Joyeux

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Joyeux
A L I M E N T A T I O N
REPAS DE FÊTES
CONTE
Choisir son assiette pour
que tout le monde soit à la fête
Joyeux
Alors que les attentions se focalisent sur le Sommet de Copenhague, les
rayonnages de nos grands magasins se remplissent de denrées aussi
riches que variées. C’est que les fêtes de fin d’année approchent… En
décembre, de copieux repas se préparent. Cela peut être l’occasion d’aider, à notre échelle, à préserver la planète.
échauffement climatique et
pollution, grogne
des producteurs
de lait et émeutes
de la faim, crise financière puis économique, disettes et obésité : le monde va mal et
l’on se demande quel
remède lui administrer. Pour le Mouvement ouvrier
chrétien (MOC),
il est urgent d’inventer un autre modèle,
une autre façon de vivre ensemble. Avec les organisations qui le constituent, il
entre en campagne et propose
de commencer par notre alimentation.
R
Des menus réfléchis
La façon de composer nos repas de fin d’année
peut avoir des conséquences, parfois lourdes, sur
l’environnement. Par exemple, si nous préparons, en entrée, un velouté d’asperges vertes aux
langoustines, il y a de fortes chances que les légumes viennent du Pérou par avion (10.500 km) et
les fruits de mer, décortiqués et congelés, par bateau depuis l’Indonésie (14.000 km). En revanche, si nous proposons une soupe de lentilles
agrémentée de poireaux, navets et panais, nous
utilisons des produits locaux et de saison, à la saveur originale.
Même raisonnement pour le plat
principal : le boeuf ou la biche proviennent souvent de Nouvelle-Zélande (18.700
km) ou d’Argentine
(11.300 km), les haricots verts sont généralement importés du
Kenya, pour ne citer que
ces exemples.
Ainsi, le «bilan CO2» d’un
repas festif pour huit personnes peut afficher une
distance totale parcourue par les produits de
209.000 kilomètres, plus
de cinq tours du monde,
avec les émissions de 41,3 kg
de dioxyde de carbone, l’équivalent de 15 litres de pétrole, pour moins de six kilogrammes de nourriture(1)! Alors qu’un
repas équivalent peut être très peu polluant s’il privilégie les circuits courts et en
favorise les productions locales. C’est une question de choix!
Acheter au Sud peut l’affaiblir
On pourra bien sûr répondre qu’acheter des produits des pays du Sud contribue à leur développement. Ce n’est pas aussi simple. D’une part, la
production d’aliments d’exportation ne profite
que très peu aux populations locales. D’autre
part, la spécialisation d’un pays
dans un seul pro-
La pression sur les assiettes ?
Qu’elles soient “saines”
L’alimentation est notre première médecine»,
aurait affirmé Hippocrate. Aujourd’hui encore, le lien entre cuisine et santé n’est pas démenti, il est même très étroit. Selon la formule en
vogue, «5 portions de fruits et légumes par jour» associés à zéro cigarette et vingt minutes d’activités
physiques seraient gage de meilleure santé.
“
Les messages de promotion de la santé se sont
multipliés. Quel bambin ignorera la pyramide
alimentaire? Elle orne les murs de la plupart des
classes, réinterprétée graphiquement à l’envi.
Quel citoyen informé n’aura pas entendu parler
de la malbouffe comme d’un danger pour la
santé? Quel magasin ne proposera pas ces aliments spécialement orientés «santé» ? Les alicaments (mot-valise de aliment et médicament) ou
nutricaments (mot-valise de nutriment et médicament) sont en vogue, du yaourt «es transit» au
jus de fruits enrichi au calcium. Et de considérer
qu’il est du devoir de chacun d’adopter les bons
comportements alimentaires, sans quoi il sera
tenu responsable des conséquences sur sa santé.
Est-ce pourtant si simple ? Assurément non,
quand on constate que la surcharge pondérale
concerne approximativement un Belge sur trois,
l’obésité un sur six. Dans les rayonnages des ma-
gasins, c’est l’abondance. Les observateurs parlent de suralimentation pour
nos pays occidentaux. Au menu : du
pratique, du pas cher, du consommable dans l’immédiat. L’heure est à la
rapidité, au préparé. Et la structure
des prix des denrées alimentaires apparaît
comme plutôt défavorable à l’équilibre. Les produits gras et sucrés apportent des calories à bon
marché. Il y a lieu de s’interroger alors plus avant
sur les stratégies de l’industrie agroalimentaire et
ses techniques de manipulation sur nos modes de
vie.
CD
Ça vous inspire?
• Lisez-vous les étiquettes des denrées alimentaires que vous achetez ? Si oui, à quoi
êtes-vous attentif?
• Connaissez-vous des initiatives d’achat de
denrées alimentaires qui respectent la planète
et les gens qui y vivent ?
Le CIEP (Centre d’information et d’éducation
populaire du MOC) récolte vos réponses, vos
avis via son site : www.ciep.be, onglet “campagne” ou par voie postale : CIEP, chaussée
de Haecht 579 à 1031 Bruxelles.
17 décembre 2009 page 8 en marche
duit le rend extrêmement vulnérable aux variations des prix.
L’exemple du haricot kényan est parlant: de 2003
à 2006, son prix a chuté de 48%. Il a donc fallu
doubler les exportations pour assurer un bénéfice
inchangé aux producteurs locaux. Mais, pendant
ce temps, le prix de la barquette de 400 grammes
de ces haricots est resté inchangé pour le consommateur européen... La similitude avec l’évolution
des prix du lait pour le producteur belge (en forte
baisse) et pour le consommateur (prix inchangé)
interpelle.
De plus, la culture du haricot d’exportation nécessite beaucoup d’eau alors que les cultures vivrières (pour la population locale) périssent sous
la sécheresse. En octobre 2009, dans l’indifférence quasi-totale, on estimait que 23 millions de
personnes avaient besoin d’une aide alimentaire
d’urgence en Afrique orientale, dont près de 4
millions au Kenya.
Quand on sait que les haricots sont acheminés
par avion, le moyen de transport le plus polluant,
et que l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses en Afrique est due au réchauffement climatique, on peut se demander si
tout ceci est bien durable...
CIEP-MOC
avec Pierre Ozer
(1) Ozer P. et Perrin D., Noël en famille
ou 15 litres de pétrole, 2007.
Plus d’infos sur la campagne
du CIEP “Que la course au profit expire pour que
la planète respire” et les différents enjeux :
www.ciep.be, onglet “campagne”.
Dessins © Julien Tromeur/Fotolia
Bons plans
Quelques conseils pour concilier plaisir, santé et environnement sans vider
son portefeuille.
• Cuisinez vous-même au lieu d’acheter des
produits préparés.
• Evitez de faire vos courses le ventre vide et
préparez votre liste d’achats à effectuer afin
d’éviter les «petites folies» inutiles.
• Observez les promotions proposées par le
magasin, tout en restant vigilant aux produits
en tête de rayon, qui ne sont pas toujours de
bonnes affaires. Comparez les prix au kilo.
•Achetez et/ou cuisinez en groupe. Généralement, les achats en plus gros volumes sont avantageux.
• Lisez les étiquettes car mieux vaut parfois
payer un peu plus pour manger mieux et préserver sa santé.
•Choisissez les fruits et légumes frais de saison (voir le calendrier sur www.crioc.be) : ils
sont généralement moins chers que
lorsqu’ils sont importés ou cultivés artificiellement. Vous pouvez aussi surgeler les produits de saison pour en disposer quand bon
vous semble.
• Utilisez les restes dans les préparations suivantes et profitez-en pour créer de nouveaux
plats.
• Limitez la consommation de viande qui n’a
pas besoin d’être présente à tous les repas.
Lorsque vous achetez des viandes, privilégiez
les volailles et les abats, moins chers tout en
étant d’excellentes sources de protéines.
Côté poisson, les surgelés ou les conserves
restent une alternative avantageuse afin de
bénéficier de leurs bienfaits nutritionnels.
elles sont trois. Une à chaDtineansqueaul’immeuble,
étage. Irma au rez-de-chaussée, Célespremier et Gisèle au troisième. Au
deuxième, il n’y a personne pour le moment.
Irma habite ici, depuis plus de trente ans. C’est
elle, la plus ancienne, et, souvent, Célestine et
Gisèle lui reprochent de vouloir imposer sa volonté à cause de cela. Elles craignent que le nouveau copropriétaire la soutienne. Avant, c’était
plus facile; Fernand faisait tout pour ménager les
susceptibilités. Le nouveau agira-t-il ainsi ?
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Il est le seul à ne pas vivre dans l’immeuble et elles en sont heureuses. Ses chemises à fleurs et ses
cheveux longs leur font peur. Sans compter ses
idées de partage. Bon sang, pourquoi Fernand
est-il mort et pourquoi ses enfants
ont-ils vendu son appartement à
n’importe qui ? Fernand, c’était
leur homme à toutes les trois,
celui sur qui l’on pouvait
compter. Un robinet qui
fuyait, un problème électrique... Il était là. Avec le
sourire. Un célibataire
qu’elles se partageaient
avec jalousie. Célestine
était la plus dure :
comme elle, Fernand
n’avait jamais été marié et elle déclarait avec
hargne aux deux autres que, même si elles étaient veuves, elles avaient sur lui moins de
droit qu’elle, sa semblable !
Et, soudain, Fernand mourut : un accident cardiaque audessus d’une échelle dans l’appartement d’Irma. Emporté dans l’au-delà en quelques secondes. La vie de l’immeuble se métamorphosa. Gisèle, Irma et Célestine se
réfugièrent chez elles, sans plus vraiment se parler. Chacune à ronger sa peine et sa rancœur.
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Elles s’observent avec agacement. Irma écoute
les rires de Célestine et de Gisèle qui prennent le
thé au-dessus de chez elle. Ce n’est jamais Célestine qui monte au troisième; c’est toujours Gisèle qui descend au premier. Et elles frappent du
pied sur le sol pour faire comprendre qu’elles
sont à deux et qu’elles s’amusent.
L’hurluberlu à fleurs a fait repeindre l’appartement de Fernand par un groupe d’amis. Radio à
fond pendant cinq jours, des cris et des chansons
paillardes. Elles ont cru devenir folles. Elles ont
eu très peur qu’il vienne habiter là, surtout Gisèle et Célestine qui auraient dû se partager les
perturbations engendrées par ce jeune fou. Lorsque, par l’intermédiaire d’une affichette orange
et noire, elles ont vu qu’il mettait l’appartement
en location, elles ont été soulagées. Au moins, ce
ne serait pas lui ! Mais qui ? Et leur apaisement
passager s’est transformé en une angoisse sourde.
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Elles courent vers la fenêtre, se dissimulent derrière leurs rideaux dès qu’elles perçoivent des
bruits de voix dans les escaliers ou dans le hall
d’entrée. Elles ont repéré un monsieur respecta-

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