. Tous ne sont pas forcément rédhibitoires – les tempêtes de sable dans le sud renforcent l’expérience « extrême » des touristes – mais leur imprévisibilité rend ces évènements contraignants et soulève un enjeu de sécurité. Témoignage de professionnels Les hôteliers interrogés soulignent des problèmes déjà rencontrés par leurs établissements dans toutes les régions touristiques. Par exemple : − dans la région du Cap Bon, la question de la gestion des oueds et des pollutions dont ils sont à l’origine lors d’orages, est déjà une préoccupation ; − le problème des coupures de courant et de l’insuffisance des générateurs électriques a été mentionné dans la région d’Hammamet. − sur la zone de Kairouan, il a été relevé des pluies de plus en plus violentes ; − certains hôtels situés à proximité de Madhia ont des difficultés à exploiter des bungalows même en été, en raison d’intempéries empêchant de garantir le confort des touristes. Lors de forts orages, les oueds charrient tous les déchets sur leur passage jusqu’à leur embouchure sur la plage. 33 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 103/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.3.4 La sécurité sanitaire des touristes : risques et santé Lorsque l’on s’intéresse aux effets climatiques directs, au delà du confort des touristes, se pose la question des risques sanitaires. Il s’agit d’une préoccupation majeure des voyageurs qui exigent un maximum de sécurité pendant leurs vacances et sont de plus en plus alertés des risques encourus, à travers les médias en particulier. Si la question de la santé dépasse largement les compétences des acteurs touristiques, l’offre d’une destination sécurisée est indispensable au développement du secteur. Aujourd’hui, les zones touristiques sont aménagées de telle manière que les infrastructures ne soient pas dangereuses. La vulnérabilité de la Tunisie dépend fortement des aléas auxquels elle sera soumise (et qu’on ne peut identifier clairement aujourd’hui) et donc des moyens de prise en charge dont elle dispose. Plusieurs types d’aléas existent, climatiques mais aussi infectieux. Une préoccupation de santé L’examen du potentiel climato-touristique d’une destination est non seulement pertinent au regard de l’agrément mais aussi de la santé : le soleil peut être source de cancers cutanés, les vents humides favorisent les accidents vasculaires cérébraux, l’association de vents violents et de froid accroît les risques d’infarctus, etc. L’étude menée par le Ministère de la Santé Publique en 2009 sur la santé34 permet de faire le point sur d’éventuels risques induits par le changement climatique, risques mal connus aujourd’hui. L’un des risques principaux dans un contexte de changement climatique, nous semble celui lié aux fortes chaleurs ainsi qu’aux maladies respiratoires et allergiques. L'élévation de la température accroît le volume d’ozone au niveau du sol et précipite le démarrage de la saison pollinique, ce qui contribue aux crises d’asthme. D’autre part, les vagues de chaleur, notamment les «îlots de chaleur» urbains, augmentent directement la morbidité et la mortalité, essentiellement chez les personnes âgées qui souffrent de maladies cardio-vasculaires ou respiratoires. C’est en premier lieu le rapport au soleil qui a évolué ces dernières années vers une méfiance croissante et des mesures pour limiter une exposition dangereuse. D’autre part, la question de la qualité de l’air est également liée en partie au changement climatique. La hausse des températures, combinée à une augmentation du parc automobile, ainsi qu’aux diverses pollutions industrielles entraîne une dégradation de la qualité et des risques pour la santé : asthme, sensibilité pour les personnes âgées, et même des conséquences plus importantes pour les personnes les plus exposées. Les hôteliers tunisiens constatent déjà la préoccupation grandissante des touristes pour les problèmes de santé et, en particulier, pour les effets néfastes du soleil. Cependant, cela se traduit essentiellement par des mesures de protection individuelles (chapeau, crème solaire…) en non par de réels changements de comportement en termes d’activités. Les impacts sur la fréquentation touchent certaines catégories de clientèles plus sensibles à la chaleur (voir plus haut). 34 Stratégie d’Adaptation du Secteur de la Santé au Changement Climatique, MSP et GTZ 2009 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 104/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 La question d’une éventuelle recrudescence de maladies nous semble moins pour l’activité touristique. Le changement du régime des pluies et des températures, risque de modifier la répartition géographique des insectes vecteurs qui propagent les maladies infectieuses. Parmi les maladies à transmission vectorielle concernant la Tunisie, le paludisme concentre souvent les inquiétudes des touristes et fait l’objet de bien des projections fantaisistes. Cependant, l’étude montre que la réceptivité de la Tunisie au paludisme, même dans le contexte du changement climatique, est faible. Si la vigilance reste de mise, cette maladie emblématique ne semble pas constituer un véritable risque pour le tourisme. Les autres maladies étudiées ne concernent pas directement le tourisme car les modes de transmissions sont éloignés des pratiques touristiques. Par ailleurs, la rareté de l’eau, tout comme l’excès d’eau dû à des pluies torrentielles répétées, pourraient accroître le risque de maladies d’origine hydrique (maladies diarrhéiques). Mais les touristes, généralement très sensibles à ce type de maladie, nous semble déjà préparés pour limiter ce risque. Finalement, le principal risque pour le tourisme semble celui d’une médiatisation exagérée en cas d’apparition ou de recrudescence de certaines maladies (paludisme…), qui pourrait jouer défavorablement sur l’attractivité de la Tunisie. Finalement, il faut noter que des moyens existent déjà en Tunisie pour limiter ces risques sanitaires : la présence d’équipements hospitaliers de qualité ainsi que la disponibilité d’équipes de secours, une expérience des méthodes de désinsectisation... Une sensibilité particulière aux évènements climatiques extrêmes Les touristes recherchent la proximité de l’eau, utilisent souvent des habitats légers et se livrent à des activités plus exposées que celles de la vie quotidienne aux aléas naturels ou climatiques, dans des lieux où les possibilités de maîtrise des événements sont parfois plus limitées. Ces facteurs confèrent au tourisme une vulnérabilité particulière par rapport aux tempêtes, aux orages violents, aux inondations, mais aussi par rapport aux feux de forêt et aux épisodes de sécheresse. Du point de vue des évènements extrêmes, nous avons vu la sensibilité liée aux modifications des régimes de précipitations et aux risques induits. En Tunisie, ce sont surtout les pluies torrentielles et les inondations qui sont à craindre en matière d’évènements extrêmes. Là encore, des moyens existent pour limiter ces risques : des infrastructures pour canaliser les cours d’eau, ou à une échelle plus grande, des plans d’évacuation en cas de sinistres. Témoignage de professionnels En septembre 2009, des pluies inhabituellement violentes, suivies d’inondations, ont fait 17 morts dans le sud-ouest du pays. Les zones touristiques n’étaient pas concernées cette fois. Une attention particulière doit néanmoins être portée quand au choix des zones de développement touristique et une étude des vulnérabilités aux évènements climatiques possibles serait judicieuse dans le but d’éviter des catastrophes. A l’heure actuelle, on ne peut pas dire que les professionnels du tourisme semblent particulièrement concernés par cet aspect du changement climatique. Et la Tunisie est encore considérée comme une destination sûre du point de vue sanitaire. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 105/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 3.4 Les impacts sur les ressources touristiques Au-delà des impacts directs de la météo sur les touristes eux-mêmes, le climat peut influer directement sur un certain nombre d’aménités environnementales qui sont autant de ressources sur lesquelles s’appuie l’activité touristique. 3.4.1 Le littoral et les plages Le changement climatique aura de nombreux impacts sur les zones côtières, une grande partie d’entre eux étant liés à la hausse du niveau de la mer. Il s’agit généralement de phénomènes complexes, préexistants, qui seront aggravés par les conséquences du changement climatique. Parmi ces impacts, on peut citer : • une aggravation de l’érosion des plages, voire la disparition des moins pentues ; on estime qu’en moyenne, pour une augmentation du niveau de la mer d’un centimètre, une plage recule d’un mètre35 ; • le recul du trait de côte et la reprise par la mer de certaines portions du littoral ; • les risques d’inondation/ de submersion des zones côtières, notamment liés aux évènements extrêmes (tempête etc.) ; • les intrusions d’eaux salines à l’intérieur des terres et dans les nappes phréatiques ; • les impacts sur la biodiversité à la fois sur les zones terrestres et dans la mer ellemême (voir partie « Biodiversité et écosystèmes ») ; • l’acidification des eaux marines susceptibles d’avoir des impacts sur des organismes vivants tels que les mollusques. Le tourisme étant largement balnéaire en Tunisie, le littoral constitue une ressource touristique fondamentale. L’accélération de l’élévation du niveau de la mer constitue donc une menace majeure pour ce secteur. La première étude qui a traité la vulnérabilité du littoral tunisien au changement climatique a été réalisée en 2000 par le MEAT. Une deuxième étude réalisée par le MEDD en 2007 a permis d’actualiser l’approche et les résultats de la première. Il ressort des études sur le littoral tunisien que les côtes tunisiennes montrent, par leur évolution géomorphologique actuelle, différentes formes de faiblesse. En particulier, la dynamique du trait de côte en Tunisie a fait l’objet de plusieurs études (MEAT 2000, MEDD 2007, OUESLATI 2004, 2005…). Cette fragilité morphologique de la côte tunisienne et plus particulièrement celle des plages est accentuée par l’action anthropique : − les barrages de retenue sur les cours d’eau sont de véritables pièges à sédiments ; − l’extraction de sédiments à l’embouchure des cours d’eau à partir des plages ou avant-plages et surtout des dunes, constitue un facteur de déséquilibre. Sablières et gravières exploitées dans le lit des cours d’eau participent au 35 Ordre de grandeur à considérer avec précaution tant est grande la variabilité des situations. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 106/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 déficit sédimentaire des plages puisque les matériaux enlevés ou piégés ne parviennent plus au rivage ; − l’arasement de dunes bordières déstabilise les plages. Ces dunes participent à l’équilibre des plages parce qu’elles constituent une réserve de sable et ont un rôle protecteur lors de tempête ; − les aménagements de front de mer ont des effets néfastes lorsqu’ils sont implantés trop près du rivage. ; − les travaux portuaires ou les ouvrages de protection implantés sur une côte affectée par un transit littoral prédominant, perturbent l’équilibre des transports sédimentaires en bloquant les matériaux sur une face des ouvrages, et ils provoquent une érosion sous l’autre face. Le recul du trait de côte constaté sur une grande partie du littoral résulte d’une conjonction de facteurs naturels et anthropiques qui ne peuvent qu’être aggravés par le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer qui en découle. 3.4.1.1 La vulnérabilité du littoral tunisien La morphologie du littoral tunisien a fait l’objet de différentes études réalisées par des chercheurs universitaires (dont notamment A. OUESLATI, R. PASKOFF…) ou par des organismes étatiques compétents en la matière (MEDD, APAL…). Il ressort de ces études que les caractéristiques de la morphologie du littoral tunisien constituent l’un des facteurs de sa vulnérabilité à l’élévation du niveau de la mer. La Tunisie se caractérise par une grande ouverture sur la mer avec un linéaire côtier total de deux façades (septentrionale et orientale) de 167036 km où dominent les côtes basses. Les côtes basses tous types confondus occupent plus des ¾ du linéaire côtier total (Tableau 14). Tableau 14 : Les types de côtes par secteur côtier (en % du total du pays) Secteurs Falaises Côtes rocheuses basses Plages sans dunes Plages avec dunes importantes importantes Façade Nord 43,5 - 21,97 19,24 Golfe de Tunis 27,17 0,38 21,97 23,01 Façade Orientale Nord 9,23 11,40 36,26 37,65 Façade Orientale Sud 12,8 39,54 12,45 8,36 Archipel Kerkennien 5,64 24,71 1,83 1,67 Djerba 1,53 23,95 5,49 10,04 Total 100% 100% 100% 100% Source : MEDD 2007 Une ancienne évaluation donnait 1360 km de côtes pour la Tunisie. Mais une évaluation récente de l’APAL, tenant compte des côtes de l'ensemble des îles et des lagunes, portera le chiffre à plus de 1900 km. Le chiffre de 1670 km provient de l'évaluation du bureau d'étude IHE qui a réalisé le rapport sur la vulnérabilité du littoral tunisien, rapport que nous citons en référence dans la présente étude. 36 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 107/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Près de 440 km de côtes, soit 26,6% du littoral tunisien, ont été évalués (MEDD 2007) comme présentant une vulnérabilité très forte à l’élévation du niveau de la mer, vivant déjà de nos jours une érosion marine forte et où les concentrations urbaines et touristiques occupent une place très importante. Les plages sableuses sont les formes les plus présentes sur le littoral tunisien et la principale ressource de l’activité touristique du pays. Elles sont particulièrement étendues sur la façade orientale et dans le golfe de Tunis. Mais elles restent bien représentées également sur la façade septentrionale du pays. Tableau 15 : Répartition des plages sur la côte tunisienne Forme côtière Linéaire total en km Répartition par tronçon littoral en km - Façade nord 60 - Golfe de Tunis 60 - Façade orientale nord 99 Plage sableuse sans dunes 273 - Façade orientale sud 34 littorales importantes - Archipel Kerkennien 5 - Djerba 15 - Façade nord 46 - Golfe de Tunis 55 - Façade orientale nord 90 Plages bordées par des 239 - Façade orientale sud 20 dunes littorales étendues - Archipel Kerkennien 4 - Djerba 24 Total 512 Source : MEDD 2007 Tableau 16 : Linéaire des plages par zone touristique Régions touristiques Linéaire de plages en km Tabarka 0,8 Bizerte 1,2 Tunis Nord 6,0 Tunis Sud 0,8 Hammamet nord et Nabeul 4,7 Hammamet Sud 7,3 Sousse Nord 10 Skanès Monastir 4,5 Mahdia 4 Djerba 19 Zarzis 2 Source : MEDD 2007 La morphologie et la dynamique de ces plages sont largement influencées par les caractéristiques (surtout topographiques et hydrologiques) des espaces qui les bordent tant du côté du continent que du côté de la mer. Elles portent aussi et de plus en plus, les effets des interventions humaines directes et indirectes. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 108/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 La pression anthropique sur l’espace côtier La pression anthropique sur l’espace côtier est un autre facteur de la vulnérabilité du littoral tunisien au changement climatique. Plus de 2/3 de la population du pays se concentre sur le littoral. C’est ici que se trouvent les plus fortes densités (2000 h / km2) et les plus fortes concentrations urbaines. Ce poids démographique s’est traduit par des concentrations d’équipements et d’activités (plus de 90% des industries se concentrent sur la côte). Les plages ont constitué un facteur essentiel de la concentration des équipements et des activités touristiques sur la côte qui s’est dotée d'une infrastructure touristique très importante (plus de 700 hôtels, des terrains de golf, des marinas, des casinos, des ports de plaisance et des équipements de loisirs de toute nature). Le développement du tourisme de type balnéaire a entraîné le développement et la concentration de plusieurs activités et diverses sources de revenus sur le littoral (entre autres les activités artisanales). Cette pression anthropique fragilise le littoral et le rend vulnérable à une élévation accélérée du niveau de la mer. 3.4.1.2 Un risque réel pour le tourisme tunisien Des plages déjà touchées par l’érosion Les plages ont une importance économique de premier ordre. Le tourisme étant encore largement balnéaire, elles constituent la pièce de choix dans le produit offert par les hôtels qui occupent une position de front de mer. A l’international Toutes les plages ne sont pas touchées de la même façon et la vulnérabilité de l’offre touristique balnéaire varie en fonction notamment de sa dépendance au produit « plage et baignade ». En France par exemple, la marée noire de l’Erika a montré que toutes les destinations touristiques atlantiques, selon la diversité de leur produit et leur stratégie de gestion de crise, n’avaient pas toutes été touchées de la même manière par le recul de la fréquentation. En particulier, les destinations ne bénéficiant pas d’une offre diversifiée en retrait du littoral apparaissent particulièrement vulnérables (Dubois G. and Ceron 2006). L’érosion menace bon nombre de plages ; l’urbanisation en bord de mer interdit souvent le recul (exemple type de Hammamet- Sousse-Monastir), contrairement à ce qui peut être le cas dans le Nord où les plages reculent depuis l’époque romaine sans pour autant disparaître (Carthage). Aujourd’hui une grande partie des plages tunisiennes montre des signes de faiblesse. Plusieurs (environ 8%) sont déjà en cours d’érosion. Les effets de cette dernière sont visibles même sur des rivages encore à l’abri des aménagements. Ceci permet de dire que cette érosion s’inscrit dans une conjoncture naturelle défavorable pour les plages, toutefois ces signes d’érosion sont plus nombreux et plus manifestes sur les rivages fortement anthropisés. Le retrait du rivage se fait à des vitesses très souvent comprises entre 0,5 et 1,5 m/an. Mais des valeurs voisines de 5 m/an ne sont pas rares. Elles ont généralement caractérisé les premières années succédant à des aménagements venus perturber la dynamique naturelle du rivage. Au contact des ouvrages qui dérèglent le transit sédimentaire (les jetées des ports, les épis et même les brise-lames) le déplacement du rivage s’est parfois fait à des rythmes supérieurs à 20 m/an (on a même observé un recul de 33 m/an avant la construction d'ouvrages de protection dans certains sites). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 109/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 La vitesse du recul la plus importante a été signalée à Ghar El Melh, Foum El Oued et Djerba Aghir et à moindre degré à Ezzahra et à Soliman (MEDD 2007). Les côtes les plus précaires se situent dans les golfes de Hammamet (40% du total de ses plages), de Tunis (30 % du total de ses plages) et à moindre degré au niveau des îles de Djerba (24 %) et de Kerkenna (14%) par submersion ou par érosion. L’impact de l’élévation du niveau de la mer dans ce cas sera une perte considérable des terres. A l’international Au niveau mondial, 70 % des plages sont en recul alors que 20 % restent stables et que 10 % avancent. Afin de proposer une approche détaillée des divers types de situation qui se présentent selon les zones littorales, nous avons souhaité reprendre en synthèse les conclusions de l’étude du MEDD sur le littoral tunisien (MEDD, 2008) : • des plages encore bien développées et sans signes nets d’érosion ou même avec des signes d’engraissement ; elles sont les plus présentes sur la façade nord, entre Tabarka et Bizerte. Ces plages se développent souvent au fond des baies enserrées par des caps à falaises rocheuses soumises à une érosion intense. Si bien qu’elles profitent d’une bonne alimentation en sédiments ce qui leur permet d’être souvent épaisses et de montrer parfois même des signes d’engraissement. Peuvent être également classées dans cette catégorie quelques plages de la façade orientale. (plages relayées par des constructions dunaires du fond du golfe de Hammamet, d’El Ghdabna, l’embouchure de l’oued Chaffar Ras Errmal à Djerba…) A noter cependant que dans ces secteurs, la situation risque de se renverser avec les aménagements hydrauliques qui commencent à se multiplier sur les principaux oueds de ces secteurs (Bouterfess, Zouara, Ziatine, Errmel…) • des plages encore larges malgré l’existence d’aménagements importants ; elles caractérisent notamment les zones touristiques et de résidences secondaires créées au cours des dernières années (Raoued, Yasmine Hammamet, Korba, secteur entre Salakta et Mnakaa, Chaffar…) En fait, si ces plages se maintiennent encore, c’est surtout parce que les aménagements qui les bordent sont très récents si bien que leur impact sur la plage n’est pas encore net. La situation risque de changer dans les années à venir car, dans plusieurs cas, des constructions en dur parfois denses et très rapprochées (comme à Yasmine Hammamet) ont envahi la dune bordière et ont parfois même mordu la plage. Les premiers indices de recul de la plage ont été reconnus dans certains secteurs du golfe de Hammamet et à Chaffar. • des rivages montrant des signes d’une évolution régressive malgré l’absence d’aménagement sur le rivage. Ce sont des plages qui bénéficiaient d’une alimentation sédimentaire par des cours d’eau importants et qui ont vu cette alimentation diminuer à cause d’importants aménagements hydrauliques. C’est le cas en particulier de la frange du delta de l’oued Medjerda. • des plages en migration en direction du continent, ce type de plages se rencontre sur certaines côtes basses bordées par des terres humides, surtout sur la façade orientale du Cap Bon et entre Rass Eddimess et Mahdia. La plage ici a un modelé de cordon littoral faiblement dunifié et barre des sebkhas inondées au cours de la saison des pluies et à l’occasion des fortes tempêtes. La migration est attestée à la fois par des données géomorphologiques et des données TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 110/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 archéologiques. Il n’est pas rare de trouver des vestiges archéologiques sous l’eau. • des plages à évolution contrastée sur des courtes distances. Il s’agit surtout des plages situées en contact des aménagements portuaires ou de digues s’opposant à la circulation des sédiments le long du rivage. Il se produit alors un développement parfois très important des plages situées du côté de la face des ouvrages tournés vers le courant côtier dominant et de l’autre côté c’est l’érosion qui prévaut, dans la mesure où les sédiments se trouvent bloqués sur l’autre face de la digue. • des plages soumises à une érosion forte et ayant parfois nécessité le recours à des travaux de protection. Il s’agit des plages des côtes les plus densément aménagées. D’une façon générale, la situation est d’autant plus critique que l’occupation est ancienne et que les aménagements s’étaient rapprochés de la mer détruisant la dune bordière et empiétant sur la plage. Ces aménagements correspondent le plus souvent à des constructions en dur (quartiers urbains, résidences secondaires, hôtels…). Dans plusieurs secteurs, l’érosion a atteint des stades très avancés et la plage a parfois même disparu. Certaines de ces plages ont déjà fait l’objet de travaux de défense par des épis et par des enrochements (banlieue nord de Tunis, Hammamet, Sousse, Djerba…) ou par des brises lames (Soliman, Mahdia…). Témoignage des professionnels Les entretiens avec les hôteliers ont mis en lumière des cas déjà observés d’érosion des plages tunisiennes : • dans la région d’Hammamet : − construction de digues pour l’hôtel Lido à Nabeul ; − Perte de plage pour l’hôtel Sultan à Hammamet. D’ailleurs sur un site de réservation en ligne français37, on lit le commentaire suivant : La plage du Sultan est agréable, mais très étroite : elle ne couvre pas plus de 50 m sur 5 m. De plus, on y accède par un escalier. Faute de place, les parasols et transats se trouvent en quantité limitée. Une base nautique permet de pratiquer ski nautique, pédalo, banane et planche à voile (avec supplément). Assortie d’une note de 13/20, elle est citée comme point négatif par les journalistes. les plus les moins L'animation discrète La plage (minuscule) La piscine et ses espaces de détente Le centre de thalassothérapie Dans les chambres, on entend les voisins du dessus marcher l’hôtel bénéficie donc d’une extension de plage mais située à 80m de l’hôtel ce qui indispose certains clients. • dans la région de Sousse : − retrait partiel d’infrastructures pour l’hôtel Miramar à Monastir ; − perte de plage : Orient Palace, Hôtel Salem ; • dans la région de Djerba : − L’érosion est jugée forte, mais variable selon les zones : des opérations de remblaiement, l’installation de digues, de piquets et de boudins gonflables font partie des solutions mises en place par les hôteliers (cf. paragraphe ci-dessous). Certains 37 http://www.easyvoyage.com/pays/tunisie/hammamet/hotels/sultan-tunisie.html, 22/10/09 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 111/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 hôtels ont même dû retirer certaines de leurs installations trop proches de la mer (bungalows, piscine…); − La salinisation de nappes phréatiques a également été évoquée ; • vers Tabarka également, on constate une érosion des plages. Les dunes de sable se déplacent mais de manière variées : à certains endroits le trait de côte recule, alors qu’à d’autres la plage se recharge naturellement ; • dans la région de Tunis, l’érosion est importante mais ce phénomène semble être intégré et les constructions ne sont pas réalisées en bord de plage. Les îles particulièrement vulnérables L’élévation du niveau de la mer s’accompagnera d’une exacerbation du recul des rivages en cours d’érosion et pourrait déclencher une érosion dans les autres secteurs. Les îles basses (Chekli, Kuriates, Kerkenna, Kneiss et Djerba…) ressentiront le plus les effets de ces changements. • L’archipel Kerkennien émerge à peine d’une plate forme continentale étendue et très peu profonde. Le point le plus haut atteint à peine 13 m. La majeure partie des terres se trouve à une altitude inférieure à 5 m. En plus, une grande partie est occupée par des terres humides de type sebkhas, chotts et marais maritimes dont la surface se trouve souvent à une altitude inférieure à 2 m. Les rivages de cet archipel sont aujourd’hui le siège d’une érosion marine parfois rapide et sévère. Cette érosion n’est que localement liée à une intervention humaine, le littoral de l’archipel étant encore faiblement occupé. Elle s’explique surtout par des conditions naturelles dont en particulier le caractère subsidient de l’archipel, la remontée historique du niveau marin et l’absence de cours d’eau importants susceptibles d’alimenter la côte en sédiments. • A Djerba, la côte montre déjà différents signes de faiblesse et elle subit sur plusieurs segments une érosion inquiétante. L’érosion ne cesse de s’aggraver en raison des aménagements de front de mer, notamment les constructions en dur des hôtels qui ont occupé la dune bordière et se sont trop rapprochés de la mer. Le rivage a localement reculé de plus d’une centaine de mètres. Les constructions en dur s’opposeront à la migration du rivage qu’imposera l’élévation du niveau de la mer et dans laquelle les plages auraient pu trouver des formes d’adaptation à la nouvelle conjoncture. Dans l’impossibilité d’une telle migration et en l’absence d’une fourniture sédimentaire suffisamment importante pour contrecarrer l’avancée de la mer, l’érosion s’accentuera et les plages seront menacées de disparition. Au total l’étude du MEDD estime qu’un linéaire côtier de quelques 80 km à Djerba est fortement à très fortement vulnérable à une EANM. Témoignage de professionnels A Djerba, l’hôtel Jazira a perdu sa plage depuis plusieurs années et l’hôtel les Sirènes a perdu l’essentiel de sa plage et les vagues s’attaquent directement à sa terrasse donnant sur la mer. Les infrastructures touristiques menacées Au-delà des seules plages, c’est l’ensemble des aménagements en bord de mer qui est menacé par le changement climatique et par la hausse du niveau de la mer qu’il engendre. Erosion marine, submersion, recul du trait de côte sont autant de menaces TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 112/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 pour les bâtiments et équipements construits en bord de mer. Ces infrastructures touristiques bâties dans des zones potentiellement reprises par la mer pourraient alors disparaître ou représenter de réels risques (écroulement…), d’ici quelques décennies. L’étude du MEDD sur l’adaptation du littoral a permis de projeter les conséquences possibles d’une élévation du niveau de la mer d’une cinquantaine de centimètre. Le tableau suivant résume l’effet de l’érosion côtière sur le trait de côte, calculée selon la règle de Bruun (MEDD 2008). Tableau 17 : Retrait de la côte avec une EANM de 50 cm. Retrait estimé (cm/an) Linéaire côtier à vocation touristique (km) Banlieues de Tunis 50 6.5 Côtes nord du golfe de Hammamet – Korba 38 12 Fond du golfe de Hammamet 28 - Côtes sud du golfe de Hammamet - Mahdia 80 4 Djerba zone El Mezraya – Hoummet Essouk 75 1 Côte Djerba – zone d’Aghir 135 10 Secteur côtier Source : MEDD 2008 Il ressort de ce tableau que le risque de retrait de la côte est important et qu’il l’est particulièrement au niveau des côtes des banlieues de Tunis (50 cm/an), des côtes du sud du golfe de Hammamet jusqu’à Mahdia (80 cm/an) et à Djerba (75 à 135 cm/an). Les risques liés à l’élévation du niveau de la mer (érosion, submersion, reprise par la mer) menacent les infrastructures touristiques existantes. La plupart des hôtels sont construits en bord de plage. Aujourd’hui, les plans d'aménagement touristique imposent un retrait de 100 m par rapport au domaine public maritime (DPM) (lois n°94122 du 28 novembre 1994 (art. 25)), dont la délimitation actuelle est fixée par la loi n°9573 du 24 juillet 1995. Mais certaines constructions parmi les plus anciennes ne respectent pas cette limite et, surtout, ce retrait est largement insuffisant dans les perspectives du changement climatique. On peut aussi mentionner le cas des marinas qui se développent pour accueillir un tourisme de plaisance. Si la navigation à la voile peut sembler attractive en termes de dépense énergétique dans l’optique du changement climatique, ces infrastructures restent les premières menacées et posent par ailleurs d’autres problèmes environnementaux. L’avenir de ce type de pratiques passe certainement par une nouvelle conception des marinas, plus légère et susceptible de supporter une élévation conséquente du niveau de la mer. Il semble notamment indispensable, en l’état actuel des connaissances, de se préoccuper non seulement du retrait en termes de distance par rapport au trait de côte mais également de la dimension verticale étant donné que les côtes seront inégalement touchées selon leur altitude. Aujourd’hui, grâce à l’étude de la vulnérabilité environnementale et socioéconomique du littoral tunisien face à une élévation accélérée des niveaux de la mer dues aux changements climatiques et l’identification d’une stratégie d’adaptation (MEDD, 2008), la problématique d’érosion et de recul du trait de côte est mieux cernée. Les études d’impact environnementales menées pour l’implantation TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 113/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 d’infrastructures touristiques peuvent désormais prendre en compte l’élévation accélérée du niveau de la mer. 3.4.2 La ressource en eau La Tunisie, plus encore de d’autres destinations méditerranéennes, est caractérisée par une activité touristique concentrée sur le littoral et durant l’été et connaît déjà des déficits de ressource en eau potable. Les enjeux lié à cette précieuse ressource s’appliquent donc tout particulièrement ici et la Tunisie apparaît comme particulièrement vulnérable à la baisse de la ressource en eau liée aux effets du changement climatique. 3.4.2.1 Un pays déjà pauvre en eau et une ressource amenée à diminuer La Tunisie est considérée parmi les pays les moins dotés en ressources en eau dans le bassin Méditerranéen. Le potentiel en eau mobilisable, de l’ordre de 4800 Mm3/an, représente un quota inférieur à 500 m3/hab./an. Ce ratio sera de 360 m3 en 2030 lorsque la population atteindra les 13 millions d’habitants38. Par ailleurs, le coût de l'eau distribuée par la SONEDE est de plus en plus élevé compte tenu en particulier des transferts de plus en plus longs (Canal Medjerda – Cap Bon – Sfax) de la production aux utilisateurs. La Tunisie est un pays où les précipitations sont déjà généralement insuffisantes pour l’agriculture pluviale. Vu l’aridité du climat et l’irrégularité des précipitations, l’irrigation y est une activité agricole nécessaire. Le secteur touristique, bien qu’il ne soit pas le principal consommateur d’eau, est affecté par la faiblesse de la capacité nationale. En effet, la rareté relative des ressources en eau, notamment sur le littoral, leur fragilité, leur inégale répartition et la forte pression anthropique exercée sur ces ressources, créent une situation de concurrence entre les usagers sectoriels et une marchandisation galopante de l’eau. Et ce malgré tous les efforts consentis par les autorités pour améliorer la disponibilité de la ressource. Le défi de l’avenir pour la Tunisie sera, inévitablement, le développement de ses capacités à préserver et à valoriser ses faibles ressources beaucoup plus que de rechercher d’en créer de nouvelles. La ressource en eau douce risque encore de diminuer, pour plusieurs raisons, dont les effets directs et indirects du changement climatique : • la diminution des précipitations ; • la hausse des températures entraînant une évaporation ; • la salinisation des nappes phréatiques, due à la montée du niveau de la mer, associée à une pression sur la ressource hydrique ou à un manque de précipitations. L’étude concernant les impacts du changement climatique sur l’agriculture tunisienne révèle qu’à l’horizon 2030, les ressources en eaux souterraines pourraient diminuer de 28% et les eaux de surface d’environ 5% au même horizon, si l’on se fie à un scénario certes assez pessimiste mais qui semble aujourd’hui se confirmer (A2). Dans cette perspective future de pénuries aggravées par le changement climatique et l’apparition plus fréquente des épisodes de sécheresse, la gestion de l’eau devra Stratégie méditerranéenne pour le développement durable, Efficience d’utilisation de l’eau, Etude nationale de Tunisie, Plan Bleu, Sophia Antipolis, novembre 2008. 38 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 114/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 intégrer de plus en plus les aspects relatifs à l’amélioration du fonctionnement des infrastructures hydrauliques et de maitriser les technologies adaptées afin d’optimiser l’utilisation des ressources existantes. Cette situation risque également de s’aggraver avec l’intrusion d’eau marine dans les nappes côtières suite à une EANM, ce qui ne peut être sans impacts sur le secteur du tourisme. Il est démontré (MEDD 2008) que pratiquement toutes les nappes côtières courent le risque de l’intrusion marine avec une EANM de 50 cm. Cependant les proportions des zones submersibles varient d’une nappe à une autre en fonction des caractéristiques de chaque nappe. Les nappes les plus vulnérables sont celles de l’Ariana, de la plaine d’El Haouaria, de la côte orientale du Cap Bon, toutes les nappes du Sahel ainsi que celles de Sfax et Gabès. Les pertes des ressources en eaux qui seront occasionnée par l’intrusion marine sont estimées à 53% des eaux des nappes phréatiques littorales, ce qui correspond à environ 152 Mm3. 3.4.2.2 Les conséquences potentielles pour le tourisme En général, les risques pour le tourisme sont : • la défaillance de l’approvisionnement en eau potable dans les espaces surfréquentés (littoral et îles en particulier) ; • la défaillance de l’approvisionnement en eau de certains équipements de loisirs (piscines, golfs…) ; • la baisse du niveau naturel des rivières et plans d'eau aménagés, espaces d'accueil d'activités de loisirs (nautisme, pêche...) ; • une dégradation des environnements aquatiques à la fois physique (baisse de niveau des cours d’eau et des lacs) et qualitative (pollution…), avec des problèmes croissants d’arbitrage entre usages (tourisme vs agriculture…). La consommation d’eau du tourisme Si la part du secteur touristique est relativement modeste dans la consommation globale d’eau du pays par rapport à d’autres secteurs comme l’agriculture, cette activité n’en pose pas moins des problèmes très spécifiques : • une concentration saisonnière, les pics coïncidant avec des périodes de faibles ressources en eau (été) ; • une concentration spatiale sur le littoral, sur des sites caractérisés par la faiblesse des ressources locales en eau (îles), et souvent dans des sites naturels sensibles ; • une activité touristique qui repose souvent sur des équipements qui représentent une consommation d’eau excessive comme les parcours de golfs, les piscines ou les centres aquatiques. La saisonnalité touristique se traduit en Tunisie par un surplus de population en été, que les départs des résidents sont très loin de compenser. D’où la nécessité de surdimensionnement des équipements d’approvisionnement et de traitement qui devront de surcroît suivre l’évolution de la pression démographique et touristique sur la côte. Si l’approvisionnement en eau de la côte devait se faire en dépassant les capacités de renouvellement de ses eaux souterraines on pourrait craindre des intrusions salines comme c’est dès maintenant le cas pour les côtes méditerranéennes où le tourisme est considéré comme une source majeure du problème. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 115/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 La consommation du secteur hôtelier représente environ 1% de la consommation totale d’eau en Tunisie. Cependant, la question de la consommation d’eau du secteur touristique se pose en d’autres termes : la consommation totale des hôtels est évaluée en moyenne à 500 L/jour/ personne, tout usage compris, ce qui est très largement supérieur à l’usage domestique moyen dans les pays d’origine des touristes. Par exemple, en Allemagne (Mutschmann et al. 2002), la consommation moyenne des ménages est évaluée à 130 l/personne/jour (47 m3/an), en France, elle est généralement évaluée à 150 l/personne/jour. La Société nationale d'exploitation et de distribution de l'eau (SONEDE) est le fournisseur en eau des unités d'hébergement, mais les hôtels sont également alimentés par d'autres ressources pas toujours « identifiables », puits, forages (Zones touristiques de Hammamet et de Tozeur notamment), unités de dessalement des eaux saumâtres ou d'eau de mer. Témoignage des professionnels La chaîne El Mouradi, qui compte 14 unités hôtelières pour 12000 lits, a entrepris d'équiper 8 établissements d'installations de dessalement d'eau saumâtre (2 hôtels) ou d'eau de mer (6 hôtels). La consommation touristique représentée dans le graphique ci-dessous est celle comptabilisée par la SONEDE, non comprises toutes les autres en provenance des nappes souterraines ou des eaux non conventionnelles. Elle a oscillé entre 16 et 18 millions de m3 par an de 2002 à 2004. Figure 38 : Volume d'eau consommé par le secteur touristique (Millions de m3) 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 1969 1979 1989 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Source : SONEDE La consommation des hôtels se décompose en : • une partie fixe, qui est indépendante du taux d'occupation de l'hôtel, à savoir l'arrosage des pelouses, l'irrigation des espaces verts et éventuellement du golf, le nettoyage ; Certains équipements gros consommateurs d’eau sont aujourd’hui alimentés par les Eaux Usées Traitées (EUT). C’est en particulier le cas de la plupart des golfs. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 116/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 L’irrigation des golfs tunisiens requiert de 30 à plus de 40 m3 d’eau par jour et par ha de surface irrigable (SONEDE). • une partie variable, à savoir la consommation des résidents qui naturellement est fonction du taux d'occupation de l'hôtel. Figure 39 : Consommation spécifique (litre/jour/lit) et Taux d'occupation (%) 55,8 580 55,2 48,6 44 560 42 540 520 500 480 460 2000 2001 2002 2003 2004 Source : SONEDE En toute logique, la consommation par nuitée augmente sensiblement lorsque le taux d’occupation chute. On constate également sur ce graphique que la consommation restituée ici par la SONEDE dépasse, au début des années 2000, le ratio de 500 L/jour/lit considéré comme la moyenne actuelle. Les activités aquatiques En Tunisie, l’eau est également un cadre constitutif d’attractions touristiques avec, en particulier, la baignade en mer, les piscines et la thalassothérapie. Les principaux enjeux pour le secteur touristique tunisien, essentiellement balnéaire et estival, sont donc : • le maintien d’un approvisionnement en eau suffisant pour remplir les piscines des hôtels ; • le maintien d’une eau de baignade en mer de bonne qualité ; • le maintien de la ressource (quantité et qualité), support de l’activité de thalassothérapie. Dans une optique touristique, il importe de préserver l'accès à l'eau (mer, rivières, plans d'eau, zones aménagées de marais), facteur primordial d’attractivité de destinations et sites touristiques, ainsi que la qualité de la ressource (problématique de pollution et d’assainissement). En Tunisie, c’est surtout la qualité des eaux marines littorales, de par la diversité des fonctions et des activités économiques qui lui sont liées, qui constitue un véritable enjeu pour la destination touristique. En effet, cette qualité participe non seulement à la préservation d'un patrimoine écologique mais elle conditionne également le maintien des activités touristiques (baignade). Or le mélange eaux marines/eaux continentales est déterminé, en volume, par le régime des marées et le débit des cours d'eaux, et, en qualité, par celle des eaux douces. Ce sont donc des éléments essentiels pour l'environnement de cet écosystème. L'évolution des eaux marines côtières dans le TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 117/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 temps, l'intensité des phénomènes et les processus sont donc différents de ceux du milieu continental. Par ailleurs, se pose aussi de plus en plus la question de la hausse de la température de l’eau. Si l’évolution des températures de l’air est étudiée par les scientifiques, celle de l’eau l’est beaucoup moins et il n’existe aujourd’hui, à notre connaissance, aucune étude portant sur les eaux côtières en tant que ressource touristique pour la baignade. On sait que les mers et océans ont une inertie thermique qui devrait atténuer la hausse de température mais trop de paramètres complexes (courants marins, salinité…) entrent en jeu pour permettre des hypothèses fiables actuellement. Cependant, on peut imaginer qu’une hausse de la température de la mer à proximité du rivage aurait sans doute des conséquences sur le confort de la baignade, en fonction des saisons (en caricaturant : favorable en hiver, incertaine en été). Par ailleurs, une augmentation de la température moyenne de la mer peut notamment entraîner une recrudescence de bactéries et de virus aquatiques notamment fréquentant les habitats de zones côtières. Cependant, nous manquons aujourd’hui de connaissances sur les effets directs ou indirects d’une élévation de la température des écosystèmes aquatiques d’eau douce ou d’eau de mer sur la survie et la viabilité des bactéries, virus et parasites pathogènes (Etude « santé et changement climatique », MEDD 2009). Cette sensibilité aux effets de changement climatique, qui mérite d’être davantage étudiée, incite également à la vigilance grâce à l’amélioration du contrôle sanitaire des eaux de baignade. La qualité des eaux intérieures (lacs, rivières) ne constitue pas aujourd’hui un véritable enjeu pour le tourisme tunisien dans la mesure où il n’existe quasiment aucun produit (baignade, nautisme etc.) aujourd’hui autour de ce type d’aménités. Par contre, cette considération ne devra pas être négligée dans la réflexion sur le développement de produits touristiques dans l’intérieur du pays. Une politique de maîtrise de consommation Comme nous l’avons vu (chapitre 2), la Tunisie, du fait de ses faibles ressources en eau, a déjà pris conscience de l’enjeu et pris un certain nombre de mesures qui devraient lui permettre de mieux anticiper les conséquences du changement climatique : tarifs spécifiques, stratégie nationale de maîtrise de l’eau dans les établissements touristiques, réutilisation des eaux traitées pour l’irrigation des golfs... De telles mesurent permettent de réduire la vulnérabilité de l’activité touristique mais nécessiteront à l’avenir d’être renforcées. 3.4.3 L’approvisionnement alimentaire Les tensions sur la ressource en eau, les modifications climatiques et le recul du trait de côte sont autant de facteurs qui peuvent modifier les pratiques agricoles. Les conséquences sur l’activité touristique peuvent être les suivantes : • le renchérissement de certaines denrées pour restaurants (cultures maraichères par exemple) ; l’approvisionnement des • les difficultés d’approvisionnement pour certaines denrées qui deviendront rares ; • les conflits d’usage à la fois de l’espace (littoral) et de la ressource en eau (à certaines périodes). Une grande partie des denrées alimentaires destinées au secteur touristique est produite dans les zones côtières et se trouve menacée par la hausse du niveau de la mer. Le risque vient de la salinisation des sols, de la dégradation des ressources en eau TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 118/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 et de la désorganisation du système de drainage des eaux pluviales et d’irrigation. Par ailleurs, les impacts physiques de cette évolution toucheront aussi les systèmes écologiques côtiers et les ressources halieutiques. Les modifications du climat en Tunisie auront de sérieuses conséquences sur les agrosystèmes : production oléicole, arboriculture, et grandes cultures. L’étude concernant les impacts du changement climatique sur l’agriculture tunisienne (MEDD, 2008) envisage, à l’horizon 2030, des conséquences qui pourraient impacter l’approvisionnement du secteur touristique. Par exemple, dans le cas de plus en plus probable d’une succession d’années de sécheresse le cheptel (bovins, ovins et caprins) pourrait baisser jusqu’à 80% au Centre et au Sud et de quelque 20% au Nord. Au Sud, les conséquences du changement climatique devraient notamment rendre la situation des oasis plus critique. Ces répercussions sur l’approvisionnement et la sécurité alimentaire pourraient peser sur le développement du tourisme saharien. Témoignage des professionnels Déjà actuellement, certains hôteliers constatent le renchérissement du prix du poisson. Dans ce cas, ils ont le choix entre le maintien des prix habituels et donc la baisse de la qualité (recours à des produits d’élevage, ou des produits moins nobles). Afin de maintenir le niveau de la qualité, les restaurateurs peuvent choisir de d’augmenter leur prix de vente. 3.4.4 La biodiversité, les écosystèmes et les paysages L’augmentation des températures, la raréfaction de la ressource en eau ou les modifications du trait de côte sont autant de facteurs influençant l’évolution de la biodiversité et des écosystèmes. Sachant qu’une modification d’un degré de la température moyenne implique un déplacement d’environ 150km des conditions optimales pour un écosystème et que ce n’est pas la température mais le stress hydrique et les phénomènes qui peuvent l’accompagner (feux de forêt etc.) qui sont les plus susceptibles d’engendrer des évolutions, on peut s’attendre à ce que la végétation et les paysages changent de manière sensible, voire éventuellement chaotique. 3.4.4.1 La biodiversité Le changement climatique devrait avoir des impacts significatifs sur les aires de répartition des espèces animales et végétales avec, pour conséquence locale, l’apparition ou la disparition de certaines espèces. Les conséquences pour le secteur touristique peuvent être principalement de 2 ordres : • l’apparition ou la recrudescence d’espèces nocives ou, tout du moins, présentant un risque sanitaire : moustiques, algues diverses, méduses… • la modification ou la disparition de certains écosystèmes spécifiques présentant un intérêt pour le tourisme de découverte et d’observation : oiseaux nicheurs, fleurs endémiques… Pour la Tunisie, le tourisme de découverte et d’observation est actuellement encore très marginal. L’impact du changement climatique ne représente pas réellement un enjeu au niveau national. Localement, certains produits touristiques en développement TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 119/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 pourraient en subir les conséquences. Mais le rythme des changements devrait permettre une adaptation des produits relativement « naturelle » : si certaines espèces ou des écosystèmes disparaissent, ils pourront être remplacés par d’autres caractéristiques qui pourront également faire l’objet de découvertes touristiques. Concernant le second type d’impacts, lié aux questions sanitaires, les conséquences pourraient être plus sensibles en Tunisie. Les impacts du changement climatique sur la santé font l’objet d’une étude spécifique (MSP/MEDD/GTZ, en cours) aussi ce sujet ne sera pas traité ici. Nous pouvons par contre citer certaines difficultés rencontrées de façon récurrentes ou bien apparues récemment dans les stations touristiques de Tunisie, qui pourraient être aggravées par les effets climatiques : • de nombreuses plages connaissent régulièrement des dépôts d’algues qui constituent une gêne visuelle et olfactive pour les touristes. C’est le cas de l’hôtel du Lido à Nabeul, qui a fait construire deux digues pour retenir les algues. Cette opération a représenté un coût de 1,6 millions DT. Plus généralement de nombreux secteurs sont touchés, de Nabeul à Hammamet, de Sousse à Monastir ou encore à Djerba. Ce problème n’est pas lié actuellement au changement climatique mais il est possible (bien qu’aucune étude ne le montre) que celui-ci l’aggrave ; • la prolifération de méduses, dans les régions de Sousse et de Djerba a également été mentionnée, la période variant selon les années et correspondant plus ou moins à la haute saison ; • vers Tabarka, la population de goélands a tellement augmenté qu’elle déloge petit à petit les autres espèces, modifiant l’équilibre de l’écosystème. Là encore, ce phénomène mériterait une étude approfondie avant de pouvoir envisager un quelconque lien avec le changement climatique ; • les moustiques constituent depuis longtemps une nuisance pour les touristes et peuvent également constituer un risque sanitaire avec la recrudescence envisagée de maladies à vecteurs. Le commissaire de Kerouan a signalé cet inconvénient. D’autres zones sont également concernées. Sur ce point, nous renvoyons le lecteur vers l’étude en cours sur le secteur de la santé. 3.4.4.2 Les paysages On doit s’attendre à ce que les paysages changent, tant à cause des effets climatiques directs (sècheresse…) que des impacts sur la biodiversité et les écosystèmes. Bien que les évolutions paysagères à anticiper soient notables, on peut noter que si la beauté des paysages est toujours citée parmi les causes principales d’attractions touristiques, ces paysages ont dans le passé évolué sans que la répartition des grandes destinations touristiques ait été drastiquement modifiée. On peut d’ailleurs risquer l’hypothèse que les touristes supportent mieux les changements que les autochtones : à qui la disparition des cultures en terrasse de Provence a-t-elle fait le plus de peine ? On peut aussi rappeler que de nombreux « monuments naturels » naguère pôles d’attraction touristique sont aujourd’hui complètement tombés dans l’oubli. Certaines ressources à la base d’un tourisme de terroir peuvent également voir leur qualité modifiée avec le changement climatique. Il semble que ce soit avant tout le maintien de la possibilité d’accomplir telle ou telle activité dans de bonnes conditions (la baignade, la pêche) (McEvoy, Handley et al. 2006), ainsi que les autres « services » offerts par les écosystèmes (protection contre les TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 120/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 risques naturels…) qui soient déterminants, plus que la visibilité de la faune ou l’aspect final du paysage. Toutefois on peut penser que les événements climatiques extrêmes (tempête + submersion) peuvent avoir des effets négatifs qui mettent un certain temps avant d’être oubliés (par exemple sur les forêts). Les impacts économiques peuvent être de deux types : • l’impact sur la fréquentation de lieux, pour lequel se pose la question du changement des paysages et des ambiances naturelles ; • l’impact sur des activités touristiques spécifiques : certains tourismes de terroir peuvent être touchés, la pêche de loisirs en eau douce… L’attractivité touristique de la Tunisie ne repose pas, aujourd’hui, sur des paysages ou écosystèmes spécifiques en dehors des plages. Cependant, les perspectives de diversification de l’offre touristique tunisienne reposent sur ces richesses encore insuffisamment valorisées. Si cette question des paysages et des terroirs ne constitue pas un enjeu majeur pour le secteur touristique tunisien, il s’agit néanmoins d’une question à prendre en compte dans les stratégies de développement futur. Par exemple, certaines côtes basses bordées par des plaines alluviales très basses ou par des terrains salés de type Sebkha, chott ou marais maritimes notamment peuvent être menacées également par une accélération de l’érosion, voire par le risque de submersion. On notera surtout le risque de perte de certaines ressources comme ces écosystèmes spécifiques pour un tourisme de découverte ou surtout la destruction de vestiges archéologiques dans certains secteurs touchés par un recul déjà attesté du trait de côte (cas de Melloulèche). 3.5 Les coûts associés aux impacts du changement climatique 3.5.1 Les sources potentiels de coûts du changement climatique Les conséquences du changement climatique devraient générer des coûts pour le secteur touristique dont les plus directs seront : • des coûts liés à la dégradation environnementale, en particulier sur le littoral : recul des plages, érosion ou submersion des espaces bâtis ; • des coûts de production croissants pour les établissements touristiques : renchérissement de l’énergie et de l’eau et conséquences en chaîne sur les approvisionnements ; • des coûts liés à une modification de la demande et en particulier un manque à gagner en cas de baisse de la fréquentation ; • des coûts liés à l’évolution du transport aérien : hausse du prix de l’aérien, entraînant une pression supplémentaire sur les prix hôteliers ; • l’ensemble des surcoûts liés aux mesures d’adaptation comme par exemple dans le domaine de la construction et de l’urbanisme. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 121/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Bien entendu, nous parlons ici de coûts de natures diverses, qui s’exprimeront tant termes économiques (perte en capital et pertes de production) qu’en termes d’emploi. Ils pourront peser à la fois sur les professionnels et les collectivités et l’Etat. 3.5.2 Les limites de l’étude des coûts L’étude de ces coûts est cependant un exercice complexe qui se heurte à de nombreuses limites : • l’incertitude sur le niveau futur des émissions de gaz à effet de serre, et donc sur le niveau de réchauffement atteint ; • l’incertitude sur la déclinaison régionale et locale des évolutions climatiques ; • une méconnaissance des facultés d’adaptation des touristes – et du tourisme – face à un climat changeant ; • le manque d’études d’impacts très détaillées locales sur les dégradations environnementales potentielles ; • la difficulté à distinguer l’impact spécifique du changement climatique dans des phénomènes complexes (vs évolution naturelle et autres impacts anthropiques) ; • l’incertitude sur la réponse internationale à la nécessité de limiter les GES ; • l’incertitude sur les choix futurs en matière d’adaptation : lutter ou laisser faire. A l’international Une étude nationale française en cours tente d’évaluer les coûts potentiels du changement climatique. Grâce à une approche sectorielle, cette étude se penche plus particulièrement sur le cas du tourisme. Les premiers résultats, en octobre 2009, ne permettent pas de donner des réponses chiffrées à cette question des coûts. Pour évaluer les coûts potentiels liés aux impacts du changement climatique, en l’état actuel des connaissances, l’approche la plus réaliste consiste à se baser sur des études de cas précises qui ont fait l’objet d’une recherche approfondie. A ce stade, pour la Tunisie, une approche chiffrée complète est impossible. Il est par contre possible d’approcher certains coûts liés à la dégradation environnementale grâce aux effets déjà observés actuellement, notamment sur le recul des plages (paragraphe 3.5.3.1). Certaines études proposent par ailleurs d’évaluer les impacts socio-économiques de cette dégradation sur le secteur du tourisme (paragraphe 3.5.3.2). 3.5.3 Les coûts liés à la dégradation environnementale du littoral 3.5.3.1 Les coûts directs de la dégradation environnementale Ces coûts sont liés à la réparation du capital naturel. Soulignons toutefois que : • ces coûts ne concernent pas directement le secteur touristique mais bien la protection de l’environnement. Cependant, étant donnée la dépendance de l’activité touristique à l’environnement sur le littoral, on peut imaginer que ce secteur est directement intéressé par de telles mesures ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 122/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 • le tourisme est un facteur (parmi d’autres) de la dégradation environnementale : l'urbanisation, le développement insuffisamment contrôlé des hôtels et la contamination des eaux marines contribuent à cette dégradation et on peut imaginer que le secteur soit appelé à contribuer à la réparation ; • ces coûts ne sont pas directement ou intégralement imputables au changement climatique : les phénomènes d’érosion marine et de hausse du niveau de la mer ne sont qu’aggravés ou accélérés par le changement climatique. Il faudrait donc évaluer le différentiel imputable au changement climatique, ce qui n’est pas permis par l’état actuel des connaissances. Certaines études menées localement nous permettent d’apporter quelques éléments pour approcher l’ordre de grandeur de ces coûts : • Si l’on se place au niveau global de la Tunisie, les coûts relatifs à la protection du littoral reposent sur le « programme national pour la protection du littoral contre l’érosion marine » porté par l’Agence d’aménagement et de protection du littoral. Selon ce programme, une centaine de kilomètres avaient été identifiés comme prioritaires (sur 1,300 km de côtes). Finalement, seuls 40 km sont pour l’instant concernés par un programme de réparation pour un coût total de 120 millions de dinars. • Si l’on se place au niveau d’un établissement hôtelier, la dégradation environnementale entraîne aujourd’hui déjà de graves problèmes de disparition des plages et de dépôts d’algues. Les solutions mises en œuvre par les hôteliers varient de la recharge saisonnière de la plage (apport de sable chaque année pour reconstituer la plage), à la construction d’ouvrages de protection. − La société SeaBel Hotels, confrontée à un grave problème d’érosion de la plage de l’Hôtel ALADIN à Djerba, estime le coût annuel de rechargement de la plage à environ 60.000 DT. Une étude technique a été menée pour la mise en œuvre d’une solution de protection (type digue) aboutissant à un budget d’environ 600.000 DT. − L’hôtel du Lido à Nabeul a fait construire deux digues pour retenir les algues qui se déposent sur la plage. Cette opération a représenté un coût de 1,6 millions DT. 3.5.3.2 Les impacts sociaux et économiques sur le secteur touristique L’étude portant sur la stratégie d’adaptation du littoral (MEDD, 2008) propose une évaluation des coûts induits par les problématiques de recul du trait de côte. Le tourisme est évidemment au premier plan des secteurs touchés par ce problème et il est largement abordé dans cette étude. Par ailleurs, compte tenu du poids du tourisme balnéaire dans l’industrie touristique tunisienne, nous estimons que cette approche littorale constitue une bonne évaluation des coûts de dégradation environnementale pour le tourisme. Nous présentons ici une synthèse des conclusions de cette étude, synthèse centrée sur le secteur touristique, et rappelons que cette étude se base sur l’hypothèse d’une élévation du niveau de la mer de 50 cm. L’étude s’intéresse aux impacts sociaux et économiques générés par les impacts physiques du changement climatique et, en particulier, par la hausse du niveau de la mer. Ils sont de deux natures : − la première est relative à la dégradation du capital productif en place ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 123/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 − la deuxième se rapporte aux variations de la production et de l’emploi consécutives à la dégradation du capital productif. Le Tableau 18 résume l’approche suivie pour l’évaluation des coûts de ces impacts. Tableau 18 : Méthode d’estimation des coûts des impacts socio-économiques Effets Méthode Estimateur Perte de la valeur du capital naturel : sol, eau, plage Valeur d’un actif dégageant une rente perpétuelle Le loyer (ou la valorisation) est supposé être égal à la rente Variation des productivités des activités Différence de nuitées entre des hôtels « pieds dans l’eau » et intérieurs Valorisation du revenu des activités économiques (agriculture, tourisme) Différences de productivités Différences de valorisation entre des cas représentant des situations avant et après CC Infrastructure Coût de remédiation Dépenses nécessaires pour renforcer l’infrastructure Source : MEDD 2008 Les pertes en capital productif Le capital productif se compose des ressources naturelles (plages, sols, eau…) et de l’infrastructure (hôtelière, infrastructure de base). Les ressources naturelles n’ont pas de prix de marché. Elles constituent des actifs dont la valeur est approchée dans l’étude sur la vulnérabilité et l’adaptation du littoral aux CC (MEDD 2008) par les services qu’elles rendent. En supposant que la valeur de ces services est constante dans le temps, l’étude estime les pertes en capital productif suite à une élévation du niveau de la mer de 50 cm à environ 3,6 milliards de DT soit presque 10 % du PIB de 2006. Tableau 19 : La valeur du capital productif dégradé suite à une EANM. Capital productif dégradé Valeur en MDT % des pertes totales Sol agricole et végétation spontanée 30 0,8 Zones urbaines bâties 704 19,6 Ressources en eau et pertes des terres irriguées 290 8,1 Perte du capital eau 579 16,1 Tourisme 1935 53,9 Infrastructures 53 1,5 Total 3592 Source : MEDD 2008 Il ressort clairement de ce tableau que le capital productif qui sera le plus affecté est celui du secteur touristique. Il représente plus de la moitié des pertes en capital dues à l’élévation accélérée du niveau de la mer. Les pôles touristiques de Sousse et des gouvernorats du Sud-Est (avec le pôle de Djerba) seront les plus touchés (Tableau 20). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 124/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Tableau 20 : Perte du capital productif suite à l’EANM (en MDT et par gouvernorat côtier) Gouvernorat Capital sol et infrastructure Capital eau Capital touristique et patrimoine culturel Total Bizerte 105 2 - 107 Tunis 190 114 - 304 Nabeul 29 429 444 903 Sousse 230 48 723 1001 Sfax 51 218 - 270 Gabès/Medenine 194 57 768 1018 Total 799 869 1935 3 603 Source : MEDD 2008 Les pertes annuelles de production En tenant compte des pertes en capital productif, les pertes annuelles globales de production liées à l’EANM pour les secteurs de l’agriculture, de la pêche et du tourisme sont estimées à environ 181 MDT par an. Ce qui correspond à presque 0,5 % du PIB (MEDD 2008). Tableau 21 : Pertes de production occasionnées par une EANM de 50 cm Activité économique Valeur et nature de la variation de production (MDT / an) Agriculture 81 (variation négative) Pêche 1 (variation positive) Tourisme 102 (variation négative) Source : MEDD 2008 L’étude précise que l’essentiel des pertes de production est dû au déclassement des hôtels inhérent au retrait des plages (baisse des recettes hôtelières, due à la dépréciation de la valeur de la nuitée dans les hôtels qui n’ont plus de plages). Ces pertes correspondent à environ 5 % de la valeur ajoutée du secteur touristique. L’enjeu est d’autant plus important que ces pertes de recettes sont, dans leur majeure partie, en devises. Sur le plan régional, c’est l’île de Djerba qui sera la plus affectée, suivie par la zone de Sousse Nord. La figure suivante donne les pertes de recettes estimées sur la base de la différence de prix de nuitée entre un hôtel front mer et un hôtel intérieur. Tableau 22 : Pertes des recettes touristiques (par zone), suite à une EANM de 50 cm Zone touristique Capacité Différence de prix de hôtelière en nuitée entre hôtel front nombre de lits mer et hôtel intérieur (DT) Taux moyen d’occupation des hôtels Pertes des recettes en MDT/an Hammamet Nord et Nabeul 5200 20 36 % 14 Hammamet Sud 3150 20 46 % 10 Sousse Nord 10000 20 52 % 38 Djerba 12000 20 46 % 40 Source : MEDD 2008 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 125/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Les pertes en emploi Pour le secteur touristique, l’estimation des pertes directes d’emplois est fondée sur le différentiel du ratio moyen de l’emploi dans les hôtels front de mer et des hôtels intérieurs de standing supérieur ou égal à 4 étoiles. Le ratio actuel est de 1 emploi permanent pour 10 lits dans un hôtel front mer et de 1 emploi permanent pour 15 lits dans un hôtel intérieur. En appliquant cette approche, l’étude aboutit à une perte totale de 1012 emplois directs dans le secteur touristique ce qui représente à peu près 1% de l’emploi touristique. Ces pertes se repartissent comme suit entre les zones touristiques : − Hammamet Nord et Nabeul : 173 emplois, − Hammamet Sud : 105 emplois, − Sousse Nord 333 emplois, − Djerba : 400 emplois. Djerba et Sousse Nord apparaissent comme les zones qui seront les plus affectées. L’EANM aura en outre des effets socio-économiques indirects dans le secteur touristique. Ces effets sont induits par les ajustements des acteurs économiques aux effets directs du changement climatique et se réalisent par conséquent en second temps. Ainsi la basse des activités touristiques dans les régions côtières s’accompagnerait par un tassement du marché de différents services et de l’artisanat (activité directement liée à l’effectif et à la qualité des touristes). Il s’en suit une baisse de l’emploi dans ces secteurs. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 126/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 4 La conjoncture internationale et ses impacts sur le tourisme tunisien Ce chapitre vise à comprendre les éléments de conjoncture internationale qui pourraient peser sur le tourisme et en déduire les impacts potentiels sur ce secteur en Tunisie. Une première partie éclaire le lien entre tourisme et changement climatique, permettant de comprendre en quoi cette activité est aussi contributrice au phénomène de réchauffement et donc visée par les politiques d’atténuation. La seconde partie fait le point sur l’état de la contrainte carbone au niveau international, décrivant les négociations en cours entre les états et les objectifs de réduction des émissions. La troisième partie tire les conséquences des éléments précédents en termes d’impacts potentiels sur le tourisme tunisien. Enfin, une dernière partie soulève la question, encore très peu explorée, des impacts potentiels sur les sociétés. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 127/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Dans ce chapitre, nous éclaircirons d’abord la contribution du tourisme aux émissions de gaz à effet de serre et la conjoncture internationale sur la prise en compte du changement climatique. Nous étudierons en particulier les évolutions possibles du contexte international sur l’atténuation des émissions de GES et les contraintes qui pourraient en découler pour le secteur touristique. 4.1 La contribution de la Tunisie au changement climatique 4.1.1 L’évaluation des émissions tunisiennes Lorsque l’on souhaite étudier la contribution du secteur touristique tunisien, on se heurte à la difficulté à distinguer les émissions de GES directement imputables aux touristes parmi l’ensemble des émissions du pays. Par ailleurs, le transport international, dont on a vu qu’il est le contributeur principal, n’est pas comptabilisé. Cependant, à partir des points précédents, on sait que l’on peut répartir les postes d’émissions comme suit : transport international en premier lieu, mais aussi interne ; hébergement et activités touristiques. L’inventaire des émissions de GES39, réalisé par l’Agence Nationale de Maîtrise de l’Energie, ne nous permet pas dresser le bilan des émissions du secteur touristique tunisien, car on ne peut faire la part des déplacements dus au transport touristique ou des hébergements utilisés à des fins touristiques. Néanmoins, on peut déjà en déduire des ordres de grandeur des émissions par secteur. En 2003, les émissions de GES tunisiennes totales atteignent 22,8 Mt eq-CO240, soit 62% de plus qu’en 1990 (soit + 3,8% par an). Cette hausse des émissions de GES a accompagné une croissance économique de 4,6% par an. Cet inventaire nous permet de calculer l’indice d’intensité en carbone41. Celui-ci est ainsi passé de 1,303 t eq-CO2/1000 DT à 1,176 t eq-CO2/1000 DT de valeur ajoutée. On voit ainsi que l’intensité carbone de l’économie tunisienne a diminué de 10% environ, en 13 ans. A l’inverse, par habitant, le montant d’émissions de GES moyen est passé de 1,72 à 2,30 t eq-CO2. Malgré la hausse, ce résultat reste largement inférieur à celui des pays industrialisés. Pour comparaison, un Français émet en moyenne 8,5 t eq-CO2 par an. La répartition des GES par secteur nous montre que les industries énergétiques représentent la première source d’émissions (30%), suivies par le transport national (28%)42, l’industrie manufacturière (22%), les bâtiments (14%) et enfin l’agriculture (6%). Au sein de la catégorie Bâtiments, la part actuelle de l’hôtellerie est estimée à environ 30%. Cependant, pour appréhender l’ensemble des émissions du secteur touristique, il faudrait également inclure la part du transport des touristes sur place (et à l’international), ainsi que leurs consommations intermédiaires. Evolution des émissions de GES dues à l’énergie en Tunisie 1990-2003, ANME, Ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Petites et moyennes Entreprises, PNUD, 2005. Une nouvelle version pour la période 20042008 est en cours de réalisation. 40 MTE-CO2 : million de tonnes équivalent dioxyde de carbone. 41 Emissions de GES produites/unité de PIB. 42 Dont 75 % pour le transport routier. 39 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 128/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 D’après les prévisions actuelles, les émissions totales devraient connaître un accroissement important de 22,8 Mt eq-CO2en 2003 à 31,6 Mt eq-CO2en 2010 et 49 Mt eq-CO2 en 2020. Figure 40 : Evolution des émissions de GES par secteur 100% 90% 9 5 80% 70% 21 3 4 15 17 16 20 22 23 Emissions fugitives Agriculture 13 Industries manufacturières Résidentiel/tertiaire 25 Transport (nat.) 20% 10% 18 16 40% 30% 4 5 27 60% 50% 6 6 23 26 1990 2000 35 41 Industries énergétiques 0% 2010 2020 Source : ANME 4.1.2 La politique de réduction des émissions Afin de limiter ses émissions de GES43, la Tunisie a mis en place un programme de maîtrise de l’énergie. Celui-ci vise une utilisation plus rationnelle de l’énergie, la promotion des énergies renouvelables et le développement des énergies propres de substitution. Pour 2008-2011, les objectifs du plan44 sont : • une réduction de l’intensité énergétique de 3% par an ; • un maintien de la croissance de la demande d’énergie à 2,8% par an ; • une part de 4% de la consommation d’énergie primaire pour les énergies renouvelables en 2011. Pour parvenir à ces résultats, plusieurs mesures ont été mises en place, dont quelques unes concernent plus particulièrement le secteur touristique : • Des mesures et actions au niveau national et multi-secteurs : − les contrats-programmes d’efficacité énergétique ; − la mise en place d’équipement de cogénération ; − le programme Prosol tertiaire, développant le chauffage solaire de l’eau. Programme ne résultant pas d’engagement politique formel. Programme Quadriennal de Maîtrise de l’Energie 2008-2011, Ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Petites et moyennes Entreprises, ANME, avril 2009. 43 44 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 129/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Après 4 années de mise en œuvre, on estime à 8 Mt eq-CO2 les émissions de GES évitées, la part imputable aux établissements hôteliers restant cependant minime. • Par ailleurs, une convention a été mise en place avec Tunisair, afin de respecter la réglementation aérienne européenne. Celle-ci a permis de diminuer la consommation de kérosène de 4,5% par passager, induisant automatiquement une baisse des émissions par passager. L’objectif est maintenant d’atteindre -7% dans les deux prochaines années. • La mise en place de l’écolabel tunisien45 dans les établissements hôteliers vise également la réduction de la consommation d’énergie dans l’hôtellerie et au respect de l’environnement. Pour l’instant peu répandu (lancement en mai 2009, 3 hôtels sont déjà labellisés), il est encore difficile de mesurer son impact. La FTH, avec l’appui des administrations, promeut ce label auprès de ses adhérents et relaie sa mise en œuvre. Cette réflexion sur l’atténuation des émissions de GES, menée actuellement par la Tunisie, s’inscrit dans une dynamique internationale. En vue de limiter le changement climatique, une réglementation sur les émissions de GES se met en place. Encore faiblement contraignante, celle-ci risque de le devenir dans les années à venir. 4.2 La conjoncture internationale : le futur de la contrainte carbone 4.2.1 Des objectifs de réduction des émissions Les objectifs initiaux de réduction des émissions Le changement climatique est inévitable et la question est donc la limite de ce que l’humanité peut accepter sans être excessivement mise en danger. L’objectif de ne pas dépasser +2°C par rapport à l’ère pré industrielle a été fixé par l’Union Européenne il y a quelques années, ce qui revient à ne pas aller au delà de 1,4°C par rapport à la situation actuelle eu égard aux hausses de températures déjà enregistrées (International Scientific Steering Committee 2005). L’application du principe de « responsabilités communes mais différenciées » entre les différentes catégories de pays (développés, émergents, sous développés) formulé dans le rapport Bruntland a d’abord conduit à fixer un objectif de réduction de 50% au niveau mondial et de 75% des émissions pour un pays comme la France en 2050 par rapport à 1990. Ce premier niveau d’objectif était fixé, vu l’état de la science d’alors (troisième rapport du GIEC), en fonction d’informations sur les dommages qui pouvaient paraître plus « anecdotiques que systématiques » (Parry, Palutikof et al. 2008). Les connaissances actuelles sont plus précises. Lancé en mai 2009 par le MEDD, l’écolabel est une norme environnementale plus exigeante que la norme 14001. D’origine européenne, la Tunisie incite ses entrepreneurs, en particulier dans les domaines de l’exportation, à s’y conformer afin de rester compétitifs auprès des marchés européens. Ce programme est porté grâce à un cofinancement de la Commission européenne et grâce à l’assistance de la GTZ. L’écolabel est décerné par l'Institut national de la normalisation et de la propriété intellectuelle(INNORPI). 45 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 130/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 L’évolution des objectifs internationaux de réduction des émissions En fonction de l’état de la science, les objectifs et, à la suite, les positions des gouvernements évoluent. La réévaluation de l’objectif de stabilisation auquel aboutit le quatrième rapport du GIEC, revient à diminuer de 80% des émissions au niveau mondial et ceci dès 2050, ce qui correspond à une stabilisation des émissions de GES dans une fourchette de 400 à 470 ppm de CO2 équivalent contre les 450-550 ppm qui étaient associés à une réduction de 50%. A la conférence de Bali (décembre 2007), 200 gouvernements se sont alignés sur l’objectif de 50%, alors que quelques uns dont l’Allemagne plaident pour un objectif mondial de 80%. Avec le niveau de l’objectif et la prise en compte de l’inertie, la date à laquelle les émissions commencent à diminuer constitue un autre point crucial. Nous avons en effet constaté à la conférence de Copenhague (décembre 2009), que l’engagement des Etats n’est pas encore effectif. La modélisation des possibilités d’atteindre les +2°C en 2050 et de maintenir cette limite ultérieurement, montre que seul un plafonnement en 2015 (et non au-delà) associé à un taux moyen de réduction de 4 à 6% entre 2015 et 2050 permet d’atteindre l’objectif. Des objectifs à décliner selon les pays et les secteurs d’activité ? Si l’on entreprend maintenant de tirer les conclusions d’un taux moyen de réduction des émissions de 80% pour les pays développés avec l’objectif de préserver des marges de manœuvre pour les autres pays, comme cela avait été le cas dans le cadre d’un objectif de 50%, c’est quasiment à une neutralité carbone (-100%) qu’il faudrait arriver en 2050 pour un pays européen. On voit d’ailleurs commencer des exercices de scénarisation sur ces bases tels que celui de l’Institut de Wuppertal pour le climat, l’environnement et l’énergie sur l’ensemble géographique des Alpes, pour le compte du gouvernement allemand et de la Convention Alpine. Atteindre cet objectif nécessiterait un considérable effort pour les pays développés émetteurs de flux touristiques, allégé par le recours à des mécanismes d’achat de droits d’émissions ou des mécanismes de compensation (MDP) auprès des pays moins développés. Il est ensuite logique, à partir de l’objectif de niveau national, de fixer des sous-objectifs pour chacun des secteurs de l’économie : production d’énergie, logement et construction, transports, agriculture etc. Un certain nombre de travaux avaient été menés en France pour examiner les possibilités d’atteindre le facteur 4, compatible avec les objectifs envisagés naguère (Conseil Général des Ponts et Chaussées 2006; De Boissieu 2006). Schématiquement ils concluaient à la possibilité d’envisager une diminution par un facteur compris entre 2 et 3 ; l’atteinte d’un facteur 4 leur paraissant impossible dans le cadre d’hypothèses réalistes. Si l’on peut aisément comprendre la volonté de refuser des hypothèses technologiques futuristes, en revanche on peut pousser, à une échéance de 2050, les hypothèses sur les changements de modes de vie plus loin que ce qu’ils ont considéré. D’ailleurs, si l’on se fixe maintenant l’objectif d’une neutralité carbone, ce seront bien les modes de vie qui serviront de variable d’ajustement. Il ne faut donc pas se faire d’illusions : tous les secteurs économiques et toutes les pratiques sociales (dont le tourisme) seront touchés et aucun ne pourra s’exonérer d’un effort considérable. Face à la contrainte, les mécanismes de compensation ou de souplesse (achat de permis d’émissions, MDP) ne pourront que jouer à la marge, dans un contexte de concurrence exacerbée qui ne pourra que faire TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 131/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 monter les prix à un niveau qui n’aura rien à voir avec le prix actuel de la tonne de carbone. 4.2.2 Les conséquences pour le secteur de l’aérien 4.2.2.1 Vers une régulation internationale des émissions de l’aérien Actuellement les acteurs du secteur aérien sont très réticents à admettre les perspectives décrites qu’ils jugent catastrophiques pour leur activité. Les possibilités de réduire les émissions sont limitées du fait que les modes de propulsion sont des technologies mures (Peeters, Middel et al. 2005) et qu’il n’existe pas de perspectives de substitution du kérosène sérieuses et à la hauteur de la demande (Akerman 2005). L’aviation internationale (contrairement au transport aérien interne) n’a pas été prise en compte dans le protocole de Kyoto. La question de l’attribution des émissions (à l’origine, à la destination ou aux deux, ou au pays de la compagnie aérienne) ainsi que la complexité du processus de remise en cause des innombrables accords bilatéraux régissant le trafic ont été invoqués pour justifier cette exclusion. Néanmoins, certains groupes de pays, dont l’Union Européenne, ont déjà décidé de mesures économiques visant à réduire les émissions (permis négociables) dans la mesure de leurs possibilités d’action au plan international. Les développements pour l’avenir sont incertains et, à proximité du rendez-vous de Copenhague, on peut s’attendre à des modifications des positions chez les acteurs. La position des représentants de cette activité, après une attitude de déni, a évolué : on compte maintenant sur les mécanismes de souplesse et de compensation pour maintenir les perspectives de croissance (UNWTO 2009). Les compagnies aériennes admettent le principe de leur inclusion dans le marché du carbone. Elles pourraient donc acheter des droits d’émissions aux autres secteurs, accéder aux mécanismes de compensation des émissions prévus au protocole de Kyoto (Mécanisme de développement propre) et, sur la base du principe de « responsabilités communes mais différenciées », voir appliquer aux liaisons des régimes différents (exemptions ou mesures transitoires) si elles concernent des pays en voie de développement, voire émergents. Elles escomptent que de tels mécanismes ne les empêcheraient pas de se développer, vu la latitude qu’elles ont de transférer le coût au consommateur (élasticité faible). En revanche elles sont fermement opposées à un système de quotas et à un marché des droits internes à l’aviation (UNWTO 2009). Une telle perspective n’est cependant pas réaliste car, bien que l’aviation ait, plus que d’autres secteurs, la possibilité d’acheter des permis négociables et d’en répercuter le coût sur les consommateur, des achats massifs priveraient les autres secteurs d’accès aux mécanismes de souplesse, or nos sociétés ont également besoin de ciment, d’acier , de se chauffer etc. (Godard 2006). Une crise du transport aérien paraît donc inéluctable : même en tenant compte de l’amélioration de l’efficacité énergétique (60% d’ici 2050 …) des vols, de la substitution partielle du kérosène par des biocarburants (Ceron and Dubois 2006), de la mise en œuvre de mécanismes de souplesse et de compensation (Ceron and Dubois 2008) ce sont bien des perspectives catastrophiques qui attendent l’aviation. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 132/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 4.2.2.2 La sensibilité du transport aérien à la hausse du prix du carburant et à l’instauration d’un prix du carbone Le prix du baril était en 2002 de 25 USD, il est actuellement (septembre 2009) de l’ordre de 65 USD, soit son prix de l’été 2005, et la moitié du pic de 2008. Le prix du baril de kérosène suit celui du pétrole, tout en étant plus élevé (74 dollars pour la période de mai à juillet 2009). Le carburant pèse actuellement 30% dans les comptes de compagnies aériennes. On estime qu’une augmentation de 10 USD se traduit par une augmentation de 2 points de cette part (Source : Direction Générale de l’Aviation Civile, France). Les compagnies aériennes avaient instauré des surtaxes carburant pour faire face à la flambée des prix de 2007-2008. Certaines ne les ont pas supprimées et intégrées dans le prix du billet. Par exemple Japan Air Lines, qui avait supprimé les surtaxes, vient de les réintroduire à hauteur de 53 EUR par trajet, soit 106 EUR aller-retour pour les vols à destination de l’Europe. Un tel vol aller-retour émet, selon le calculateur d’Air France, 1787 kg de CO2 ce qui, avec différentes hypothèses de coût de la tonne de CO2, donne le tableau comparatif suivant. Tableau 23 : Incidence du prix de la tonne de CO2 Vol Paris Tokyo AR Surcharge carburant JAL Septembre 2009 Prix t CO2 : 17 EUR/25 USD Taxe carbone France Prix t CO2 : 32 EUR/ 47USD Niveau suggéré par l’UE Prix t CO2 : 150 USD Taxe carbone Suède47 Coût de 1787 kg Hausse équivalente sur un baril de pétrole du prix du CO246 de CO2 106 USD 45 USD 10 USD 84 USD 18.7 USD 268 USD 60 USD Source : TEC On voit donc que, dans sa version la plus élevée, l’incidence de la valorisation de la tonne de CO2 est équivalente à l’impact qu’aurait un retour aux prix du pic pétrolier précédant la crise financière et économique. On notera également que le prix du pétrole élevé, partiellement traduit en surcharges carburant, n’avait pas empêché en 2007-2008 le trafic aérien de progresser. L’incidence serait naturellement moindre sur un vol Paris Tunis AR qui émet 325 kg de CO2, de moins de 10 à près de 60 USD. Si on ajoute au prix de la tonne de carbone des surcharges momentanées ou une hausse du prix du billet pour tenir compte de la hausse du pétrole (dans la mesure où cela reste dans l’ordre de grandeur de ce qui s’est fait en 2008), le tourisme au sud de la Méditerranée serait certes renchéri mais pas radicalement menacé. Toutefois il faut faire remarquer : • que l’on ne sait pas à quel point le pétrole peut dépasser les niveaux de prix atteints en 2008 ; Calcul : 1t de pétrole émet 3t CO2 ; 1t de pétrole = en moyenne 7,6 barils. D’où 25 USD la tonne de CO2 conduit à +10 USD le baril 47 http://www.taxecarbone.info/taxation.html 46 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 133/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 • que les prix du carbone évoqués plus haut ne sont pas suffisants pour réorienter le fonctionnement de nos sociétés au point qui paraît nécessaire pour ne pas dépasser une augmentation de température de 2°C. On sait par ailleurs qu’il n’est pas besoin d’augmentations de coûts très importantes pour mettre en danger la pérennité des entreprises. Et cela est sans doute plus vrai pour le transport aérien que pour les activités du réceptif qui seraient sans doute plus sensibles à un fléchissement de la fréquentation. La santé des compagnies aériennes ne passe pas pour être florissante (en moyenne) et la crise finit par toucher celles qui ont le mieux résisté. Dans un contexte d’augmentation des carburants, les compagnies low cost seraient sans doute plus rudement touchées : même si elles possèdent des flottes d’appareils récents et avec de bonnes performances énergétiques, cela n’efface pas le fait que le carburant pèse plus dans leur équilibre financier que pour les compagnies classiques ; à plus ou moins long terme leur schéma de fonctionnement devrait se modifier. 4.2.3 Une préparation à l’adaptation au changement climatique est incontournable Face à une telle exigence, il est clair qu’aucun secteur d’activité et aucun pays ne sera à l’abri d’efforts considérables : on peut considérer que l’hypothèse selon laquelle le tourisme pourrait bénéficier d’un traitement de faveur devient de plus en plus fragile au fil des avancées de la science. La question de savoir comment et à quel prix les touristes internationaux se rendront en Tunisie est donc posée, et clairement à l’échéance envisagée par l’étude. Nous pensons d’ailleurs que c’est à la fois la condition sine qua non du maintien de l’activité touristique (du moins pour le tourisme international) et le problème qui semble le plus difficile à résoudre (on peut toujours reculer face à l’avancée de la mer, gérer les fortes chaleurs dans l’hébergement, etc.). L’analyse qui vient d’être développée est de nature sectorielle et fait la part belle aux logiques des pays dont les touristes sont originaires. Si l’on admet que la contrainte carbone doit modifier fortement nos modes de vie et qu’à tous les niveaux, du pays à l’individu en passant par les organisations, tous devront être à terme comptables de leurs émissions, faire des choix sera inéluctable. Au niveau des pays du sud de la Méditerranée, il est ainsi clair qu’en dépit d’un traitement plus favorable qu’au nord, les émissions seront limitées et il faudra réfléchir aux meilleures façons d’utiliser le budget carbone. Le tourisme ne disposera évidemment pas d’un budget illimité car iI faut bien également se nourrir, se loger, se déplacer pour d’autres motifs. En matière de tourisme, préférera-t-on utiliser le carbone pour favoriser l’accueil des étrangers, pour permettre aux Tunisiens de voyager (tourisme interne ou à l’étranger), pour faciliter le retour des émigrés pour les vacances, et dans quelles proportions ? En matière d’aviation, sacrifiera-t-on le fret, en plein essor, au tourisme ? Ceci montre à quel point le tourisme tunisien est sensible à la conjoncture internationale et aux politiques globales d’atténuation des émissions à venir. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 134/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 4.3 Les impacts indirects des politiques d’atténuation sur le tourisme tunisien Les impacts décrits dans le chapitre précédent, qui sont essentiellement des impacts physiques du changement climatique sur l’activité touristique et ses ressources, ne devraient pas induire d’impacts sur la demande touristique globale (i.e. mondiale) mais plutôt sur une redistribution de cette demande, en termes spatial et temporel ainsi qu’une évolution des pratiques. Cependant, il faut maintenant prendre en compte une autre catégorie d’impacts qui pourraient cette fois toucher non seulement la répartition mais également les volumes de flux touristiques et affecter le niveau global de la demande. Parmi les impacts indirects du changement climatique, le plus important nous semble celui de la conjoncture internationale sur les politiques de réduction des émissions que nous venons de décrire. Il est fort probable qu’il affecte les mobilités touristiques à travers le coût du voyage d’une part et la conscience environnementale des touristes d’autre part. Sont particulièrement en jeu ici la longue distance et la desserte aérienne. 4.3.1 Le transport aérien Un tourisme « tout aérien » Le tourisme tunisien repose aujourd’hui majoritairement sur le transport aérien. Plus de 60% des arrivées de touristes se font par voie aérienne et 35% par voie terrestre. Néanmoins, il y a lieu d'affiner des résultats. La voie aérienne représente en effet plus de 95% pour les entrées des européens ; la voie terrestre représente 93% des entrées des visiteurs de proximité (Algérie et Libye notamment). Le tourisme tunisien se développe encore aujourd’hui sur le principe « 1 touriste = 1 lit d’hôtel = 1 siège d’avion ». Le développement du transport aérien a donc été pour beaucoup dans l’essor de la destination Tunisie. C’est surtout un trafic de vols affrétés non réguliers (charters) qui s’est développé. La desserte aérienne est privilégiée dans toutes les régions touristiques avec un maillage total du pays. La Tunisie compte 8 aéroports internationaux dont 5, ceux de Tunis Carthage, Monastir, Djerba, Tozeur et Tabarka assurent actuellement des vols internationaux charters pour le tourisme. Un 9ème aéroport est en cours de construction à Enfidha, situé à proximité des principales régions touristiques, et son ouverture est prévue fin 2009. Cette nouvelle infrastructure est dotée d’une capacité initiale de 5 millions de voyageurs avec des extensions successives prévues qui lui permettront d’atteindre une capacité de 22 millions de voyageurs en 2020. Cet aéroport doit devenir un hub pour le continent africain. Par ailleurs, le trafic aérien est majoritairement dédié au tourisme. En 2007, le trafic de touristes a représenté plus de 95% du trafic passagers total (sauf dans les aéroports de Gafsa, où le trafic de résidents représente 95% du trafic total, et de Sfax, où il représente 69%). A Monastir, le trafic des résidents est de 33%, à Djerba de 7%, à Tunis de 5,5%. Monastir est le 1er aéroport charter d'Afrique. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 135/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Des perspectives de croissance du trafic Aujourd’hui, le ciel tunisien n’est pas encore totalement ouvert. Sur le marché français, Tunisair détient 58% du trafic régulier, Air France et Transavia, sa filiale, 40,5%. Le trafic charter est détenu à 75% par les compagnies tunisiennes. Cependant, l’Open Sky (libéralisation des routes aériennes) est en route. Le système est déjà opérationnel avec le Maroc et la Libye, dont les touristes arrivaient jusqu’ici surtout en voiture. D'ici 2010, un accord ciel ouvert avec Bruxelles devrait être signé. La Tunisie s’apprête ainsi à rejoindre le Maroc qui a ouvert son ciel en 2006, par la signature avec l’Union européenne d’un accord de libéralisation du transport aérien, ce qui lui a permis d’augmenter son trafic aérien de 18 %. L'OMT48 attribue les bonnes performances du Maroc à la libéralisation du ciel marocain. Le choix de la Tunisie d’arrimer ses airs à l’espace européen n’est pas fortuit puisque la majeure partie de son trafic, à peu près 80 %, se fait avec les capitales et les principales métropoles européennes. Enfin, l’arrivée du trafic low-cost, potentiellement menaçant pour les compagnies tunisiennes, s’organise. La compagnie Tunisair devient le groupe Tunisair et les autres compagnies passent également des alliances et se restructurent (Karthago Airlines et Nouvelle Air sont en partenariat stratégique par exemple). Actuellement, le trafic aérien est encore dans une phase de croissance, avec des prix de plus en plus attractifs. Go Voyages, le spécialiste des vols secs a analysé l’évolution des tarifs aériens au cours du premier semestre 2008 par rapport à 2007. Les prix "tous frais compris" (billet + taxes d'aéroport + surcharges carburant + frais de dossier) ont diminué sur son top 10 des destinations, dont : − -9,7% sur le Maroc, − -9,1% sur l'Espagne, − -9,5% sur la France, − -14,5% sur la Tunisie. Menace ou opportunité ? La politique du tout aérien est donc en train de se développer en Tunisie. Les perspectives internationales de réduction des émissions de GES pourraient donc constituer une véritable menace pour ce tourisme tunisien devenu très dépendant. En effet, l’intégration du secteur aérien dans le marché du carbone, et donc sa comptabilisation dans les inventaires nationaux, risque d’entraîner des limitations sur les modes de consommation des pays du Nord. A moyen terme, une baisse de la mobilité est à prévoir, avec dans un premier temps une hausse des coûts du transport, et dans un second temps une réduction du volume de vols. Mais il faut envisager cette situation dans le cadre de la concurrence internationale. En effet, la Tunisie (comme les autres destinations méditerranéennes) est finalement proches de ses principaux marchés émetteurs en comparaison de l’Asie du Sud-Est ou de la Caraïbe. Ce qui pourrait finalement constituer un atout relatif dans une perspective de réduction du trafic aérien. On pourrait imaginer un report des clientèles des caraïbes, de l’ile Maurice et autres destinations exotiques vers le sud de la Méditerranée. A contrario, un produit balnéaire, sans plus de spécificités, pourrait être boudé pour des destinations locales : on pense au Nord de la Méditerranée qui aura 48 Organisation Mondiale du Tourisme. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 136/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 alors également bénéficié d’une amélioration de ses conditions climatiques et qui sera accessible par le train par exemple. C’est pourquoi, la tendance actuelle et les investissements lourds réalisés récemment, ne laissent que peu de place à la réflexion sur le développement d’alternatives à l’aérien, peut constituer une vulnérabilité en cas de diminution de la mobilité aérienne. La voie maritime quant à elle ne représente pratiquement rien dans les arrivées aux frontières. 43% des entrées sont le fait des marchés français et italiens ce, généralement en provenance de Marseille ou Gènes. Parmi eux, on retrouve surtout des Algériens qui résident en Europe arrivent par voie maritime de Marseille, soit pour retrouver leur famille vivant en Algérie et venant passer leurs vacances en Tunisie, soit pour rejoindre l’Algérie avec des tarifs beaucoup plus attractifs. De plus, les émissions du trajet maritime, moins bien étudiées que celles de l’aviation, paraissent toutefois importantes, au point que ‘on peut se demander si la voie maritime constitue vraiment une alternative intéressante à l’avion en l’état actuel des technologies (Becken 2002; Peeters, van Egmond et al. 2004). Jusque-là, la très forte dépendance du tourisme tunisien aux tour-opérateurs européens et aux forfaits a limité les possibilités de développer le tourisme individuel et des produits alternatifs, les touristes étant massivement acheminés par des vols charters avec, à l’arrivé, des produits forfaitisés. L’ouverture du ciel tunisien constitue donc une opportunité pour le renforcement du secteur touristique et son enrichissement. Le développement de liaisons low-cost devrait encourager les séjours individuels. Cependant, il est important de noter que cette stratégie relève d’une vision courtterme et risque de ne pas perdurer, l’introduction du transport aérien dans le système de permis de carbone comportant des risques particulièrement importants pour le secteur low-cost. La remarque précédente, sur le développement de moyens de transport alternatifs en est donc renforcée. 4.3.2 Les transports internes Comme pour les sujets précédents, transports aériens et hébergements touristiques, les transports touristiques internes aux destinations pourraient être affectés par les conséquences du changement climatique (régulation internationales et conscience environnementale) ainsi que par la hausse du prix du pétrole. Les impacts et les enjeux semblent cependant moindres que pour le transport aérien. En Tunisie, zones touristiques sont aujourd’hui correctement desservies. Les stations internationales sont quasi exclusivement desservies par autocar depuis les aéroports, avec des infrastructures routières adaptées. Le réseau autoroutier, enjeu vital pour l’économie de tout le pays, est en cours de développement passant de 50 km d’autoroutes en 1986 à 360 km à fin 2007.Le développement de l’autoroute du Maghreb, reliant la Lybie, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, est en cours, visant la desserte pour le tourisme régional. Là encore, ce sont surtout les stations touristiques qui sont concernées. Le réseau routier intérieur, en dehors de ces zones, est considéré comme faible (tant en qualité qu’en termes de maillage). Il constitue aujourd’hui un frein au développement du tourisme dans les régions intérieures et les différents points d’intérêt touristiques pour l’écotourisme, la randonnée ou le tourisme culturel (hors principaux sites) ne sont pas ou peu desservis. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 137/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Les limites de cette desserte routière pour le tourisme résident aussi dans : • la qualité des autocars qui devront rapidement faire face à des normes plus contraignantes en termes d’émissions de CO2, induisant potentiellement des coûts important pour les sociétés de transport tunisiennes ; • le coût des voitures de location pour ce qui concerne le tourisme individuel. Une voiture de location type A coûte 43% plus cher en Tunisie qu'à Chypre. Le réseau ferroviaire n’est pas très développé et pas utilisé pour la desserte touristique. On constate donc que les déplacements internes en Tunisie constituent un point faible face au défi du changement climatique car, en l’état actuel, ils ne permettent pas d’attirer des touristes « non aériens » et de développer des produits touristiques alternatifs dans les régions intérieures. 4.3.3 La consommation d’énergie des hébergements touristiques Pour le secteur touristique, les politiques internationales sur les émissions de gaz à effet de serre devraient affecter prioritairement le transport aérien. Cependant, l’hébergement touristique compte aussi pour environ 20% des émissions de GES du tourisme49 et ce secteur ne sera pas épargné par les politiques d’atténuation. Il faudra prendre en compte également la hausse du prix de l’énergie. Au final, c’est sans doute au niveau national que devraient se mettre en place des politiques de plus en plus contraignantes d’économies d’énergie et d’efficacité énergétique. Par ailleurs, les clientèles touristiques sont à la fois de plus en plus consciente des enjeux environnementaux et de plus en plus informées. Leurs exigences devraient croître pour une utilisation plus rationnelle des ressources et, en particulier, de l’énergie et de l’eau. Au final, pour les hébergements touristiques, les conséquences de ces évolutions vont concerner la maîtrise des consommations d’eau et d’énergie, tant à travers des investissements (mesures technique) qu’avec une évolution des pratiques et une sensibilisation des clients (mesures comportementales). Or cette problématique est souvent déjà prise en compte avec le mouvement général vers une gestion plus environnementale des établissements, d’autant plus que ces pistes d’amélioration vont aussi dans le sens d’une maîtrise des coûts de production. Aujourd’hui en Tunisie, la prise de conscience sur cette question est assez généralisée. Comme on l’a vu (chapitre 2), des mesures sont déjà en place aujourd’hui pour accompagner les professionnels dans leurs efforts. Elles concernent en particulier la politique d’efficacité énergétique qui accompagne les professionnels dans leur engagement, ainsi que l’écolabel, récemment mis en place. Ce dernier outil doit permettre d’encourager les hôtelier à prendre en compte les contraintes environnementales (et notamment énergétiques) en valorisant cet engagement auprès des clientèles. 49 Au niveau mondial… la situation en Tunisie n’a pas fait l’objet d’une évaluation précise. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 138/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 4.4 Les impacts généraux du changement climatique sur les sociétés Le changement climatique peut entraîner des risques pour l’économie et la stabilité politique, comme l’ont montré le rapport Stern ou les travaux du GIEC. Le rapport Stern a par exemple montré que si 1°C de plus en moyenne pourrait bénéficier à l’économie mondiale, un changement climatique non contrôlé pourrait diminuer le revenu par tête de 20% d’ici à la fin du siècle. Dans ce contexte, le budget « vacances » des ménages risque évidemment de souffrir et la demande de globalement diminuer. Pour la Tunisie comme pour toute autre destination, cet impact est le plus difficile à évaluer. Les connaissances et les projections manquent pour affiner cet exercice. Par ailleurs, on insiste fréquemment sur la perspective que le changement climatique nuise plus aux pays du sud qu’à ceux du nord et à l’intérieur des premiers aux couches défavorisées de la société avec des conséquences en termes de sécurité et de stabilité politique : c’est d’ailleurs cette considération qui explique l’attribution du Prix Nobel de la paix au GIEC. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 139/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 5 Expériences internationales sur la vulnérabilité et l’adaptation du secteur touristique Ce chapitre propose un tour d’horizon des expériences internationales en lien avec l’adaptation du tourisme au changement climatique. La première partie montre sous quels angles ce thème est abordé dans les travaux internationaux. La seconde partie décrit les expériences concrètes menées par différentes destinations touristiques. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 140/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 5.1 L’adaptation, quelle approche internationale ? Dans la littérature sur le changement climatique, il est devenu un lieu commun de dire que la limitation des émissions de gaz à effet de serre sur laquelle l’intérêt des chercheurs et des politiques s’était d’abord focalisé, ne suffit pas à éviter le changement et donc que le recours à l’adaptation sera nécessaire. Les impacts du changement climatique sur le secteur du tourisme ont fait l’objet d’études internationales et ont donné lieu à de nombreuses publications (voir bibliographie). La question de l’adaptation en revanche, est encore peu traitée. En Méditerranée notamment, les travaux sur l’adaptation du tourisme sont encore aux mains des chercheurs et les destinations ne se sont pas encore emparées du sujet. Au niveau international, les territoires les plus avancés sur cette question sont les plus vulnérables : les petites îles. D’une façon générale, les expériences aujourd’hui répertoriées sur la question de l’adaptation au changement climatique concernent surtout les écosystèmes et l’agriculture. En ce qui concerne le tourisme (mais sans doute est-ce le cas pour d’autres activités), à la lecture de la littérature, la notion d’adaptation paraît recouvrir des actions de nature très différente et qui peuvent être considérées comme des adaptations réussies ou non selon le point de vue. En ce qui concerne une station de sports d’hiver de moyenne altitude touchée par un manque de neige, les touristes s’adapteront en allant ailleurs ; la station elle ne se sera pas adaptée : ainsi un acteur peut s’adapter alors que le système s’écroule. Pour y voir plus clair on peut d’abord rappeler la définition de l’adaptation fournie par Suzanne Becken et John Hay dans leur livre « Tourism and climate change». (Becken and Hay 2007 p. 223). « L’adaptation peut être définie comme l’ensemble des actions et activités que les individus entreprennent, individuellement ou collectivement, pour traiter, s’accommoder ou bénéficier des effets du changement climatique, y compris les changements dans la variabilité du climat et les phénomènes extrêmes (allant au delà de la variabilité naturelle du climat global) ». On notera que cette approche traduit une vision plus centrée sur les acteurs que sur l’état du système. Il est donc assez logique que les typologies des formes d’adaptation soient-elles aussi centrées sur les acteurs. La littérature distingue ainsi (Ceron and Scott 2007; Scott, Amelung et al. 2007; Wilbanks, Romero Lankao et al. 2007) différents types d’adaptation : − technique (neige artificielle, etc.) ; − gestionnaire (assurance) ; − par les politiques publiques ; − par la recherche ; − par l’éducation ; − comportementale (compensation des émissions de gaz à effet de serre etc.). Ce genre de typologie permet de mettre en lumière les inclinations des acteurs à recourir à certains types d’adaptation plutôt qu’à d’autres. Par exemple les gestionnaires de stations de sports d’hiver ou les acteurs du transport aérien TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 141/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 (voyagistes, compagnies aériennes) tenteront d’abord d’optimiser leur gestion (remplissage maximum des avions pour des compagnies aériennes, achat d’avions neufs) et de recourir à des adaptations techniques (amélioration de l’efficacité énergétique des avions, recours à la neige artificielle etc.). En revanche l’appel à des modifications comportementales leur sera plus étranger (désir de ne pas contrarier le client en lui imposant des contraintes), surtout bien entendu si cela remet en cause leur activité même (prendre des vacances plus près de chez soi en évitant le recours aux transports aériens par exemple). La littérature différencie les capacités d’adaptation selon les lieux, les acteurs et les contextes. On peut ainsi mettre en évidence des oppositions entre les acteurs et les contextes dont la capacité d’adaptation est forte ou faible (Becken and Hay 2007; Scott, Amelung et al. 2007; Wilbanks, Romero Lankao et al. 2007). On opposera ainsi : • les touristes et les organisateurs de voyages dont la capacité d’adaptation est forte (les premiers peuvent se rendre dans d’autres destinations, les seconds ne possèdent pas les installations et négocient avec une offre excédentaire) et les acteurs du réceptif (hôteliers etc.) dont la capacité d’adaptation est plus faible : ils sont liés à des lieux et leur offre est excédentaire . • les acteurs de grande taille, en particulier d’envergure multinationale, plus adaptés à une planification stratégique et à long terme, aux PME. • Les destinations du Nord, à proximité des marchés émetteurs, moins vulnérables à une hausse des coûts du voyage, disposant de capacités financières supérieures à celles du Sud. • Les touristes riches aux touristes pauvres. Les approches de ce type concernent en fait des potentialités d’adaptation, elles ont avant tout un statut d’hypothèses , certes raisonnées et raisonnables, mais qui dans la plupart des cas n’ont pas fait l’objet d’une véritable vérification sur le terrain, parce que le changement climatique commence à peine à faire sentir ses effets (qui sont d’ailleurs difficiles à discerner de ceux reliés à la variabilité naturelle du climat : exemple des chutes de neige), et que les mesures d’adaptation existantes réellement déclenchées par le changement climatique sont bien peu nombreuses, à la mesure d’une prise de conscience qui, elle, étudiée sur le terrain est aussi faible que les capacités d’anticipation des acteurs (Becken 2005). Comme le réseau d’organisations gouvernementale et intergouvernementale, les chercheurs etc. sont toutefois incités ou pratiquement sommés, pour être en phase avec les codes et conventions des scènes scientifiques traitant du changement climatique, de produire un discours sur l’adaptation du tourisme au changement climatique, cela a les conséquences suivantes. Dans le domaine de l’environnement, le discours semi opérationnel (c’est à dire l’élaboration de conseils à destination des bureaucraties publiques locales et des responsables de projets) des cercles onusiens articule classiquement : • une liste de principes, un pense bête de ce qui est à prendre en compte et une liste type d’actions à mener (dont le lecteur sélectionnera celles qui sont pertinentes pour le terrain qui le concerne) ; • une liste d’expériences exemplaires et de bonnes pratiques ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 142/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 • des méthodologies « générales » de mise en œuvre ; • des suggestions d’évaluation (basées en particulier sur l’usage d’indicateurs). Les discours actuels sur l’adaptation du tourisme au changement climatique s’inscrivent dans ce cadre en se limitant toutefois aux deux premiers items, les deux derniers n’ayant guère de sens vu l’absence d’actions déjà mentionnée. En raison de la faiblesse des expériences réellement pertinentes en matière d’adaptation du tourisme au changement climatique, les auteurs sont conduits à puiser dans et à adapter les matériaux mis au point dans des domaines contigus (démarches généralistes d’adaptation au changement climatique, gestion du risque, démarches de développement durable) en les traduisant de manière aussi pertinente que possible dans le domaine du tourisme. 5.2 Les principales expériences internationales Un premier exemple est fourni par la citation dans l’étude de OMT (Scott, Amelung et al. 2007) (chapitre 3 page 30) du cadre élaboré par la Banque Asiatique de Développement pour aider à la mise en place des politiques d’adaptation dans les pays en développement, au motif que si ces mesures ne sont pas spécifiquement conçues pour le tourisme elles n’en sont pas moins pertinentes. Dans le même ordre d’idées Suzanne Becken fournit page 230 de son livre un encadré sur l’adaptation pour le tourisme côtier (Becken and Hay 2007). Les items sont les suivants : • accroissement de la robustesse des infrastructures du tourisme et d’autres investissements à long terme, par exemple en étendant la plage des facteurs climatiques qu’un système peut supporter sans défaillir (par exemple coups de vent extrêmes) et/ou en renforçant la tolérance du système par rapport aux pertes ou aux défaillances (par exemple en augmentant les réserves financières ou l’assurance) ; • accroissement touristique… ; • renforcement des capacités d’adaptation des systèmes naturels vulnérables sur lesquels le tourisme se fonde, par exemple en réduisant les stress non climatiques (ex : en diminuant la production de déchets) ou en éliminant les barrières aux migrations (par exemple en s’abstenant de construire des routes le long des forets de mangroves côtières) ; • lutte contre les tendances à la maladaptation : par exemple pour les zones vulnérables à des inondations répétées, interdiction de la reconstruction après un événement majeur ; • amélioration de la conscience et de la préparation des populations, par exemple en informant les opérateurs touristiques sur les risques et les conséquences possibles du changement climatique et/ou en s’assurant que tous les opérateurs touristiques ont des plans pour répondre aux évènements catastrophiques ainsi que des systèmes d’alerte. de la flexibilité des composants vulnérables du système On peut également citer dans le même ouvrage (Becken and Hay 2007) (p. 244-245) un recensement du portefeuille des adaptations au changement climatique pour les TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 143/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 gestionnaires d’espaces protégés, aux motifs que ceux-ci sont le support d’activités touristiques. Les travaux récents de synthèse évoquant l’adaptation du tourisme au changement climatique (Becken and Hay 2007; Scott, Amelung et al. 2007) font état de stratégies d’adaptation localisées (îles Fidji, île Maurice, Canada etc.) ; les auteurs tirent alors des conclusions, pour le tourisme, d’études portant sur l’adaptation aux différentes sortes d’impact du changement climatique, dont la typologie a été fournie plus haut (impacts directs, indirects sur les ressources environnementales du tourisme….). On note ainsi par exemple : • concernant les impacts directs du changement climatique : une étude sur l’adaptation aux évènements climatiques extrêmes dans les îles Fidji (Scott, Amelung et al. 2007) (p. 48), mentionnant des modifications des normes de constructions et des règlements d’urbanisme. Expérience internationale Dans les îles Fidji, pour se prémunir des dommages causés par les cyclones et la montée du niveau de la mer, les hôtels sont maintenant construits au moins à 2,6 m au dessus du niveau de la mer et à 30 m en retrait du niveau atteint par les plus grandes marées. Les normes de construction sont en cours de révision. Chaque resort (au moins les plus grands) a un plan d’évacuation, des assurances, des formations spéciales pour le personnel, des stocks d’eau et de nourriture, des kits de secours et une ligne directe avec les services météo. L’ensemble de ces mesures a été mis en place en coopération entre différentes administrations et les professionnels du tourisme. • En ce qui concerne l’adaptation aux impacts indirects du changement climatique, en particulier sur les ressources environnementales du tourisme, on peut citer : − un travail sur l’île Maurice (Scott, Amelung et al. 2007) (p. 38) où les coraux sont menacés par l’augmentation du nombre et de la violence des cyclones ; les mesures d’adaptation proposées ne sont pas spécifiques au tourisme et relèvent essentiellement de la gestion intégrée des zones côtières. − Deux études sur la Thaïlande et sur l’île de Majorque (Scott, Amelung et al. 2007) (p. 50) focalisées sur le manque de ressources en eau douce mais proposant des mesures d’adaptation qui n’ont rien de spécifique au tourisme, les spécificités de celui-ci en matière de consommation d’eau n’étant d’ailleurs pas mentionnées alors que c’est le cas pour une autre étude concernant l’île de Tobago (Scott, Amelung et al. 2007) (p. 51). Expérience internationale A Majorque (Espagne), pour anticiper les pénuries d’eau, le gouvernement espagnol a implanté deux grandes unités de dessalement d’eau de mer ainsi que des conduites d’eau supplémentaires en provenance des la région montagneuse du nord. A Tobago, ce sont les professionnels eux-mêmes, parfois aidés par les tour-operators, qui ont mis en œuvre des mesures individuelles pour prévenir les pénuries d’eau : récupération des eaux de pluie, augmentation des capacités des réservoirs, alimentation des toilettes par l’eau de mer… Ils ont également mis en place des actions de sensibilisation pour les employés et pour les touristes, fait évoluer les concepts d’aménagement paysager et limité l’usage des piscines. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 144/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 − Sont également citées dans ce travail de synthèse trois études concernant le Canada qui montrent bien que selon les cas la spécificité du tourisme et la pertinence d’adaptations dirigées spécifiquement à son encontre peuvent varier (Scott, Amelung et al. 2007) (p. 46). Expérience internationale Au Canada, un festival d’hiver est confronté à des températures plus élevées et à un manque de neige. Sont envisagés pour faire face à ces évolutions : − de déplacer les attractions et la programmation, des lacs gelés vers des localisations sur la terre ferme ; − une utilisation de camions réfrigérés pour le concours de sculpture sur glace ; − l’expansion de la longueur du festival de 10 jours à 3 semaines pour profiter d’une probabilité plus grande d’un temps convenable ; − l’utilisation de la neige artificielle ; − le remodelage du tracé de ski de fond en le situant dans des zones à l’ombre ; − une contractualisation avec les musées locaux pour mettre au point des produits comprenant des attractions ne nécessitant pas de neige. On voit sur cet exemple que la dimension touristique est relativement importante, ce qui n’est pas vraiment le cas pour les deux manifestations qui suivent : • le festival des tulipes où il s’agit de prendre en compte la modification des dates de floraison en raison d’hivers plus doux : plantation dans des zones d’ombre, etc. • la fête nationale (juillet) où il s’agit de s’adapter à des températures plus chaudes (éducation du public, mise en place de tentes pour fournir de l’ombre, sécurité médicale, etc.) Aujourd’hui, les petites îles, territoires particulièrement vulnérables, notamment Fidji et les Maldives, font figure de territoires pilotes au niveau international pour l’élaboration de stratégies globales d’adaptation du secteur touristique. Des travaux sont en cours pour mettre en place de telles stratégies avec l’aide de plusieurs institutions internationales (PNUE, OMT, FEM…). Il est certains que ces destinations cumulent des facteurs de vulnérabilité extrême (zones de cyclones, dépendance quasi-totale au tourisme et à la desserte aérienne, éloignement des marchés émetteurs, faible altitude) qui rendent la menace du changement climatique d’autant plus préoccupante. A travers les cas présentés, on constate que l’adaptation est aujourd’hui traitée à différents niveaux, selon le degré d’urgence des problèmes et les possibilités d’adaptation. Tourisme et adaptation en France La France a élaboré une stratégie nationale d’adaptation au changement climatique en 2006, qui établi surtout des principes directeurs pour aborder cette question et des recommandations aux territoires pour mettre en œuvre des déclinaisons locales plus opérationnelles. C’est l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) qui porte ces travaux. En 2009, un groupe de travail s’est penché sur les coûts de l’adaptation et leurs travaux sont toujours en cours. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 145/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Toutes ces réflexions sont multisectorielles et transversales et n’abordent pas spécifiquement la question du tourisme. Une seule étude a été menée sur le sujet : une étude exploratoire « adaptation au changement climatique et développement durable du tourisme », menée par le cabinet TEC en 2006 pour la Direction du Tourisme. Cette étude présente un état des lieux des relations entre le tourisme et le changement climatique, envisagées sous l’angle des impacts du second sur le premier, afin de dégager des orientations en vue d’un éventuel programme de recherche de la Direction du Tourisme. Nous n’avons pas connaissance, aujourd’hui, d’expériences locales concernant le secteur touristique. Tourisme et adaptation en Méditerranée En Méditerranée, on ne recense pas encore de stratégies nationales d’adaptation du secteur touristique. Des études et des travaux assez détaillés existent sur les vulnérabilités, et la question de l’adaptation est à l’ordre du jour des chercheurs et des institutions internationales (Plan Bleu et Programme des Nations Unies pour l’Environnement notamment). Cependant, il est important de noter que c’est à Djerba que l’utilisation de la notion d’éco-efficacité dans le domaine du tourisme et de ses émissions de gaz à effet de serre trouve sa source, lors de la première Conférence mondiale sur le tourisme et le changement climatique organisée par l’OMT en 2003. Le choix de ce lieu n’est pas anodin. En 1979 déjà, Miossec et Paskoff établissaient un lien entre l’évolution des plages et les aménagements touristiques à Djerba50. Par la suite, Djerba a également fait l’objet de plusieurs études, notamment sur des questions d’élévation du niveau de la mer, son cas en méditerranée s’étant révélé préoccupant de manière très précoce. La Tunisie se trouve donc à l’avant-garde sur les questions particulières de l’élévation du niveau de la mer et de la gestion des infrastructures touristiques. Si le cas particulier des îles a été l’objet de plusieurs études sur les questions d’érosion et de recul du trait de côte, ces études ne sont pas spécifiquement reliées aux problématiques du tourisme ni aux impacts plus généraux du changement climatique. La Tunisie fait aujourd’hui figure de précurseur sur l’adaptation du secteur touristique au changement climatique. Miossec, J.-M., Paskoff, R. (1979). "Évolution des plages et aménagements touristiques à Jerba (Tunisie) : le cas du littoral nord-est de l’île", Méditerranée, 1-2, 99-106. 50 TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 146/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 6 Synthèse : vulnérabilité, impacts potentiels et impératif d’adaptation du secteur touristique au changement climatique Ce chapitre conclusif vise à tirer les principaux enseignements de cette première phase d’étude. Une première partie rappelle en synthèse la vulnérabilité du tourisme tunisien face au changement climatique et les principaux impacts potentiels à envisager. Une seconde partie permet de sonder l’état de sensibilisation de la profession touristique en Tunisie, sur la base des entretiens menés lors de cette première phase. Une troisième partie introduit la suite des travaux en exposant les raisons qui rendent l’adaptation au changement climatique nécessaires. Enfin, la dernière partie propose une analyse SWOT du tourisme tunisien dans un contexte de changement climatique afin d’identifier les priorités d’adaptation du secteur et de poser les bases des axes stratégiques qui devront être définis dans la phase suivante de cette étude. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 147/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 6.1 Vulnérabilité et impacts potentiels : synthèse 6.1.1 Les caractéristiques du tourisme tunisien En 2007, 6,7 millions de touristes étrangers ont visité la Tunisie, soit 3,2 % de plus par rapport à 2006, engendrant 37,4 millions de nuitées. Le nombre de touristes en Tunisie représente 2,5 % du flux touristiques des destinations méditerranéennes. Ce secteur joue un rôle majeur dans l’économie tunisienne puisque ses recettes couvrent 60 % du déficit de la balance commerciale et qu’il emploie 12 % de la population active du pays. En 2008, il représentait environ 7% du PIB. Un tourisme dépendant du climat estival et des évolutions du littoral En réaction à la création d’un nombre de lits bien supérieure à la programmation établie au début des années 1960, le gouvernement tunisien a mis en place, dans les années 1970, une stratégie de développement touristique essentiellement balnéaire. Au début des années 1990, la stratégie gouvernementale s’est orientée vers l’ouverture de l’activité touristique à d’autres types de tourisme afin de passer d’une offre quantitative à une offre plus qualitative (golf, casinos, thalasso mais aussi tourisme saharien, culturel…). La mise en œuvre de cette vision a cependant pris du retard. La volonté de changement semble s’affirmer actuellement pour aller vers un équilibre entre les différentes régions (littorales et intérieures) et donc vers une diversification du produit touristique tunisien. Si l’évolution des mentalités, tant des développeurs que des touristes, demande du temps, le poids de l’image balnéaire du tourisme tunisien contraint encore les démarches d’ouverture. Par ailleurs, cette dépendance au balnéaire signifie une sensibilité particulière du tourisme tunisien au climat estival d’une part, et à la montée du niveau de la mer et à l’érosion côtière d’autre part. Et largement lié à l’accessibilité par le transport aérien La relation du tourisme avec le secteur des transports nous paraît particulièrement déterminante. Il a été amplement démontré que le transport de l’origine à la destination est responsable de l’ordre de 75% de la contribution du tourisme au réchauffement climatique. Des calculs spécifiques à la Tunisie montreraient sans aucun doute une contribution plus forte en raison de la part de l’avion dans l’arrivée des touristes internationaux, même si ces derniers en l’occurrence viennent de pays européens qui ne sont pas si éloignés. On sait également que le transport est non seulement le noyau dur de la dépendance au pétrole, mais également le secteur où les perspectives de diminution des émissions sont les moins favorables à la fois en raison de l’accroissement de la mobilité et de perspectives technologiques qui ne sont pas à la hauteur des enjeux (en particulier pour l’aviation). TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 148/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 6.1.2 Les impacts potentiels du changement climatique Les impacts du changement climatique sur le tourisme sont généralement classés en quatre grandes catégories (Scott et al., 2007). Les deux premières catégories sont les plus connues. Ce sont les impacts climatiques directs et les impacts dits « indirects », via l’environnement, sur les ressources touristiques. On s’attend à ce qu’elles modifient les distributions spatiales et temporelles des flux touristiques au niveau régional et international, mais sans impacter le volume global de ces flux. Les deux catégories suivantes, dépendant de la conjoncture internationale, pourraient avoir un impact plus marquant sur le volume de la demande. Il s’agit des impacts des politiques d’atténuation sur les déplacements touristiques et des impacts généraux du changement climatique sur les sociétés. 6.1.2.1 Les impacts climatiques directs à travers par exemple les températures ou les précipitations, qui pourraient modifier les conditions d’attractivité des destinations. A ce niveau on s’attend à un déplacement des conditions optimales vers des latitudes et des altitudes plus élevées. Certaines destinations pourraient voire leur position compétitive entamée, alors que d’autres (le Sud de l’Angleterre par exemple) en bénéficieraient. Il n’est cependant pas évident de prévoir la redistribution possible des flux, en raison d’un cumul d’incertitudes (niveau du réchauffement global, modalités régionales et locales, exigences climatiques des touristes). Globalement les facteurs climatiques directs ont plus un impact sur la localisation des flux que sur leur volume global. Aujourd’hui, la Tunisie présente un potentiel plutôt élevé pour le tourisme d’un point de vue purement météorologique, avec des conditions favorables à très favorables sur plus de 50% des jours de l’année, quelle que soit la région. Les conclusions tendraient à montrer que le potentiel climato-touristique de la Tunisie n’est pas exploité aujourd’hui à son maximum pour des formes de tourisme alternatives au balnéaire. Pour la Tunisie, les impacts climatiques directs seront surtout marqués par une hausse des températures et une diminution des précipitations. Les conséquences sur le tourisme devraient entraîner une modification des saisons les plus propices avec des étés devenus trop chauds dans la moitié sud et des intersaisons plus favorables. Les régions du nord et les régions montagneuses devraient voir leurs conditions climatiques s’améliorer pour le tourisme alors que les zones sahariennes seront moins praticables. Dans une perspective de changement climatique, le réchauffement des températures ainsi que la diminution du nombre de jours de pluie devraient avoir un impact significatif sur le potentiel climato touristique de la Tunisie et notamment sur le tourisme balnéaire. Ces impacts pourront être contrastés selon les saisons et les régions. Ces évolutions semblent tendre vers une distribution saisonnière moins contrastée, plus plate, du potentiel climato-touristique et balnéaire ainsi que vers une certaine convergence des conditions pour les 6 régions touristiques vers la fin de siècle, gommant sensiblement les disparités régionales. • La saison estivale devrait connaître une aggravation de l’inconfort du aux fortes chaleurs et aux canicules, la dégradation du répit nocturne, avec l’accroissement des risques de coup de soleil et de coup de chaleur. Les conditions du tourisme balnéaire restent très favorables par contre pour cette TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 149/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 saison. Ce type d’ambiance déborde même sur les saisons intermédiaires. Comme nous l’avons vu, ces résultats sont sans doute à moduler compte tenu des toutes dernières études disponibles. • Les saisons intermédiaires connaîtront plutôt une amélioration de leur potentiel, qu’il s’agisse du potentiel touristique en général ou balnéaire, avec une augmentation du nombre des jours « balnéaires » et surtout du type d’ambiances favorables aux corps fragiles (avril, mai, novembre) ; − Aujourd’hui, en automne, la mer est encore tiède est attirante, mais la baisse de la température de l’air, accentuée parfois par le refroidissement éolien, rend l’ambiance sur la plage peu confortable. Le réchauffement climatique peut améliorer cette ambiance rendant la plage et la nage attractives. Les conditions de septembre à novembre devraient s’améliorer surtout pour le tourisme balnéaire car les scénarios les plus pessimistes envisagent une légère dégradation du confort thermique au-delà de 2050 du fait des températures qui deviendraient trop élevées (avec un potentiel qui reste bon malgré tout) ; − Au printemps, la mer est encore fraîche (surtout au mois de mars). Le réchauffement rapide de l’air peut rendre la plage plus attractive. Elle le devient encore plus au mois d’avril et surtout de mai ; • En hiver, les conditions climatiques s’améliorent sensiblement sur l’ensemble du pays. Cela est particulièrement marqué dans le nord-ouest du pays et les régions montagneuses où l’hiver est aujourd’hui une saison défavorable au tourisme ; • On constate également que les conditions pour les différentes régions touristiques ont tendance à converger vers la fin de siècle, gommant les disparités régionales ; − les régions du sud subissent plus la dégradation des conditions estivales avec des côtes qui conservent un potentiel balnéaire dit « refuge » (on se baigne pour supporter la chaleur) ; − ce sont les régions montagneuses et la côte nord qui ont le plus à gagner avec les évolutions climatiques en termes d’allongement de saison et de potentiel, notamment pour des formes de tourisme alternatives. 6.1.2.2 Les impacts indirects sur les ressources via l’environnement Le tourisme est très dépendant des ressources environnementales locales. Par conséquent, une grande diversité de changements environnementaux consécutifs au changement climatique pourrait avoir des effets marquants sur le tourisme : pertes de biodiversité, baisse de la ressources en eau, perte de valeur esthétique des paysages, changements dans les productions agricoles, élévation du niveau de la mer, érosion du littoral et disparition des plages, risques naturels, impacts sanitaires sont autant d’exemples. Ici encore les impacts pourraient être profonds et entraîner une redistribution des flux, sans toutefois changer le niveau de la demande globale au niveau international. Pour la Tunisie, les impacts indirects les plus importants seront incontestablement liés au recul – voire la disparition – des plages, « matière première » incontournable du produit balnéaire dominant. Le recul du trait de côte et le risque de submersion menaceront également toutes les infrastructures touristiques construites à proximité du littoral. Mais les tensions croissantes sur la ressource en eau devraient également poser problème pour la consommation des hôtels, notamment à travers les équipements les plus demandeurs et la qualité des eaux de baignade. Les évolutions de la biodiversité et des paysages ne constituent qu’un enjeu secondaire pour le tourisme tunisien. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 150/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 6.1.2.3 Les impacts des politiques d’atténuation sur les déplacements touristiques. Face aux conséquences du changement climatique, l’adaptation d’un secteur d’activité ne peut être envisagée sans traiter également la question de l’atténuation de ses émissions de gaz à effet de serre. Le tourisme contribue à hauteur d’environ 5% aux émissions globales de CO2 dans le monde, notamment par le transport aérien qu’il implique, et cette part est amenée à croître. Cette tendance est confirmée en Tunisie où 64% des touristes arrivent en avion et la voie aérienne représente plus de 95% pour les entrées des européens. L’atteinte d’objectifs de réduction des émissions de 50% à 80% au niveau mondial en 2050 par rapport à 1990 nécessiterait un considérable effort pour les pays développés émetteurs de flux touristiques. Tous les secteurs économiques et toutes les pratiques sociales (dont le tourisme) seront touchés et aucun ne pourra s’exonérer d’un effort considérable. L’aviation internationale (contrairement au transport aérien interne) n’a pas été prise en compte dans le protocole de Kyoto mais un processus destiné à prendre la suite du protocole de Kyoto est engagé qui pourrait à terme concerner l’aérien. Or, face à la contrainte, les mécanismes de compensation ou de souplesse (achat de permis d’émissions, MDP, exemptions ou mesures transitoires pour des pays en voie de développement) ne pourront que jouer à la marge, dans un contexte de concurrence exacerbée qui ne pourra que faire monter les prix à un niveau qui n’aura rien à voir avec le prix actuel de la tonne de carbone. Une crise du transport aérien paraît donc inéluctable. Pour la Tunisie, où la quasi-totalité des arrivées internationales (hors proximité) se font par avion et où ce mode de transport fait l’objet d’investissements lourds, cet impact est, à terme, une réelle menace. Cependant, la proximité des marchés émetteurs laisse entrevoir des alternatives qui permettraient, mieux que d’autres destinations exotiques lointaines, de maintenir la possibilité d’attirer les clientèles européennes. Par ailleurs, le développement du tourisme domestique laisse également une marge de manœuvre importante pour le secteur. La Tunisie a déjà pris conscience de la nécessité d’atténuer ses émissions de CO2 et lancer des programmes d’économie d’énergie et un écolabel qui s’applique notamment à l’hôtellerie. Mais la question centrale reste aujourd’hui liée au poids de l’aérien et des perspectives liées à la contrainte carbone sur cette activité. 6.1.2.4 Les impacts généraux du changement climatique sur les sociétés. Le changement climatique peut entraîner des risques pour l’économie et la stabilité politique, comme l’ont montré le rapport Stern ou les travaux du GIEC. Dans ce contexte le budget « vacances » des ménages risque évidemment de souffrir et la demande de globalement diminuer. Pour la Tunisie comme pour toute autre destination, cet impact est le plus difficile à évaluer. Les connaissances et les projections manquent pour affiner cet exercice. Par ailleurs, on insiste fréquemment sur la perspective que le changement climatique nuise plus aux pays du sud qu’à ceux du nord et à l’intérieur des premiers aux couches défavorisées de la société avec des conséquences en termes de sécurité et de stabilité politique. 6.1.2.5 Les coûts associés aux impacts du changement climatique Les conséquences du changement climatique devraient générer des coûts liés à la dégradation environnementale, à l’exploitation des établissements touristiques TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 151/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 (énergie, eau, approvisionnements), aux évolutions de la demande, à l’évolution du transport aérien et à l’ensemble des surcoûts liés aux mesures d’adaptation. Cependant, l’étude de ces coûts est cependant un exercice complexe qui se heurte à de trop nombreuses incertitudes pour proposer une approche chiffrée fiable. Pour approcher certains coûts, la démarche la plus réaliste consiste à se baser sur des études de cas précises qui ont fait l’objet d’études spécifiques, en particulier dans le domaine des coûts liés à la dégradation environnementale. Sur le littoral, une hausse du niveau de la mer de 50 cm, pourrait générer des coûts s’exprimant à la fois en termes de perte de capital productif (potentiellement 1935 MDT pour le tourisme), en pertes annuelles de production (-102 MDT/an) et en pertes d’emploi (1% de l’emploi touristique). Par ailleurs, selon les situations déjà observées aujourd’hui, les coûts liés au recul des plages peuvent être de l’ordre de 60 000 DT par ans pour un hôtel à Djerba (apport de sable chaque année). 6.2 La prise de conscience des acteurs tunisiens Si la Tunisie apparaît en avance dans ses politiques de lutte contre le changement climatique avec de nombreuses études engagées pour mieux appréhender le phénomène, les travaux de cette étude nous ont permis d’aller à la rencontre des acteurs pour sonder leur compréhension du problème. Cette première phase du projet s’est appuyée sur des rencontres avec un échantillon diversifié d’acteurs tunisiens concernés par le tourisme. Ils représentaient à la fois l’administration et le secteur privé, les acteurs du tourisme et les acteurs d’autres secteurs directement liés à la problématique, des acteurs nationaux et des représentants régionaux. Ces rencontres ont pris plusieurs formes différentes : • des entretiens en tête à tête pour certains ; • des réunions dans les différentes régions touristiques avec les commissaires régionaux au tourisme et des représentants du secteur privé à travers leur fédération et certains opérateurs locaux. Dans tous les cas, l’un des objectifs de ces rencontres était bien de sentir le niveau de sensibilité des acteurs à la problématique du changement climatique et leur perception de cet enjeu. Plusieurs constats ont pu être tirés de ces discussions. La conscience de l’enjeu posé par le changement climatique est bien réelle. La participation aux réunions et l’intérêt manifesté par tous les acteurs montre une réelle préoccupation pour les questions environnementales d’une façon générale et pour les conséquences du changement climatique en particulier. Cette préoccupation se manifeste à travers des constats déjà formulés par les professionnels du tourisme sur des évolutions constatées : recul des plages et nécessité de les engraisser chaque année, prolifération des algues, des goélands ou des méduses en fonction des secteurs, modification de comportement sensible de certaines clientèles qui préfèrent les intersaisons moins chaudes… Mais ce sont surtout les inquiétudes concernant les coûts d’exploitation de leurs établissements qui mobilisent les professionnels. Les coûts de l’énergie et de l’eau constituent déjà de réels sujets pour eux, et ils pressentent leur augmentation, entraînant celle des coûts d’approvisionnement plus largement. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 152/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Les discussions laissent finalement ressortir une connaissance assez limitée des impacts réels du changement climatique, sujet très complexe. Il est difficile pour les acteurs du tourisme de distinguer les considérations environnementales en général des impacts réellement attribuables au changement climatique. Par exemple, l’érosion côtière n’est pas un phénomène causé par le changement climatique mais uniquement aggravé par celui-ci. Ils ont également du mal à accepter la possibilité de conséquences dramatiques dont la probabilité reste significative : hausse de plus de 50 cm du niveau de la mer avant 2050, Sahara impraticable en été… On peut donc tirer un bilan plutôt positif avec un réel effort du secteur sur la prise en compte environnementale mais avec des limites importantes qu’il faudra lever rapidement : • la peur d’accepter la possibilité de conséquences dramatiques qui pourraient subvenir à court terme, peur qui risque d’empêcher des évolutions profondes et des choix stratégiques forts (exemple : annuler tout nouveau projet de station littorale) ; • une appréhension du phénomène limitée aux impacts déjà observés, ce qui pose le problème de la variabilité annuelle du climat : une excellent année (chaleur modérée, pluies suffisantes pour verdir les jardins et remplir les piscines, absences d’algues…) efface la conscience des problèmes à venir et coupe les efforts engagés. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 153/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 6.3 La nécessité de s’adapter au changement climatique L’Organisation Mondiale du Tourisme, à l’occasion de la conférence de Davos (PNUE, 2007) affirme qu’il est aujourd’hui absolument nécessaire de se préoccuper de l’adaptation du secteur touristique aux conséquences du changement climatique. Si l’on a pu constater par le passé (SRAS, attentats terroristes…) une capacité d’adaptation du tourisme relativement meilleure que pour d’autres secteurs, on ne peut néanmoins pas se passer d’une mobilisation de l’ensemble des acteurs et d’une stratégie cohérente permettant à chacun de se projeter à long terme. Il ne s’agit pas ici d’envisager des mesures ponctuelles et très localisées mais bien d’apporter une vision de long terme des enjeux globaux et des incidences locales. Il est en particulier recommandé de se préoccuper d’adaptation au changement climatique dans les cas pour lesquels le changement climatique est susceptible d’aggraver les problèmes qui se manifestent déjà comme (ONERC, 2006) : • présence sur le territoire d’un littoral maritime ; • économie du territoire reposant sur une activité touristique ; • existence de contraintes sur les ressources en eau ou de problèmes de qualité de l’eau ; • périodes récurrentes de chaleur considérée comme excessive (santé) et/ou induisant un recours massif à la climatisation ; • existence de bâtiments et d’infrastructures qui seront encore debout dans 50 ans ; • existence de projets de nouveaux bâtiments ou d’infrastructures qui seront encore en place dans 50 ans ; • crues récentes ou débordement de collecteurs. On voit donc que la Tunisie est directement concernée par la question de l’adaptation. Au delà de l’aggravation des problèmes actuels, le changement climatique peut en poser de nouveaux. Cependant, les risques encourus peuvent être réduits par une planification prudente et soigneuse et en prenant les devants. C’est pourquoi les territoires sont encouragés par les instances internationales à réfléchir dès à présent aux possibles stratégies d’adaptation et à bâtir des plans d’actions opérationnels à court terme. On mesure, à partir des chapitres précédents, la complexité des travaux de prospective des impacts du changement climatique sur le tourisme : celui-ci est lié à de nombreux paramètres, dépend de données très localisées dans l’espace et dans le temps… Pour avoir une vision complète, il faudrait, en plus des indices de confort climatiques, développer des modèles d’érosion des plages, de coût de transport… qui prendraient à chaque fois en compte les différents segments de la demande. Ceci dit, bien que la connaissance parfaite n’existe pas, il semble rester aujourd’hui de la place pour un exercice, mené à l’échelle méditerranéenne ou mondiale, alternant modélisation, consultation d’acteurs et jugements d’experts, afin d’évaluer le potentiel TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 154/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 de redistribution des flux touristiques entre grandes régions du monde et à l’intérieur de ces régions. Les synthèses bibliographiques de cas locaux qui existent aujourd’hui (comme le rapport de la conférence de Davos, PNUE 2007) semblent incapables de le réaliser. Plus récemment, une étude a été lancée par le Plan Bleu destinée à modéliser les flux touristiques en Méditerranée pour analyser leur dépendance à l’aérien et les impacts potentiels des évolutions de ce secteur. Enfin, avant d’être une question scientifique, la question des impacts du changement climatique sur le tourisme est d’abord une question politique. L’incertitude essentielle est l’imprévisibilité des émissions futures de GES, qui conditionnement largement l’intensité du réchauffement. Plus que des modèles climatiques, le niveau futur des impacts dépendra de notre sagesse collective dans l’atténuation des émissions. Avant d’anticiper des impacts, il importe de les éviter : le principe de précaution et l’atténuation rapide des émissions du tourisme doivent être des impératifs absolus. Pour répondre à ces enjeux, le secteur doit dès maintenant se doter d’une stratégie d’adaptation, cadre global pour l’ensemble des acteurs du tourisme, des administrations au secteur privé. 6.4 Les priorités pour l’adaptation du tourisme tunisien Comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents, les impacts potentiels du changement climatique sur le secteur touristique sont nombreux et variés. Cependant, ils ne s’appliquent pas de la même façon en Tunisie et certains apparaissent plus prioritaires dans l’optique d’une stratégie d’adaptation. C’est pourquoi il est important de hiérarchiser ces impacts afin d’en tirer des priorités pour l’adaptation du secteur. 6.4.1 L’analyse FFOM L’analyse FFOM consiste à présenter de façon synthétique l’analyse du tourisme tunisien face au changement climatique. Elle consiste à identifier les principales Forces et Faiblesses du tourisme tunisien dans un contexte de changement climatique ainsi que les principales Opportunités et Menaces qui pourraient se présenter. Le tableau suivant présente cette analyse. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 155/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Forces Un climat propice au tourisme d’avril à octobre sur une large partie du territoire Le patrimoine culturel est très important (sites romains, puniques, influence française, sites classés Unesco, traditions orales et artisanat, etc.) et encore peu valorisé en dehors des grands sites Un tourisme de santé et de bien-être qui se développe et s’appuie sur un système de santé de qualité qui correspond à une demande croissante (vieillissement) et à l'exigence de sécurité des clientèles Un parc hôtelier d’une qualité plutôt supérieure à la moyenne méditerranéenne Une réglementation récemment mise en place sur l’hébergement chez l’habitant qui pourrait permettre le développement d’une offre alternative La proximité de marchés émetteurs (Europe) avec des liaisons existantes en ferry, par rapport à des régions touristiques concurrentes (Asie du sud-est, Caraïbe), qui limite la dépendance à l'aérien Le tourisme de proximité (Algérie, Libye) déjà développé permet la diversification des modes de transports Un plan de mise à niveau des hébergements Sécurité et stabilité intérieure L'implication importante de l’Etat durant la période de développement du tourisme a permis de maîtriser ce développement et limiter les zones artificialisées Des dispositifs permettant de contrôler le développement touristique : un Plan d’aménagement des Zones touristiques qui impose notamment des études d’impact environnementales Faiblesses Une saisonnalité très marquée qui pèse sur la rentabilité des établissements et se concentre à la saison la plus chaude (risque pour la santé) et la plus sèche (tension sur la ressource en eau) Un tourisme quasi-exclusivement sur le produit balnéaire, très concentré sur le littoral. Cela induit des régions touristiques avec un littoral totalement artificialisé, extrêmement vulnérable à l’érosion côtière et des infrastructures menacées par la hausse du niveau de la mer Une image de destination balnéaire « bon marché », sans trait distinctif par rapport aux autres destinations méditerranéennes Un parc hôtelier relativement ancien, sur des modèles qui ne sont pas toujours compatibles avec les principes de développement durable (construction, énergie…) Un manque d’infrastructures (routes, hébergement, restauration) en dehors du littoral qui ne permet pas le développement d’une réelle activité touristique dans les régions intérieures La desserte est quasi uniquement aérienne pour les clientèles européennes, avec des perspectives de renforcement de ce mode de transport (open-sky, low-cost, nouvel aéroport international et l'ouverture de lignes avec les pays dont les clientèles arrivent aujourd'hui par la route) Le réseau ferré n'est pas prévu pour l'usage touristique Le tourisme domestique, bien qu'en forte croissance, est peu pris en compte, avec une offre marchande focalisée sur le tourisme international, peu adaptée aux locaux La commercialisation faite quasi uniquement au forfait et trop axée sur le all-inclusive, renforce la dépendance aux TO et au produit balnéaire. Cela limite la capacité des professionnels tunisiens à innover et faire évoluer l'offre L'utilisation d'internet et des NTIC est très limitée, avec un manque d'information et de commercialisation directe par les hôtels ou régions Une difficulté à financer le développement d’offres alternatives avec un Etat engagé seulement sur les "zones touristiques" et des investisseurs toujours focalisés sur le modèle de stations littorales intégrées et le produit hôtelier Le code de l’urbanisme et de l’aménagement ne prend pas en compte la montée du niveau de la mer liée au changement climatique TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 156/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Opportunités Des conditions climatiques qui vont s’améliorer pour les intersaisons et l’hiver à court terme Le développement du résidentiel touristique, pour encourager des séjours longs, voire très longs, notamment pour la clientèle senior Le renforcement du tourisme de santé à forte valeur ajouté, avec le développement de longs séjours pour la clientèle sénior Le développement du tourisme de découverte naturelle et culturelle, valorisant les richesses du pays, diffus sur tout le territoire Le développement du tourisme de thalassothérapie déjà bien positionné, avec une augmentation de la valeur ajoutée Le développement du tourisme golfique sous réserve de l'adaptation du produit aux enjeux de limitation de la ressource en eau et aux exigences de qualité de la clientèle La hausse de la rentabilité des produits avec une montée en gamme de l’offre et une mise à niveau des produits : hôtellerie, circuits, combinés plages/culture, thalasso/culture, Sahara/plages, incentives… L'introduction de normes type Ecolabel, Pavillon Bleu, offrant des garanties pour les distributeurs et consommateurs européens Le vieillissement de la population européenne et de la demande pour un tourisme moyen courrier et proposant une offre de santé - bien-être Le développement du marché de proximité (Libyen et Algérien notamment) Le développement du tourisme domestique avec des offres diversifiées et réparties sur le territoire pour maintenir une activité touristique moins dépendante des marchés émetteurs et de la conjoncture internationale Le développement du transport interne par le rail comme alternative à l'automobile, l'autocar et l'avion Menaces Une politique de prix des TO qui ne va pas s'adapter aux évolutions des saisons propices au tourisme La stagnation de la fréquentation et des effets de concurrence de plus en plus vifs remettant en question le produit tunisien Une augmentation sensible des températures estivales induisant des risques pour la santé et un confort d'été dégradé pour des clientèles européennes notamment, jusqu'à l'impossibilité de fréquenter les régions les plus au sud Des problèmes environnementaux de plus en plus importants et incontrôlables (érosion des plages, modification des écosystèmes, qualité de la ressource en eau…) Une perte rapide des ressources touristiques principales que sont les plages, ainsi que divers problèmes liés à la qualité de ces plages (algues notamment) L'aggravation des tensions sur la ressource en eau limitant les usages récréatifs (piscines, arrosages…) Une augmentation sensible du prix de l'énergie et de l'eau induisant des coûts d'exploitation à la hausse pour les établissements touristiques La dégradation de la qualité des eaux de baignade et augmentation des risques sanitaires L'évolution des modes de vie et de consommation des pays émetteurs face à une contrainte carbone pourrait modifier sensiblement les modes voyage (destinations, produits, modes de transport) La détérioration de certains sites archéologiques secondaires du fait des intempéries et dégradations environnementales (inondations, crues, érosion côtière…) Une tension croissante sur les denrées alimentaires produites en Tunisie avec potentiellement des difficultés d'approvisionnement et des coûts de production en augmentation pour la restauration La modification des paysages avec globalement un assèchement Une augmentation sensible du prix de l'aérien via les marchés du carbone avec des répercutions sur les tarifs à la commercialisation TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 157/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 L’analyse croisée des différentes sections de ce tableau nous amène à identifier des enjeux prioritaires qui semblent émerger pour le tourisme tunisien. Sans préjuger des moyens à mettre en œuvre et en se plaçant du seul point de vue des impacts du changement climatique, il nous semble pouvoir dégager un certain nombre de menaces et d’opportunités qui pourront guider la construction d’une stratégie d’adaptation. En préalable, il faut garder à l’esprit que l’une des conséquences du changement climatique les moins aisées à cerner mais les plus probables, concerne, en Tunisie comme ailleurs, la stabilité sociopolitique des pays. Les problèmes d’approvisionnement alimentaire et d’accès à l’eau potable pèseront de plus en plus fortement sur les populations et les structures sociales. Or les tensions sociales découragent le tourisme. La Tunisie, où la stabilité rassure actuellement les touristes, n’échappe pas à cette menace. Par ailleurs, les menaces les plus préoccupantes sont liées : • au recul du trait de côte, aggravé par la hausse accélérée du niveau de la mer avec : − la perte ou la dégradation des plages, principale ressource touristique d’une destination aujourd’hui essentiellement balnéaire ; − la menace des infrastructures touristiques (hôtels, marinas, golfs) avec la reprise par la mer des zones basses ; − mais surtout le risque croissant, pour les bien et les personnes, de submersion marine liée à des évènements extrêmes (fortes marées, tempêtes). Ces phénomènes soudains et incontrôlables ne laissent pas la place à une adaptation progressive mais nécessitent une anticipation dès maintenant pour limiter le risque ; • à l’élévation sensible des températures estivales et à l’augmentation des phénomènes de « super canicule » avec : − un risque de santé, en particulier pour les clientèles européennes moins habituées à la chaleur ; − une inadaptation de l’urbanisme des stations et des hébergements touristiques. Les normes actuelles ne prennent pas suffisamment en compte les très fortes chaleurs et la notion de construction ou d’urbanisme bioclimatique ; − une offre d’activité inadaptée en termes d’horaires, d’aménagement des sites, etc. − une focalisation sur le tourisme estival qui pourrait devenir impraticable, notamment dans la zone saharienne ; • à la baisse de la ressource en eau avec : − des conséquences sur l’approvisionnement des hébergements et activités touristiques ; − une question sur le comportement des touristes et leur sensibilisation ; − le risque de baisse de la qualité de l’eau, support des activités touristiques (baignade, thalasso…) ; • aux impératifs d’économies d’énergie avec notamment une hausse des coûts d’exploitation des entreprises touristiques et, là encore, une question sur la sensibilisation des touristes sur les comportements responsables ; TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 158/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 • à plus long terme, l’infléchissement de la demande des clientèles européennes (diminution de la capacité à voyager et climat plus agréable sur le lieu de résidence). Les opportunités qui semblent les plus intéressantes reposent sur : • le développement d’une véritable offre à la fois alternative et complémentaire au balnéaire, en particulier sur les thématiques Santé et Culture en dehors du littoral. La Tunisie possède déjà des atouts certains pour mieux développer ces thématiques qui sont moins sensibles aux paramètres climatiques, peuvent permettre à la destination de se différencier dans un contexte de concurrence méditerranéenne et peuvent générer une valeur ajoutée supérieure au tourisme balnéaire banalisé ; • une organisation du secteur touristique permettant plus de souplesse dans la structuration de l’offre et une plus grande autonomie dans la commercialisation, avec une diminution de la dépendance aux TO étrangers, des modes de coopération permettant de favoriser l’innovation et le développement d’offres nouvelles ; • le développement d’une offre adaptée à la clientèle tunisienne et à la clientèle maghrébine en termes de promotion et commercialisation, de tarification et de produit ; • une nouvelle conception des hébergements touristiques et de l’urbanisme des stations touristiques, plus proche des concepts et modes de vie méditerranéens traditionnels. Cette idée permettrait à la fois de répondre de façon plus adaptée aux impératifs climatiques tout en proposant aux clientèles étrangères un produit plus spécifique à la Tunisie. Enfin, la réflexion sur la question des transports, à la fois internes et externes, est également cruciale mais dépasse le cadre du tourisme. Il s’agit d’un enjeu à considérer dans un cadre très global, dans la perspective du réseautage des transports autours de la Méditerranée (train) et de l’articulation avec les politiques de transport de l’Europe. Dans une optique touristique et tunisienne, il semblerait néanmoins intéressant d’inscrire à l’agenda des réflexions la valorisation du rail sur le territoire national et la desserte par ferry depuis l’Europe. 6.4.2 Vers une stratégie d’adaptation La première phase de l’élaboration d’une stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique tunisien a permis de dresser un bilan des vulnérabilités de cette activité et des impacts potentiels du changement climatique auxquels elle devra d’adapter. Il a été montré que plusieurs menaces pèsent sur le tourisme tunisien, notamment sur le tourisme balnéaire, menaces qui nécessitent une prise de conscience forte du secteur et des évolutions en profondeurs. Il a également souligné que le tourisme tunisien possède des atouts qui devraient lui permettre de tirer parti des évolutions moyennant une réaction adaptée et concertée de tous les acteurs. Ces premiers travaux ont également contribué à la sensibiliser d’un grand nombre d’acteurs, des administrations au secteur privé, sur ce sujet qui dépasse largement les limites du secteur touristique. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 159/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Dans les phases suivantes, ces travaux devront être exploités afin : • de proposer une stratégie d’adaptation du secteur touristique au changement climatique, construite à travers une série d’ateliers de travail régionalisés avec les acteurs du tourisme et des territoires d’accueil (phase 2) ; • d’élaborer un plan d’actions qui permettra de préciser les orientations stratégiques, notamment à travers des horizons temporels et des interactions entre acteurs (phase 3) ; • de construire ensemble deux projets prioritaires, qui auront une vocation exemplaire pour tester de nouveaux modes de travail et une nouvelle conception du tourisme tunisien. Ces projets permettront de projeter les acteurs dans une planification plus concrète et de court terme (phase 3). Dans la perspective des phases suivantes, on peut des pistes de réflexion des travaux qui précèdent. L’analyse nous amène à identifier des grands dossiers prioritaires et transversaux qui constitueront la trame de la future stratégie du tourisme tunisien : − la gestion de la chaleur, notamment estivale ; − la gestion de l’offre littorale face à l’élévation du niveau de la mer ; − la gestion de l’eau douce ; − la question des transports et de la mobilité. Au-delà d’axes spécifiquement liés aux impacts du changement climatique, il s’agit également de mettre à profit certaines évolutions indépendantes, comme les évolutions de la demande avec le vieillissement des clientèles européennes ou l’amélioration du pouvoir d’achat des clientèles domestiques. Plus généralement, deux champs doivent être explorés en parallèle : il s’agit d’une part d’adapter au mieux l’existant et d’autre part d’explorer des champs moins vulnérables du tourisme afin de les développer en priorité, plutôt que de reproduire des modèles dont on a montré la fragilité. Ces dossiers devront être formulés pour proposer des axes stratégiques plus parlants pour les acteurs du tourisme tunisien : − faire évoluer les composantes de l’offre pour prendre en compte les modifications météorologiques ; − réduire la dépendance au tourisme balnéaire ; − réinventer un tourisme plus économe ; − réduire la dépendance aérienne. Pour chacun des grands axes identifiés, différents types de stratégie d’adaptation possibles seront analysés et évalués afin de proposer les orientations pour le secteur. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 160/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Bibliographie Sur le changement climatique (international) Région Poitou-Charentes (2009). Stratégie régionale d’adaptation au changement climatique, étude réalisée par TEC (CERON J-P., LOOTVOET M). Parry, M., J. Lowe, et al. (2008). The consequences of delayed action on climate change : 2p. Parry, M., J. Palutikof, et al. (2008). Climate policy: squaring up to reality. Nature Reviews: Climate Change. GIEC, Ed. (2007). Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des Groupes de travail I, II et III au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Genève, GIEC. De Boissieu (2006). Rapport du Groupe de travail « Division par quatre des émissions de gaz à effet de serrede la France à l’horizon 2050 » sous la présidence de Christian de Boissieu. Paris, MInistère de l'écologie et du développement durable Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie: 77p. Stern Review (2006). The Economics of Climate Change. Association of British insurers (2006). Coastal flood risk. Radanne, P. (2004). La division par 4 des émissions de carbone en France d'ici 2050. Paris, Mission interministérielle de l'effet de serre: 35p. Sur le tourisme (international) Bows, A., K. Anderson, et al. (2007). Technologies, scenarios and uncertainties. E-CLAT Technical seminar “Policy Dialogue on Tourism, Transport and Climate Change: Stakeholders meet Researchers”, UNESCO, Paris, France. Ceron, J., Dubois, G. 2006. Changement climatique et développement durable du tourisme. Etude exploratoire en vue d’un programme de recherche. Les Rendez-vous de la Stratégie, Ministère des Transports, de l’Equipement, du Tourisme et de la Mer. Ceron, J., Dubois, G. 2005. Greenhouse gas emissions from tourism under the light of equity issues. In Hall, C., Higham, J. (eds) Tourism, Recreation and Climate Change. London, UK: Channelview Publications. Ceron, J., Dubois, G., Gössling, S., Patterson, T., Peeters, P., Richardson, R. 2004. The ecoefficiency of tourism. In Matzarakis, A., de Frietas, C., Scott, D. (eds) Advances in Tourism Climatology. Berichte des Meteorologischen Institutes der Universtät Freiburg, Nr. 12. Ceron, J.-P. and G. Dubois (2003). Tourisme et changement climatique une relation à double sens. Le cas de la France. 1st International Conference on Climate Change and Tourism, Djerba, Tunisia, WTO. Ceron, J., Dubois, G. 2001. Tourisme et changement climatique. Impacts potentiels du Ceron, J., Dubois, G. 2005. The potential impacts of climate change on French tourism. Current Issues in Tourism 8(2-3), 125–139. Commission of European Communities (2007). Limiting global change to 2°Celsius: the way ahead for 2020 and beyond. Final edition. Brussels. Gössling, S., P. Peeters, et al. (2005). "The Eco-efficiency of Tourism." Ecological Economics 54: 417-434. Gössling, S. (2002). "Global environmental consequences of tourism." Global Environmental Change (12): 283-302. OMT (2003). Changement climatique et tourisme. Madrid, OMT: 56p. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 161/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Paskoff, R. (2000). Les plages et l'élévation du niveau de la mer: risques et réponses. Le changement climatique et les espaces côtiers, Arles. Perry, A. 2001. More heat and drought – can mediterranean tourism survive and prosper? Matzarakis, A., de Freitas, C. (eds) Proceedings of the First International Workshop on Climate, Tourism and Recreation. 5–10 October, Greece. International Society of Biometeorology, Commission on Climate Tourism and Recreation, WP3, 1–6. Perry, A. 2005. The Mediterranean: how can the world’s most popular and successful tourist destination adapt to a changing climate. In Hall, C., Higham, J. (eds) Tourism, Recreation and Climate Change. London, UK: Channelview Press. Perry, A., Smith, K. 1996. Recreation and tourism. In Review of the Potential Effects of Climate Change in the United Kingdom. London, UK: HMSO, 199–209. Perry, A. 1997. Recreation and tourism. In Thompson, R., Perry, A. (eds) Applied Climatology. London, UK: Routledge, 240–248. Scott, D., Gössling et al. 2008. « climate preferences for diverse tourism environments: Evidence from Canada, New Zealand and Sweden.” Climate Reasearch(38): 61-73. Figure 25 SIMPSON M.C., GOSSLING S., SCOTT D., HALL C.M.,GLADIN E. Climate Change Adaptation and Mitigation in the Tourism Sector: Frameworks, Tools and Practices. UNEP, University of Oxford, UNWTO, UNEP, et al. (2008). Climate change and tourism. Responding to global challenges. Madrid, UNWTO. Smith, K. 1993. The influence of weather and climate on recreation and tourism. Weather 48(12), 398-404. UNEP, UNWTO, 2008. Climate Change and Tourism. Responding to Global Challenges. UNWTO (2007). Tourism 2020 vision, UNWTO. Sur le transport touristique et l’aviation (international) Agence Française de Développement, 2009. Développement touristique et dépendance au carbone : état des lieux et pistes stratégiques pour l’outre-mer français. , étude réalisée par TEC (CERON J-P., de TORCY L., DUBOIS G.) ENERDATA (1999). Transport, énergie et contraintes environnementales en France à l'horizon 2030: apports de l'approche "backcasting" à la formulation des stratégies technologiques et organisationnelles. Grenoble: 60p. Air Transport Department (2008). Fuel and air transport. A report for the European Commission. Cranfield, UK., Cranfield University: 42p. Airbus (2006). Global Market Forecast: The future of flying 2006-2025. Online documents at Feb 2006. 2006. [27 Akerman, J. (2005). "Sustainable air transport: on track to 2050." Transportation research D 10: 111-126. Association of British insurers (2006). Coastal flood risk. Becken , S. (2002). Tourism and transport in New Zealand. Lincoln, Lincoln University: 25p. Boeing (2006). Current Market Outlook. . Boeing. 2006. Bows, A., K. Anderson, et al. (2007). Technologies, scenarios and uncertainties. E-CLAT Technical seminar “Policy Dialogue on Tourism, Transport and Climate Change: Stakeholders meet Researchers”, UNESCO, Paris, France. Ceron, J. P. and G. Dubois (2006). Demain le voyage. La mobilité de tourisme et de loisirs des français face au développement durable. Scénarios à 2050. Paris, Ministère des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer: 181p. Ceron, J.-P. and G. Dubois (2008). "Compensation volontaire des gaz à effet de serre. Enjeux et limites." Espaces(257): 14-21. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 162/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Conseil Général des Ponts et Chaussées (2006). Démarche prospective transports 2050. Paris, Ministère des Transports,de l'Equipement, du tourisme et de la Mer: 53p. De Boissieu (2006). Rapport du Groupe de travail « Division par quatre des émissions de gaz à effet de serrede la France à l’horizon 2050 » sous la présidence de Christian de Boissieu. Paris, MInistère de l'écologie et du développement durable Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie: 77p. GIEC, Ed. (2007). Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des Groupes de travail I, II et III au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat GIEC. . Genève, Godard, O. (2006). A quelles conditions les transports peuvent-ils être rendus compatibles avec le développment durable? 8eme journée Transports, Energie, Environnement, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, Paris. Gössling, S. (2003). The importance of aviation for tourism. status and trends. European conference on aviation, atmosphere and climate, Friedrichshafen. Gössling, S., J. Ceron, et al. (2009). Hypermobile travellers. Climate change and aviation. S. Gössling and P. Upham, Earthscan. International Scientific Steering Committee (2005). Avoiding Dangerous Climate Change: International Symposium on the Stabilization of Greenhouse Gas Concentrations (Report of the International Scientific Steering Committee). Exeter, UK. Lee, D., D. Fahey, et al. (2009). "Aviation and global climate change in the 21st century." Atmospheric Environment(april). Milmo, D. (2009). Airlines vow to halve carbon emissions by 2050. The Guardian. London. Parry, M., J. Lowe, et al. (2008). The consequences of delayed action on climate change.: 2p. Parry, M., J. Palutikof, et al. (2008). Climate policy: squaring up to reality. Nature Reviews: Climate Change. Peeters, P., S. Gossling, et al. (2006). Air transport greenhouse gas emissions factors. E-CLAT Climate change and tourism conference. Tourism and Climate Change Mitigation, Tilburg, The Netherlands. Peeters, P., J. Middel, et al. (2005). Fuel efficiency of commercial aircraft. An overview of historical and future trends, National Aerospace laboratory NLR: 37p. Peeters, P., T. van Egmond, et al. (2004). European Tourism, Transport and Environment. Final Version. Breda, NHTV CSTT. Penner, J. E., Lister D.H., et al., Eds. (1999). Aviation and the Global Atmosphere. A Special Report of IPCC Working Groups I and III in collaboration with the Scientific Assessment Panel to the Montreal Protocol on Substances that Deplete the Ozone, Cambridge University Press. Radanne, P. (2004). La division par 4 des émissions de carbone en France d'ici 2050. Paris, Mission interministérielle de l'effet de serre: 35p. Raupach, M. R., G. Marland, et al. (2007). Global and regional drivers of accelerating CO2 emissions, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America. Ressources Naturelles Canada (2008). Impacts et adaptations liés aux changements climatiques; Les transports., Ressources Naturelles Canada,. 2008. Schlermeier, Q. (2004). "A rising tide." Nature 428(11): 114-115. Stern Review (2006). The Economics of Climate Change. UNWTO (2007). Tourism 2020 vision, UNWTO. 2007. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 163/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 UNWTO (2009). Discussion paper on climate change mitigation measures for international air transport. Madrid: 12p. UNWTO, UNEP, et al. (2008). Climate change and tourism. Responding to global challenges. Madrid, UNWTO. Sur tourisme et changement climatique (Tunisie) AIC, 2007 : Climat, Tourisme et Environnement, actes du XXème de l’Association Internationale de Climatologie (AIC), textes réunis par Ben Boubaker H., Tunis, 603 p ALOUANE T, 2002 : Les ambiances climatiques dans les principales régions touristiques de la Tunisie, Thèse de Doctorat (en arabe), Université de Tunis, FSHS, 470 p. ALOUANE T., 2007 : Le répit thermique nocturne de la saison chaude en Tunisie, Actes du XXème colloque de l’AIC, Carthage, p. 75-80. ALOUANE T. et HENIA L. 2009 : Les ambiances climatiques matinales en Tunisie. Actes du XXIIème colloque de l’AIC, Cluj, Roumanie, ANME, (2009) Programme Quadriennal de Maîtrise de l’Energie 2008-2011, Ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Petites et moyennes Entreprises. ANPE, 1994 : Etude pour la sauvegarde du Parc National de l’Ichkeul, 291 p. A.PA.L. 2006 : Biodiversité des écosystèmes côtiers et des zones humides du Cap-Bon, Tunisie. MedWetCoast. 229p. Banque Mondiale. (2003). Stratégie de développement touristique en Tunisie. Ministère du Tourisme. Tunis: Banque Mondiale. BEN CHARRADA R., TABIB J. et ZINE EL ABIDINE H. 2006: Etat de la banque des données maritimes, moyens permettant de les suivre et résultats d’une campagne de suivi du niveau de la mer dans sept ports en Tunisie. Journal du Ministère de l’Equipement. CHAPONNIERE J-R., Lautier M., La Tunisie et le marché euro-méditerranéen du tourisme. Document de travail 7, Agence Française de Développement, septembre 2005. CHAPOUTOT, J. M. (2007). Le sud tunisien: objets, enjeux et perspectives dans le domaine touristique. Colloque international sur "Tourisme saharien et développement durable:enjeux et perspectives, (p. 17). Tozeur. CHAPOUTOT, J. M. (2006). Offre patrimoniale et gestion intégrée de la qualité en Tunisie. Working Paper, Tunis CREOCEAN. (2005). Schéma directeur d'aménagement du littoral tunisien pour les activités de plaisance et de croisière. La Seyne/Mer: CREOEAN. DAOUD A. et BOUAZIZ R. 2001 : Vulnérabilité, risques et aménagements : cas du littoral de Chaffar (côte sud de Sfax), actes du sémin. CGMED, Hammamet, 19 P. DGRE, 2000 : Situation de l’exploitation des nappes phréatiques. GHRIBI A., Aménagement du territoire et urbanisation à Djerba face au changement climatique, Atelier du 06 juin 2009. HENIA L. (dir.) 2008 : Atlas de l’Eau en Tunisie, pub. Univerité de Tunis, FSHST, 186 p. HENIA L. et ALOUANE T, 1999 : Les ambiances thermiques à l’île de Djerba (Tunisie), Publication de l’AIC, vol. 12, p. 17 à 25. HENIA L. et ALOUANE A. 2007 : Le Potentiel climato-touristique de la Tunisie, actes du XXème colloque de l’AIC, Tunis Carthage, p. 27-33. HENIA L. et ALOUANE A., 2008 : Impacts potentiels du réchauffement global sur les ressources climatiques et non climatiques du tourisme balnéaire en Tunisie, communication orale au congrès de l’Union Géographique Internationale (UGI), Tunis, 2008. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 164/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 HENIA L. et ALOUANE T. 2009 : Les ambiances caniculaires dans les villes tunisiennes : cas de Monastir, Kairouan et Tozeur, actes du XXIIème colloque de l’AIC, Cluj, Roumanie. HYDROTECNICA PORTUGUESA, 1995 : Etude générale pour la protection du littoral tunisien, Etude réalisée pour le compte du Ministère de l’Equipement et de l’Habitat, Direction Générale des Services Aériens et Maritimes. IHE, 2004 : Diagnostic de l’état de la banque des données maritimes en Tunisie et moyens permettant leur collecte, Etude réalisée pour le compte du Ministère de l’Equipement et de l’Habitat (DGSAM), IHE, 2005 : Etude de suivie du niveau de la mer dans sept ports tunisiens, Etude réalisée pour le compte du Ministère de l’Equipement et de l’Habitat (DGSAM), IHE (2008). Etude de vulnérabilité environnementale et socio-économique du littoral tunisien face à une élévation accélérée du niveau de la mer due aux changements climatiques et identification des stratégies d'adaptation. Ministère de l'Environnement et du Développement Durable, Direction Générale del'Environnement et de la Qualité de la Vie. Tunis: IHEE. J.I.C.A. (2001). Développement du tourisme en Tunisie à l'horizon de 2016: Conditions de valorisation des ressources touristiques culturelles, écologiques et sahariennes. Etude Stratégique, Ministère du Tourisme Tunisien, Tunis. LABBENE et alt. 1996 : Evolution de la température en Tunisie, in Variabilité du climat et stratégies d’adaptation humaines en Tunisie, (édit. par L. Hénia), Université de Tunis, p. 115-125. LAROUSSI-KHAMASSI A., Stratégie touristique nationale 2007-2011 : Impact du changement climatique sur le secteur touristique, Etude de cas de l’île de Djerba. GTZ-ONTT, juin 2009. LONG B. et KARAKIEWIEZ B. 2002 : Réhabilitation du littoral Nord-Est de Djerba, CIESM. Workshop, series N° 18, p.63-65 MARH, 2005 : Changements Climatiques, effets sur l’économie tunisienne et stratégie d’adaptation pour le secteur agricole et les ressources naturelles, rapport 1ère étape, Tunis, 266 p. MARH et GTZ, 2007 : Stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture tunisienne et des écosystèmes aux changements climatiques, Cahier 1à 6. McKercher, B., & du Cros, H. (2002). Cultural tourism: The partnership between tourism and cultrual heritage management. New York: Hayworth Hospitality Press. MEAT - 1993 : Etude de la biodiversité biologique de la Tunisie. Rapport de Synthèse. PNUE 233p. MEAT 2001 : Communication Initiale de la Tunisie à la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. MEAT, 2000 : Elévation accélérée du niveau de la mer, vulnérabilité et adaptation, projet TUN/95/G31, Etude réalisée IHE pour le compte du Ministère de l’Environnement;. MEDD, 2007 : Etude de la vulnérabilité environnementale et socio-économique du littoral tunisien face à une élévation accélérée du niveau de la mer due aux Changements Climatiques et identification d’une stratégie d’adaptation, étude réalisée par IHEE pour le compte du Ministère de l’Environnement; .Rapport phase I, 493 p. MEDD, 2007 : Etude de la vulnérabilité environnementale et socio-économique du littoral tunisien face à une élévation accélérée du niveau de la mer due aux Changements Climatiques et identification d’une stratégie d’adaptation, étude réalisée par IHE pour le compte du Ministère de l’Environnement; .Rapport phase II, 128 p. MEDD, 2008 : Etude de la vulnérabilité environnementale et socio-économique du littoral tunisien face à une élévation accélérée du niveau de la mer due aux Changements Climatiques et identification d’une stratégie d’adaptation, étude réalisée IHE pour le compte du Ministère de l’Environnement; .Rapport phase III, 150 p. MEDD et GTZ, 2009 : Etude sur l’adaptation du secteur de la santé en Tunisie au changement climatique. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 165/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Office National du Tourisme Tunisien. (1997). Le tourisme tunisien en Chiffres. Annuaire Statistique, Office National du Tourisme Tunisien, Direction des Etudes et des Participations, Tunis. OTEDD. (2009). Le tourisme durable en Tunisie. Ministère de l'Environnement et du Développement Durable, Tunis. OUESLATI A., 2004 : Littoral et aménagement en Tunisie ; Orbis presses ; 534p. OUESLATI A., 1995 : Les îles de la Tunisie. Publ. CERES, Série géographique n°10. 358p. PASKOFF R. ET SANLAVILLE P., 1983 : Les côtes de la Tunisie, variations du niveau marin depuis le Tyrrhénien ; Maison Orient Médit.; 192 p. PASKOFF R.,1985 : Les plages de la Tunisie ; Editec ; Caen ; 198 p. PASKOFF R., 2000 : Le changement climatique et les espaces côtiers, élévation du niveau de la mer : risques et réponses. Colloque euro-méditerranien, 27p. PNUD (2005) Evolution des émissions de GES dues à l’énergie en Tunisie 1990-2003, ANME, Ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Petites et moyennes Entreprises. SAKISS N. 1994 : Contribution à l’étude des variations climatiques en Tunisie : cas de la pluviométrie et de la température », in La variabilité du climat et l’homme en Tunisie, textes réunis par L. HENIA, Publication de l’Université de Tunis, Série colloque 7e, volume III, p.39-62. SARRAF M., LARSEN B. et OWAYDEN M., 2004: Cost of Environmental Degradation, the case of Lebanon and Tunisia, W.B. Environmental Economics Series. SAMEF. (2007). Etude de développement de la thalassothérapie en Tunisie à l'horizon de 2020. Office National du Tourisme Tunisien, Direction des Etudes et des Participations. Tunis: SAMEF. SLIM H., TROUSSET P., PASKOFF R. et OUESLATI A. 2004 : Le littoral de la Tunisie ; archéologique et historique ; éd. CNRS; France ; 308p. étude géo TORKI M.A. et BEN HAJ M., 2002: Management, protection, stabilization and revegetalization of bordering dunes ; experimental project on beach of Mahdia ; Tunisia ; Environmental Problems of the Mediterranean Region ; 12-15 April, 2002, Near East University, Nicosia, North Cyprus, Turkey. ZEGGAF TAHRI M., 1999 : Etude de l'impact des ouvrages de protection sur la dynamique sédimentaire du littoral du golfe de Tunis et des côtes nord de Mahdia ; Th. ; Fac. Sc. ; Tunis ; 140p. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 166/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Annexe 1 : Les personnes rencontrées dans le cadre de l’étude Date 28/09/2009 Réunion de coordination MEDD 29/09/2009 29/09/2009 30/09/2009 30/09/2009 01/10/2009 01/10/2009 01/10/2009 02/10/2009 03/10/2009 Nom Dali NAJEH Mohamed ZMERLI Mustapha LAROUI Ali ABAAB Mustapha AISSAOUI Chaker BEN MARZOUK Ghazi BEN SALAH Elechi Mohamed LAZHAR Ahmed FREH Aroussia KHAMASSI Sawsen ELLOUMI Sihem SLIM Emma DHOUIOUI Ridha SFAXI Mohamed Moez BELHASSINE Taïeb HACHAICHI Aroussia KHAMASSI Nebiha BOUSSETTA AMRI Sawsen ELLOUMI Hamed MRABTI Ahmed FREH Zakaria ZEGOULLI Sihem SLIM Mohamed Ali TORKI Ghazi Ali KHADHRI Mustapha AISSAOUI Latifa HENIA Zouhaier JALLOULI Salha Mezgheni Lazhar El Echi Organisme MEDD/DGEQV MEDD/DGEQV MEDD/DGEQV GTZ MEHAT/DGAT AFT MT MARH/DGEDA FTH ONTT ONTT APAL ONTT MT/BMNT MT/BMNT ONTT ONTT ONTT ONTT ANPE FTH FTH APAL APAL MEHAT/DGAT MEHAT/DGAT IHE AFT MARH/DGEDA MARH/DGEDA TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie Fonction Directeur Général Président Commission Environnement Direction des Etudes Directeur Général Conseiller des services publics. Chef de service Directeur des études Urbaniste en chef, Chef de service Division Statistiques Direction Etudes Directeur des Etudes et de la Coopération Internationale Président Commission Environnement Secrétaire Général Direction études Chef de Service Protection Littoral Directeur général Directeur des marchés 167/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Date 03/10/2009 06/10/2009 07/10/2009 07/10/2009 07/10/2009 07/10/2009 08/10/2009 08/10/2009 08/10/2009 08/10/2009 09/10/2009 09/10/2009 09/10/2009 07/10/09 Réunion régionale Nabeul 08/10/09 Réunion régionale Sousse Nom Yadh LABBENE Jamel BOURAOUI Sahar CHOUIKH Lofti LAATIRI Hichem FEHRI Célia LE RAVALLEC Nouri SOUSSI Inès HOUARBI BEN SALAH Rym BELAJOUZA BEN FADHEL Noureddine FOURATI Tahar SAÏHI Mohamed MAÂROUFI Tahar AYACHI Cyrille BELLIER Fathi ISSIOUM Ahmed KALBOUSSI Brahim HASNAOUI Tarek NEFZI Wahid Ben YOUSSEF Raouf Ben SALEM Abdelkader KHALIL Moshen Ben SLIMENE Mohamed KHECHINE Ahmed BETTEIEB Hichem MAHOUACHI Béchir ben MAHMOUD Donia BASSOUMI Jihene ZARROUK Hechi HICHRI Foued ELOUED Ahmed FREH Béchir BOUNEB Ilyes M'SALLEM Mohamed BOUJDARIA Hamoudia BELHAMA Raouf MAAROUF Organisme INM INM INM INM INM AFD OTEDD OTEDD Seabel Hotels Hôtel Belvébère Fourati FTAV AFT La Presse Tunisienne AFD Bizerte Tabarka / Ain Draham Institut sylvo-pastoral de Tabarka Cabinet Conseil Becasse CRT Yasmine Hammamet CRT Nabeul Hammamet FRAV APAL Nabeul FRH FRAV CRT Yasmine Hammamet CRT Yasmine Hammamet CRT Yasmine Hammamet CRT Yasmine Hammamet CRT Yasmine Hammamet CRT Sousse Neptunia CRT Monastir CRT Kaihouan CRT Madhia FRAV Royal Kenj TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 168/170 Fonction Chargé changement climatique Sous-directeur d'exploitation Ingénieur prévisionniste Ingénieur Chef de service Directeur Chargée de projets Directeur Directrice Directeur Général Adjoint Président Directeur de l'Aménagement Journaliste Directeur Adjoint Commissaire Régional au Tourisme Commissaire Régional au Tourisme Manager Commissaire Régional au Tourisme Commissaire Régional au Tourisme Gérant Tunisie Direct Inspecteur Inspecteur hôtellerie Inspecteur Hygiène Inspecteur Hygiène Inspecteur technique Commissaire régional au tourisme Directeur Commissaire Régional au Tourisme Commissaire Régional au Tourisme Commissaire Régional au Tourisme PDG Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 07/10/09 Réunion régionale Sfax 08/10/09Réunion régionale Djerba 09/10/09 Réunion régionale Tozeur 10/10/2009 Réunion régionale Tunis Nord et Sud 12/10/2009 13/10/09 Réunion de synthèse MEDD 13/10/2009 Skander El KATEB Ahmed SLAHEDDINE Mohamed LABIDI Hichem DRISS Habib BOUSLAMA Zouheir MAKNI Mohamed ESSAYEM Tahar KHIARI Skander Ben Ali KACEM Abdelaziz JERBI Tarek BENJEMAA Lofti ZARAM Ben HASSINE Safouène Sami ben HADJ FRADJ Yassine DAGHARI Ali BOUHMICHE Abdelkader CHAABANE Wahid Ben FREDJ Salah KASSEM Ridha HAMBLI Faouzi MASMOUDI A. CHAFI Besma ben HAMIDA Selim Ben MILED Noureddine FOURATI Mohamed JERBI Nejib OSMAN Aroussia KHAMASSI Louise de TORCY Norbert TREHOUX Jean Mehdi CHAPOUTOT Mustapha LAROUI Alexis GARDY, Jérémy MAMAN, Xavier BONNEL KANTA Hôtel Karsis FRH FRH FRH CRT Sfax MEDD APAL CRT Djerba Tunisise Voyages (TUI) FRH FRH Djerb Zarzis VINCCI Alkantara Calypso Voyages FRAV Sidi Slim Menzel ONTT APAL CRT Djerba CRT Tozeur CRT Kébili CRT Centre Ouest (Sbeitla) Désert Evasion (Tozeur) Hôtel Bel Horizon (Nefta) CRT Tunis Sud / Zaghouan FTH Hôtel Belvédère CRT Tunis Nord ANME ONTT TEC TEC TEC MEDD/DGEQV Roland Berger Strategy Consultants TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie DG DG directeur FRH Sousse Président FRH Sousse Secrétaire Général FRH Sousse Commissaire régional au tourisme Directeur environnement Commissaire Régional au Tourisme Directeur régional DG Royal first hotels - Hôtel Haroun Djerba Directeur DG Gérant Tunisie Direct DG Directeur El Mouradi Inspecteur ONTT Commissaire Régional au Tourisme Commissaire Régional au Tourisme Commissaire Régional au Tourisme Directeur Directeur Commissaire Régional au Tourisme Hôtelier - Medisea Hotel hôtelier Commissaire Régional au Tourisme Directeur Etudes et Planification Equipe projet 169/170 Tourisme et changement climatique en Tunisie : évaluation des impacts et élaboration de la stratégie nationale d’adaptation du secteur – Phase 1 Annexe 2 : Etude du changement climatique et le potentiel climatotouristique de la Tunisie Cette annexe technique détaille deux études réalisées spécifiquement pour ce projet sur les indices climato-touristiques en Tunisie et leurs projections futures. Voir document joint. TEC, 01/2010 – Stratégie nationale d’adaptation du secteur touristique en Tunisie 170/170 Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Dag-Hammarskjöld-Weg 1-5 65760 Eschborn/Germany T +49619679-0 F +49 61 96 79-11 15 E [email protected] I www.giz.de