Abdelkader Bendameche, Commissaire du Festival national de la

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Abdelkader Bendameche, Commissaire du Festival national de la
Abdelkader Bendameche, Commissaire du Festival national de la chanson chaâbi
Les restes de H’cicène doivent retourner en Algérie
Journal EL WATAN du 27/08/2010 |
Le cinquième Festival national de la chanson chaâbi se
poursuit jusqu’au mardi 31 août au Théâtre national
Mahieddine Bachtarzi à Alger et à l’Institut national
supérieur de la musique (INSM). Cette année, des hommages
seront rendus à H’cicène, Boudjemâa El Ankis et Maâzouz
Bouadjadj. Après plusieurs sélections, 32 candidats ont été
retenus pour cette phase finale. Ils représentent quinze
wilayas.
- Cette année, le Festival national de la chanson chaâbi est concentré sur
la formation. Pourquoi ?
Nous avons compris qu’il est important d’axer sur le formation et sur la communication de la connaissance. La
survie de ce genre musical dépend grandement de cela. Cette année, nous avons élaboré un programme de
conférence-débats dans le cadre des master class qui se déroulent à l’Institut national supérieur de musique
(INSM) à Alger, chaque jour à 13h. La présence est obligatoire pour les candidats. Malgré le Ramadhan, la
salle de conférence était comble au premier du jour du festival. Le niveau des débats était appréciable. A travers
les questions, j’ai compris qu’il y a une soif de connaissance. Il y a peu de références bibliographiques dans le
domaine du chaâbi. Même si des livres existent, ils ne sont pas à la portée de tout le monde. Nous essayons de
rétablir les choses petit à petit.
- Quelles sont les thématiques choisies pour cette année ?
Il s’agit d’abord de la méthodologie de la pratique chaâbi. On montre à l’interprète comment aborder le chant
chaâbi. Ensuite, il y a la poésie melhoun. Le chaâbi se base sur la poésie ancienne et nouvelle. Nous expliquons
aux futurs chanteurs le sens des textes et revenons sur la vie des auteurs. La poésie a des significations, des
définitions et des classifications. Il important que tout cela soit compris. Autant que les modes et leurs origines.
- Les nouveaux textes du chaâbi sont marqués par une certaine faiblesse...
Ceux qui écrivent les textes aujourd’hui n’ont pas appris l’origine et la matière elle-même. Si on veut changer,
il faut d’abord connaître ce qui est à changer. Quand on ne connaît pas correctement la matière, on ne peut créer
correctement. Celui qui ne sait pas d’où il vient, ne peut pas savoir où il va. Un chanteur chaâbi, qui sort d’une
école, qui a écouté les grands maîtres, qui a appris les anciennes poésies populaires et qui est allé dans le sens
de l’histoire ne peut pas tomber dans ce travers.
- Oui, mais comment combler cette faille ?
Avec la formation, la publication de textes et l’édition de livres. Il faut organiser des rencontres pour ces jeunes
qui arrivent sur la scène du chaâbi. Des jeunes pétris de qualités et qui ont beaucoup de volonté. Dans les
tournées artistiques que nous faisons avec les lauréats pour faire connaître les jeunes chanteurs et vulgariser le
chaâbi, nous avons rencontré un public assoiffé de savoir à Chlef, Souk Ahras et ailleurs, là où la pratique du
chaâbi n’est pas fort présente. Aujourd’hui, toutes les régions du pays sont arrosées par ce genre musical.
- Cette année, vous avez choisi de rendre hommage à H’cicène, Bouadjadj et El Ankis et pourquoi pas
Guessoum, ravi aux siens dernièrement ?
Abdelkader Guessoum était un ami, un frère, un cheikh qui a fait beaucoup de choses pour le chaâbi à sa
manière. Il avait son style. On l’aime ou on ne l’aime pas. Nous allons lui rendre un hommage grandiose avec
un livre sur son itinéraire artistique et la publication de photos. Je refuse de faire un hommage précipité. Le
programme 2010 a été retenu l’année passée. En 2009, nous avons honoré Hadj Mrizek, ce célèbre inconnu. Il
nous a été difficile de trouver sa tombe ! Et pourtant, les chansons de Hadj Mrizek sont connues partout. A un
moment donné, il était l’égal d’El Anka. On fait redécouvrir l’œuvre de Hadj Mrizek. Je prépare actuellement
un livre sur cet artiste pour l’installer dans l’histoire de la connaissance.
- H’cicène a eu le même sort !
Parfaitement. Les jeunes chanteurs de chaâbi ne connaissent pas H’cicène. Vous savez, j’ai la chair de poule
quand je parle comme cela. H’cicène, qui est mort en 1958 à Tunis, faisait partie de la troupe artistique du FLN.
C’est un véritable moudjahid qui n’a jamais été évoqué. Il abandonné sa vie et sa famille pour la cause
nationale. Il est donc venu le temps de lui rendre hommage. Mieux : les restes de H’cicène doivent retourner en
Algérie. Je plaide pour cela. Ceci est important pour la mémoire. Pour Boudjemâa El Ankis, il s’agit d’une
reconnaissance des jeunes talents. El Ankis a été avec nous depuis le lancement du Festival national de la
chanson chaâbi. Il a cru à ce projet. Il est président du jury depuis la première édition. Tant qu’il est en vie, on
lui dira merci Boudjemâa pour tout ce qu’il a fait pour la chanson chaâbi. C’est la même chose pour Mâazouz
Bouadjadj. Cheikh Bouadjadj a fait de la création aussi. Il a échafaudé tout un genre autour de lui. Le style
Bouadjadj se distingue des autres styles.
Fayçal Métaoui