Le logement, laissé-pour-compte de la financiarisation de l`immobilier

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Le logement, laissé-pour-compte de la financiarisation de l`immobilier
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2. Y A-T-IL UNE SINGULARITÉ FRANÇAISE ?
Le logement, laissé-pour-compte
de la financiarisation de l’immobilier
Ingrid Nappi-Choulet*
LE secteur de l’immobilier a profondément
évolué ces vingt
1
dernières années en France et en Europe . L’immobilier est désormais considéré comme un actif financier – comme le sont les actions
et les obligations sur les marchés financiers – géré par des acteurs
aux logiques nouvelles. L’immeuble, actif réel patrimonial par
nature, représente une classe d’actifs à part entière pour les investisseurs institutionnels tels que les compagnies d’assurances, les
caisses de retraite et les fonds de pension. Longtemps considéré
comme un bien patrimonial, de surcroît valeur refuge contre l’inflation, le logement subit la financiarisation du secteur immobilier,
à l’image des immeubles de bureaux et des centres commerciaux qui
se sont particulièrement développés depuis ces trente dernières
années. Quelles sont les conséquences de la financiarisation du
secteur sur le logement ?
La crise du logement actuelle en France est en réalité multiple :
elle est à la fois sociale, économique et politique ; elle reflète la
multiplicité des acteurs engagés (État, collectivités locales, organismes HLM, établissements bancaires et financiers, etc.) et est la
conséquence d’un ensemble complexe de causes identifiées telles
que la baisse des niveaux de mises en chantier de logements depuis
* Professeur à l’ESSEC, maître de conférences à l’École nationale des ponts et chaussées,
elle a récemment publié « La financiarisation des quartiers d’affaires : l’exemple de “Cœur
Défense” », Esprit, novembre 2011, p. 30-44.
1. Voir Ingrid Nappi-Choulet, les Mutations de l’immobilier. De la finance au développement
durable, Paris, Autrement, 2009.
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Janvier 2012

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