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Faits du jour
3
Un secteur qui recrute
de manière exponentielle
Depuis plus de10 ans, la vente directe con­
naît une croissance incroyable. Alors effet de
la crise, ou tout simplement attrait pour un
type de vente convivial ? La réponse faite par
la fédération de la vente directe est claire. «On
est sur un nouveau mode de consommation
plutôt que sur une opportunité pour manque
d’argent.» Son responsable en veut pour preu­
ve une étude récente du Credoc qui a démon­
tré que ce secteur progressait de 6 % par an
depuis dix ans. Et tout ça en dehors de l’effet
crise. «Nous attribuons plutôt cet essor aux
modes de consommation qui sont en train de
changer. La grande distribution a perdu beau­
coup de clients ces dernières années. Les gens
ont en ont assez. La vente à domicile et en
réunion apporte un vrai relationnel et un con­
seil supplémentaire que l’on ne trouve pas
ailleurs. On passe un bon moment et on
échange ses impressions dans un bon esprit.»
Même si la fédération est consciente que la
vente par internet grimpe aussi en parallèle.
«Nous ne sommes pas concurrencés par ce
type de vente impersonnelle qui ne se prati­
que pas dans le même état d’esprit. On achète
sur le net quand on ne veut pas avoir affaire à
quelqu’un. C’est tout à fait différent.»
Pour la fédération, la vente à domicile, c’est
avant tout un état d’esprit qui rime avec con­
tact, la qualité des produits et le lien social qui
en découle. «On est dans une consommation
plaisir qui est axée sur le bouche à oreille et les
produits de qualité. Les gens adorent même si
la population qui la pratique reste largement
féminine. D’ailleurs, Tupperware qui fut un
des pionniers en France après la guerre conti­
nue à cartonner en innovant à chaque fois.»
Quant aux produits vendus, ils sont variés
avec ces derniers temps, une nette préférence
pour la lingerie coquine comme Soft Paris qui
a une progression exponentielle ou encore les
produits diététiques. Dans ce dernier domai­
ne, le conseil joue un rôle prépondérant.
Quant à la lingerie coquine, elle n’est pas à
mettre entre toutes les mains... la vente à
domicile lui va donc bien.
Les aides culinaires arrivent sur le marché du domicile.(Ph.Ph.B.)
Les chocolats ont la cote comme ici les produits artisanaux de
VDG gourmandises, une société nancéenne en plein boom.
Le boom de la vente à domicile
Bijoux, chocolats, produits alimentaires ou encore lingerie, la vente à domicile explose dans tous les domaines. Rencontre avec des
vendeurs qui ont choisi cette voie professionnelle et qui semlent s’y réaliser avec passion et enthousiasme.
C
Quelques chiffres
Chiffre d’affaires
de la vente directe :
3,85 milliards d’€ en 2012
Création d’emplois en 2012 :
28 800
Secteurs en progression :
Habitat : 37 %
Gastronomie et cuisine :
14 %
Bien­être et diététique,
cosmétique et beauté : 11 %
Textile et accessoire de
mode : 10 %
Produits d’entretien : 6 %
Energie télécommunica­
tion : 4 %
Décoration : 4 %
Edition presse : 3 %
es dernières années ont
été fastes pour la vente
en réunion à domicile.
Les entreprises fleurissent à
droite à gauche. Pas une
semaine sans être convié à
une réunion sur les produits
d’entretien, les vêtements,
une soirée lingerie coquine ou
à un atelier cuisine. On se croi­
rait revenu aux débuts de la
marque américaine Tuppe­
rware, pionnier du genre
depuis plus de 50 ans avec ses
boîtes plastiques astucieuses.
Seule différence aujourd’hui,
ces « petits boulots » autrefois
réservés aux femmes qui cher­
chaient à reprendre une activi­
té ou à avoir un revenu com­
plémentaire, se sont
développés considérablement
et ont élargit leurs recrues.
Dans les Vosges, 2 800 per­
sonnes ont actuellement une
activité de vente directe. On
distingue trois types : ceux qui
en font une activité entière,
ceux qui l’utilisent pour un
revenu complémentaire et les
cumulards qui ont plusieurs
casquettes.
Marie­Geo Herrbach, de Vin­
cey qui gère aujourd’hui un
réseau de plusieurs vendeu­
ses pour la marque de bijoux
Zabok fait partie des « nou­
veaux adeptes » qui en ont fait
un métier à part entière. Elle y
est pourtant venue par hasard.
Cette femme chaleureuse et
souriante a franchi le pas il y a
un peu plus de deux ans.
C’était lors d’une émission de
radio. « J’ai entendu le patron
de Zabok, le Nancéien Michel
Du Cray qui expliquait son tra­
vail et chercher des vendeu­
ses. Je l’ai appelé et très vite
j’ai obtenu un entretien. »
Basée à Maxéville, l’entreprise
affiche dix ans de pratique au
compteur et 400 vendeurs
dans toute la France. Un suc­
cès qui ne se dément pas puis­
que les recrutements sont tou­
jours d’actualité.
Pour cette femme dynami­
que, longtemps salariée chez
France Telecom puis chez
Weight Watchers, la vente à
domicile a très vite été une
évidence et s’est avérée un tra­
vail plaisant. « Je ne voyais
pas ça comme un travail
d’appoint. Même si au départ,
les objectifs semblaient diffici­
les à atteindre et les contacts
pas simples. » Au fil du temps,
Marie­Geo s’est montrée telle­
ment passionnée et compé­
tente qu’elle a vite été propul­
sée à la tête d’une équipe de
vendeurs indépendants. car
c’est bien là le statut de ces
vendeur à domicile. La chef de
secteur apprécie et évoque les
atouts des bijoux modulables
Zabok, avec un sens du com­
merce inouï.
Souplesse et liberté
Mais dans le secteur, il y a de
la place pour tout le monde. Si
Marie­Geo Herrbach avoue en
vivre avec un minimum de
2 000 euros par mois et en a
fait son activité principale, ce
n’est pas le cas de Marie­Béa­
trice Antoine. Cette habitante
de La Chapelle­devant­Bruyè­
res est vendeuse pour la mar­
que de lingerie Allande, dont
l’un des ateliers de fabrication
est situé à Epinal, sur l’ancien
site Playtex. « Quand j’ai com­
mencé, il y a dix ans, mes
Nombre de vendeurs
en France
368 000 dont à temps plein,
à temps partiel et en multi­ac­
tivité.
En Europe :
11 397 915 vendeurs pour
un CA de 20 milliards
Les dix premiers marchés
mondiaux :
Etats­Unis, Japon, Chine,
Corée du sud, Brésil, Mexi­
que, France, Allemagne,
Russie et Italie
Les produits « La toque de grand­mère » vendus par Patrick
Matter étaient au départ destinés aux professionnels. (Ph.Ph.B.)
enfants étaient en bas âge et je
ne cherchais pas plus qu’un
complément de revenu » note
cette mère de famille. Si elle a
opté pour ce type de travail,
c’est plutôt pour sa liberté
d’action et de gestion de son
emploi du temps. « On tra­
vaille à son rythme, comme on
veut. On a certes un chiffre
d’affaires à réaliser mais sans
contraintes. On peut gérer nos
réunions à notre guise et ça, ça
n’a pas de prix. »
A raison de six réunions
mensuelles, elle peut gagner
environ 650 euros par mois
qui lui permettent d'améliorer
son quotidien. « Maintenant
que mes enfants grandissent,
j’envisage de m’investir plus.
C’est ce qui est bien dans la
vente à domicile, on peut tra­
vailler à la carte. » Souplesse
et liberté sont les maîtres mots
de ce secteur qui séduit beau­
coup de femmes. Sans oublier
les hommes qui se font plus
nombreux.
Jérôme Mura, photographe
nancéien et vosgien d’origine
a ajouté la vente de chocolats
à domicile à ses activités.
«C’est ma seconde casquette
en fait » glisse­t­il. «Je me suis
associé avec Sébastien Ferry,
chocolatier à Nancy et ami
d’enfance depuis 3 années
pour créer une société de ven­
te directe de chocolats fins
fabriqué de façon artisanale.
Lui s’occupe de la production
et moi de tout le reste : marke­
ting, recrutement, logistique,
comptabilité suivi de l’équipe
de ventes etc.» Et à l’instar de
Marie­Geo Herrbach, il appré­
cie ce métier fait de conviviali­
té et de contacts. « C’est un
milieu très ouvert. Et qui si l’on
se bouge, peut s’avérer très
fructueux.» A condition toute­
fois de travailler beaucoup.
Marie­Geo comme Marie­Béa­
trice sont catégoriques. «Ven­
deur indépendant est un
métier accessible qui peut per­
mettre de bien gagner de sa
vie, de progresser et d’évoluer
avec des formations à la clef.
Mais pas de travail, pas
d’argent. Et puis ça peut deve­
nir prenant si on veut évoluer.
Je fais les salons, les flyers
pour me faire connaître... Sans
oublier les commandes, la
paperasse... Aimer vendre
c’est une chose mais il y a tout
le reste. » Toutefois, pas de
regrets, elle n’échangerait sa
situation pour rien au monde.
Alors à bon entendeur... ces
entreprises recrutent.
Sabine LESUR
w w w . v d g ­
gourmandises.com/
www.latoquegm.fr/latoque
w w w . a l l a n d e . f r
www.zabok.fr et www.vdg­
gourmandises.com

Marie­Geo Herrbach ( Zabok) fait plusieurs réunion par mois comme ici à Epinal chez Marilou hier. Le
principe est immuable : une hôtesse, des copines, des produits attarctifs et une vendeuse sympa !
Une expérience épicée
Dans le monde de la vente à domicile,
Patrick Matter se démarque par un par­
cours un peu insolite. Le chef d’entreprise
installé à Schirmeck a repris il y a quelque
temps la société CARLA, une SARL fami­
liale spécialisée dans la vente d’épices
pour les professionnels des métiers de
bouche. Cette société âgée de plus de 50
ans à la belle petite notoriété avait toute­
fois décidé depuis peu de lancer une bran­
che vente à domicile de ses produits. Un
secteur dans lequel l’Alsacien ne croyait
pas une seconde. « Je pensais même me
séparer de cette activité ». Très vite, à
côtoyer les clients et les vendeurs du
réseau, il s’est rendu compte que ses pro­
duits commercialisés sous la gamme « La
Toque de grand­mère » plaisaient beau­
coup. D’autant que pour les vendre, la
société avait trouvé un moyen très astu­
cieux, des ateliers culinaires où chacun
peut goûter les produits au travers de
préparations tests. Et ça marche ! Patrick
Matter s’est vite rendu à l’évidence : les
produits de bouche ont de l’avenir en
vente à domicile. « Jusque­là, l’alimen­
taire ne s’était pas trop investi dans ce
type de vente car ce n’est pas simple de
commercialiser des produits périssa­
bles » remarque le cadre dirigeant qui a
trouvé un nouveau challenge dans ce tra­
vail. « Il y a bien les ventes de vins, de
chocolats depuis peu et les compléments
alimentaires qui ont été à la mode ces
dernières années mais rien de bien pré­
cis. » Le presque quinquagénaire a de fait,
changé son fusil d’épaule en devenant un
«cumulard» aux multiples casquettes et
ne le regrette pas une seconde. « Nos
produits sont très appréciés et nous recru­
tons dans toute la France. Cette branche
de notre entreprise est en plein boom et
finalement, on se rend compte que la
vente à domicile a un vrai côté convivial et
chaleureux. J’avoue que je me suis pris
totalement au jeu » note le commercial
qui vient pourtant d’un milieu profession­
nel totalement différent. « Ce qui m’a
poussé à franchir ce cap, c’était surtout
l’envie de me mettre à mon compte et
puis la vente directe à cet avantage de
procurer liberté et souplesse. » Deux
mots et deux concepts qui reviennent
d’ailleurs très souvent quand on évoque
les avantages et les inconvénients de la
vente directe. Sans oublier toutefois que
pas de travail, pas d’argent. « Nous ne
travaillons qu’à la commission. Mais con­
trairement aux autres produits, comme la
TVA est plus faible en alimentaire, nous
proposons des taux plus importants. » (28
à 38 %). Un argument qui pourrait faire
mouche. Enfin Patrick Matter l’espère
puisque son réseau ne compte aujour­
d’hui qu’une quarantaine de vendeurs et il
espère le développer.
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vendredi 6 septembre 2013
La Liberté de l’Est ­ L’Est Républicain