dans le traitement du syndrome de l`intestin irritable à prédominance
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dans le traitement du syndrome de l`intestin irritable à prédominance
Notes sur les technologies de la santé en émergence numéro 11 oct 2000 LotronexMC dans le traitement du syndrome de l’intestin irritable à prédominance diarrhéique Résumé · Aux États-Unis, la mise sur le marché de LotronexMC a été approuvée en ce qui concerne le traitement du syndrome de l’intestin irritable (SII) chez les femmes dont le symptôme prédominant est la diarrhée. Par contre, le Canada n’a pas encore autorisé la commercialisation du médicament. · Dans la plupart des cas, la prise en charge efficace du SII ne comporte pas l’emploi de médicaments. En effet, les modalités thérapeutiques actuelles de cette affection comprennent des interventions visant à éduquer et à rassurer le malade, et à adapter son régime alimentaire. · Bien que, dans les essais cliniques, les participants traités par LotronexMC aient ressenti un soulagement de certains symptômes, une très grande proportion des participants sous placebo font également état d’une amélioration. · Aux États-Unis, des malades traités par LotronexMC ont éprouvé des effets indésirables graves, notamment des complications dues à la constipation, la colite ischémique ou des troubles hépatiques nécessitant une intervention chirurgicale. La technologie LotronexMC (chlorhydrate d’alosétron), antagoniste sélectif des récepteurs sérotoninergiques à administration orale, est le premier agent d’une nouvelle classe de médicaments destinés à la prise en charge de la myriade de symptômes que constitue le syndrome de l’intestin irritable (SII)1,2. Mis au point par Glaxo Wellcome Inc. (Research Triangle Park en Caroline du Nord) et commercialisé sous la marque de commerce LotronexMC, l’alosétron est précisément conçu pour le traitement palliatif des femmes atteintes du SII à prédominance diarrhéique3,4. Stade de la réglementation Le 9 février 2000, le Centre for Drug Evaluation and Research de la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis a approuvé LotronexMC dans le traitement palliatif des femmes souffrant du SII à prédominance diarrhéique4,5. Le médicament ferait son entrée sur le marché au Royaume-Uni d’ici la fin de 20006. Au 12 septembre 2000, le Canada n’avait pas encore autorisé son utilisation7. Toutefois, Glaxo Wellcome Inc. a annoncé, le 29 juillet 2000, qu’elle a présenté à Santé Canada une demande d’examen et d’approbation prioritaires en vue de commercialiser le médicament8. Groupe cible Le SII est un trouble fonctionnel tenace, d’étiologie inconnue, difficile à diagnostiquer et dont les symptômes sont récurrents. Ceux-ci, nombreux, englobent la douleur abdominale, la perturbation des fonctions intestinales, marquée soit par une diarrhée, soit par une constipation ou encore l’alternance de ces deux symptômes, le ballonnement abdominal et la distension, comme le précisent les critères Manning ou Rome9. Un Canadien sur cinq souffre d’une affection gastro-intestinale chronique10 et le SII représente le trouble le plus fréquent en gastroentérologie11. Une étude canadienne est en cours afin de déterminer le nombre de personnes atteintes du SII, la nature des L’Office canadien de coordination de l’évaluation des technologies de la santé est un organisme sans but lucratif financé par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. ressources nécessaires pour traiter ce syndrome et son incidence sur la qualité de vie des malades12. Selon la population étudiée et les critères diagnostiques utilisés, le nombre de personnes souffrant du SII varierait de 10 % à 22 % de la population des pays occidentaux (à savoir des femmes dans une proportion allant de 14 % à 25 % et des hommes dans 5 % à 19 % des cas)9,13. En règle générale, les premiers symptômes du SSI se manifestent après l’âge de 30 ans et avant l’âge de 50 ans, et leur prévalence diminue chez les personnes âgées de 60 ans ou plus9,13. L’utilisation de LotronexMC est contre-indiquée chez les femmes accusant de la constipation ou d’autres troubles intestinaux3. Étant donné que le SII est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes et que le symptôme prédominant chez un grand nombre de ces femmes est la diarrhée, le groupe cible de LotronexMC dans son indication autorisée est assez vaste9,14. L’efficacité et l’innocuité de Lotronex chez les hommes et les enfants n’ont pas été établies3. En outre, comme nous ne savons pas si le médicament ou ses métabolites diffusent dans le lait maternel, une mise en garde s’impose quant à son utilisation chez les femmes enceintes ou qui allaitent3. MC Traitements actuels La plupart des malades souffrant de SII ne nécessitent pas de traitement médicamenteux13. Dans les essais cliniques, le soulagement des symptômes dans les groupes sous placebo se manifeste dans une proportion variant de 0 % à 84 %, dont la moyenne, soit 47 %, est supérieure à l’efficacité de n’importe quel médicament15. La prise en charge actuelle du SII consiste à aider le malade à composer avec les symptômes de l’affection, à optimiser son mode de vie social et sa qualité de vie13. Pour ce faire, les interventions visent à éduquer et à rassurer le malade, à adapter son régime alimentaire et à l’inciter à tenir un journal afin de cerner les facteurs de stress provoquant l’aggravation des symptômes du SII9,13. Des malades peuvent bénéficier de certaines formes de psychothérapie, telles la thérapie cognitivocomportementale, l’hypnose, la relaxation, la psychothérapie et la gestion du stress, malgré que l’efficacité de ces démarches reste indéterminée en raison des lacunes méthodologiques qui caractérisent pour la plupart la documentation publiée dans ce domaine16. Même si des médicaments particuliers amènent un soulagement de certains symptômes, aucune donnée probante ne vient confirmer l’efficacité d’un médicament précis dans le traitement du SII dans l’ensemble13,17. Environ 30 % des malades consultent un médecin de premier recours, qui, dans moins de 30 % de ces cas, s’en remet à un spécialiste13. Quoique le SII ne soit pas une maladie qui mette la vie en danger, la difficulté que pose son diagnostic et l’absence de traitements médicamenteux efficaces en font une affection dont les coûts sur les plans médical et social sont élevés18. Dose et coût potentiel LotronexMC, renfermant 1,124 mg de chlorhydrate d’alosétron, se vend en flacons de 60 ou 120 comprimés pelliculés3. La posologie pour adulte est d’un comprimé de 1 mg en administration orale deux fois par jour3. En termes de nombre de jours, l’absentéisme attribuable au SII est de trois fois supérieur à celui causé par d’autres motifs19. Par comparaison avec d’autres affections chroniques, les coûts moyens mensuels liés au diagnostic et au traitement du SII s’élèvent à 629 $US par malade, par rapport à 598 $US pour ce qui est de l’asthme, par exemple20. Selon un auteur, le coût du traitement par LotronexMC correspond à 4,76 $US par jour21. Activités dans le domaine Des essais cliniques de phase III sont en cours afin d’étudier d’autres médicaments agissant sur les récepteurs de la sérotonine. D’autre part, certains essais de phase III portent sur d’autres stratégies pharmacologiques dans le traitement du SII, dont Darfénacine (Pfizer), antagoniste muscarinique M3 ; Dexloxiglumide (Rotta), antagoniste de la cholécystokinine-4 ; et la fédotozine (Jouveinal, Glaxo Wellcome, Warner Lambert), agoniste des récepteurs opioïdes kappa22. L’Office canadien de coordination de l’évaluation des technologies de la santé est un organisme sans but lucratif financé par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Évaluation des données Dans quatre essais cliniques multicentriques, randomisés et à double insu, auxquels ont participé des malades souffrant de SII, les chercheurs ont évalué l’efficacité et l’innocuité de LotronexMC 23-26. L’évaluation des traitements médicamenteux du SII se complique du fait que le placebo provoque un taux de réponse très élevé, allant de 0 % à 84 %15. Selon des études multinationales d’évaluation de dosage, contrôlées contre placebo, LotronexMC, à raison de 1 ou 2 mg deux fois par jour, procure le soulagement de certains symptômes par rapport au placebo23,24. Dans l’une d’elles, 63 % des femmes traitées par LotronexMC à la dose de 2 mg font mention du soulagement de la douleur abdominale à la suite d’une période de traitement de 12 semaines. Toutefois, l’effet du placebo est de grande ampleur, car 51 % des malades de ce groupe indiquent que la douleur abdominale a diminué. Même si les écarts sont significatifs du point de vue statistique, leur portée clinique pourrait ne pas être du même ordre. Aux États-Unis, l’approbation de LotronexMC est fondée sur les résultats de deux essais cliniques à double insu et contrôlés contre placebo. Dans les deux cas, le médicament est plus efficace que le placebo s’agissant du soulagement de la douleur due au SII et de la diminution du nombre de jours où les malades sont aux prises avec des envies pressantes. À la 12e semaine de la seconde étude, 56 % des malades traités par LotronexMC mentionnent ressentir un soulagement satisfaisant de la douleur et de la gêne par rapport à 47 % des malades sous placebo (p<0,05). Les malades disent jouir des effets bénéfiques du médicament pendant toute la période de traitement, mais les symptômes du SII resurgissent dès la fin du traitement25. Une étude multicentrique compare l’efficacité de LotronexMC et celle de la mébévérine, relaxant des muscles lisses26. À la 12e semaine, 58 % des malades traités par LotronexMC se disent soulagés de la douleur par rapport à 48 % des malades du groupe de la mébévérine (p<0,05). L’amélioration de l’état des malades due à LotronexMC se maintient pendant toute la durée du traitement, mais les symptômes du SII réapparaissent dans la semaine qui suit la fin du traitement26. Bien qu’un certain nombre d’essais cliniques aient porté sur l’étude de médicaments destinés au traitement de la diarrhée et de la douleur, la plupart d’entre eux sont marqués par des lacunes méthodologiques rendant difficile la détermination de l’efficacité relative de ces médicaments et de LotronexMC. En outre, il serait sans doute utile de procéder à des essais cliniques randomisés et contrôlés afin de comparer LotronexMC et le lopéramide. Effets indésirables Depuis l’approbation de LotronexMC aux États-Unis, des malades de ce pays ont éprouvé des effets indésirables graves par suite de la prise du médicament, notamment des complications dues à la constipation, la colite ischémique ou des troubles hépatiques nécessitant une intervention chirurgicale. La colite ischémique attribuable à LotronexMC représente un nouveau type de colite ischémique non thrombotique dont les symtômes comprennent la douleur abdominale, la diarrhée, la diarrhée sanglante et le saignement rectal. Huit malades souffrant de ce syndrome ont été hospitalisés, dont quatre ayant dû se soumettre à une endoscopie diagnostique en clinique externe. L’arrêt immédiat de LotronexMC chez les malades présentant une colite ischémique associée à ce médicament a permis le retour à l’état normal sans séquelles graves. Il est tout de même nécessaire de procéder à un suivi au long cours de ces malades pour dépister la survenue différée d’une sténose du côlon ou de la formation d’un rétrécissement. D’aucuns sont d’avis que certains effets indésirables découlent de l’utilisation de LotronexMC chez des malades souffrant de constipation. Il appert en fin de compte que plusieurs malades manifestant de la douleur abdominale et de la diarrhée sanglante souffraient de fait de la maladie intestinale inflammatoire4. Au 31 mai 2000, on dénombre 130 000 ordonnances de LotronexMC aux États-Unis et le Système de pharmacovigilance a reçu des comptes rendus à propos de 12 effets indésirables graves touchant le tractus gastrointestinal. L’incidence des réactions adverses depuis la mise sur le marché équivaut à près d’un effet grave par 11 000 ordonnances. L’Office canadien de coordination de l’évaluation des technologies de la santé est un organisme sans but lucratif financé par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Des représentants de la FDA ont rencontré les membres du Gastrointestinal Drugs Advisory Committee afin d’examiner le rapport avantagesrisques de LotronexMC. Ils ont par la suite convenu de ne pas retirer le médicament du marché, puisqu’il est sûr et efficace dans son indication autorisée. Par ailleurs, l’organisme met sur pied un programme de gestion des risques comportant l’élaboration de documentation éducative à l’intention des malades, pharmaciens et médecins. Il devra probablement évaluer ces interventions de gestion des risques afin de déterminer si elles produisent l’effet voulu et permettent d’obtenir les résultats cliniques escomptés4,27. Advenant que les objectifs de gestion des risques ne soient pas atteints, la FDA pourrait se voir dans l’obligation de limiter la diffusion du médicament aux médecins qui connaissent le mieux le SII ou de retirer le médicament du marché4. Questions d’implantation Dans les essais cliniques sur LotronexMC, l’état d’environ 40 % des femmes souffrant de SII à prédominance diarrhéique ne s’est pas amélioré. D’autre part, de 40 % à 50 % des femmes ont vu leur état s’améliorer sans traitement. Par conséquent, de nombreux malades dont l’état s’améliore pendant le traitement par LotronexMC obtiendraient probablement le même résultat de façon naturelle. Tout en étant exposés aux risques que comporte l’utilisation de LotronexMC sans véritablement profiter des effets bénéfiques, ils seront tout de même enclins à continuer de prendre le médicament, convaincus que le soulagement de leurs symptômes est dû au traitement. L’apparition de nouveaux médicaments ne devrait pas faire oublier le fait que le traitement efficace de la plupart des cas de SII ne repose pas sur la prise de médicaments13. Dans un contexte où le diagnostic du SII relève plus de la déduction que de la certitude, la possibilité demeure que des malades atteints de lésions au côlon sans rapport avec le SII soient traités de façon inappropriée ou retardée. Afin de réduire le nombre d’effets indésirables découlant d’un traitement choisi en se fondant sur un diagnostic erroné, il importe d’évaluer soigneusement le malade pour optimiser le traitement et faire en sorte que les avantages l’emportent sur les risques4. Références 1. Farthing MJG. Irritable bowel syndrome: new pharmaceutical approaches to treatment. Baillière’s Clin Gastroenterol 1999;13(3): 461-71. 2. New drugs for irritable bowel syndrome [New and emerging technology briefing]. Birmingham (UK): National Horizon Scanning Centre, University of Birmingham; 1999. 3. Lotronex™ (alosetron hydrochloride) tablets [product monograph]. Research Triangle Park (NC): Glaxo Wellcome; 2000. Available: http://www.fda.gov/cder/foi/label/ 2000/21107lbl.pdf. 4. Gastrointestinal Drugs Advisory Committe, Food and Drug Administration. Overview and risk-management issues for Lotronex™ tablets. Rockville (MD): The Administration; 2000. 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Des exemplaires additionnels peuvent être obtenus par adresse électronique auprès de l’OCCETS: [email protected] ou à partir de notre site Web : http://www.ccohta.ca ISSN 1488-6324 Numéro de la convention de poste-publications 1633228 L’Office canadien de coordination de l’évaluation des technologies de la santé est un organisme sans but lucratif financé par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.