Les allergies cutanées du chien - Clinique vétérinaire des Glycines

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Les allergies cutanées du chien - Clinique vétérinaire des Glycines
Les allergies cutanées du chien
!
Les dermatoses allergiques sont des maladies cutanées inflammatoires, prurigineuses
(démangeaisons), à l’origine de signes cliniques caractéristiques chroniques mais dont les
symptômes évoluent par poussées. Il existe une prédisposition génétique qui explique que
certaines races soient plus fréquemment atteintes que d’autres.
Mécanismes
Lorsque l’on parle « d’allergie » il est important de comprendre que - comme chez l’homme il s’agit d’un mécanisme faisant intervenir le système immunitaire, c’est à dire l’interaction
d’anticorps (des molécules de défense de l’organisme) et des cellules spécifiques
(lymphocytes, mastocytes…) contre des allergènes, des substances normalement tolérées par
la plupart des individus mais qui entrainent des symptômes essentiellement cutanés chez nos
animaux de compagnie. Les principales voies de pénétration des allergènes sont via la peau
(transcutanée) plus rarement par voie respiratoire ou digestive chez le chien et le chat.
Les allergènes sont le plus souvent des acariens de la poussière de maison, mais aussi des
pollens, des squames, des moisissures, des fibre textiles, des poils… mais peuvent également
être des aliments et la salive de puces ou d’autres insectes. Les acariens de la poussière sont
présents partout dans nos maisons, on en dénombre jusqu’à 300 par gramme de poussière !
Il est donc illusoire d’espérer s’en débarrasser, par contre on peut diminuer leur présence avec
des aspirations fréquentes, en aérant les pièces, en exposant les tapis et les coussins des
animaux au soleil, en évitant une humidité trop importante.
Les pollens sont saisonniers, en général d’avril à septembre, et peuvent varier du nord au sud
de la France, mais on retiendra en particulier l’ambroisie, l’armoise, le plantain, le chiendent,
le platane, le platane, le bouleau, le cyprès. Souvent, les allergies aux pollens sont croisées et
multiples. Bien sûr il est impossible d’éviter le contact avec les pollens, les vents les
dispersant partout.
Enfin, les squames (« pellicules »), poils et plumes peuvent être allergisants : chez le chat il
s’agit d’une substance sécrétée par les glandes anales que le chat s’étale ensuite sur le pelage
par léchage. Il faut donc passer un gant de toilette humide régulièrement sur le pelage de son
chat lorsqu’on y est vraiment allergique.
Chez l’homme les allergies entrainent surtout des symptômes respiratoires (asthme), digestifs
et cutanés, plus rarement généraux. Chez le chien et le chat, se sont surtout des dermatoses
(maladies de la peau) inflammatoires.
On distingue, pour simplifier, trois types d’allergie cutanée chez le chien et le chat :
- la dermatite par allergie à la salive de puces (ou DAPP) due donc aux piqûres de puces
- la dermatite atopique, liée à des allergènes environnementaux (présents autour de nous)
- l’allergie ou intolérance alimentaire, liée à l’alimentation
- l’allergie de contact est plus rare
Les trois premières causes d’allergie peuvent coexister chez un même animal et s’imbriquer,
rendant le diagnostic et le traitement plus compliqué !
Dr JL Mathet – Clinique Vétérinaire des Glycines – ORLEANS
http://www.cliniqueveterinaire-lesglycines.com/
Epidémiologie
!
Les races prédisposées sont les Terriers, les Boxers, les Labradors, les Setters, les Shar-Pei,
les Dalmatiens, les Beaucerons, les Bergers des Pyrénées, les Pékinois, entre autres. A
l’inverse, les Caniches, les Cockers et les Teckels semblent « épargnés » par les dermatoses
allergiques.
L’âge d’apparition se situe entre 1 et 5 ans, dans 80% des cas entre 1 an et 3 ans, mais les
premiers symptômes peuvent être présents dès 6 mois. Il n’y a pas prédisposition sexuelle, les
mâles sont autant atteints que les femelles.
Une aggravation en fonction des saisons est possible (incidence saisonnière), lors
d’implication des pollens, mais comme ce sont surtout les acariens de la poussière de maison
qui sont responsables, les symptômes sont souvent annuels.
Clinique
Le principal symptôme chez le chien comme le chat est le prurit, c’est à dire toutes les formes
de démangeaisons (léchage, grattage, frottements, mordillements), au départ sans lésions
visibles.
Les régions les plus atteintes sont la face, les extrémités des membres (pieds), les aisselles et
les aines, les oreilles (otites) et la région périnéale et péri-caudale. Rapidement, le prurit
entraîne des lésions dues au traumatisme que s’inflige l’animal, puis des complications
infectieuses.
Les infections secondaires dues aux bactéries (staphylocoques surtout) et à certains
champignons non contagieux (levures) sont un problème fréquent (dans 70% des cas chez le
chien allergique). Ces infections sont récidivantes et donc difficiles à contrôler, et
nécessitent des traitements longs et contraignants.
! il existe un véritable cercle vicieux entre la présence de staphylocoques et l’aggravation
des symptômes inflammatoires lors d’allergie
Lors de formes chroniques, en particulier chez le West-Highland White-Terrier, il existe des
formes généralisées sévères avec séborrhée grasse et hyperpigmentation (coloration noire de
la peau) importantes.
Chez le chat, le grattage peut être très sévère, à l’origine de véritables mutilations
invalidantes en particulier sur la face et le cou. On distingue des dermatoses croûteuses
généralisées, des pertes de poils étendues sur le ventre, les cuisses et le bas du dos, des
plaques érosives, des granulomes. Les récidives sont fréquentes, les puces jouent un rôle
déclenchant ou aggravant majeur chez nos félins.
Lors d’allergie alimentaire, les aliments les plus fréquemment incriminés sont :
- chez le chien : le bœuf, le lait, le poulet, le riz, les céréales et les additifs des
croquettes de la grande distribution
- chez le chat : le bœuf, le poulet, le poisson, l’œuf et les additifs
Rq : une otite récidivante peut-être le seul symptôme d’une allergie alimentaire !
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Diagnostic
!
Il est clinique : c’est par un ensemble de signes cutanés et une enquête soigneuse que votre
vétérinaire suspectera une allergie.
On peut pratiquer ensuite des tests cutanés (intradermoréactions) et sanguins (sérologies) qui
permettent de déterminer à quels allergènes votre animal est sensibilisé, et pourra ensuite être
éventuellement désensibilisé. Les intradermoréactions sont réalisées à la clinique, et
consistent à injecter sous la peau des petites doses de divers allergènes (acariens, pollens…),
et d’attendre quelques minutes pour voir si une réaction (rougeur, papule) se produit ce qui
peut signifier une sensibilisation. Ces tests demandent de l’expérience pour être interprétés
correctement, sinon ils n’auront aucune valeur ! Par exemple, les tests sanguins ne
fonctionnent pas à ce jour pour déterminer les allergies alimentaires même si certains
laboratoires le prétendent.
Lors de suspicion d’allergie alimentaire, on supprime pendant plusieurs semaines la ration
habituelle de votre animal, et on la remplace par un aliment de diagnostic, dit « régime
d’élimination ».
Traitement
La gestion des allergies cutanées du chien et du chat est complexe, il faut distinguer les
formes aigues et chroniques, qui nécessitent un vrai plan thérapeutique :
- d’une part, les animaux - comme nous - ne sont pas égaux face aux allergies, et
certains vont se gratter plus rapidement que d’autres, c’est la notion de seuil. Une fois ce seuil
franchi, votre animal va se démanger et aura des symptômes, en-dessous du seuil, il n’aura
aucun symptôme
- d’autre part, plusieurs causes peuvent se superposer, et chacune d’entre elle doit être
contrôlée si possible. En effet, votre animal peut-être allergique à plusieurs allergènes (de
pollens, la salive de puces, un aliment…) et chaque cause allergisante se superpose : c’est le
phénomène de sommation.
Les symptômes évoluent par poussées, les rechutes sont souvent fréquentes, source de
découragement et de doutes pour le propriétaire. Une bonne communication avec son
vétérinaire est nécessaire pour apprendre à anticiper les récidives.
Les principes généraux du traitement sont :
- d’éviter le contact avec les allergènes ou le prévenir :
* c’est possible par exemple avec la lutte rigoureuse contre les puces sur l’animal et
dans la maison,
* c’est beaucoup plus compliqué pour les acariens de la poussière de maison (aérer,
éviter les moquettes et les tapis, aspirer fréquemment),
* c’est impossible pour les pollens…
* lors d'allergie alimentaire il s’agit de croquettes et boites de gammes vétérinaires,
spécialement formulées pour limiter les réactions inflammatoires
- de renforcer la « barrière cutanée » c’est à dire hydrater et apaiser la peau enflammée en
appliquant des traitements locaux hydratants et riches en acides gras (topiques comme les
shampooings, les crèmes, les sprays) qui limitent la pénétration des allergènes
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- de calmer l’inflammation et le prurit à l’aide d’anti-inflammatoires comme les corticoïdes
oraux ou locaux (en spray), la cyclosporine, et les antihistaminiques
- limiter l’importance de la réponse inflammatoire/immunitaire aux allergènes :
* c’est la désensibilisation ou hyposensibilisation
* il s’agit de « vacciner » l’organisme en l’habituant progressivement à des doses
croissantes d’allergènes dilués, par injection régulières et progressivement espacées (chez
l’homme les désensibilisations se font par voie sub-linguale)
* les allergènes utilisés sont déterminés par les tests cutanés ou sanguins dont nous
avons parlé précédemment
* un protocole de désensibilisation dure entre 18 mois à 3 ans, les premiers résultats
sont visibles au bout de 6 mois, et le taux d’amélioration (diminution du prurit et des lésions
cutanées) est variable, environ 1/3 de bonne à excellente réponse, 1/3 de réponse acceptable et
1/3 de mauvaise réponse
- traiter les infections bactériennes et fongiques (staphylocoques, levures) qui sont très
fréquentes lors d’allergie : les antibiotiques et antifongiques oraux, et les topiques
antimicrobiens, qui sont fondamentaux dans les formes chroniques

les dermatoses allergiques reposent sur des mécanismes génétiques, immunitaires et
inflammatoires
 elles sont dues à la conjonction de plusieurs facteurs (prédispositions héréditaires,
environnement, alimentation, puces,…)
 il existe trois types principaux de dermatoses dues à des phénomènes allergiques chez le
chien et le chat : l’allergie à la piqure (salive) de puces ou DAPP, l’atopie (allergie aux
allergènes de l’environnement) et l’allergie/intolérance alimentaire, et plus rarement allergie
de contact
 certains animaux peuvent avoir une sensibilisation à différents allergènes et donc plus
d’une seule allergie : les effets s’ajoutent !
 l’allergie ou intolérance alimentaire est plus fréquente que l’on ne pense
 les symptômes sont caractéristiques, le principal étant le prurit (démangeaisons)
 ce sont des dermatoses chroniques, récidivantes évoluant par poussées
 le diagnostic est avant tout clinique, les tests allergologiques ne devant être utilisés que
pour trouver les allergènes incriminés
 l’idéal est d’éviter ou limiter l’exposition à ces allergènes = éviction (traitement anti-puces,
régimes alimentaires)
 il existe des traitements spécifiques (désensibilisation) et non-spécifiques (antiinflammatoires, cyclosporine), acides gras essentiels, antihistaminiques, et traitements locaux
visant à apaiser et protéger l’épiderme
 les corticoïdes ne sont pas la seule solution, de nouvelles molécules sont disponibles
 les infections microbiennes secondaires sont fréquentes et doivent être systématiquement
contrôlées
Les dermatoses allergiques sont des maladies complexes, qui évoluent sur plusieurs années et
qui nécessitent un dialogue régulier avec votre vétérinaire : ne vous découragez pas !
Dr JL Mathet – Clinique Vétérinaire des Glycines – ORLEANS
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