Individualisme méthodologique - Département de science politique

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Individualisme méthodologique - Département de science politique
Individualisme méthodologique
économie politique internationale
Automne 2009
Principes généraux
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Conception pessimiste du monde centrée sur l’individu :
Comment des individus égoïstes peuvent en arriver à
coopérer ?
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(Hobbes : l’homme est un loup pour l’homme
Origine ancienne : tradition judeo-chrétienne ou philosophie grecque de
l’homme libre ? Point de départ : Renaissance et premiers débats autour de
l’État, du commerce et des droits des hommes libres
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Méthode de travail : État social versus État de nature et
méthode inductive, expérimentale
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Programme politique : construire les institutions autour de
l’individu
Principes généraux
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Conception du monde centrée sur les individus : individualité
transcende la liberté
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Ordre émerge pour deux raisons différentes :
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Individu possède des droits : vie, liberté, propriété
État de nature : droits sont sans limite
Besoin de sécurité ---- délégation d’autorité et perte de liberté
Besoin de l’autre pour la survie ----- dépendance réciproque et interrelation
En soi, on pose une raison d’être à la coopération (ordre) ; ce qui n’est pas le cas des
théories contemporaines de l’action collective (les comportements déviants sont toujours
préférables aux comportements coopératifs)
Les comportements déviants nuisent à tous : cas du match de football ; Keynes
Rationalité (limitée des individus) : individu est le sujet de sa propre
action (je pense, donc je suis ; je suis, donc j’agis)
* Premiers débats politiques, autour de l’État et du contrat
social (emprunté au droit romain). Le social se construit à
partir de l’individu et l’État apparaît soit comme le grand
Léviathan (Hobbes) soit comme le grand médiateur,
l’arbitre, (Locke)
• Seconds débats économiques, autour du commerce et de
l’échange. L’économie se construit à partir de l’individu et
l’ordre émerge spontanément des relations d’échange
La théorie de l’échange marchand
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Individus rationnels, égoïstes, asociaux et apolitiques (ou à
peu près) qui échangent librememt
L’interaction des intérêts indviduels aboutit, sous l’effet de
la concurrence, à l’intérêt collectif
Principe organisateur : l’échange
x
B
A
y
Conditions doivent être remplies
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Droits reconnus aux acteurs, notamment deux : le droit à
la sécurité et le droit de propriété
Répétition et généralisation de l’échange : devient un acte
social (marché) et apporte une dimension historique à
l’information (Un prix reconnu)
Très nombreux acteurs de telle sorte que de la
confrontation des intérêts puisse émerger un ordre
Acteurs, eux-mêmes, se comportent rationnellement eu
égard aux conditions du marché.
Interdépendance et spécialisation
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L’échange entraîne l’interdépendance
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L’échange entraîne la spécialisation
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L’interdépendance et la spécialisation entraînent l’intégration sociale
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La concurrence assure l’harmonie des intérêts
La théorie de l’échange international
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Par analogie, les États sont des entités autonomes, des agrégats
d’individus
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États doivent se comporter comme les individus : rationalité orientée
par le besoin : aller chercher à l’extérieur ce dont on a besoin
(importations)
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Droit doit être reconnu à tout État d’accéder au commerce
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Théorie des avantages comparatifs, de la division internationale du
travail et des dotations factorielles.
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Rappel : pas de commerce sans règles. Comment définir les règles ?
Nouveaux arguments
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Effets dynamiques de l’ouverture commerciale
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Nouvelle géographie économique
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Effets de taille et de proximité des marchés
Effets d’agglomération des entreprises
Fragmentation de la production
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Économies d’échelle
Élargissement de la gamme de produits offerts
Concurrence accru (fontaine de jouvence)
Spécialisations intrabranches
Délocalisations
Effets des facteurs externes
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Nouvelles technologies et réduction des distances et des coûts : externalisation
Effets des règles : ouverture commerciale modifie les
comportementséconomiques
Les entreprises ne répartissent pas leurs opérations de manière uniforme entre
les pays, mais ont tendance à se concentrer dans certaines zones. Cette
dynamique peut s’autorenforcer, entraînant une agglomération
d’industries dans certains endroits et une désindustrialisation dans
d’autres. Dans le même temps, la réduction des coûts de transport et des
autres coûts commerciaux permet de fractionner de plus en plus le
processus de production. Certaines entreprises implantées dans des lieux
éloignés ont pu ainsi devenir des leaders dans des secteurs spécialisés et
s’intégrer dans des réseaux de production internationaux. D’autres restent
à l’extérieur de ces réseaux, souvent en raison de contraintes
institutionnelles ou administratives.
OMC, Rapport du le commerce mondial, 2008, p. 15
Qu’elles soient anciennes, nouvelles ou « nouvelles nouvelles
», les théories doivent être considérées avant tout comme
complémentaires. Les relations commerciales complexes
que l’on observe aujourd’hui ne peuvent s’expliquer par
une cause unique. En 2017, les économistes célèbreront
l’anniversaire de la publication des « Principes de
l’économie politique et de l’impôt » de David Ricardo.
Deux siècles plus tard, ils considèrent toujours la loi de
l’avantage comparatif comme l’un des piliers de la science
économique, voire comme « l’unique proposition des
sciences sociales qui soit vraie sans être triviale ».
OMC, Rapport du le commerce mondial, 2008, p. 81
Problème 1 : tout comme pour la théorie du contrat social, on
reste à l’intérieur d’un cadre national. Ou du moins, si la
doctrine est universaliste et cosmopolite, les frontières
existent.
Problème 2 : même si les individus sont égoïstes, ils coopèrent.
Et, pour qu’il y ait échange, il faut qu’il y ait des règles.
Le modèle économique ne peut
se suffire à lui-même
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La question de Kindleberger sur le libre-échange
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Ordre international n’émerge pas spontanément
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Que faire face aux comportements déviants ?
I
Modèle de l’individualisme méthodologique
Logique de
l’action collective
P
E
Internationalisme libéral :
Communauté des démocraties
Valeurs et idées
H
1. L’internationalisme libéral
•
Les démocraties ne se font pas la guerre
•
Des voisins prospères sont de bons voisins
•
Le commerce est vecteur de paix, de prospérité et de
liberté
•
Communauté des démocraties / communauté de sécurité /
communauté d’économies de marché : les trois sont
indissociables
Cinq grands principes
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Nations démocratiques / gouvernements représentatifs
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Droits individuels reconnus / droits souverains des États
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Règle de droit et conventions internationales
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Sécurité collective
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Commerce
Démocratie
Liberté économique
Commerce
Sécurité
Droits de l’homme
Approches complémentaires
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Réciprocité : de Hume à Hull
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Régimes et règles qui fixent les comportements et
pénalisent les comportements déviants
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Analyse à deux niveaux de Robert Putnam
2. Logique de l’action collective
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Mancur Olson : Groupes de pression
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Principe d’organisation : rationalité et avantages coûts
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Avantages du libre-échange sont diffus, les coûts concentrés
Autres approches : théorie des jeux (dilemme du
prisonnier)
Approches
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Alignement des actions commerciales sur les intérêts des
groupes libre-échangistes
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Mesures redistributives des gains du commerce et
négociation de mesures compensatrices
3. Valeurs partagées
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Système de valeurs partagées : liberté, démocratie, paix
économique, etc.
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Argument de Judith Goldstein : Modèle de la politique
commerciale
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Enracinement des idées, valeurs et principes dans des institutions
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Argument de John-Gerard Ruggie sur le libéralisme
enchâssé
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Approche nouvelle sur la construction d’un contrat
économique libéral mondial. Société universelle de marché
Pour conclure
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Projet de construction d’un ordre individuel, individu-centré
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Mais (1) on bute sur quatre réalités
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1. Les droits individuels produisent aussi des inégalités
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2. Les imperfections du marché et les limites de la régulation spontanée
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3. Les États existent et ne sont pas égaux
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4. La liberté économique passe-t-elle nécessairement par le laisser-faire ?
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(2) L’individualisme méthodologique ne peut se suffire à
lui-même
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(3) La logique de l’action collective montre que, même s’I y
a un intérêt commun à avoir des règles, les intérêts
individuels ne convergent pas nécessairement. De même,
l’existence de règles n’assure pas en situation asymétrique
une répartition équitable des gains.
•
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Il lui faut un cadre social général : l’internationalisme libéral l’apporte, mais
qui en définit les règles et qui en assure la protection et la stabilité ?
Problème les comportements déviants ou non-coopératifs sont toujours
gagnants
(4) La théorie des régimes apporte une explication à
l’existence des institutions par les côuts de tansaction
•
n’a toujours pas pu expliquer pourquoi des régimes existent dans certains
domaines et pas dans d’autres, encore moins comment ils émergent et comment
ils évoluent
I
Fonctionnalisme
De quelle nature seront les institutions ?
P
E
H
Coopérer ou non ? Le dilemme du prisonnier
Coop.
Non-Coop.
Coop.
3,3
4,1
Non-Coop.
1,4
2,2
Il faut trouver un moyen de sortir de la situation NC-NC
pour se retrouver dans la situation C-C
Première solution : Convention, qui introduit des règles, des
contrôles (Monitoring) et des sanctions (Sanctionning) pour
éliminer les comportements déviants ou de type cavalier libre
Deuxième solution (Axelrod) : Répétition accompagnée de
sanctions, fait évoluer les comportements vers la coopération
L’incertitude demeure cependant dans les deux cas
Coopération, mais qui décide et qui gagne ?
•
Jeux de la guerre des sexes
H/F
boxe
danse
•
boxe
4,3
1,1
danse
2,2
3,4
et de la poule mouillée
1. Les gains ou les pertes sont jointes, ce qui diffère c’est
leur répartition
2. Les débats ne portent pas sur la coopération, mais sur la
forme qu’elle prend
3. Théorie des régimes
•
•
•
Importe dans le champ de l’économie internationale la
théorie contractuelle et vise à justifier la prééminence du
droit et de la règle de droit dans les relations économiques
internationales
Contrats sociaux interétatiques / ordres partiels ou locaux,
qui impliquent également des acteurs privés
Ensemble de principes, de normes, de règles et de
procédures de décision vers lesquels convergent les
préférences, orientent les comportements et contrôlent
leurs effets dans un domaine des relations internationales
•
Éléments fondamentaux : (1) Principes ; (2) normes et règles ; (3) procédures
Un ordre partiel institutionnalisé :
ni coopération spontanée, ni coopération ad hoc
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Système, régime et arrangement institutionnel
•
•
•
Charte constitutive
Nombre d’acteurs
Institutions et régulation des actions
•
Il est possible d’avoir un régime sans hegemon, tout
comme il est possible d’avoir un régime qui survit à
l’hegemon
•
Le régime n’est pas nécessairement un problème d’action
collective, mais plutôt un problème de coûts de transaction