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LE RAIL - NOVEMBRE/DÉCEMBDRE 2015 - N°221-222 - SUPPLÉMENT NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2 0 1 5 N°221-222 LE MAGAZINE INTERNATIONAL DE L’ACTUALITÉ FERROVIAIRE • THE INTERNATIONAL RAIL NEWS MAGAZINE ICx: le nouveau train Intercités de Siemens éditorial n°221-222 novembre/décembre 2015 Editorial Siemens renforce son ancrage industriel en France . . . . . . . . . . 2 Dossier Pilotage automatique: du métro au chemin de fer . . . . . . . . . . . . . 3 Interview Les véritables atouts de Siemens. . . . . . . . . 7 Actualité Les nouvelles rames e320 d’Eurostar . . . . . 8 «Eurostar a révolutionné les voyages». . . . . . . 10 Railjet: le train emblématique des ÖBB. . . . . . . . . . 11 ICx: le nouveau train Intercités de Siemens. . . . . . . . 14 Rédaction 67 rue Danton 92300 Levallois-Perret (FRANCE) Tél.: 33 (0)1 80 82 50 40 Fax: 33 (0)1 80 82 50 47 Directeur de la publication Rédacteur en chef Christian SCASSO Impression Imprimerie Friedling Graphique R.C. Nanterre 343 429 171 Dépôt légal décembre 2015 Commission paritaire 0218 T 82799 ISSN O989 - 8220 Supplément au numéro 221-222 Le Rail Siemens renforce son ancrage industriel en France F ORT des trois leviers pour une croissance durable et profitable que sont l’électrification, l’automatisation et la digitalisation, Siemens s’engage résolument aux côtés de ses clients dans la relève des grands défis énergétiques et environnementaux de notre siècle. La nouvelle signature de Siemens, Ingenuity for life, i.e. L’ingéniosité au service de la vie, résume ce que l’entreprise représente depuis les premières inventions de son fondateur: compétence technique, génie, innovation et sens des responsabilités. Comme le rappelle Joe Kaeser, président du Directoire de Siemens: «L’ingéniosité est synonyme de compétence technique, d'esprit d'entreprise, de capacité d'innovation et de volonté de donner tous les jours le meilleur de soi pour la société. “Au service de la vie” signifie que nous créons de la valeur à long terme pour chacun de nous – client, employé et citoyen – ainsi que pour la société dans son ensemble». Cette détermination repose notamment sur une politique industrielle volontariste, articulée autour de centres de compétences implantés partout dans le monde. Rien qu’en France, Siemens compte sept sites industriels et onze centres de recherche & développement dont huit à responsabilité mondiale. Cet ancrage fort dans notre pays est l’illustration de notre engagement actif dans 2 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • N°221-222 • LE RAIL des filières qui sont stratégiques pour l’industrie française. Il l’est aussi de notre souci de proximité avec nos clients. Dans le domaine des transports, le Groupe a confirmé le rôle de la France comme centre de compétences mondial pour les automatismes et pour les métros automatiques. Basé en Ile-deFrance, celui-ci intervient sur les projets de métros les plus complexes, de Paris à New York en passant par Hong Kong et Riyad. Plus récemment, c’est le choix de Toulouse comme siège mondial de notre activité de métros automatiques Val qui illustre notre volonté de développer cette activité en France, au cœur d’une métropole connue pour son dynamisme et son orientation vers les nouvelles technologies. Ce choix illustre également la grande proximité que le Groupe entretient avec ses 9 000 fournisseurs français, auprès desquels il achète pour près de 2 milliards €. C’est par de tels actes très concrets que Siemens affirme sa volonté d’accompagner les pouvoirs publics dans la modernisation du système ferroviaire français, de contribuer significativement au développement des transports publics et ainsi de soutenir et redynamiser la filière industrielle ferroviaire de notre pays. Christophe de Maistre I Président de Siemens France © DR S IE ME NS En 1989, la RATP lance le projet Meteor, l’actuelle ligne 14, en adoptant l’automatisme intégral fourni par Matra/Siemens. En octobre 2014, la RATP choisit à nouveau le Système d’Automatisation de l’Exploitation des Trains (SAET) de Siemens dans le cadre du prolongement de la ligne 14, première étape de la réalisation du Grand Paris Ils sont devenus des véhicules quotidiens presque ordinaires pour des millions de citadins: les métros automatiques n’étonnent désormais plus grand monde et les perfectionnements proposés par l’industrie de la signalisation visent à augmenter encore les capacités d’exploitation et de maintenance. L’autre défi est aujourd’hui de transposer – au moins en partie – les systèmes développés pour des lignes de métro autarciques à des réseaux ferroviaires par définition plus ouverts. L ORSQU’EN 1971, Matra commence les premiers essais d’un système de transport automatique de voyageurs en milieu urbain, la démarche est alors jugée exploratoire. Elle intéresse toutefois le maire de Lille, Arthur Notebart, qui adopte le principe pour développer un métro urbain à gabarit réduit. En 1983, le VAL – Véhicule Automatique Léger chez Matra ou Villeneuve d’Ascq-Lille pour les Lillois – devient ainsi le premier métro automatique sans conducteurs à être mis en service. 30 ans d’expérience dans l’urbain Dès les années 1950, la RATP avait expérimenté une conduite programmée des trains par tapis magnétique mais avec maintien du conducteur. Ce système s’est quasiment généralisé sur le réseau parisien (sauf sur les lignes 3 bis, 7 bis et 10) dans les années 1960 et 1970, à la faveur de la modernisation du matériel roulant et du nouveau mode d’exploitation, avec la suppression de la fonction de chef de train. Au cours des années suivantes, l’automatisme progresse: le VAL est également retenu à Toulouse et Rennes, ainsi que pour la desserte de l’aéroport d’Orly puis pour les navettes internes à l’aéroport de Roissy, après l’échec du système SK. Le VAL connaît également des succès à l’étranger: pour l’aéroport de Chicago et à Jacksonville, aux Etats-Unis. Il faudra toutefois attendre que le VAL circule à Taipei puis à Turin et enfin sur la première ligne coréenne d’Uijeongbu, ouverte en 2012, pour que le succès se confirme à l’export. En 1989, la RATP lance le projet Meteor, l’actuelle ligne 14 du réseau parisien, marquant l’arrivée de l’automatisme intégral dans la capitale, en adoptant la solution de Matra/Siemens. L’automatisme sur une ligne de métro est également le vecteur d’un nouveau projet de service, bien au-delà de la seule mise en mouvement de véhi- LE RAIL • N°221-222 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • 3 S IEMENS © DR Le consortium formé par Siemens (chef de file) et Invensys a remporté le marché portant sur la signalisation de la future ligne de RER Crossrail en cours de construction dans la capitale britannique. Siemens livrera un CBTC type Trainguard MT avec pilotage automatique (automatic train operation, ATO), une commande centralisée Vicos et une communication radio Airlink cules. C’est aussi une nouvelle politique commerciale, dont des composantes importantes sont le positionnement du personnel en station et une évolution majeure de la gestion du trafic. La centralisation de la commande des lignes, incarnée par le poste central du boulevard Bourdon, franchit un cap supplémentaire en apparence antinomique tout d’abord avec la décentralisation des salles de supervision, et d’autre part la valorisation des potentialités offertes par les systèmes d’exploitation. Ainsi, l’augmentation de la capacité de transport par le resserrement de l’intervalle entre les trains, la possibilité d’engager des rames supplémentaires en cas d’affluence exceptionnelle, la gestion de la consommation énergétique par la définition de marches économiques et la synchronisation des départs et arrivées, la capacité à anticiper la maintenance des rames par les remontées d’incidents en temps réel, sont autant de fonctionnalités modernisant de manière radicale l’exploitation d’un métro. A cela il faut ajouter la mise en place de portes de quais qui contribue significativement à la régularité de l’exploitation, la sécurité et la fluidité des échanges en stations. Grand Paris et modernisation de réseaux: deux marchés En France, le marché des métros automatiques connaît une période de croissance. Tout le monde du métro automatique est évidemment focalisé sur le projet de la Société du Grand Paris, du fait de l’ampleur du réseau projeté et du lancement des nouvelles lignes 15, 16 et 17. Siemens peut, sans aucun doute, y jouer un rôle décisif avec ses solutions d’automatisme CBTC. La deuxième ligne de métro de Rennes constitue également un projet phare pour Siemens. Actuellement en travaux, elle recevra le système Cityval, nouvelle génération de la famille VAL. A Toulouse, l’augmentation de capacité de la ligne A passe par la modernisation du système d’exploitation du VAL, l’arrivée de nouvelles rames et l’allongement des stations. Le maire de Toulouse a par ailleurs affiché clairement son souhait d’une troisième ligne. Lyon et Marseille étudient de près l’automatisation de leurs lignes existantes dans le cadre du renouvellement des rames et de l’amélioration de l’offre de transport. A Paris, après la ligne 1, la RATP s’engage sur l’automatisation de la ligne 4. Sur les lignes existantes, l’enjeu est de réussir l’introduction d’une technologie de pointe de type CBTC sur des infrastructures parfois anciennes, en interface avec des matériels préexistants, à travers de complexes travaux de renouvellement de systèmes de signalisation parvenus parfois en limite d’obsolescence et ceci, sans perturbation de l’exploitation. Paris a déjà ainsi introduit un système CBTC (Octys) sur trois lignes de métro traditionnelles, 4 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • N°221-222 • LE RAIL dans deux versions différentes: sur la ligne 3 (Pont de Levallois-Bagnolet Gallieni), la signalisation latérale reste active et est gérée par des circuits de voie, tandis que sur les lignes 5 (Place d’Italie-Bobigny) et 9 (Pont de Sèvres-Mairie de Montreuil), elle sera effacée et les trains seront espacés en fonction de leur vitesse et de leur localisation par radio. Le nouveau système d’exploitation est implémenté sur des rames existantes MF67 de 1968 sur la ligne 3 et des rames MF01 de 2011-2015 sur les lignes 5 et 9. Sur ces deux lignes, l’intervalle pourra être abaissé à 1 min 30 au lieu de 1 min 45 actuellement. Siemens est un acteur majeur dans le projet parisien Octys, avec la fourniture de la liaison sol-bord sur les trois lignes concernées aujourd’hui par le projet (3, 5 et 9), des équipements embarqués sur la ligne 3 et des équipements au sol sur les lignes 5 et 9. Ainsi, l’automatisme n’est plus l’apanage des seules lignes nouvelles et n’est plus uniquement fondé sur une exploitation sans conducteurs. Ceci offre de nouveaux débouchés à condition de pouvoir moduler les outils en fonction des besoins selon les trois niveaux traditionnels que sont la protection des circulations, la régulation du trafic et la conduite opérationnelle des trains. L’automatisme doit également gérer sa propre migration et le traitement de ses obsolescences. Dépendant de techniques informatiques à l’évolution rapide, le produit commence à être confronté à ses propres renouvellements. Ainsi, par exemple, dans le cas du prolongement de la ligne 14 à Paris, plus de 20 ans séparera la mise en service du nouveau tronçon de celle du tronçon initial. Le traitement des obsolescences devra garantir le niveau de sécurité maximal qui fait l’une des grandes qualités du pilotage automatique intégral. A Lyon, l'augmentation de capacité sur la ligne D met indirectement sur la table la question du renouvellement du système de pilotage Maggaly ou du décalage de cette opération sans retarder l’apport de places supplémentaires. Ainsi, l’évolution du marché des automatismes d’exploitation n’est plus uniquement liée à la création de nouvelles lignes mais concerne aussi la modernisation de réseaux anciens. Le succès de l’opération parisienne sur la ligne 1 a conforté cette orientation… et le positionnement de Siemens comme acteur de référence dans le domaine. Automatismes et dessertes ferroviaires suburbaines Autre domaine dans lequel les automatismes pénètrent désormais: les dessertes ferroviaires suburbaines (par exemple, de type RER). L’objectif est semblable: augmenter la capacité de transport à la faveur de nouveaux projets ou de renouvellement d’équipements. Les applications sont par définition différentes, puisqu’il s’agit pour l’es- © DR S IE ME NS Mis en service en 1993, le métro de Toulouse comprend deux lignes en site propre d’une longueur totale de 28,2 km et 37 stations, entièrement automatique. En novembre 2015, Siemens décide d’installer dans cette ville son siège mondial des activités de métro automatique VAL sentiel de lignes ouvertes à tous trafics et non de navettes autonomes. Etant donné que la spécialisation des infrastructures reste la base d’une exploitation de banlieue performante (en la dissociant des liaisons longue distance), il devient possible, au moins sur certaines sections, de recourir à des outils spécifiques, déclinés de ceux du transport urbain qui se sont révélés avantgardistes en matière de transport public, pour en améliorer les performances. Les besoins portent à la fois sur les fonctions ATP (protection automatique des trains) et ATS (supervision du trafic), ainsi que, ponctuellement, sur la fonction “suprême” ATO (conduite automatique). La réflexion sur l’introduction du CBTC dans le domaine ferroviaire part du constat des limites de ce que peut proposer l’ETCS de niveau 2 sur les lignes de banlieue des grandes métropoles, principalement en raison du palier de progression insuffisant qu’il représente par rapport à la situation existante. Le niveau 3 étant encore à l’état de réflexion, les projets actuels de lignes de RER ou assimilées ont besoin, à court terme, d’une solution d’exploitation fiable et compatible avec des objectifs de haut débit, sans pour autant que soit pénalisée la performance du service. Autrement dit, il s’agit de rompre avec l’équation selon laquelle une augmentation du nombre de trains implique soit un nombre accru de voies (de plus en plus difficiles à insérer dans des tissus urbains sans cesse plus denses et de plus en plus onéreuses), soit de ralentir les convois pour les rapprocher les uns des autres. Deux projets européens, tous deux situés dans une grande capitale, misent déjà sur le CBTC pour concilier fortes cadences et vitesse d’exploitation élevée: Londres avec Crossrail, la ligne de type RER est-ouest, et Paris avec EOLE, prolongement du RER E, de Haussmann Saint-Lazare vers Mantes-la-Jolie. Point commun à ces deux projets: la cohabitation entre une section centrale “haute performance” et des branches, de part et d’autre, exploités de manière conventionnelle aujourd'hui et en ETCS niveau 1 ou 2 dans un futur plus ou moins proche. La technologie CBTC sera utilisée sur la section centrale de ces deux projets, celle qui concentre un maximum de trains avec un besoin de débit (24 à 28 trains par heure et par sens), de vitesse (100 à 120 km/h) et de fiabilité. Le CBTC n’équipant qu’une partie de ces projets, la présence humaine est indispensable à l’exploitation. En zone de pilotage automatique, elle assurera le niveau maximal de sécurité, l’agent de conduite pouvant à tout moment reprendre la main sur l’automatisme. Sur EOLE, le conducteur sera en outre chargé du service voyageurs (commande de la fermeture des portes et autorisation de départ), à l’image de la conduite programmée du métro. Pour l’instant, le recours au CBTC se limite, à Londres, au seul projet Crossrail, puisque l’autre grand chantier, la modernisation de Thameslink, adopte l’ETCS de niveau 2 pour 22 trains par heure et par sens. A contrario, à Paris, le projet NExTEO, aujourd’hui développé pour la section Nanterre-Rosa Parks de la ligne E du RER, ouvre la porte à d’autres applications sur le réseau ferroviaire francilien. EOLE serait donc la première application d'un produit ayant vocation à être décliné sur d'autres sections critiques, à commencer par la ligne D. Entre Crossrail et EOLE, il exis- te toutefois une autre différence assez sensible. Sur EOLE, la signalisation classique sera maintenue et ne sera effacée par le “Nouveau système d'Exploitation des Trains pour EOLE” (système de type CBTC appelé NExTEO) que sous couvert de validation de la liaison sol-bord à chaque passage de trains. La dualité d’équipement est d’autant plus nécessaire que la section souterraine nouvelle, entre Paris et Nanterre, sera mise en service commercial avant l’autorisation d’exploitation de NExTEO. La première phase du prolongement du RER E, de Haussmann Saint-Lazare à Nanterre, s’effectuera en exploitation classique. En outre, tous les trains ne seront pas équipés puisque pour l’instant, le sort des rames MI2N actuelles n’est pas tranché par le STIF. Cependant, l’autorité organisatrice a acté la préconisation de la SNCF de ne pas les équiper de NExTEO, pour limiter les coûts de développement. Les dernières clarifications devraient coïncider avec la concrétisation du projet de nouveau matériel RERng dont le troisième appel d’offres est en cours. En revanche, sur Crossrail, l’exploitation de cette ligne nouvelle est prévue uni- LE RAIL • N°221-222 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • 5 S IEMENS Le futur métro automatique du Grand Paris Express pourrait fort bien trouver dans la technologie CBTC développée par Siemens, une solution adéquate aux besoins de fréquence et de fiabilité quement avec le CBTC fourni par Siemens. La mise en service de la ligne est donc liée à la validation de l’exploitation du matériel et du système de signalisation. Sur EOLE, les deux calendriers sont distincts. Le recours au CBTC sur les lignes de chemin de fer est d’une toute autre nature que celle d’un métro fonctionnant en vase clos, puisqu’il est destiné à se trouver en interface avec les systèmes de signalisation et de régulation du trafic des réseaux historiques. Pour EOLE, comme pour Crossrail, les trois niveaux d’exploitation du système sont utilisés: supervision, régulation et conduite. Tout l’enjeu réside ici dans la capacité d’intégrer un CBTC comme un composant d’un poste de commandement d’une ligne dans sa globalité, ellemême intégrée à un réseau plus vaste. Le centre de commandement d’EOLE devra superviser l’exploitation d’un périmètre s’étendant de Chelles et Tournan, à l’est, jusqu’à Mantes-laJolie, à l’ouest, parcouru par le RER E mais aussi par les liaisons Intercités et TER vers la Normandie et la Champagne, les flux issus de la LGV Est et les courants de fret gravitant autour de Paris par la Grande Ceinture. La coordination avec le projet de centralisation de la commande du réseau et donc le renouvellement des postes d’aiguillages, apparaissent comme un élément clé de la réussite de la mise en service de NExTEO sur EOLE. 6 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • N°221-222 • LE RAIL Grande vitesse et automatisme: un nouvel horizon? Reste enfin une question: peut-on envisager l’application d’un CBTC sur une ligne à grande vitesse? En ligne de mire, la capacité de la LGV Sud-Est entre Paris et Lyon pour retarder l’horizon de pertinence d’une nouvelle infrastructure. L’argument principal de la nouvelle ligne POCL étant la saturation de la Ligne Nouvelle n°1 existante (LN1, Paris-Lyon), si la capacité de celle-ci était augmentée avec un haut niveau de fiabilité et de sécurité au-delà des 13 sillons théoriquement possibles chaque heure (dont 11 consommés sur l’heure la plus chargée), augmenter la capaci- té de la première ligne à grande vitesse d’Europe serait une alternative pertinente à moyen terme. La démarche engagée voici plus de deux ans par RFF/SNCF Réseau, s’est pour l’instant donnée comme priorité les bénéfices potentiels de l’introduction de l’ETCS de niveau 2, avec comme objectif d’être au moins aussi performant qu’avec le système TVM430 (Transmission Voie Machine) employé depuis la Ligne Nouvelle n°3 (LN3, Paris-Lille). Pour repousser ces limites, l’automatisation de la conduite sur LGV pourrait être le défi à relever au cours de la prochaine décennie. T Romain Dulez S IE ME NS Le Rail - Siemens est aujourd’hui le troisième constructeur ferroviaire au monde avec une offre qui couvre toute la gamme des produits et services dans ce domaine. Quel regard portez-vous sur le marché français et peut-on dire qu’il y a un désir de Siemens en France? Eric Cazeaux - Siemens est un acteur connu et reconnu en France, notamment dans le domaine des automatismes et des métros légers sur pneus. Sur ces deux segments de marché au moins, on peut affirmer qu’il y a un désir de Siemens en France. Sur d’autres sujets, la situation est plus compliquée. C’est le cas dans celui du matériel roulant où malgré notre proposition d’investir dans une usine de construction ou d’assemblage, nous n’avons pas eu l’impression que cette offre ait reçu un écho favorable. La filiale française de Siemens est notamment spécialisée dans les automatismes. Un produit porteur? A Riyad, sur les deux principales lignes du futur réseau de métro, nous déployons la nouvelle version de la technologie déjà installée sur la ligne 1 de la RATP, version extrêmement riche en capacité. A New York, sur Queens Boulevard Line, il s’agit de l’évolution de la technologie que nous avions déjà fournie à l’occasion d’un précédent contrat d’interchangeabilité. Nous parlons de la même souche que le CBTC Traingard déjà installé par nous dans cette ville avec quelques particularités propres à ce marché. Nous avons là une filiation directe avec la technologie déployée sur la ligne 14 de Paris sur laquelle nous venons de dépasser le milliardième voyageur transporté sans incident. Après la ligne 14, le CBTC a été mis en place sur la Canarsie Line de New York. La première référence en termes d’interopérabilité. Suivie par les commandes obtenues à Barcelone et Alger. La génération suivante est arrivée avec nos contrats remportés à Budapest, São Paulo, Paris ligne 1 et Octys (lignes 3, 5 et 9,), New York (PATH) et pour finir, nous l’espérons, sur la ligne 4 de la RATP et NExTEO. Le marché français est-il mûr en ce qui concerne les automatismes? Je dirai même que c’est LE marché le plus mûr au monde. La maturité des acteurs est très élevée. N’oublions pas que nous avons à Paris, par exemple, deux acteurs majeurs, internationalement connus, que sont la RATP et la SNCF. La réputation de la RATP, sans vouloir flatter le client, est unique au monde. Elle sert d’exemple pour de nombreux opérateurs à l’étranger. On parle beaucoup des projets d’automatisation de lignes de métro à Lyon et Marseille. Des projets que vous suivez de près? Ces projets sont importants pour nous à plusieurs titres: ils s’inscrivent dans le long terme; nous avons fourni à Lyon notre système Maggaly (ligne D) qui est, modestement, le premier train lourd sans conducteur au monde; nous pouvons mettre en place à Marseille des solutions adéquates. Toujours en France, vous suivez sans nul doute le projet de TET. Pensez-vous avoir le matériel adéquat pour répondre au futur appel d’offres? Nous avons franchement des matériels qu’aucun industriel ne possède aujourd’hui. Aucun ne dispose de voitures d’un niveau de qualité et de confort comparable au Railjet que nous produisons notamment pour l’Autriche. Il est adapté à un certain nombre de lignes françaises, en particulier certaines transversales avec des trains de nuit. Et puis, nous avons également l’ICx, une rame articulée, en cours d’essais en Allemagne, qui peut répondre aux besoins du marché français. La DB en a commandé 130 exemplaires dont la mise en service interviendra à partir de 2017. Pour revenir aux produits développés directement en France comme les automatismes, le Val, le Neoval, comment voyez-vous leur développement au cours des prochaines années? Actuellement, nous suivons l’appel d’offres pour l’automatisation de la ligne 4 à Paris, les lignes 15, 16, 17 du Grand Paris et, lorsque © Siemens Les véritables atouts de Siemens Eric Cazeaux Directeur de la Division Mobility de Siemens France NExTEO aura fait la preuve de ses vertus sur la ligne Eole, nous porterons notre attention sur les projets de modernisation des RER D et C parisiens. Ceci en mettant en place de vrais partenariats gagnant-gagnant avec la SNCF et la RATP. Il s’agit d’élaborer une collaboration sur plus de 20 ans. Bien entendu, nous regardons également ce qui se passe à l’international où existe un "appétit" certain pour l’automatisation des réseaux existants et nouveaux. C’est le cas aux Etats-Unis (New York, San Francisco), par exemple, ou au Moyen-Orient. Neoval est-il le produit qui peut s’imposer à l’international? Avant tout, je tiens à dire que je n’ai pas perdu tout espoir sur le Grand Paris. Le Cityval reste un système pertinent pour la ligne 18 car bien adapté à la topologie et à la versatilité dont cette ligne a besoin. Si l’on fait preuve de réalisme, nous savons fort bien qu’il n’y aura pas 30 000 voyageurs/heure/sens vers le plateau de Saclay. Plus tard, peut-être. Il ne faut pas insulter l’avenir et donc mettre en place un système performant aujourd’hui qui le sera encore demain. Siemens a montré qu’il pouvait répondre à ce type de besoin avec des stations ouvertes sur la moitié de leur longueur en attendant une croissance de la demande. Le fait que dans ce cas, l’exploitant se retrouve avec un matériel différent de celui des autres lignes ne serait pas handicapant? Cette différenciation est déjà inscrite dans la démarche du Grand Paris. Il y aura deux types de matériel roulant: un pour la ligne 18 et un autre pour les lignes 15, 16 et 17. Il convient donc de rechercher la solution la plus compétitive pour la collectivité. Le but est que cette ligne coûte le moins cher possible. Nous suivons aussi de près le projet de troisième ligne de métro à Toulouse. En fonction de ce que décidera l’agglomération, le Val sera pertinent ou non. Concernant notre produit Airval, les aéroports semblent sortir de la crise de 2009. Ils retrouvent une certaine croissance de leurs trafics qui justifie la construction de nouveaux terminaux et donc de navettes entre ceux-ci. On constate cette évolution à Los Angeles, Hong Kong, Dubaï, Francfort, etc. Ce marché repart. Rien qu’en Chine, il existe des projets, à l’horizon 2020-2030, de construction d’une centaine d’aéroports. D’autre part, les autorités chinoises s’aperçoivent qu’il faut densifier les réseaux de métro lesquels d’ailleurs ressemblent plus à nos RER. Pour cela, elles envisagent d’opter soit pour des tramways soit pour des métros légers. Le tramway présente pour les villes le défaut d’occuper des espaces de voirie. Les métros légers peuvent par contre être opportunément construits en viaduc. Neoval est dans ce cas bien adapté à ce type de marché. Comme il l’est à d’autres villes en Italie et ailleurs. N’oublions pas non plus le Val, qui de Turin à Toulouse et, peut-être demain à Lille, poursuit sa carrière. Finalement, peut-on dire que vous êtes optimiste, fortement optimise, pour vos activités à partir de la France? Je suis optimiste. Nous sommes sur un segment de marché en développement. Nous répondons à des attentes réelles des populations et nous avons des compétences relativement uniques. Pour répondre à votre première question, plus qu’un désir de Siemens, il existe au niveau de la population mondiale un désir de transport de qualité, performant et compétitif auquel Siemens peut répondre. T Propos recueillis par Christian Scasso LE RAIL • N°221-222 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • 7 S IEMENS © Photos Eurostar Les nouvelles rames e320 d’Eurostar Les dix rames e320 de Siemens commandées en octobre 2010 vont non seulement renforcer les services d’Eurostar mais également offrir une qualité supérieure de confort et de vitesse D’ici la fin de l’année 2015, les premières rames e320 d’Eurostar emmèneront leurs premiers voyageurs entre Paris et Londres et viendront épauler les rames actuelles TMST dont certaines sont en cours de modernisation. L E 7 octobre 2010, Eurostar annonçait la commande de dix nouvelles rames à grande vitesse destinées aux relations Transmanche. Cette commande intervenait à travers un marché signé avec le constructeur allemand Siemens, ce qui mit alors le monde politique français en émoi. Depuis, la situation s’est apaisée et le contrat initial a été complété en novembre 2014 par l’acquisition de sept rames supplémentaires. L’ensemble de ces rames font partie de la famille des trains à très grande vitesse Velaro et constituent la quatrième génération de ce matériel. Suite à la récente fin des essais, les Vela- ro e320 vont bientôt, sillonner quotidiennement la LGV Nord entre Paris et Calais, marquant ainsi une percée significative de Siemens en France. Dans le même temps, les rames Velaro D série 407 de la DB viennent désormais quotidiennement jusqu’à Paris et devraient être prochainement engagées sur les LGV Rhin-Rhône et SudEst sur l’aller-retour FrancfortMarseille, apportant ainsi un peu de variété sur ces lignes jusque-là quasi-exclusivement parcourues par les différentes variantes de TGV. Les caractéristiques techniques Le Velaro e320 d’Eurostar est un matériel de type automotri- 8 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • N°221-222 • LE RAIL ce, capable de circuler à 320 km/h, niveau de vitesse qui a inspiré son nom. Il reprend les principales caractéristiques des autres rames du même type déjà présentes en Allemagne, en Chine, en Espagne, en Russie et en Turquie. Ainsi on retrouve notamment le principe de voitures non articulées, avec un système de motorisation répartie (16 bogies moteurs sur un total de 32), afin d’obtenir un grand coefficient d’adhésion permettant de franchir des rampes pouvant atteindre 40 mm/m. Il s’agit de rames de 16 voitures, d’une longueur totale de 398,92 m, dotées d’une charge à l’essieu limitée à 17 tonnes, capables de circuler sous des températures extérieures variant de -20 à +40°C. Prévues pour assurer des relations internationales entre Londres, Paris et Bruxelles mais aussi, au-delà, vers le sud de la France, les Pays-Bas et l’Allemagne, elles peuvent circuler sous 1 500 et 3 000 V courant continu, ainsi que 25 000 V 50 Hz et pour les dix premières d’entre elles, 15 000 V 16,67 Hz. De ce fait, pas moins de huit systèmes de signalisation cohabitent: ERTMS 1 et 2, ETCS, TVM 430, RPS, TBL, Memor et ATB. Ceci explique en partie le retard d’un an pris dans la livraison du matériel. En effet, d’un point de vue technique, il est compliqué de faire cohabiter S IE ME NS autant d’équipements différents, d’où des essais et un processus d’homologation plus longs que prévu initialement. Par ailleurs, les rames e320 doivent bien évidemment répondre aux normes de sécurité spécifiques en vigueur pour la traversée du tunnel sous la Manche, notamment au niveau de la protection anti-incendie: système d’extinction, portes antifeu, possibilité de rester opérationnel pendant 30 minutes pour pouvoir atteindre la sortie du tunnel et rouler à l’air libre sans encombre, et résistance à un taux d’humidité pouvant atteindre 100% à 25°C à l’intérieur du tunnel. Enfin, les pantographes sont également spécifiques: ils autorisent un grand débattement, la caténaire étant installée à un niveau plus élevé que la normale afin de permettre la circulation des navettes Eurotunnel. bagages, à chaque extrémité, en plus des porte-bagages classiques installés au-dessus des sièges. De plus, chaque voyageur dispose de prises électriques (aux normes anglaises et européennes) et du Wi-Fi gratuit. Au-dessus des sièges, on note également un système d’affichage signalant les places libres, tandis que l’accès aux salles voyageurs se fait via des portes en verre à ouverture automatique sans contact. En classes Business Premier et Standard Premier, les voyageurs bénéficient d’une disposition des sièges en 2+1 au lieu de 2+2, d’accoudoirs individuels, de prises USB, d’une inclinaison de siège plus forte qu’en classe Standard, de miroirs de courtoisie, de liseuses individuelles ainsi que d’une pochette de rangement pour les ordinateurs portables. Les voitures numéros 3 et 14 sont également équipées d’un compartiment de service pour le chef de train, de deux emplacements pour les voyageurs en fauteuil roulant et leurs accompagnateurs et d’un compartiment de trois places dont deux strapontins, pour le personnel de sécurité. Ambiance claire et ouverte de la classe Standard Des aménagements intérieurs soignés Avec la contribution du bureau de design italien Pininfarina, un soin tout particulier a été apporté aux aménagements intérieurs. Tout d’abord, n’ayant pas vocation à circuler sur les lignes classiques du réseau britannique, les caisses de l’e320 sont de grande largeur, ce qui est un avantage appréciable par rapport aux trains Eurostar actuels. En effet, de 1994 à 2007, pour accéder à la gare de Londres Waterloo, les rames TMST devaient s’inscrire dans les normes du gabarit britannique, nettement plus étroit. D’une capacité de 894 voyageurs dont 672 en classe Standard et 220 en classes Business/Standard Premier, ces rames présentent quelques différences notables par rapport à leurs aînées: désormais, les voitures de classe Standard sont au centre de la rame et celles des classes supérieures aux extrémités, les deux voitures bars se retrouvant au milieu du train, dos à dos. Cette disposition, à l’inverse des trains actuels, permet d’éviter la traversée des voitures de 1re classe par les voyageurs de la classe Standard se rendant au bar. Sur les TMST actuels, les Ici, la classe Business et Standard Premier Sur quelles liaisons? Le bar buffet est résolument lumineux voyageurs en classe Standard n’ont pas besoin de traverser les voitures de première classe. Il y a deux bars situés entre les voitures 1re classe et Standard sur chaque demi-rame. Les aménagements Business Premier et Standard Premier sont les mêmes, la différence se situant au niveau des services proposés. Cette disposition identique des sièges permet d’adapter la part affectée en classe Business Premier ou Standard Premier en fonction de la demande. Au niveau des équipements proprement dits, les sièges sont tous inclinables, quelle que soit la classe choisie, mais de facture typiquement germanique, c’est-à-dire à l’assise assez ferme. Chaque voiture possède de grands casiers à Initialement, Eurostar envisageait d’ouvrir de nouvelles liaisons au départ de Londres en direction d’Amsterdam, Cologne, Francfort, Genève et Marseille, les Velaro venant compléter le parc des 28 rames TMST. Grâce à leur capacité de près de 900 places contre 750 pour les rames TMST, les e320 seront utilisées en premier sur la liaison Paris-Londres puis ailleurs également. On peut espérer d’ailleurs voir les rames e320 rejoindre un jour Amsterdam, avec la même contrainte que pour le train de Marseille à Lille en termes de contrôles – solution à l’étude aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, les rames Eurostar TMST actuelles vont devoir supporter la comparaison avec les nouveaux Velaro e320 de Siemens… La première rame Eurostar TMST rénovée est en circulation depuis fin août. T Pierre Bazin LE RAIL • N°221-222 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • 9 S IEMENS Quelles ont été vos demandes et vos contraintes pour cette nouvelle génération de rames Eurostar? Nous souhaitions concrétiser notre nouvel Eurostar à travers cette nouvelle génération de trains. Nos mots d’ordre étaient: innovation, design, connectivité, technologie… Avec un seul objectif: pouvoir offrir à notre clientèle la meilleure expérience de voyage possible. Bien sûr, nous sommes un service transmanche et ce passage dans le tunnel sous la Manche nécessite des rames adaptées. Cela faisait partie de nos contraintes. Autre besoin: des spécifications sur mesure autour de “l’interopérabilité”, c'est-àdire la capacité de nos trains à pouvoir rouler sur le réseau européen à grande vitesse et assurer des liaisons directes entre Londres et toute une série de destinations à travers l'Europe. Sur la base de quels critères avez-vous retenu l’offre de Siemens? Nous avons lancé en 2009 un appel d’offres concurrentiel rigoureux. Après un examen attentif des dossiers, nous avons décidé de passer commande auprès du constructeur Siemens AG. Depuis 20 ans, Eurostar a révolutionné les voyages entre Londres, Paris et Bruxelles. Nos efforts se portent aujourd’hui sur l'expansion de nos activités. Notre capacité à emmener des voyageurs directement vers des destinations situées au-delà de nos itinéraires historiques jouera un rôle crucial dans un environnement concurrentiel où d’autres opérateurs pourront arriver et proposer leurs services sur les lignes à grande vitesse. Quelles sont les différences © DR «Eurostar a révolutionné les voyages» Pininfarina a conçu la livrée extérieure et les intérieurs des e320 qui entrent en service en cette fin d’année. Ces rames possèdent de nombreuses fonctionnalités innovantes offrant une expérience améliorée aux voyageurs majeures du nouvel Eurostar avec les trains actuels e300? L’e320 pourra transporter près de 900 voyageurs, soit 20% de plus que nos rames actuelles qui ont une capacité de 750 voyageurs. Le chiffre 320 représente la vitesse possible, supérieure à nos e300 pouvant atteindre 300 km maximum. Comment préparez-vous en interne l’arrivée de ce nouveau train? Les nouveaux trains e320 représentent le nouvel Eurostar. Nous les attendons tous avec beaucoup d’impatience. Impliquées très en amont – dès l’annonce de l’appel d’offres et du gagnant – nos équipes ont montré beaucoup d’intérêt et ont participé en nombre aux différents rendez-vous que nous avons organisés. Réunions de présentation du projet, des maquettes, des différentes étapes du processus, visites en Allemagne aux centres de production et de test Siemens, participation aux événements autour de nos 20 ans l’année dernière avec la présentation du nouveau train en gare de Saint- 10 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • N°221-222 • LE RAIL travail… c’est pour eux très positif, de belles perspectives d’avenir. Nicolas Petrovic Directeur général Eurostar Pancras International à nos 800 employés et des points réguliers sur l’avancée du projet, accompagnés de nombreux supports photo et vidéo… Tout cela est venu compléter une formation approfondie de nos équipes en interne. En effet, celles-ci ont été formées en vue d’accompagner ce changement sur le terrain, auprès des clients, dans leurs gestes de tous les jours. Il y a un vrai engouement, une vraie fierté autour de ces nouveaux trains. Une entreprise qui investit, qui offre un nouveau cadre de Quels sont vos autres projets à venir? Nous avons lancé très récemment un nouveau service entre Londres, Lyon, Avignon et Marseille. Le 1er mai 2015 exactement. Quel succès! Avec plus de 115 000 billets vendus à ce jour, cela dépasse nos prévisions. Ce nouveau service crée une nouvelle dynamique sociale, économique, culturelle entre la France et l’Angleterre. Les offices de tourisme locaux sont ravis de voir arriver des touristes anglais en plus grand nombre et inversement, Londres accueille des Lyonnais, des Marseillais, des Avignonnais qui pour certains découvrent la ville pour la première fois… Très prochainement, nous allons lancer un nouveau service entre Londres et Amsterdam. Nous allons créer une nouvelle (inédite?) dynamique européenne, une nouvelle option de voyage, en train et à grande vitesse. Encore beaucoup de belles choses à venir! T S IE ME NS © DR Railjet: Le train emblématique des ÖBB Les rames réversibles Railjet ont totalement bouleversé l’offre des chemins de fer autrichiens. Elles pourraient fort bien s’adapter à la demande française, notamment sur les liaisons internationales Depuis 2009, les rames réversibles Railjet sillonnent les principales lignes autrichiennes. Faisant des incursions quotidiennes dans les pays voisins jusqu’à Zürich, Prague, Munich et Budapest, elles disposent d’un haut niveau de confort et constituent désormais le fleuron de l’offre ferroviaire des chemins de fer fédéraux autrichiens. H ORMIS la grande radiale Vienne-Linz-Salzbourg, les voies ferrées autrichiennes doivent composer avec le relief montagneux du pays. Ceci offre des lignes superbes du point de vue touristique mais avec des performances modestes en termes de vitesse. Dans de telles conditions, la réalisation de lignes à grande vitesse coûterait des sommes colossales. C’est pourquoi les ÖBB ont globalement préféré moderniser au maximum le réseau existant, tout en construisant des sections entièrement nouvelles là où cela s’avère né- T Liaisons assurées par des Railjet • Budapest-Vienne-Salzbourg-Munich (-Francfort certains jours) • (Budapest)-Vienne-Salzbourg-Innsbruck-Feldkirch-Bregenz/Zürich • Prague-Vienne-Graz • Vienne-Villach-Lienz • à partir de décembre 2017: Vienne-Villach-Venise • quand la charge de 22,5 t à l’essieu, permettant la circulation des Taurus, sera admise sur la ligne slovène Maribor-ZidaniMost : Vienne-Ljubljana et Vienne-Zagreb (travaux en cours mais non encore achevés) cessaire. Pour accompagner au mieux cette évolution, les chemins de fer autrichiens (ÖBB) se devaient de disposer de trains modernes capables de circuler à des vitesses maximales pouvant atteindre 230 km/h. C’est ainsi qu’a été lancé le programme Railjet, au milieu des années 2000. Pourquoi des rames tractées? La logique aurait voulu que les ÖBB commandent des automotrices: cette architecture de train, à l’ère de la motorisation répartie, offre des performances particulièrement intéressantes au niveau de l’accélération, de l’adhérence et du freinage. Toutefois, la compagnie autrichienne possédait déjà un grand nombre de locomotives Siemens, toutes récentes et homologuées pour circuler sur les réseaux voisins. LE RAIL • N°221-222 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • 11 S IEMENS semble du parc devrait être opérationnel à la fin de l’année 2016, conformément aux prévisions initiales. © DR © DR © DR Des rames indéformables (fixes) Les trois niveaux de confort proposés par les ÖBB sur les rames Railjet sont d’un niveau inégalé qui devrait séduire tous les opérateurs soucieux d’offrir à leurs voyageurs une qualité de service correspondant à leurs attentes Dans ce contexte, le principe de la rame tractée réversible était donc bien plus intéressant d’un point de vue économique. En outre, ces locomotives, de la gamme Taurus, ont une puissance de 6 400 kW, ce qui est largement suffisant pour des trains de sept voitures, même sur des lignes de montagne au profil difficile. A l’issue d’un appel d’offres, en février 2006 le contrat pour la fourniture de 23 rames est attribué à Siemens, dont la concep- tion a été jugée la meilleure, tout en étant également la plus compétitive. En septembre 2007, une seconde commande est passée pour 44 rames supplémentaires, ce qui porte le contrat total à 798 M.€ pour 469 voitures (67 rames). Au final, sept de ces rames seront cependant acquises par les chemins de fer tchèques, les ČD, en lieu et place des ÖBB, au titre de leur participation dans la toute nouvelle desserte Prague-Vienne-Graz mise en 12 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • N°221-222 • LE RAIL place en décembre 2014. La première rame est achevée le 15 septembre 2008. Après avoir été exposée au salon Innotrans de Berlin, puis à Salzbourg, elle entame sa campagne d’essais. La mise en service commercial interviendra sur la ligne Munich-Vienne-Budapest dès le 14 décembre de la même année, suivie un an plus tard par le déploiement sur l’axe Vienne-Zürich. Les dernières rames sont encore en construction mais l’en- En service commercial, ces trains, baptisés Railjet se présentent sous la forme de rames de sept voitures couplées en permanence, avec des intercirculations pressurisées. Elles possèdent à chaque extrémité, des attelages et des tampons classiques, ce qui leur permet d’être tractées ou poussées par n’importe quel type de locomotive, électrique ou diesel. Toutefois, dans la pratique, seules les Taurus 1116 des ÖBB et les machines électriques de la série 380 des ČD sont utilisées. Deux rames de sept voitures peuvent être assemblées, ce qui donne des trains de 14 voitures, avec deux locomotives. On peut ainsi constituer des trains mixtes (Vienne-Salzbourg-Munich/Innsbruck et au-delà). Il est également possible de rajouter à une rame un coupon de quelques voitures classiques, avec une locomotive supplémentaire, pour des renforcements de composition lors des pointes du week-end, ce qui est le cas par exemple des RJ 533/632 Vienne-Lienz et vice-versa les dimanches. Les voyageurs ont le choix entre trois niveaux de confort. Le niveau Business est le plus élevé, avec des fauteuils en cuir disposés par groupes de 2, 3 ou 4 dans des compartiments semi-fermés, une restauration à la place avec collation et des boissons non alcoolisées incluses dans le supplément, de 15 € par rapport au tarif normal de première classe. Cette dernière, offre un aménagement classique en couloir central avec des sièges en 2 + 1. Enfin, la classe Economy correspond à la seconde classe avec des sièges en 2 + 2 et un espace familles/enfants dans la quatrième voiture. La troisième voiture, outre une salle de première classe et un espace dédié aux voyageurs à mobilité réduite, comporte une partie bistro/restaurant avec 16 places, proposant un service à table traditionnel. S IE ME NS D’autres Railjet ailleurs en Europe? Les trains Railjet sont la déclinaison autrichienne de la gamme “Viaggio” de Siemens. Sur la ligne Vienne-Linz, les Railjet peuvent circuler à la vitesse de 230 km/h. Ici une rame en gare de Vienne © DR Au point de vue du confort proposé aux voyageurs, les Railjet sont dans la tradition de qualité qui a toujours été la marque de fabrique des chemins de fer autrichiens. Ils remplacent les excellentes voitures de la fin des années 1980 dont la plupart ont d’ailleurs été également fabriquées par Siemens. Ces dernières ont été redéployées sur les Intercités ayant des arrêts plus fréquents et sur les liaisons internationales Eurocités. Le plus apporté par les Railjet se situe au niveau des prestations offertes, mises au goût du jour. On trouve ainsi le WiFi, des prises de courant électrique pour les ordinateurs portables et des écrans d’information. Ceux-ci affichent la vitesse du train, la géolocalisation et surtout toutes les informations nécessaires à la poursuite du voyage, tel qu’un éventuel retard aux différentes correspondances proposées au prochain arrêt, y compris avec les transports urbains et les autocars régionaux, avec même l’indication du quai de départ et du temps d’attente! Enfin, l’une des grandes réussites du Railjet se situe au niveau des bogies SF 400 lesquels offrent une qualité de roulement irréprochable, aussi bien sur section nouvelle à grande vitesse que dans les courbes et contrecourbes serrées des lignes de l’Arlberg et du Semmering. En ce qui concerne le temps de parcours, le Railjet est un train classique, non pendulaire. De ce fait, il roule à la même vitesse que les autres trains, hormis sur les sections spécialement aménagées de la Westbahn, entre Vienne et Linz, où ils atteignent 230 km/h. Son introduction sur les liaisons “drapeau” s’accompagne généralement de travaux d’amélioration des infrastructures et représente donc tout de même des gains de temps pouvant être importants: 2h22 au lieu de 2h45 sur Vienne-Salzbourg; 4h10 au lieu de 4h50 sur Vienne-Prague. T Caractéristiques techniques Constructeur: Siemens (usine slovène de Maribor avec assemblage final aux ateliers ÖBB de Vienne-Simmering) Années de construction: 2006-2016 Nombre de rames: 60 pour les ÖBB, 7 pour les ČD Capacité des rames ÖBB: 408 places assises dont 316 en Economy, 76 en première classe, 16 en Business Capacité des rames ČD: 442 places assises dont 394 en Economy, 42 en première classe, 6 en Business Longueur d’un coupon de 7 voitures: 185,50 m (204,78 m avec une locomotive Taurus) Longueur de chaque voiture: 26,50 m (26,85 m pour les voitures pilotes) Vitesse maximale autorisée: 230 km/h Masse à vide: 50,9 t pour une voiture pilote, 47 t pour une voiture intermédiaire classique Systèmes de freinage: disques électropneumatiques (3 par essieu) sur bogies SF 400, patins magnétiques Suspensions: primaire à ressorts hélicoïdaux et secondaire pneumatique Désignation des voitures: • voiture pilote : Afmpz • voiture de première classe : Ampz • voiture bistro/restaurant : ARbmpz • voiture de seconde classe : Bmpz Il s’agit d’un matériel entièrement modulable que l’on peut adapter aux besoins de chaque client. Ainsi, les nouvelles voitures-lits des chemins de fer russes qui viennent d’être mises en service sur la liaison Paris-Moscou, sont également issues de la plate-forme “Viaggio” et partagent des caractéristiques techniques communes avec les Railjet. Siemens est convaincu qu’il existe encore un marché pour des rames tractées traditionnelles roulant sur des lignes classiques, malgré l’utilisation de plus en plus fréquente de rames automotrices. En effet, même s’il se développe, le réseau européen de lignes à grande vitesse pouvant être exploitées à 250 km/h ou plus, est encore largement minori- taire, d’autant que le coût de construction des infrastructures est particulièrement élevé. Un matériel apte à des vitesses de l’ordre de 200 km/h est largement suffisant dans la majorité des cas. Or, une voiture voyageurs classique peut circuler sans contrainte d’un pays à l’autre, en étant tractée par les locomotives locales, ce qui n’est pas le cas d’une automotrice qui doit disposer de tous les équipements électriques et de signalisation de l’ensemble des réseaux utilisés. Il en résulte des processus d’adaptation et d’homologation parfois très longs et coûteux. C’est ce concept d’interopérabilité, avec des rames modernes et confortables à prix modéré que Siemens met en avant. Les rames de type Railjet sont donc tout à fait adaptées aux trains nationaux et internationaux de qualité, notamment dans le centre et l’est de l’Europe où pour le moment, il n’existe aucune ligne à grande vitesse. Ce matériel pourrait fort bien contribuer également en France à la relance de certaines liaisons avec les pays voisins, telles que celles entre Marseille, Nice et Milan et des axes sur lesquels la construction d’une LGV n’est pour le moment pas à l’ordre du jour. T Pierre Bazin LE RAIL • N°221-222 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • 13 S IEMENS © DR ICx: le nouveau train Intercités de Siemens Siemens qui a remporté un contrat portant sur la fourniture de 300 rames de type ICx devrait proposer ce train lors de l’appel d’offres attendu pour les TET Alors que la première rame ICx des chemins de fer allemands est désormais en essais, Siemens espère également conquérir le marché français avec cette nouvelle génération d’automotrices pour trains Intercités. O UTRE la conservation des liaisons ferroviaires, l’avenir des Trains d’Equilibre du Territoire (TET) passe aussi par le renouvellement du matériel roulant. Malgré plusieurs opérations de rénovation, les vieillissantes voitures Corail sont à bout de souffle. L’appel d’offres pour leur remplacement par du matériel moderne devrait très probablement intervenir en 2016. Il est très attendu par l’ensemble des constructeurs ferroviaires, parmi lesquels Siemens qui devrait proposer sa plateforme ICx, déjà commandée par la Deutsche Bahn. 300 rames pour la DB Le réseau des trains Intercités des chemins de fer allemands est nettement plus développé qu’en France. Comme celui-ci, toutefois, il est parcouru par du matériel en fin de vie dont les voitures les plus anciennes datent du début des années 1970. De plus, les premières rames à grande vitesse ICE ont été mises en service dans les années 1980 et vont également devoir être prochainement remplacées. C’est pourquoi, à la suite d’un appel d’offres remporté par Siemens, la DB lui a commandé 300 automotrices ICx, le 9 mai 2011. Le contrat initial prévoit une première tranche ferme de 130 rames dont 45 rames de sept voitures et 85 de 10 voitures. Il est suivi par une levée d’options portant sur 90 rames supplémentaires, portant le 14 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • N°221-222 • LE RAIL montant du contrat à 6,3 milliards €. La DB a toutefois modifié entre-temps son contrat, le 5 mars 2013. Tout d’abord, le pas des sièges a été augmenté, ce qui améliore le confort mais diminue la capacité unitaire des rames de sept voitures. En même temps, les rames de 10 voitures sont devenues des rames de 12 voitures, avec une vitesse maximale autorisée portée de 249 à 250 km/h. Par ailleurs, le nombre de rames supplémentaires a été ramené de 90 à 59 rames. Ces modifications entraînent quelques retards pour raisons techniques, afin, notamment, de respecter les normes d’homologation qui ne sont pas les mêmes au-delà de 250 km/h. Le processus de fabrication a donc démarré véritablement en avril 2014 sur les sites allemands d’Erlangen et de Krefeld-Uerdingen, et autrichien de Graz. Les deux premières rames de présérie sortent actuellement des ateliers afin d’entamer leurs essais en vue de leur homologation qui doit intervenir à l’été 2016. La mise en service commercial est prévue pour le changement d’horaires du 10 décembre 2017, selon le calendrier suivant: • fin 2017: Hambourg-Munich et Hambourg-Stuttgart; • fin 2018: Hambourg-Cologne-Mannheim-Allemagne du Sud; • fin 2019: Hambourg-BerlinLeipzig/Halle-NurembergMunich; • fin 2020: Munich-LindauZürich. S IE ME NS Les 130 premières rames remplaceront les rames tractées classiques, tandis que les 59 automotrices supplémentaires circuleront à l’horizon 2025 en lieu et place des ICE-1 et 2. Enfin, au cas où la dernière levée d’option du contrat serait exercée, celle-ci servirait à remplacer les ICE-3 qui arriveront en fin de vie vers 2030. Tant en termes d’aménagement, de confort que de performances et de fiabilité, l’ICx de Siemens se place sans conteste en tête des trains similaires proposés par la concurrence © DR Contrairement à ce que proposent notamment d’autres constructeurs en matière d’automotrices, les ICx de Siemens présentent une structure classique non articulée, avec des bogies à l’extrémité de chaque voiture. Par rapport aux rames ICE actuelles, les ICx ne sont pas en aluminium mais en acier. Bien que dérivées des rames à très grande vitesse Velaro, elles présentent cependant d’importantes différences techniques par rapport à ces dernières. Toute la partie électrique a été repensée et a été regroupée en partie basse sur une seule voiture, au lieu de trois pour les Velaro. On gagne ainsi en flexibilité dans la composition des rames dont la longueur peut varier de 5 à 14 voitures dont de deux à six motorisées. En alliant cinq types de voitures de base (remorque d’extrémité avec cabine de conduite, voiture intermédiaire motrice, remorque intermédiaire non motorisée, voiture de service motorisée et voiture bistro/restaurant), on peut obtenir jusqu’à 20 configurations différentes. Pour sa part, la DB en a retenu deux: • 7 voitures dont 3 motrices (puissance 4 950 kW), vitesse maximale 230 km/h, 456 places assises dont 77 en 1 re classe, longueur totale 200 m, circulation en unités multiples possible; •12 voitures dont 6 motrices (puissance 9 900 kW), vitesse maximale 250 km/h, 830 places assises dont 205 en 1re classe, longueur totale 346 m. Les rames seront homologuées afin de pouvoir circuler en Allemagne, en Autriche et en Suisse. En option, il est également possible d’insérer les équipements nécessaires afin de rouler au Danemark, en France, © DR Des rames modulables non articulées au Luxembourg, en Pologne, en République tchèque, en Italie et aux Pays-Bas. Du point de vue technique, les faces avant ont été redessinées afin d’améliorer l’aérodynamisme, tandis qu’une attention toute particulière a été apportée à la conception des bogies, afin de limiter la charge à l’essieu à 18 t. Ceci permet la réduction de la consommation énergétique des trains ICx de 30% par rapport aux anciens ICE-1. Le taux d’accélération est de 0,55 m/s2 et la puissance des rames élevée (1 650 kW par voiture motorisée) permet de franchir des rampes de 35 mm/m. A noter également, la grande longueur de chaque voiture qui atteint 27,9 m pour une voiture intermédiaire et jusqu’à 28,6 m pour une voiture d’extrémité. Concernant le confort, le pas de siège est de 826 mm en 2e classe et même de 900 mm pour les voyageurs de 1re classe. Ces derniers ont accès à des sièges en cuir dont l’inclinaison est ajustable et disposent de liseuses, de repose- pieds et d’une prise électrique individuelle. Il est prévu un espace pour les vélos, des espaces dédiés aux familles, une voiture restaurant/bistro. Bien évidemment, les ICx répondent aux dernières normes d’accessibilité en vigueur pour les personnes à mobilité réduite, avec des systèmes de guidage tactiles, un élévateur d’accès pour les fauteuils roulants et plusieurs emplacements réservés (2 dans les rames de 7 voitures, 3 dans les rames de 12 voitures). L’information des voyageurs est assurée par des écrans plats fixés soit au plafond, soit sur les portes d’accès, avec possibilité d’annonces automatiques multilingues et géolocalisation. Enfin, la climatisation, fournie par Faiveley Transport, permet de supporter des écarts de température allant de -25 à +45°C. Les ICx bientôt en France? Avec son ICx, Siemens peut tout naturellement répondre au très attendu appel d’offres relatif aux TET. Certes, la mode est plutôt aux automotrices articu- lées et la concurrence est vive entre les constructeurs déjà fortement présents dans l’Hexagone mais le haut niveau de confort qu’offre l’ICx avec son architecture classique présente de très sérieux avantages qui seront à prendre en compte. En effet, cette architecture facilite la modularité des rames. Une automotrice traditionnelle peut voir sa composition plus aisément modifiée qu’un engin articulé. Ainsi, si un problème survient sur une voiture, il est possible de la retirer du service et de la remplacer par un véhicule de réserve sans avoir à bloquer la rame toute entière. De même, la rame est facilement adaptable à la fréquentation d’une desserte par simple ajout ou retrait d’une voiture, au lieu de devoir obligatoirement augmenter ou diminuer la capacité d’un train par un rapport deux avec l’ajout ou la suppression d’une rame complète. Ceci offre une flexibilité nettement plus grande qui se rapproche de celle d’un train classique tracté par une locomotive, tout en disposant des performances des automotrices, notamment au niveau des taux d’accélération et d’adhérence atteints grâce à la motorisation répartie. Il faut maintenant attendre le rendez-vous de l’appel d’offres en 2016, pour que ces arguments puissent convaincre la SNCF et les décideurs politiques que l’ICx est le train idéal des TET du futur. T Pierre Bazin LE RAIL • N°221-222 • NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2015 • 15