Le palais des Offices date de 1560 Dossier pédagogique

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Le palais des Offices date de 1560 Dossier pédagogique
FLORENCE- Le Palais des Offices et le Palazzo Vecchio
Le palais des Offices date de 1560.C’est une œuvre de Vasari à qui Cosme 1er de Médicis
(1519-1574) avait confié la tâche de construire un édifice destiné à abriter les bureaux
administratifs de la ville.Le matériau choisi fut la traditionnelle pierre gris clair contrastant
avec le crépis blanc.
François Ier réussit en 1581 à reprendre ces bureaux et y réunir des œuvres d’art.Les couloirs
sont richement décorés par des statues et sarcophages d’époque romaine dont la plupart sont
des copies d’originaux grecs.
Le Palazzo Vecchio est l’hôtel de ville de Florence.Il s’agit d’un palais-forteresse situé sur la
piazza de la Signoria (Seigneurie= ensemble des représentants municipaux et des
corporations). Il côtoie les Offices. Sa construction débuta en 1299. La tour (87m de hauteur)
servait de prison.Ce beffroi est crénelé (style toscan) La tour comporte un chemin de ronde en
saillie. Ce palais est qualifié de « vecchio » (vieux) car les Médicis décidèrent de le quitter
pour racheter en 1549, le Palais Pitti sur la colline de Boboli, palais qui appartenait à un riche
commerçant.Les Médicis pouvaient le rejoindre par le corridor Vasari édifié en haut du Ponte
Vecchio.Les blasons sur la façade du Palazzo Vecchio témoignent de la puissance de la cité
de Florence : ils donnent un aperçu de la situation politique de la ville. L’emblème historique
de la cité est le champ vermeil au lys blanc, lequel symbolise Florence. La couleur vermeille
est celle de Rome. (mythe fondateur que l’on retrouve à Sienne avec la louve et les jumeaux
Rémus et Romulus). Aujourd’hui, le blason de la ville est inversé : champ blanc au lys
vermeil.Il s’agit de celui du parti guelfe , au pouvoir à partir du XIIIème siècle.Le blason des
corporations de métiers est un champ blanc à croix vermeille.L’aigle rouge agriffant un
serpent symbolise l’alliance des cités guelfes.
Il existe une salle aux lys d’or sur fond bleu : ils symbolisent l’alliance entre la France et
Florence depuis 1465 : Louis XI avait octroyé à Pierre de Médicis le privilège de faire figurer
trois lys sur le blason des Médicis.
La Sainte Famille, Michel-Ange-1504 (1475-1564)
Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni dit Michel-Ange est né en Toscane. Son père
était magistrat et podestat(=premier magistrat de la ville en Italie du Nord) de Caprese.
En 1481 , Michel-Ange perdit sa mère.
Il choisit d’être l’apprenti de Domenico Ghirlandaio pour trois ans à partir de 1488.
Il étudia les fresques de l'église Santo Spirito de Florence et de l'église Santa Maria del
Carmine , en copiant les fresques de Masaccio.
Impressionné par son travail, Domenico le recommanda au maître de Florence, Laurent de
Médicis. De 1490 à 1492, Michel-Ange fut donc l’ élève de Laurent.
Il pratiqua l’anatomie et l’étude du corps humain à l’hôpital Santo Spirito de Florence vers
1490.
Après la mort de Laurent en 1492, Michel-Ange quitta Florence, pour n’y revenir que 4 ans
plus tard, et y créer en 1501 son œuvre la plus célèbre, le David sculpté dans un bloc de
marbre extrait des carrières de Carrare. Il peignit également la Sainte Famille à la tribune dite
Tondo Doni.
En 1499, il réalisa la sculpture La Pieta pour la basilique Saint-Pierre de Rome.
De 1508 à 1512, il peignit le plafond de la chapelle Sixtine, autour de neuf histoires tirées de
la Genèse.
De 1519 à 1531, il réalisa à Florence les sculptures des chapelles de Médicis.
A partir de 1546, il fut nommé architecte de la basilique Saint-Pierre de Rome.
Il mourut à Rome en 1564.
Cette peinture circulaire est à la fois en tempera et à l’huile.(rappel : la technique
ancienne de la tempera consiste à utiliser le jaune d’œuf pour lier les pigments sur des
panneaux de plâtre ou de bois.L’enduit est à base de craie)
Elle fut commandée par Angelo Doni, tisserand florentin, pour être destinée à la dévotion
privée.Elle célèbre le mariage d’Agnolo Doni avec Maddalena Strozzi.
Tondo est un terme désignant un travail circulaire qui est souvent associé au mariage (desco
da parto) dans la Renaissance.
Ce tableau de 120 cm de diamètre est composé de manière très rigoureuse, avec plusieurs
plans, de la profondeur, un point de fuite, tout cela dans un mouvement en spirale
dynamique.
Il s’agit du seul tableau de Michel-Ange exposé en dehors du Vatican.
Le cadre est en ronde-bosse = sculpture en trois dimensions en général posée sur un socle,
contrairement aux bas et hauts-reliefs attachés à un fond.
Le groupe au centre est formé de Joseph tendant l'enfant Jésus à Marie, c'est donc une
Vierge à l'Enfant et une Sainte Famille. On peut apercevoir derrière le muret à leur gauche
saint Jean-Baptiste enfant. Derrière eux, se trouvent de jeunes Ignudi, qui sont des
personnages nus. Ces beautés païennes permettent un mélange du païen et du religieux que
l'on retrouve souvent dans l’œuvre de Michel-Ange, comme dans la chapelle Sixtine.La
Vierge à l’Enfant et la Sainte Famille sont deux sujets religieux.(Nouveau Testament)
Les nus sont des sujets païens peut-être imités de sculptures antiques connues à l’époque.Ils
représentent le paganisme, l’étape avant la Loi de Moïse.
Tous ces personnes peuvent être considérées comme allégoriques: les personnages nus à
l'arrière- plan correspondent à l'époque précédant la loi de Moïse: le paganisme; au premier
plan, la Vierge et le Christ enfant représentent l'époque du Nouveau Testament ; saint Jean
Baptiste symbolise l'étape intermédiaire depuis l'Ancien Testament.
Marie est en position centrale. Ses bras sont nus et musclés, ce qui fait référence aux statues
antiques.Joseph est très proche de Marie, ce qui est inhabituel dans les tableaux religieux
représentant la sainte Famille au Moyen-Age et au début du XVème siècle.
Tous les personnages du tableau ont un regard amoureux. L’amour contemplatif amène à la
connaissance spirituelle.Ici, Michel-Ange valorise le moment de l’Incarnation de Dieu.
Il a mis en relief la beauté plastique des corps.Le groupe est compact comme un bloc de
marbre
.Les couleurs sont celles du clair-obscur, froides comme chez les peintres maniéristes.
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Cette œuvre peut-être considérée comme initiant le maniérisme.
Le maniérisme(bella maniera), aussi nommé Renaissance tardive, est un mouvement
artistique de la période de la Renaissance allant de 1520 (mort du peintre Raphaël) à 1580. Il
constitue une réaction face aux conventions artistiques de la Haute Renaissance, réaction
amorcée par le sac de Rome de 1527 qui ébranla l'idéal humaniste de la Renaissance.L’artiste
se trouve en opposition avec la règle d’imitation de la nature.L’obscurité est très présente. On
remarque la torsion des corps= réaction contre la perfection des corps à la Renaissance., dans
un effort pour rompre délibérément avec l'exactitude des proportions, l'harmonie des couleurs
ou la réalité de l'espace, de manière à produire un nouvel effet émotionnel et artistique.Les
codes et symboles sont nombreux.Il s’agit d’un art de cour s’adressant à un public lettré.
Ex : La Madone au long cou, de Le Parmesan (1540)
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Les caractéristiques de l’art maniériste sont:
un espace désuni, et souvent défini
une image trouble et obscure
une déformation et une torsion des corps, dont la figure serpentina dessinant un S
des tons acides et crus, hérités de Michel-Ange et la chapelle Sixtine à Rome
une recherche du mouvement
une exagération des formes
L’adoration des mages, Sandro BOTTICELLI (1475)
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Sandro Botticelli (1445-1510) est un peintre de la Renaissance familier de la cour des
Médicis (Laurent le Magnifique). Il fut formé dans l’atelier du frère Filippo Lippi, et
rencontra Léonard de Vinci à l’atelier de Verrocchio.Vers 1470, il posséda son atelier et passa
sa vie à peindre pour les grandes familles florentines, notamment les Médicis.
Sa rencontre avec des philosophes néoplatoniciens comme Pic de la Mirandole l’amena à
favoriser l’expression de l’Idée (le Beau idéal), à partir d’allégories, de symboles.La
compréhension de ses œuvres était destinée à un cercle restreint d’initiés.Son œuvre est
empreinte de mélancolie.
« Le Printemps »(1478) et « La naissance de Vénus » (1482) sont deux panneaux commandés
par la villa Médicis.
Il peignit également des toiles à caractère religieux comme « La vierge du Magnificat »
(1480), « Vierge à la grenade » (1480), « Le couronnement de la Vierge » (1490), « La
Madone à l’Enfant entre deux saints » (1485).
En 1481, Laurent de Médicis l’envoya à Rome décorer les murs de la chapelle Sixtine au
Vatican.Il y exécuta des fresques : « La Jeunesse de Moïse », « La Punition des fils de
Corah » et « La Tentation du Christ ». Ces sujets évoquent la continuité entre Ancien et
Nouveau Testament.
En 1494, les Médicis ont été chassés de Florence et la République, proclamée.Le moine
Savonarole prêcha l’austérité et la réforme. Botticelli connut alors une crise spirituelle.
Il mourut à Florence en 1510.
Cette peinture , « L’Adoration des mages », réalisée en tempera sur bois de 111 cm x 134 cm,
a été commandée par Giovanni di Zanobi del Lama, un banquier florentin, courtisan de la
cour des Médicis, pour être le retable de la chapelle Lami de l'église Santa Maria Novella.
C’est un thème de l’iconographie chrétienne. Le défilé des mages est cependant le prétexte
à exposer les personnages importants et influents du temps de la réalisation de l'œuvre peinte.
Contrairement à beaucoup de tableaux sur ce thème, ici, Marie présentant Jésus à l'Adoration,
est placée au centre du tableau en position élevée dans le décor, dans un enchevêtrement de
grotte, de ruines, de cabane en bois.On observe des ruines antiques à la gauche du tableau à
l'extérieur de la scène proprement dite avec des monts au loin dans le fond.
La composition est centrée sur une pyramide, caractéristique fondamentale de la
Renaissance, qui crée un équilibre.
Son principal intérêt documentaire tient au fait de la présence dans le tableau de nombreux
portraits de personnalités des Médicis dans une composition anachronique (d'autant plus
que le peintre y est présent, à droite, regardant vers le spectateur).
Laurent le Magnifique peut être le jeune dandy tenant son épée.
Cosme l’Ancien (mort en 1464) est agenouillé aux pieds de la Vierge.
Piero est le deuxième roi mage, en manteau, agenouillé au centre.Jean de Médicis est le
troisième mage, à côté de lui.
Julien de Médicis est vêtu de noir (il fut victime de la conjuration des Pazzi) et sa chevelure
est brune.
Politien de Médicis est à côté de Laurent et lui désigne la scène.
Pic de la Mirandole se trouve à côté de Politien et a le regard tourné vers lui. Joseph
ressemble à Platon.
Del Lama, le commanditaire, est peint en vieil homme à cheveux blancs et à robe longue
bleu-clair, regardant l'observateur et pointant sa direction de sa main droite.
Botticelli lui-même, en manteau, à l'extrême -droite, regarde l'observateur du tableau.
La Calomnie d’Apelle, Botticelli 1494
Cette peinture sur panneau est une tempera sur bois (peinture utilisant le jaune d’œuf comme
liant), réservée à un public d’initiés lors de sa création.Il s’agit d’une allégorie avec des
références mythologiques.Apelle était un peintre grec antique(IVème s. av JC), portraitiste
d’Alexandre le Grand.Il avait déjà abordé le thème de Vénus sortie des eaux.Il peignit « La
Calomnie », décrite par les écrivains Lucien de Samosate(IIème s. ap JC) et Pline l’Ancien(Ier
s. ap JC). Apelle de Cos a été calomnié en place publique par un autre peintre, Antiphilos.
Accusé de trahison envers Ptolémée IV, il fut emprisonné, puis reconnu innocent. Il s’agit
donc d’un sujet profane.
Botticelli était l’ami de Laurent le Magnifique (famille des Médicis), grand banquier, maître
de Florence et célèbre humaniste, mort en 1492.
C’est une œuvre qui concernait, sans doute, la vie de Botticelli et notamment l’influence
deSavonarole brûlé l’année suivante. En ce sens, cette œuvre, replacée dans son contexte
historique, est probablement polémique. On a dit aussi qu’elle répondait à des calomnies
dont Botticelli aurait été victime auprès de Pierre de Médicis (on l’aurait accusé de sodomie
sur la personne d’un de ses assistants). C’est en tout cas une œuvre emblématique des
préoccupations de la Renaissance vis-à-vis de l’Antiquité.De plus, Botticelli, à la fin de sa
vie , fut influencé par l'enseignement réformateur du Frère Savonarole qui dénonçait la
corruption de la société. Désormais, Botticelli abandonna les beautés féminines de ses
premières oeuvres; son imagination devint plus sombre et plus angoissée, comme nous
pouvons le voir dans son allégorie de la Calomnie d'Apelle.
Les 4 couleurs d’Apelle sont le blanc, l’ocre, le rouge, le noir.
La perspective est nette dans ce tableau.C’est une caractéristique de l’art à la Renaissance.
Cependant, contrairement à Léonard de Vinci, Botticelli ne s’intéressait pas à l’exactitude de
l’anatomie, mais exaltait la surface et la ligne, et non le volume.
Le lieu scénique du tableau fonctionne comme une architecture théâtrale. L’architecture du
second plan a une double fonction. Sa première fonction concerne l’espace. Elle assure l’unité
de l’oeuvre et sa profondeur par la perspective, mais aussi par la succession des portiques, elle
contribue à rythmer la narration qui se développe au premier plan. Cette fonction spatiale
construit la profondeur par une perspective très stricte et très classique, avec un point
principal de fuite situé au centre de la toile, dans le pilier central, entre les jambes de la statue
de « David », juste au-dessus de la tête de la « Séduction », sur la verticale au milieu
exactement de la surface . Sa seconde fonction est iconologique et elle s’exerce à plusieurs
niveaux : celui d’un décor qui situe la scène dans son contexte antique et celui d’une
figuration narrative qui, par le jeu complexe des statues et des frises sculptées qui ornent les
piliers, vient dialoguer avec la narration proprement dite du premier plan.
Cependant, on ne découvre le protagoniste, Apelle, qu’au fond du tableau.Apelle est
l’Innocence traînée par les cheveux. Les deux seuls personnages « positifs » de ce tableau
sont nus, la Vérité (qui renvoie à la « Vénus céleste » de la « Naissance de Vénus ») et Apelle
lui-même. C’est que la nudité est symbolique de la pureté et du dénuement que préconisait
Savonarole. Inversement, la « Calomnie » est richement vêtue et elle est parée par la «
Séduction » et la « Fourberie ».
Dans le cadre d’un tableau, la narration rétablit l’équilibre, par son mouvement qu’elle
implique et par le « poids » de la figure allégorique de la Vérité, la seule à peu près verticale
et la seule à être hors action, ou plutôt d’être au-dessus d’elle, dans un ailleurs qui la domine.
On peut découper la composition en trois parties.
-La première se situe en retrait de la scène principale. On y voit deux femmes. Une jeune
femme nue et pointant un doigt vers le ciel. C’est Vénus ou la Vérité Céleste. Il est à noter
qu’elle n’a pas les formes arrondies qu’on lui connaît habituellement. L’autre femme est âgée,
vêtue d’une toge noire. Elle regarde Vénus et croise les bras. Elle symbolise le Remords et la
Pénitence.
-Dans le centre se tient la cour de justice. L’homme à terre, vêtu d’un pagne est Apelle de
Cos. La femme richement parée, tenant une torche, et le traînant par les cheveux n’est autre
que la Calomnie. Elle est accompagnée de deux femmes qui la coiffent et la maquillent. Ce
sont la Séduction et la Fourberie.On peut aussi leur donner le sens du Piège et de la Fraude.
Enfin, l’ homme, représenté avec un bras tendu vers le personnage de l’autel et vêtu de
guenilles, a les traits de la Haine ou de l’Envie.
-Dans la troisième partie du tableau est assis un homme au visage accablé, entourés de deux
femmes. Elles se penchent pour lui parler et on peut se rendre compte qu’il porte des oreilles
d’âne. C’est une référence directe au Roi Midas. Roi qui devait juger, qui d’Apollon ou du
satyre Marsyas, était le meilleur musicien. Ayant préféré Marsyas, il se vît attribuer des
oreilles d’âne par Apollon comme signe de vengeance. Midas et Ptolémée sont des figures de
l’aveuglement du pouvoir.Ce sont le Soupçon et l’Ignorance (ou la Duperie) qu’on a
représenté sous les figures féminines qui sont à ses côtés.L’homme en guenilles incarne la
Haine et l’Envie.
Au fond, des statues occupent les alcôves : à droite derrière Midas= Judith avec la tête
d’Holopherne tranchée ; au-dessus de la Calomnie= David. On observe aussi les statues de
Jupiter, Antiope, Minerve, et la tête de Méduse.
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Midas était un roi de Phrygie (VIIIe siècle av. J.-C.), héros de plusieurs légendes
mythologiques.
Un jour, Silène, ayant bu plus que de raison, s'égare jusque sur les terres de Midas, qui le
recueille et lui offre l'hospitalité. Dionysos, à sa recherche, le trouve là et pour remercier l'hôte
de celui qui l'a élevé, lui accorde un vœu. Midas demande alors la faculté de transformer en or
tout ce qu'il touche. Incapable de manger et de boire, il supplie le dieu de reprendre son
présent. Dionysos lui ordonne alors de se laver les mains dans les eaux du Pactole, dont le
sable se change en or. Cette légende explique le caractère aurifère du Pactole, auquel la
Phrygie doit une bonne partie de son empire.
Dans une autre légende, ses talents de musicien (il a été l'élève d'Orphée) sont requis : il est
appelé pour être juge dans le concours entre le satyre Marsyas, joueur de flûte, et Apollon, qui
joue de la lyre (Ovide, au livre XI de ses Métamorphoses, situe le concours entre Pan et
Apollon). Il donne Marsyas vainqueur, alors que les Muses, qui jugent également, préfèrent
Apollon au satyre. Apollon, pour se venger, lui donne des oreilles d'âne. Midas tente de les
cacher sous un bonnet phrygien, mais un serviteur découvre son secret en lui coupant les
cheveux. Incapable de tenir le secret plus avant, le serviteur finit par creuser un trou dans le
sable, y dit « Le roi Midas a des oreilles d'âne » et rebouche le trou aussitôt.
Voici l’extrait du traité de Lucien où il est question d’Apelle :« On a vu mille amitiés
brisées, mille maisons renversées par ces délations colorées d’apparence.§2. Afin de nous
garder d’y tomber, je veux, dans ce discours, retracer, comme dans un tableau, ce que c’est
que la délation, avec sa cause et ses effets. Longtemps avant moi, Apelle d’Éphèse a dessiné
cette image : il s’est vu lui-même calomnié auprès de Ptolémée, comme complice de la
conjuration tramée à Tyr par Théodotas. Apelle n’avait jamais vu Tyr ; il ignorait absolument
quel était ce Théodotas ; il avait seulement entendu dire que c’était un lieutenant de Ptolémée,
auquel ce prince avait confié le gouvernement de la Phénicie. Cependant un de ses rivaux,
nommé Antiphile, jaloux de sa faveur auprès du roi et envieux de son talent, le dénonça à
Ptolémée comme ayant trempé dans le complot, prétendant qu’on avait vu Apelle en Phénicie
à table avec Théodotas, et lui parlant à l’oreille durant tout le repas. Enfin il affirma que la
révolte de Tyr et la prise de Péluse étaient le fruit des conseils d’Apelle.§3. Ptolémée, homme
d’une pénétration peu clairvoyante, mais nourri dans la flatterie des cours, se laisse emporter
et troubler par cette calomnie absurde, et, sans réfléchir à son invraisemblance, sans faire
attention que l’accusateur est un rival, qu’un peintre est trop peu de chose pour entrer dans
une pareille trahison, surtout un peintre comblé de ses bienfaits, honoré par lui plus que tous
ses confrères, sans s’informer enfin si jamais Apelle a fait voile pour Tyr, Ptolémée, dis-je,
s’abandonne à sa fureur, remplit son palais de ses cris, et traite Apelle d’ingrat, de
conspirateur, de traître. Peut-être même, si l’un des conjurés, arrêtés pour cette révolte,
indigné de l’impudence d’Antiphile et touché de compassion pour le malheureux Apelle,
n’eût déclaré que celui-ci n’avait pris aucune part à leur complot, peut-être ce grand peintre
aurait-il eu la tête tranchée, victime des maux arrivés à Tyr et qui ne lui étaient point
imputables.§4. Ptolémée reconnut son erreur, et il en éprouva, dit-on, de si vifs regrets, qu’il
donna cent talents à Apelle et lui livra Antiphile pour qu’il en fît son esclave. Apelle,
l’imagination pleine du danger qu’il avait couru, se vengea de la délation par le tableau que je
vais décrire.§5. Sur la droite est assis un homme qui porte de longues oreilles, dans le genre
de celles de Midas : il tend de loin la main à la Délation qui s’avance. Près de lui sont deux
femmes, l’Ignorance sans doute et la Suspicion. De l’autre côté on voit la Délation approcher
sous la forme d’une femme divinement belle, mais la figure enflammée, émue, et comme
transportée de colère et de fureur. De la gauche elle tient une torche ardente ; de l’autre elle
traîne par les cheveux un jeune homme qui lève les mains vers le ciel et semble prendre les
dieux à témoin. Il est conduit par un homme pâle, hideux, au regard pénétrant ; on dirait d’un
homme amaigri par une longue maladie. C’est l’Envieux personnifié. Deux autres femmes
accompagnent la Délation, l’encouragent, arrangent ses vêtements et prennent soin de sa
parure. L’interprète qui m’a initié aux allégories de cette peinture m’a dit que l’une est la
Fourberie et l’autre la Perfidie. Derrière elles marche une femme à l’extérieur désolé vêtue
d’une robe noire et déchirée : c’est la Repentance ; elle détourne la tête, verse des larmes, et
regarde avec une confusion extrême la Vérité qui vient à sa rencontre. C’est ainsi qu’à l’aide
de son pinceau Apelle représenta le danger auquel il avait échappé.6. A notre tour, essayons,
s’il vous plaît, à l’exemple du peintre d’Éphèse, de décrire la Délation, avec tous ses attributs,
et commençons par la définir, : c’est le moyen de rendre son image encore plus
ressemblante... »
L’Apelle dont il est question dans ce texte de Lucien n’est pas le grand peintre né à Cos qui
vécut sous Alexandre et sous Ptolémée, fils de Lagos, mais un peintre provenant de
Colophon, et, par adoption, citoyen d’Éphèse. Les deux peintres ont été confondus à la
Renaissance.
Méduse était une belle jeune fille dont Poséidon s'éprit . Séduite par le dieu dans un temple
dédié à Athéna, elle fut punie par la déesse qui la transforma en Gorgone. Ses cheveux
devinrent des serpents et désormais son regard pétrifia tous ceux qui le croisaient[4]. Persée la
décapita.
La Naissance de Vénus, Botticelli
Cette tempera sur toile fut commandée par Laurent le Magnifique. Elle reprend un thème
mythologique de l’Antiquité : Vénus, déesse de la Beauté et de l’Amour, est née de la mer,
des organes sexuels du titan Ouranos tombés à la mer (le titan Chronos avait châtré son père
Ouranos)..Zéphire, dieu du vent, l’a poussée sur le rivage, assisté de Cupidon ailé, dieu de
l’Amour, qui vivra avec Vénus dans une coquille Saint-Jacques.
La composition est formée et forme une pyramide.Vénus dessine une ligne verticale, axe
de symétrie au centre du tableau.La mer trace une ligne horizontale.
Vénus est représentée avec une longue chevelure rousse.Cette couleur est chaude.Le peintre
crée un contraste thermique des couleurs, entre les personnages aux chairs orangées, et le
paysage bleu-vert (froid).On observe un contraste entre les couleurs complémentaires
(orangé/bleu, vert/rouge) qui produit un effet chatoyant et dynamique.
A cause du vent, les personnages flottent dans les airs.Les drapés(//Antiquité) sont envolés, de
même que la chevelure. Les fleurs tombent en pluie. On remarque donc une linéarité sinueuse.
Flore, déesse du printemps et épouse de Zéphire, attend Vénus sur le rivage pour la vêtir.
Il s’agit du premier vrai nu féminin à la Renaissance.
Cette peinture est encore proche de l’art gothique, linéaire et naïf (cf le dessin des vagues
par exemple), mais elle comporte des caractéristiques de l’art renaissant, notamment par le
choix des mythes et l’influence de la statuaire antique. Il s’agit d’une allégorie.
Le Printemps, Botticelli-1478
Cette peinture a tempera sur panneau de peuplier fut commandée par Lorenzo di
Pierfrancesco, cousin de Laurent le Magnifique, à l’occasion de son mariage.
Ce n’est pas une simple représentation des fleurs au printemps, mais une allégorie du
mariage.
Elle est formée d’un enduit plâtreux fait de craie mélangé avec de la colle, puis lissé.
Botticelli fit de nombreuses esquisses préparatoires, sur papier et non sur parchemin.Les
esquisses sur papier sont typiques de l’art florentin à la Renaissance.
On constate une absence de profondeur et de point de fuite, ainsi que des détails décoratifs
nombreux hérités de la période du gothique tardif. Botticelli, au contraire de ses
contemporains, attache peu d'importance à la perspective, mais beaucoup aux lignes et
couleurs. En revanche, l’expression des sentiments est réaliste selon les critères de la
Renaissance.Les détails anatomiques sont multiples et les proprtions des personnages sont
respectées.Les drapés présentent des lignes voluptueuses et les chevelures sont fines. Les
lignes et couleurs créent un rythme musical.
Le décor du Printemps est une prairie semi-circulaire où abondent les herbes et les fleurs
peintes sur fond sombre, tussilage, myosotis, petites jacinthes, bleuets, iris, pervenches,
oeillets, pâquerettes. Des orangers émaillés de fleurs blanches et de fruits dorés encerclent la
prairie et derrière eux se dresse une rangée d'épicéas. On reconnaît le décor décrit par Boccace
dans le prologue de la troisième journée du Décaméron.Debout devant le myrte qui se dresse
au milieu de la haie se trouve Vénus, sous une voûte de branches d'orangers. Les fleurs et les
oranges indiquent que nous sommes au Printemps et plus précisément au mois de mai, le mois
printanier par excellence. Les orangers se dressent sur un pré et nous apercevons à l'extrême droite des montagnes bleues, une rivière à leurs pieds et une plaine vert olive, tandis que sur la
gauche ,nous entrevoyons la même plaine, une vallée et des montagnes moins hautes.
Le paysage sombre met les personnages en valeur.Les silhouettes sont longilignes. le rouge
apparait sur les divinités (Mercure, Vénus, Cupidon) sur ton froid comme le vert et les bleu
pour mettre en valeur l'importance de ces trois personnages ainsi que le personnage de Flora
en printemps. Le bleu-vert de Zéphyr souligne le côté droit du tableau.Il s’empare de Flora
(Chloris) dont la bouche laisse jaillir des fleurs qui ornent de broderies sa robe.Il ressemble à
un génie aérien.
Cette œuvre offre plusieurs niveaux d’interprétation.
Elle illustre le récit mythologique du Jardin des Hespérides aux pommes d’or.
Vénus est la déesse de l’amour et de la fertilité.Elle peut être ici assimilée à une madone.
Botticelli a souligné la divinité de Vénus en l'auréolant d'un demi cercle en ciel comme le
symbole de la voûte d'un temple où les troncs d'orangers représenteraient les colonnes.
Pour la Renaissance, une femme amoureuse et mariée incarne la déesse de l'Amour et du
mariage. Son attitude cambrée qui lui donne un ventre proéminent était jugée fort belle et
seyante pour une femme du XVe siècle. Son ample robe blanche s'orne d'une soutache sous la
poitrine et de flammes ou de rayons dorés brodés ainsi que sur le col qui symbolisent sans
doute les feux de l'Amour. son grand voile transparent (coiffure des femmes mariées de
qualité au XVe siècle). Elle est accompagnée des trois Grâces (filles de Zeus appelées Aglaé,
Euphrosyne et Thalie-Aglaïè la Splendeur, Euphrosyne Belle-Humeur et Thali des Fêtes qui
inspirent l'amour.) . Son fils Cupidon est un enfant blond aux ailes blanches, les yeux bandés
d'un tissu blanc. Son carquois rouge flotte derrière lui. Il tire une flèche à pointe enflammée
sur la première Grâce de gauche.Les trois Grâces symbolisent la sensualité et l’innocence.Ces
Grâces ont l’allure de statues antiques.On retrouve un souvenir des fresques de Pompéi
évoquant Flore et ses nymphes.
Mercure est le double de Zéphire. De sa main droite, il élève vers de petits nuages le caducée
sacré où s'enroule les deux serpents - mâle et femelle - qu'il a lui-même sauvé de la discorde –
lui, ce demi-Dieu rusé qui guide les hommes à la croisée des chemins.Il représente la sagesse.
Messager des dieux, il brandit son caducée pour chasser les nuages gris hors de ce paradis.
Les pommes d'or du jardin des Hespérides désignent les pommes données par Gaïa à Héra
comme cadeau de noces et conservées par les Hespérides, filles d'Atlas dans un jardin aux
confins du monde.Ces pommes sont destinées à Vénus.
Hercule dut aller chercher la pomme d’or, gardée par le dragon Ladon.
Il se produisit un concours de beauté dans ce jardin.Junon, Pallas Athénée et Vénus étaient
les trois déesses se disputant la première place. La Discorde, discrètement, laisse la pomme
d'or avec une inscription : "Ce magnifique présent pour la plus belle de toutes", et disparaît.
Apollon découvre la pomme qui est immédiatement réclamée par chacune des déesses.
Jupiter, père des dieux, décide qu'un observateur impartial, Pâris, prince de Troie et de sang
divin, choisira parmi elles. Des danses donnent le signal des festivités du mariage. udain
Mercure apparaît, s'annonçant comme le messager de Jupiter, et l'informe du concours qu'il va
devoir arbitrer. Les autres dieux apparaissent, et chaque déesse joue la séduction. Séduit par
Vénus, Pâris lui donne le prix sans hésitation, immédiatement menacé par les deux autres
déesses perdantes. Vénus le prend sous sa protection.La pomme est l’attribut de la déesse
Vénus.