LA PRESQU`ÎLE DE SETÚBAL EN IMAGE SATELLITAIRE

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LA PRESQU`ÎLE DE SETÚBAL EN IMAGE SATELLITAIRE
Finisterra, XXXII, 64, 1997, pp. 3-14
LA PRESQU’ÎLE DE SETÚBAL
EN IMAGE SATELLITAIRE LANDSAT TM
WILFRIED ENDLICHER1
BEATE FLECHTKER2
Resumé – L’occupation du sol et les changements actuels dans l’agriculture et l’organisation
de l’espace sur la presqu’île de Setúbal sont interprétées à l’aide d’une image du satellite
Landsat-TM datant de 1991. La classification visuelle se base sur une analyse des composantes
principales. La proximité de la métropole entraîne une suburbanisation assez impressionnante
sur la Gândara de Setúbal où de vastes forêts de pins ont été plus ou moins légalement
transformées en villages ou en résidences secondaires. Les données satellitaires permettront
dans l’avenir un meilleur contrôle de l’utilisation du sol dans les environs de Lisbonne.
Mots-clés: Occupation du sol, télédétection, landsat, presqu’île de Setúbal.
Resumo – IMAGEM DE SATÉLITE LANDSAT TM DA PENÍNSULA DE SETÚBAL – A ocupação
do solo e as modificações actuais na agricultura e na organização do espaço da Península de
Setúbal são interpretadas a partir de uma imagem do satélite Landsat-TM de 1991. A
classificação visual baseia-se numa análise em componentes principais. A proximidade de
Lisboa ocasiona uma suburbanização impressionante na Gândara de Setúbal, onde vastas
florestas de pinheiros foram mais ou menos legalmente substituídas por aldeias ou em
residências secundárias. As imagens de satélite permitirão um mais eficaz controle da ocupação do solo nos arredores de Lisboa.
Palavras-Chave: ocupação do solo, teledetecção, Landsat, Península de Setúbal.
I – INTRODUCTION
Les différentes générations de satellites américains et européens ont fourni
des données qui depuis 1972, année du lancement du premier satellite destiné à
1
2
Professeur. Geographisches Institut. Humboldt – Universität zu Berlin. Chausseestr. 86 – D-10099
Berlin, Allemagne.
Diplomé de l’Université de Marburg. Fachbereich Geographie. Philipps-Universität Marburg,
Deutschhausstr. 10, D-35032 Marburg, Allemagne.
4
observer la surface de la terre, ont apporté de nouvelles informations sur l’occupation du sol et les changements actuels dans l’agriculture et l’organisation de
l’espace. Cependant, la publication réduite de ces images ne permet de donner
qu’une information partielle sur l’état actuel de l’occupation du sol, alors que c’est
un point de repère très important pour bien comprendre et guider les changements
futurs (REBORDÃO et HENRIQUES, 1987; REBORDÃO et al., 1988; JUSTICE et
ROWNSHEND, 1981). C’est surtout important dans les environs des grandes villes
où la protection de la nature, les besoins de récréation de la population urbaine, la
nécessaire augmentation des terrains à bâtir et la restructuration de l’agriculture,
dans un contexte européen ou même mondial, sont en concurrence. Voilà pourquoi
on propose l’interprétation d’une image satellitaire Landsat TM de la partie Sud de
la presqu’île de Setúbal (fig. 1) datant du 11 août 1991, où l’on peut observer
l’interaction de tous ces processus.
II – TRAITEMENT DES DONNÉES
1. Image composée bleu-vert-rouge
L’image présentée sur la fig. 2 est un extrait de l’image complète Landsat TM
203/33 avec une surface de 640 km² (20x32 km²). L’image est géoréférenciée sur
la Carte topographique 1:100 000 Setúbal 38-B, avec le Cap Espichel au sud-ouest,
la péninsule de Tróia en face, Setúbal au sud-est, et l’autoroute Lisbonne-Setúbal
au nord (coin nord-ouest 9°14’1,2” W / 38°34’59,5’’ N; coin sud-est 8°51’52,5’’
W / 38°24’59,5’’ N). Les données des 7 bandes furent traîtées par le programme
ERDAS (1990). On débuta en masquant l’océan pour avoir une distribution normale des données analysées dans ce travail. Puis, après l’exclusion de la bande
thermique TM 6, à cause de sa résolution insuffisante de 120 m, on a recomposé
les données de la bande TM 4 (0,76-0,90 µm, infrarouge proche) et on les a coloriées en rouge, TM 5 (1,55-1,75 µm, infrarouge proche) en vert, et TM 3 (0,63-0,69 µm, rouge visible) en bleu. Cette nouvelle image composée, rouge-vert-bleu,
donne une assez bonne impression de la biomasse et de sa vitalité, à cause du
maximum de réflexion que la végétation présente sur la bande TM 4 (en rouge). La
bande TM 5 (en vert) peut servir comme indicateur de l’humidité. Pour la
représentation à l’échelle 1:100 000 (fig. 2, hors texte) on a généralisé le contenu
de l’image passant un filtre de 3x3 pixels.
Une première interprétation de l’image permet de distinguer les éléments suivants:
– les grandes forêts de pin (Pinhal do Arneiro, Poço dos Mouros, Pinhal da
Amieira, Pinhal da Aiana) à l’ouest, traversées par des chemins, en vert foncé,
– les fonds humides de vallées le long des rivières, les surfaces d’irrigation
artificielle, et les parcs urbains à Setúbal, en rouge vif,
5
Fi
g.
1– Presqu’île de Setúbal et Serra da Arrábida au sud-est de Lisbonne: noms des paysages et villages mentionnés dans
le texte (d’après cartes topographiques 1:25 000 et 1:100 000).
Fig. 1– Península de Setúbal e da Arrábida: topónimos mencionados no texto (segundo os mapas topográficos nas
escalas 1:25 000 e 1:100 000).
6
– la végétation dense et semi-naturelle de la Serra da Arrábida ainsi que les
pentes et le haut plateau de la Serra de São Luís en rouge foncé lorsque la forêt et
le maquis sont denses et plutôt en vert lorsque la végétation est moins dense (garrigues sur roches calcaires),
– les surfaces sans végétation comme plages et carrières en blanc,
– les champs, prés et terrains vagues avec végétation desséchée (Gândara de
Setúbal) en gris-vert,
– les espaces urbains de Setúbal, Palmela et Sesimbra en bleu et blanc; les
constructions suburbaines plus ouvertes au nord sont plus difficiles à discerner. On
les reconnaît plus facilement à leur structure qu’à leur couleur.
2. Classification visuelle basée sur une analyse en composantes principales
Une image en couleur artificielle obtenue à partir de 3 des 7 bandes exclut
malheureusement toute l’information contenue dans les 4 autres bandes. Voilà
l’intérêt de l’analyse en composantes principales, où de nombreuses bandes peuvent être utilisées en même temps, et d’où toute information superflue est éliminée.
Ce traitement d’image permet une meilleure utilisation de l’information disponible.
La première composante principale représente la plus grande variation des
données, c’est-à-dire 90,57% de la variance totale. Elle se base surtout sur la différence d’albedo des surfaces représentées. Les différences spectrales se trouvent
surtout dans la deuxième composante (5,14% de la variance complète). En général,
les images Landsat et Spot montrent 90% de la variance des données dans les deux
premières composantes principales (BUCHROITHNER 1989; ERDAS 1990). La
troisième composante montre les variances spectrales de toutes les bandes. Elle ne
contient plus que 2,40% de la variance totale et un fort “bruit de fond“ est déjà
présent. Il prédomine dans les composantes suivantes qui ne sont plus utilisées.
Les valeurs des vecteurs propres montrent que, dans la première composante
principale, c’est surtout l’information des bandes TM 5, 7 et 3 qui est représentée
(tab. 1 et 2). Les bandes TM 5, 1, 3 et 2 sont importantes dans la deuxième
composante. La troisième composante se base finalement surtout sur les valeurs
des vecteurs de la bande TM 4. La bande thermique TM 6 ne joue aucun rôle. Une
représentation en couleurs artificielles des trois premières composantes principales
contient 98,11% de la variation totale.
La fig. 3 montre l’analyse des composantes principales de toutes les bandes
Landsat TM, sauf la bande TM 6, sous forme d’une image en couleurs artificielles.
La première composante est imprimée en bleu, la deuxième en vert et la troisième
en rouge. Douze classes différentes peuvent être distinguées.
7
Tab. I – Matrice de covariance des 7 bandes Landsat TM.
Quadro I – Matriz de covariância dos 7 canais Landsat TM.
TM 1
TM 2
TM 3
TM 4
TM 5
TM 6
TM 7
TM 1
236.78
x
x
x
x
x
x
TM 2
172.43
133.00
x
x
x
x
x
TM 3
271.19
210.97
345.93
x
x
x
x
TM 4
166.76
135.40
218.39
207.16
x
x
x
TM 5
454.99
352.77
597.82
414.10
1346.07
x
x
TM 6
34.24
26.18
51.06
26.38
135.16
x
x
TM 7
300.08
231.23
383.01
246.84
789.37
78.94
502.53
Tab. II: Matrice des vecteurs propres des trois premières composantes principales, montrant
l’importance de la bande TM 5 pour la première composante principale, des bandes TM 5
et TM 1 pour la deuxième et TM 4 pour la troisième.
Quadro II – Matriz dos vectores próprios das três primeiras componentes principais,
mostrando a importância do canal TM5 (1.º factor), dos canais TM5 e TM1 (2.º) e TM4 (3.º).
TM 1
TM 2
TM 3
TM 4
TM 5
TM 6
TM 7
1. CP
0.27
0.21
0.35
0.24
0.71
0.07
0.44
2. CP
0.50
0.36
0.44
0.26
-0.55
-0.21
-0.05
3. CP
-0.28
-0.08
-0.14
0.88
-0.18
-0.18
-0.29
3. Les différentes classes hybrides d’occupation du sol
3.1. Vert = forêts de pins
Pinus pinaster prédomine ou est associé avec Pinus pinea, surtout dans les
vallées de la Serra da Arrábida et aux alentours de la Lagoa de Albufeira. Pinus
halepensis se trouve exclusivement sous forme de plantations près de l’usine de
ciment de la Secil. Quercus suber est associé dans la plaine pliocène au nord.
Quercus coccifera sous forme d’arbustes et Quercus faginea (lusitanica) y sont
peu fréquents. Dans le sous-bois, on trouve Ulex europea, Ericaceae et cistroses
en successions diverses. Les différents tons de vert dépendent des différents types
de forêts. Les forêts d’où l’on a enlevé le sous-bois, pour les protéger contre les
feux montrent une forte texture et un vert-violet. Par contre, la couleur vert-jaune
peut être associée à un niveau élevé de l’eau dans le sol comme par exemple près
des lagunes dans la forêt d’Apostiça.
8
3.2. Vert clair= forêts mixtes et fonds de vallées
Cette couleur regroupe des formations de forêts mixtes comprenant les espèces comme Eucalyptus globulus, Pinus pinaster, Pinus pinea, Quercus suber et
Populus spec., ces dernières surtout dans les fonds de vallées. La dominance,
l’abondance et la composition des forêts sont très variées.
3.3. Vert foncé = pentes exposées au nord-ouest de la serra da Arrábida, avec un
relief très accidenté (anticlinal de Formosinho) et à l’ombre au moment de la
prise de l’image.
3.4. Orange = végétation encore verte en août
Cette classe est due à un haut contenu de chlorophylle qu’on trouve tant dans
le maquis sclérophylle, que dans les fonds des vallées, les surfaces agricoles
irriguées, les jardins et vignobles à feuillage dense. Le terrain de golf avec pelouse
irriguée dans le coin nord-ouest se distingue spécialement par ses formes
irrégulières.
La végétation avec un très fort contenu en chlorophylle apparaît plutôt en
jaune-orange. On peut citer comme exemple le grand champ de maïs irrigué en
forme de cercle et d’autres champs, un champ de blé près d’Azeitão, des jardins et
vergers à Setúbal et les lagunes en voie de comblement par des dépôts alluvionnaires dans la forêt d’Apostiça.
3.5. gris = vignobles avec feuillage peu dense et plantations d’eucalyptus
Des vignobles avec feuillage peu dense comme près de Casais da Serra et des
plantations d’eucalyptus, par exemple au nord de la Ribeira da Apostiça, des deux
côtés de la route vers Sesimbra, apparaissent en gris, parce qu’ils sont plantés de
façon espacée.
3.6. rose = végétation en manque de chlorophylle
Le manque de chlorophylle dû à la sécheresse estivale est exprimé par la
couleur rose. Voilà pourquoi les champs de blés non irrigués, comme la Vala Real,
des pâturages, parfois surexploités, et les terrains vagues secs ont cette couleur.
3.7. violet = oliviers disseminés dans des terrains avec graminées et herbes
desséchées
Il est difficile de distinguer de façon sûre ces terrains en été.
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3.8. violet foncé = champs desséchés, pâturages avec ou sans chênes-liège et
garrigues sur roches calcaires ou sur coupe complète de la forêt
On trouve des champs desséchés surtout au sud-ouest sur la plate-forme du
Cap Espichel et près d’Alfarim. Les pâturages desséchés, avec ou sans chênes-liège ou oliviers, ne sont pas reconnaissables séparément parce que les arbres sont
trop éloignés les uns des autres. Ainsi, une distinction sûre entre ces pâturages et
les garrigues en clairières n’est pas possible.
3.9. violet-bleu = reforestations récentes avec garrigues ou sous-bois très
enchevêtrés, formant une texture bleu et violet
3.10. bleu turquoise foncé = surfaces dévastées par des incendies récents
3.11. bleu turquoise = surfaces urbaines, routes et autoroutes, zones industrielles et
commerciales, côtes rocheuses, quelques bancs de sable, zones militaires,
coupes récentes encore sans végétation
Ces surfaces sans végétation apparaissent en bleu turquoise. Cette couleur est
due à la forte variance des deux premières composantes principales.
3.12. Bleu clair = carrières et sablières, chemins de sable, plages
Ces surfaces à forte réflexion apparaissent surtout par la première composante
principale. Si la réflexion est extrême, alors le pixel est presque blanc en résultat
de la somme des trois couleurs, rouge, vert et bleu, utilisées dans l’image.
III – RÉPARTITION DES DIFFÉRENTES UNITÉS CLASSIFIÉES
Finalement la cartographie de l’information satellitaire généralisée est représentée par la figure 4.
De grandes zones forestières se trouvent à l’ouest de l’image. Entre Fonte da
Telha, Aroeira et Verdizela au bord nord-ouest de l’image jusqu’à la Lagune
d’Albufeira au sud ainsi qu’au sud de la Ribeira da Apostiça dans le Pinhal de
Flandres, les forêts de Pinus pinaster sont hautes et denses, avec un sous-bois où
Ulex spec. et Cistaceae prédominent. Les arbres sont parfois incisés pour produire
de la résine. Cette zone, représentée en vert foncé homogène, est exploitée par
l’entreprise“Apostiça“. Ailleurs on trouve très peu de forêts. Souvent des aires
suburbaines – parfois illégales – s’étendent dans ces zones forestières. C’est
surtout le cas près de Lagoa de Albufeira à l’ouest, Aroeira et Verdizela au nord,
Quinta do Conde au nord-est, Brejos de Azeitão à l’est et Venda Nova et
Carrasqueira au sud. Les forêts sont défrichées pour étendre les espaces agricoles,
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surtout pour la viticulture. En de nombreux endroits, on trouve différents niveaux
de repousse de la végétation après des incendies. L’ajonc, les cistes et les herbes
(Tuberaria guttatae) se distinguent bien des forêts qui les entourent. Autour du
champ de maïs (le cercle jaune-orange de l’image), beaucoup de terres sont en
friche et couvertes de landes, avec Pterocistus guttata, Halimium spec. et Cistus
spec. L’ajonc (Ulex spec.) se développe ensuite.
Toutes les forêts de la presqu’île de Setúbal sont privées. Même une grande
partie du Parc Naturel de l’Arrábida est propriété privée. Les grandes surfaces boisées au nord de la lagune d’Albufeira, concelho de Sesimbra, appartiennent à
l’entreprise multinationale “Apostiça”. On trouve des chênes-liège (Quercus
suber), des pins parasols (Pinus pinea), ainsi que des pins maritimes (Pinus
pinaster) dans ces forêts, qui représentent la végétation autochtone. Les eucalyptus
(Eucalyptus globulus) sont utilisés pour la production de cellulose.
Une grande partie de la presqu’île de Setúbal est couverte de vignobles. La
vigne est bien adaptée au climat méditerranéen et n’a pas toujours besoin
d’irrigation. Les plantations anciennes sont plus denses et irrégulières. Les
nouvelles plantations sont plus espacées pour permettre le passage des machines.
Cela a des conséquences sur la réflexion. La taille des parcelles est aussi
importante, grandes et petites propriétés se trouvent entremêlées.
Les vergers, par contre, ne couvrent qu’une petite surface. Parfois on les
trouve mélangées avec de la vigne. C’est seulement dans le concelho de Palmela
qu’on en trouve un plus grand nombre. Les fruits sont destinés aux marchés
locaux. Les orangers de Setúbal, autrefois d’une grande importance, sont réduits
aujourd’hui à une surface de 341 ha dans le concelho de Setúbal et de 517 ha dans
le concelho de Palmela (chiffres de 1987). Une classification exacte des différents
types d’arbres fruitiers et de leur surface respective à partir de la télédétection est
exclue, étant donné la structure très hétérogène des plantations. Beaucoup sont
laissées à l’abandon.
Les cultures irriguées, par contre, couvrent d’importantes surfaces, ce qui
montre une nette différence avec des informations antérieures. Non seulement on
voit bien le champ de maïs (le cercle jaune-orange au milieu de l’image), mais on
distingue aussi d’importantes surfaces irriguées près d’Azeitão, Palmela et Setúbal.
D’autres parcelles sont trop petites pour être bien reconnaissables. Le mélange des
pixels dans les plaines du nord-est est typique de l’enchevêtrement de parcelles
irriguées et non irriguées. Dans les fonds de vallée des rivières saisonnières, c’est-à-dire sèches en été, on trouve aussi de l’agriculture irriguée. Mais la végétation
plus ou moins naturelle de la zone de la Lagoa de Albufeira et de la Ribeira da
Apostiça a, apparemment, les mêmes valeurs de réflexion. Ainsi une distinction
sûre simplement basée sur les données spectrales n’est pas possible. C’est
seulement en y joignant la connaissance des lieux et l’interprétation visuelle, qu’on
peut arriver à distinguer la végétation naturelle de fonds des vallées et les champs
irrigués.
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La végétation naturelle est présente surtout dans la Serra da Arrábida où elle
est protégée dans le Parc Naturel. On y trouve des forêts de chênes (Quercus faginea) dans les Matas do Vidal, do Solitário, da Mina, do Veado et Coberta) du
maquis (Maquiais), des garrigues (Matagais et Matos), des landes (Tomilhais)
et des surfaces couvertes d’herbes et de graminées (Ervedos). Des descriptions
détaillées se trouvent dans CHODAT (1909), PEDRO (1942; 1991), CATARINO,
CORREIA et CORREIA (1982) ainsi que CAPELO et ALMEIDA (1993). Dans le fond
humide de la Vala Real, l’agriculture prédomine même dans le parc naturel, avec
des champs de blé. Là il ne reste que très peu de végétation naturelle.
Sur le haut-plateau du Cap Espichel on trouve des champs de blé de petits
propriétaires avec une agriculture traditionnelle sans irrigation. Il est normal qu’on
ne puisse pas toujours distinguer champs, pâturages et terres en friche en août,
parce que la résolution spatiale de Landsat TM – ainsi que celle Spot, d’ailleurs –
est encore trop large (PRICE, 1992; JONG, 1994:197). Néanmoins, la distinction
entre ces surfaces agricoles et les coupes dans les forêts est possible. Dittrichia
viscosa est une plante indicatrice d’anciens terrains agricoles. Ces terrains en
jachère – et en spéculation – se trouvent surtout le long de l’autoroute Lisbonne-Setúbal.
Les pâturages ont souvent une structure mixte de type “montado”, avec chênes-liège, pins ou encore oliviers. On trouve cette utilisation traditionnelle agroforestière sur des surfaces assez étendues, surtout sur les terrains marneux dans la
zone de l’Arrábida, par exemple sur les flancs sud de Serras do Louro, de São
Francisco et de São Luís, ainsi que sur les Terras do Risco et dans les environs de
Calhariz et Casais da Serra, dans le Parc Naturel, lui-même.
Avec la suburbanisation croissante, surtout dans la Gândara de Setúbal au
nord de la Serra da Arrábida, on observe l’augmentation du nombre des petites
parcelles avec des potagers irrigués. La surface totale des jardins dans la zone de
Setúbal était déjà assez importante en 1987, avec 2984 ha. Sur les cartes
topographiques des années soixante, la Gândara de Setúbal était encore couverte
de vastes forêts de pins et les “Pinhal dos Frades“, “Pinhal do General”, ou encore
"Pinhal da Marquesa“ sont devenus aujourd’hui des noms de village. La seule
exception est la forêt de l’entreprise “Apostiça“ mentionnée plus haut. La
suburbanisation est surtout importante à l’est de la Vala Real où les forêts de pin
parasol et de pins maritimes furent remplacées par la polyculture mediterranéenne
et les jardins. La suburbanisation s’étend déjà jusqu’à la limite du Parque Natural
da Arrábida, et la pression métropolitaine de Lisbonne augmente. Des processus de
suburbanisation sont donc partout visibles. En comparant les surfaces industrielles
et urbaines des années 80 avec l’information satellitaire de 1991, on se rend
compte que les surfaces forestières ont été surtout morcelées au profit des
bâtiments principalement dans la Gândara de Setúbal, près de Brejos de Azeitão et
Quinta do Anjo. La suburbanisation des concelhos de Seixal et Barreiro est un
phénomène récent datant des 30 dernières années et qui s’étend aujourd’hui de
12
plus en plus vers le sud. Il s’agit souvent au début de constructions illégales,
comme dans le cas des Quinta do Conde, Quinta dos Morgados et Pinhal dos
Frades au nord-ouest de l’image. Verdizela et Aroeira sont deux villages construits
en plein milieu des forêts de pins. La suburbanisation de Santana-Sampaio-Cotovia-Venda Nova au nord de Sesimbra, par contre, a une frontière moins nette
que dans les cas cités au nord de l’image. Elle est plus diffuse, au milieu des zones
agricoles. Une utilisation du sol multiple est caractéristique aussi de la zone entre
Brejos de Azeitão et Quinta do Anjo. Les constructions illégales de résidences
secondaires, cachées dans les forêts près de Lagoa de Albufeira, se reconnaissent
bien par leurs routes sablonneuses. L’interprétation visuelle des zones urbaines et
suburbaines est liée plutôt à la texture et structure de ces zones qu’à une simple
information spectrale.
CONCLUSION
La technique satellitaire est aujourd’hui un instrument irremplaçable pour la
surveillance des changements d’occupation du sol. Cela sera encore plus vrai
quand on utilisera des images multitemporelles corrigées sur un modèle numérique
du terrain. Néanmoins, on attend avec impatience le développement d’instruments
avec une résolution spatiale, spectrale et temporelle encore plus puissante. Cette
nécessité se fait specialement sentir dans les paysages marqués par une longue
histoire d’utilisation du sol et un relief mouvementé.
REMERCIEMENT: Ce travail a été effectué dans le cadre d’un projet intégré
germano-portugais concernant les problèmes géoécologiques de la presqu’île de
Setúbal. Les auteurs remercient le Service Allemand d’Echange Académique
(DAAD) et le Conselho de Reitores das Universidades Portuguesas (CRUP) pour
leur aide financière.
BIBLIOGRAPHIE
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Digitale Methoden, Reliefkartierung, geowissenschaftliche Applikationsbeispiele.
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CAPELO, J. H. et A. F. de ALMEIDA (1993) – Dados sobre paisagem vegetal do Parque
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Lusitana, 1 (2), Lisboa: 217-236.
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1/2, Marseille. Définition et localisation des écosystèmes méditerranéens terrestres.
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13
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Analysis of SPOT data by photo-interpretation procedures. LNETI, EID,
GEOMETRAL: Cartografia temática. 2° Relatório, Projecto FLAD.
Títulos dos mapas anexos (no fim do volume)
Fig. 2 – La partie sud-ouest de la presqu’île de Setúbal en image Landsat TM prise le 11
août 1991; bande TM 4 = rouge, bande TM 5 = vert, bande TM 7 = bleu; carte de
référence: Carte Topografique 38-B Setúbal, échelle 1:100 000.
Fig. 2 – Sudoeste da Península de Setúbal em imagem Landsat de 11 de Agosto de 1991;
canal TM 4 = vermelho, canal TM 5 = verde, canal TM 7 = azul.
Fig. 3 – La partie sud-ouest de la presqu’île de Setúbal en image Landsat TM prise le 11
août 1991; analyse des composantes principales: 3 ème composante principale = rouge,
2ème composante principale = vert, 1ère composante principale = bleu; carte de référence:
Carte Topographique 38-B Setúbal, échelle 1:100 000.
14
Fig. 3 – Sudoeste da Península de Setúbal em imagem Landst de 11 de Agosto de 1991;
análise em componentes principais: 3.º factor: vermelho; 2.º factor: verde; 1.º factor: azul.
Fig. 4 – Utilisation du sol dans la partie sud-ouest de la presqu’île de Setúbal, classifiée et
généralisée d’après les données Landsat TM et contrôles du terrain; échelle 1:100 000.
Fig. 4 – Ocupação do solo no sudoeste da Península de Setúbal. Classificação e generalização a partir dos dados Landsat-TM e trabalho de campo. Escala 1:100 000.

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