26EME EDITION DE LA JOURNEE DE L`ENFANT AFRICAIN 2016

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26EME EDITION DE LA JOURNEE DE L`ENFANT AFRICAIN 2016
26EME EDITION DE LA JOURNEE DE L’ENFANT AFRICAIN 2016
Allocution de M. Zakari ADAM, Représentant Adjoint
CHARGE DE BUREAU UNICEF
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------16 juin 2016, Assemblée Nationale
Très Honorable Président de l’Assemblée Nationale,
Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Madame le Ministre des Affaires Sociales
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Honorables Députés,
Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Membres du Corps
Diplomatique,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales,
Monsieur le Directeur de Plan Cameroun
Mesdames et Messieurs les Représentants de la Société Civile,
Chers Députés Juniors,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
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J’ai l’agréable devoir de prendre la parole ce jour, à l’occasion de la célébration ce jour
de la 26ème édition de la Journée de l’Enfant Africain, au nom de Madame Félicité
Tchibindat, Représentante de l’UNICEF actuellement en mission hors du Cameroun.
Pour marquer le vingt-sixième anniversaire de l’adoption par les Etats africains de la
Charte Africaine des droits et du Bien-Etre de l’Enfant, le Comité Africain d’Experts de
l’Union Africaine a choisi de mettre l’accent sur un sujet de préoccupation mondiale, à
savoir les enfants affectés par les conflits et les crises humanitaires. D’où le thème de
cette année qui est “ Conflits et crises en Afrique: protégeons les droits de tous
les enfants».
Avant d’aller plus loin dans mon propos, je voudrais, à l’adresse de nos chers enfants,
rappeler que la journée de l’enfant africain est organisée chaque année depuis le 16 juin
1991, en souvenir du massacre de centaines d’enfants lors d’une marche pour leurs
droits à Soweto (Afrique du Sud) par le pouvoir de l’apartheid le 16 juin 1976.
Dans le monde entier, les conflits ont provoqué des crises de réfugiés et des migrations
sans précédents. Chaque semaine un flux de migrants provenant, pour la majorité de
l’Afrique sub-saharienne, tentent de traverser la mer pour arriver en Europe. La plupart
essaient de fuir les conflits armés et les violences diverses en Afrique. Permettez-moi de
souligner que la majorité de ces populations en migration est constituée de femmes et
des enfants.
Chaque mois de nombreux enfants et femmes décèdent étant en détention arbitraire.
D’autres se retrouvent sans leurs familles dont ils n’ont plus eu de nouvelles depuis la
débandade provoquée par les violences perpétrées à travers ces conflits et crises qui
minent l’Afrique. Nous avons tous une responsabilité dans l’amélioration de cette
situation.
Faut-il rappeler ici aujourd’hui que dans le 4 pays directement touchés par la crise de la
secte Boko Haram, (Nigéria, Cameroun, Niger, Tchad),
- près de 13 millions d'enfants ont été déplacés ;
- environ 1 800 écoles sont fermées - soit endommagées, pillées, brûlées ou
utilisées comme abris par les personnes déplacées ;
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-
Plus de 5.000 enfants ont été signalés non accompagnés/séparés de leurs
parents.
Le Cameroun en général et la région de l’Extrême-Nord en particulier est durement
touché par les actes terroristes menés depuis quelque temps par les extrémistes de
Boko Haram et ceci est une source d’inquiétude partagée par tous. Les exactions ont
occasionné plusieurs morts, l’arrivée massive de plus de 56,000 réfugiés du Nigéria, le
déplacement interne de plus de 157,000 Camerounais, en particulier le long de la
frontière avec le Nigeria. Ces attaques armées sont accompagnées de vagues
d’attentats dans la région, témoignant ainsi d’une escalade de l’horreur et des violations
graves commises par ce groupe armé. Les enfants Camerounais et réfugiés nigérians
dans la région, font face depuis plusieurs mois à cette situation de précarité et de
vulnérabilité sans cesse croissante, exacerbée par la situation de conflit armé qui sévit.
En effet, ce conflit complexe expose en tout premier lieu les enfants à des situations où
leurs droits sont violés, notamment le droit à la vie, le droit de vivre dans un milieu
familial, le droit à la santé, et le droit à la survie et au développement.
Cette situation a provoqué une crise de protection de l’enfant sans précédent dans la
région de l’Extrême Nord du Cameroun avec un accès très limité aux zones de conflits
pour les humanitaires, dû aux intrusions répétées de Boko Haram (attaques et pillages
des villages, attentats kamikazes,…). Dans ce contexte de crise, les enfants sont
affectés par des problèmes de protection spécifiques tels que la détresse psychosociale,
la séparation familiale en plus des problèmes classiques auxquels la région avait déjà a
faire face dont le mariage des enfants et autres violences basées sur le genre.
Le nombre d'enfants impliqués dans des attaques suicides au Nigeria, au Cameroun, au
Tchad et au Niger a fortement augmenté au cours de la dernière année. Selon les
données qu’on a pu documenter, de 4 en 2014 il est passé à 44 en 2015. Plus de 75
pour
cent
des
enfants
impliqués
dans
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les
attaques
sont
des
filles.
Soyons clairs: ces enfants sont victimes, et non pas des auteurs. Enlever les enfants et
les forcer à commettre des actes mortels a été l'un des aspects les plus horribles de la
violence au Nigéria et dans les pays voisins. Nous tous, nous nous rappelons, de
l'enlèvement il y a deux ans, de plus de 200 filles écolières à Chibok, au Nigeria. Ce
contexte alarmant perdure toujours.
- Entre Janvier 2014 et Février 2016, le Cameroun a enregistré le plus grand
nombre d'attentats suicides impliquant des enfants (21). Il est suivi par le Nigéria
(17) et le Tchad (2).
L'année dernière, les enfants ont été utilisés dans des attaques suicide environ 1 fois sur
2 au Cameroun, 1 fois sur 8 au Tchad, et 1 fois sur 7 au Nigeria.
Depuis 2015 la fréquence de tous les attentats-suicides a augmenté. L'utilisation
calculée des enfants forcés à transporter des bombes, a créé une atmosphère de peur
et de suspicion qui a des conséquences dévastatrices pour les filles qui ont survécu à la
captivité et aux violences sexuelles de Boko Haram dans le Nord-Est du Nigeria.
Les enfants qui se sont échappés, ou ont été libérés par les groupes armés sont souvent
considérés comme des menaces potentielles à la sécurité. Les enfants nés à la suite de
violences sexuelles se heurtent aussi à la stigmatisation et la discrimination dans leurs
villages, dans les communautés d'accueil, et dans les camps pour personnes déplacées
à l'intérieur.
Etant donné que les attaques suicides impliquant des enfants deviennent de plus en
plus courantes, certaines communautés commencent à voir les enfants comme des
menaces à leur sécurité. Cette méfiance à l'égard des enfants peut avoir des
conséquences destructrices. Comment une communauté peut se reconstruire quand elle
rejette ses propres filles ?
Le Cameroun a marqué son engagement sur la question des enfants dans les conflits et
crises humanitaires à travers la signature de plusieurs instruments internationaux,
notamment le Protocole Facultatif à la Convention des Droits des Enfants sur
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l’implication des enfants dans les conflits armés, la résolution du Conseil de Sécurité des
Nations Unies 1612 contre les violations graves faites aux enfants dans les conflits
armés, les Principes et Engagements de Paris de 2007 sur la prévention du recrutement
et de l’utilisation des enfants par les forces et les groupes armés.
En 2010, pendant la conférence régionale de N’Djamena le Cameroun a signé avec 7
autres pays participants la « Déclaration de N’Djamena » à travers laquelle, ils se sont
engagés à mettre fin à toutes formes d’enrôlement et d’implication des enfants dans les
groupes et forces armés. Les signataires de la déclaration de N’Djaména se sont
notamment engagés à « garantir qu’aucun enfant de moins de 18 ans ne prenne part,
directement ou indirectement, à des hostilités et le cas échéant, à prévenir toute forme
de recrutement », et à mettre en place une stratégie de lutte contre la prolifération et la
détention d’armes légères par les enfants.
Most honorable President of the National Assembly
Excellency Prime Minister, Head of Government,
The reality of children in the areas affected by the humanitarian crisis is evolving and
constantly worrying.
In April 2016, 149,000 children were displaced in 5 Divisions in the Far North Region of
Cameroon, out of which 87,800 Cameroonian displaced, 38,900 refugees and 22,300
returning Cameroonians who were living in neighboring Nigeria. More than 3,500
children are now separated from their families and, in some cases, unaccompanied
without any adult caregiver. Among those 149,000 displaced children, only a little more
than 25,000 are receiving psychosocial support.
L’UNICEF ne peut que se réjouir au regard des efforts fournis par le Gouvernement
dans la prise en charge des enfants affectés par la crise humanitaire. La présence à
Maroua de l’Institut Camerounais pour l’Enfance (ICE), structure du MINAS avec ses
missions spécifiques de protection des enfants les plus vulnérables, est une opportunité
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unique de prise en charge des enfants affectés par ce conflit. Si les capacités de l’ICE
sont renforcées, nul doute que cet établissement pourra devenir un centre apte à
prendre en charge en urgence et conformément aux standards internationaux, les
enfants affectés par le conflit, les enfants vulnérables séparés de leurs familles et
repérés dans la rue, en mouvement, arrêtés par les forces de l’ordre ou autres acteurs.
La disponibilité d’un centre de prise en charge temporaire de transit comme l’ICE, avec
ses pleines capacités, servira à garantir que les enfants les plus vulnérables puissent
être mis à l’abri d’urgence, pris en charge de manière provisoire en vue de leur retour et
réinsertion en famille.
Je voudrais vous assurer ici de l’engagement de l’UNICEF à continuer à soutenir toutes
les initiatives qui concourent à réduire l'impact des situations de conflit et des crises sur
les enfants. Plus qu’un engagement, il s’agit pour nous, ensemble avec les autres
partenaires, de poser des actes concrets visant la protection et la promotion des droits
de tous les enfants.
Most honorable President of the National Assembly
Excellency Prime Minister, Head of Government,
The needs are still enormous and require increased collaboration, clearly defined
specific actions to respond to the specific needs of children, harmonized and coordinated
approaches within internationally agreed standards.
UNICEF is working with the Government, with communities and families, with UNHCR
and other UN agencies and NGOs like Plan Cameroon to protect children from all forms
of rights’ violations and exploitations and to prevent the increased risks in the
humanitarian crisis.
Avec ses partenaires, l'UNICEF fournit de l'eau potable et des services de santé vitaux;
aide à rétablir l'accès à l'éducation, en créant des espaces temporaires d'apprentissage
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et de protection des enfants; et fournit un traitement thérapeutique pour les enfants
souffrant de malnutrition. L'UNICEF fournit également un soutien psychosocial aux
enfants pour les aider à faire face à la détresse émotionnelle.
Parmi les actions prioritaires de protection nécessaires pour les enfants en situation de
crise, on peut aussi citer :
- La prévention et la réponse à la séparation familiale et l’enregistrement, la
recherche et la réunification familiale des enfants non accompagnés et séparés ;
- Le monitorage et le reportage des violations graves des droits des
enfants commises par Boko Haram en lien avec le mécanisme de surveillance et
de communication de l’information de la résolution 1612 en place au Nigeria ;
- Le plaidoyer pour la libération et la réintégration des enfants en détention, en tant
que victimes/suspectés d’association avec Boko Haram ;
- La prévention et la réponse (libération, démobilisation, prise en charge provisoire,
réintégration) au recrutement des enfants par la secte BH ;
- La santé mentale et l’appui psychosocial des enfants et familles affectés par le
conflit.
Au regard de tout ceci, on comprend que la réponse à cette crise humanitaire reste
gravement sous-financée. L'UNICEF appelle à un engagement plus accru des bailleurs
de fonds pour soutenir les enfants et les femmes touchés par les conflits au Nigeria, au
Niger, au Cameroun et au Tchad.
UNICEF is supporting the Governments in countries to put in place the right policies and
the right services for children.
But despite responses provided by stakeholders, the gap to be covered to fully meet the
needs is still a concern.
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To improve child protection, we need to look at the root causes of the problem. How can
we address the problem rather than just provide services? How can we change the
attitudes of people vis-a-vis these children? How can we facilitate family reintegration
and ensure access to education for all affected children?
Chers députés juniors et honorables députés du Cameroun de demain,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
L'engagement de l'UNICEF à protéger les droits de tous les enfants affectes par les
conflits et cris humanitaires ne s’arrêtera jamais. Je ne pourrais terminer mon propos
sans faire un plaidoyer en vue du respect des toutes les conventions internationales,
protocoles et principes visant la protection des enfants dans les conflits.
Je tiens également à remercier tous les partenaires locaux, nationaux et internationaux
qui apportent leur appui au quotidien à la protection et à la promotion des droits de
l’enfant au Cameroun.
Vive la Coopération Internationale !
Vive les Enfants
Pour que vive le Cameroun !
Je vous remercie de votre aimable attention.
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