Avis de transparence du 30 mars 2005
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Avis de transparence du 30 mars 2005
Haute Autorité de santé COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS DE LA COMMISSION 30 mars 2005 MIRENA 52 mg (20 µ g/24h), dispositif intra-utérin Laboratoire SCHERING SA Dispositif intra-utérin au lévonorgestrel Liste I Date de l’AMM : 21 juillet 1995, modifiée le 28 octobre 2002 Caractéristiques de la demande : modification des conditions d’inscription sécurité sociale et collectivités suite à l’extension d’indication dans les ménorragies fonctionnelles. Secrétariat Général de la Commission de la Transparence 1 1. CARACTERISTIQUES DU MEDICAMENT 1.1. Principe actif Dispositif intra-utérin au lévonorgestrel 1.2. originalité Premier dispositif intra-utérin au lévonorgestrel ayant l’indication ménorragies fonctionnelles. 1.3. Indication - Contraception intra-utérine. Ménorragies fonctionnelles (après recherche et élimination de causes organiques décelables). 1.4. Posologie MIRENA doit être inséré dans la cavité utérine où il reste efficace pendant 5 ans. Mode d’utilisation: - La pose de D.I.U est plus facile pendant les règles. MIRENA doit être mis en place au cours des 7 jours qui suivent le début des règles. Il peut être remplacé par un nouveau dispositif à n’importe quelle période du cycle. - La mise en place peut s’effectuer également aussitôt après les trois mois qui suivent un avortement par curetage. - Au cours du post-partum, le dispositif ne peut être mis en place que 6 semaines après l’accouchement. - Le retrait du dispositif se fera après 5 ans d’utilisation au maximum. Il doit être retiré pendant les règles, s’il persiste un cycle menstruel. Le retrait du dispositif s’effectue en tirant doucement sur les fils à l’aide d’une pince. - Si la patiente souhaite continuer à utiliser cette méthode, un nouveau D.I.U peut être inséré lors de la même consultation. Cf. RCP. 2 2. MEDICAMENTS COMPARABLES 2.1. Classement ATC (2004) G 02 B A 03 : : : : : Système génito -urinaire et hormones sexuelles Autres médicaments gynécologiques Contraceptifs à usage topique Contraceptifs intra-utérins Dispositifs intra-utérins en plastique avec des progestatifs 2.2. Médicaments de même classe pharmaco-thérapeutique 2.2.1 Médicaments de comparaison Ce sont les progestatifs par voie orale : Chlormadinone : LUTERAN 2 et 5 mg et ses génériques Dydrogestérone : DUPHASTON 10 mg Lynestrénol : ORGAMETRIL 5 mg Médrogestone : COLPRONE 5 mg Nomégestrol : LUTENYL Noréthistérone : PRIMOLUT-NOR 10 mg Promégestone : SURGESTONE 0,125, 0,250, 0,500 mg 2.2.2 Evaluation concurrentielle Le premier en nombre de journées de traitement (Base Taxe 2003) : LUTENYL Le plus économique en coût de traitement : PRIMOLUT-NOR Le dernier inscrit : CHLORMADINONE TEVA (JO : 15 octobre 2004) 2.3. Médicaments à même visée thérapeutique dans l’extension d’indication Traitements non hormonaux : certains AINS (acide méfénamique), certains antifibrinolytiques (acide tranexamique), l’étamsylate. Traitements hormonaux : certains estroprogestatifs. Seuls certains estroprogestatifs associent les 2 indications : contraception et hémorragie fonctionnelle. 3 3. ANALYSE DES DONNEES DISPONIBLES 3.1. Efficacité L’efficacité de MIRENA dans les ménorragies fonctionnelles a été évaluée à partir de 7 études comparatives figurant dans le dossier d’AMM, et de 2 études postérieures au dépôt du dossier d’AMM. Les études non comparatives n’ont pas été retenues. 3.1.1 Etudes comparatives figurant dans le dossier d’AMM : Numéro de Nombre l’étude et de méthodologie femmes sous MIRENA 102-94548 ouverte, randomisée, groupes parallèles 28 Nombre de Traitement femmes référence sous traitement de référence 30 de Durée du traitement Acide tranexamique (4g/j pendant les 5 premiers jours du cycle) Critère principal d’efficacité MIRENA 6 cycles Mesure des pertes sanguines menstruelles en fin de traitement : 11 ml 102-92549 ouverte, randomisée, groupes parallèles 22 22 Noréthistérone (15 mg/j, 21j/28) 3 cycles référence 53 ml p<0,001 Réduction des pertes sanguines menstruelles après 3 cycles de traitement, par rapport aux valeurs initiales (valeurs médianes): 104 ml 102-90528 ouverte, randomisée, groupes parallèles 27 26 Traitements oraux conventionnels (acide tranexamique 6 mois ou noréthistérone ou acétate de megestrol ou dydrogestérone) Décision des patientes d’accepter l’hystérectomie, après 6 mois de traitement : 64 % des femmes ont renoncé à subir l’hystérectomie. 102-93503 randomisée, groupes parallèles 30 30 Résection de l’endomètre 12 mois 4 14 % des femmes ont renoncé à subir l’hystérectomie. p<0,001 Mesure des pertes sanguines menstruelles après 12 mois : 17 ml NS : non significatif 94 ml NS 0 ml p=0,02 Numéro de Nombre l’étude et de méthodologie femmes sous MIRENA Milson et al. 1991 Non randomisée 20 Nombre de Traitement femmes référence sous traitement de référence 15 de Durée du traitement Flurbiprofène puis acide tranexamique (ou l’inverse) Critère principal MIRENA 12 mois référence réduction des pertes sanguines menstruelles par rapport au début du traitement 97 % acide tranexamique 40 % flurbiprofène 20 % p<0,01 MIRENA versus flurbiprofène et versus acide tranexamique Crosignani 1997 et al. 35 35 Résection de l’endomètre 12 mois réduction des pertes sanguines menstruelles par rapport au début du traitement 79 % Römer 2000 15 15 Résection de l’endomètre après traitement par analogue de GnRh 12 mois nombre de patientes satisfaites de la diminution des saignements menstruels : 11 patientes 5 89 % p = 0,015 14 patientes 3.1.2 Etudes comparatives postérieures au dossier initial d’AMM : Numéro de Nombre l’étude et de méthodologie femmes sous MIRENA Hurskainen et 2004 randomisée al. 119 Nombre de TraiteDurée femmes ment de du sous référence traitetraitement ment de référence 117 hystérecto 5 ans mie Critère principal : MIRENA référence après 5 ans traitement : de 109 patientes ont eu une hystérectomie. 57 femmes toujours sous Mirena, dont Pas de - 43 en aménorrhée, différence entre -11 avec des saigneles groupes ments irréguliers pour l’Hb et la - 3 avec des saigneferritine en fin ments réguliers. de traitement. 10 patientes n’étaient plus sous Mirena et 50 avaient eu une hys térectomie. Barrington 2003 randomisée* 25 25 Ballonnet thermique, après traitement par analogue de GnRh 6 mois 2 femmes ont été perdues de vue Perte sanguine menstruelle après 6 mois de traitement : 31 ml 61 ml NS *dans cette étude, les groupes n’étaient pas comparables à l’inclusion pour la perte sanguine (107 ml sous Mirena versus 122 ml sous ballonnet) 3.2. Tolérance : - Tolérance dans les essais cliniques La tolérance a été analysée en détail dans les 4 premiers essais cliniques : 107 patientes sous MIRENA ont été suivies en moyenne pendant 5,7 cycles. 54 patientes ont notifié au moins 1 événement indésirable, soit 193 événements indésirables au total. Les plus fréquents ont été : - Acné et autres signes d’hyperandrogénie ou tension mammaire chez 19 patientes sur 107, - Troubles menstruels (spotting …) chez 16 patientes sur 107, surtout au cours des 3 premiers mois de traitement, - Céphalées chez 22 patientes sur 107, - Douleur abdominale chez 9 patientes sur 107, Aucun cas de perforation utérine ou de grossesse extra-utérine n’a été rapporté. Le profil de tolérance de MIRENA dans les autres études a été similaire à celui observé dans les 4 premières études. - tolérance dans la littérature Deux études observationnelles réalisées chez 445 femmes sous MIRENA dans l’indication ménorragie [Mac Nab et al. J. Obstet & gynaecol. (2002 ; 22 : 402-405) et 6 Zhou et al. Pharmacoepid & Drug safety (2003 ; 12 : 371-377)] ont confirmé les données issues des études cliniques pour le profil de tolérance, notamment pour la survenue d’événements indésirables à type de douleurs abdominales, douleurs mammaires, céphalée et troubles menstruels. Cinq cas d’expulsion du dispositif intra-utérin et 3 cas de perforation utérine ont été rapportés. Les données de la littérature issues des études dans l’indication contraception ont montré un profil de tolérance de MIRENA similaire, avec notamment, dans une étude, des troubles menstruels à type de spotting chez 12 % des patientes ou d’aménorrhée observée chez 60 % des patientes après 12 ans de traitement, [Anderson et al. Contraception (1994 ; 49 : 56-75)]. - Pharmacovigilance MIRENA est actuellement indiqué dans le traitement des ménorragies fonctionnelles dans plus de 90 pays. Les événements indésirables rapportés ont été essentiellement des troubles menstruels et des événements indésirables de type androgénique. De rares cas de perforation utérine, dont le nombre n’est pas précisé, ont été signalés. Le taux de notification de grossesse extra-utérine a été de 0,015 pour 100 annéesfemme. Le taux de notification d’accidents thromboemboliques a été de 0,00035 pour 100 années-femme. 3.3. Conclusion Efficacité Dans 9 études cliniques, MIRENA a été comparé d’une part aux traitements médicamenteux non hormonaux (AINS, acide tranexamique) et à la noréthistérone per os, et d’autre part aux techniques chirurgicales (résection de l’endomètre, hystérectomie). Par rapport aux traitements médicaux non hormonaux, MIRENA a été significativement plus efficace sur le volume des pertes sanguines que l’acide tranexamique ou le flurbiprofène. Par rapport aux traitements médicaux hormonaux, dans la seule étude disponible, il n’y a pas eu de différence significative entre MIRENA et la noréthistérone par voie orale sur la réduction des pertes sanguines menstruelles. Par rapport aux techniques chirurgicales, MIRENA a été significativement moins efficace sur le volume des pertes sanguines que la résection de l’endomètre dans les 3 études figurant dans le dossier. Tolérance Les événements indésirables les plus fréquents ont été des signes d’hyperandrogénie, essentiellement de l’acné, et des tensions mammaires. Des troubles menstruels à type de spotting ou d’aménorrhée ont également été fréquemment rapportés. Quelques cas d’expulsion du dispositif intra-utérin et de rares cas de perforation utérine ont été notés. 7 4. CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DE LA TRANSPARENCE 4.1. Service médical rendu dans l’indication ménorragies fonctionnelles Les ménorragies fonctionnelles peuvent évoluer vers une dégradation marquée de la qualité de vie. Le rapport efficacité / événements indésirables de cette spécialité est moyen. MIRENA est un médicament de première intention, au même titre que les traitements hormonaux, particulièrement chez les femmes qui désirent une contraception et souffrent de ménorragies fonctionnelles. Il existe de nombreuses alternatives médicamenteuses et non médicamenteuses. En termes de santé publique : - bien que la prévalence des ménorragies fonctionnelles soit élevée, celles-ci sont généralement de faible gravité. Le fardeau de la maladie est donc faible. - le besoin thérapeutique est couvert par les alternatives disponibles. - en l’absence d’anémie par saignement, le repérage des patientes est discutable dans la mesure où le diagnostic est subjectif (estimation du volume des pertes sanguines), - il n'y a pas d’effet démontré sur la morbidité à partir des résultats des études cliniques. En conséquence, il n'est pas attendu pour la spécialité MIRENA d’impact de santé publique. Le niveau de service médical rendu par MIRENA est important. 4.2. Amélioration du service médical rendu MIRENA n’apporte pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport à la prise en charge habituelle. MIRENA constitue une alternative, en particulier chez les patientes ayant des ménorragies fonctionnelles et souhaitant une contraception par stérilet. 8 4.3. Place dans la stratégie thérapeutique Le diagnostic de ménorragie fonctionnelle doit être posé après un bilan étiologique éliminant toute anomalie organique. Le choix du traitement doit alors tenir compte du désir de grossesse ou de la demande de contraception. Deux types de traitements médicamenteux peuvent être proposés en première intention : Les traitements non hormonaux : certains AINS (acide méfénamique), l’acide tranexamique diminuent le volume des ménorragies. Les traitements hormonaux : certains estroprogestatifs associent les 2 indications contraception et ménorragie fonctionnelle. Certains progestatifs administrés pendant la phase lutéale sont aussi utilisés. Ils n’ont pas d’indication « officielle » contraceptive. La résection endométriale chirurgicale (laser, anse diathermique, ballonnet) est proposée pour le traitement de la ménorragie. En dernier recours, si aucune thérapeutique n’est satisfaisante (persistance des saignements et anémie), une hystérectomie peut être envisagée. D’après les experts, MIRENA a une place dans la stratégie thérapeutique chez la femme non nullipare, ayant des ménorragies fonctionnelles et particulièrement chez la femme désirant une contraception, après 35/40 ans. A noter que les concentrations sériques de lévonorgestrel avec MIRENA sont inférieures à celles obtenues après administration de lévonorgestrel par voie orale. 4.4. Population cible D’après la littérature, les troubles hémorragiques du cycle (ménorragies et métrorragies) touchent 20 à 25 % des femmes entre 40 et 50 ans. Un tiers de ces troubles correspondraient à des hémorragies fonctionnelles [Raudrant et al. La lettre du gynécologue (2003 ; 281 : 14 – 18)]. Sur ces bases, en ne tenant compte que des ménorragies, un maximum de 250 000 femmes est susceptible de bénéficier d’un dispositif intra-utérin au lévonorgestrel. 4.5. Recommandations de la Commission de la Transparence Avis favorable à l’inscription de MIRENA sur la liste des spécialités remboursables aux assurés sociaux et sur la liste des médicaments agréés à l’usage des collectivités et divers services publics, dans l’extension d’indication. 4.5.2 Taux de remboursement : 65 % 9