enseigner en segpa. - Académie de Clermont
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ENSEIGNER EN SEGPA. PHILIPPE SENNEPIN. COLLEGE PIERRE MENDES FRANCE. 63 RIOM. 2009-2010 'Philippe Sennepin a participé très activement et joyeusement à la formation académique réservée à la découverte des SEGPA et à l'enseignement de l'anglais dans ces sections. Il a construit ce dossier en toute modestie afin d'aider les professeurs d'anglais à intervenir dans les classes de SEGPA avec sérénité et davantage d'efficacité. Qu'il trouve ici les remerciements qu'il mérite pour son sens du partage et la belle image qu'il donne de ce métier au service des élèves en difficulté! ' Marie EMPAIN, IA IPR d'anglais. Clermont -Ferrand Introduction La Section d’Enseignement Général et Professionnel Adaptés, SEGPA, relève de l’enseignement spécialisé. Les programmes de référence sont ceux du collège mais les enseignements y sont dispensés de manière spécifique selon des procédures particulières qui relèvent de l’adaptation. Les situations quotidiennes de classe permettent de dresser le constat suivant concernant les difficultés des élèves face aux apprentissages, il peut s'agir de difficulté de concentration sur la durée, difficulté de rétention, difficulté de restitution des contenus enseignés, difficultés à différer l’envie de répondre. On constate souvent l'immédiateté des réactions face à tout ce qui se passe dans la salle de classe. On note cependant, malgré tous ces obstacles qui contrarient le déroulement d’un cours, une certaine envie d’apprendre qui se manifeste parfois, par le soutien que peuvent apporter certains élèves à l'enseignant. Enseigner en Segpa nécessite la constante manipulation de 2 leviers, gestion de groupe et transmission d’un savoir. Les élèves ont besoin d’être cadrés, guidés par des procédures et des habitudes qui leur permettront l’accès à une certaine autonomie et à une certaine réussite. La gestion du groupe a un impact sur le contenu des séances. Il conviendra de lutter autant que possible contre tout ce qui empêche l’accès au savoir. Les activités de classe, les leçons, les exercices, les évaluations vont devoir suivre des chemins spécifiques pour être efficaces. Les contenus seront modestes. Ce petit livret propose des réflexions sur des fondamentaux de l'adaptation et des idées qui pourront peut-être permettre de trouver un peu d’inspiration pour enseigner une langue étrangère, à des adolescents reconnus en grande difficulté scolaire et les aider à renouer avec l'envie d'apprendre.. REFLEXIONS SUR LA GESTION DU GROUPE ET LA TRANSMISSION DU SAVOIR. En SEGPA, une très grosse partie du travail de l’enseignant se concentre essentiellement dans la gestion du groupe. Les gestes fondamentaux étant compris et appliqués, les conditions d’enseignement s’améliorent sensiblement. Il serait dangereux de considérer que les élèves de SEGPA ne puissent pas répondre aux mêmes exigences de discipline que leurs camarades du collège. Ils ont exactement les mêmes droits que les autres, mais aussi les mêmes obligations notamment concernant le respect. On peut réclamer ses droits seulement si l’on a accompli ses devoirs, il n’est pas question d’échapper à la logique de ce principe. La clef de la réussite pour qu’un enseignement se déroule convenablement, surtout celui d'une langue étrangère, repose dans le système que l’on va instaurer et ritualiser. Rendre les élèves acteur de leur propre apprentissage est une considération qui oriente et recentre l’enseignement sur une véritable démarche interactive. Cela impose que chacun sache bien ce qu’il va faire et pourquoi sinon l’attention, la concentration, la patience et la motivation risquent de se diluer. Chaque fois que les élèves passent le pas de la porte, ils doivent s’attendre à en savoir plus en repartant qu'en arrivant. C’est justement parce que l’on arrivera bien à garder ce principe en mémoire que l’on arrivera à ajuster notre pratique pédagogique, pour atteindre cet objectif. Pour ne pas que leur motivation s’effrite, en cours de route tout au long de l'année, l’'adaptation' trouve toute sa raison d’être. Elle pourra permettre d’assurer ou d'accroître la rétention des contenus. Quand on a bien compris, ce que l’on allait faire et que l’on est capable de pouvoir le reformuler, on peut alors et alors seulement se consacrer aux objectifs linguistiques. Il convient donc de poser le cadre pour baliser le travail de l’année . Voici une liste de dispositifs et de procédures que l’on peut mettre en place pour aider à structurer le groupe-classe, le rendre plus efficace et plus impliqué dans la démarche individuelle et dans la démarche collective. L'inter-activité et le balisage pédagogique participent fortement à la structuration du comportement et à la méthodologie du travail des élèves en grande difficulté scolaire. 1. Le contrat de classe Il faut prendre le temps de faire les choses. Le rythme d'apprentissage est nettement moins élevé en Segpa que dans celui des filières traditionnelles du collège. Apprendre l’anglais, nécessite là, peut-être plus qu’ailleurs, de bien préparer un état d’esprit et de mettre en œuvre des moyens opérationnels particuliers pour en fixer les meilleures conditions. Ainsi en début d'année, il faut a) Se donner les moyens et le temps, de repérer les profils des élèves, pour anticiper les éventualités, les écarts de comportement pouvant altérer le déroulement des cours. b) Présenter les missions institutionnelles qui constituent les obligations de l’enseignant. c) Elaborer un contrat fixant les engagements des différents partenaires. Ce dispositif se met en œuvre sur plusieurs séances. Il doit se conduire selon les prescriptions du règlement intérieur de l’établissement afin de proscrire toute anarchie ingérable lors de l’intervention des élèves. Les élèves de SEGPA doivent être particulièrement cadrés pour ne pas se sentir perdus. Le cadrage les rassure et assure un confort non négligeable dans la conduite de la classe. On pourra par exemple en première séance de l'année mettre un place un moment de découverte de chacune, des attentes et des rôles de chacun. Moyens pour atteindre l’objectif: Lever le doigt pour parler. Ne pas couper la parole. Ecouter silencieusement la personne qui parle. Conduite pédagogique de l’enseignant: Ecrire l' objectif, l'activité et les moyens au tableau. Cacher ce qui a été écrit au tableau et demander aux élèves de répéter ce qui est attendu d’eux. Noter 1 ou 2 élèves pour la réalisation de ce travail. Faire écrire dans le cahier, en imposant le silence absolu pendant la copie.. Avant le lancement de l’activité préciser que l’on va écrire, au tableau ce qui sera dit. Lancer l'activité et faire recopier aux élèves ce qui a été noté sur le tableau. Entre la 1ère et la 2ème séance faire un rappel ce qui donnera une idée de l’état de la rétention des élèves. Cette dernière étant plutôt modeste, il est indispensable de cibler des objectifs simples, et clairement exprimés. Lors des séances suivantes : Rédaction du contrat de classe. Objectif: Ecrire un contrat qui permettra de se fixer une ligne de conduite. a) déterminer les règles que devront respecter les élèves pendant le cours. b) déterminer les règles que s’imposera le professeur pour permettre aux élèves de comprendre. Moyens: Chacun participe, en attendant son tour. Chacun s’engage en signant. Conduite pédagogique de l’enseignant: Elle suit les mêmes règles que données pour la séance 1 et 2. La ritualisation de ce fonctionnement est importante. Re-conceptualiser des notions comme écouter, prendre la parole, en utilisant des termes simples et des exemples, selon le schéma de Jakobson. Rassurer les élèves concernant le cours. La progression sera adaptée. Veiller à ce que les élèves, les parents, le directeur de la SEGPA (avec tampon officiel) et le prof aient bien signé le contrat. Ecrire une petite pancarte « Parler après avoir levé le doigt et attendu son tour» que l’on prendra soin d’afficher, avant chaque début de cours, pour éviter des répétitions fastidieuses. 2. L’anticipation et la gestion des conflits Les dispositions des élèves ne sont pas toujours 'optimales'... L’anglais nécessite beaucoup de discipline et d’efforts. Quand un élève est trop agité, son comportement risque d’entraîner tous les autres qui, pour échapper à l’investissement que représente le travail d’anglais, vont s’engouffrer dans la brèche. La séance risque d’être perdue, si l’on n’agit pas immédiatement. La porte de la salle de cours qui reste ouverte est un moyen de placer la classe sous vigilance. On peut aussi permettre à l’élève de s’isoler pour se calmer. Il peut être invité à s'asseoir à l’écart. Il a peut-être besoin de ce moment pour souffler et essayer par lui- même de sortir de quelque chose de difficile. L’élève rattrapera ce qu'il a manqué à un autre moment. La connaissance des modes de réactions aidera à leur anticipation ( voir schéma proposé en formation ) En tous les cas il faut appliquer absolument les règles mises en place par l'équipe de la SEGPA, il ne faut surtout pas modifier les attentes et exigences dans ce domaine. 3. L'estime de soi. La reconnaissance. Plus que d'autres les élèves souffrent d'un lourd déficit d'estime de soi. Ils savent qu'ils ne sont pas au 'même niveau' que les autres . Ils se réfugient souvent dans une posture qui leur évite d'entrer dans un processus d'apprentissage. Les diverses stratégies utilisées pour restaurer leur image porteront leurs fruits très vite. Créer un climat de confiance et de respect est une des priorités. Valoriser les efforts et les réussites doit être une constante de l'enseignant. Les élèves de SEGPA, quand ils parlent, des élèves du collège, disent « les normals », présupposant inconsciemment, qu’ils sont eux anormaux. Je crois qu’ils faut corriger cela dans l’esprit des élèves, quand l’opportunité se présente. Les élèves de SEGPA sont différents, par rapport aux autres, dans la manière d’apprendre. Cela ne veut pas dire, qu’ils sont anormaux. Un élève de SEGPA, vous dira 15 fois bonjour, s’il vous croise dans les couloirs, dans la journée. Ne pas oublier de répondre. C’est pour eux très important. Cependant, on peut, peut-être, leur faire remarquer, que ces attentions sont très délicates de leur part, qu’on y est très sensible, mais qu’il n’est peut-être pas, obligatoire de se dire bonjour, du matin, où l’on se lève, jusqu’au soir, où l’on se couche. 4. La présentation de la discipline 'Langue Vivante Etrangère' Il ne faut pas sous estimer la spécificité de cette discipline. L'apprentissage d'une langue étrangère est une difficulté supplémentaire mais aussi un atout.. Dans un 1er temps il est de l'intérêt de l’enseignant de différer son intervention en anglais. Ecouter et parler anglais supposent un état d’esprit auquel les élèves n’ont pas forcément été préparés. Ils peuvent même avoir malheureusement été insidieusement encouragés à tout le contraire. 'Tu ferais mieux d’apprendre à parler et écrire correctement le français, ça serait plus utile, toi qui n’es déjà pas bon à l’école!' Vu les difficultés que les élèves ont à surmonter, il est encore plus difficile pour eux de le faire en langue étrangère. Toutefois, pour ne pas accroître le ressenti douloureux qu’ils peuvent avoir, de la conscience évidente qu’ils ont d’être en difficulté, et qu’on va forcément y contribuer. La recherche en science de l’éducation a parfaitement établi qu’'apprendre engendre de fait une déstabilisation cognitive et affective pouvant largement mettre n’importe quel apprenant en déroute'' Meirieu et Develay . L’anglais en milieu institutionnel, est un moyen de communication artificiel. Pourtant , il faudra en faire un vrai outil de communication. Trouver des pistes qui vont légitimer ce statut pendant le temps de classe est très important elles faciliteront l'adhésion de tous. La situation est à très haut risque en anglais. Il faudra trouver des occasions de permettre de verbaliser toutes les émotions et les représentations, de les fixer sur le papier pour y faire face et se donner les moyens ensuite d’être psychologiquement mieux armés, pour les combattre. Les élèves doivent savoir qu’il est préférable de lutter plutôt contre les idées reçues que contre les profs. Un élève à qui on donne le moyen d’intervenir, ne sera pas tenté de le faire seul, de manière bien souvent maladroite, pour montrer qu’il existe . On peut l'aider à s’exprimer lors de la re formulation d’un objectif, écrit au tableau et que l’on a dissimulé, pour forcer l’élève à le retrouver, cette prise de parole empêchera l'élève de faire n’importe quoi pour tout simplement attirer l’attention. La période silencieuse pour l’apprentissage de la langue est variable d’un individu à l’autre. Il faut la ménager. La conversation s’inscrit dans l’immédiateté, suppose une performance. Si un élève est incapable d’y répondre, parce que sa période silencieuse est plus élevée, il ne perdra pas son honneur, devant ses copains si, il a déjà eu l’occasion de donner une bonne réponse, pour laquelle il aura été dûment félicité. Les élèves de SEGPA sont hyper sensibles à toute valorisation , même si nous trouvons cela un peu dérisoire, il faudra intégrer ce besoin de reconnaissance bien supérieur à celui ressenti par d'autres élèves. Les élèves ont peut être déjà un vécu en anglais. Tant mieux si cela a été positif. Il faudra alors continuer, dans sa pratique à l’entretien de cette bonne disposition. Si ce n'est pas le cas, il est important de veiller à ce qu’un transfert dommageable ne soit pas opéré sur le nouveau prof. Comme disait Talleyrant: ' Ca va sans dire, mais ça va mieux en le disant' Sorte de «catharsis», dans le principe d’Aristote, la parole permet de se libérer, de toutes les ondes négatives que l’on a pu engranger suite à une expérience que l’on n’a pas bien vécue, à tort ou à raison. Verbaliser permet de découvrir les représentations, les modes de penser des autres. Parler de sa mission d'enseignant, permet de légitimer son travail et son utilité. Ainsi que le fait le maçon pour construire, il faut suivre des règles, utiliser correctement des outils pour agir efficacement. Il faut donc élaborer une charte de travail. La prononciation Elle nécessite un travail spécifique. En anglais, elle est épouvantablement difficile. La stratégie à utiliser ressemble, dans l’esprit, à celles utilisées, par les médecins phoniâtres, dans les hôpitaux, lorsqu’ils font de la ré-éducation, chez des patients, ayant eu des traumatismes graves. La sphère kinesthésique sollicitée, via l’appareil phonatoire (pour la restitution), fait appel à une double compétence: la perception, par la discrimination auditive et le positionnement approprié, pour la production du langage articulé de la langue. Les diphtongues, th, voyelles longues.. contrarient fortement les habitudes prises par les Français. . Il existe aussi un autre niveau, auquel il faut veiller, c’est la restitution prosodique. L’anglais a une accentuation de mots. Les enseignants, n’ont peut-être, pas conscience, du niveau de pénibilité et de complication, que cela représente, pour un élève. Les outils (un audiogramme) dont les médecins phoniâtres se servent, pour décoder la rudesse de cet exercice font émerger la différence d’amplitude que l’on constate en anglais par rapport au français. La difficulté de décoder les sons est extrêmement difficile pour un élève en difficulté scolaire. Il n’est donc pas étonnant que les mots soient mal prononcés. Les élèves ne le font pas exprès. Ils peuvent véritablement présenter, une sorte d’aphasie sensori-motrice, relevant du traitement du stimulus auditif au niveau de l‘aire cérébrale gauche (le réseau périsylvien, comprenant l‘aire de Wernick et l‘aire de Broca), quand on leur demande d’écouter de l’anglais. La plasticité neuro-physiologique cérébrale permettant l’acquisition des langues est importante chez les jeunes enfants (surtout chez les très jeunes), elle décroit ensuite inexorablement. Pour illustre mon propos : en voulant faire parler les élèves, on se trouve au niveau le plus élevé (de l’échelle de Reichter (quand ça tremble), de Beaufort (quand ça souffle), de Dédé (le coiffeur d’Ennezat, spécialiste des échelles, quand ça décoiffe) concernant le risque de dissonance cognitive. Il faudra donc porter, une attention particulière, sur ce que l’on va demander aux élèves de SEGPA, à l’oral, pendant le cours, pour ne pas, par la suite, par excès d’ambition et malgré nous, nous retrouver dans des situations de classes, complètement ingérables, où l‘on va perdre notre patience et notre calme. Exemple Pour travailler le placement de l’appareil phonatoire avec 'Where is…, Where are' on insistera avec exagération le souffle du 'WH' , le singulier et le pluriel. Le placement de la bouche, par l’exagération, va permettre la prise de conscience nécessaire. Le stockage cérébral sera renforcé par la dimension kinesthésique. La prononciation peut empêcher la prise de parole, notamment chez des adolescents en difficulté dont l’image de soi est déjà très sérieusement écornée. Dans le groupe, la peur de perdre l’identité qu’ils se sont construit, peut aussi entraîner des inhibitions dommageables. La grammaire: Parfois si différente de celle du français, elle crée une confusion importante et oblige l'élève à acquérir un nouveau code alors que celui de la langue maternelle n'est toujours pas fixé. 5. La charte de travail du cours de langue. Elle est très importante. Elle va constituer le socle sur lequel tout le travail de l'année va reposer . Il faut bien la penser. Elle intervient en bout de processus après le recueil des données concernant les personnalités des élèves elle va permettre d’en élaborer la singularité, dans la rédaction. Dans certaines classes, il faudra peut-être plus insister sur certains points que d’autres. La contribution des élèves est capitale. Il faut la rédiger en cours avec eux. La logique du contrat appelle un engagement des différents partenaires par la signature du prof , des élèves, de leurs parents ou à défaut, leurs représentants légaux, le directeur de la SEGPA, à qui on demandera d’apposer le tampon, pour donner un caractère très officiel (les élèves y sont très sensibles ). Tout au long de l’année, devant le groupe, ou en entretien individuel, on rappellera, si besoin, les engagements pris et les obligations souscrites. C’est une manière d’apprendre aux élèves à se responsabiliser. Ils n’en ont peut-être pas l’occasion dans le quotidien qu’ils vivent. La mise en place du cadre est importante. Elle instaure une confiance réciproque. En prenant l’engagement d’aller doucement, en ritualisant un fonctionnement, dans lequel les élèves vont finir par se retrouver à force d’habitude, ils ne seront pas perdus. Les points qu’elle doit faire émerger sont: a) l’écoute, b) la prise de parole c)le fonctionnement du cours • C’est quoi bien écouter ? Eviter de faire du bruit quand quelqu’un parle. Reprendre le schéma de Jackobson. Pour une bonne réception, il faut éviter tous les parasites. Donner des exemples. Définir en semble ce qu’est l’écoute, ses difficultés, ses avantages( par exemple comment dans un groupe on doit prendre la parole pour ne pas que ce soit la pagaille pour tout le monde). L’anglais est suffisamment difficile (spectre de fréquence quelque fois très bas, auquel ne sont pas habitués les français, par exemple) pour ne pas, en plus, aller compliquer les choses. Ces évidences ne sont pas inutiles à rappeler • Attendre son tour pour prendre la parole. Cela est difficile mais cela s’apprend. Il faut insister la-dessus, en mettant en avant des notions de respect. La personne qui parle doit avoir les moyens de pouvoir s’exprimer sans que quelqu’un lui ait coupé la parole. Une affiche, rappelant de «lever le doigt pour demander la parole et attendre son tour» aura la même fonction qu’un panneau indicateur, pour le code de la route. D’ailleurs on peut utiliser la même signalétique. Un rond rouge pour les interdictions, un rond bleu pour les obligations. On peut alors faire 2 panneaux. Avoir sous les yeux ce support permet à l’élève de se canaliser. Pour cela il a vraiment besoin d’aide. Cette stratégie est un bon allié. Elle évite les répétitions incessantes. Ne pas oublier de noter la participation.. • le fonctionnement du cours : Parce qu’apprendre est déstabilisant affectivement et cognitivement, donner un cadre d’apprentissage est particulièrement rassurant, pour des élèves en grande difficulté scolaire. Cela peut s’organiser de la manière suivante, dans 1 séance qui s’articulerait de la façon suivante: Objectif : Comprendre l’organisation du cours. Moyens: a) copier l’organisation proposée au tableau b) être capable de la redire sans regarder Déroulement pédagogique : Installation, date 5mn Note de l'objectif sur le tableau + Restitution de l’objectif , 10 mn, Copie dans le cahier, 10mn Pendant que les élèves écrivent dans leur cahier, les objectifs et les moyens, le prof, sans gêner les élèves, écrira la fiche de fonctionnement, sur la partie du tableau, qu’il aura préalablement prits soin de laisser libre) Commentaire et explication de la fiche 15mn Copie dans le cahier 10 mn. Rappel avant de partir : 5mn Le déroulement du cours se fera, selon les habitudes suivantes: 1) Un objectif et des moyens me sont donnés pour l’atteindre. 2) Je dois être capable de les redire sans les avoir sous les yeux. 3) Je les recopie correctement dans mon cahier. 4) Je participe à l’activité pour m’entraîner. 5) Je recopie correctement la trace écrite dans mon cahier. 6) Je dois savoir redire, ce que l’on a voulu me faire apprendre, avant de partir. Je suis noté aux étapes 2, 3, 4, 5 et 6. 6. Des outils pour la gestion de la classe • La réalisation de panneaux, style ceux du code le la route Pour demander de se taire, demander le silence, rappeler de lever le doigt, proposer de dire la date( jour, mois, année) ;de faire l'appel. Avoir constamment la signalisation devant les yeux entraîne une modification du comportement. Mettre en place cette signalisation, constitue un cadrage visuel qui peut aider les élèves à canaliser leur comportement. Sinon, dresser alors des contraventions, après avoir demandé le…carnet de correspondance - permis à points; Attention aux chauffards qui ne respectent pas les limitations auxquelles appellent les panneaux. On ne plaisante pas avec la ' GENDARMERIE '…euh,' L’EDUCATION NATIONALE' ! • L’agenda d’activités de la classe: Les séances comportent un objectif auquel on essaye de se tenir. Au bout du compte, cela est rassurant pour les élèves. Cependant, des questions peuvent faire apparaître des préoccupations, dont la réponse peut constituer une raison suffisante d’y consacrer une séance avec un seul objectif. On note donc cela dans l’agenda de classe. On y reviendra plus tard, mais cela ne passe pas «à la trappe». Cela est une aide précieuse, pour apprendre aux élèves à savoir différer leur demande, leur intervention en fonction de l’opportunité du moment. Pour les petites questions, plus simples, on répond immédiatement, mais attention afin de ne pas se laisser déborder on peut recourir à l’agenda. L’objectif donné reste toujours à atteindre, cette invitation au délai canalise les énergies, quelque fois débordantes. 7. Des incontournables La recherche commune d’un objectif d’apprentissage. On peut donner des objets aux élèves et leur demander à quoi ils peuvent nous servir. On leur demande de réfléchir. Chacun réfléchit et propose un objectif à atteindre et des moyens pour les atteindre. Un exemple: les figurines en feutre autrefois utilisées par les profs d’anglais, ont été bien souvent remisées. Elles constituent un véritable trésor. Les jeunes élèves de SEGPA adorent les utiliser. Elles ne nécessitent pas beaucoup de moyens financiers et elles se prêtent à la fois aux manipulations, aux fixations, à la production d'histoires imaginaires. Les objets authentiques, les flash cards sont autant d'outils disponibles à peu de frais. La modestie des contenus. Le contenu linguistique doit être modeste à chaque séance. Pour des élèves, dont une des difficultés majeure est la rétention des connaissances, il est préférable de ne pas être trop ambitieux, sinon, le risque de les voir ne rien retenir de tout de ce que l’on aura fait est grand.. On évitera donc, toute surcharge dite «cognitive», si l’on veut obtenir des résultats, en terme de compétences linguistiques. La rétention des connaissances implique aussi une grande rigueur, de la part de l’enseignant, dans la structuration de la construction du savoir, que l’on veut faire acquérir. La méthode de travail, que l’on va suivre pour mener le cours, va produire des habitudes et des réflexes, dont a besoin le cerveau pour classifier et stocker. Dans l’enseignement spécialisé, on suit le même chemin que celui que les professionnels de santé (médecins phoniâtres, neuro-psychiatres, orthophonistes) suivent pour' re -formater le cerveau' ,suite à un traumatisme par exemple. Si la connaissance de quelque chose dysfonctionne, il faut reconstruire la formalisation, c’est-à-dire l’encodage sur lequel la matière grise prendra appui, pour stocker quelque part dans la mémoire, ce qui deviendra un savoir, que l’on pourra mobiliser ultérieurement, en cas de besoin. Les adjuvants pédagogiques que l’on utilise sont donc fondamentaux. Ils permettent d’engendrer la conceptualisation Pour favoriser la rétention. On passe du dessin, à la forme géométrique. Les béquilles: Multiplier les moyens mnémo techniques: aide la mémoire à retenir des notions. Par exemple, en français la possession est exprimée en fonction de ce qui est possédé, en anglais, c’est en fonction du possesseur. Malgré l’énergie que l’on déploie à lutter contre, les élèves passent constamment leur temps à établir la correspondance français-anglais pour comprendre, retrouver une réponse. Mettre un symbole, comme un triangle sous « his », un rond sous « her », quand on fait la présentation de ces notions, va en permettre le renforcement de l’acquisition. Dans la manipulation orale, on peut, chaque fois que l’on dit « his » ou « her », afficher en même temps le triangle ou le rond, selon que l’on parle d’un garçon ou d’une fille. Cela relève pleinement de l’adaptation pédagogique. Cela aidera les élèves à se souvenir en associant le geste à la parole, l'image mentale se fixe. La re-verbalisation Quand un élève est capable de dire ce qu’il a fait en cours, autrement qu’en déclarant, j’ai fait de l’anglais, il a fait un vrai travail d’élaboration, dans la mise en place d’un savoir. Ce n’est pas rien. Il ne faut pas sous estimer cela, bien au contraire. Il faut le valoriser. Aujourd’hui, j’ai appris comment on disait elle s’appelle, quand je présente une fille, n’a er pas la même envergure que l’affirmation précédente. Dans un 1 temps, l’élève peut très bien ne plus se souvenir exactement comment on dit, mais se souvenir de comment on a ère fait (j’ai mis 1 rond sous le mot pour une fille,t 1 triangle pour 1 garçon), c'est une 1 étape importante et encourageante, pour arriver en bout de course à le dire avec succès. Atteindre ce palier intermédiaire est une réussite . Savoir ce que les élèves viennent faire et les forcer à intégrer l’objectif du cours, est un bon moyen de les rendre actifs. Lorsqu’un élève ne sait pas ce qu’il va faire, le renoncement à le savoir, ou à le trouver dans le flot de ce qu’il entend, peut le conduire à s’installer dans la passivité ou l'agitation. Il risque alors d’échapper à tout contrôle. Un travail de re formulation des objectifs, est une opportunité d’appropriation indispensable pour que l’élève suive un but dans le cours. Cela est un vrai travail, qu'il ne faut pas oublier de noter. L’évaluation pousse l’élève à la réalisation cette tâche et lui donne une réalité. Ce n’est qu'après tous ces gestes fondamentaux que l’on peut se lancer à la conquête des objectifs linguistiques. L'alternance Il faut alterner phases active d’apprentissage et phase ludique. La maîtrise de la classe impose prendre les commandes. Nous sommes des profs, pas des gentils animateurs! Retour au calme. On copie sur son cahier. Le tableau aura été organisé, de façon à permettre à l’élève, de suivre, dans le script du cours, les étapes de construction du concept permettant ainsi son appropriation pour, par la suite, en dynamiser la rétention. Ecouter quelqu’un parler anglais (accentuation, syntaxe) requiert une concentration que ne peuvent pas fournir les élèves de SEGPA sur une durée importante. Les repères changent trop, ne pas en tenir compte revient à les mettre en échec et à laisser le champ à l'explosion! . L’intervention du prof d’anglais, doit donc se répartir par l’alternance d’activités, en rapport avec la possibilité d’apprentissage des élèves. Attention, prudence, cela ne signifie pas qu’il faut impérativement changer d’activité, en pensant, que la routine s’installe très vite chez eux et, que l’attrait qu’ils manifesteront, viendra forcément, de la variété des activités que l’on va leur proposer. Non, cela serait même dangereux, parce qu’à trop vouloir varier, on peut finir par ne plus savoir ce que l’on voulait faire au départ. On cible un point, et on avance par paliers, en changeant le rythme de progression, phase orale collective, individuelle, français et anglais et phase écrite individuelle, dans un silence absolu. Ainsi le cours est beaucoup plus vivable pour tout le monde, sinon, on a vite l’impression d’être dans une ruche où la constance du bourdonnement, peut devenir infernal pour tous. L'évaluation du comportement Savoir ce que l’on évalue et pourquoi, au fur et à mesure de la progression vers l’objectif fixé, est déterminant. N’évaluer que des savoirs linguistiques n’est pas suffisant,il faut aussi évaluer les comportements qui permettent les acquisitions linguistiques. Les élèves doivent prendre conscience de cela, sinon pourquoi bien se tenir La notation ne demande pas d’effort particulier, de la part de l’enseignant, elle est une modalité programmée, dans le déroulement de séance, dont l’intérêt ne vise ici, qu’à faire prendre de bonnes habitudes aux élèves. C’est une manière de récompenser, quelquefois au contraire, c' est une sanction. C’est bien justement alors, qu’elle doit induire un changement d’attitude, parce qu’elle est un indicateur, une variable qui doit permettre l’ajustement du comportement et la remédiation. Tout le monde peut le faire, sans aucun problème. Pas question d’avancer l’argument, de dire 'je suis nul,' pour ne pas accéder à cette légitime exigence. Ici, chacun peut se réaliser. La personne réfractaire ne pourra pas dissimuler sa mauvaise foi. Si l'attitude persiste on essayera de régler la question dans un petit entretien que l’on pourra avoir avec un élève ou sur un temps silencieux de classe. Un moment où, la classe recopie quelque chose dans le cahier, par exemple. Dans le cas où l’élève a pris du retard lui montrer dans le cahier, en faisant des croix aux emplacements voulus, la place qu’il doit laisser pour recopier ce qui manque. Pas question de l’entreprendre, dans le déroulement de la séance. Tout est minuté et, on a besoin de tout le monde. Ne surtout pas aller, par maladresse, institutionnaliser le fait que l’on puisse éventuellement faire autre chose, qui diffère de l’objectif que tout le monde doit atteindre, sinon, on torpille la dynamique collective que l’on a mise en place. L'évaluation des connaissances linguistiques, culturelles L’évaluation des contenus linguistiques, culturels doit préciser ce qui est attendu des élèves. La personne qui évalue et, les personnes qui sont évaluées, doivent partager les mêmes critères, pour tendre ensemble vers un but commun, clairement identifié par chacun. Par exemple, on convient de donner le maximum de points, quand les mots sont bien dans l’ordre et, l’orthographe correcte. La moitié des points quand…etc. Il est préférable de construire cet outil méthodologique, encore une fois, avec les élèves, dans une séance particulière ayant justement cet objectif. A nouveau cela contribue à rendre les élèves de SEGPA acteurs de leur formation. Les élèves doivent apprendre l’autonomie et apprendre à s’évaluer seuls. Cela ne s’invente pas. Nous, enseignants, avons intégré ces procédures, pour nos propres ajustements personnels, quand nous sommes dans une phase d’apprentissage. Les élèves en grande difficulté scolaire, comme les jeunes de SEGPA, n’ont pas fixé durablement de quelconques procédures particulières, leur permettant une autoévaluation opérante. Il faut donc les y aider. La construction d’une fiche d’évaluation, dont on se servira par exemple, lors de la préparation au contrôle, est une alternative qui pourra leur être très utile. Faire pratiquer la correction du bilan des connaissances linguistiques, en fin de séquence, occasionne l’ultime moyen de renforcer encore la fixation des savoirs, pour essayer d’en garder un quelque chose, dans la durée. Les risques de tricheries sont limités. De toute façon, la validation est faite par le prof, et s’il devait s’en rendre compte, une baisse automatique des points serait immédiate. Notons cependant, que si la chose a bien été présentée, cette dérive est assez rare. Le but, est de les faire progresser en anglais. Trafiquer les résultats de l’analyse médicale, que pour être félicité par le médecin, n’est pas la meilleure manière de progresser sur la voie de la guérison. Pour se former correctement, on est parfois amener à devoir se corriger. Il faut jouer le jeu sinon, tout cela n’est qu’une vaste supercherie, qui ne sert à rien. Enfin, renseigner les graphiques des résultats, permet la visualisation de la progression de l’élève, l’aidera dans la projection des actions, qu’il doit mettre en œuvre plus particulièrement, dans la séquence suivante, pour améliorer ses prestations. Dans l’analyse du bilan final, on donne toute les notes à chacun des élèves, pour renseigner chacun des graphiques. L’élève a 4 graphiques à renseigner, pour apprendre à piloter son propre apprentissage: Graphique A: compréhension des objectifs de séances. Graphique B: tenue des outils, le cahier. Graphique C: entraînement, participation à l’activité Graphique D: connaissance de la langue. Comme un pilote d’avion, qui a les yeux rivés sur les écrans de contrôle, pour assurer aux passagers, à la fois des conditions agréables de voyage et l’assurance d’arriver à bon port, l’élève devra opérer des ajustements de son attitude, en cas de défaillance, ou garder le même cap, si les résultats sont convenables. Etre actif pour apprendre est le meilleur moyen d’avoir une prise sur les choses. Les supports Attention, de ne pas trop abreuver l’auditoire, en photocopies, de tout genre. Les photocopies sont à donner avec parcimonie. Les élèves finissent bien souvent par faire des avions avec les feuilles. La photocopie peut représenter une accumulation de données impossible à trier pour l'élève. Elle peut le dispenser de faire lui même le geste d'appropriation. L’abondance de la sollicitation visuelle et des activités risquent de produire un résultat contraire à celui recherché. L’image, par sa profusion, est trop dense et inappropriée surtout en début de séance. Les supports doivent être simples et clairs. Il faut le plus souvent adapter les supports proposés par les manuels en décomposant la difficulté ou en occultant des zones. Le cahier Le cahier est un outil de travail, destiné à aider la mémoire, à stocker des informations, qui vont constituer la connaissance que l’on aura, après avoir atteint l’objectif que l’on s’est fixé. La main est un des scanners, dont se sert le cerveau, pour «télécharger» des données. Copier correctement, en prenant le temps nécessaire, est important. Le faire dans le silence est fondamental, pour espérer voir s’imprimer, ce qui a été copié. C’est aussi un vrai travail. En passant dans les rangs, avec son cahier de notes, on évalue On peut mettre des notes d’anglais, sur la manière dont les élèves ont copié, la trace écrite. Il faut bien comprendre que pour des élèves de SEGPA la copie dans le cahier est un vrai travail d’acquisition des connaissances qui mérite d’être évalué. Le professeur peut faire l’évaluation en circulant dans les rangs, pour voir ce qui a été noté dans les cahiers. En Segpa on corrige, plus les cahiers, que les copies. C’est vraiment, une manière de noter, sans aucun rapport, avec ce qui est généralement connu des enseignants, dans les filières traditionnelles de l‘enseignement classique. Au collège, on est plus généralement, dans des évaluations sommatives que formatives. En SEGPA, il faut privilégier l'évaluation formative absolument, à 90%. Les élèves de SEGPA, reconnus officiellement, par une commission, de l’enseignement spécialisé, sont des élèves en difficulté scolaire importante. Le moment de méta- cognition . Une séance doit impérativement se terminer sur un travail méthodologique, méta-cognitif, en français. On peut dire par exemple' je suis satisfait du travail de la classe. Je trouve qu’une majorité d’entre vous a été pénible, cela n’est pas tenable et j’attends mieux la prochaine fois…etc. Faire verbaliser comment on travaille, permet la prise de conscience. Retour au calme fortement conseillé avant de partir. Le collègue qui suit va y gagner. ANALYSE DE QUELQUES EXTRAITS DE MANUEL SCOLAIRE ET COMMENTAIRES Extraits du Manuel «EASY GOAL » édition Foucher. • Ex 1: Locating Objects. 'Where is your cap? Where are your shoes? ' Objectifs pédagogiques, visé par le concepteur de la séance : Where is it? Where are they? Moyen pour atteindre l’objectif: lexique, prépositions de lieu (in, on, under…etc), objets courants(, a cap, a jacket, jeans, shoes). La conception du manuel privilégie le raisonnement hypothético-déductif que l’on retrouve dans le point : 'Focus'. Avec des élèves de SEGPA, dans cette démarche, il faut rester très prudent et vigilant. L’objectif dans cette séance n’est pas adapté en l’état, à des élèves de SEGPA. Cela est sans ambiguïté, même si c’est écrit, SEGPA, palier 1, sur la couverture, du livre. Quels sont, d’entrée de jeu, les problèmes? Ie concepteur, dans la réalisation de sa séance, ne se doute pas des problèmes qu’il va engendrer, dans la tête, d’un élève de SEGPA. L’objectif cherche à faire acquérir est la notion de localisation . Le support pédagogique, présente Where is your cap? La seule personne, qui a fait le lien, entre « your cap » et « it », est le prof, pas l’élève, qui lui, risque bien, de ne pas voir, aussi facilement le rapport. Autre difficulté: 'your cap'. Le déterminant est un adjectif possessif. Les élèves s’en souviennent-ils? Comment le concepteur, s’en est-il assuré? La pronominalisation est extrêmement difficile . Tout cela, n’est pas précisé, et c’est bien dommage, comment l'élève passera t'il de 'Where is your cap? À ' Where is it? '? Dans le manuel, c'est considéré comme un pré—requis. Where is the red cap? Where is the blue pen? Dans le développement pédagogique du livre, on a bien la confirmation de la méprise commise, dans l’exploitation. Voir l’encadré en vert, focus . Que veut dire « you »? Que veut dire « the »? On demande aux élèves de construire eux-mêmes la notion par l’observation. Pour des élèves de SEGPA, cela est particulièrement difficile. Le balisage doit être beaucoup plus rigoureux. Les élèves doivent construire eux mêmes le raisonnement et ne pas le subir dans le manuel. Il conviendra donc d'adapter la situation d'apprentissage . Au tableau, par exemple, écrire' Where is….?' dessiner sommairement une casquette, et mettre le point d’interrogation, en faisant bien remarquer, qu’il s’agit là, d’une question. Ce n’est peut-être pas évident pour les élèves. Faire répéter. Ensuite, remplacer le dessin, par le mot, ' the cap'. On vient d’installer l’image mentale. Dans le traitement cognitif, que l’élève va opérer, on vient d’installer la procédure, l’arc cérébral, qui va permettre au cerveau, de formaliser la substitution. De mulitples exemples assureront la fixation: l'image d'abord, le mot ensuite. En SEGPA, il faut tout, et toujours, tout construire, même les rappels. La rétention des connaissances est très faible. Si, on ne prend pas cette peine, on va mettre les élèves en difficulté. Ils vont répondre en s'agitant; Un cours doit être de facture artisanale,son approche relève presque de l’orthopédie pédagogique. Ex 2 'This et That' Attention avec des élèves de SEGPA, dont l’image d’eux-mêmes est écornée. Ici, faire bien la différence entre le laudatif ' this' (this is a nice girl) et le dépréciatif'That' (that’s a stupid boy) associé à des humains.Sans y prendre garde, il peut arriver de dire 'that’s stupid', faire attention alors, quand on dit ensuite, 'this is Mary, that is Peter.' On aborde là, par cet exemple particulier (mais il y en a plein d’autres), un concept développé par Eric Berne, psychiatre américain, dans l’analyse transactionnelle, avec la notion de double polarité du stroke (qui veut dire à la fois, coup et caresse. 1 stroke positif=10 stokes négatifs). Cela a un impact direct sur le comportement des élèves et la gestion de la classe. On exploite beaucoup la cataphore et nettement moins, peut-être, l’anaphore. Dans cette exploitation pédagogique, il faut impérativement mettre en place, ce concept d’anaphore et surtout le faire travailler aux élèves, avant de l’utiliser. Ex 3. Illustration d'une image de chambre d'enfant . Traiter le support comme cela est proposé ne peut mener qu'à la catastrophe. Il faut garder en mémoire, qu’en SEGPA, l’apprentissage se construit, pierre par pierre. L’image montre une pièce, dont l’absence de rangement, révèle l’importance du désordre. Elle induit mentalement, une image psychique de la désorganisation, c’est-à-dire exactement, le contraire, de ce que l’on veut, que les élèves atteignent dans l‘acquisition structurée d‘une notion. Cela va desservir dangereusement l’objectif. En début d’apprentissage d’une notion, cela est à proscrire. Il ne faut pas prendre le bâton, pour se faire battre ! L’image de départ est beaucoup trop compliquée.. De plus, il n’est pas judicieux, de donner une image d’entrée de jeu. Le regard des élèves de SEGPA, doit être d’abord préparé. Cela est impératif. En SEGPA, faire trop de choses c'est pareil que ne rien faire ! Dans ce dessin, il y a 9 chances sur 10, que les élèves ne voient pas, la même chose que le prof. Pour les 3/4 d’entre eux, chez eux, c’est le même ' désordre' . Voilà, ce qu’ils vont d’emblée, reconnaître. Pour peu, qu’il y en ait un, en plus, parmi eux, qui se soit fait disputer , l’heure d’avant, de ne pas avoir pu, retrouver son cahier de maths, qu’il a perdu chez lui, dans un désordre similaire, on est certain alors, que la séance est compromise! Réaction d’élèves (j’imagine sans problème, pardon pour la vulgarité «T’as vu Polo, c’est comme chez toi. », «je te m... pauv’c.. », «M’sieu m’a traité l’autre P.. d’sa race»….etc. Il sera bien difficile de restaurer le calme. Pour adapter, il faut mettre une seule porte et partout ailleurs des fenêtres, pour que tous les élèves passent, par le même endroit, pour entrer dans la maison. C’est pareil. On les fait entrer, et on les fait visiter, on les guide , on avance pièce par pièce. Cette présentation, une nouvelle fois, est inadaptée pour des élèves de SEGPA. Après avoir présenté l'objectif simple de la leçon, on va les amener à comprendre ce qu’ils vont faire (création de l‘horizon d‘attente), on précise que l’on va parler en anglais (une façon, de les préparer mentalement, à recevoir) , que l’on va dessiner ou présenter au tableau des objets en leur présentant chaque chose une par une. Jamais plus de 7 éléments, sinon après, le cerveau ne peut plus traiter. Puis on demande de recopier l'objectif , en silence, dans le cahier (connaissance perceptivo-cognitive + perceptivomotrice = la connaissance procédurale). Ce que je dessine ou présente doit être sommaire car les élèves vont devoir faire, la même chose dans le cahier, après, c’est pour cette raison qu’il ne faut pas compliquer. une table (en disant plusieurs fois, 'a table), une chaise (a chair), une autre chaise (a chair), un chat (a cat) sur la table, un chien (a dog) sous l’une des chaises. Préciser ' the cat is on the table. The dog is under the chair' . Répéter plusieurs fois. Faire recopier dans le cahier, pour, par le dessin, installer la procédure mentale, servant à conceptualiser la localisation du chat et du chien. . Pendant qu’ils font cela, profiter du répit et du silence, pour refaire les dessins, sur une feuille blanche A4. Une fois que les élèves ont terminé (fixer un délai de 10 mm maxi pour copier, en s‘appliquant ), on reprend la direction des opérations. Imposer le silence. Effacer le tableau. Nous sommes dans une phase hyper-active d’apprentissage. Mettre les dessins, d’abord la table et les chaises. Dans l’induction mentale qu’on favorise ici, c’est la révolution copernicienne, par rapport à l’image du désordre de tout à l’heure. C’est justement parce que la rétention est extrêmement faible en SEGPA, qu’il faut 'mettre le paquet' sur la phase de construction de la trace écrite. La mémoire devient efficace quand le cerveau peut opérer, par le travail mis en place dans cette construction, la réactivation. Le rappel, s’il y a besoin d’en faire un, doit suivre le même cheminement de construction. Il faut le refaire devant les élèves. Cela prend 30 secondes et réactive tout le processus. C’est dans cette réitération, que les automatismes s’installent. Conclusion La gestion de la classe en SEGPA est l'un des leviers qu’il faut actionner pour assurer une bonne maîtrise du groupe, sinon l’enseignant risque le découragement, la transmission du savoir requiert des gestes pédagogiques précis qui seuls peuvent assurer la construction de savoirs et de savoir faire. Si le cadrage est bien pensé et ritualisé, si l’horizon tracé est sans cesse re- précisé, l'enseignement sera facilité et l'apprentissage pourra redémarrer. . Les élèves reconnus en grande difficulté scolaire ne peuvent élaborer seuls des stratégies opérantes pour construire un savoir mobilisable sur la durée. Ils ne peuvent pas entrer dans des procédures d’apprentissage qui nécessitent une formalisation que l’on trouve dans les enseignements généraux traditionnels. L’adaptation pédagogique est une aide indispensable à la structuration de l'espace et du temps, à la construction de la connaissance, à la reconstruction de l'estime de soi. Les jeunes qui sont scolarisés en Segpa peuvent mener des existences personnelles particulièrement difficiles qui ne sont pas propices à la disponibilité au travail. Nous ne sommes pas responsables de cela. Parfois, les résultats que nous obtenons avec certains élèves ne sont pas à la hauteur de nos espérances ou de notre investissement, il convient certes de se remettre en cause dans notre exercice professionnel mais il faut aussi rester déterminé et positif car notre mission est d' aider les élèves de SEGPA à reprendre avec confiance le chemin de l'apprentissage pour un mieux être et un meilleur devenir. Philippe Sennepin