Nos aliments trop sucrés - UFR Lettres et sciences humaines

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Nos aliments trop sucrés - UFR Lettres et sciences humaines
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Nationaliser les banques?
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Photo : A.F
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3
Les sodas et yaourts réunionnais seraient, comme dans les autres régions ultramarines, plus sucrés qu’en
métropole..
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n enfant en Guadeloupe
qui consomme un yaourt
par jour consomme en
moyenne 4 grammes
de sucre supplémentaires par rapport au produit équivalent vendu
dans l’hexagone ». Cette situation
d’autant plus scandaleuse que le
nombre d’obèses est plus important
dans les dom-tom qu’en métropole (voir par ailleurs).
Le député guadeloupéen Victorin
Lurel a tenté d’y remédier. Il a proposé en juin dernier une loi visant à
prohiber la différence de sucre entre
les produits manufacturés et vendus
dans les régions d’outre-mer et ces
mêmes produits vendus dans l’hexagone. Le parlementaire socialiste n’a
pas été suivi par la majorité à l’Assemblée nationale.
Qu’en est-il à La Réunion ? Nous
avons testé les mêmes produits que
l’étude menée aux Antilles, en relevant les indications nutritionnelles
figurant sur l’étiquetage de certains
sodas et produits laitiers.
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D’une manière générale, les aliments
vendus dans nos rayons semblent,
comme aux Antilles, plus sucrés
que ceux de l’hexagone. Mention
spéciale pour le Fanta, avec un taux
de 13,5 grammes de glucide pour
100 ml, contre 9,5 g en métropole.
Près du double ! Tout comme le pot
de Yoplait nature : 7,1 grammes de
glucides à La Réunion contre seulement 3,7 en métropole ! Les exemples sont nombreux, comme l’atteste
notre tableau comparatif.
Pourquoi les industriels pays sucrentils autant nos aliments ? Parce que
cela correspondrait au goût des
Réunionnais ? Parce qu’ils plient
sous le joug du lobby sucrier, omniprésent sur notre île ? Les consommateurs ne le sauront pas.
Contactés par téléphone, les principaux producteurs de sodas et spécialités laitières n’ont pas donné suite
à notre demande. Ni les Brasseries
de Bourbon, ni Sorélait (Danone),
ni la Cilam (Yoplait). Le sujet
dérange visiblement.
Inadmissible,
selon
Antoine
Chevalier, diététicien à Saint-André.
« Beaucoup de produits ne portent
aucun étiquetage nutritionnel. Les
gens ne savent donc même pas ce
qu’ils consomment », remarque-t-il.
« Il faut qu’on propose une alternative de produits qui soient moins
riches en sucres et en graisses. Parce
que le goût des gens peut très bien
s’adapter à ces produits ».
En proposant d’harmoniser les taux
de sucre avec ceux de métropole,
Victorin Lurel a semé le trouble au
sein du puissant lobby de l’agroalimentaire. Il assure que sa proposition de loi « n’est pas morte, bien au
contraire ». Le député compte profi-
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ter de la nouvelle majorité, à gauche,
au Sénat, pour relancer le débat.
Jessica FIRMIN
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Faut-il aller plus loin qu’en 2008 pour sauver les banques ?
Philippe Jean-Pierre : En 2008, nous
Olivier Hélias : Les États ont rensubissions la crise des subprimes
floué le capital des banques, ce qui
de 2007 . Les États ont injecté
a permis d’éviter la faillite de cerdu capital dans les banques pour
tains établissements et surtout une
stopper la crise. Aujourd’hui, nous
panique généralisée. Aujourd’hui,
sommes victimes du « cas grec ».
Nos banques ont prêté de l’argent à
nous essayons d’anticiper une crise.
la Grèce, en toute connaissance de
Les banques ne sont pas au plus
son instabilité financière. Le pays
mal. Les actifs risqués provenant
aura du mal à rembourser, on le sait,
de l’emprunt grec ne devraient pas
tout comme l’Italie, le Portugal… À
les ruiner. Cependant, recapitaliser
force, les banques ne vont plus se
rassure, à la fois les marchés mais
prêter d’argent, et l’économie sera
aussi l’opinion. De plus, recapitaliser
à nouveau paralysée. En 2010, sous
permettrait aux États, par des prises
l’impulsion notamment du G20, les
de participation dans les banques,
accords de Bâle III ont été signés.
Des règles prudentielles mises en
de mieux contrôler leurs actions
place pour encadrer la recapitalisaet d’orienter l’activité bancaire.
tion, mais applicables qu’à l’horizon
Recapitaliser à plus de 50%, c’est
2013-2015… C’est pourquoi il faut
nationaliser, et personnellement, je
que l’État intervienne maintenant,
suis contre. Je pense que ce n’est pas
mais de façon plus draconienne.
le rôle de l’Etat, que cela coûterait
L’État doit entrer au conseil d’adcher, et que le retour sur investisministration de ces établissements.
sement ne serait pas garanti. Pour
Nationaliser est une contrepartie
preuve, les dernières nationalisations
« sanction », nécessaire, à mon
sens, pour que les banques prennent
de 1981 n’ont pas montré l’efficaconscience de leurs limites d’action.
cité de l’État.
3 Christine Lagarde, directrice du FMI, estime que les banques doivent
d’abord chercher à se recapitaliser elles-mêmes avant qu’une aide publique
soit envisagée…
P.J-P : L’État est venu recapitaliser
les banques en pleine crise, et elles en
ont profité pour distribuer des dividendes. La directrice du FMI les met
en garde. Elles doivent avant tout
essayer de récupérer des capitaux
auprès de leurs actionnaires. Elle leur
demande d’assumer leur gestion. Si
quelles que soient vos erreurs, vous
savez que l’Etat va vous aider, vous
ne faites aucun effort, c’est cela queMadame Lagarde essaie de prévenir.
3
OH : Elle demande aux banques, et
donc à leurs actionnaires, d’assumer
leurs erreurs. Cependant, est-ce que
ce sont les banques qui ont pris des
risques inconsidérés ou, est-ce l’État
qui les a poussées à atteindre un
niveau d’endettement hors normes ?
Les banques vont faire appel à leurs
actionnaires et après ? Après, l’État
viendra en renfort si les capitaux ne
sont pas suffisants.
Que vont finalement décider les Etats ? Avec quelles conséquences
pour les banques réunionnaises
P.J-P : Je pense que les États n’auront
pas le choix : il faudra recapitaliser.
Nous sommes dans une économie de
marché et quand ça va mal, l’Etat
intervient. Seulement là, il faudra
être plus ferme, pour que dans deux
ans on n’en soit pas au même point.
Je suis européen à 100%, j’ai soutenu
la monnaie unique et je pense qu’il
est temps d’instaurer une politique
fiscale et budgétaire commune. Peutêtre cette crise va-t-elle accélérer cette
ultime étape européenne ?
À La Réunion, comme partout,
si la crise s’installe, l’impact sera
immédiat sur les taux d’intérêt, tant
concernant les prêts immobiliers que
les crédits à la consommation.
OH : Pour guérir, il faut diagnostiquer la maladie, s’attaquer aux
causes de la crise. Il faudrait ralentir
la course à l’endettement des États
et retrouver un équilibre budgétaire.
Cela induirait un ralentissement de
l’économie, l’augmentation du chômage, des impôts… Pas très populaire. Cependant, aller droit dans
le mur nous permettrait, peut-être,
d’assainir le système et de déboucher
sur un nouveau modèle économique !
Les banques réunionnaises sont des
filiales des grands groupes nationaux. Les conséquences ici seraient
donc similaires avec, peut-être, un
risque plus fort sur le plan économique.
Entretien : Agnès FARRUGIA
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D
iscrète. Ce qualificatif
décrit bien la communauté juive réunionnaise. Ils
sont environ 500 à s’être
déclarés à l’ACJR (Association de la
Communauté Juive de La Réunion).
Une synagogue à Sainte-Clotilde et
une salle de prière chez un particulier à Saint-Pierre sont les deux seuls
lieux de culte sur l’île. Pendant le
Shabbat, jour de recueillement débutant le vendredi soir, beaucoup d’activités sont interdites : manipuler de
l’argent, utiliser des appareils électriques, avoir des relations sexuelles...
En ce moment a lieu une série de
fêtes liées à la nouvelle année hébraïque (voir encadré) : « Normalement
on n’a pas le droit de conduire, je
fais l’impasse là-dessus. Mais c’est
mon seul pêché. » assure Jean-Pierre
Allouche, le secrétaire de l’association, « Sinon, la synagogue serait
toujours fermée ». Habitant à La
Possession, l’homme peut difficilement faire autrement pour se rendre
à la synagogue. Selon lui, sa religion
reste « très compliquée, avec des
règles difficiles ».
Orly, 27 ans, ne partage pas cet
avis : « De l’extérieur, les gens trouvent notre religion très contraignante, mais pour moi c’est une liberté,
celle de pratiquer un culte que j’ai
choisi ». La jeune femme vient d’une
famille métissée comme c’est souvent le cas sur l’île. De père juif et
de mère catholique, elle a été élevée
dans la tradition et a toujours pratiqué les fêtes et mangé casher. À 19
ans, elle part en Israël, découvrir le
pays et apprendre l’hébreu. Là-bas,
Orly décide de se convertir : « C’est
la mère qui transmet la religion dans
nos traditions et je veux la perpétuer. Mes parents ne m’ont jamais
forcé, je me suis toujours sentie
juive, la conversion était logique ».
La Réunion compte cependant
peu de candidats selon Jean-Pierre
Allouche : « C’est une procédure
très longue, qui peut durer plus de
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Photo : E J
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L'appareil photo est aussi interdit les jours de prières.
quinze ans ! Ça peut freiner. Et on
n’est pas prosélyte ».
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Aujourd’hui, le retraité s’occupe de
la gestion de la synagogue. Et de
l’importation de nourriture et vin
casher. À La Réunion, l’épicerie de
l’association est le seul moyen de se
procurer de la viande abattue selon
le rituel. En provenance de métropole, elle arrive congelée. Face à
cette contrainte, les fidèles s’adaptent. C’est le cas de Jérôme Dijoux,
25 ans : « On n’a pas autant de
choix qu’en France. À la maison je
mange casher même si c’est contraignant, mais quand je sors, j’aime bien
Mac Do ! Bien sûr, je ne mange pas
de porc ». Le jeune homme avoue ne
pas fréquenter régulièrement la synagogue, ce qui « dérange » un peu sa
mère. « Avec le travail, je n’ai pas
le temps, mais je participe aux fêtes
les plus importantes », affirme-t-il.
Et d’ajouter : « Ce n’est pas parce
que tu respectes toutes les règles à
la lettre que tu es un bon juif, c’est
avant tout intérieur ! »
La religion compterait d’ailleurs
très peu d’athées. Selon Jean-Pierre
Allouche, qu’ils soient pratiquants ou
non, les juifs seraient tous croyants :
« Notre peuple a tellement été
secoué que nous nous sentons tous
sionistes ». Il ajoute : « C’est pour
ça qu’on est vu comme communautaristes. On est une minorité dans le
monde, on a envie de se protéger les
uns les autres ». Selon le secrétaire
de la CJR, le judaïsme reste quand
même « bien perçu » sur l’île et ne
subit aucune forme de racisme. Au
contraire, les autres communautés
montrent « grand respect » pour
la religion. « On aimerait que ça se
passe aussi bien qu’à La Réunion
partout dans le monde ! ».
Emilie JEAMBLU
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Photo : C M
Le décret n° 2011-1227 paru le
30 septembre menace-t-il notre cari
national ? Le texte exige, dans les
restaurants scolaires, des plats plus
variés, moins de friture, des produits
de saison et un respect des proportions servies. Les élèves qui mangent
du riz quasiment tous les jours à la
cantine, devront-ils alors remplacer
le « piton » par un « gazon » d’haricots verts ?
« Il n’est pas question de supprimer
le riz et le cari qui sont le fondement
même de la culture réunionnaise »,
rassure Bernadette Thouy, diététicienne à Saint-Pierre. « On peut par
contre adapter ces recommandations
à nos habitudes ». L’important n’est
pas tant le riz à chaque repas mais
sa quantité et avec quoi il est servi :
« Il est recommandé un féculent par
repas. Le riz en est un. L’essentiel,
c’est de respecter le bon équilibre
nutritionnel global de l’assiette. Si
l’on met du riz à chaque repas, il
faut compenser le manque de fibre
par les grains. »
Reste que le cari est souvent trop
gras, en raison de l’emploi en grandes quantités d’huile. À Saint-Denis,
le chef assure avoir dégraissé les
20 000 repas servis quotidiennement. « Il y a des mauvais réflexes
à bannir comme servir les enfants à
vue d’œil et en donner trop, rajouter
de l’huile quand la sauce est trop
épaisse, donner trop de féculent et
pas assez de légumes verts ; mais
on est dans une bonne dynamique
de changement », mijote Laurent
Houillier, responsable de la restauration scolaire sur Saint-Denis. De
fait, les 67 restaurants scolaires qui
servent les 82 écoles du chef-lieu ont
anticipé les nouvelles recommandations depuis janvier 2011.
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Du riz tous les midis à la cantine.
Les cantines doivent tenir à jour une
fiche technique qui recense le grammage et la composition de chaque
recette. Lipides, fibres, sucres, tout
est contrôlé. Les menus sont mis
en place et validés par une diététicienne pour cinq semaines consécutives et de façon répétitive tout
au long de l’année. « Mon rôle est
d’évaluer la conformité des repas
servis en fonction des recommandations médicales dans la lutte contre
le surpoids », indique Bernadette
Thouy. Un objectif qui rejoint celui
des parents d’élèves de la FCPE. Ils
réclamaient ce décret depuis plus
d’un an pour combattre les maladies
infantiles particulièrement présentes
à la Réunion telles que le diabète ou
l’obésité. Le vice-président départemental de la fédération, Jean-Odel
Oumana, rappelle cependant qu’il
ne faut pas uniquement pointer du
doigt les cantines : « Le pilier de
l’éducation alimentaire, c’est avant
tout la famille ».
Il est donc possible de lutter contre
l’obésité tout en mangeant du
riz à tous les repas. Mais si les
Réunionnais y tiennent tant, ils
devront tout de même en consommer moins. Selon les recommandations nutritionnelles, une portion
de riz pour un élève de maternelle
doit peser 100 grammes (deux à
trois cuillères à soupe), alors qu’il
en consommerait 150 grammes à
chaque repas, selon l’Observatoire
Régional de la Santé.
Céline MONTÉCOT
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quisition de la citoyenneté. En 2012,
il faudra passer des épreuves dans un
centre agréé ou fournir un diplôme
d’apprentissage du français. Ces dispositions concernent l’acquisition de
la nationalité par naturalisation ou
par mariage avec un Français.
Ces justificatifs seront délivrés
par des organismes possédant le
label « Français langue d’intégration », institué par un des décrets.
L’attestation peut également être
obtenue auprès de centres proposant
des tests de connaissance du français
(TCF). Il s’agit d’un grade intermédiaire sur une échelle qui en compte
six. Il correspond à « une personne
comprenant les points essentiels
d’un langage standard ».
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La formation est payante. Les postulants devront débourser de 50 à
100 euros. Le prix varie selon le lieu
d’examen et le nombre de candidats.
L’épreuve porte uniquement sur des
questions orales, comme en organise
le Centre international des études
pédagogiques (CIEP), basé au campus du Tampon. Pour Liliane Bernon,
chargée de programme, « le niveau
demandé permet de se débrouiller
dans la vie quotidienne ».
À l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), on
va devoir s’adapter. L’organisme
implanté à Saint-Denis ne propose à
ce jour des cours français de niveau
A1. Or la nouvelle loi exige un
niveau supérieur, le B1. « La soudaineté des décrets nous a surpris »,
s’étonne le directeur, Stéphane
Vezignol. Avant de prédire que
« cette certification élevée obligera
les candidats à se perfectionner ».
En revanche, il ignore si son organisme bénéficiera de financements
afin de pouvoir proposer un service gratuit aux postulants.
Autre solution pour prouver sa
connaissance de la langue, le diplôme. Un brevet des collèges, un CAP
ou bien un diplôme initial de langue
française suffit.
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Élisaveta Tatanova est russe et suit les
cours proposés par l’Ofii. Installée à
la Réunion depuis neuf mois, la
jeune femme de 24 ans confesse :
« Je ne parle pas bien la langue ».
Son avis sur les nouveaux décrets ?
« Je trouve normal de devoir parler
le français », glisse t-elle.
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remplir: peser six kilos de plus que
leur taille. « Si on fait 1,60 m il faut
peser 66 kilos », calcule en souriant
Anne-Gina, candidate n°2.
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20h40, le spectacle commence. Aziz
Patel, qui dirige aussi l’élection Miss
Réunion, est président du jury. Sur
un air de séga, les miss effectuent un
premier passage, en jean et t-shirt
devant la quelque centaine de spectateurs présents. Et déjà l’on sent
Photo : C.F.
« Que les femmes rondes s’assument ! » s’exclame Sylvie la candidate n°5. A quelques minutes du
grand show, dans les coulisses de
la salle le Madison, à Sainte-Marie,
c’est l’effervescence. Ce soir-là, neuf
candidates s’affrontent pour être
élue Miss Ronde Réunion 2011. Le
concours est une première sur l’île :
« Miss Ronde France nous a contacté pour présenter notre lauréate au
concours national », se réjouit Annie
Cerveaux, présidente du comité pays.
Loin des diktats de la minceur, les
candidates n’ont qu’une condition à
Certaines candidates n’assumaient pas leurs poids avant l'élection.
une tendance parmi le public : la
candidate n°9 Angélique se détache
du lot. Chacune d’elle a, tout de
même, son petit comité de soutien :
« Cette élection est une bonne chose,
y’a pas que les minces qui doivent
être mises en valeur », déclarent les
cousines de la candidate n°7, Aurélie.
« Pas la peine de faire un 34 pour
être à la mode », ajoute Chantal,
une spectatrice venue par curiosité.
Entre chaque passage des candidates, des chanteurs et danseurs ainsi
que divers défilés de prêt-à-porter
rythment la soirée. Parmi les traditionnelles questions posées aux miss,
le présentateur demande à Angélique
ce qu’elle voudrait changer dans le
monde. « Le regard des gens vis-àvis des personnes rondes », répondelle sans une once d’hésitation.
Après deux heures de show, Aziz
Patel annonce les résultats et sans
surprise, Angélique 21 ans, 110
kilos, décroche le titre : « Je suis la
première Miss Ronde à la Réunion,
c’est un rêve qui se réalise ! » Pour
les autres, la pression retombe après
un mois et demi de répétition : « Y
a plus de stress, je suis contente
pour les gagnantes même si j’aurai
aimé faire, au moins, partie des
dauphines », confie Rosabelle, candidate n°1. Dans moins de deux
mois, Angélique s’envolera pour la
métropole afin de défendre l’île au
concours national avec une idée en
tête : « Mettre en avant les atouts de
la femme réunionnaise ».
Christelle FLORICOURT
À la Réunion, 1284 personnes ont été naturalisées depuis 2004.
Angelina Godin, malgache d’origine,
citoyen français depuis 2003, à
a elle été naturalisée en 2009, grâce
la suite de son mariage avec une
à son mariage avec son conjoint
Réunionnaise. Arrivé en 2000 à la
français. Mariée en 2005, elle a
Réunion, le verbe haut, ce quinqua
obtenu sa nouvelle citoyenneté en
parle parfaitement la langue. « Cela
2009, après le fameux entretien en
va dans le sens d’une meilleure intépréfecture. Actuellement chômeugration, précise le vendeur au chôse, la Dionysienne avoue : « J‘ai
mage. Si vous voulez être français il
appris le français dans mon île ».
faut faire des efforts ».
Son avis est mesuré : « Ça va être
Selon le bureau des naturalisations
dur pour les étrangers s’il faut payer
de la préfecture sur l’île, 1284 perdes cours ». Avant de préciser : « Si
sonnes ont été naturalisées depuis
c’est pour mieux parler français,
2004. En 2010, au niveau national,
c’est positif ; mais le créole parle
ce sont 110 000 personnes qui ont
mal aussi, on ne fait pas une loi
obtenu la citoyenneté française.
pour lui, si ? », ajoute t-elle dans un
Thomas SELLY
grand éclat de rire.
*Prénom d’emprunt
Laurent*, d’origine malgache, est
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Photo : G.P.
C
omprendre des questions
de base ou tenir une
conversation. Désormais
cette condition ne sera
plus suffisante. À partir de janvier
prochain, les candidats à la nationalité française devront le prouver. La
loi d’Immigration de 2006 stipulait
déjà « que tout candidat devait justifier d’une connaissance suffisante de
la langue ». Un agent de préfecture
vérifiait ensuite les capacités linguistiques du postulant.
La donne change. Deux décrets et un
arrêté durcissent les conditions d’ac-
Photo : T.S.
>a[VjYgVbV^ciZcVciegdjkZgfjZaÉdceVgaZ[gVcV^hedjg„igZcVijgVa^h‚#8ÉZhiaZhZchYZh
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552 Réunionnais ont voté pour le candidat de 150 ans.
de lui un « citoyen » incontournable
En métropole, les arbres commencent à perdre leurs feuilles. C’est
à Saint Denis. Situé en face d’un fast
donc nus qu’ils vont se présenter
food très fréquenté, d’un cinéma
et d’une ancienne boite de nuit, il
devant le jury de « l’arbre de l’année », un concours organisé par
a vu la ville évoluer autour de lui.
l’Office National des Forêts et le
Le « cent cinquantenaire » en garde
magazine Terre Sauvage. Nus, sauf
des souvenirs vivaces, comme l’attesà La Réunion ! Parmi les 26 canditent les traces sur son écorce, tatoués
dats, un pied de bois pays concourt
au couteau ou inscrites au blanco :
afin de voir une de ses jeunes pousDamien a proclamé son amour
ses plantée dans le jardin de l’Elysée.
pour Primina, alors qu’un inconnu
Un Ficus Retusa qui ne connaît pas
a gravé un cœur, apparemment cerles saisons et qui étire ses branches
tain que la belle saurait à qui il était
tentaculaires au-dessus du square
destiné… Notre pied de bois accepte
Leconte Delisle, à Saint-Denis.
aussi les commentaires plus branCe sont les scouts Pionniers Caravelles
chés, comme ce « 97400 Chaudron
qui l’ont choisi. « On dirait que l’aren force » et les insultes, genre « si
bre a deux troncs », s’extasient les
tu m’aime pa va niqué ta mère ».
jeunes. Le Ficus est en effet accouplé
Le plus difficile à supporter pour le
à un flamboyant, le tout formant un
Ficus, c’est surtout l’indifférence :
pied de bois aux dimensions impressur le site http://www.arbredelannee.
sionnantes : une circonférence de
com, seulement 552 Réunionnais
4m20 et une hauteur d’environ 20
ont voté pour lui. Bien moins que les
mètres. « Comme il est au centre
supporters du pistachier-lentisque
ville, tout le monde le connait »,
corse ou du fromager martiniquais.
affirme Adrien, jeune scout. Deux
Fin des élections le 30 octobre.
excellentes caractéristiques qui font
Guillaume PERROT
(