le portrait - Musées de la Ville de Genève
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LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE DOSSIER PÉDAGOGIQUE MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE RUE CHARLES-GALLAND 2 1206 GENEVE CP 3432 CH-1211 GENEVE 3 MÉDIATION CULTURELLE DES MUSÉES D’ART ET D’HISTOIRE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE DOSSIER PÉDAGOGIQUE MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE 2014 Sabina Poppæa, Ecole de Fontainebleau, entre 1550 et 1560 © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 27747 Le traitement de conservation-restauration et le programme de médiation culturelle autour de la Sabina Poppæa ont été réalisés grâce au généreux soutien de la Fondation BNP Paribas Suisse INTRODUCTION Objectifs du dossier Ce dossier de visite a pour but d’outiller l’enseignant pour l’inciter à utiliser les collections du Musée d’art et d’histoire avec ses élèves de manière autonome. Il se concentre sur les objets phares de cette collection. Il donne sur ceux-ci une information ciblée, guide leur observation, au musée, invite à faire des liens et à les replacer dans un contexte. Parce que l’enseignant est le public cible, les contenus du dossier ne sont pas destinés à un degré scolaire particulier. Le dossier ne contient pas de documents destinés directement aux élèves, mais si vous le souhaitez vous trouverez un parcours-découverte pour les enfants. Il est disponible à l’accueil du musée et vous pouvez le télécharger depuis notre site. Attention, il est important de venir faire des repérages avant d'emmener une classe au musée, les objets supports sont disséminés dans les salles du musée. Seule une petite partie des informations fournies sur les objets dans le dossier figure aussi en salle, il est donc utile de se munir des feuillets ad hoc lors de la visite. Organisation du dossier Le dossier de visite se compose de : 1) A l’école: comment préparer la visite? Comment prolonger l’expérience au musée? 2) Au musée: guide d’observation. 3) Annexes: pour élargir la notion de portrait dans les collections su musée. Portrait de Madame Denis-Joseph La Live d'Epinay, née Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles, dite Madame d'Epinay (Jean-Etienne Liotard, vers 1759), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv.1826-007 3 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE SOMMAIRE A L’ÉCOLE 5 Ressources 5 Activités pour préparer la visite 6 Activités pour prolonger la visite 7 AU MUSÉE 9 Objectifs généraux de la visite 9 Fiche d’analyse pour les élèves du primaire 10 Fiche d’analyse pour les élèves du secondaire 11 Sabina Poppæa 12 Portrait de l’Archiduc Albert 14 Portrait d’Elisabeth Charlotte de Bavière 16 Portrait de l’orfèvre Wenzel Jamnitzer 18 Autoportraits de Hodler 20 ANNEXES 4 22 Statue colossale de Ramsès II 22 Plotine 23 Autres portraits de la collection Beaux-Arts 24 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE A L’ÉCOLE Avant de vous rendre au musée, vous pouvez approcher la notion de portrait avec des activités qui peuvent aider les enfants à comprendre pourquoi l’homme aime tant se faire représenter, ou quelles sont les différences entre un portrait et un paysage. Vous pouvez aussi faire des recherches thématiques autour du portrait.Voici une liste de ressources ainsi que quelques propositions d’activités: RESSOURCES Un ouvrage très complet et avec des nombreuses illustrations, qui retrace le portrait sous un angle historique et esthétique: Andreas Beyer, L’art du portrait, Citadelles & Mazenod, 2003 Au-delà des monographies d’histoire de l’art, des nombreuses ressources électroniques existent. Vous pouvez ainsi trouver des dossiers pédagogiques d’autres institutions. Voici une liste non exhaustive: La BNF a réalisé un exceptionnel dossier virtuel autour du portrait, avec des extraits de textes et des nombreuses images: http://classes.bnf.fr/portrait/ Le dossier du Musée de Beaux Arts de Tours est très complet et inclut un lexique d’éléments du visage, de la figure, etc. qui peuvent être utiles pour préparer des activités en lien avec le portrait: http://www.ac-orleanstours.fr/fileadmin/user_upload/ia37/PDF/Missions/actions_culturelles/beauxarts/Dossier_p%C3%A9dagogique_PORTRAIT_Lariven.pdf Des définitions diverses, ainsi que des extraits littéraires: http://www.mairie-perpignan.fr/sites/default/files/fichiers/pdf/portrait-definitions.pdf Un point de vue plus contemporain: http://www.lesabattoirs.org/enseignants/dossiers/2007/horslesmurs/tetesdelart.pdf Des dossiers richement illustrés, où vous pouvez imprimer des images: http://www.louvre.fr/selections/l%E2%80%99art-du-portrait Un recueil d’ouvrages destinés aux enfants (niveau 1P et 2P principalement) sur le thème du portrait. Dans les liens, le site propose des jeux et ateliers pour les petits: http://materalbum.free.fr/portrait.htm Vous trouverez un document avec des extraits d’ouvrages et des portraits littéraires sur www.circ-ien-altkirch.ac-strasbourg.fr/ecrire/Portraitsbanquedetextes.doc 5 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE A L’ÉCOLE ACTIVITÉS POUR PRÉPARER LA VISITE La notion d’individualité et les fonctions du portrait Objectif: première approche de ces notions au travers des expériences individuelles des élèves. Confronter leur propre vécu avec celui des autres élèves et trouver des similitudes, pour ainsi introduire la notion de «convention». Appréhender l’une des premières fonctions du portrait, celle de mémoire. Déroulement: les enfants ont amené avec eux des portraits, probablement des photos. On partira d’un objet personnel et quotidien pour introduire la question de la représentation de l’individualité. En regardant les photos, voici quelques questions possibles: • Qu’ont en commun toutes ces photos? La plupart sont surement des photos de famille, de groupe ou individuelles. Ce sont des gens que nous reconnaissons, proches de nous (amis, famille, etc.) ou de quelqu’un de connu (affichette d’une star de cinéma, d’un chanteur, etc.)? • Si c’est un portrait de famille: est-ce que vous avez «posé» pour la photo ou c’est une prise de vue spontanée? • Qu’est-ce que cette photo représente pour vous? Un souvenir de voyage, une fête familiale, un anniversaire? • Si vous la comparez à celle de vos copains, trouvez-vous des similitudes? (est-ce que tout le monde rit, quand on est débout, comment se tient-on, etc.) D’autres fonctions du portrait sont plus publiques (politiques, morales, esthétiques, etc.): 6 • S’il s’agit de photos de stars de cinéma ou de chanteurs: comparez des photos «officielles» et posées avec des images volées. Quelles sont les différences? Estce que la finalité des photos est aussi différente? • Montrez par exemple des photos de politiciens, de rois, etc. La photo du président de la République française, par exemple, où est-ce qu’on l’affiche? Quelles valeurs veut-on transmettre? Le portrait comme genre pictural Objectif: appréhender la notion de genre en histoire de l’art. Déroulement: prenez des photocopies avec des paysages, des natures mortes, des portraits, de la peinture d’histoire, etc. Les enfants doivent regrouper les images par famille, tout en expliquant pourquoi. Vous pouvez télécharger une version de ce jeu, avec des images extraites de la collection du musée, sur notre site internet. L’identité du modèle Vous pouvez mettre en place une activité pour connaître ce qu’est un attribut et quelles sont ses fonctions: faites un jeu d’association en mettant d’un côté des objets (stéthoscope, flûte, pinceau, couronne, etc.) et de l’autre des personnages ou des corps de métier (médecin, musicien, peintre, reine, etc.). DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE A L’ÉCOLE Le vocabulaire du portrait Objectif: montrer et associer des expressions ou des mots à des images. Développer la richesse lexicale concernant le visage, le corps, les expressions des sentiments, etc. Déroulement: vous pouvez par exemple prendre des types de visages différents et associer un mot à chaque type: carré, ovale, rond. Vous pouvez faire la même expérience avec les types de bouche, de silhouette, etc. Le portrait plastique littéraire et l’expression Objectif: envisager les différences entre portrait écrit et portrait pictural, observer la difficulté de traduire en images un portrait psychologique. Déroulement: lisez à haute voix le portrait d’un personnage, tiré d’un conte, d’un roman, etc. Les enfants doivent faire une dictée plastique, traduire en images ce que les mots évoquent. ACTIVITÉS POUR PROLONGER LA VISITE ✪ Vous pouvez reprendre des œuvres vues lors de votre visite et faire des activités autour d’elles, par exemple: Imaginez une histoire entre différents personnages, en attribuant à chaque personnage un trait de caractère, une action, etc. Trouvez dans les tableaux des éléments pour enrichir le récit. Cela peut être aussi un exercice avec des mots imposés, que les élèves doivent construire. Ou des sujets divers: un objet a été volé, l’un des personnages est le coupable, mais qui? Et pourquoi? Madame la Palatine est amoureuse de Monsieur l’Archiduc d’Autriche, mais hélas ils ne sont pas dans la même salle! Comment feront-ils pour se retrouver? Peut-être que les autres tableaux les aideront… ✪ Pour des élèves de classes plus avancées, vous pouvez effectuer des recherches sur internet et dans les livres des personnages vus au musée. Vous pouvez aussi faire une recherche iconographique de la période dans laquelle ils ont vécu: mode, musique, littérature, etc. ✪ D’autres ateliers peuvent être mis en place suivant vos objectifs de formation: organiser un atelier de pose en classe, avec des accessoires, des costumes, etc. Faire du collage avec des photos des élèves (en coupant chaque visage en parties: front, yeux, nez et bouche, et en 7 mélangeant le tout, chaque élève aura à la fin le portrait de quelqu’un qui n’existe pas mais dont les traits sont ceux de ses camarades), etc. DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE A L’ÉCOLE ✪ Certains éléments thématiques vus pendant la visite peuvent être approfondis: • Si par exemple vous avez parlé des notions d’idéal et de beauté avec Sabina Poppæa, vous pouvez élargir le sujet à l’époque contemporaine, et aux valeurs que nous associons à la beauté. • Comment se mettre en valeur? Comment l’image veut nous montrer le bon côté de quelqu’un? Vous pouvez ainsi comparer les tableaux avec par exemple les photos des politiciens. • L’autoportrait aujourd’hui n’est pas réservé aux seuls artistes, il accomplit d’autres fonctions et s’est répandu à une vitesse proportionnelle au développement des nouvelles technologies. Vous pouvez discuter en classe des selfies, et tenter de voir de quelle façon nous réactualisons des codes centenaires (car finalement, la circulation des portraits est toujours au cœur des préoccupations du modèle: comment notre portrait va-t-il être vu par les autres?). • Un rapprochement fait au musée entre les autoportraits de Hodler et ses paysages peut être le point de départ à un exercice autour du visage comme paysage: comment décririez-vous le visage de votre meilleur ami en n’utilisant pas le vocabulaire spécifique, mais en prenant un autre champ lexical? Portrait de Richard Pococke (Jean-Etienne Liotard, 1749), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv.1948-0022 8 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE Dans cette partie du dossier, vous trouverez des objectifs généraux d’une visite autour du portrait, des fiches d’analyse que vous pouvez utiliser avec vos élèves, ainsi que des guides d’observation de quelques tableaux de la collection du musée. OBJECTIFS GÉNÉRAUX DE LA VISITE • Donner aux élèves le plaisir de regarder, et celui de déchiffrer. • Confronter les élèves à leur propre image, et à comment nous représentons l’individu: faire le lien entre histoire et société. • Appréhender la notion de mise en scène (analyse de la pose, le costume, etc.): distinguer la réalité de sa représentation. Ces objectifs généraux peuvent être adaptés à chaque niveau scolaire. L’enseignant peut ensuite y ajouter des objectifs spécifiques en lien avec ses cours. Nous partons de deux questions posées aux élèves: qu’est-ce qu’un portrait?, pourquoi croyez-vous qu’on se fait portraiturer? Ces deux questions mettent l’accès sur: • Le portrait comme représentation, plus précisément comme genre pour l’histoire de l’art. • Le portrait comme image de l’homme dans son individualité. pour que vous constituiez ensuite le parcours à votre convenance. Vous pouvez également élargir votre visite aux collections d’Antiquités (vous trouverez deux fiches d’observation dans les annexes). Pour les élèves jusqu’à la 3P, nous vous conseillons de rester à l’étage Beaux-Arts. Voici aussi quelques axes que vous pouvez renforcer suivant le choix des objets, avec des exemples d’œuvres qui apparaissent dans ce dossier: • Hommes et femmes de pouvoir: tête de Plotine, Sabina Poppæa, Portrait de l’archiduc Albert, Portrait d'Élisabeth Charlotte de Bavière, Portrait de Lord Heathfield. • La femme idéale: tête de Plotine, Sabina Poppæa, Portrait d'Amélia Angerstein, Portrait allégorique en Diane chasseresse de Françoise Turrettini. • Autoportrait: la collection de Beaux-Arts inclût des autoportraits de Hodler, Liotard, Giacometti, Barthélémy Menn, etc. Nous vous proposons des fiches de lecture 9 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE FICHE D’ANALYSE POUR LES ÉLÈVES DU PRIMAIRE Devant un portrait, l’élève du cycle primaire ne se posera pas les mêmes questions qu’un adulte. L’importance de la datation est ainsi relative : elle est nécessaire pour montrer que les représentations sont anciennes, pour découvrir comment certaines notions ont changé par rapport à l’actualité, mais la mise en contexte de chaque portrait n’est pas indispensable. Il est préférable de privilégier une analyse qui part de l’observation attentive des œuvres. Avant de présenter un portrait comme celui d’un homme riche, par exemple, nous pouvons décrire cet homme en se demandant ce que l’image nous montre de lui, et comment elle le fait. L’élève pourra ensuite déduire qu’il est riche, ou en tout cas qu’il veut nous montrer qu’il l’est ! Pour montrer certains aspects du portrait qui peuvent être trop abstraits, vous pouvez faire imiter les élèves ce qu’ils observent: reprendre des gestes d’une pose pour savoir si elle est naturelle ou pas, tenter de se tenir en imaginant qu’on porte une robe à baleines ou une fraise, etc. QUI EST REPRÉSENTÉ DANS CE PORTRAIT? Est-ce qu’il y a une seule personne? Et-ce une femme, un homme, un enfant? Le modèle est-il jeune ou âgé? Comment se tient-il? Assis, debout, couché? Fait-il quelque chose? Est-ce qu’il tient un objet dans ses mains? Lequel? Comment est-il habillé? Où est-il? A l’intérieur, à l’extérieur… QU’EST-CE QUE LE PORTRAIT VEUT NOUS MONTRER DU MODÈLE? Sa richesse, sa beauté, son pouvoir, son savoir-faire, un trait de son caractère… COMMENT LE PORTRAIT NOUS MONTRE-T-IL TOUTES CES CHOSES? Quelle est la taille du tableau: grand, petit? Les tableaux très grands ne peuvent pas être accrochés n’importe où! Y a-t-il beaucoup de couleurs? Le peintre donne de l’importance aux détails? 10 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE FICHE D’ANALYSE POUR LES ÉLÈVES DU SECONDAIRE DONNEES TECHNIQUES: Format et dimensions : grand, petit ? Carré, rectangulaire, rond ? Vertical, horizontal. Technique : huile sur toile, gouache, pastel, collage. Matière : lisse, texturisée, posée en aplat, en touche, etc. Gamme chromatique et lumière: couleurs froides, chaudes ? Palette riche, choix limité des couleurs. Provenance de la lumière, ombres, clair-obscur, réaliste, symbolique. LA COMPOSITION : Centripète, centrifuge. Dynamique, statique. Equilibrée, symétrique, chaotique, etc. Pour établir la composition, voir les lignes : elles tendent vers l’intérieur ou l’extérieur du tableau? Sont-elles droites, diagonales, obliques, courbes, arabesques ? Y a-t-il des répétitions, des oppositions ? Fond : uni, architectural, théâtral ? Neutre ou recherché ? Quel rapport y a-t-il entre fond et modèle ? LA REPRESENTATION DU MODELE : La position : profil, trois-quarts, face. Le cadrage : gros plan, buste, en pied. L’attitude du modèle : regard (fuyant, vers le spectateur, baissé, etc.), tête penchée, relevée ; mains (fait-il quelque chose avec ?). Les costumes, accessoires et attributs : que disent-ils de la fonction du modèle, de son pouvoir ? Sont-ils symboliques, réalistes ? Arrive-t-on à identifier le modèle ? Ou quelle fonction a-t-il ? Pourquoi ? LE TYPE DE PORTRAIT, LE CONTEXTE ARTISTIQUE: Après analyse des différents éléments ci-dessus : s’agit-il d’un portrait d’apparat, d’un portrait intime, d’un portrait allégorique, etc. Qu’est-ce que les différents éléments mettent en avant par rapport au modèle : sa puissance, sa beauté, son intelligence, sa mélancolie, etc. Est-ce que le tableau obéit à des tendances stylistiques d’une période, d’un artiste particulier ? 11 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE GUIDE D’OBSERVATION SABINA POPPÆA Sabina Poppæa École française, Fontainebleau Entre 1550 et 1560 DESCRIPTION : portrait à mi-corps d’une femme, en trois-quarts. Elle est representée sur un socle en pierre avec son nom gravé. Elle a les mains croisées sur la poitrine, l’index de sa main droite pointe vers son visage. Elle a les cheveux bouclés et tenus par ce que nous supposons être un chignon. Un très léger voile couvre sa tête et descend le long de son corps, en formant des plis. Son regard est fixé vers le spectateur, ses lèvres esquissent un léger sourire. Sa peau est très claire, un peu plus sombre du côté gauche de son corps. Ceci, avec l’indice de l’ombre portée en bas à droite, nous fait situer la source de lumière à gauche. La palette de couleurs utilisée pour la peau et pour la pierre du socle est très similaire. Rien dans le tableau ne détourne l’attention portée à la figure : le fond est non seulement neutre, mais le noir contraste et souligne les lignes sinueuses du corps de Poppæa, et rend sa peau plus éclatante. IDENTIFICATION : Sabina Poppæa est le portrait imaginaire de l'impératrice Poppée, seconde femme de Néron (30 à 65 ap. J.-C.) Les sources classiques la dépeignent comme une femme influente, ambitieuse et d’une grande beauté. Nous parlons de portrait imaginaire car il s’agit d’un tableau peint entre 1550 et 1560 en France, rattaché à l’école de Fontainebleau. Beaucoup de gens ont vu dans les traits de la Sabina ceux de Diane de Poitiers, qui était elle aussi une femme très importante dans la cour du roi Henri II. Elle était la favorite du roi et était connue pour être une femme de grande beauté. ASSOCIATION, INTERPRETATION : ce tableau s'intégrait probablement dans un cycle d'épouses d'empereurs romains ou dans une galerie de Femmes fortes. Cet élément pourrait 12 Le traitement de conservation-restauration et le programme de médiation culturelle autour de la Sabina Poppæa ont été réalisés grâce au généreux soutien de la Fondation BNP Paribas Suisse Sabina Poppæa, Ecole de Fontainebleau, entre 1550 et 1560 © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 27747 expliquer le point de vue de la composition, qui est en légère contre-plongée et place ainsi le spectateur en dessous. En faisant le lien entre le personnage représenté et la façon dont il est peint, on observe que cette femme est montrée de façon sculpturale : • Peau du même ton que le socle. • Socle lui-même qui la met en scène. • Figure coupée au niveau de la taille, en donnant l’impression qu’elle n’a pas de pieds. Ceci renforce l’image d’une femme distante et impénétrable. Des éléments comme sa coiffure, le voile ou encore l’écriture sont aussi une référence à l’Antiquité. Vous pouvez faire le lien avec la tête de Plotine et avec les bustes des sarcophages (voir Annexes). Ces deux caractéristiques – le caractère sculptural et la référence à l’Antiquité – convertissent cette femme en représentation d’un idéal à atteindre, un idéal qui aurait ses origines dans l’Antiquité. DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE GUIDE D’OBSERVATION SABINA POPPÆA Ce portrait peut être aussi un portrait allégorique, si nous admettons que le modèle est Diane de Poitiers. Ceci crée des liens entre le modèle et le personnage représenté (Diane de Poitiers – Sabina) et renforce cette volonté de créer des similitudes entre un passé jugé idéal et un présent qui prétend à cet idéal rêvé. LE PETIT + AU MUSÉE Montrer pour rappel l’image de la tête de Plotine (salle des antiquités romaines), et chercher des similitudes avec le tableau. Proposer aux élèves d’imiter la pose de Sabina: elle paraît naturelle mais elle est très mise en scène. Imaginez ensuite de rester des heures comme ça! Comparer ce tableau avec le portrait d’Elisabeth-Charlotte de Bavière (vous trouverez le guide d’observation en page 16) : deux femmes de pouvoir, mais montrées différemment. Le pouvoir de Sabina ne réside pas dans son statut royal, mais dans sa beauté. Sabina Poppæa représente un idéal de Beauté (elle est littéralement sur un piédestal): demandez aux élèves s’ils la trouvent belle et évoquez le fait que la notion de Beauté varie suivant les époques et les pays. 13 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE GUIDE D’OBSERVATION PORTRAIT DE L’ARCHIDUC ALBERT Portrait de l’Archiduc Albert 1620, d’après Rubens DESCRIPTION : portrait à mi-cuisse d’un homme en trois-quarts. Il est richement vêtu : • Un col blanc appelé « fraise » cadre son visage. Les plis de la fraise rappellent ceux des manchettes. Le gilet noir est richement orné de boutons en forme de fleur et d’autres appliques. • Sous le gilet, le pourpoint (sorte de veste courte et matelassée) semble être brodé en fil d’or. • Nous apercevons aussi une partie des culottes courtes (aussi appelées chausses ou trousses), serrées juste en haut des genoux. Portrait de l'archiduc Albert (Auteur inconnu, d’après Rubens, vers 1620), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. BASZ 0015 Les accessoires témoignent aussi d’une position élevée : • Il porte une grande chaine de laquelle pend un animal en or. • De sa main gauche il tient une épée. • A gauche du tableau repose un couvrechef à aigrette (casquette avec un faisceau de plumes), sur un meuble recouvert d’un drap galonné d’or. Sa barbe et sa moustache son soigneusement découpées. Il regarde le spectateur, avec un léger sourire. Ses yeux son légèrement ridés, avec des signes d’un certain âge (mais pas de vieillesse, car la peau est encore lisse, la couleur des joues rosée). IDENTIFICATION : tous les éléments de son costume, ainsi que ses accessoires, font penser à un homme de pouvoir. Son collier est plus qu’un accessoire de mode, il s’agit d’un attribut important pour permettre 14 d’identifier le personnage. C’est celui qu’avaient les membres de l’ordre de la Toison d’Or (l’animal qui pend représente cette bête mythologique), l’un des plus illustres ordres de chevalerie. Le nombre de membres était restreint. Il était composé d’hommes de naissance noble qui étaient consultés dans les grandes affaires d’Etat. Cet ordre existe aujourd’hui encore. Le tableau présente l’Archiduc Albert d’Autriche (1559 – 1621). Son oncle, le roi Philippe II d’Espagne le nomme vice-roi du Portugal. Mais quand son frère décède en 1595, il est nommé gouverneur des PaysBas, qui étaient alors en pleine révolte. Il règne ensuite sur le pays quand il acquiert son indépendance et apporte la paix après des années de guerre civile. Il installe sa cour à Bruxelles et s’entoure d’artistes comme Rubens ou Jan Brueghel. DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE GUIDE D’OBSERVATION PORTRAIT DE L’ARCHIDUC ALBERT ASSOCIATION, INTERPRETATION : ce portrait est un exemple de ce que nous pouvons appeler le portrait d’apparat. C’est un type de représentation qui a comme but premier la propagande, la mise en valeur du modèle à des buts politiques. Les premiers portraits d’apparat prennent comme modèle les rois, reines, princes, etc. afin de légitimer ou de célébrer leur pouvoir. A partir du XVIIème siècle, ses codes seront repris par la noblesse en France. Dans ce type de portrait, nous trouvons le modèle dans des postures officielles, héroïques, portant des costumes riches autant par leur symbolique que par leur coût. Au niveau de la composition, ce sont souvent des portraits en légère contre-plongée, ce qui place le modèle dans une position de supériorité par rapport au spectateur. De par leur fonction, c’étaient souvent des tableaux qui « voyageaient », qui étaient envoyés dans tous les territoires du royaume. Le même portrait pouvait avoir des copies, et des copies de copies. Ce qui peut être ici le cas, car il s’agit probablement d’une copie d’un portrait peint par Rubens. Le fait qu’il s’agisse d’un portrait d’apparat ne veut pas dire que la composition et les couleurs doivent être exubérantes, cela dépend du message que le souverain a voulu transmettre. Ici, la palette chromatique est sobre mais riche, trois tonalités uniquement, à l’exception de celles utilisées dans la peau : noirs, blancs et dorés. LE PETIT + AU MUSÉE: Faites mimer aux élèves la pose qu’ils adopteraient s’ils devaient porter une fraise. Est-ce pratique ? Pouvait-il travailler avec ? La fraise n’est pas un simple accessoire mais aussi un symbole de distinction sociale. Dans la salle des Armures au niveau 0, vous trouverez le portrait d’un autre chevalier de l’ordre de la Toison d’or : Charles-Emmanuel de Savoie. Il est représenté mi chevalier, mi soldat. Repérez des similitudes et des différences dans ces deux portraits d’apparat. Charles-Emmanuel de Savoie n’est pas représenté avec le collier de l’ordre de la Toison d’or, mais avec celui de l’Ordre de l’Annonciade. 15 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE GUIDE D’OBSERVATION PORTRAIT D'ÉLISABETH CHARLOTTE DE BAVIÈRE Portrait d'Élisabeth Charlotte de Bavière, duchesse d'Orléans, princesse Palatine du Rhin (Heidelberg, 1652 - Saint-Cloud, 1722) Hyacinthe François Honorat Rigaud, 1718 DESCRIPTION : ce portrait présente une femme assise dans un fauteuil de bois, face au spectateur. Elle retient dans sa main droite un voile de gaze noir, tandis que son autre main se pose délicatement sur une couronne incrustée de joyaux. Elle est richement vêtue, avec une multitude de tissus : brocart, satin, velours, hermine, dentelle, soie… L’espace est théâtral : derrière la femme, des rideaux de velours rouge semblent l’encadrer, de même que la colonne antique incrustée d’or à droite du tableau. IDENTIFICATION : à part la couronne, d’autres éléments permettent de l’identifier comme une femme appartenant à la famille royale : le manteau d’hermine et de velours bleu est souvent associé à la royauté française, par exemple dans le célèbre portrait de Louis XIV peint par le même peintre. Dans le manteau, ainsi que dans la couronne, on reconnaît le motif de la fleur de lys, emblème des rois de France. Ce tableau figure Elizabeth Charlotte de Bavière, Duchesse d’Orléans, Princesse Palatine du Rhin. Il est réalisé en 1718 par Hyacinthe François Honorat Rigaud, peintre officiel de la Cour de Versailles et de la famille royale. Elizabeth Charlotte de Bavière était la fille de l’Electeur Palatin du Rhin Charles Ier, elle a été envoyée en France en 1671 pour épouser le Duc d’Orléans, frère de Louis XIV. Sur ce portrait, la Duchesse avait 61 ans. Elle était très malheureuse à la Cour de France, femme libre dans une cour guindée. A l’âge 16 Portrait d'Élisabeth Charlotte de Bavière, duchesse d'Orléans, princesse Palatine du Rhin (Hyacinthe Rigaud, 1718), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 1843-003 de 19 ans, elle a quitté son Allemagne natale pour la France, et a du se convertir du protestantisme au catholicisme pour épouser un homme qui ressemblait plus à une femme qu’elle-même… Si la Palatine est célèbre aujourd’hui, c’est pour sa correspondance: elle a écrit plus de 60000 lettres à sa tante la Duchesse de Hanovre. C’est en fait grâce à cette princesse décalée que l’on connaît les mœurs et la vie quotidienne du roi et de sa Cour versaillaise. ASSOCIATION, INTERPRETATION : ce portrait est un portrait officiel, royal. L’exemple parfait d’un portrait d’apparat. Cependant, en analysant plus en détail les différents éléments, et en connaissant un peu plus le personnage de la Palatine, on peut observer des tensions entre l’image officielle et la personnalité du modèle. DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE GUIDE D’OBSERVATION PORTRAIT D'ÉLISABETH CHARLOTTE DE BAVIÈRE Les portraits ne sont pas toujours censés représenter la personnalité de quelqu’un, mais bien souvent sa fonction ou son statut social. Dans sa correspondance, nous devinons une princesse simple, cynique et moqueuse. Avec un franc-parler déconcertant, elle aime boire des pintes de bière et partir à la chasse à la Cour. Elle est véritablement à des "années-lumière" de ce qu’on attend des femmes à Versailles. Par rapport à la mode, elle dit notamment ne la suivre que de loin et ne pas être intéressée par les coiffures excessives en vogue. Néanmoins, sa position dans la cour l’oblige à suivre les codes : par exemple la robe a un corps à baleines, ceci a pour effet d’affiner la taille, de rejeter les épaules vers l’arrière et de monter la poitrine. Mais ce portrait est en même temps sans complaisance, son embonpoint n’est pas dissimulé, elle est très légèrement maquillée et n’a pas de coiffure recherchée. La duchesse considère en effet ce portrait comme l’un des plus fidèles à sa personne, et en comparant son image à d’autres représentations on observe à quel point ceci est surement vrai. LE PETIT + AU MUSÉE: Comparez le portrait officiel de la Palatine avec celui de Marie-Thérèse d’Autriche réalisé par Liotard. Datez les deux représentations et observez: la technique est différente, mais aussi la pose, les costumes, etc. Remarquez l’absence d’attributs dans le portrait de Liotard, la position en trois quarts et le regard du modèle, le décor, etc. Ce dernier portrait est beaucoup plus intime et moins officiel, ce qui a valu aussi à Liotard sa renomée. Portrait de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche (JeanEtienne Liotard, 1762), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 1839-0010 17 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE GUIDE D’OBSERVATION PORTRAIT DE L'ORFÈVRE WENZEL JAMNITZER Portrait de l'orfèvre Wenzel Jamnitzer Nicolas de Neufchâtel , vers 1562 DESCRIPTION : portrait à mi-corps d’un homme, qui regarde frontalement le spectateur. Il est derrière une table où reposent une série d’objets : un petit carnet rouge, un lorgnon, le croquis d’une statuette de Neptune, un modèle de cette même statuette encore non dorée et un sablier. Derrière le modèle, à gauche, un vase doré avec des fleurs argentées repose dans une niche. Le modèle est un homme d’âge mur : des rides autour des yeux, ainsi que ses cheveux et sa barbe grisonnante nous l’indiquent ainsi. Son costume est tout noir, et il semble se fondre avec les teintes sombres de la table et du mur. Il tient dans ses mains deux objets qui semblent être ceux d’un scientifique, ce sont en partie ces attributs qui vont permettre de l’identifier Portrait de l'orfèvre Wenzel Jamnitzer (Nicolas de Neufchâtel, 15621563), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 1825-0023 IDENTIFICATION : nous sommes face au portrait d’un orfèvre, Wenzel Jamnitzer, qui fut très connu à son époque. Il tient dans sa main droite un compas de proportion, et dans sa main gauche un objet de son invention (car il n’était pas un simple praticien) : il s’agit d’une règle de conversion des poids spécifiques des métaux. Ces deux instruments son nécessaires pour la réalisation d’objets tridimensionnels, ainsi que pour la fonte. Ces deux dimensions sont représentées par le croquis (bidimensionnel, montrant que l’objet fini sera en or) et par le modèle tridimensionnel (pas encore doré). Derrière lui, le vase permet aussi de l’identifier, car Jamnitzer était réputé pour réaliser des délicats bouquets de fleurs d'argent, exécutés d'après nature. ASSOCIATION, INTERPRETATION : au niveau pictural, ce tableau s’éloigne des portraits d’apparat. La représentation du modèle et les traits de son visage ne visent pas l’idéalisation, ce qui semble ici essentiel ce sont plus les éléments qui entourent l’orfèvre, ceux qui le définissent comme étant ce qu’il est. Jamnitzer est vêtu très sobrement, l’importance des détails ne réside pas dans son habillement (pas de qualité particulière du tissu, couleur monochrome), mais dans ses attributs. Tout semble montrer que cet homme est éminent pour ce qu’il fait, et non pas pour sa richesse. En plus, ses habits sombres semblent focaliser l’intérêt envers les seules parties plus claires de sa figure : sa tête (plus précisément son regard perçant) et ses mains. En d’autres termes : son esprit et son habileté manuelle. 18 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE GUIDE D’OBSERVATION PORTRAIT DE L'ORFÈVRE WENZEL JAMNITZER Si tout est sobre, alors les éléments du décor sont d’autant plus importants car choisis très minutieusement, ils ne sont pas là par hasard. Ils dynamisent aussi la composition du tableau, en créant des lignes diagonales qui relient les différents éléments les uns aux autres. Le fait qu’un homme comme Jamnitzer soit l’objet d’un portrait montre à LE PETIT + AU MUSÉE: Introduisez la notion du tableau comme pièce à énigmes, que nous déchiffrons petit à petit suivant ce que nous connaissons. Montrez d’autres portraits qui se trouvent dans les salles annexes et tentez de leur faire deviner la fonction du modèle suivant les objets représentés. 19 quel point l'orfèvre ou le bijoutier ont une grande autonomie ainsi qu'une dignité sociale et économique au XVIe siècle. Ils sont considérés comme de véritables artisans-intellectuels, une sorte d'alchimistes dont l'expérience manuelle se fonde sur la connaissance théorique des métaux. Portrait de l'homme au luth (Auteur inconnu, entre 1630-1640), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv.1887-0002 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE GUIDE D’OBSERVATION AUTOPORTRAITS DE HODLER Autoportraits Ferdinand Hodler, de 1879 à 1918 DESCRIPTION: Tout un mur de cette salle présente des tableaux de petit format. Les portraits représentent un homme en buste, toujours le regard dirigé vers le spectateur. Les traits du visage sont semblables: regard perçant avec des sourcils garnis, front large et dégagé, moustache et barbe. Le cadrage est très serré et ne permet pas d’identifier le fond. Aucun objet n’apparaît pour donner des indices sur le modèle. Le style des tableaux varie: certains montrent des traits de pinceau fluides et une grande finesse de détails, d’autres sont réalisés par empâtement des couches picturales (la peinture a presque du relief) et jouent sur les contrastes et sur la force de la couleur plus que sur la ligne. IDENTIFICATION: Tous les portraits de ce mur montrent le même modèle, plus jeune dans les tableaux à droite et plus âgé dans ceux à gauche. Il s’agit d’une série d’autoportraits de Ferdinand Hodler, peintre suisse très attaché à Genève. Toute cette salle est d’ailleurs consacrée aux œuvres de Hodler, ainsi que la salle attenante où sont accrochés un grand nombre de ses paysages. Le peintre a réalisé un grand nombre d’autoportraits, surtout à la fin de sa vie (en 1916, deux ans avant sa mort, il peint jusqu’à 20 autoportraits). ASSOCIATION: Hodler concentre toute son attention sur son visage, et sur la posture de ses épaules. 20 Autoportraits (Ferdinand Hodler, 1879, 1891, 1916 et 1917), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv.1939-62; 1914-27; 1939-65; 1939-71 Peintre moderne, il rompt avec la représentation canonique de l’artiste à l’œuvre: il n’est pas figuré en train de peindre, il ne se représente pas dans son atelier, ou entouré d’œuvres. L’artiste scrute son visage avec minutie, et c’est justement son visage comme motif pictural qui l’intéresse, non pas son statut de créateur. La gestualité (sourires, regards, visage plus ou moins distendu) et la technique sont intimement liées: le visage devient de plus en plus anguleux, les rides se creusent, et en même temps les coups de pinceau deviennent plus saccadés. DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE AU MUSÉE GUIDE D’OBSERVATION AUTOPORTRAITS DE HODLER Les couleurs sont aussi plus contrastées. La composition triangulaire rappelle le motif de la montagne, dans certains portraits nous pourrions presque penser que la peau est traitée comme un rocher. LE PETIT + AU MUSÉE: Associez les autoportraits avec les paysages de Hodler, et trouvez des similitudes entre la représentation du visage et celle de la montagne. Comparez le style de Hodler et sa représentation de la vieillesse avec le portrait de Sabina Poppæa, qui représente une jeune femme (avec des coups de pinceau plus lisses, des couleurs moins contrastées, etc.) Comparez ces autoportraits avec d’autres autoportraits de la collection (Liotard, par exemple). 21 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE ANNEXES PROLONGER LA VISITE AU MUSÉE RAMSÈS II SALLE ÉGYPTE Les limites du portrait : Statue colossale de Ramsès II Nouvel Empire, XIXe dynastie, règne de LE PETIT + AU MUSÉE: Ramsès II, vers 1290-1224 La salle d’antiquités égyptiennes conserve ce que beaucoup d’historiens ont désigné comme étant les origines du portrait. Il s’agit des visages peints à l’encaustique au Fayoum et qui avaient pour fonction de garder l’image du défunt pour sa vie dans l’au-delà. L’une des premières fonctions de la représentation du visage humain est donc religieuse et magique. À cette période apparaît aussi un intérêt plus marqué pour individualiser les traits du visage, et une importance particulière est donnée aux yeux. © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv.008934 DESCRIPTION: il s’agit d’une sculpture en pierre. Un homme est assis sur un siège, ses mains posées sur ses cuisses. Sur le siège figurent des hiéroglyphes. Il a une coiffe de tissu et ce qui a l’air d’être une barbe. Il est vêtu d’un pagne. IDENTIFICATION: différents éléments permettent de l’identifier comme étant un pharaon, plus précisément Ramsès II. Insignes de la royauté : • le némès, c’est la coiffe de tissu aux motifs rayés avec laquelle les pharaons se couvraient la tête. • l’uraeus, c’est un cobra féminin qui a pour fonction de protéger le pharaon contre l’ennemi grâce à son venin paralysant. Il en manque ici une partie. • la barbe au menton, c’est un postiche qui répète les motifs rayés du némès. Seul le pharaon a le droit de porter cette forme de barbe. 22 Enfin, les cartouches sur les côtés du siège contiennent les différents noms du pharaon. ASSOCIATION, INTERPRETATION: estce que le visage de Ramsès II était comme celui de cette statue ? Il n’a pas de traits caractéristiques qui nous permettent de dire qu’il était comme ça, mais des symboles qui le rattachent à son statut de pharaon, ainsi que des cartouches avec son nom. Son visage est comme un masque, ses traits ne sont pas ressemblants. Ce n’est pas un portrait. Portrait romain d'Égypte, © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. A2004-26/dt DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE ANNEXES PROLONGER LA VISITE AU MUSÉE PLOTINE Les origines du portrait: Rome Plotine Entre 118 et 120 (règne d’Hadrien) DESCRIPTION : tête colossale (plus grande que nature) de femme sculptée en marbre. Manquent le nez, le pavillon des oreilles et l’arrière de la tête. Elle est très finement sculptée, nous pouvons l’observer dans des petits détails comme les cils ou les mèches de la coiffure, ainsi que dans la commissure des lèvres. Coiffure composée d’un bandeau sur le front formé de boucles. Derrière le bandeau un postiche suit la même forme, il est formé par des boucles de cheveux tenus par un nœud qui montent et sont fixés à l’arrière par un diadème à peine visible. Les cheveux sont ensuite tirés et tressés. IDENTIFICATION : cette tête sculptée représente Pompeia Plotina, épouse de l’empereur Trajan, qui régna sur l’empire romain de 98 à 117 après J.-C. Elle fait partie des femmes d’empereur romain qu’on connaît le mieux, grâce aux textes antiques. Nous savons ainsi qu’elle avait une grande influence auprès de son époux, dans beaucoup de ses décisions. Elle était aussi réputée pour sa beauté. ASSOCIATION, INTERPRETATION : le soin porté à la coiffure montre à quel point c’était un élément important pour les femmes de l’Antiquité. Ce type de coiffure est à la mesure de la dignité impériale. D’ailleurs, les différents éléments de cette sculpture conduisent à l’idée de noblesse impériale. Le portrait romain est très différent de son équivalent grec. La limitation fréquente des 23 © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv.019479 sculptures à la seule tête manifestait l’inclination des Romains pour la représentation du visage. Cette tête sculptée était destinée à l’espace public, pour être exposée probablement à côté d’un portrait de Trajan dans le complexe monumental des termes de la Porte Marine à Ostie. Sa fonction est donc politique en montrant la noblesse et l’aptitude à gouverner (une fonction qui n’a pas disparu, comme le montrent par exemple les portraits du président français dans toutes les mairies). Ce mode de représentation influençait celui des portraits privés : on reconnaissait non seulement les coiffures, parures et vêtements en vogue à la cour, mais aussi la physionomie de la famille régnante. LE PETIT + AU MUSÉE : Mise à part la fonction politique, la deuxième fonction du portrait romain était celle de faire vivre la mémoire des morts. Vous pouvez trouver des exemples de cette fonction dans cette même salle : Fermetures de niches. Série de bustes d’hommes et de femmes représentant les défunts, provenant de Palmyre. Repérez les similitudes et les différences entre les niches. DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE ANNEXES AUTRES PORTRAITS DE LA COLLECTION BEAUX-ARTS Portrait de la famille de François van den Brandelaer (Nicolaes Maes, vers 1672), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv.1881-16 Portrait de Lord Heathfield (1750-1813) (Jacques-Laurent Agasse, 1811), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv.1952-70 Portrait allégorique en Diane chasseresse de Françoise Turrettini (Nicolas de Largillière, 1721), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv.1996-27 24 La Boule de verre (autoportrait, Augusto Giacometti, 1910), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv.1970-19 Portrait d'Amélia Angerstein, née Lock (1777-1848), et de son fils aîné John Julius William (1801-1866) (Thomas Lawrence, 1799), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv.1985-56 Femme en robe noire (Amedeo Modigliani, 1917), © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 1988-35 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE