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N° 3511 9,77 € 11 AOÛT 2016 TAUX HORAIRE CONVENTIONNEL La nouvelle grille de salaires applicable au 1er août 2016 p. 4 ANNONCES CLASSÉES P.15 Rouen : l'enquête débute après le tragique incendie du Cuba Libre René et Maxime Meilleur, La Bouitte à Saint-Martin-de-Belleville (Savoie) p. 4 © MARC BERENGER Claire Sonnet : “Dans une grande brigade, nous avons tous quelque chose à apporter” p. 10 Servir des vins brésiliens pendant les Jeux olympiques © THINKSTOCK p. 12 Sanna Gehrke, de la Finlande à la direction d’un quatre étoiles p. 20 "Le jour où j'ai obtenu la troisième étoile Michelin" PAGES 2-3 PAGES 2-3 5 rue Antoine Bourdelle 75737 Paris Cedex 15 - Tél. : 01 45 48 64 64 - Fax : 01 45 48 04 23 - E-mail : [email protected] - ISSN 2117 - 8917 RETOUR D’EXPÉRIENCE Pascale Carbillet www.lhotellerie-restauration.fr/publications/pascale.carbillet Le nombre de nuitées de touristes étrangers en France a baissé en moyenne de 10 % pour les six premiers mois de l’année en raison des craintes suscitées par les attentats”, a déclaré, la semaine dernière, le secrétaire d’État chargé de la Promotion du tourisme, Matthias Fekl. S’il est trop tôt pour faire un bilan, cette tendance se confirme pour le mois de juillet, reconnaît-il. Ce contexte anxiogène, qui fait principalement fuir les touristes en provenance des États-Unis, d’Asie et du Golfe (lire aussi p. 3), n’est pas près de s’estomper. De nombreux événements populaires ont été annulés depuis l’attentat du 14 juillet à Nice. Derniers en date : la braderie de Lille, l’une des manifestations les plus emblématiques qui attire chaque année 2 millions de visiteurs, ainsi que le semi-marathon et le 10 km de Lille, qui lancent les festivités du premier week-end de septembre. Pas question de brader la sécurité au nom des festivités, explique Martine Aubry, maire PS, qui justifie sa décision par une responsabilité morale. Cette mesure va entraîner un lourd manque à gagner pour les cafés, hôtels et restaurants, et elle ne sera pas sans conséquence sur l’emploi. “Au total, ce sont 3 500 extras qui sont recrutés pour la braderie dont les contrats vont être annulés”, déclare Thierry Grégoire, président de l’Umih Nord-Pas-deCalais. Un principe de précaution qui va coûter cher aux professionnels. “J’ai obtenu la tro isième étoile Michelin” > petites annonces : 01 45 48 64 64 [email protected] > rédaction : 01 45 48 48 94 [email protected] > publicité : 01 45 48 55 85 [email protected] “D ans la minute qui a suivi l’annonce officielle à la radio et à la télé, les téléphones se sont mis à sonner, sans interruption”, explique Laura Leischener, réceptionniste à La Bouitte à Saint-Martin-de-Belleville (Savoie). Le 2 février 2015, l’établissement de René et Maxime Meilleur obtient sa troisième étoile Michelin. “Dès l’annonce, ça a été la folie. Nous étions trois en ligne, avec double appel, et le téléphone n’arrêtait pas de sonner. Nous avons enregistré 350 réservations fermes entre 11 heures et minuit, contre quinze habituellement. Ceux qui disent que le Michelin n’a pas d’impact sur les réservations racontent n’importe quoi. Même une réservation à une date éloignée, les clients la prenaient.” Le standard de La Bouitte a explosé et France Télécom a dû tripler les lignes du hameau. La réception et le salon. “Ça a duré des mois. Nous avons été assiégés jusqu’à la fermeture saisonnière de l’établissement. C’était de la folie, nous venions très tôt le matin et partions tard le soir pour répondre aux e-mails. Ça ne changeait rien, je n’avais pas fini de répondre que ma boîte était à nouveau pleine à craquer. C’était un tsunami, un typhon, une avalanche…” 1 200 demandes d’interviews en quelques heures Même sentiment pour Yves Bontoux, chargé des relations avec la presse. “Quelques jours avant l’annonce, des rumeurs circulaient déjà. Certains journalistes m’appelaient dix ou vingt fois par jour, parfois jusqu’à une heure du matin. On a respecté l’embargo. À la minute même où l’annonce est tombée, le téléphone a commencé à sonner. J’ai reçu, en quelques heures, 1 200 e-mails de demandes d’interviews, du monde entier. L’impact du Michelin est loin d’être un mythe. Avec le décalage horaire, je travaillais de 7 heures à 4 heures du matin. J’ai dû organiser les interviews pour préserver le service, toutes les 20 minutes, de 9 heures à 11 h 30 et de 15 h 30 à 18 heures, en prévoyant une interprète.” Il faut donc une sacrée condition physique pour supporter ‘l’après troisième étoile’, surtout si, comme René et Maxime Meilleur, vous choisissez d’être présent dès le petit déjeuner et de raccompagner le dernier client. Sept jours sur sept pendant cinq mois Toute la famille Meilleur travaille à La Bouitte, et a donc vécu ce grand moment. “En famille, c’est plus fort, explique Maxime Meilleur. Quand la troisième étoile arrive, vous êtes bouleversé, mais aussi épuisé. Nous vivons une activité saisonnière, sept jours sur sept pendant plusieurs mois. Avant l’étoile, nous avions des jours plus creux qui permettaient de mettre le personnel au repos. Du jour au lendemain, on a été complet sur cinq mois. Il a fallu recruter et former du personnel qualifié. Mais en pleine saison, c’était presque impossible, nous n’avions pas le temps de le faire. Il fallait aussi gérer la fatigue des équipes et une clientèle différente.” Maxime Meilleur explique cependant ce qui lui a permis de gérer l’après troisième étoile : Vous recherchez des conseils pour bien recruter ? Recruteurs L’équipe de La Bouitte était soudée et a pu résister à la pression pendant cinq mois, sept jours sur sept. © MARC BERENGER 2 L’Hôtellerie Restauration N° 3511 - 11 août 2016 www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR544576 VOUS EN AVEZ FAIT L’EXPÉRIENCE ET VOUS AVEZ UN COMMENTAIRE À FAIRE les équipes r et surentraîner eì Il faut s’équipe quand pas faire d’erreur en place, pour ne ssible de le. Il n’est pas po la fatigue s’instal r on peut pes à l’avance, ca renforcer les équi temps e nouvelle peu de apprendre la bonn lle. l’annonce officie seulement avant ofessionnel ent prévoir un pr eì Il faut absolum esse. Il est lations avec la pr pour gérer les re gne en ’il vous accompa indispensable qu l’avalanche de au moment de amont et vous ai médiatique. r, les s maisons. Bien sû eì Restez dans vo important nt, mais il est très invitations pleuve s et de chant des sirène de ne pas céder au t. Les clients ns l’établissemen rester présent da photo… Ce vous prendre en ir, vo us vo t en ul ve x si vous déception pour eu de an gr e un it ra se n’étiez pas là. En complément du journal sur www.lhotellerie-restauration.fr Recruteurs Emploi Comment bien recruter “Quand on s’est préparé pendant quatre ans et qu’on décroche le titre olympique, on savoure ce moment. Mais on doit rester le même, ne pas baisser la garde. De toute façon, l’étoile vous renforce dans vos convictions, vous êtes plus sûr de vos choix. C’est pour cela qu’il vaut mieux être propriétaire, car on n’a de comptes à rendre à personne.” René Meilleur avoue que cette récompense lui donne de la sérénité pour créer, s’affirmer. “Si c’était à refaire, je referais la même chose, sans rien changer de ma vie. C’est une course difficile, mais elle est gratifiante. Que les jeunes talents patientent, ils vont y arriver.” fs Conseils aux che uide ng distingués par u Editeur : SA SEPT - 5 rue Antoine Bourdelle - 75737 Paris cedex 15 - Fax : 01 45 48 04 23 Imprimeur : Rotocentre - 80800 Fouilloy - Dépôt légal à parution - ISSN : 2117-8917 Commission paritaire n° 0920T9916 - Directeur de la publication : O. Milinaire - Prix au n° : 0,77 € Emploi Maxime et Delphine Meilleur (à gauche) et Marie-Louise et René Meilleur (à droite) encadrent l’équipe de salle. SAINT-MARTIN-DE-BELLEVILLE Recevoir la consécration suprême du guide rouge est un moment unique dans la vie d’un chef et de sa brigade. C’est aussi un immense bouleversement pour l’établissement. René et Maxime Meilleur en témoignent. © MARC BERENGER > abonnements : 01 45 48 45 00 [email protected] Fleur Tari Pas de reprise pour les palaces PARIS Les établissements qui avaient plutôt bien terminé l’année 2015 n’ont pas transformé l’essai en 2016. Sur les six premiers mois, l’activité a fortement ralenti et les marges se sont dégradées. Le Plaza Athénée, à Paris. “E n termes de résultats, on a l’impression de revivre l’épisode de la guerre du Golfe”, s’exprime Jean-Paul Lafay, président du Club des dirigeants de l’hôtellerie internationale et de prestige à la lecture des bilans du premier semestre 2016. Car la situation n’est pas brillante : sur les six premiers mois de l’année, les palaces et les hôtels 5 étoiles les plus prestigieux de la capitale ont enregistré une baisse 16 à 18 points de taux d’occupation, entraînant une diminution du RevPAR de 21,5 % et de 25 % de chiffre d’affaires. Catherine Avignon www.lhotellerie-restauration.fr/publications/catherine.avignon Pas de tranquillité sans sécurité L’ACTUALITÉ www.lhotellerie-restauration.fr/publications/fleur.tari ÉDITO Une reprise stoppée net Pour ceux qui avaient enregistré une légère progression de la fréquentation en mai et juin, l’attentat du 14 juillet à Nice a donné un coup d’arrêt à la reprise. “En un jour, nous avons perdu 66 000 € de chiffre d’affaires uniquement en raison des départs précipités”, explique François Delahaye, directeur du Plaza Athénée, à Paris (VIIIe). Et le pire pourrait être à venir car les réservations ne reprennent pas. “Nous naviguons à vue pour août.” Si certains comptaient sur la venue de riches Brésiliens, désireux d’éviter les Jeux olympiques à domicile, ils en sont pour leurs frais. “Nous n’avons à ce jour pas de clients russes depuis le début de l’année, ni de Nord-Américains en raison de l’état d’urgence, ni de Brésiliens”, déclare François Delahaye. La restauration gastronomique tire son épingle du jeu Les taux d’occupation se situent autour de 60 % (au lieu de 80 % traditionnellement), mais la situation est différente pour les restaurants, qui fonctionnent bien et pas seulement avec la clientèle française. Car, explique le directeur du palace, le phénomène Airbnb concerne aussi les catégories de luxe et s’est même amplifié avec les attentats. “Les clients préfèrent louer un appartement de prestige où ils se sentent plus en sécurité que dans un hôtel. En revanche, ils ne se privent pas d’aller au restaurant.” Pour autant, malgré ces résultats, pas question d’envisager de baisser les prix moyens ni même de supprimer des postes. “En faisant cela, nous aurions des répercussions sur la qualité du service que devons à nos clients. En revanche, cette perte de chiffre d’affaires va rogner nos marges, et aura pour conséquence de rallonger le retour sur investissement.” 11 août 2016 - N° 3511 L’Hôtellerie Restauration 3