Techniques d`impact de D. Beaulieu, 2010

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Techniques d`impact de D. Beaulieu, 2010
Beaulieu, Danie. 2010. Techniques d’impact pour grandir : Dix illustrations
pour développer l’intelligence émotionnelle chez les enfants. Montréal, Les
éditions Québecor. 219 p.
Objectif général : Faire prendre conscience à l’enfant de ses émotions et l’aider à les
identifier et les exprimer.
Consigne de base : Toujours commencer en demandant à l’enfant de décrire l’image à sa
façon afin d’observer ses perceptions. Utiliser un niveau de langage approprié à l’âge de
l’enfant.
**Attention** : Lors de vos questionnements, faites attention à la façon de formuler vos
questions. Cela doit être des questions ouvertes, c’est-à-dire à laquelle on ne peut
répondre par oui ou non, mais qui portent à élaborer un peu plus. Par exemple : Comment
te sens-tu? Plutôt que : Est-ce que tu te sens triste?
Il est important aussi de ne pas donner les réponses à l’enfant, puisque ce sont
SES émotions que l’on veut qu’il nomme. Par exemple, en demandant : Est-ce que tu te
sens en colère quand maman crie? L’enfant peut dire oui, alors que ce qu’il ressent est
plutôt de la tristesse ou de la peur. On demandera plutôt : Comment te sens-tu quand
maman crie?
Il faut également éviter de suggérer des réponses, qui sont basées sur des
suppositions de notre part. Certains enfants peuvent les intégrer, ce qui vient fausser
l’histoire. Par exemple, devant un enfant vivant dans une famille recomposée qui dit
avoir peur à la maison, un intervenant bien intentionné pourrait lui demander : As-tu peur
parce que le nouveau conjoint de ta maman est méchant avec toi? Dans les faits, il a
peut-être peur parce que le nouveau conjoint a un chien et que l’enfant a peur des chiens.
Mais l’enfant à qui on a suggéré que son beau-père pouvait être méchant avec lui pourra
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en venir à être craintif. On lui demandera donc : Qu’est-ce qui fait que tu as peur à la
maison?
CH. 1. Visages des émotions (p.28)
Objectifs : Cette image aide l’enfant à identifier et nommer ses émotions.
On peut simplement demander à l’enfant quel visage lui correspond en ce
moment. On peut aussi orienter la question, en demandant à l’enfant comment il se sent
dans différentes situations. Par exemple, quand ses parents se chicanent, quand ses
parents étaient ensemble, quand ils se sont séparés, quand il va avec maman, avec papa,
etc. Lorsque l’enfant nomme une émotion, on relance la discussion en lui demandant ce
qui fait qu’il se sent ainsi. Par exemple : Qu’est-ce qui te rend triste?, De quoi as-tu
peur?, Qu’est ce qui fait que tu étais heureux avant et que tu es maintenant inquiet?
On peut aussi y aller inversement, en pointant les images une à une et en
demandant à l’enfant quand il ressent ces émotions, pour ensuite ouvrir la discussion en
lui demandant d’expliquer pourquoi.
Il est important d’amener l’enfant sur une piste de solution. S’il dit ressentir une
émotion plus négative, comme la tristesse ou la peur, on peut lui demander ce qu’il
pourrait faire lorsqu’il se sent ainsi. On peut l’aider à trouver, par exemple en lui
demandant s’il a une activité qu’il aime faire, ou une activité qui l’aide à se calmer,
pendant laquelle il se sent bien. Ainsi, à l’enfant qui aime colorier, on pourra lui suggérer
de faire des dessins lorsqu’il est triste. À un enfant dont les parents sont séparés et qui
s’ennuie de l’un lorsqu’il est chez l’autre, on pourra lui suggérer d’écrire ou de faire un
dessin ou un bricolage pour le parent dont il s’ennuie, quelque chose qu’il pourra lui
donner la prochaine fois qu’ils se verront.
Il faut aussi faire comprendre à l’enfant qu’il y a des adultes autour de lui qui
peuvent l’aider et à qui il peut parler de ce qu’il vit et ressent. On peut le questionner
pour savoir s’il connaît des gens à qui parler.
CH. 4. La cour d’école (p.36)
http://www.academieimpact.com/fr/images/fr/courdecole_g%20%281%29.jpg
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Objectifs : Permettre à l’enfant de se projeter dans une situation qui lui est
familière, et peut aider certains enfants qui ont de la difficulté à nommer leurs émotions.
Il importe de laisser l’enfant libre d’interpréter les différents personnages, et non de lui
imposer une réponse «exacte».
On peut simplement présenter l’image à l’enfant et lui demander quel personnage
il serait dans cette cour d’école. Il peut en nommer un ou plusieurs. On lui demande
ensuite pourquoi il a fait ce choix. S’il n’en choisit qu’un, on peut lui demander s’il
s’identifie toujours à ce même personnage ou s’il ressemble parfois à d’autres. On peut
enfin lui demander s’il a toujours été comme cela ou si c’est récent, auquel cas, qu’est-ce
qui est arrivé pour qu’il change. On poursuit ensuite en demandant si c’est un
changement positif ou négatif selon lui et pourquoi. Est-il content de ce changement, estce que les autres sont contents?
On peut aussi lui présenter l’image et lui demander d’identifier d’autres personnes
de son entourage, par exemple ses parents, sa fratrie ou ses nouveaux beaux-parents s’il
est en famille recomposée. On peut lui demander comment il aimerait que ces personnes
soient, comment lui-même aimerait être, et lui demander pourquoi.
Une autre façon d’utiliser cette image est de nommer une émotion ou une
situation et de demander à l’enfant d’identifier quel (s) personnage (s) y correspond (ent).
Par exemple la tristesse, la colère ou une chicane. Si il s’agit d’une situation, on poursuit
en lui demandant de décrire comment la personne réagit, s’il peut nommer d’autres
façons de réagir, si un autre personnage réagit d’une meilleure manière. Si oui, qu’est-ce
qui est différent et qu’est-ce que lui pourrait faire pour mieux réagir. Il est possible que
vous deviez aider l’enfant à trouver des solutions alternatives.
Enfin, on peut pointer chacun des personnages un à un et demander à l’enfant
l’émotion du personnage d’imaginer pourquoi il est ainsi. Par la suite, on peut poursuivre
en lui demandant si ça lui est déjà arrivé de se sentir ainsi ou de vivre la situation qu’il a
nommée. Par exemple, l’enfant pointe la fille seule en bas à droite de l’image, et dit
qu’elle est triste parce que ses parents se sont encore chicanés hier. L’intervenant lui
demande : Toi, est-ce que ça arrive des fois? Comment tu réagis? Qu’est-ce que tu
pourrais faire quand ça arrive? Il est important de valider et de normaliser, c’est-à-dire
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reconnaître qu’il a le droit de se sentir ainsi et qu’il n’est pas le seul à ressentir ces
émotions.
CH. 5. La poubelle (p.38)
Objectifs : Aider l’enfant à comprendre qu’il ne faut pas garder les mauvais
sentiments à l’intérieur de soi. Aider aussi à visualiser le fait qu’on peut se débarrasser de
la colère, de la tristesse, de la honte en ne gardant pas tout en dedans. Peut amener
l’enfant à comprendre qu’une fois qu’on se débarrasse de ce sentiment, on peut passer à
autre chose de plus positif.
Demander à l’enfant ce qu’on met dans une poubelle, pourquoi on se débarrasse
de son contenu. Demander ensuite ce qui advient si on garde avec nous les déchets au
lieu de les mettre dans la poubelle, et si on n’utilise jamais de poubelle. Faire le parallèle
entre la colère, le ressentiment, la tristesse, le sentiment d’abandon et les déchets que l’on
met à la poubelle. Demander ce qui arrive si on garde ces sentiments en nous. Poursuivre
en lui demandant de trouver des moyens pour se débarrasser de ces sentiments. On peut
suggérer l’écriture, la parole, le dessin si l’enfant ne parvient pas à en trouver. Si l’on
intervient par rapport à un comportement inadéquat, insister sur l’importance de ne pas
jeter ses déchets sur les autres, et donc de déverser ses sentiments sur les autres en étant
par exemple agressif ou violent. Il faut valider l’émotion et amener l’enfant à prendre un
recul par rapport à celle-ci. On dit ensuite à l’enfant qu’une fois que l’émotion est jetée,
on peut passer à l’étape suivante, qui est de pardonner et de passer à autre chose.
CH. 9. Ourson (p. 50)
Après la description générale de l’image par l’enfant, lui demander comment
l’ourson se sent selon lui, ce qu’il pense de la façon de faire des enfants et s’il croit qu’un
des enfants va gagner.
Lui demander s’il lui arrive de se sentir comme l’ourson parfois. Lui demander de
nommer l’émotion qu’il ressent dans ces moments-là. Si oui, lui demander ce qu’il fait ou
ce qu’il peut faire dans ces moments-là. Lui demander aussi comment il aimerait que ça
se passe, qu’est-ce qui pourrait être différent pour qu’il cesse de se sentir comme
l’ourson. S’il parle de ses parents qui sont en séparation ou en conflit, lui demander s’il se
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sent capable de leur nommer, ou si quelqu’un peut l’aider à le nommer à ses parents, s’il
veut de l’aide pour le dire. Lui suggérer le dessin, l’écriture.
Il est possible aussi de lui demander s’il arrive d’agir comme les enfants, dans
quel contexte et ce qu’il ressent. Lui demande comment l’ourson doit se sentir dans ce
cas, et qu’elle serait la meilleure façon d’agir.
CH. 11. Roue de la peur (p. 54) et CH. 22. Roue de la colère (p. 78)
Objectif : Aider à identifier les différentes réactions associées avec la peur / la
colère. Permet de valider qu’il s’agit d’émotions normales et de développer des stratégies
d’adaptation.
Expliquer que la peur / la colère engendrent de nombreuses réactions, puis
explorer la roue avec lui en lui demandant de décrire les différentes options illustrées.
Voir ensuite les conséquences des différentes options, dans une optique de coûts versus
bénéfices. Par exemple, est-ce que ce comportement lui apporte quelque chose? Est-ce
que cela règle son problème?
Lui demander ensuite comment il réagit lorsqu’il a peur, ou qu’il est en colère.
Demander comment les personnes autour de lui réagissent, et ce que cela lui fait vivre.
Qu’est-ce qu’il pourrait faire dans ces moments-là?
Pour la colère, il importe de spécifier à l’enfant l’importance de se calmer, plutôt
que de faire ou dire quelque chose qu’il regrettera ensuite. On peut aussi l’amener à se
questionner sur ce qui le met en colère. Qu’est-ce qui la déclenche, est-ce que c’est
soudain ou ça se développe lentement. S’il la sent monter, est-ce qu’il peut essayer de
l’identifier avant qu’elle ne prenne trop de place? Quels moyens peut-il développer pour
ne pas en arriver à l’étape de la violence envers les objets ou les personnes? Proposer des
outils et lui donner des choix : s’isoler un moment, dessiner, sauter sur un trampoline,
crier dans un sac de plastique et le jeter à la poubelle, respirer, compter jusqu’à 3 etc.
Si l’on soupçonne que l’enfant est témoin de violence, verbale ou physique, entre
ses parents, lui demander s’il y a des gens autour de lui qui sont parfois en colère. S’il
acquiesce, lui demander comment il se sent lorsque cela arrive. Lui demander
d’identifier, sur la roue, de quelle façon il voit cette colère. Poursuivre en demandant s’il
en a déjà parlé à quelqu’un, ou nommer quelqu’un avec qui il pourrait parler. Qu’est-ce
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qu’il pourrait faire lorsque cela arrive? S’il nomme de la peur, faire le lien avec la roue de
la peur (p. 54).
CH. 27. Bombe (p.92)
Objectifs : Aider à reconnaître les signes précurseurs de la colère ou de la rage et
évaluer l’intensité de la crise à venir. Fait comprendre à l’enfant que la colère est
normale, qu’il ne faut pas la nier mais qu’il faut savoir la contenir et l’expulser de façon
adéquate. En identifiant les signes précurseurs, l’enfant peut désamorcer la crise, telle une
bombe, ce qui peut lui amener un sentiment de fierté.
Commencez par expliquer à l’enfant que tout le monde possède des petites
bombes à l’intérieur qui peuvent nous faire exploser lorsque l’on ressent de la colère. On
lui demande ensuite ce qui arrive quand il explose. Que fait-il, comment réagissent les
autres autour de lui qui en sont témoins, les enfants, les adultes? Et lui-même, comment
se sent-il avant, pendant et après une explosion? Est-ce qu’il le sent d’avance qu’il va y
avoir une explosion? Comment il se sent à ce moment, physiquement (dans son corps) et
psychologiquement (dans sa tête) juste avant que la bombe explose? Si l’enfant dit qu’il
ne sait pas comment le dire, on peut lui donner des choix de réponse (boule dans
l’estomac, mains moites ou qui tremblent, une vague de chaleur dans tout le corps, un
élan d’énergie qui donne envie de frapper, l’impression de « voir noir », etc.)
Une fois que l’enfant a cerné ce qui entoure ses bombes, on peut lui demander de
réfléchir à ce qu’il pourrait faire pour éviter l’explosion. On peut le guider (voir exemples
dans Roue de la colère), d’abord en lui rappelant une règle de base, qui est qu’il peut
toujours essayer de se retirer d’une situation qui crée de la frustration. Il peut être utile
d’utiliser une échelle de 1 à 10 pour aider l’enfant à quantifier sa colère, en disant qu’il
peut agir avant de se rendre à 5. Par exemple, il peut nommer à une personne que sa
colère monte. Si la personne est responsable de sa colère, il pourra lui demander d’arrêter
son comportement. Lorsqu’il arrive à 5 et plus, dire à l’enfant qu’il est préférable qu’il se
retire de la situation pour se calmer, qu’il s’isole si besoin ou qu’il en parle à quelqu’un
en qui il a confiance et qui n’a pas de lien avec la situation.
CH. 17. Sac à dos (p.66)
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Objectifs : Aider l’enfant qui passe à travers une situation difficile ou qui vit une
situation triste.
Après avoir laissé l’enfant décrire l’image, on peut lui demander ce qu’il pense
que le garçon pourrait faire pour alléger son sac qui a l’air lourd, ou pour rendre plus
facile sa marche.
On peut aussi demander à l’enfant s’il trouve que le garçon devrait avoir un aussi
gros sac à porter (ex : utile dans les cas où l’on voit un enfant parentifié.) Poursuivre en
lui demandant qui, selon lui, devrait porter ce gros sac et pourquoi. S’il dit que c’est un
adulte qui devrait le porter, lui demander pourquoi, et lui demander aussi pourquoi selon
lui, l’adulte a donné le sac à l’enfant. Que pourrait faire l’enfant pour redonner le sac à
l’adulte?
On peut ensuite expliquer à l’enfant que certaines situations nous font vivre de
grosses émotions qui peuvent être lourdes à porter, comme le sac. Lui demander ce qu’on
peut faire avec ces grosses émotions, ce qu’il fait lorsqu’il vit ce genre d’émotions ou ce
qu’il pourrait faire si ça lui arrivait dans le futur. S’il nomme qu’il est déjà comme le petit
garçon, lui demander depuis combien de temps il marche avec ce gros sac et refléter qu’il
est très fort mais qu’il risque de s’épuiser. Ajouter que cela deviendra moins lourd d’en
parler, et donc de partager le poids du sac avec quelqu’un qui peut l’aider. Lui demander
s’il connaît quelqu’un à qui il pourrait en parler.
Pour
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