Politique de l`enfant unique en Chine : une loi dont les
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Politique de l`enfant unique en Chine : une loi dont les
Septembre 2010 Réservé aux investisseurs et conseillers professionnels Politique de l’enfant unique en Chine : une loi dont les conséquences ont été mal appréciées Virginie Maisonneuve, responsable de l’équipe actions internationales Katherine Davidson, analyste, équipe actions internationales En résumé • • • • • La politique quelque peu controversée de l’enfant unique mise en œuvre par la Chine a eu un impact significatif sur le développement de l'économie et de la société chinoises au cours des 30 dernières années. Comme les autorités le souhaitaient, la baisse de la fécondité a créé une structure démographique optimale et entraîné une augmentation des taux de la croissance économique au-delà des anticipations de la plupart des analystes. L’impact de la politique de l’enfant unique permet en grande partie de comprendre comment pourrait évoluer le rôle de la Chine dans l’économie mondiale, ainsi que les opportunités d’investissement offertes par ce pays. Dans cet article, nous évoquons l’impact social et économique des nombreuses conséquences de cette politique notamment le rapide vieillissement de la population et le déséquilibre des sexes. Notre principale conclusion est que la politique de l’enfant unique a contribué aux handicaps démographiques auxquels est confrontée la Chine, mais qu’elle ne constitue pas le seul facteur explicatif. Un assouplissement de cette politique n’apparaît guère probable et n’apporterait aucune solution à ces problèmes s’il avait lieu. Les défis démographiques que devra relever la Chine au cours des 30 prochaines années expliquent en partie l’importance grandissante accordée par les autorités de ce pays à la croissance de la consommation intérieure. La politique de l’enfant unique, 30 ans après sa mise en oeuvre En 1979, la Chine a lancé un programme ambitieux visant à réformer son économie, après la stagnation observée durant la Révolution culturelle. A l’époque, elle abritait un quart des habitants de la planète et deux tiers de sa population étaient âgés de moins de 30 ans. Les autorités considéraient la maîtrise de la population comme une condition nécessaire à la croissance économique et à l’amélioration du niveau de vie ; c’est ce qui les a poussées à mettre en 1 oeuvre la politique de l’enfant unique. Cette politique n’est pas aussi simple que son nom ne le suggère et inclut en réalité un ensemble complexe de règles sur des questions telles que la taille des familles, les mariages tardifs et la fréquence des naissances. La mise en oeuvre de la politique est contrôlée par les autorités locales, qui peuvent imposer des pénalités en cas d’infraction (amendes substantielles, confiscation de biens, licenciement, etc.). 1 Septembre 2010 Cela étant, cette politique inclut également une longue liste d’exceptions et d’exemptions. A titre d’exemple, un deuxième enfant est autorisé si les deux parents sont enfants uniques, s’ils exercent un travail risqué (celui de mineur par ex.), si leur premier enfant est atteint d’une infirmité ou – en milieu rural – est une fille. Les troisièmes enfants sont autorisés pour certaines minorités ethniques non Hans et dans les régions sous-peuplées difficilement accessibles. Graphique 1 : degré d’application de la politique de l’enfant unique sur le territoire chinois La Commission nationale chargée de la planification familiale estime que la politique de l’enfant unique ne s’applique en réalité qu’à 40 % de la population.2 La carte cidessus montre que cette politique est surtout appliquée dans les zones urbaines du littoral. Se marier tard, espacer les naissances et avoir moins d’enfants Comme le souhaitaient les autorités, la mise en œuvre de la politique de l’enfant unique s’est rapidement traduite par une diminution du taux de fécondité et un ralentissement de la croissance démographique. Le taux de 1 New England Journal of Medicine (sept. 2005), The Effect of China’s One-Child Family Policy after 25 Years. 2 China Daily (juillet 2007). http://www2.chinadaily.com.cn/china/200707/11/content_5432238.htm 2 fécondité sur l’ensemble du territoire chinois est tombé de 2,9 en 1979 à 1,7 aujourd’hui, mais a baissé beaucoup plus fortement en milieu urbain. Les autorités chinoises prétendent que la mise en œuvre de cette politique a empêché plus de 300 millions de naissances, même si son objectif démographique initial (stabiliser la population à 1,2 milliard d’individus en 2000) n’a pas été atteint.3 Le schéma 2 montre toutefois que le taux de fécondité a en fait enregistré sa baisse la plus spectaculaire durant la décennie qui a précédé la mise en œuvre de la politique de l’enfant unique. Entre 1970 et 1979, le taux de fécondité a diminué de moitié, de 5,9 à 2,9. Cette diminution est imputable en partie à une initiative antérieure des autorités : la mise en oeuvre en 1970 – dans le cadre du quatrième plan quinquennal – de la politique autorisant une grande partie des Chinois qui le souhaitaient à avoir moins d’enfants, à en avoir plus tard, et moins souvent. Cette politique visait également à étendre les services de contraception (y compris de stérilisation) et d’avortement aux zones rurales. Une baisse du taux de fécondité en Chine apparaissait de toute façon quasiment inéluctable, même en l’absence de toute politique de contrôle de la natalité, du fait de l’augmentation du niveau de vie dans ce pays. Entre 1950 et l’an 2000, le taux de fécondité de la planète est passé de 4,9 à 2,8 et celui des pays développés de 6 à 3. La fécondité semble amorcer une baisse pour un PIB par tête de 1000-2000 dollars et tomber à son seuil de remplacement pour un PIB par habitant d’environ 4000 dollars.4 La finalité de cet article n’est pas de donner une explication détaillée de ce phénomène, mais celui-ci reflète une réalité économique simple. Dans les sociétés agraires pauvres, dans lesquelles il n’existe aucune protection sociale, il est logique que les habitants en âge de procréer aient beaucoup d’enfants afin que ceux-ci puissent contribuer aux travaux des champs et s’occuper des personnes âgées. A mesure que le revenu par tête augmente et que les marchés et les services publics se 3 4 Ibid. ; BMJ (1999), China’s one child family policy. The Economist (oct. 2009), Go Forth and Multiply a Lot Less. Septembre 2010 développent, ces arguments deviennent moins convaincants. L’éducation et l’emploi des femmes constituent également d’importants facteurs. Les taux de fécondité de certains pays d’Asie de l’Est limitrophes de la Chine figurent parmi les plus bas au monde : celui de Singapour ressort à 1,27, celui de la Corée à 1,22 et celui de Hong Kong est à peine supérieur à 1. Dans tous ces pays – qui n’ont mis en œuvre aucune politique de contrôle des naissances –, le taux de fécondité a connu une baisse aussi rapide et prononcée qu’en Chine.5 Graphique 3 : PIB par habitant et fécondité dans le monde, 2007 La taille de chaque cercle est proportionnelle à celle de la population du pays concerné Graphique 2 : évolution du taux de fécondité et du taux de croissance démographique en Chine, entre 1950 et 2050 3 7 2.5 6 2 5 1.5 4 1 Schéma 2 : China’s fertility population growth, 1950-2050 0.5 rate 3 and 2 Annual population growth (LHS) Fertility rate (RHS) 2045 2040 2035 2030 2025 2020 2015 2010 2005 2000 1995 1990 1985 1980 1975 1970 1965 1960 -0.5 1955 0 1950 Source : UN World Population Prospects, 2008 revision 1 0 Source : The Economist (2009) Le « baby bust » La Chine reste un pays relativement jeune. Dans ce pays, l’âge médian de la population est d’environ 30 ans, les personnes en âge de travailler (c’est-à-dire âgés de 15 à 64 ans) représentent 70 % de la population et le ratio de dépendance est l’un des plus bas au monde. Comme le prévoyaient les autorités, la baisse du taux de fécondité a été une bénédiction pour l’économie chinoise et l’essor spectaculaire que celle-ci a connu au cours des dernières décennies résulte en grande partie de l’abondance de la main d’œuvre en Chine.6 L’évolution de la démographie aurait également contribué à hauteur d’un quart au miracle économique des Tigres asiatiques.7 Cela étant, les implications à long terme d’une baisse du taux de fécondité sont plus préoccupantes. La Chine vieillit à un rythme exceptionnellement rapide : plus rapidement, même, que l’Europe occidentale. Le schéma 4 montre que la population de la Chine continuera d’augmenter à un rythme de moins en moins soutenu jusqu’en 2030, mais que le nombre de Chinois en âge de travailler 6 Sachs et Woo (2001), Structural Factors in China’s Economic Growth. Coefficient de 0,996, significatif d'un point de vue statistique au niveau de 1% dans une régression effectuée en suivant la méthode des moindres carrées. Bloom and Canning (2004), Global Demographic Change: Dimensions and Economic Significance. 7 5 Projections des Nations Unies concernant l’évolution de la population mondiale, révisées en 2008. 3 Septembre 2010 atteindra un pic cette année-là et baissera de 10 millions entre 2030 et 2050.Le corollaire de ce scénario, comme le montre le schéma 5, est que le ratio de dépendance des personnes âgées augmentera alors à des niveaux sans précédents. Graphique 5 : ratio de dépendance % de la population âgé de 15 à 64 ans 90 Forecast 80 70 60 50 Graphique 4 : population totale et population active (15-64 ans) 40 70% 1.4 60% 1.2 50% 1 40% 0.8 30% 0.6 20% 0.4 10% 0.2 Working age population Total population 2050 2045 2040 2035 2030 2025 2020 2015 2010 2005 2000 1995 1990 1985 1980 1975 1970 1965 1960 1955 0 1950 0% % working age Source : projections des Nations Unies concernant l’évolution de la population mondiale Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, les tendances démographiques en Chine sont très similaires à celles observées actuellement à Hong Kong, à Singapour, en Corée du Sud et à Taiwan, et au début des années 1990 au Japon. La différence est que la Chine demeure relativement pauvre en dépit de sa croissance rapide. Le PIB par tête de la Chine (7000 dollars environ à parité de pouvoir d’achat) ne représente que le quart de celui de Taiwan, et moins de 14 % de celui à Singapour.8 Quel sera l’impact de l’atténuation des effets bénéfiques de la croissance démographique sur l’économie chinoise ? La Chine vieillira-t-elle tout en devenant un pays prospère ou son vieillissement l’empêchera-telle au contraire de le devenir ? 20 10 0 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 1.6 Forecast Billions 30 80% Children Elderly Source : projections des Nations Unies concernant l’évolution de la population mondiale D'un excédent à une pénurie de main d'œuvre Au cours des derniers mois — depuis les grèves qui ont eu lieu chez Honda et Foxcomm —, on a beaucoup parlé de la mutation du marché du travail en Chine. La population active approchant de son niveau maximum, certains chercheurs estiment que la Chine approche pour sa part d’un « point de retournement de Lewis » c’est-à-dire d’une situation dans laquelle un excédent de main d’œuvre se transforme en pénurie et l’inflation salariale accélère. Les personnes qui ne croient pas à ce scénario soulignent que la Chine compte 350 millions de travailleurs agricoles, mais ce chiffre ne constitue pas une mesure exacte de l’excédent de main d’œuvre car beaucoup de Chinois résidant encore en milieu rural sont âgés, peu instruits et, en grande partie, ne souhaitent pas ou ne peuvent pas vivre ailleurs.9 La Chine connaît une pénurie de travailleurs migrants à intervalles réguliers depuis 2004, et les entreprises opérant dans ce pays évoquent de plus en plus la hausse du coût de la main d’œuvre et l’intensification de la concurrence entre employeurs. Comme nous le remarquions ci-dessus, la main d’œuvre à faible coût a joué un rôle déterminant dans le modèle de croissance de la Chine. Quel est l’impact d’une diminution de la main d’œuvre et d’une augmentation de 8 Projections du FMI concernant l'économie mondiale, avril 2010. 4 9 Minami et Ma (2009), Ya et autres (2010), cités dans Huang (2010), “What Does the Lewis Turning Point Mean for China?” Septembre 2010 son coût sur la croissance ? Toutes choses égales par ailleurs, une diminution de la main d’œuvre exerce des pressions baissières sur la croissance économique. Une récente simulation du Centre chinois pour la recherche économique suggère que le taux de croissance de l'économie chinoise baissera à des niveaux comparables au taux de croissance des autres pays émergents dynamiques (environ 8 %).10 A moyen terme, l’économie chinoise pourrait profiter des gains de productivité qui découleront de l’amélioration du degré d’instruction et des compétences des travailleurs chinois, et donc continuer de croître à un rythme anormalement élevé. 50 % des travailleurs chinois âgés de 15 à 64 ans ne sont jamais allés à l’école primaire, mais les générations suivantes sont de plus en plus instruites (le nombre d’inscriptions à l’université et d’étudiants titulaires d’un diplôme universitaire a été multiplié par six en 15 ans). 11 Notons à ce titre que la Chine affiche un taux élevé de diplômés sans emploi, ce qui implique un décalage de compétence temporaire entre jeunes travailleurs, qui pourrait se traduire par un manque de main d’œuvre à court terme, à mesure que le pays s’efforce d’accroître la valeur ajoutée des produits qu'elle fabrique. Conscientes du fait que la croissance de l’économie chinoise devra tôt ou tard dépendre d’autres facteurs que de la production de biens à faible valeur ajoutée et d’une hausse des exportations, les autorités chinoises ont décidé d’encourager le développement des technologies de pointe et la fabrication de produits à forte valeur ajoutée dans le plan quinquennal actuel et le prochain. Beaucoup d’analystes considèrent que les mesures qu'elles ont adoptées pour accroître les salaires auront un impact négatif, notamment sur les entreprises spécialisées dans la prestation de services à haute intensité de main d’œuvre, mais nous sommes convaincus qu'elles susciteront au contraire une augmentation de la consommation intérieure et contribueront à diversifier les moteurs de la croissance de l’économie chinoise. Un rééquilibrage des composantes du PIB – consistant à accroître la part de la consommation dans celui-ci aux dépens de celle de l’investissement et des exportations – devrait constituer une base de développement plus large et plus solide. Un tel rééquilibrage contribuera également à réduire les tensions associées à l’inégalité de la distribution des revenus – le coefficient de Gini de la Chine (mesurant ce type d’inégalité) se situe actuellement à son niveau le plus élevé depuis la révolution.12 Vieillissement consommation Huang (2010), “What Does the Lewis Turning Point Mean for China?” 11 Annuaire des statistiques chinoises, édition 2009. 5 et L’atonie relative de la consommation intérieure en Chine est imputable, entre autres, au niveau élevé du taux d’épargne dans ce pays. Mais ceci pourrait également changer du fait du vieillissement de la population. On peut supposer que le taux d'épargne des personnes plus âgées est moins élevé, car ces personnes utilisent une partie de leur patrimoine pour financer leur retraite et une population vieillissante a donc tendance à réduire l’épargne nationale. Cela étant, cette réduction de l’épargne compense la baisse des revenus des retraités, et les consommateurs plus âgés dépensent donc moins eux aussi. Aux États-Unis, les dépenses annuelles des personnes âgées de 65 à 74 ans sont inférieures de 30 % à celles des personnes âgées de 30 à 49 ans, et pour les consommateurs âgés de plus de 75 ans la différence ressort à 50 %.13 Si tel est bien le cas, une baisse du taux d’épargne n’entraîne en réalité aucune augmentation de la demande totale. Bien que certains invoquent l’importance de facteurs culturels, la principale raison pour laquelle le taux d’épargne est élevé en Chine nous semble être la suppression au cours des 25 dernières années des filets de sécurité sociale dont bénéficiaient les Chinois. Durant la transformation économique de la Chine, la prestation des principaux services sociaux fournis gratuitement par l’État a été entièrement privatisée (certaines écoles, la garde des enfants, l’aide au logement) ou restreinte à certains types d'individus (pensions). Les autres pans du système public de retraites sont fragmentés et ne couvrent qu’environ un quart des employés. Ce quart est composé principalement de 12 10 démographique Chen et autres (2010), The Trend of the Gini Coefficient in China ; indicateurs du développement humain de la Banque mondiale. 13 Enquête sur les dépenses de consommation aux États-Unis. Septembre 2010 représentants gouvernementaux, de fonctionnaires ou d’employés d’entreprises contrôlées par l’État, dont certains perçoivent des avantages très substantiels octroyés dans le cadre du système du « bol de riz en fer ». Les prestations de retraite qui devront être versées à ces 25 % de la population active représenteraient l’équivalent de 125 % du PIB, et ne seraient pas du tout capitalisées.14 Le système a sérieusement besoin d’être réformé, mais ne pourra l'être que progressivement compte tenu du montant de ces futures prestations. Conscientes de la gravité du problème, les autorités chinoises ont annoncé plusieurs séries de mesures visant à encourager les Chinois à se constituer une épargne retraite à titre privé, mais ces mesures ne s'appliqueraient, selon les estimations, qu'à un tiers de la population.15 Même si les autorités peuvent persuader davantage de gens d’utiliser les produits d’épargne retraite, le stimulus apporté au total des revenus de retraite sera initialement minime compte tenu de la rapidité du vieillissement démographique et du fait que la plupart des actifs des fonds de pension privés sont investis dans le système bancaire domestique et génèrent des rendements très faibles. De ce point de vue, une déréglementation des taux d’intérêt s'avèrerait salutaire en Chine, car elle permettrait aux épargnants de percevoir un revenu plus élevé. Comme ailleurs en Asie, en Chine le « régime de retraite traditionnel » est la famille, et dans ce pays 70 % des personnes âgées dépendent financièrement de leurs enfants.16 Cela étant, ce modèle apparaît de moins en moins viable à mesure que la population vieillit. La politique de l’enfant unique a créé une structure famille « 4-2-1 », c’est-à-dire dans laquelle chaque couple doit subvenir aux besoins de quatre parents et d’un enfant. En outre, allongement de la longévité oblige, un nombre croissant de travailleurs jeunes devront financer la retraite non seulement de leurs parents, mais également de leurs grands-parents. Le pouvoir d’achat des personnes âgées et des personnes titulaires d'un emploi subit par conséquent des pressions, dans la mesure où les hausses modestes du salaire réel servent à répondre aux besoins d’un nombre croissant de personnes dépendantes. Aparté intéressant : la Fondation de la Réforme chinoise a récemment publié une estimation du montant des revenus « occultes » (non déclarés) dans l’économie chinoise. Il s’établirait à 9 300 milliards de RMB (1 400 mds de dollars), soit 30 % du PIB. Plus de 80 % de ce montant est perçu par les 20 % des ménages les plus aisés, ce qui implique que le revenu disponible moyen en milieu urbain est presque le double des chiffres officiels, et le triple dans le cas des 10 % des ménages les plus aisés.17 Si ces chiffres sont proches de la réalité, cela suppose que le taux d’épargne en Chine est donc en réalité beaucoup plus faible qu’on ne le pense habituellement. La Chine « manque de filles » La politique de l’enfant unique a eu pour autre conséquence, pernicieuse celle-là, de créer une distorsion du ratio homme/femme (c'està-dire de la proportion des naissances selon le sexe). Graphique 6 : nombres de garçons pour 100 filles, à la naissance, 2005-10 China Armenia Azerbaijan Georgia South Korea Serbia India Singapore Bosnia Cyprus Hong Kong Belarus L’Académie chinoise des sciences sociales estime que le ratio homme/femme à la naissance (c'est-à-dire le nombre de garçons 14 Nicholas Eberstadt, correspondance personnelle. Economist du 27 juillet 2009. 16 New England Journal of Medicine. 15 6 17 Bloomberg (12 août 2010), China’s Rich Have $1.1 Trillion in Hidden Income. Septembre 2010 nés pour cent filles) s'établit actuellement à 123, soit largement en dehors de la fourchette normale de 103-106. D’ici à 2020, il existera donc un « excédent » de 30 à 40 millions d’hommes en âge de procréer.18 Un jeune homme sur cinq – c’est-à-dire l’équivalent du nombre total de jeunes hommes aux ÉtatsUnis – ne pourra pas trouver d’épouse ou fonder de famille.19 Le problème se posera avec encore plus d’acuité en milieu rural, puisque dans certaines provinces chinoises le ratio homme/femme est supérieur à 130, et ne fera que s'aggraver si on assiste en Chine à une « fuite du mariage » similaire à celle constatée ailleurs en Asie.20 Les jeunes femmes décident de se marier plus tard ou de rester célibataires, tout simplement. En outre, en raison de la stigmatisation sociale attachée aux naissances hors mariage, les taux de fécondité continuent de baisser. A Hong Kong, près d’un tiers des femmes âgées de 40 à 49 ans sont célibataires. La tendance s’amorce généralement avec les femmes les plus instruites, et en Chine certains rapports font déjà état de femmes « en trop », qui, parce qu'elles sont très instruites et perçoivent un salaire élevé, éprouvent plus de difficultés à trouver un conjoint, en particulier si elles sont âgées de plus de 30 ans.21 Comme les jeunes hommes chinois le déclarent d’un ton malicieux, « il existe désormais 3 sexes en Chine : les hommes, les femmes et les étudiantes diplômées. » L’impact sur la cohésion sociale est difficile à évaluer, mais pourrait être significatif. Ces célibataires – appelés en Chine guanggun, c’est-à-dire « branches nues » – seront moins concernés par la société que les personnes mariées et ayant des enfants. Dans les sociétés où il existe un grand nombre de jeunes hommes célibataires, l'incidence de troubles mentaux, d'actes violents et de comportements antisociaux est, pense-t-on, plus élevée.22 Ceci est particulièrement vrai dans des pays comme l’Inde et la Chine où, traditionnellement, seules les personnes mariées et ayant des enfants acquièrent un certain statut et sont acceptées par la société.23 En fait, les études montrent que la distorsion du ratio homme/femme explique jusqu’à un septième de la hausse de la criminalité observée en Chine au cours des 20 dernières années.24 Selon certains, la hausse de la « valeur de rareté » des femmes aurait également entraîné une augmentation du trafic des personnes par exemple.25 La politique de l’enfant unique contribuerait même de manière significative au taux de suicide élevé des Chinoises (le troisième le plus élevé au monde selon les données les plus récentes de l’Organisation mondiale de la santé). Le suicide est la principale cause de mortalité parmi les Chinoises de 15 à 34 ans habitant en milieu rural. Le taux de suicide des femmes s’établit à 15 pour 100 000 en Chine, contre moins de 10 pour 100 000 à Hong Kong, 8 pour 100 000 en Corée et seulement 4 pour 100 000 aux États-Unis.26 Cela étant, la hausse du ratio homem/femme, à l’instar de la baisse de la fécondité, ne peut pas être imputée uniquement à la politique de l’enfant unique. Le ratio du nombre de garçons sur le nombre de filles à la naissance est également anormalement élevé dans d'autres pays d’Asie de l’Est et certaines régions de l’Inde, des Balkans et des ÉtatsUnis. La carte du Graphique 1 indique que la mise en œuvre de la politique a aggravé la situation, parce que les seules régions chinoises à afficher un ratio homme/femme « normal » sont celles où la politique n’est pas du tout appliquée. Cela étant, la hausse du ratio homme/femme en Chine est 22 18 Le risque que les garçons meurent en bas âge étant légèrement plus élevé, le nombre de nouveau-nés de sexe masculin doit être supérieur au nombre de nouveau-nés de sexe féminin pour que le ratio soit voisin de 100 lorsque les enfants concernés atteignent l'âge de la puberté. 19 Académie chinoise des sciences sociales (janvier 2010) ; Nicholas Eberstadt, correspondance personnelle ; NDRC th (2007), China’s Demographics 11 5 year plan and 2020 target. 20 Cf. par ex. Anhui, Guangdong et Qinghai. New England Journal of Medicine (même numéro que celui cité en référence ci-dessus). 21 Cf. par ex. http://www.chinadaily.com.cn/metro/201003/26/content_9646491.htm 7 Banque mondiale (2004), The Devil in the Demographics: The Effect of Youth Bulges on Domestic Armed Conflict ; New England Journal of Medicine (2005), même numéro que celui cité en référence ci-dessus. 23 The Economist, même numéro que celui cité en référence cidessus. 24 Edlund et autres, Sex ratios and Crime: Evidence from China’s one child policy. 25 New England Journal of Medicine (2005), même numéro que celui cité en référence ci-dessus ; Nicholas Eberstadt. 26 The Economist, New England Journal of Medicine ; données les plus récentes publiées par l'Organisation mondiale de la santé (dont certaines ne reflètent plus du tout la réalité : la Chine et de nombreux autres pays hésitent à publier des statistiques concernant leur taux de mortalité). Septembre 2010 essentiellement imputable à une préférence pour les fils. Les études de la Banque mondiale indiquent que la préférence pour les fils est plus marquée dans les sociétés « patrilinéaires » rigides, notamment celles de l’Asie de l’Est, où les patrimoines et le statut social se transmettent de père en fils.27 Certains signes suggèrent que cette préférence traditionnelle s’estompe, que le ratio homme/femme se stabilise et qu’un nombre croissant de jeunes femmes n’expriment aucune préférence pour l'un ou l'autre sexe. Les problèmes sociaux associés aux guanggan ont également incité les autorités chinoises à adopter des mesures destinées à rendre la naissance d'une fille plus populaire. Les avortements motivés sur le sexe du bébé ne sont plus autorisés depuis 1995, et le 11e plan quinquennal (2006-10) promettait d'accorder plus d’avantages aux familles rurales ne comportant que des enfants de sexe féminin. Il est probable que d’autres mesures de ce type seront incluses dans le prochain plan. Les familles et leur incidence Un problème moins souvent évoqué est l’impact du plus grand nombre d’adultes fils ou filles uniques sur la structure des familles, notamment en milieu urbain. Les fils et filles uniques qui se marient fondent une famille nucléaire incluant un seul enfant qui n'a pas (par définition) ni frères et soeurs, mais également aucun cousin, oncle ou tante. D'ici à vingt ans, la majorité des citadins en âge de procréer seront des enfants uniques. En Chine, les affaires sont traditionnellement conclues au sein de réseaux regroupant les membres d'une famille élargie (les guanxi), une coutume qui réduit le risque d'entorses au droit chinois – dont l’autorité n'est pas encore reconnue par tous les Chinois. Les universités commencent tout juste à analyser les implications de cette évolution, mais elle pourrait changer la nature de l'économie chinoise de façon fondamentale. Elle pourrait tout au moins gripper les rouages du miracle économique chinois et entraîner une 27 Das Gupta (2010), Family Systems, Political Systems, and Asia’s ‘Missing Girls’: The Construction of Son Preference and Its Unravelling. 8 diminution du nombre d'entrepreneurs dans un pays qui en a pourtant grand besoin.28 Perspectives La Chine a commencé à prendre conscience des conséquences indésirables de la politique de l’enfant unique, comme le montrent les objectifs démographiques du plus récent plan quinquennal. Comme nous l'évoquions cidessus, ce plan incluait des mesures visant à rééquilibrer le ratio homme/femme, et prenait acte du rapide vieillissement de la population. Cela étant, les autorités continuent de cibler un taux de fécondité de 1,8, c’est-à-dire largement inférieur à son seuil de remplacement, et elles se préoccupent davantage des perspectives d’évolution à court terme du chômage que d’une insuffisance à plus long terme de main d’œuvre. Les représentants des autorités ont également déclaré qu’aucun changement ne serait apporté à la politique de l’enfant unique dans le prochain plan quinquennal (2011-15). En 2009, les autorités se sont aperçues que Shanghai enfreignait la politique, mais ont contraints les représentants de cette ville à déclarer publiquement qu'ils recommenceraient à l'appliquer à la lettre, et l’Association chargée de la planification familiale s’est contentée de rappeler à la population les exceptions actuellement prises en compte. Comme nous l'avons décrit cidessus, la politique de l’enfant unique n’est appliquée strictement que pour moins de la moitié de la population, mais le taux de fécondité est largement inférieur à son seuil de remplacement y compris en milieu rural, et il est inférieur à 1 à Shanghai et Pékin.29 En conséquence, certains Chinois ne sont pas conscients que cette politique comprend des exceptions ou choisissent d’avoir moins d’enfants que le nombre autorisé. La première de ces deux éventualités apparaît plausible, mais les preuves que certains Chinois choisissent d’avoir moins d’enfants que le nombre autorisé sont également légion. Comme nous l'évoquions plus haut, le taux de fécondité avait déjà connu une baisse significative avant la mise en œuvre de la 28 Discussion engagée dans le cadre d'une correspondance personnelle avec Nicholas Eberstadt, pas encore publiée. 29 Nicholas Eberstadt. Septembre 2010 Ceci suggère qu'un assouplissement immédiat de la politique de l’enfant unique ne permettrait pas au taux de fécondité de remonter à son seuil de remplacement. Même si tel était le cas, le décalage mis en jeu serait très important et cette remontée n'aurait qu'une incidence bénéfique faible sur la croissance économique. Les projections moyennes des Nations Unies (utilisées dans les projections démographiques ci-dessus) intègrent déjà une légère amélioration de la fécondité. Même en tablant sur une fécondité élevée (c'est-à-dire une remontée du taux de fécondité à un niveau supérieur à 2 entre 2010 et 2015), on n'assisterait à aucune amélioration du taux de dépendance des personnes âgées et à aucune augmentation de la population active au cours des 20 prochaines années. Le taux de dépendance augmenterait en réalité du fait de l’augmentation du nombre d’enfants. 30 New England Journal of Medicine (2005), The Effect of China’s One-Child Family Policy after 25 years ; BMJ (2006), Family Size, fertility preferences and sex ratio in China in the era of the one child family ; Fang et autres (2010), Female Employment and Fertility in Rural China. 9 Graphique 7 : ratio de dépendance total et ratio de dépendance des personnes âgées pour divers scénarios d'évolution de la fécondité 80 70 60 Dependency rate, % politique de l'enfant unique, pour les mêmes raisons qu'ailleurs dans le monde : hausse de l’emploi féminin, meilleur accès aux moyens de contraception, diminution de la mortalité infantile, etc. L’impact de ces facteurs est illustré par la baisse qu'a connue au cours des 20 à 30 dernières années le nombre de futurs parents qui préfèreraient avoir une fille ou un garçon. Les résultats de l’Enquête nationale sur la planification familiale montrent qu'un salaire plus conséquent, un emploi non agricole et un degré d’instruction plus élevé sont tous trois associés à une préférence moins marquée pour un sexe ou pour l'autre – même pour les femmes habitant en milieu rural qui souhaitent avoir des enfants et sont autorisées à en avoir plus d'un. Les femmes plus jeunes et celles habitant en milieu urbain sont beaucoup plus susceptibles de ne vouloir qu'un seul enfant.30 50 40 30 20 10 0 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 Source : Projections des Nations Unies concernant l’évolution de la population mondiale Compte tenu de l’inefficacité des mesures adoptées par les autorités pour remédier aux problèmes démographiques et du manque de volonté de ces dernières d'apporter une solution à ces problèmes, la deuxième solution la plus pertinente pour la Chine consiste à s’adapter à l’impact du vieillissement démographique et à atténuer cet impact. La politique de l’enfant unique a contribué à ce problème, et les autorités devront impérativement mettre en œuvre les politiques appropriées pour en gérer les conséquences. Le moyen le plus efficace de remédier au problème du vieillissement de la population chinoise à ce stade consisterait probablement à relever l’âge de départ à la retraite. En 2009, les autorités ont laissé entendre qu’elles envisageaient d’adopter une telle mesure, mais, en pratique, les employés et les employeurs y sont opposés. Les employés chinois, à l’instar de leurs homologues européens, n’acceptent pas de travailler plus longtemps pour que des objectifs économiques à long terme puissent être atteints, et les employeurs chinois préfèrent ne pas embaucher de travailleurs plus âgés, certains, comme nous l’avons déjà mentionné, ne possèdent même pas les compétences les plus élémentaires. Compte tenu de la fragilité du contrat social en Chine, la mise en œuvre de politiques aussi impopulaires constituerait un pari très risqué pour les autorités de ce pays. Cela étant, si aucune réforme n'est entreprise, il se pourrait qu’elles soient contraintes de se fixer des objectifs moins ambitieux en matière d'amélioration du système de santé et d'aide sociale. Certains témoignages suggèrent 2050 Septembre 2010 qu’une faiblesse sensibilisation au coût du vieillissement – une personne âgée coûte à l’État en moyenne trois fois plus qu’un enfant – pourrait porter atteinte à la planification à long terme du budget de la Chine.31 Conclusion Notre principale conclusion, d’un point de vue économique, est que la croissance de la population, l’augmentation de la population active, les gains de productivité et la croissance du PIB ralentiront en Chine au cours des 40 prochaines années – alors que certains de ces indicateurs se situent actuellement un niveau très élevé. Ce constat n’implique pas nécessairement une stagnation et est en fait encourageant à divers points de vue. En Chine, la population active se chiffre à environ un milliard d'individus, et est donc près de cinq fois supérieure à son niveau aux États-Unis, et plus de sept fois supérieure à son niveau en Europe occidentale. La population active chinoise est de loin la plus élevée au monde et est supérieure de 200 millions à celle de l’Inde. D’ici à 2050, la population active de l’Inde deviendra supérieure à celle de la Chine, mais cette dernière restera la deuxième plus élevée au monde (870 millions de travailleurs).32 L’urbanisation, un meilleur niveau d'instruction et la transformation de l’économie chinoise en une économie à plus forte valeur ajoutée continueront de se traduire par des gains de productivité, et si, comme le suggèrent les projections, l’économie chinoise affiche à l’avenir un taux de croissance de 8 %, elle restera l’une des économies les plus dynamiques de la planète. A notre avis, la Chine devrait dorénavant connaître des changements plus significatifs d'un point de vue social, culturel et des liens entre individus. La situation que connaît actuellement la Chine est sans précédent. Dans ce pays, il existe désormais un important déséquilibre entre le nombre de personnes de sexe masculin et le nombre de personnes de sexe féminin ; le taux de vieillissement de la population est le plus élevé au monde, et les réseaux constitués des membres d'une famille élargie cèdent très 31 Lee, Global Population Aging and its Economic Consequences. 32 Projections des Nations Unies concernant l’évolution de la population mondiale. 10 rapidement la place à des familles nucléaires réduites à leur plus simple expression. Une comparaison entre les statistiques relatives au vieillissement démographique en Chine à celles relatives au même phénomène au Japon – pays communément considéré comme le « plus âgé » du monde – permet de tirer des conclusions intéressantes. Si on utilise l’augmentation en termes absolus de l’âge médian de la population pour mesurer le « vieillissement » démographique, on constate que l'âge médian de la population chinoise devrait devenir légèrement supérieur à celui du Japon d'ici à 2050, mais qu'entre temps il augmentera de 32 %, alors que celui de la population japonaise n'augmentera que de 23%. En outre, le ratio de dépendance du Japon doublera d’ici à 2050, mais celui de la Chine aura plus que triplé d'ici là. Bien qu’il soit impossible d’anticiper avec précision l’impact des changements mentionnés ci-dessus, cet impact pourrait s’avérer significatif d’un point de vue qualitatif. Certains développements le confirment déjà, notamment l’extrême popularité des réseaux sociaux en Chine. L’accentuation du déséquilibre des sexes sera délicate à gérer au cours des prochaines décennies. L’apparition de familles « 4-2-1 » présentera également des inconvénients incontestables d’un point de vue social et accroîtra les pressions qui poussent les jeunes gens à tenter de réussir dans la vie. La structure familiale reposant sur l’existence d’un enfant unique présente certains avantages, toutefois. Elle contribue notamment à l'accroissement des dépenses d'éducation, et à renforcer une culture accordant la priorité à la consommation. L’un des principaux points d’interrogation en termes d’investissement concerne la capacité de la Chine à maintenir les gains de compétitivité qu'elle a réalisés par rapport aux autres économies internationales et à continuer d’accroître sa contribution à l’économie mondiale, en dépit des problèmes démographiques auxquels elle est confrontée. A moyen terme, les autorités chinoises devraient continuer, à notre avis, d'adopter des mesures visant à accroître la part de la consommation intérieure dans la croissance du PIB aux dépens de celle des exportations, qui sont actuellement le principal moteur de cette croissance. L’augmentation du Septembre 2010 patrimoine des ménages constituera un aspect important de cette transition. Elle contribuera de façon déterminante à la stabilité de l'économie chinoise, mais également à l’efficacité des mesures adoptées pour gérer le vieillissement démographique et maîtriser la part des futures prestations de retraite qui n'est actuellement financée par aucun actif. A l'avenir, les investissements les plus rentables réalisés en Chine seront ceux qui viseront à tirer parti de l'identification d'opportunités créées par l'évolution du comportement des consommateurs chinois en réponse aux changements que connaîtront la population et l'économie de ce pays. Information importante: Ce document exprime les opinions de Virginie Maisonneuve, responsable de l’équipe actions internationales, et Katherine Davidson, analyste, équipe actions internationales, et ne représente pas nécessairement les opinions formulées ou reflétées dans d’autres supports de communication, présentations de stratégies ou de fonds de Schroders.Ce document n’est destiné qu’à des fins d’information et ne constitue nullement une publication à caractère promotionnel. Il ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente d'un instrument financier quelconque. Il n’y a pas lieu de considérer le présent document comme contenant des recommandations en matière comptable, juridique ou fiscale, ou d’investissements. Schroder Investment Management Limited (Schroders) considère que les informations contenues dans ce document sont fiables, mais n’en garantit ni l’exhaustivité ni l’exactitude. 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