Le Maroc, eldorado des entraîneurs étrangers

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Le Maroc, eldorado des entraîneurs étrangers
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Le Maroc, eldorado des entraîneurs étrangers
Maroc
Posté par: Redacteur
Publiée le : 18/6/2007 0:15:52
Les entraîneurs étrangers sont de plus en plus sollicités par les clubs marocains. En position de
force, ces « experts venus d’autres cieux » négocient leur salaire à prix fort, sans garantie de
résultats.
Lorsqu’un club comme le Real Madrid, l’As Rome ou encore Chelsea fait appel à un
nouvel entraîneur, ses dirigeants organisent une rencontre avec les médias pour présenter les
grandes lignes du contrat de recrutement : la durée, le salaire, les objectifs fixés, bref tout ! Mais
lorsque l’un des grands clubs marocains comme le Raja, le Wydad ou encore les FAR
recrute un coach étranger, souvent c’est le black-out. Rien ne filtre ou presque. Parfois, nos
dirigeants du foot ne communiquent que la durée du contrat qui lie leur club avec tel ou tel
entraîneur.
Interrogé par certains journalistes sur le salaire de Jean-Yves Chay, fraîchement nommé entraîneur
des « Verts », Abdellah Rhallam, président du comité provisoire du Raja de Casablanca, n’a
pas voulu donner de réponse. « Comme vous le savez, on ne donne pas ce genre de détail.
Demandez plutôt à l’entraîneur. Il est le premier concerné. S’il veut vous
communiquer son salaire, nous n’y voyons aucun inconvénient », a dit
l’ancien-nouveau président du club rajaoui. Généralement, aucun club marocain
n’organise une conférence de presse au lendemain d’un recrutement pareil pour
éviter, peut-être, les questions qui fâchent. Ce genre de contrat est souvent classé « secret-défense
». Une sorte de tradition que les responsables de ce sport ne sont pas prêts à abandonner.
Au Maroc, les entraîneurs étrangers ont la cote. Quand un club n’a plus de coach,
c’est en Europe ou en Amérique latine où ses dirigeants en dégotent un. Dans la majorité
des cas, les entraîneurs nationaux ne sont nommés que provisoirement. Ils assurent
l’intérim, le temps de trouver un « vrai sélectionneur », dont le salaire dépasse les 100.000
dirhams par mois.
C’est le cas, d’ailleurs, du nouvel entraîneur du Raja de Casablanca. Selon des
sources proches, le technicien français, Jean-Yves Chay, devrait toucher une mensualité de 120.000
dirhams tout comme son prédécesseur le Portugais Paco Fortes.
L’Argentin, Oscar Fullone, lui, été payé à 100.000 dirhams le mois. Suite à une série de
mauvais résultats qui prédisaient une saison désastreuse pour le Raja, il a été remercié. Mais cela
ne l’a pas empêché de négocier son départ. Oscar Fullone, sorti par la petite porte, a
emporté avec lui trois mois de salaire. Et c’est ensuite que le club casablancais a fait appel à
Paco Fortes qui n’a pas fait long feu. Limogé, il quitte le club avec deux mois de salaire.
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Le Wydad de Casablanca avait, lui aussi, recruté un coach portugais, José Romão. Tout comme ses
confrères, cet entraîneur touchait un salaire de 120.000 dirhams par mois. Malgré les privilèges dont
il bénéficiait, José Romão a quitté le WAC au milieu de saison sans préavis pour s’envoler
vers le Qatar. Les membres du comité du Wydad, dirigé alors par Tayeb Fechtali, ont vite comblé le
vide pour ne pas « perturber la stabilité de l’équipe », disaient-ils. Et pour cela, ils ont sollicité
les services d’un vieil ami, Ladislas Lozano, qui avait dans le passé provoqué une grande
polémique en traitant le football marocain de « milieu pourri ».
En plus du salaire mensuel exorbitant, les entraîneurs venus d’autres cieux bénéficient de
plusieurs avantages : voiture de service, appartement luxueux, billets d’avion..., le tout au
frais de la princesse. Sans parler des primes qui tombent, quoi qu’il arrive. « Parfois, un
sélectionneur étranger coûte plus cher qu’une équipe entière avec ses joueurs et son staff
technique », ironise un dirigeant du Wydad. « Lorsqu’il s’agit de prime, par exemple,
un coach peut toucher jusqu’à 600.000 dirhams. Les joueurs quant à eux, ne perçoivent
qu’une petite somme ne dépassant pas les 50.000 dirhams », dit-il.
Un entraîneur étranger qui vient au Maroc a tout à gagner. En cas de bons résultats, il est
récompensé par des « super primes ». Dans le cas contraire, c’est le « divorce à
l’amiable », accompagné d’un dédommagement, stipulé noir sur blanc dans le
contrat dont certaines clauses ne sont jamais divulguées au public. C’est dû au processus de
recrutement. En effet, lors des négociations, les entraîneurs étrangers sont toujours en position de
force. Leurs managers finissent dans la plupart du temps par imposer leurs conditions. « Les
entraîneurs étrangers profitent de l’anarchie. Certains d’entre eux arrivent avec des
contrats préétablis. Et les dirigeants n’ont d’autre choix que de signer. On doit en finir
avec cette pratique », s’indigne Khalid Ibrahimi, l’ancien vice-président du Raja. « Il
faut que notre fédération établisse un contrat type pour réglementer ce genre de transfert »,
propose-t-il.
Contrairement aux entraîneurs nationaux, les « techniciens étrangers » sont traités de façon royale.
Ils sont tellement « gâtés » qu’ils peuvent tout se permettre. Lors d’une concentration
de l’équipe du Raja de Casablanca à Ifrane, Oscar Fullone, n’ayant pas supporté le
climat froid de cette ville, est resté dans sa chambre d’hôtel. Seul son adjoint supervisait les
séances d’entraînement !
L’engouement des dirigeants de clubs marocains pour les sélectionneurs étrangers reste un
mystère. Pourtant, le Royaume regorge d’entraîneurs talentueux. La saison écroulée en est
l’exemple vivant. Mustapha Madih a conduit l’Olympique de Khouribga vers son
premier titre, Abderrazak Khayri, lui, a propulsé le Fath Union Sport en première division et Badou
Zaki a permis à l’équipe du Kawkab de Marrakech de retrouver son agressivité. Et
paradoxalement, les équipes dirigées par des « experts étrangers » vivaient cette année une
véritable agonie. Même les dirigeants de la Fédération royale marocaine de football (FRMF)
préfèrent recourir à des coachs internationaux. Mais après le limogeage de Badou Zaki suivi du «
parachute doré » de Philippe Troussier, la fédération a préféré recruter un sélectionneur national
marocain pour calmer les esprits. La rupture du contrat avec Troussier avait coûté à la FRMF une
somme qui avoisine les huit millions de dirhams !
Entraîneur étranger signifie plein pouvoir
De manière générale, les entraîneurs étrangers recrutés par les clubs marocains se voient octroyer
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des pleins pouvoirs. Leurs décisions sont indiscutables. « C’est dans notre culture. Dans
notre esprit, on n’est convaincu par l’idée qu’un entraîneur étranger connaît
son travail. Peu importe la décision qu’il prend, il ne faut jamais le contredire », témoigne un
ancien dirigeant du Raja. Une fois, un entraîneur avait même exigé le déplacement des vestiaires
pour des raisons qui demeurent inconnues.
« Lorsqu’un entraîneur demande telle ou telle chose, les gens exécutent, sans poser de
questions », renchérit un adhérent du WAC. Il s’agit là d’un des privilèges dont
bénéficient les experts étrangers. Un entraîneur national ne peut se permettre ce genre de chose.
Pis encore, les adhérents de club ne se gênent pas pour critiquer ouvertement ses choix
stratégiques. L’ancien coach des « Rouges », Ladislas Lozano a laissé sur le banc de
touche, Hakim Ajraoui, l’un des meilleurs attaquants wydadis sans avoir à justifier cette
décision.
La mise en écart de ce joueur a passé presque inaperçue. Pourtant, après le départ de Lozano, ce
même Ajraoui a pu inscrire deux buts en un seul match (quart de finale de la Coup du Trône face au
DHJ). « Si cette décision avait été prise par un entraîneur national, il risquait d’être "crucifié"
par les dirigeants du club », commente un ancien membre du comité du club.
Aujourd’hui le Maroc - Rachid Abbar
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