Neuchâtel réfléchit au droit de vote à 16 ans

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Neuchâtel réfléchit au droit de vote à 16 ans
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24 heures | Mardi 9 avril 2013
Suisse
Salaires minimums
L’initiative sur les bas
salaires angoisse la droite
Les grandes
manœuvres ont
commencé à droite
pour un éventuel
contre-projet
Fabian Muhieddine
Ça grenouille autour de l’initiative
sur les bas salaires. Lancé par
l’Union syndicale suisse, le texte
demande l’introduction d’un salaire minimal légal. La somme de
4000 francs par mois est avancée.
Le premier test politique a eu lieu
hier: la Commission de l’économie
du Conseil des Etats s’est penchée
sur l’initiative.
Normalement, le texte aurait dû
essuyer un refus cinglant des partis
bourgeois. A la place – preuve de la
nervosité de la droite – les élus ont
décidé (par 7 voix contre 5) de lancer une vaste enquête sur «les bas
salaires et les solutions alternatives» à l’initiative. En clair, il s’agit
d’un premier pas vers un éventuel
contre-projet. Et d’une première
victoire de la gauche.
«L’ambiance est à la réflexion
constructive», sourit Luc Recordon
(Vert/VD), membre de la commission. Il ajoute: «Un contre-projet
qui nuance par branche serait intéressant. L’initiative a certes de bonnes chances, mais son sort devant
le peuple reste, comme toujours,
incertain.»
Si la droite se méfie, c’est que
l’effet Minder n’est pas si loin. Les
«L’initiative soulève
une question
légitime.
Le partenariat
social fonctionne
bien en Suisse,
sauf pour quelques
branches comme
le commerce
de détail ou
la restauration»
Christophe Darbellay,
président du PDC
Neuchâtel réfléchit
au droit de vote à 16 ans
Le Conseil d’Etat approuve
l’idée d’un jeune socialiste.
Mais le débat s’annonce vif
devant le peuple
Pour habituer les jeunes à voter, il
faut le faire «le plus tôt possible».
Tel est le credo de Baptiste Hunkeler, 21 ans. Ce membre actif des
Jeunes socialistes neuchâtelois se
bat depuis des années pour que
son canton introduise le droit de
vote à 16 ans, tant au niveau communal qu’à l’échelon cantonal.
Surprise: le Conseil d’Etat soutient son idée. Dans un rapport
dévoilé hier par L’Express, il relève que «les jeunes de 16 à 18 ans
sont à même de juger des conséquences de leurs actes ou de leurs
choix. Ils doivent assumer beaucoup de responsabilités bien
avant 18 ans.»
Neuchâtel sera-t-il le deuxième
canton suisse – après Glaris en
2007 – à abaisser de deux ans l’âge
de la majorité civique? Il y a encore loin de la coupe aux lèvres.
Le Grand Conseil devra tout
d’abord se prononcer. En 2010,
les élus neuchâtelois avaient accepté la motion populaire de Baptiste Hunkeler par 55 voix contre
39, contraignant ainsi le gouvernement à étudier le projet. Mais,
en cas de nouveau vote positif du
parlement (peut-être en juin), le
dernier mot reviendra aux citoyens. Et le débat s’annonce vif:
les jeunes UDC neuchâtelois clament déjà leur opposition. Pour
eux, la majorité civique doit aller
de pair avec la majorité civile.
Est-on assez mûr à 16 ou 17 ans
pour se rendre aux urnes? Cette
question a déjà agité plusieurs
VC2
Contrôle qualité
«Nous espérons
avoir l’appui des
sections jeunesse
d’autres partis
neuchâtelois»
Baptiste Hunkeler, membre des
Jeunes socialistes neuchâtelois
cantons. Or, à l’exception notable
de Glaris, la réponse a toujours été
négative jusqu’ici. Le parlement
genevois a rejeté une proposition
dans ce sens en 2000 déjà. Dans le
Jura, les députés ont fait de même
en 2007. Idem l’année suivante au
Grand Conseil fribourgeois. En
terre vaudoise, seule l’UDC a milité pour le vote à 16 ans. Résultat:
un refus très net au parlement, fin
2010. Et même quand ce cap est
franchi, comme à Berne en 2007,
le peuple a ensuite tendance à
dire non (75% des voix dans le
canton de Berne en 2009). Baptiste Hunkeler l’admet: «Ce sera
très dur de convaincre la population. Mais nous ferons le maximum en espérant avoir l’appui
des sections jeunesse d’autres
partis neuchâtelois.»
P.M.
sondages sont très favorables: fin
mars, 76% des Suisses soutenaient
le salaire minimum. Sans oublier
que deux cantons (Neuchâtel en
2011 et Jura en mars de cette année)
ont déjà accepté des textes similaires en votation populaire. Mais,
surtout, un contre-projet pourrait
permettre à la droite de désamorcer deux autres votations: l’initiative «1:12» et l’extension de la libre
circulation à la Croatie. Dans les
deux cas, le mécontentement
autour des salaires sera un argument de poids.
La guerre des chiffres
Du coup, ce week-end déjà, Philipp
Müller, président du PLR, et Christophe Darbellay, président du
PDC, militaient pour un contreprojet dans la SonntagsZeitung.
«Nous ne nous sommes pas concertés, assure le Valaisan. Mais l’initiative soulève une question légitime.
Le partenariat social fonctionne
bien en Suisse, sauf pour quelques
branches comme le commerce de
détail ou la restauration.» Le PDC
en est convaincu, il y a quelque
chose à faire avec les conventions
collectives: «Nous préparons encore une solution, mais un chiffre
fixe pour toutes les branches et toutes les régions n’a aucun sens.»
Pas de quoi convaincre les associations de patrons. La division à
droite était hier bien visible. «Il n’y
a pas de contre-projet crédible, lâche Thomas Daum, directeur de
l’Union patronale suisse. Nous
avons déjà toutes sortes de conven-
Neuchâtel
L’UDC renonce
officiellement
à un recours
L’UDC neuchâteloise ne fera
finalement pas recours contre
la décision du gouvernement
cantonal de dissocier l’élection
du Grand Conseil de celle du
Conseil d’Etat. A l’instar de son
candidat Yvan Perrin, qui
s’exprimait en ce sens dans
notre édition de samedi, les
responsables du parti estiment
que la solution d’un dépouillement simultané est acceptable.
Pour mémoire, le gouvernement a décidé vendredi de
garder les suffrages pour le
Grand Conseil sous scellés du
14 au 28 avril.
ATS
Offshore Leaks
Eveline
WidmerSchlumpf réagit
D’autres places financières que
la Suisse sont pour une fois sous
le feu des projecteurs, a
constaté hier Eveline WidmerSchlumpf. Il s’agit de la première prise de position publique
de la ministre des Finances au
sujet de l’affaire Offshore Leaks.
La Suisse a déjà beaucoup fait au
cours des dernières années pour
endiguer l’escroquerie et la
fraude fiscale, a déclaré la
conseillère fédérale dans une
interview donnée à la chaîne de
radio alémanique SRF 4 News.
Elle n’a pas évoqué l’implication
possible de banques suisses. ATS
tions collectives. Certaines,
comme celle du bâtiment, sont
même contraignantes pour toute la
branche. Je ne vois pas comment
élargir les possibilités existantes.»
Pour l’UPS, cette votation ne peut
pas faire l’objet d’un jeu politique:
«Nous nous battrons, car cette initiative peut avoir des conséquences désastreuses pour le marché de
l’emploi. Personne ne veut payer
8 francs pour un café. Donc, certes,
tout le monde a droit à un salaire
correct. Mais il faut aussi prendre
en compte ce que les employeurs
peuvent donner.»
Jean-François Rime (UDC/FR),
président de l’Union suisse des arts
et métiers, est plus virulent: «Il n’y
a ni discussion ni négociation à
avoir avec les intégristes qui sont à
la tête de la gauche, dont le président du PS, Christian Levrat. Ils ne
retireront pas leur texte. Ils veulent
profiter de la votation sur la Croatie
pour faire passer tout ce qui a été
refusé ces 30 dernières années. Il
faut tenir tête à ça et ne pas avoir
peur de faire campagne.» Et de
rappeler qu’en France le salaire
minimum n’est que de 1100 euros
mais que le chômage, lui, est à 13%.
La guerre des chiffres a commencé. Christian Levrat, lui, a cité
sur Forum les 10% de travailleurs
qui gagnent moins de 4000 francs
par mois: «Ça fait 450 000 personnes, dont 140 000 qui ont un CFC.
Un scandale pour un pays aussi
riche que la Suisse.»
Lire aussi en page 11
Il a dit
«Avec Kim Jong-un,
on a l’impression
d’un petit enfant qui
fait des choses très
dangereuses pour
se faire remarquer»
Un film pour soutenir
les dons d’organes
Ce court-métrage
encourage ceux qui
consentiraient à donner
leurs organes à en informer
leurs proches
L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) lance un court-métrage pour sensibiliser la population suisse au don d’organes. La
décision plaide pour une information et une prise de décision précoces des personnes concernées.
Des sondages indiquent que la
majorité des personnes vivant en
Suisse consentiraient en principe
à un don d’organes après leur décès, a souligné hier l’OFSP dans un
communiqué. Ils n’expriment
toutefois pas assez souvent leur
volonté de le faire. Et les proches
de la personne défunte ont souvent tendance à refuser le don
d’organes lorsqu’ils doivent décider à sa place.
Dans le film, deux amis d’âge
moyen se trouvent dans une voiture, au bord d’une falaise. L’un
demande à l’autre s’il accepterait
de donner ses organes en cas de
chute accidentelle dans la mer.
Son ami y serait effectivement favorable, mais il n’a pas exprimé sa
volonté noir sur blanc ni fait part
de sa décision à ses proches.
Aucun don d’organes ne peut
donc être réalisé.
L’OFSP désire encourager la
population à s’informer tôt, à décider si elle désire faire don de ses
organes et à communiquer son
choix à ses proches. Cette campagne intervient moins d’une semaine après l’annonce par la fondation Swisstransplant d’une
baisse du nombre de dons d’organes en 2012. ATS
Les engins lourds sont entrés en action hier. KEYSTONE
Le cœur de Berne
transformé en chantier
La Marktgasse fait l’objet
de gros travaux
jusqu’en septembre
Les grandes manœuvres ont
commencé à Berne. La
Marktgasse, célèbre artère marchande de la ville, située à quelques pas du Palais fédéral, est
devenue un immense chantier à
ciel ouvert. Les pelleteuses et
autres engins sont apparus hier
entre fontaines et bâtiments historiques. Nouveaux rails de tram,
réfection des canalisations pour
l’eau et le gaz… La première
phase des travaux d’assainissement va durer jusqu’au 14 septembre et les trams circuleront à
nouveau dès le 15 septembre.
C.Z.
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Ulrich Schlüer,
ex-conseiller
national
(UDC/ZH),
qui a visité
la Corée
du Nord
en 2012
avec
d’autres
élus
(!
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La mule était un
Brésilien de 71 ans
Zurich Un ressortissant brésilien
de 71 ans a été interpellé avec
3 kg de cocaïne cachés dans son
sac à dos, dimanche à l’aéroport
de Zurich. La mule arrivait de São
Paulo et transitait en direction
d’Amsterdam. ATS
Résultat négatif
pour la SSR
2012 La Société suisse de
radiodiffusion et télévision (SSR)
a enregistré un déficit de
117,4 millions de francs en 2012.
Le résultat négatif tient à
l’anticipation d’une année d’une
provision de 160,2 millions pour
la réforme de sa caisse de
pension. La SSR a réalisé l’an
dernier un chiffre d’affaires de
1,63 milliard de francs. ATS
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