Géopolitique en bref - 18 mars 2016
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Géopolitique en bref - 18 mars 2016
18 mars 2016 Pourquoi une réduction de la production de pétrole est improbable en 2016 Introduction Les deux premiers producteurs de pétrole de la planète, l’Arabie saoudite et la Russie, se sont mis d’accord récemment pour plafonner leur production à son niveau de janvier à condition que d’autres grands producteurs fassent de même. D’aucuns y ont vu un premier pas important vers un accord des grandes puissances pétrolières pour réduire fortement leur production de pétrole à court terme. Source : « OPEC’s Path from Oil Freeze to Output Cuts Is Far From Clear », Bloomberg, 21 février 2016 Mais force est de constater que peu de choses ont changé. Les grands pays producteurs de pétrole ne sont pas plus près qu’ils l’étaient de s’entendre sur de fortes réductions de la production à court terme, pour les raisons suivantes : l’accord provisoire sur le plafonnement de la production tire beaucoup moins à conséquence qu’il n’y paraît; l’Iran est déterminé à faire remonter sa production à ses niveaux d’avant les sanctions; plusieurs pays maintiennent une forte production de pétrole pour garder à flot leur économie en difficulté ou financer leurs conflits armés respectifs; par le passé, de nombreux accords entre les producteurs de pétrole ont été entachés par de la tricherie; les vives tensions géopolitiques nuisent à la coopération : la haine réciproque de certains pays l’emporte sur leurs difficultés économiques; les techniques novatrices qui ont rendu possible l’exploitation du pétrole de schiste sont chose acquise. GÉOPOLITIQUE EN BREF À plus long terme, c’est autre chose. À moins d’une augmentation forte et soudaine du cours du brut, le scénario le plus probable est que le fardeau financier croissant des dépenses publiques supérieures aux recettes pétrolières force les grands acteurs à surmonter leur haine réciproque et à entreprendre des négociations sérieuses pour réduire la production, et ce, à un horizon de douze mois environ. Pourquoi? Parce que la crainte des dirigeants de manquer d’argent pour maintenir la stabilité politique dans leurs pays respectifs l’emportera sur tous les autres objectifs. L’accord sur le plafonnement de la production tire moins à conséquence qu’il n’y paraît Les Saoudiens et les Russes extrayant déjà du pétrole en quantité, un plafonnement de la production ne suppose pas un si grand sacrifice de leur part, surtout dans le contexte du ralentissement de l’économie mondiale. En janvier, l’Arabie saoudite a produit 10,2 millions de barils par jour, soit juste un peu moins que le sommet de 10,5 millions de barils par jour de juin dernier. Production de pétrole de l’Arabie saoudite (barils par jour) 10,800 Millions de barils par jour 10,400 10,000 9,600 9,200 8,800 8,400 8,000 7,600 7,200 6,800 1996 1998 2000 2002 2004 FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg) 2006 2008 2010 2012 2014 2016 Grâce à ses finances publiques robustes – caractérisées par des réserves de change d’un peu moins de 600 milliards de dollars US et une très faible dette (8 % du PIB) –, l’Arabie saoudite a mieux résisté à la chute du prix du baril que la plupart des autres grands pays producteurs de pétrole. Conséquemment, elle a aussi pu adopter une stratégie à plus long terme, celle de maintenir une production élevée pour forcer des producteurs aux coûts supérieurs à réduire la leur et à annuler des projets d’investissement. Dans un secteur où l’investissement diminue sans cesse, l’Arabie saoudite serait en principe bien positionnée pour profiter d’un rebond des prix du pétrole. Sur le plan géopolitique, de faibles cours du pétrole limitent l’impulsion dont profitera l’économie de l’Iran, ennemi de l’Arabie saoudite, dont l’accès aux marchés mondiaux du pétrole s’améliore maintenant qu’ont été levées les sanctions contre lui. Le coussin financier de l’Arabie saoudite risque fort, toutefois, de baisser à des niveaux inquiétants avant que le cours du pétrole ne rebondisse considérablement. Si le pays a des ressources financières imposantes, il a aussi des dépenses astronomiques : programmes sociaux extrêmement généreux, subvention de la consommation d’énergie, profusion d’emplois très bien rémunérés dans l’administration publique, soutien financier massif à des pays alliés et à des groupes rebelles dans tout le Moyen-Orient. Ces dépenses et l’effondrement des cours du pétrole ont déjà fait chuter les réserves de change de l’Arabie saoudite d’un sommet sans précédent de 737 milliards de dollars en août 2014 à 2 GÉOPOLITIQUE EN BREF 594,50 milliards de dollars à la fin de février 20161. Le FMI prévoit, si les tendances actuelles se maintiennent, que la dette publique en pourcentage du PIB pourrait passer de moins de 2 % en 2014 à près de 45 % en 2020. Cela a déjà forcé l’État à prendre la décision – risquée politiquement – d’annoncer d’importantes compressions des programmes sociaux. (Pour en savoir plus sur l’état des finances du pays, reportez-vous à notre rapport récent intitulé Les finances de l’Arabie saoudite conditionnent les prix du pétrole, publié le 17 décembre 2015). Selon Deutsche Bank, grâce aux compressions budgétaires massives qu’a annoncées l’Arabie saoudite, le cours du pétrole dont le pays a besoin pour équilibrer son budget est passé de 100,40 $ en 2015 à 77,60 $ en 2016. Certains experts mettent cependant en doute la volonté politique de réaliser toutes les compressions prévues. En raison de ses nombreuses dépenses et du manque de diversification de son économie (le pétrole compte pour 90 % des recettes de l’État), l’Arabie saoudite pourra laisser ses réserves fondre encore de 100 à 150 milliards de dollars tout au plus avant de devoir négocier sérieusement des réductions de la production de pétrole avec d’autres pays, pour trois raisons principales : 1. comme elle a besoin de prix élevés du pétrole pour équilibrer son budget et que ces prix sont actuellement bas, l’Arabie saoudite aura beaucoup plus de mal que par le passé à reconstituer ses réserves; 2. l’État saoudien craint beaucoup de ne pas disposer de fonds suffisants pour maintenir la stabilité politique intérieure et soutenir ses alliés géopolitiques dans un Moyen-Orient de plus en plus chaotique; 3. il est de plus en plus question que l’Arabie saoudite doive abandonner l’arrimage de sa devise au dollar américain, qui dure depuis 30 ans; dans l’immédiat, cela ébranlerait la confiance des investisseurs, accentuerait les sorties de capitaux, ferait bondir l’inflation (le pays est un grand importateur d’aliments, de biens de consommation et d’équipements) et plongerait le royaume dans l’instabilité politique. Les réserves saoudiennes au plus bas en quatre ans SER01 750 Avoirs étrangers nets (milliards de dollars US) 700 650 600 594,50 G$ 550 500 450 400 350 300 250 200 150 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg) 1 « Saudi Foreign Assets Approach Four-Year Low After January Drop », Bloomberg, 28 février 2016 3 GÉOPOLITIQUE EN BREF Maintien d’une production élevée : les motifs de la Russie Pour sa part, la Russie doit conserver une production élevée de pétrole pour soutenir son économie en difficulté et financer ses interventions géopolitiques en Ukraine et en Syrie. (Le président Poutine a récemment annoncé un retrait de la Syrie, mais nous doutons que cela signale véritablement la fin des interventions russes dans ce pays.) La Russie a pompé en moyenne 10,9 millions de barils par jour en janvier, un record pour la période postsoviétique2. Source : « Russia Sees Oil Output Slump in Worst Case amid OPEC Talks », Bloomberg, 18 février 2016 La Russie, dont près de 50 % des recettes publiques proviennent du secteur de l’énergie, connaît sa pire récession depuis deux décennies. Son économie souffre beaucoup des sanctions internationales imposées dans le contexte de la crise en Ukraine, et plus encore de l’effondrement des cours du pétrole. Citigroup estime que les sanctions sont responsables de 10 % des maux de l’économie russe et que le reste tient aux cours du pétrole. Le PIB russe s’est contracté de près de 4 % l’an dernier et il pourrait perdre jusqu’à 3 % en 2016 si le pétrole se maintient autour de 30 $3. La Russie a pour environ 380 milliards de dollars de réserves de change (contre 510 milliards de dollars en janvier 2014)4 et a quelque 120 milliards de dollars dans deux fonds de prévoyance (contre un peu moins de 160 milliards de dollars il y a un an). Au rythme actuel des dépenses, on prévoit que ces deux fonds seront épuisés dans 18 mois5. Cela rendra la Russie beaucoup plus disposée à négocier un ralentissement de la cadence avec les grands producteurs de pétrole dans une douzaine de mois. L’Irak aussi a désespérément besoin d’une production élevée L’Irak a lui aussi désespérément besoin d’extraire beaucoup de pétrole (90 % des recettes de l’État) pour financer sa guerre contre le groupe armé État islamique et empêcher son économie de s’effondrer. Pour payer ses dépenses, le pays prélève environ 40 milliards de dollars de ses réserves, qui pourraient être à sec d’ici 12 à 18 mois6. Malgré la guerre et le chaos, l’Irak, cinquième producteur mondial de pétrole, a réussi à porter sa production à 4,4 millions de barils par jour en janvier 2016, comparativement à 3,4 millions un an plus tôt et à 2,4 millions seulement en 20107. Le pays s’est récemment fixé l’objectif d’extraire 7 millions de barils par jour d’ici cinq ans. Si la production irakienne a dépassé les prévisions ces dernières années, beaucoup d’analystes doutent que le pays atteigne 2 « Geopolitics of oil takes new twist with Saudi-Russia deal », The Telegraph, 21 février 2016 « Oil Output Freeze Has a Catch: Attracting OPEC Unity », The New York Times, 16 février 2016 4 « Russia Foreign Exchange and Gold Reserves », Bloomberg, février 2016 5 « Russians’ Anxiety Swells as Oil Prices Collapse », The New York 6 « Battered by War, Iraq Now Faces Calamity From Dropping Oil Prices », New York Times, 16 février 2016 7 « Tempered Expectations After an Oil Output Agreement », Stratfor, 16 février 2016 3 4 GÉOPOLITIQUE EN BREF sa cible. Un facteur est extrêmement favorable à l’Irak : ses installations pétrolières sont situées profondément en territoires chiites et sous contrôle kurde, loin des zones de conflit. L’Iran souhaite retrouver sa production d’avant les sanctions L’Iran ne discutera de restrictions applicables à son secteur pétrolier qu’une fois que sa production et ses exportations de pétrole auront rattrapé leurs niveaux d’avant les sanctions. De 2,5 millions de barils par jour avant le début des sanctions en 2012, les exportations de pétrole du pays avaient baissé récemment à un creux de 1,1 million de barils par jour8. Immédiatement après la levée des sanctions internationales en janvier dernier, l’Iran a annoncé qu’il comptait accroître sa production de 1 million de barils par jour cette année. De nombreux analystes du secteur privé estiment qu’une augmentation de 500 000 barils serait plus réaliste. Production de pétrole de l’Iran (barils par jour) 4,200 Millions de barils par jour 4,000 3,800 3,600 3,400 3,200 3,000 2,800 2,600 2,400 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg) L’application de l’accord se révèle extrêmement difficile Plusieurs fois, dans le passé, quand des pays membres et non membres de l’OPEP ont convenu de baisses de la production, la tricherie ne s’est pas fait attendre. La dernière fois, c’était lors de la chute des prix du brut de 2001. L’Arabie saoudite et plusieurs autres membres de l’OPEP avaient alors convenu avec le Mexique, la Norvège et la Russie de limiter leur production. Mais Moscou n’a pas tenu parole et a même augmenté ses exportations. Le risque de transgression est actuellement accentué par la situation budgétaire désastreuse de nombreux pays producteurs de pétrole, qui voient dans l’augmentation de leur production le seul moyen de renflouer leurs finances à court terme. Les tensions géopolitiques nuisent à la coopération entre les grands producteurs Les vives tensions géopolitiques et la méfiance réciproque que se vouent certains pays producteurs minent plus encore les chances de conclure un accord de réduction de la production à court terme. En Syrie, l’Iran et la Russie appuient le gouvernement du président Bachar al-Assad, alors que l’Arabie saoudite et d’autres États du Golfe soutiennent les rebelles sunnites qui cherchent à l’expulser. Dans une autre zone de conflit, le Yémen, la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite prête assistance au gouvernement yéménite contre les rebelles houthis chiites que soutient l’Iran. La 8 « Geopolitics of oil takes new twist with Saudi-Russia deal », The Telegraph, 21 février 2016 5 GÉOPOLITIQUE EN BREF levée récente des sanctions contre l’Iran n’a fait qu’accentuer les craintes des États sunnites du Golfe que l’Iran utilise ses nouvelles libertés économiques pour renforcer son soutien à ses alliés chiites. L’Arabie saoudite et certains autres pays du Golfe craignent également qu’une réduction de leur production ne permette à l’Iran de leur voler des parts de marché et de profiter de meilleurs prix. États-Unis : L’extraction de pétrole de schiste a baissé, mais se poursuit L’un des principaux buts que vise l’Arabie saoudite, en maintenant une production élevée, est de forcer les États-Unis à réduire la leur. Grâce en grande partie à la révolution du pétrole de schiste, la production pétrolière américaine a bondi de 5 millions de barils par jour seulement en 2008 à un sommet de près de 9,7 millions de barils par jour à l’été 2015. Le rythme a graduellement ralenti depuis pour s’établir autour de 9,1 millions de barils par jour, mais la résilience du secteur pétrolier américain en étonne plus d’un. Elle tient au fait que les producteurs de pétrole de schiste ont réussi à réduire fortement leurs coûts et à accroître leur productivité. Production de pétrole aux États-Unis (données hebdomadaires) 9.7 Millions bpd 9.6 9.5 9.4 9.3 9.2 9.1 Feb 26 9.0 8.9 8.8 8.7 8.6 8.5 8/22/14 10/3/14 1/2/15 4/3/15 7/3/15 10/2/15 1/1/16 Source : FBN Économie et Stratégie (données de l’AIE et de Bank of America Merrill Lynch) La faiblesse des prix finira néanmoins, semble-t-il, par plomber considérablement la production de pétrole américaine. La U.S. Energy Information Administration prévoit que la production des États-Unis chutera d’une moyenne de 9,4 millions de barils par jour en 2015 à 8,7 millions de barils en 2016 et à 8,5 millions de barils en 2017. Il importe cependant de noter que les techniques novatrices qui ont rendu possible la révolution du pétrole de schiste sont maintenant chose acquise. La production de pétrole américaine remonterait sans doute si les cours du pétrole rebondissaient fortement, car l’exploitation des puits dont est extrait le pétrole de schiste peut être interrompue et relancée assez économiquement et rapidement. À plus long terme, cette technologie est sans doute appelée à se répandre dans d’autres parties du monde dotées d’importantes réserves de pétrole de schiste. 6 GÉOPOLITIQUE EN BREF Régions potentiellement riches en pétrole et en gaz de schiste Source : « World Shale Resource Assessments », Energy Information Agency, septembre 2015 Fin projetée de l’offre excédentaire de pétrole L’Agence internationale de l’énergie prévoit que l’offre mondiale de pétrole cessera de dépasser la demande à la fin de 2017, en raison de la croissance de la demande mondiale et de l’annulation ou du report d’importants projets pétroliers. Elle estime que l’investissement dans le secteur pétrolier mondial chutera de 24 % en 2015, puis de 17 % en 2016. Source : « Medium-Term Oil Market Report », Agence internationale de l’énergie, février 2016 Les risques géopolitiques qui pourraient faire monter le prix du baril à court terme Dans certains des principaux pays producteurs de pétrole, dont le Nigeria, le Venezuela et l’Irak, de graves crises économiques pourraient semer le chaos sur la scène politique et entraîner des arrêts de production. Le plus vulnérable est selon nous le Venezuela, qui produit environ 2,7 millions de barils de pétrole par jour. Selon le Fonds monétaire international, l’économie vénézuélienne s’est contractée de 10 % en 2015 et pourrait décroître encore de 8 % cette année, ce qui conférerait au Venezuela la pire performance économique au monde. On prévoit que l’inflation y atteindra 7 GÉOPOLITIQUE EN BREF 720 % en 20169. Le déficit budgétaire du Venezuela atteint 20 % du PIB et les réserves de change du pays ont fondu de 24,2 milliards de dollars en février 2015 à 14,8 milliards de dollars à la fin de 2015. Des contrôles des prix et le déclin des réserves de change ont aussi entraîné une grave pénurie de biens de consommation allant du papier hygiénique au riz en passant par les médicaments. Pour empirer les choses, l’Assemblée nationale, contrôlée par l’opposition, est engagée dans une féroce bataille pour révoquer le président Maduro. On pourrait aussi assister à une flambée des prix du brut si la guerre par procuration que se livrent l’Arabie saoudite et l’Irak se muait en un conflit direct entre les deux. Le risque est faible, mais il augmenterait si la Turquie et l’Arabie saoudite donnaient suite à leur idée de créer unilatéralement une zone sûre pour les réfugiés tout près de la frontière turque, en Syrie. Cela accentuerait aussi le risque d’une altercation militaire entre la Turquie (membre de l’OTAN) et la Russie. La tension a déjà monté d’un cran quand la Turquie a abattu un avion de combat russe en novembre dernier. Conclusion Même si les deux premières puissances pétrolières de la planète, l’Arabie saoudite et la Russie, ont convenu de plafonner leur production à son niveau de janvier si d’autres grands producteurs leur emboîtaient le pas, force est de constater que peu de choses ont changé depuis. Les grands producteurs de pétrole ne sont pas plus près qu’ils l’étaient de s’entendre sur d’importantes réductions de la production, pour les raisons suivantes : les Saoudiens et les Russes extrayant déjà du pétrole en quantité, un plafonnement de la production ne leur imposerait pas un si grand sacrifice; l’Arabie saoudite maintient une forte production pour forcer des producteurs aux coûts supérieurs à réduire la leur ou à annuler des projets d’investissement; en maintenant les prix bas, l’Arabie saoudite et d’autres États sunnites du Golfe empêchent leur ennemi juré, l’Iran, de bénéficier pleinement de l’amélioration de son accès aux marchés mondiaux du pétrole; quels que soient les prix du pétrole, l’objectif premier de l’Iran au cours de la prochaine année sera de regagner la part de marché qu’il a perdue au profit d’autres producteurs à cause des sanctions; les producteurs de pétrole de schiste américains augmenteraient la cadence si les prix montaient fortement; des pays tels que la Russie, l’Irak, le Nigeria et l’Iran maintiennent une forte production de pétrole pour garder à flot leur économie en difficulté ou financer leurs conflits armés respectifs; les vives tensions entourant la Syrie – entre l’Arabie saoudite et ses alliés du Golfe, d’un côté, et la Russie et l’Iran, de l’autre – rendent plus difficile encore la négociation de compromis sur les niveaux de production; la plupart des accords conclus dans le passé en vue de réduire la production de pétrole ont été entachés par de la tricherie. À moins d’une augmentation forte et soudaine des cours du pétrole, le scénario le plus probable est que le fardeau croissant des dépenses publiques supérieures aux recettes pétrolières oblige l’Arabie Saoudite, la Russie, l’Iran et d’autres grands producteurs à surmonter enfin leur haine réciproque et à entreprendre des négociations sérieuses pour réduire la production, et ce à un horizon d’environ douze mois. Parce que la crainte des dirigeants de manquer d’argent pour maintenir la stabilité politique l’emportera sur tous les autres objectifs. Il faudra aussi porter une attention particulière aux réserves de change des deux premiers producteurs mondiaux de pétrole, la Russie et l’Arabie Saoudite. Plus vite leurs réserves s’épuiseront, plus ces pays seront susceptibles de souhaiter négocier sérieusement. Dans le cas de l’Arabie Saoudite, nous pensons qu’une baisse additionnelle de 100 à 150 milliards de dollars de ses réserves de change, qui mettrait aussi en doute sa capacité de maintenir l’arrimage de sa devise au dollar américain, la forcerait à entreprendre des négociations sérieuses. Angelo Katsoras 9 « Saudi Arabia, Russia agree to freeze oil output — if others do, too », Washington Post, 16 février 2016 8 GÉOPOLITIQUE EN BREF ÉCONOMIE ET STRATÉGIE Bureau Montréal 514 879-2529 Bureau Toronto 416 869-8598 Stéfane Marion Marc Pinsonneault Warren Lovely Économiste et stratège en chef [email protected] Économiste principal [email protected] DG, recherche et stratégie secteurs publics [email protected] Paul-André Pinsonnault Matthieu Arseneau Économiste principal, Revenu fixe [email protected] Économiste principal [email protected] Krishen Rangasamy Angelo Katsoras Économiste principal [email protected] Analyste associé, géopolitique [email protected] Généralités : Banque Nationale Marchés financiers est une unité de Financière Banque Nationale Inc. (FBN), filiale en propriété exclusive indirecte et division de la Banque Nationale du Canada. Ce rapport a été produit par FBN. 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