La sortie à l`île d`Yeu - Aéroclub ASPTT POITIERS

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La sortie à l`île d`Yeu - Aéroclub ASPTT POITIERS
La sortie à l’île d’Yeu
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À l'initiative de Michel Schrek, notre première sortie dominicale mensuelle a donc eu lieu le
dimanche 3 mars. L’invitation ayant été lancée seulement 2 semaines plus tôt, je me suis
retrouvé le seul inscrit avec Véronique. La météo ayant annoncé du beau temps plusieurs
jours à l'avance (un miracle en ce début d'année), j'ai sauté sur l'occasion qui m'était donnée
de proposer à Véro d'aller à l'île d’Yeu, dont elle m'avait souvent parlé... Elle ne put donc me
dire non...;>)) En plus, je savais qu'une telle destination ferait probablement envie à mon
épouse, qui jusqu'à présent, n’a volé avec moi que si Véro est copilote. Véro proposa la
quatrième place à Pascal Mauroy, son nouvel élève, qui accepta immédiatement de sortir des
tours de piste...
Nous nous sommes donc retrouvés tous les quatre, le dimanche matin à 10h (petite entorse au
règlement de Michel, qui fut acceptée à l'unanimité, vu le faible temps de vol prévu). J'avais
consciencieusement préparé notre nav, vérifié les Notams, les Sup AIP et autres AZBA,
calculé le poids, vérifié le centrage et calculé qu'avec une finesse de 9, il faudrait monter à
6000 pieds pour faire la traversée sans prendre de risque en face de St Jean-de-Monts (une
excellente révision de mon PPL/A).
Le premier problème fut que le beau temps annoncé par la météo, était manifestement un peu
en retard. La visibilité à Poiters n'était pas terrible. La Rochelle était Cavok, mais en
téléphonant à l'île d'Yeu, on nous annonça que le plafond était à 1000 pieds et la visibilité de 1
km. Après discussion, nous avons décidé de partir pour La Roche/Yon et d'aviser sur place.
La sortie à l’île d’Yeu
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Après avoir fait le plein des deux réservoirs de F-BXEU, nous avons décollé à 11h05 en 03
avec un vent modéré au 60°. Mais à peine décollé, et malgré le soleil dans notre dos, nous
avons constaté une visibilité vraiment médiocre. Dès 1500 pieds, j'ai regardé Véro en faisant
la grimace. Tout seul, je me serais immédiatement reposé. Mais après quelques secondes
d'hésitation, je me suis dit que d’après la météo, cela devait s'améliorer, et que j'avais Véro et
Pascal pour faire la navigation. Donc j'ai pris le cap prévu en restant à 1.500 pieds, et en
suivant les corrections demandées par mes deux navigateurs. Après Parthenay, le SIV de
Poitiers me demanda de passer sur celui de Nantes. Comme j'avais préalablement rentré toutes
mes fréquences sur la Com2, je passe donc sur 119.4 et j'appelle Nantes. Aucune réponse...
Véro me dit que l'on est peut-être trop loin ou trop bas. Je me concentre sur mon cap, et la
visibilité s'améliorant un peu, je monte à 2000 pieds. On passe La Chataigneraie, un peu trop
au sud à cause d’une dérive assez marquée. Je réessaye d'appeler Nantes, toujours pas de
réponse... Véro me dit qu'elle va s'en occuper, et elle repasse en Com 1 sur 124.425, la
fréquence de la TMA de Nantes, qui nous répond immédiatement...!!! (curieux...?!?).
On passe Chantonnay encore un peu trop au sud et la contrôleuse de Nantes nous signale un
autre appareil à la même altitude que nous, à 3NM sur notre gauche, en provenance de
Châtellerault et à destination de l'île d'Yeu...!!! Étonnée, Véro lui demande si elle peut nous
avoir la météo de l'île d'Yeu. Après quelques minutes, elle nous annonce un plafond de 1200
pieds couvert à 7/8...:<((( Elle nous demande nos intentions, en précisant que l'autre appareil
n'est plus qu'à 2 NM... Je décide donc de me poser comme prévu à La Roche/Yon, et j'amorce
immédiatement ma descente en m'annonçant sur la fréquence en A/A du terrain.
Heureusement la visibilité s'est bien améliorée, je passe vertical terrain pour vérifier la
manche à air et je m'annonce en vent arrière piste 10. Surprise, un appareil en cours
d’alignement nous répond en précisant qu'il part pour l'île d'Yeu...!!! Je le laisse décoller et je
me pose à 12h00.
La sortie à l’île d’Yeu
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Il n’y a personne sur le terrain, et le soleil commence à chauffer notre verrière. On téléphone à
l'île d'Yeu, qui nous annonce que le plafond s'est dégagé et qu'on peut venir sans
problème...!!! A 12h25, nous redécollons direction St. Gilles-Croix-de-Vie que l'on trouve
sans difficulté. Pour réduire au maximum le passage maritime, je décide de remonter jusqu'à
St. Jean-de-Monts, et là je mets le cap au 240°.
Instant émotion, car il n’y a absolument rien en vu, l'horizon est tout blanc, et je me dis que
derrière moi, Jacqueline ne doit pas être rassurée... Je regarde ma montre, et j’annonce à mes
passagers que dans 7mn nous devrions être arrivés...
On commence tous à scruter, mais toujours rien en vue. D'instinct, je remets un peu de
puissance et je laisse l'appareil monter à 3500 pieds (ce qui d'après mes calculs est encore
insuffisant en cas de panne moteur). Les secondes, puis les minutes passent, je scrute toujours
l'horizon, en vérifiant mon cap en permanence, et en jetant un coup d'œil rapide juste en
dessous de l’avion où l’on aperçoit bien les vagues. D'une voix calme, Véro me demande :
"Tu ne vois toujours rien?
- Non, à part cette barre banche à l'horizon, pourtant cela fait déjà 5mn, on devrait la voir...
- Regarde à ta gauche...!!!"
Et là soulagement, je découvre enfin la côte de l'île mais qui ne se détache pas beaucoup de la
surface de l'océan. Je remonte au nord de l'île, en m'annonçant sur 118.9, pas de réponse, car
c’est l’heure du déjeuner. Je fais un vertical terrain dans l’axe de la piste pour vérifier la
manche. Le vent semble régulier mais au 3/4 sur la gauche. Je passe en vent arrière pour la 14,
puis je m'aligne en passant au dessus du phare. La piste goudronnée est belle (1200m), mais
pas très large (25m). Véro me dit de me méfier du vent, et de me poser sur la partie gauche.
Effectivement, dès que les roues touchent le sol, l'avion part franchement à droite, mais je
parviens à le redresser sans trop de difficulté. Je roule jusqu'au parking, où stationnent déjà 5
ou 6 avions. 13h03, on respire l'air marin, il fait assez beau, mais le vent n'est pas très chaud.
À peine descendus de l'avion, un membre de l'aéroclub local, nous propose de nous descendre
à Port-Joinville, la ville principale de cette petite île de 10km de long par 4km de large.
Arrivés sur le port, nous pique-niquons avec nos sandwiches sur une petite place, pas
vraiment à l'abri du vent. Puis nous décidons de revenir tranquillement au terrain à pied en
longeant la côté. 5 ou 6km plus tard, nous retrouvons EU. Je monte à la tour payer la taxe
(7,10€). Le responsable m'explique qu'il vaut mieux ne pas venir en juillet/août, car il peut y
avoir jusqu'à 70 avions stationnés un peu partout...!!!
La sortie à l’île d’Yeu
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Pour le retour, je cède ma place à Pascal. A 16h00, il s'aligne en bout de piste, met plein gaz
et commence à rouler. Véro annonce "Stop, le badin ne bouge pas, on a dû oublier de retirer la
flamme...". Vérification faite, la flamme avait bien été retirée et rien ne semblait boucher la
prise d’air...?!?. Pascal se réaligne, serre le frein, met plein gaz, lâche le frein commence à
rouler et d'un coup l'aiguille du badin se met à bouger, et il peut donc décoller tranquillement.
Tour de l'île par la pointe sud, et cap vers la côte. La visibilité n'est pas extraordinaire, mais
meilleure qu'à l'aller. Heureusement nous n'avons pas le soleil en face. Pour sa première
navigation, Pascal va nous démontrer qu'il sait tenir un cap en nous ramenant à Poitiers sans
jamais se perdre, ni dévier de sa route.
À 17h22, nous sommes de retour à Poitiers après avoir été pique-niquer à l'île d'Yeu par ce
beau dimanche de mars sans avoir vu un embouteillage...;>)
Un grand merci à Michel Schrek d'avoir lancé cette idée de sortie dominicale, car sans cela,
nous ne serions pas encore allés à l'île d'Yeu, qui est vraiment une destination sympathique à
1h15 de vol de Poitiers.
Bernard Decarroux