les émeutes du ramadan

Transcription

les émeutes du ramadan
LES ÉMEUTES DU RAMADAN
OCTOBRE-NOVEMBRE 2005
LE BON (Gustave)
Médecin et sociologue français (1841-1931)
<< L’anarchie est partout quand la
responsabilité n’est nulle part. >>
Source : Hier et Demain. Pensées brèves,
Flammarion, 1918.
Présentation
Rompre avec l’antiracisme,
« communisme du XXIe siècle »
« Gouverner, c’est prévoir ».
Les gouvernants d’hier qui se sont succédé depuis plus de trente ans n’ont pas
prévu les conséquences de la poursuite continue d’une immigration non
européenne, de l’échec inéluctable de l’intégration de populations de plus en plus
nombreuses, venues de plus en plus loin ; ils n’ont pas davantage prévu les
effets des déséquilibres démographiques et sociaux qui en ont résulté ; ils n’ont
pas vu, non plus, les dangers de la multiplication des zones de non-droit et du
développement d’une économie de rente dans les banlieues immigrées. Les
émeutes du ramadan 2005 sont la conséquence de cet aveuglement ; mais elles
ne sont que le premier soubresaut des conflits à venir.
Les gouvernants d’aujourd’hui peinent à voir que l’immigration noire africaine
dont le flux s’intensifie risque de créer dans l’avenir des problèmes encore plus
graves que ceux déjà observés. Ils ne veulent pas davantage accepter l’idée que
l’installation de l’islam dans les structures nationales et locales de la République
débouchera sur des revendications sans cesse croissantes d’adaptation des lois
et des coutumes françaises. Ils ne prévoient pas davantage la menace que fait
peser sur la sécurité – des aéroports, des centres d’affaires, des centres
commerciaux, des grandes surfaces – le fait de la sous-traiter à des sociétés qui
ont souvent partie liée avec les bandes des cités.
Les gouvernants croient conjurer le mauvais sort en focalisant la perception des
risques sur le danger terroriste, qui ne peut venir que d’une minorité qu’ils
pensent pouvoir isoler du reste de la population. Ils se trompent : le danger
terroriste est sans doute le plus spectaculaire que fait courir à la France l’islam
militant mais il n’est pas le seul et il n’est peut-être pas le plus grave.
Un autre danger infiniment plus profond et plus diffus existe : celui du
séparatisme intérieur.
Séparatisme territorial de basse intensité qui conduit des pans entiers du
territoire à échapper à la loi commune.
Séparatisme territorial de haute intensité qui pourrait déboucher sur des
revendications politiques visant à donner des lois différentes aux communes et
aux départements où les populations issues de l’immigration sont en passe de
devenir majoritaires : ainsi l’hypothèse d’une République islamique de SeineSaint-Denis pourrait passer pour fantaisiste si elle n’était inscrite dans les
courbes démographiques ; et le cahier des revendications de ceux qui s’appellent
« les indigènes (sic) de la République » est déjà prêt.
Ce séparatisme territorial pourrait s’appuyer sur un séparatisme social : la
révolte des damnés des sous-sols ; ceux qui assurent aujourd’hui – dans ces
lieux modernes et vulnérables que sont les aéroports et les centres d’affaires – la
sécurité, la propreté et la logistique ; ces travailleurs-là proviennent
généralement de populations issues de l’immigration et bien souvent sont dirigés
par des cadres islamiques.
Bien sûr, le pire n’est pas certain, mais il est possible, et il est singulier, que le
seul domaine dans lequel le principe de précaution ne soit pas appliqué soit celui
des politiques d’immigration.
Il y a à cela, comme à l’aveuglement des gouvernants, une raison de fond
justement dénoncée dans un moment de lucidité par Alain Finkielkraut :
« L’antiracisme est le communisme du XXIe siècle » et il fonctionne à la
perfection comme idéologie aussi totalitaire qu’incapacitante.
En ce sens, il ne peut y avoir de vrais changements dans la conduite des
politiques nationales et européennes sans rupture avec les paradigmes
dominants.
1. Reconnaître les différences et affirmer son identité
Le capitalisme partage avec le socialisme l’idée que les hommes se réduisent à
des consommateurs et des producteurs ; ce qui conduit à sous-estimer, voire à
nier, les différences de mentalités liées à la diversité des origines et des
appartenances civilisationnelles ; en ce sens, croire que les populations
musulmanes ont vocation à penser et à agir comme les Occidentaux est une
erreur ; tout comme celle qui consiste à nier les valeurs particulières de nos
racines européennes et chrétiennes.
2. Refuser la culpabilité et assumer la fierté d’être soi-même
La culpabilisation assourdissante de la France et de l’Europe est à la fois
injustifiée et incapacitante ; les Français doivent se réapproprier leur histoire –
qui leur est aujourd’hui volée – et ne pas se laisser imposer la seule mémoire
culpabilisante des minorités ethniques ou religieuses.
3. Respecter les libertés individuelles mais aussi réaffirmer la
souveraineté nationale
La politique de l’immigration est aujourd’hui abordée sous le seul angle des droits
(qui vont bien au-delà des libertés) individuels : droit au séjour, droit aux aides
sociales, droit aux soins, droit au logement ; et ce au détriment de la
souveraineté nationale qui doit fixer les règles collectives : droit d’entrée et de
rester ou non sur le sol national. Un rééquilibrage est manifestement nécessaire.
Cela suppose évidemment une rupture claire avec l’idéologie « antiraciste » qui
nie les différences tout en rendant impossible l’exercice collectif de la
souveraineté nationale.
Polémia
SOMMAIRE
Page
Présentation : Rompre avec l’antiracisme, « communisme du XXIe siècle »
5
I L’immigration en France
9
> QUELQUES CHIFFRES (I) :
-
250 000 étudiants étrangers en France…
27 500 détenus musulmans…
20 % de musulmans dans l’armée française…
2,5 milliards d’euros envoyés par les émigrés dans leur pays d’origine…
73 % des émigrés entrés en France en 2004 sont arrivés au titre du
regroupement familial…
56 % des Français, selon un sondage CSA pensent que le nombre
d’étrangers en France est trop important…
15 %, c’est la progression du marché hallal en France…
68 établissements pénitentiaires, sur 188, sont touchés par l’islamisme…
16, coefficient mutiplicateur des titres de séjour pour raison médicale…
> QUELQUES CITATIONS (I) :
-
«
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«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
Un marché planétaire du religieux est en train d’apparaître… »
Je suis toujours très surpris par la force des convertis à l’islam… »
L’académie de Versailles obtient des résultats scolaires… »
En s’attaquant au tabou du droit du sol… »
Nier la progression de l’islam en France… »
Dans les cités, la loi du plus fort prévaut… »
La recherche d’une femme française… »
La capacité du gouvernement à fixer des objectifs… »16
Rien n’arrêtera les mouvements des populations misérables… »
Ces gens viennent directement de leur village africain… »
C’est là, en détention, que se tissent des liens entre une minorité… »
Les dogmes de la laïcité et de la politique d’intégration… »
Là où il y aura des successions à assurer, je privilégierai… »
La cécité volontaire est la plus dangereuse des idéologies… »
C’est le grand phénomène de notre époque que la violence
de la poussée la islamique… »
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> LA POLÉMIA DE JANVIER : Voyage dans l’économie souterraine
du 9-3
> LES DOSSIERS (I) :
-
Sociétés multiculturelles, sociétés liberticides ?
Implantation de l’islam en France : le plan de 130 ans
Discrimination positive pour les uns ? Discrimination négative pour les
autres !
Banlieues : une économie de rente en révolte
Banlieues : déni de réalité, deni de liberté
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Page
II Les émeutes : les faits
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> QUELQUES CHIFFRES (II) :
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-
45 588 voitures incendiées…
82 % des Français ne voient pas d’amélioration depuis la crise des
banlieues…
121 personnes interpellées en flagrant délit…
> QUELQUES CITATIONS (II) :
-
« La réalité, c’est qu’on est bien loin du retour au calme et de
l’apaisement… »
« J’ai eu peur de prendre le train seule… »
« Au niveau symbolique, [l’état d’urgence] a été plutôt efficace… »
> LES DOSSIERS (II) :
-
Emeutes en banlieue, vues par la presse étrangère
Emeutes en banlieue, vues sur les sites Internet arabes
Après les émeutes, le déluge ?
Emeutes novembre 2005 : abécédaire
Les « immigrés » français font peur à Moscou
La déconstruction de la France
Une identité et un territoire
Lettre ouverte au président de la République
Christian Jelen, auteur de trois ouvrages annonciateurs des émeutes de
l’automne 2005
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III Les conséquences : coût économique et financier
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> QUELQUES CHIFFRES (III) :
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-
-
30 % de majoration des cotisations d’assurance pour
les collectivités locales
1,085 milliard d’euros consacré au programme de rénovation urbaine
600 000 travailleurs sociaux
100 millions d’euros attribués par l’Europe aux banlieues difficiles
200 millions d’euros d’indemnisation à verser par les assureurs
> QUELQUES CITATIONS (III) :
-
« S’il n’y a pas de développement autonome en Afrique… »
« Clichy-sous-Bois fait honte à notre pays… »
> LES DOSSIERS (III) :
-
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Colloque sur « Immigration et Intégration : un essai d’évaluation des coûts
économiques et financiers »
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Conclusions du colloque sur « Immigration et Intégration : un essai
d’évaluation des coûts économiques et financiers »
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–I–
L’immigration
en France
QUELQUES CHIFFRES (I)
· 250 000
C’est le nombre des étudiants étrangers en France, qui a fait un bond de 60 %
depuis 1998. Une arrivée massive qui ne traduit pas seulement l’excellence de
nos universités, mais aussi de sérieux dysfonctionnements dans le dispositif
d’accueil de ces étudiants. Josy Reiffers, ancien membre du cabinet Ferry, dans
un rapport remis en novembre 2004 à François Fillon, ministre de l’Education,
posait un diagnostic sans complaisance sur la réelle qualité de ces étudiants.
« L’Etat a trop délivré, sans trop regarder, des visas et des cartes de séjour à
des étudiants auxquels il était incapable de garantir de bonnes conditions
d’accueil (…). Certaines universités compensent la baisse des effectifs nationaux
par des recrutements abusifs d’étrangers », pour obtenir le maintien de leurs
crédits. (SOURCE : Le Figaro du 28/09/2005.)
· 27 500
C’est le nombre des détenus musulmans (soit 50 % du total des prisonniers)
qu’hébergent les prisons françaises et qui a été révélé par Pascal Clément, garde
des Sceaux, à l’occasion de la nomination officielle de Moulay El Hassan El Alaoui
Talibi, premier aumônier national des prisons. (SOURCE : F&D du 1er au
15/10/2005.)
· 20 %
C’est la proportion minimum de musulmans dans l’armée française, et les heurts
sont désormais fréquents entre hommes du rang et gradés à propos de la
pratique religieuse. D’ores et déjà, la décision a été prise par l’état-major des
armées de multiplier les postes d’aumôniers musulmans. Le ministère de la
Défense a chargé l’Institut français des relations internationales (IFRI) de
conduire une enquête sur les militaires français issus de l’immigration.
(SOURCE : F&D du 1er au 15/10/2005.)
· 2,5 milliards d’euros
C’est la somme que les immigrés installés en France ont envoyée dans leur pays
en 2004, en priorité pour aider leurs proches. Ce chiffre est donné par la Banque
de France. Les immigrés originaires du Maghreb sont ceux qui envoient le plus,
suivis par ceux du Portugal. 520 000 Marocains de France envoient de l’argent
pour 750 millions d’euros au total. Ceux nés en France gardent pour eux leurs
économies, alors que les clandestins et les prostituées transfèrent « par des
canaux non visible » une grande partie de leurs revenus. (SOURCE : Figaro
économie du 17/11/05.)
· 73 %
C'est la proportion d'immigrés, parmi ceux entrés légalement en France en 2004,
qui sont venus au titre du regroupement familial (102 600 personnes contre
100 149 l'année précédente). S'y ajoutent 13 989 étrangers admis au séjour
« en raison de liens personnels et familiaux », c'est-à-dire des clandestins
régularisés (+30 % entre 2003 et 2004), et 65 600 demandeurs d'asile, la
France restant depuis plusieurs années le pays le plus sollicité dans ce domaine.
L'immigration de travail ne concerne en revanche que 6 740 personnes, pour
l'essentiel des saisonniers employés dans l'agriculture. (SOURCE : Rapport de
l'Observatoire statistique de l'immigration et de l'intégration - Osii - cité par Le
Figaro du 24/11/2005.)
· 56 %
C’est, selon un sondage CSA réalisé pour la commission nationale consultative
des droits de l’homme sur la xénophobie, le pourcentage des Français qui
pensent que le nombre d’étrangers est « trop important » et pose un problème
pour l’emploi. 18 % lient cette question à l’insécurité. Un Français sur trois
déclare que « personnellement, il dirait de lui-même qu’il est raciste ».
(SOURCE : Le Monde du 18-19/12/05.)
· 15 %
C’est le pourcentage de progression du marché du hallal (licite, en arabe) qui
pèse trois milliards d’euros. Les cinq millions de musulmans de France
connaissent des difficultés pour se fournir en viande pour la fête de l’Aïd-el-Kebir
et les entreprises ont du mal à répondre aux attentes communautaires de plus
en plus fortes. (SOURCE : Le Figaro économie du 12/01/06.)
· 68
C'est le nombre, parmi les 188 établissements pénitentiaires français, de ceux
qui sont aujourd’hui touchés par l’islamisme. Dans le dernier rapport des
Renseignements généraux, la direction centrale des RG précise qu’ « il y a
actuellement, dans les établissements pénitentiaires français, 175 individus qui
s’adonnent au prosélytisme islamique ». Pour 70 % d’entre eux, ces prédicateurs
sont de nationalité française, le reste se répartissant entre les pays du Maghreb,
la Turquie, l’ex-Yougoslavie ou le Pakistan. Deux catégories de détenus
prosélytes inquiètent les RG : les islamistes incarcérés pour des faits de
terrorisme et les convertis à l’islam. (SOURCE : Le Figaro du 13/01/06.)
• 16
C’est le coefficient multiplicateur des titres de séjour délivrés à des étrangers
pour raison médicale : d’un millier en 2000 à 16 000 en 2004. Les directions
déparmentales des affaires sanitaires et sociales (Ddass) croulent sous les
demandes de prises en charges. A tel point que le ministère de la Santé prépare
un décret et une circulaire pour éviter les abus. (…) En Seine Saint-Denis,
département leader de l’immigration avec 30 % de population étrangère, le
nombre de demandes a été multiplié par 30 entre 1998 et 2005, de 198 à 5 900.
(…) Sur les demandes enregistrées en 2005, le taux de réponses positives ne
dépasse pas 30 %. « Derrière ces 5 900 dossiers, ce sont en fait 18 000
personnes qui sont concernées, car il y a généralement un accompagnant et un
enfant », décrypte Christian Bruel, médecin inspecteur de la Ddass de Bobigny.
(…) Les étrangers bénéficiant d’un titre de séjour pour raisons médicales
proviennent à 73,6 % du continent africain. (SOURCE : « L’immigration sanitaire
en pleine explosion », « Etrangers : De plus en plus de recalés du droit d’asile
tentent de forcer la porte du séjour en France en faisant valoir des raisons
médicales », Marie-Christine Tabet in Le Figaro du 25/01/2006.)
QUELQUES CITATIONS (I)
> « Un marché planétaire du religieux est en train d’apparaître. (…) On fait son
marché religieux sur Internet comme on fait ses courses par mail. Hier, les
prédicateurs enseignaient que l’islam se propageait par le sabre et le Coran.
Aujourd’hui, pour les plus radicaux, c’est par la bombe et l’Internet ». (SOURCE :
Gilles Képel, in Le Point du 22/09/2005.)
> « Je suis toujours très surpris par la force de conviction des convertis chrétiens
à l’islam. Qu’est-ce qu’ils y trouvent ? Une virilité et une sécurité qu’il n’y a plus
dans le christianisme ». (SOURCE : Malek Chebel, in Le Point du 22/09/2005.)
> « L’Académie de Versailles obtient des résultats scolaires “préoccupants” »,
estiment les deux inspections de l’Education nationale dans un rapport non publié
remis au ministre Gilles de Robien, en juillet. Les inspections générales estiment
que l’Académie doit gérer une population « de plus en plus hétérogène », avec
des catégories sociales qui, « dans bien des cas, ne veulent plus cohabiter et être
scolarisées ensemble ». (SOURCE : Le Monde des 25-26/09/2005.)
> « En s'attaquant au tabou du droit du sol, Baroin fait œuvre utile. Il invite à
poser de bonnes questions, à l'heure où l'immigration non voulue peut devenir
un risque pour l'équilibre démographique et un défi pour la souveraineté. Ces cas
de figure se retrouvent à Mayotte et en Guyane, où plus d'un habitant sur quatre
est un étranger en situation irrégulière. La maternité de Mamoudzou, à Mayotte,
est devenue la première de France avec 7 500 naissances par an. 80 % des
mères y sont en situation irrégulière. Il faut écouter les élus locaux. Antoine
Karam, président (PS) du conseil régional : “Nous sommes au bord de la rupture
de l'équilibre sociologique de la population guyanaise.” Mansour Kamardine,
député (UMP) de Mayotte : “Mayotte croule sous le poids de l'immigration et est
en train de sombrer.” Certains, comme le sénateur Georges Othily, n'hésitent pas
à parler de “génocide par substitution du peuple guyanais”, tandis que d'autres
dénoncent des “invasions”. Le mur bétonné du politiquement correct est en train
de rompre sous la pression des réalités. Les citoyens des DOM souffrent de
l'immigration imposée et posent crûment le problème inabordable du contenu de
la nationalité. Un tel sujet mérite mieux que les cris d'orfraie des moralistes du
moment. (…) La droite, naguère si peu téméraire, a enfin décidé de dire m… au
terrorisme intellectuel. Le plus dur est fait. (…) François Baroin, proche de
Jacques Chirac, avait déclaré précédemment : “Le droit du sol ne doit plus en
être un.” Mais cette réflexion doit aussi s'engager concernant la métropole ellemême. » (SOURCE : Yvan Rioufol, Bloc-notes du Figaro du 23/09/2005.)
> « Nier la progression de l'islam en France depuis trente ans relève de
l'amnésie, du mensonge ou de l'inconscience (…). En tant que musulman,
j'affirme que l'islamisme ne peut naître que de l'islam. En tant que musulman,
j'affirme que l'intégrisme musulman ne peut naître que de l'islam. En tant que
musulman, j'affirme que l'islamisme est générateur de terrorisme et je défie
quiconque de me démontrer le contraire. (…) Nier cette réalité est avant tout
prendre position contre la majorité des musulmans lucides qui n'aspirent pas au
djihad, et privilégier la takia largement utilisée par les islamistes : faire la guerre
en feignant de promouvoir la paix. » (SOURCE : Kébir Jbil, président du
Mouvement des Maghrébins laïcs de France, proche de la gauche, cité par Le
Figaro du 23/09/2005.)
> « Dans ces cités, la loi du plus fort prévaut. Les filles que leur clan ne protège
pas sont réellement en danger. Comme “les Gauloises”, qui, considérées comme
des filles faciles, subissent un véritable racisme. Corinne, blonde aux yeux clairs,
a même pensé se convertir à l'islam “pour avoir la paix”. Petite, elle rêvait
d'amour. Son prince charmant l'a finalement coincée dans le local à poubelles.
Elle avait douze ans. Le lendemain, la mère de l'agresseur ouvrait “son dossier”,
en lui fabriquant une réputation de traînée. Dès lors, Corinne est devenue une
pestiférée. Elle a grandi, seule, constamment menacée de viol, supportant les
insultes et les propositions scabreuses. Et n'en a jamais rien dit à ses parents, un
ménage surendetté. Partout, par peur des représailles, le silence prévaut. » (« Le
calvaire sexuel des filles dans les cités », Cécilia Gabizon, in Le Figaro du
4/10/2005.)
> « La recherche d'une femme française est une activité importante des réseaux
islamistes. Cela pour des raisons évidentes : elles permettent d'obtenir des
papiers en règle et peuvent donner un coup de main discret. Certaines n'ont pas
hésité à suivre leur homme jusque dans les pays de djihad. » (Un policier
spécialisé dans la lutte contre l'activisme islamiste, « Des Françaises converties
enrôlées dans les rangs du djihad » in Le Figaro du 5/10/2005.)
> « La capacité du gouvernement, sous contrôle du parlement, à fixer des
objectifs quantitatifs d’immigration » devra être renforcée, vient de dire Claude
Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, dans une note destinée à ses
services dans le cadre de la préparation d’un avant-projet de loi sur
l’immigration. Ce texte devra également avoir pour objet de « mieux maîtriser
l’immigration familiale », de « promouvoir une immigration choisie d’étudiants »
et de lutter « contre les détournements de procédure, s’agissant notamment des
étrangers malades ». (SOURCE : Le Monde du 7/10/2005.)
> « Rien n’arrêtera les mouvements des populations misérables vers un Occident
vieux et riche. (…) C’est pourquoi la sagesse, la raison, consiste désormais à
faire comme si nous allions recevoir de plus en plus d’émigrés dont il faut
préparer l’accueil, leur répartition dans le pays et la possibilité de les traiter
dignement. (…) Il faut se faire à l’idée que les nations ne seront plus ce qu’elles
sont aujourd’hui, mais ce que les immigrés, progressivement, contribueront à en
faire. En bien. Ou en mal. » (Jean Daniel, « Le siècle des émigrés », Le Nouvel
Observateur, 13-19 octobre 2005.)
> « Ces gens, ils viennent directement de leurs villages africains. Or la ville de
Paris et les autres villes d'Europe, ce ne sont pas des villages africains. Par
exemple, tout le monde s'étonne : pourquoi les enfants africains sont dans la rue
et pas à l'école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent pas acheter un
appartement ? C'est clair, pourquoi : beaucoup de ces Africains, je vous le dis,
sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et 25
enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements mais
Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues. (…)
Pendant des années le gouvernement n'osait même pas appeler ces gens des
“hooligans” : ce mot n'était pas autorisé. Lorsque Nicolas Sarkozy les a appelés
“voyous” et “racailles”, ces jeunes gens, ces chéris, ont demandé qu'il s'excuse.
En France, nous avons une abominable manie des excuses. (…) Oui, la télévision
russe ne fait que suivre Poutine pas à pas. Mais la télévision française est
tellement politiquement correcte que cela en est un cauchemar. Nous avons des
lois qui auraient pu être imaginées par Staline. Vous allez en prison si vous dites
qu'il y a cinq juifs ou dix Noirs à la télévision. Les gens ne peuvent pas exprimer
leur opinion sur les groupes ethniques, sur la Seconde Guerre mondiale et sur
beaucoup d'autres choses. On vous juge tout de suite pour infraction. (…) Le
politiquement correct de notre télévision est presque comme la censure des
médias en Russie. » (Hélène Carrère d'Encausse, interviews à la chaîne de
télévision russe NTV le 13 novembre 2005 et à l'hebdomadaire Moskovskie
Novosti, citées par Libération du 15/11/05.)
> « C'est là, en détention, que se tissent effectivement des liens entre une
minorité d'activistes islamistes, soit une centaine de détenus, et d'autres
individus ancrés dans la délinquance, qui trouvent ou retrouvent le chemin de la
religion sous sa forme radicale. Nous en constatons les effets sous la forme d'un
prosélytisme fort et d'actes de provocation : les prières pendant les promenades,
les détériorations de bibles dans les bibliothèques ou des sapins au moment de
Noël. (…) La surveillance (des mosquées) est essentielle, moins à cause de ce
qu'il se dit que des rencontres faites dans les parages. Sur 1 700 lieux de culte
recensés il y a un an, 75 avaient fait l'objet d'une tentative de déstabilisation. La
moitié avait résisté, l'autre avait été conquise par les radicaux. Depuis le mois
d'octobre 2003, 31 activistes ou prêcheurs radicaux ont été expulsés. Une
dizaine d'imams restent aujourd'hui dans notre collimateur. L'influence étrangère
est toujours forte. (…) On admet généralement qu'il y a 5 millions de musulmans
en France. Environ 200 000 sont des fidèles pratiquants. Les salafistes
représentent quelque 5 000 personnes. Les convertis sont environ 1 600, selon
notre recensement. Environ 1 sur 4 est engagé dans l'islam radical. En cinq ans,
le salafisme a fait autant de convertis que le mouvement Tabligh en vingt-cinq
ans. Le processus est souvent très rapide et offre à des gens déstructurés une
nouvelle façon d'organiser leur vie, avec des perspectives spirituelles et
sociales. » (Pascal Mailhos, directeur général des Renseignements généraux,
interview au Monde datée du 25/11/05.)
> « Les dogmes de la laïcité et de la politique d’intégration ont été poussés
jusqu’à l’absurde (…). Ainsi depuis plus de trente ans se rassemble dans les
tristes cités-dortoirs des métropoles françaises une population étrangère ou
dépossédée de son identité, marginalisée, défavorisée, victime de discrimination
et sans aucune chance de formation. » (SOURCE : Der Spiegel dans sa revue de
fin d’année, cité par Le Monde du 28/12/05.)
> « Là où il yaura des successions à assurer, je privilégierai les femmes et les
gens issus de l’immigration », a lancé à la cantonade [Nicolas Sarkozy] le
numéro deux du gouvernement, jetant un froid parmi ses collègues. [Cet]
avertissement [était destiné aux] ministres (Jean-François Lamour et Philippe
Bas notamment) en quête d’une circonscription en 2007. (SOURCE : Le Figaro du
20/12/05.)
> « …la cécité volontaire est la plus dangereuse des idéologies. Or, il faut se
rendre aveugle pour ne pas percevoir à quels malheurs et à quels excès
désordonnés nous mènent l’arrivée massive d’immigrés non européens et leur
regroupement dans certains quartiers qui se transforment en zones interdites.
Ici, la clandestinité porte atteinte non seulement à l’identité, mais d’abord à
l ‘indépendance nationale. Elle signifie tout simplement que la France n’est plus
maîtresse de ses frontières, en d’autres termes qu’elle est privée d’une part
essentielle de sa souveraineté sans y avoir renoncé par une décision de son
gouvernement et un vote de son parlement. » (SOURCE : Maurice Schumann de
l’Académie française, ancien ministre des Affaitres étrangères, in Une grande
imprudence, Flammarion 1986.)
> « C'est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée
islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de
l'islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de
Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles. (...) Les
formes variées de dictature musulmane vont s'établir successivement à travers le
monde arabe, (...), l'Afrique noire ne restera pas longtemps insensible à ce
phénomène (et) le monde occidental ne sembleguère préparé à affronter le
problème.(...) Politiquement, l'unité de l'Europe est une utopie. Il faudrait un
ennemi commun pour l'unité politique de l'Europe, mais le seul ennemi commun
qui pourrait exister serait l'islam. » (André Malraux, citations de 1956 et 1974
reprises dans « Enquête sur la montée de l'islam en Europe » in L’Express du
26/01/06.).
LA POLÉMIA DE JANVIER
31 janvier 2006
Voyage dans l’économie souterraine du 9-3
Audition d’un
criminelles
praticien
de
la
sécurité
publique
et
des
enquêtes
Il ne s’agit pas d’une étude généraliste de plus sur les violences urbaines et
autres formes de criminalité qui gangrènent les banlieues françaises. Je vous
propose de partir du terrain en vous offrant une plongée dans l’économie
souterraine du « 9-3 ». Pourquoi la Seine-Saint-Denis ? Parce que ce territoire
symbolise la « France africaine » (J.P. Gourevitch) en devenir et qu’il a constitué
l’épicentre des émeutes urbaines du mois de novembre 2005. Comme l’a indiqué
Polémia à cette occasion, nous avons bel et bien assisté à la révolte d’une
« économie de rente ».
Explications.
1. Anthropologie socio-économique du 9-3
Pour bien comprendre la situation, il faut avoir à l’esprit quelques chiffres. Le
« 9-3 » (ou « 9 cube »), c’est :
1.1
Une population nombreuse : 1,4 million d’habitants.
1.2
Une immigration massive : 26 % d’étrangers officiels en 2003 (disposant
d’un titre régulier de séjour), mais 45 % à Aubervilliers, 42 % à Clichy-sousBois, 40 % à Saint-Denis (berceau du royaume de France, à ce titre notre
Kosovo)…
1.3
De très nombreuses communautés : africaines, bien sûr (maghrébines et
sub-sahariennes), mais aussi des Portugais, des Chinois (dont le nombre
explose, notamment à Aubervilliers et Montreuil), Indo-pakistanais, Sikhs, Roms,
Gitans yougoslaves…
1.4
Une population jeune : 30 % de moins de 20 ans (37 % à Clichy-sousBois) et 37 % de moins de 25 ans.
1.5
Une situation socio-économique fragile : 51 000 RMIstes (1er département
français pour le nombre d’allocataires du RMI), 15 % de chômeurs, 50 % des
foyers connus des services fiscaux ne payant pas d’impôts…
1.6
Un taux de criminalité important : 96 ‰ pour une moyenne nationale de
60 ‰ (4 e département français), sachant que ce chiffre ne reflète pas la gravité
de la situation : au-delà du « chiffre noir » de la délinquance (actes ne faisant
l’objet d’aucune plainte), qui est commun à l’ensemble du territoire national mais
est particulièrement prégnant en Seine-Saint-Denis où prédomine un sentiment
de peur et d’abandon, la délinquance locale s’exporte beaucoup en direction de
territoires et de populations jugés plus « rentables » (Paris et Grande Couronne).
1.7
Des territoires en sécession : une trentaine de « cités sensibles »
gangrenées par la fraude et les trafics, vivant essentiellement de l’économie
souterraine.
2. Le trafic de drogue
2.1
Un trafic à grande échelle : il est au cœur des cités, où les petits dealers,
ceux qui font la sortie des écoles et des métros, viennent s’approvisionner.
Il s’agit essentiellement de la résine de cannabis, qui repose sur une organisation
précise et bien huilée, du dealer au grossiste et à l’importateur. Celui-ci est en
contact direct avec les producteurs (essentiellement du Rif marocain) et dispose
de réseaux et de moyens matériels permettant le trafic international, depuis le
Maroc jusqu’en France en passant par l’Espagne. C’est lui qui organise la
traversée maritime, le stockage en Espagne et la remontée en France, par poids
lourds et plus généralement par le système du « go fast » : 3 à 5 véhicules de
forte cylindrée, avec de grosses capacités de stockage (Porsche Cayenne, BMW
X5, Audi S4…) roulant en convoi à 200 km/h sur les autoroutes du sud de la
France… En l’état actuel de la législation sur l’usage des armes, l’administration
n’a pas encore trouvé le moyen d’intercepter ce type de convois !
2.2
Un trafic extrêmement rémunérateur et corrupteur.
La consommation hebdomadaire de résine de cannabis en Ile-de-France est
estimée à 5 à 6 tonnes.
Une « barrette » (de l’ordre de 4 grammes de résine de cannabis) est vendue
15 €, une savonnette (250 g.) 500 €, un kg 1 500 €, avec un bénéfice par kilo de
800 € pour un dealer de cité.
Un trafic de cité normal écoule entre 20 et 40 kg par semaine, soit un chiffre
d’affaires de 200 000 € et un bénéfice de 100 000 € par mois, à répartir entre 20
à 30 personnes concernées (y compris ceux qui prêtent un véhicule, un logement
pour le stockage, un compte bancaire pour le blanchiment, etc.).
Les revenus directs s’échelonnent entre le chef du réseau (20 000 €/mois), le
dealer (5 000 €/mois), le guetteur (20 € pour 3 heures), etc.
L’argent généré permet surtout d’arroser tout un réseau pour assurer la sécurité
du trafic, soit 150 à 250 personnes par cité : si le cercle familial du chef de
réseau est le réceptacle naturel du bénéfice du trafic, il existe une dilution très
importante du cash qui permet à beaucoup de gens d’accéder à un niveau de vie
de cadres moyens sans jamais travailler.
3. Vols, recel et trafics
3.1
Le trafic de véhicules et de pièces détachées.
Il concerne absolument toutes les cités. Il a un double objet :
– Un vol qui sert à commettre d’autres crimes et délits (« go fast », braquages,
cambriolages, etc.) ;
– Un vol qui alimente un marché de la revente (marché local et marché
d’exportation : Maghreb mais aussi Europe de l’Est et balkanique), qui constitue
un trafic particulièrement rémunérateur et facile dès lors que l’on dispose de
cartes grises…
3.2
Le recel et la revente de matériels volés.
Avec ses énormes dépôts de fret (Garonor, Roissy…), le « 9-3 » est le terrain de
chasse idéal pour les braquages de camions, le cambriolage d’entrepôts, de
magasins, d’entreprises…
Le matériel volé (informatique, hi-fi, téléphones portables et vêtements sport…)
alimente à la fois la cité, les marchés locaux (véritables souks, quasiment
impénétrables pour un Européen), les puces (Montreuil, Saint-Ouen) et le
« marché aux voleurs » parisien (sous le métro aérien au niveau de la station
Barbès), voire les magasins amis (Phone House en particulier).
3.3
Le trafic de faux papiers et faux documents.
La fausse identité, qui permet au même voyou de démultiplier les fraudes et
délits, est particulièrement courue.
La fausse carte de séjour ou carte d’identité se monnaie 500 €. Une officine de 3
personnes, qui en produisait 50 par semaine (soit 25 000 € de chiffre d’affaires
hebdomadaire…) a été récemment démantelée.
Le nec plus ultra est le « vrai faux papier », à savoir un papier authentique
(permis de conduire, carte grise, carte de séjour, etc.) obtenu à partir de faux
documents.
Sont également recherchés de nombreux faux apparemment plus anodins (fiches
d’imposition, bulletins de salaire, contrats de travail…) mais qui permettent
l’obtention de prêts bancaires (essentiels pour le blanchiment), d’indemnités de
chômage (y compris quand on est trafiquant de haut niveau), de pensions
d’invalidité, etc.
3.4
Les autres trafics.
Le trafic de cigarettes se développe d’autant plus rapidement qu’il est juteux et
peu réprimé.
Les contrefaçons, réalisées sur place ou importées, touchent l’ensemble des
secteurs économiques (vêtements de marque, pièces détachées…).
Les machines à sous infestent toute la banlieue et le nord de Paris : chaque
machine rapporte 4 000 €/mois à son placier et autant au cafetier, qui voit de
surcroît sa clientèle augmenter.
4. L’économie de la fraude
4.2
Un mal endémique.
Une partie importante, mais impossible à quantifier, de la population du « 9-3 »
vit de la criminalité, de la délinquance et des fraudes de toute nature : au-delà
des revenus des grands trafics comme la drogue, des familles entières dépendent
de la fraude pour obtenir des prestations et allocations sociales ou du travail (au
noir).
Des secteurs économiques entiers, tenus notamment par des Maghrébins ou des
Chinois, reposent sur la fraude (absence de déclarations fiscales et sociales, nonrespect des versements Ursaff ou des réglementations sanitaires, etc.) : des
commerces et restaurants (tout particulièrement les « kebabs »), des entreprises
(ainsi des sociétés de sécurité qui, par le jeu de la sous-traitance courant dans ce
secteur, voient par exemple des vigiles étrangers en situation parfaitement
irrégulière assurer la sécurité de Roissy, 1re porte de l’immigration en France…).
4.1
Où va l’argent ?
La criminalité génère un flux considérable d’argent, essentiellement liquide, à réinjecter dans les circuits légaux.
Le trafic de drogue est le principal producteur de cet argent sale : une partie est
réinjectée au Maroc, notamment par le biais d’investissements immobiliers (10
milliards d’€ par an, soit autant que le chiffre d’affaires du tourisme, d’où les
réserves des autorités du pays à s’engager pleinement dans la répression du
trafic). Mais la majeure partie du produit du trafic est investie en France, dans
l’immobilier (via des SCI généralement) et surtout dans les commerces de toute
nature, qui ont le double avantage de présenter une façade honnête et légale et
d’éponger de grandes quantités d’argent liquide (pizzeria halal, kebabs, garages,
boutiques de téléphonie à l’étranger, salons de coiffure, cafés, magasins de
vêtements, blanchisseries, sociétés de sécurité, petits commerces de marché,
etc.).
5. L’impact sur l’organisation de la société et sur l’Etat en particulier
L’Etat ne sort pas indemne de cette situation criminelle.
Les délinquants bénéficient d’entrées privilégiées dans les préfectures (services
des étrangers, des cartes grises, des permis de conduire…), car de nombreux
agents (essentiellement de catégorie C) sont recrutés localement et ne résistent
pas à l’appât du gain, aussi modeste soit-il a priori. On retrouve le même
phénomène parmi les forces de l’ordre « à l’image de la population » : le
mélange d’une solidarité de fait avec les délinquants et d’une mentalité où ne
prédomine pas spontanément le sens de l’Etat pose trop souvent un problème de
fiabilité des recrues.
La justice n’est pas épargnée. Ainsi le parquet de Bobigny, qui s’est notamment
illustré par une affaire de corruption touchant le vice-procureur il y a quelques
années, et plus récemment l’arrestation du greffier en chef, responsable des
scellés, qui se livrait au trafic de stupéfiants en écoulant les saisies… D’autres
affaires ont touché des fonctionnaires de l’OFPRA ou du service des étrangers à
Nantes… C’est donc, à partir de la population et des territoires concernés,
l’ensemble de la société, et jusqu’à ses institutions de contrôle et de régulation,
qui est aujourd’hui frappée au cœur.
Si le tableau peut paraître sombre, il n’est ni excessif, ni exhaustif. Il est à
craindre que les problèmes soient largement devant nous. Le temps joue
indubitablement contre le retour à l’ordre dans ces « territoires perdus de la
République ».
© Polémia
31/01/06
Bibliographie sommaire :
Xavier Raufer : « Violences et insécurité urbaines » (avec Alain Bauer), Que sais-je ?,
janvier 2005 ; « Le crime organisé » (avec Stéphane Quéré), Que sais-je ?, septembre
2005.
Jean-Pierre Gourevitch : « L'Economie informelle : De la faillite de l'Etat à l'explosion des
trafics » (Le Pré aux Clercs, mars 2002) et « La France africaine » (Le Pré aux Clercs, mars
2000).
Serge Latouche (sous l’angle de la justification des aspects informels de l’économie
moderne) : « L’autre Afrique, entre don et marché » (Albin Michel, oct. 1998), « Survivre
au développement : De la décolonisation de l'imaginaire économique à la construction
d'une société alternative » (Mille et une nuits, oct. 2004), « Décoloniser l'imaginaire : La
Pensée créative contre l'économie de l'absurde » (L’Aventurine, sept. 2003).
Réponses aux questions
1/ La criminalité est aussi un facteur de stabilisation sociale et d’enracinement
démographique des populations concernées : les cités les plus gangrenées ont
également été les plus calmes en novembre 2005. Lors de ces émeutes, seule la
moitié des cités du 9-3 se sont embrasées, et c’étaient les moins organisées…
2/ Les rapports criminalité/islam relèvent davantage du voisinage que de
l’influence réciproque. Sauf dans quelques cas bien ciblés relevant en général du
grand banditisme (ex : braquage de DABistes), il n’y a guère de contacts
« professionnels ». L’islam est un marqueur identitaire pour bon nombre de
délinquants maghrébins ; en aucun cas on ne peut estimer, sauf de façon
théorique, que l’islam est un facteur pacifiant qui permettrait de limiter, a fortiori
de juguler, la délinquance et la criminalité endémique des territoires concernés.
3/ Au-delà de l’aspect strictement criminel, la drogue provoque un double
dommage d’ordre sociétal dont on ne parle jamais :
- sanitaire (le risque pour une génération d’élèves qui s’y adonnent, au
moins de façon occasionnelle) ;
- économique (le transfert massif de propriété en faveur d’une fraction
spécifique de la population hexagonale…).
LES DOSSIERS (I)
Sociétés multiculturelles, sociétés liberticides ?
Dans le prolongement de la Renaissance, les XVIIe et XVIIIe siècles ont refondé
les libertés européennes : liberté de la personne avec l’habeas corpus, liberté de
conscience, liberté d’opinion, d’expression et de recherche.
C’est dans ce prolongement que les révolutions, anglaise, américaine et française
ont posé les principes de liberté aujourd’hui encore en vigueur dans les grandes
démocraties occidentales.
Or la transformation des sociétés européennes et américaines en sociétés
multiculturelles et multiraciales change la donne. En Angleterre, la fin de l’habeas
corpus est programmée. En France, la liberté d’expression est mise sous
surveillance. Aux Etats-Unis, la communautarisation des relations du travail est
judiciarisée.
Explications :
1. Angleterre : la fin de l’habeas corpus
Dans la suite des sanglants attentats de Londres, l’affaire de l’innocent Brésilien
tué à bout portant par la police – a révélé que Scotland Yard avait reçu des
instructions autorisant le tir « préventif » sur les suspects de terrorisme. Et le
gouvernement de Tony Blair a préparé une loi sur le terrorisme – suscitant, il est
vrai débat – portant le délai de garde à vue… à 3 mois. Il est lourd de sens que
ces deux faits soient survenus au pays de l’habeas corpus !
Ils sont d’autant plus surprenants que le terrorisme n’est pas un phénomène
nouveau en Grande-Bretagne : depuis près de 40 ans le terrorisme irlandais y
est présent. Tout comme l’Espagne a dû faire face au terrorisme basque, la
France au séparatisme corse sans parler du terrorisme d’extrême gauche, des
Brigades rouges (Italie), de la Fraction Armée rouge (Allemagne) ou d’Action
directe (France).
Certes ces terrorismes classiques à finalités politiques (construire un Etat
nouveau ou changer de société) ont été combattus et dans certains cas ont
suscité des adaptations législatives mais sans que globalement les principes
fondamentaux concernant les libertés de la personne soient remis en cause. Il en
va différemment avec le terrorisme islamique qui présente la double
caractéristique d’être à la fois domestique (ceux qui le pratiquent habitent le
pays qu’ils frappent et en ont parfois la nationalité) et étranger (par la mentalité
qu’il véhicule et les techniques qu’il utilise).
Il y a en effet trois différences majeures entre le terrorisme classique et le
terrorisme islamique :
a) le terrorisme classique a des objectifs politiques et inscrit son action dans la
rationalité occidentale ; il peut donc faire l’objet d’analyses rationnelles voire
permettre l’existence d’un espace de négociation ; il en va différemment du
terrorisme islamique qui est un cri de douleur de masses délocalisées et
déracinées dont le centre est partout et la circonférence nulle part ; il n’ouvre
pas d’espace à la négociation ;
b) le
terrorisme islamique
ne réserve
pas ses attaques à des objectifs
« politiques » ou « militaires », il choisit principalement des cibles civiles.
c) le terrorisme islamique utilise une arme particulière, le kamikaze, dont le
mode opératoire rend évidemment plus difficile les actions de prévention et de
neutralisation.
Ces trois différences majeures du terrorisme islamique avec le terrorisme
classique expliquent que, pour le combattre, les Etats démocratiques sont portés
à s’écarter de leurs lois traditionnelles et à se rapprocher des règles de l’état
d’urgence pour faire face à des situations d’exception, perçues comme des
situations de guerre. La notion de « guerre au terrorisme » porte en elle-même
le germe d’un abandon de l’Etat de droit classique. Abandon d’autant plus grave
qu’il est mis en œuvre à l’intérieur du territoire des démocraties et que par souci
de non-discrimination il s’applique à toutes les populations, y compris celles qui
par leur culture ne peuvent pas être les vecteurs du terrorisme islamique.
2. France : la liberté d’expression sous surveillance
Que penser d’un pays qui défère devant ses tribunaux pour délit d’opinion des
écrivains, des professeurs d’université ou de collège, des sociologues, des
parlementaires, des journalistes, des humoristes, des chanteurs, des maires ?
Que penser de ce pays où les condamnations pour délit d’opinion peuvent être
symboliques mais déboucher aussi sur des amendes importantes ou des
interdictions civiques ou professionnelles voire la prison ?
Ce pays auquel nous pensons ici ce n’est pas la Corée du Nord ou Cuba, la Chine
ou la Russie, c’est la France. Au cours des derniers mois la liste des personnalités
déférées devant des tribunaux ou jugées pour leurs propos est impressionnante.
Il s’agit du sociologue Edgar Morin, de l’essayiste et ancien député européen
Samir Naïr, de l’universitaire Danièle Sallenave, de l’écrivain italien Oriana
Fallaci, de Michel Houellebecq, du rappeur « Monsieur R », du professeur
d’histoire Louis Chagnon, des députés Philippe de Villiers et Christian Vanneste,
de l’écrivain Jean Raspail, du journaliste Daniel Mermet, de l’animateur de
télévision Marc Olivier Fogiel, de l’ancien patron de France 2 Marc Tessier, du
maire UMP d’Emerainville Alain Kelyor et de l’humoriste Dieudonné. Cette liste
est incomplète, elle n’en est pas moins impressionnante. Cet ensemble de
personnalités – de gauche, de droite ou du centre, intellectuels ou artistes,
politiques ou universitaires – a pour point commun d’avoir été poursuivi au titre
de la loi Pleven/Gayssot/Perben) pour incitation « à la haine ou au racisme ».
Nul, bien sûr, n’est obligé de partager leur propos : on peut trouver bien lourdes
les provocations de Dieudonné, excessives les analyses d’Oriana Fallaci sur
l’Islam, injustes pour l’Etat d’Israël les points de vue de Daniel Mermet ou
d’Edgar Morin et grossières les strophes de « Monsieur R » pour qui « la FranSSe
est une garce, n’oublie pas de la baiser jusqu’à l’épuiser comme une salope ». Il
n’en reste pas moins que l’encombrement des bancs des tribunaux correctionnels
par des personnalités aussi diverses à qui le seul reproche fait concerne leurs
propos ne manque pas de mettre mal à l’aise. Car ce qui est demandé ici aux
tribunaux c’est de juger des délits d’intention, des délits de mauvaise pensée. Le
plus grave sans doute étant que la loi Perben II a abandonné, pour ce type
d’affaires, les règles procédurales protectrices de la grande loi sur la presse de
1881 : bref, un bond en arrière, en matière de liberté, d’un siècle et demi !
Tout ceci est inspiré par une bien-pensance faite de bons sentiments : prévenir
tout ce qui pourrait passer pour « des incitations à la discrimination, à la haine, à
la violence, envers des personnes à raison de leur appartenance à une ethnie,
une nation, une race ou une religion ».
Or dans une société où les difficultés de coexistence entre communautés
différentes s’accroissent, la tendance est d’incriminer de plus en plus de propos,
de plus en plus d’écrits, de plus en plus de personnes, ce qui débouche sur une
nouvelle pudibonderie défendue par la loi, comme en d’autres temps les lois
protégeaient les croyances religieuses du blasphème.
Or cette évolution s’est faite grâce à des lois multiples généralement votées à
l’unanimité ou à la quasi-unanimité.
Ce qui est plus grave encore c’est que cette volonté de contrôler les expressions
semble acceptée par l’opinion publique. C’est ainsi qu’un sondage TNS/Figaro du
24/25 août 2005 affirme que 77 % des Français (contre 20 %) jugeaient
« inacceptable » de « critiquer une religion ».
Si ce sondage reflète la réalité, il révèle que l’opinion a intégré l’idéologie
dominante visant à gommer les oppositions de culture, de religion, de
civilisation, de crainte de voir de légitimes critiques déboucher sur des conflits.
Cette forme d’autocensure n’en est pas moins préoccupante.
Renoncer à toute critique des religions n’est-ce pas la négation de la vitalité dans
la double mesure où l’arborescence religieuse s’est construite par la critique ou la
révision des religions préalablement existantes et où le monde moderne s’est
édifié à partir de la libre critique des dogmes religieux ?
Là encore le nouveau conformisme, s’il est la marque du succès du formatage de
l’opinion, n’en représente pas moins une formidable régression des libertés de
l’esprit.
3. Aux Etats-Unis : des
judiciarisées
relations
du travail communautarisées
et
Aux Etats-Unis, la politique dite de discrimination positive, en fait, de
discrimination forcée en faveur des minorités, conduite notamment dans les
universités et pour l’accès à l’emploi, est mise en œuvre depuis près de 40 ans.
Contestée dans certains Etats, elle n’en est pas moins appliquée avec une
sévérité de plus en plus grande. On assiste ainsi à une communautarisation des
relations du travail : une certaine proportion des divers emplois devant être
attribuée selon des critères collectifs et non individuels aux représentants des
différentes minorités raciales, et plus particulièrement aux Afro-Américains.
Cette communautarisation, qui consiste à juger en bloc la légalité de la politique
d’emploi des firmes, est de plus en plus soumise au contrôle des juges : chaque
année la commission pour l’égalité d’accès à l’emploi défère en effet plus de 400
cas devant les tribunaux. Ceci ne représente d’ailleurs qu’une partie de la réalité
puisque beaucoup d’entreprises préfèrent négocier préventivement avec les
représentants des minorités pour éviter des procès. C’est ainsi que la SODEXHO
vient d’accepter de verser près de 80 millions de $ de dommages et intérêts à
ses 4 000 employés noirs pour éviter un procès aussi spectaculaire que coûteux.
4. Angleterre, France, Etats-Unis : un recul massif des libertés
Ainsi dans les trois grandes démocraties modernes le recul des libertés est
manifeste. Certes, il ne porte pas partout sur les mêmes sujets. La liberté
d’expression reste quasiment intacte en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis (où
elle est protégée par le Premier Amendement de la Constitution). L’habeas
corpus n’est pas remis en cause en France. Et la judiciarisation de la
communautarisation des relations du travail n’est encore qu’embryonnaire en
France et en Grande-Bretagne.
Il n’empêche que si on cumule les évolutions majeures observées aux Etats-Unis,
en France et en Grande-Bretagne on aboutit à la mise en œuvre de pratiques
liberticides : au nom de la défense de l’harmonie des sociétés multiculturelles, ce
sont des politiques multitotalitaires qui se mettent en place.
Andrea Massari
© Polémia
6/10/2005
LES DOSSIERS (I)
Implantation de l'Islam en France : le plan de 130 ans !
Henri Pena-Ruiz, un des vingt « sages » de la commission Stasi sur la laïcité, et
Jean-Pierre Brard, député-maire de Montreuil, ont entamé fin mai un « Tour de
France de la laïcité » dont le but n'a en définitive d'autre objet que d'attaquer le
christianisme et, surtout, de préparer dans les esprits le financement public du
culte musulman. Un véritable tour de force, tant les thèses défendues sont a
priori antinomiques.
Ce « Tour de France » est réalisé par une série de conférences paisibles au ton
convenu et évidemment très politiquement correct à peu près sans intérêt sauf
celui, et il est de taille, de dévoiler au passage comment les impôts des Français
financeront un vaste plan de construction de mosquées partout dans le pays.
Afin d'éviter toute confusion, il faut préciser que, malgré ses concepteurs, ce
plan ne tient en rien du type soviétique (calendrier, objectifs) ; il vise
simplement à permettre l'établissement autonome d'une multitude d'associations
cultuelles musulmanes avec leurs mosquées propres. Ce plan dépasse de loin les
seuls intérêts électoralistes dont on pourrait aisément taxer leurs promoteurs :
son achèvement final est prévu dans 130 ans ! Cette durée donne à elle seule la
mesure de leur sectarisme et la profondeur stratégique avec laquelle ils
comptent le mettre en œuvre.
J.-P. Brard est sans doute le principal architecte de ce plan car il en a déjà
effectué le premier essai sur sa commune, finançant ainsi une mosquée et une
synagogue. Le montage juridico-financier envisagé, remarquablement subtil, ne
nécessiterait même pas une modification de la fameuse loi de 1905 qu'il
s'empresse de défendre ardemment.
Voici la manière dont il devrait se dérouler :
1. La communauté musulmane déterminée se constitue en association cultuelle
au même titre qu'une association paroissiale.
2. La mairie, propriétaire d'un terrain, conclut avec cette association un bail
emphytéotique à 130 ans pour la jouissance de ce terrain et accorde le permis de
construire la mosquée. Elle prévoit également l'achat par la communauté
cultuelle du terrain à l'issue de ce bail à un prix convenu par avance.
3. L'association cultuelle musulmane n'ayant pas d'argent, on prévoit que la
Caisse des Dépôts accorde à celle-ci un prêt à taux préférentiel pour une durée
de 50 ans, voire plus. Ce sont les dons des fidèles qui doivent permettre de
régler les mensualités.
4. La mairie se porte caution du prêt et, s'il n'est pas honoré ou si le terrain n'est
pas acheté, le bâtiment deviendra propriété communale.
5. L'association cultuelle construit la mosquée et bénéficie de l'usage exclusif du
bâtiment pendant la durée du bail.
Si tout se passe « bien », l'association cultuelle musulmane rembourse le prêt et
devient propriétaire de sa mosquée et du terrain à l'issue du bail emphytéotique,
c'est-à-dire dans 130 ans.
C'est d'ailleurs l'option envisagée par la communauté juive qui, elle, a bien fait
spécifier lors d'un conseil municipal à Montreuil que c'est seulement le terrain
dont elle aura à s'acquitter ; sans doute dans le souci de garder son entière
indépendance, quelles que soient les autorités en place. Juridiquement, c'est
limite, surtout en raison de la nature du prêt et de celle de l'organisme se
portant caution, et l'opération revient objectivement à une subvention déguisée.
Mais politiquement, même réticente au premier abord, l'opinion publique est très
susceptible de donner un accord, fût-il tacite. Les musulmans auront même
probablement l'appui des diverses obédiences chrétiennes et juives (sans
compter des sectes) qui espéreront aussi profiter à plein de la brèche ainsi
offerte.
C'est remarquablement bien joué car le véritable plan envisage
probablement que les choses ne se passent pas « bien » mais « mal ».
très
En effet, que se passe-t-il si les dons de la communauté musulmane ne se
révèlent pas suffisants pour rembourser les mensualités du prêt, en supposant
même qu'elle soit assez idiote pour vouloir honorer ses dettes ? C'est la mairie
qui devra les assumer. Or il n'est pas du tout prévu que le bail emphytéotique de
130 ans soit suspendu à cette occasion ; on imagine assez bien le tollé soulevé,
sinon les troubles occasionnés. Donc, ce n'est qu'à l'issue du bail que le bâtiment
deviendra propriété communale pleine et entière. Et de la même manière que
l'Etat est propriétaire de la plupart des églises au titre du Patrimoine et accorde
un bail d'usage à l'Eglise catholique, les mairies accorderont les mêmes droits à
la communauté musulmane sur les bâtiments « nouvellement » acquis.
C'est assurément un très joli tour de passe-passe. Car, passé un délai aussi long
dans la mémoire populaire, qui ira soulever que ce sont les impôts qui auront
financé, en pratique, la construction de ces mosquées désormais inscrites dans le
paysage ?
C'est donc dès maintenant qu'il faut rejeter ces pratiques et faire appliquer très
strictement la loi de 1905. Nos adversaires sont des partisans de celle-ci : qu'on
la leur applique scrupuleusement ! Si les musulmans veulent des mosquées,
qu'ils se les payent !
Toussaint LAVENTURE
Envoi internet
28/09/2005
LES DOSSIERS (I)
Discrimination positive pour
négative pour les autres !
les
uns ?
Discrimination
Suivant en cela les dérives du modèle américain, la discrimination positive
s’impose progressivement dans les esprits et dans les faits en France.
Cela pose une série de problèmes de fond.
C’est d’abord une rupture avec l’idée universaliste puisqu’avec la discrimination
positive l’individu n’est plus seulement défini par lui-même mais par son
appartenance à un groupe et que c’est cette appartenance qui lui donne des
droits spécifiques.
C’est aussi une rupture avec la méritocratie puisqu’avec la discrimination positive
on ne juge plus selon les capacités individuelles mais selon l’appartenance à une
communauté.
C’est enfin une rupture avec le principe d’égalité et une injustice profonde.
Une injustice, d’abord, pour ceux des membres des « minorités visibles » qui
s’imposent par leurs capacités personnelles à travers les concours ou la réussite
professionnelle et qui risquent d’être mis sur le même plan que ceux qui
obtiennent un bon statut grâce à une appartenance collective ; ainsi ce que ces
hommes et ces femmes doivent à leurs mérites, une opinion mal informée risque
de l’imputer aux « quotas ».
C’est aussi une injustice pour les membres des majorités car la discrimination
positive pour les « minorités visibles », c’est une discrimination négative pour les
« majorités silencieuses ». Lorsqu’il y a des « citoyens plus », il y a forcément
des « citoyens moins ».
A un double titre : lorsque l’accès à certaines fonctions est facilité pour les
« minorités visibles », il est par contrecoup rendu plus difficile pour les
représentants des majorités qui ont donc un handicap. En revanche, dans les
secteurs commerciaux ou de services, dans les domaines culturel ou
professionnel où il peut arriver, comme c’est naturel, que ces mêmes membres
des majorités soient sous-représentés, aucune mesure de discrimination positive
n’est prévue à leur intention.
Ainsi pour les majorités, la discrimination positive c’est un jeu perdant/perdant.
C’est ce qui explique que la discrimination positive a été démantelée dans
certains Etats américains à la suite de référendums populaires… au moment où
l’opinion dirigeante française et la classe politique s’y rallient, illustrant à
merveille ce que Samuel Huntington appelle la « démocratie non
représentative ».
Andrea Massari
© POLÉMIA
2/10/2005
LES DOSSIERS (I)
Banlieues : une économie de rente en révolte
Les violences urbaines et les émeutes ethniques de la Toussaint, ou plutôt du
ramadan 2005, ont jusqu’ici fait l’objet de la part des autorités politiques et
médiatiques d’un double traitement sémantique à base de « fermeté et de
justice ».
Quelques mois de prison ferme d’un côté pour les émeutiers, des torrents d’eau
de rose pour les habitants des cités, de l’autre. Mais la réalité des banlieues est
complexe : il n’y a pas d’un côté des petites minorités aussi oisives
qu’agressives, de l’autre une masse de travailleurs désireux de s’intégrer ;
malheureusement, il y a aussi une partie importante de la population des cités
qui s’est installée dans une économie de rentes : rente des trafics, rente des
activités parallèles, rente sociale, rente des services publics, rente d’emplois,
rente idéologique.
1. La rente des trafics
La première opinion qui court sur les banlieues consiste à opposer populations
tranquilles et jeunes délinquants, et, au sein de ceux-ci, à distinguer les « petits
délinquants » des « gros trafiquants ». La réalité est autre : c’est la connexion du
business entre les gros trafiquants et les petits délinquants – qui servent de
vigies et de passeurs aux premiers – et le fait que le bénéfice des trafics, gros ou
petits, profite à une partie importante de la population des cités en termes de
redistribution des revenus, dans les cercles familiaux et claniques, des emplois à
partir des entreprises et des commerces créés avec l’argent des trafics, sans
même parler des aumônes versées à certains imams qui permettent le
développement d’un islamisme militant et souvent radical.
Les trafics d’ailleurs, ce ne sont pas seulement les trafics de drogue, ce sont
aussi les trafics de cigarettes, les trafics de jeux, le racket et les vols avec ou
sans violence : chacun trouvant ensuite son intérêt à acquérir – à bon marché –
auprès des receleurs les biens de consommation du monde moderne pour soimême et ses proches ou pour en faire bénéficier le pays d’origine à l’occasion des
vacances d’été : les véhicules lourdement chargés qui prennent en juillet la route
du Sud ne transportent pas uniquement des objets payés avec factures…
Certes, il serait injuste de dire que 100 % d’une cité vit ainsi ; mais il est
parfaitement illusoire de faire semblant de croire que cela ne concerne que
quelques pour cent des habitants des cités les plus chaudes.
De ce point de vue, ce qui est à l’origine des émeutes, ce ne sont pas,
contrairement à ce qui est répété en boucle, les expressions vigoureuses de
Nicolas Sarkozy, c’est la création et la réussite des GIR, c’est aussi la volonté de
renforcer le dispositif policier sur le terrain : ce n’est sûrement pas un simple
hasard si les émeutes coïncident avec l’implantation dans les banlieues les plus
difficiles de 17 compagnies de CRS et de 7 escadrons de gendarmerie ; c’est la
réaction de tous ceux qui ne veulent pas risquer de voir se réduire les zones de
non-droit.
Derrière les petits émeutiers, l’enjeu de la bataille c’est donc la défense des
trafics par tous ceux qui en profitent et pas seulement les caïds.
2. La rente de l’économie parallèle
Souvent financée par l’argent des trafics, une économie parallèle se développe
dans les banlieues : commerces de bouche et restaurants, appliquant pour le
moins imparfaitement les réglementations sanitaires, sociales et fiscales ;
commerces de réparation et de transformation d’automobiles à base de pièces
usagées, contrefaites ou volées et à qui les incendies de voitures vont donner de
nouveaux clients : certaines victimes qui n’auront guère les moyens d’acheter
des véhicules neufs étant conduits à se retourner vers des revendeurs marrons ;
sociétés de sécurité qui prospèrent en recrutant dans les mêmes milieux que les
bandes de délinquants et en obtenant des marchés captifs de l’économie officielle
encore présente en périphérie des cités (commerces, entreprises) ou desservie
par des transports en commun (centres commerciaux).
3. La rente sociale
Beaucoup d’habitants des cités des banlieues vivent aussi de la rente sociale que
leur procurent les allocations familiales (conséquentes pour les familles très
nombreuses généralement issues du Maghreb ou d’Afrique), les aides sociales
diverses, municipales et départementales, voire des aides ménagères, le RMI ou
la CMU. Dans ce dispositif, le RMI est central, car, outre le revenu, il procure une
multitude d’avantages complémentaires qui rendent peu attractive la recherche
d’un travail officiel mais qui constituent un appoint appréciable aux petits trafics.
Dans cette même logique de rente sociale, on trouve les emplois artificiellement
aidés et qui maintiennent dans l’assistance.
4. La rente des services publics
Ajoutons-y la rente des services publics.
Toutefois, pour la première fois, le discours sur le « manque de moyens des
banlieues » s’est heurté à l’incrédulité générale : réunis le 3 novembre, dans les
ors de Matignon par le Premier ministre, les maires de banlieue – socialistes, UDF
ou UMP – ont repoussé par avance un « énième plan Marshall ». C’est que depuis
trente ans – très exactement depuis l’ouverture des crédits « habitat et vie
sociale » à la fin des années 70 – les banlieues reçoivent une abondance de
crédits. Il y a belle lurette que, comme le souhaitait Michel Rocard, les cages
d’escaliers ont été refaites : et les cités HLM sont très souvent aujourd’hui
physiquement en bien meilleur état que les petites copropriétés modestes.
Le maire socialiste de Trappes où 27 autobus ont été incendiés le 3 novembre
soulignait à quel point l’habitat avait été rénové dans sa commune… sans que
cela suffise à régler les problèmes.
S’agissant de l’Education nationale, les cités sensibles ont avec les ZEP le plus
fort taux d’encadrement d’élèves par les professeurs (on compte en moyenne de
l’ordre de 10 élèves par professeur dans les collèges) de France et même du
monde. Et il est peu vraisemblable qu’un effort supplémentaire change quoi que
ce soit à la réalité économique et sociale des banlieues.
Les communes elles-mêmes ont beaucoup investi en lieux de sociabilité et en
crédits associatifs et la desserte des banlieues par les transports en commun,
bus, trains, métros, tramways, s’est considérablement améliorée en générant un
volume de dépenses publiques sans commune mesure avec les recettes. Ainsi le
quartier du Luth à Gennevilliers va être desservi par un RER, un métro et un
tramway… ce qui n’empêche pas les voyous du quartier de s’agiter.
5. La rente idéologique
Si les émeutes ethniques de novembre 2005 se sont aussi facilement
développées, c’est qu’elles ont rencontré de la part de la population qui vit dans
les banlieues une double attitude : la résignation de ceux qui en souffrent mais
ne peuvent s’y opposer sauf à y risquer leur vie, et la complicité des autres qui
laissent leurs fils, leurs frères, leurs neveux ou les fidèles de leur culte s’y livrer.
Comme le note le sociologue Michel Wievorka dans « Le Parisien » du 4
novembre : « Les habitants de ces banlieues jeunes ou moins jeunes sont certes
les premières victimes des violences, mais dans le même temps, ils ressentent
une certaine solidarité avec cette jeunesse enragée. »
Et d’ailleurs dans l’état actuel des faiseurs d’opinion et des décideurs qui leur
sont soumis, la fin des émeutes risque de déboucher sur une amélioration de la
rente des banlieues : rente des trafics et de l’économie parallèle que la police de
proximité gênera moins qu’une police plus répressive ; rente sociale et rente des
services publics fruits de l’hypothétique « dialogue » conduit par les pouvoirs
publics.
La rente économique et sociale des banlieues s’appuie d’ailleurs sur une rente
idéologique : la culpabilisation de la France et des Français par la mise en cause
de leur racisme, de la colonisation et de l’esclavage.
En servant de légitimation à tous les actes de violences ou d’incivilités,
l’antiracisme a généré une nouvelle forme de racisme : le racisme des éléments
les plus radicaux des « minorités visibles » à l’égard des représentants de la
majorité française d’origine qui se trouvent minoritaires dans les cités. D’ailleurs,
les seules victimes de meurtres jusqu’ici ont été Jean-Claude Irvoas tué à Epinay
pour avoir voulu résister au vol de son appareil photo et Jean-Jacques Le
Chenadec tué pour avoir résisté à l’émeute en tentant d’éteindre, à Stains, un
feu de poubelles.
Par ailleurs, en servant de légitimation à la victimisation des « minorités
visibles » et à leurs revendications, la critique de l’œuvre de la France coloniale
génère des demandes en réparations. Elle légitime aussi les violences ; en tout
cas elle les excuse par avance, au nom de « la lutte contre la gestion coloniale
des banlieues » dénoncée par le « Mouvement des indigènes de la République »
sur le grand portail islamique « oumma.com » :
http://oumma.com/article.php3?id_article=1754.
Et d’ailleurs les émeutes initiées à Clichy-sous-Bois trouvaient leur légitimité sur
le site de la mairie de cette ville qui ouvrait en Une sur la répression policière de
la manifestation parisienne du FLN le 17 octobre 1961 :
http://www.clichy-sous
bois.fr/jsp/site/Portal.jsp?article_id=148&portlet_id=118.
Est-il vraiment utile, 45 ans plus tard et… après quatre décennies d’échec des
gouvernements algériens successifs, de rouvrir les plaies de la guerre d’Algérie ?
Car comment un peuple peut-il assurer son présent et, qui plus est, parvenir à
assimiler des éléments étrangers quand il efface la mémoire de son passé ou
accepte de la voir diabolisée ? Fermer le Musée des arts et traditions populaires
des provinces françaises au profit de l’ouverture d’un hypothétique Musée des
arts euro-méditerranéens c’est renier une partie de la culture nationale. Laisser à
l’abandon le Musée de la France d’outre-mer pour le remplacer par un Musée de
l’immigration, c’est avoir honte de son histoire. Ce n’est pas ainsi qu’on peut
donner la fierté d’être ou de devenir français.
Bref comment défendre la République dans les banlieues quand on fait passer
Jules Ferry pour Hitler ? Et De Gaulle pour Pinochet ?
Sans même parler des droits à réparations communautaires réclamés par ceux
qui se pensent comme des descendants d’esclaves et qui oublient que, si toutes
les civilisations ont pratiqué l’esclavage (la civilisation arabo-musulmane encore
tout récemment), une seule l’a aboli : la civilisation européenne.
6. Il ne faut pas changer de politique, il faut changer de paradigmes
Aujourd’hui la sortie de crise passe d’abord par le rétablissement de l’ordre et de
la paix civile dans les banlieues.
A terme, la pacification des quartiers ethniques ne passera ni par la
problématique « tolérance zéro » qui supposerait la construction de plusieurs
centaines de milliers de places de prison, ni par des rencontres mondaines avec
des représentants choisis ou autodésignés des « minorités visibles », ni même
par une injection de crédits supplémentaires mais par un changement de
paradigmes.
Ce qu’il faut abandonner, c’est le discours dominant des trois dernières
décennies : non, n’en déplaise à Bernard Stasi, qui y doit 20 ans de carrière
politique et médiatique, « l’immigration (n’) est (pas) une chance pour la
France » mais un boulet économique et social ; non, l’intégration, ça ne marche
pas, en tout cas pas pour des masses nombreuses issues de certaines aires
civilisationnelles ; non, l’antiracisme ne facilite pas l’intégration, au contraire, il la
rend plus difficile en débouchant sur un racisme à rebours et la diabolisation de
l’identité française ; non l’Etat-providence et la commune-assistance ne règlent
pas tous les problèmes économiques et sociaux, ils les enracinent dans la durée.
Le véritable problème des banlieues n’est pas technique. Il est politique, il est
moral. Il suppose que les Français et les Européens abandonnent leur complexe
de culpabilité et retrouvent leur dignité et la fierté de leur histoire. Il suppose
aussi que chacun soit mis en face de la responsabilité de ses actes et de ses
comportements car il n’y a pas de droits, y compris à l’emploi, sans devoirs.
Bref, il faut sortir de l’économie d’assistance et de la morale de culpabilité et tout
redeviendra possible !
Mais cela implique, il est vrai, un renversement de l’univers médiatique
dominant.
© Polémia
7/11/05
LES DOSSIERS (I)
Banlieues : déni de réalité, déni de liberté
La crise des banlieues a fait l’objet d’un double traitement par la classe politicomédiatique au pouvoir : le déni de réalité d’abord, le déni de liberté ensuite.
Explications :
1. Grâce à la presse étrangère une information pluraliste
Pendant la 2e guerre mondiale, beaucoup de Français avaient pris l’habitude
d’écouter Radio-Londres. Pendant la guerre froide, « Le Figaro » prétendait faire
connaître à ses lecteurs ce que le journal communiste « L’Humanité » leur
cachait. Aujourd’hui c’est la « Pravda » qui révèle aux lecteurs du « Figaro » ce
que ce journal leur cache.
Pendant la crise des banlieues beaucoup de Français ont surfé sur Internet pour
savoir ce qu’on disait à l’étranger. Là où les médias français parlaient de « jeunes
en révolte » dans des « zones sensibles » où sévissait une « crise sociale », les
presses russe ou anglo-saxonne parlaient, elles, d’ « émeutes raciales ». Et
d’ailleurs plusieurs personnalités françaises du monde intellectuel ou politique
n’ont pu s’exprimer en toute liberté que depuis l’étranger : Mme Carrère
d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, à la presse russe ;
M. Alain Finkielkraut, professeur de philosophie à l’Ecole polytechnique, à la
presse israélienne ; M. Jacques Larché, ministre de l’Insertion professionnelle, à
la presse britannique où, en évoquant le problème de la polygamie, il a attiré
l’attention sur la forte présence des jeunes d’origine africaine dans les émeutes
urbaines.
2. Avec les médias français, retour au déni de réalité
Sous la pression des faits et la concurrence de la presse étrangère et d’Internet,
la classe politico-médiatique française a dû finir par convenir qu’il s’agissait
d’émeutes raciales ; mais alors un dispositif d’explication politiquement correct
s’est mis en place. Les mêmes qui, dans un premier temps, niaient le caractère
ethnique des émeutes l’ont ensuite justifié par des discours de légitimation
évoquant les « suites de la colonisation » ou la « discrimination » dont seraient
victimes les habitants noirs ou arabes des banlieues.
Ce type de
discours est même devenu parole officielle conduisant le
gouvernement à renoncer à célébrer le soleil d’Austerlitz (au motif que Napoléon
avait rétabli l’esclavage) et à lancer d’importants chantiers de « lutte contre les
discriminations ».
3. Déni de réalité, déni de liberté (a)
Ce qui est grave, c’est que ce nouveau déni de réalité débouche sur un déni de
liberté. D’abord parce que ceux qui ont eu le courage de poser les problèmes se
voient menacés dans leurs fonctions par une véritable chasse aux sorcières
lancée au son du grand orchestre de la diabolisation.
Le journal « Libération » appelait « à ne pas laisser sans réaction » les
déclarations de la secrétaire perpétuelle de l’Académie française. Une campagne
est conduite pour retirer à Alain Finkielkraut la possibilité de s’exprimer sur
France-Culture et le site islamique « Oumma.com » diffuse des mots d’ordre
pour perturber ses déplacements en province. Le dirigeant socialiste Marc Ayrault
à reçu du Premier ministre une lettre dans laquelle celui-ci lui déclare qu’il « allait
examiner précisément le compte rendu analytique des propos tenus dans
l’hémicycle de l’Assemblée nationale et qu’il serait vigilant sur le respect des
règles républicaines ». Ce qui paraît plutôt singulier : la logique de la démocratie
parlementaire étant que le parlement contrôle les actes du gouvernement, non…
que le gouvernement contrôle les propos des parlementaires.
Observons toutefois que l’universitaire Anne-Marie Le Pourhiet est parvenue à
s’exprimer, dans « Le Monde » du 4/5 décembre 2005, pour s’inquiéter de
« l’esprit critique menacé » et poser la bonne question en affirmant : « Il en va
de la crédibilité de la France sur la scène internationale ; comment pourrionsnous donner des leçons à la Turquie ou à la Chine en matière de droits de
l’homme si nous laissons envoyer nos journalistes et intellectuels en
correctionnelle ? »
4. Déni de réalité, déni de liberté (b)
Il y a plus grave encore : l’ensemble des dispositions législatives ou
réglementaires annoncé pour lutter contre les discriminations va limiter les
libertés de choisir, d’agir et d’entreprendre.
Le CV anonyme vise à priver les chefs d’entreprise de l’exercice du libre choix de
leurs collaborateurs, c'est-à-dire de l’un de leurs principaux moyens d’action.
Quant au projet de renforcement des pouvoirs de la Haute Autorité de lutte
contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE), il est ouvertement liberticide
car il vise à offrir à cette instance administrative :
– d’une part, la possibilité de prononcer dans un cadre administratif et sans
protection judiciaire des sanctions financières très lourdes, susceptibles d’ailleurs
(double peine) d’être cumulables avec des sanctions judiciaires ;
– la faculté de recourir à des actions de « testing », c’est–à–dire des actions de
provocation : procédé que s’interdisent pourtant les polices judiciaires dans les
Etats démocratiques.
Le fait que la HALDE soit présidée par Louis Schweitzer, déclaré coupable (mais
dispensé de peines) d’écoutes téléphoniques illégales (affaire de l’Elysée) n’est
évidemment pas fait pour rassurer !
Il faut espérer que le Conseil d’Etat soulèvera ces objections lors de l’examen du
projet de loi et qu’à défaut il se trouvera 60 parlementaires pour avoir le courage
de déférer cette loi, si elle finissait par être votée, devant le Conseil
constitutionnel.
5. Déni de liberté, déni de réalité
Mais le déni de liberté est aussi un déni de réalité.
La tyrannie du politiquement correct est contournée par la société civile et les
comportements individuels.
Ce qu’on ne trouve pas dans les médias français, on le trouve dans les médias
étrangers et sur Internet ; de ce point de vue-là, la crise de la presse parisienne
n’en est qu’à ses débuts ! Et la mixité sociale et raciale qu’on veut imposer à
toute force par les contraintes sur les logements et sur la carte scolaire
n’empêche ni la fuite des habitants vers les quartiers calmes (voire l’étranger !),
ni la scolarisation de leurs enfants dans des établissements judicieusement
choisis.
Le paradoxe est là : malgré tous les beaux discours sur la « lutte contre la
discrimination », les trois semaines d’émeutes raciales auront pour résultat
pratique une ethnicisation croissante de la société et… des discriminations
grandissantes. Les résidences sécurisées, les marchands de clôtures, les
entrepreneurs privés d’éducation et les écoles libres vont faire encore davantage
recette pendant que la tendance des Français à l’exil va s’accentuer. Qui veut
faire l’ange fait la bête, et les discours de culpabilisation à outrance ne feront
qu’amplifier les choses.
En contrôlant les esprits des électeurs, d’un côté, le choix des hommes politiques
mis à l’étalage, de l’autre, la tyrannie médiatique peut sans doute parvenir à
rendre inopérant le vote que les citoyens font avec leurs mains : d’où la crise de
la représentation et de la démocratie. Mais rien ne peut empêcher les citoyens de
voter avec leurs pieds : comme dans toute situation totalitaire les adaptations
individuelles permettent d’échapper au carcan collectif ; derrière la fumée du
politiquement correct de la France des palais officiels et des médias centraux
une forme de résistance civile se met en place.
© Polémia
15/12/2005
Appendice : Vers la « désintégration » des Antillais ?
Jusqu’ici les Français originaires des Antilles étaient dans leur grande majorité très bien
intégrés à la société française : présents dans de nombreux emplois, y compris dans la
fonction publique, plutôt absents des tribunaux ou des prisons, exprimant un
particularisme régional teinté d’exotisme mais inscrit dans une certaine tradition
française, souvent fiers d’une appartenance tricentenaire à la France, n’hésitant pas à
exprimer leur patriotisme et leur attachement à la France, les Antillais de métropole
apparaissent comme une population bien intégrée.
Le discours politiquement correct sur les « victimes de l’esclavage » et la communautarisation voulue par certaines associations noires médiatisées vise à engendrer du
ressentiment et à briser cette harmonie.
Ceux qui s’en font les relais complaisants, y compris en reprenant les billevesées sur
Napoléon, prennent une lourde responsabilité :
Celle de détruire l’intégration d’une importante minorité française.
– II –
Les émeutes :
Les faits
QUELQUES CHIFFRES (II)
· 45 588
C'est le nombre de voitures qui ont été incendiées en 2005. Plus de 100 000 faits
violents : le premier tableau de bord de l’Indicateur national des violences
urbaines confirme que 2005 a bien été une année noire. (SOURCE : Le Parisien –
Edition des Yvelines du 12/01/06.)
• 82 %
C’est le pourcentage de Français qui ne voient pas d’amélioration depuis la crise
des banlieues. Ils estiment que peu de choses ont été faites pour améliorer la
situation après la crise des banlieues en octobre et novembre derniers, et moins
du tiers font confiance à l'action gouvernementale en la matière, selon une
enquête CSA publiée lundi 30 janvier 2006 par Le Parisien/Aujourd'hui en France.
En outre, 86 % des Français jugent « certain » (33 %) ou « probable » (55 %)
que des événements semblables se reproduiront dans les mois à venir.
(SOURCE : dépèche AP du 30/01/06.)
• 121
C’est le nombre de « personnes interpellées en flagrant délit [émeutes dans les
Yvelines]. Trente-neuf [ont été] laissées libres après leur garde à vue. Les 82
autres, dont 25 mineurs, ont été déférées au parquet et ont fait l’objet de
poursuites. 41 d’entre elles ont été écrouées. Sur les 121 au total, 74 étaient des
délinquants connus pour avoir été mis en cause dans une ou plusieurs
procédures judiciaires », selon le procureur de la République de Versailles, Yves
Colleu, qui a souligné l’activité du parquet au moment des violences urbaines de
novembre, lors de l’audience solennelle de rentrée. Il a également insisté sur
l’augmentation des « mariages blancs » : sur les 339 dossiers reçus en 2005, le
parquet a délivré 48 assignations pour annuler le mariage. (SOURCE : Le
Courrier des Yvelines, éd. Saint-Germain-en-Laye du 18/01/06.)
QUELQUES CITATIONS (II)
> « La réalité, c’est qu’on est bien loin du retour au calme, de l’apaisement ou de
la reprise de contrôle du terrain qu’on nous a annoncée », a déclaré le porteparole du PS Julien Dray, en évoquant de possibles « embrasements » au
moindre « dérapage ». 425 véhicules ont été brûlés dans la nuit du samedi
31/12 au dimanche 1 er janvier, contre 333 l’an dernier. Le nombre des violences
et des incendies a progressé de 27,6 % (…). Les forces de l’ordre ont procédé à
362 interpellations (contre 272 l’an passé) (…). La principale tendance soulignée
par le directeur général de la police nationale, Michel Gaudin, est la « très, très
grande dispersion » des incidents, qui ont touché 267 communes et 53
départements. 132 communes et 41 départements avaient été concernés l’an
dernier. (SOURCE : Le Monde du 3/01/06.)
> « J'ai eu peur de prendre le train toute seule, j'ai demandé qu'un policier
m'accompagne pour aller à Paris. » Charlotte N., 20 ans, devait être reçue par le
ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, jeudi 5 janvier à 15 heures. C'est cette
jeune femme, étudiante à Besançon, qui a déposé plainte pour « agression
sexuelle », à la suite des incidents survenus dans le train Nice-Lyon, le dimanche
1er janvier. Depuis, son médecin lui a prescrit deux semaines d'arrêt de travail.
« Je n'ose plus sortir, j'ai des bouffées d'angoisses », raconte-t-elle au Monde.
Ce 1er janvier, elle ne pouvait surtout pas manquer son train à la gare des Arcs
(Var). (…) « Je suis montée dans l'avant-dernier wagon, j'avais à peine posé mon
pied sur la première marche que j'ai été aspirée par une dizaine de jeunes », se
souvient-elle. En tout, il y avait une vingtaine de voyageurs dans ce wagon,
plutôt moins rempli que les autres. Au départ, les jeunes en voulaient à ses
affaires. « Ils m'ont dévalisée. Pris mon portefeuille, mon argent et mon carnet
de chèques. Ils avaient entre 15 et 20 ans et n'avaient pas l'air saoul »,
témoigne-t-elle. Hormis ses agresseurs, il n'y avait qu'un seul autre passager
dans le wagon. Il n'a pas bougé. Selon la jeune femme, « il devait avoir peur. »
(…). Pour Bruno L., un artisan joaillier parisien, (…) ces « jeunes nous
cherchaient dans le train, parce qu'on râlait. J'ai tout de suite compris qu'il fallait
planquer ma copine ». (…) « Le pire, c'est que je n'avais que les contrôleurs avec
moi. Les gendarmes sont restés longtemps sur le quai. Les jeunes tenaient des
propos racistes anti-Blancs et les narguaient en leur demandant quand le train
allait repartir. » Aujourd'hui, « encore sous le choc » Bruno L. en veut surtout à
la SNCF. « Avec le billet à 1,20 euro, la SNCF nous faisait courir un risque. Elle le
savait. » (SOURCE : Yves Bordenave, envoyé spécial dans le Var, et Pascal
Ceaux à Paris, in Le Monde du 6/01/06.)
> « Au niveau symbolique, cette mesure [l’état d’urgence] a été plutôt efficace.
Elle a d’abord servi à neutraliser les critiques contre un gouvernement qu’on
aurait pu qualifier de laxiste ou comme n’ayant pas suffisamment pris en compte
la mesure du phénomène. (…) Le Premier ministre a en outre été habile en
laissant son application à la discrétion des préfets. C’était à la fois agir avec force
et souplesse. En revanche, l’état d’urgence n’a eu aucun effet pratique. »
(SOURCE : Sébastien Roche, directeur de recherches au CNRS, spécialiste de la
délinquance – auteur de Police de proximité, éd. Seuil –, in Le Parisien - Edition
des Yvelines du 12/01/06.)
LES DOSSIERS (II)
Emeutes en banlieues, vues par la presse étrangère
A mesure que les émeutes et les incendies criminels se propagent en France, la
presse internationale et les sites Internet d’informations développent leurs
nouvelles sur un ton assez différent de celui auquel nous sommes habitués par
les médias français.
A la fois plus exhaustifs sur les faits et plus explicites sur les causes des troubles
survenant dans les banlieues, ils ne ménagent pas le « modèle français » ni nos
gouvernements passés et présents.
1. La presse étrangère en dit plus sur les faits
La presse étrangère relate au jour le jour les différents événements et donne
parfois à l’avance des informations qui n’ont pas été livrées par les médias
français :
MSNBC, site d’informations américain, 3/11/05. Les jeunes ignorent l’appel au
calme lancé par le président Jacques Chirac dont le gouvernement travaille
fébrilement pour éliminer une crise politique au milieu de critiques qui lui
reprochent d’avoir ignoré le problème des banlieues à forte populations
d’immigrés de première et de deuxième génération nord-africaine et musulmane
[sic].
Le Martinternet, site d’informations canadien, 3/11/05, annonce que des
individus ont tiré au pistolet à grenaille sur des véhicules de la CRS 23 à Neuillysur-Marne, sans faire de blessés et que la SNCF installe un dispositif de sécurité
dans le RER.
BBC news, site d’informations britannique, 3/11/05, décrit la situation générale
dans la Seine-Saint-Denis avec ses incendies, les arrestations, le tir à balles
réelles sur des policiers et la péripétie causale des événements, soit la mort par
électrocution de deux jeunes d’origine africaine dans un transformateur
électrique.
« François Massenet, secrétaire général du syndicat de la police française, décrit
la situation comme dramatique et prévient que la violence pourrait s’intensifier »
[la presse française a fait dire aux policiers exactement le contraire].
« Les politiciens français se trouvent affrontés à la réalité : beaucoup des
principales populations d’immigrés dans les cités sont depuis longtemps dans un
état de tension chronique. »
« Les immigrés et leurs progénitures représentent 10 % de la population vivant
en France, mais beaucoup n’ont pas la citoyenneté française ni le droit de vote.
Ils souffrent aussi du plus haut taux de chômage et leurs relations avec la police
sont généralement difficiles ou hostiles. »
« Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris et président du Conseil
français du culte musulman [créé par Nicolas Sarkozy – NDLR], dit que les
conditions de vie des immigrés musulmans sont inacceptables. »
Xinhuanet, China view, site chinois d’informations, 3/11/05. Le gouvernement
[français – NDLR] est intervenu après que les incidents survenus eurent dévoilé
les difficultés d’intégration des jeunes immigrés dans près de 300 villes
françaises. Il est contraint, sous la pression des partis communiste et socialiste,
à constituer une commission d’enquête et à fournir une information exacte et
exhaustive.
Mail & Guardian, journal d’Afrique du Sud, 4/11/05. Les troubles montrent la
séparation entre les grandes villes françaises et leurs banlieues où colère et
désespoir prospèrent. Les émeutes ont aussi dévoilé les frustrations accumulées
dans les cités du nord et du nord-est de Paris, largement peuplées d’immigrés
musulmans nord-africains et marquées par un chômage en plein essor.
BBC news, 4/11/05. « Des groupes d’adolescents et d’hommes jeunes
continuent à déambuler devant les magasins et les cafés du secteur et traitent
les “étrangers” [!] avec une profonde suspicion sinon carrément de l’hostilité. »
« Bien que certains se plaignent que leurs voix ne soient jamais entendues, au
moment où nous essayions de parler avec les gens du cru on nous a dit de
quitter la zone, sinon nous risquions d’être agressés. »
Times online, quotidien britannique, 4/11/05. Les émeutes se propagent et
forcent le gouvernement français à reconnaître son échec dans sa tentative
d’intégrer une importante population d’immigrés. « Sarkozy a déclaré la guerre
aux villes ; s’il y a la guerre, nous y allons », déclare Mohamed, 20 ans, fils d’un
immigré marocain.
Le Times décrit, comme ses confrères, la situation générale avec les voitures
brùlées, les émeutes qui ont commencé à Clichy-sous-Bois pour s’étendre à
Aulnay et à d’autres localités, avec le rappel, comme un leimotiv, des deux
jeunes électrocutés et une police largement présente à la Cité des 3 000 à
Aulnay, un ensemble d’appartements soupçonné, il y a quelques années, d’être
un repaire de terroristes.
« Gauche et droite acceptent aujourd’hui ce diagnostic de l’échec du modèle
“républicain” d’intégration français, mais il y a peu d’accord sur la façon
d’attaquer le problème. »
« M. Sarkozy s’est inspiré des mesures de discrimination positive prises aux
Etats-Unis pour aider les enfants d’immigrés afin de les intégrer dans le système
scolaire normal et il souhaite que l’Etat donne plus de reconnaissance aux
cultures non françaises. »
BBC news, 5/11/05. Le maire d’Aulnay-sous-Bois a lancé un appel au calme
devant plusieurs centaines de manifestants réunis devant la caserne des
pompiers qui avait fait l’objet d’une attaque par les émeutiers. Mais des jeunes,
dans un rassemblement à Mitry, ont annoncé que la violence continuerait jusqu’à
ce que Nicolas Sarkozy démissionne.
Beaucoup disent qu’en traitant de « racaille » les émeutiers, Nicolas Sarkozy a
aggravé la situation – quelques gouvernements étrangers, dont celui des EtatsUnis, ont averti leurs ressortissants de ne pas aller dans les banlieues.
M. de Villepin essaie de lancer un plan d’action destiné aux banlieues pauvres,
peuplées en grande partie d’immigrés qui connaissent un haut niveau de
chômage.
« Nous avons le sentiment d’avoir été entendus », dit Anyss, une étudiante de
Bondy, après avoir été reçue avec d’autres jeunes par M. de Villepin. Le premier
ministre « était sincèrement à la recherche d’une solution aux problèmes »,
ajoutait-elle.
Prenant compte de la critique formulée à son gouvernement de n’avoir pas réussi
à mettre fin à la violence, M. de Villepin s’est engagé à restaurer l’ordre, mais il a
essuyé les critiques des trente maires et élus des villes concernées qui lui ont
lancé que le temps n’était plus à proposer des plans.
USA TODAY, site d’informations américain, 5/11/05, signale qu’une femme
handicapée a été aspergée d’essence et sérieusement brûlée alors qu’elle tentait
de descendre d’un autobus attaqué par les émeutiers.
Selon le préfet de Dijon, un groupe de jeunes traqués par la police pour trafic de
drogue dans un faubourg de la ville ont incendié cinq véhicules.
Onze voitures ont brûlé dans un lotissement de Salon-de-Provence.
Les troubles gagnent les Yvelines.
Le site publie des photos impressionnantes de policiers casqués et armés.
Free world news, site d’informations australien, 5/11/05. L’appel au calme
lancé par Chirac a eu peu d’effet sur les jeunes qui continuent à commettre leurs
violences.
2. Tous affichent l’échec du « modèle français d’intégration »
L’unanimité des commentaires étrangers se fait sur l’abandon, par les
gouvernements successifs français, des banlieues livrées à elles-mêmes, avec
des populations fortement composées d’immigrés d’origine nord -africaine et
africaine de l’Ouest [sic] de religion musulmane.
Pour chacun des médias relevés, les causes sont toujours les mêmes et peuvent
se résumer en quelques mots : frustrations accumulées dans le temps, pauvreté,
urbanisme et logements déplorables, et chômage toujours en extension.
The Indian Express, journal de l’Inde, 3/11/05. « Les troubles dans les
banlieues du nord et du nord-est de Paris, fortement peuplées de minorités nordafricaine et d’Afrique noire [sic] sont fomentés par des jeunes frustrés dans leur
échec à trouver un travail et à être reconnus dans la société française. »
Washington Post, quotidien américain, 3/11/05. La violence était contagieuse
dans les communautés d’immigrés et les citoyens français de seconde génération
chez lesquels le taux de chômage est plus du double du taux national, où la
délinquance sévit, où les services sociaux sont réduits au minimum et où les
habitants sont parqués dans des appartements miteux au sein de tours de
grande hauteur.
MSNBC, 3/11/05. La violence jette un doute sur la réussite du « modèle
français » à rechercher l’intégration de sa grande communauté d’immigrés, sa
population de musulmans estimée à cinq millions, la plus importante de l’Europe
de l’Ouest.
Los Angeles Times, quotidien américain, 3/11/05. « Une crise que les Français
ont redoutée pendant des années : des troubles à grande échelle dans des
quartiers difficiles à contrôler où des jeunes d’origine africaine et arabe [sic]
ressentent fureur et ressentiment contre la société. »
« Le violent déclenchement [des troubles – NDLR] n’a rien de nouveau dans de
tels secteurs où les deux principales forces sociales sont le milieu criminel et
l’activisme islamique. »
Fox news, site d’informations américain, 3/11/05. « Les émeutes ont révélé la
coupure entre les grandes villes et leurs banlieues pauvres, ainsi que les
frustrations exacerbées dans les cités du nord et du nord-est de Paris, où se
concentrent des populations d’immigrés musulmans avec leurs enfants nés
Français qui sont aux prises avec le chômage, la délinquance et la pauvreté.
USA TODAY, 3/11/05. Alors que sont dénoncées les origines de la violence
comme résultant de décennies de négligence à l’égard des banlieues, on dit que
c’est la rhétorique un peu rude de Nicolas Sarkozy au sujet de la délinquance qui
a mis le feu aux poudres, provoquant un incendie généralisé dans les banlieues
défavorisées à haute concentration d’immigrés.
CTV.ca, site d’informations canadien, 4/11/05. Le secteur [nord et nord-est de
Paris – NDLR] est principalement habité par des familles immigrées, souvent
originaires des pays de l’Afrique du Nord, marquées par le chômage qui monte
en flèche.
International Herald Tribune, éd. Europe du journal américain, 4/11/05. Audelà de la pauvreté et du désespoir dans les misérables communautés
d’immigrés autour de la capitale française brillant de tous ses éclats, des
musulmans disent : il n’y a plus personne pour avoir une emprise sur ces jeunes
révoltés. Les parents, la police et le gouvernement ont perdu pied.
3. Les causes et la politique vont de pair
Les commentateurs étrangers n’éludent pas la question politique dans l’analyse
qu’ils font des émeutes récentes survenues dans la banlieue parisienne. On l’a
d’ailleurs évoqué plus haut. Mais, contrairement à la presse française en général,
qui se concentre sur les querelles et rivalités entre politiques et sur les
qualificatifs un peu raides d’un certain ministre, ils donnent pour cause principale
aux événements une longue politique inadaptée ou plutôt une absence de
politique suivie, durant trois décennies au moins, à l’égard des banlieues
défavorisées.
Les médias étrangers, tous sans exception, se gardent bien de mentionner
l’erreur fondamentale à l’origine de ces troubles, car ils tomberaient
immanquablement dans le politiquement incorrect : le fait d’avoir accepté sinon
favorisé, depuis trente ans, une immigration non sélective (paradoxalement, on
en parle beaucoup aujourd’hui) et illimitée, sans avoir su se prémunir contre les
risques en tout genre que nous découvrons, ou faisons mine de découvrir,
aujourd’hui.
Mail & Guardian, 2/11/05. Sarkozy – rendu responsable par beaucoup d’attiser
la violence par ses propos rugueux et ses tactiques brutales – défend sa méthode
et se promet de restaurer le calme : « Quand vous tirez à balles réelles sur la
police, vous n’ètes pas un jeune, vous ètes un gangster. »
USA TODAY, 3/11/05. Reprise d’une partie d’un communiqué de l’Agence
France-Presse : « Les émeutes secouant les banlieues de Paris ont mis à nu les
points faibles des ambitions présidentielles sous-jacentes du ministre de
l’intérieur français, Nicolas Sarkozy. »
Le Daily Telegraph, quotidien britannique, 3/11/05, à la suite de la déclaration
de Nicolas Sarkozy exigeant une tolérance zéro en matière de violence, écrit :
« Il a terni son image en usant du langage de l’extrême droite, parlant de
nettoyer les banlieues de la “racaille”. »
Agence France-Presse, 3/11/05. « Le premier ministre, Dominique de Villepin
– actuellement principal concurrent de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de
2007 – mais aussi les décennies de politiques gouvernementales ont été l’objet
de critiques en raison de l’inaction face au délabrement des banlieues. »
Le Telegraph, journal conservateur britannique, 3/11/05. « Ils [les ministres –
NDLR] sont confrontés aux conséquences d’une politique d’intégration ratée
pendant des décennies et d’une économie qui a failli dans la création
d’emplois. ». « Les émeutes ont mis à jour les inadéquations du “modèle”
français. »
Der Standard, journal autrichien, 3/11/05, écrit que « le gouvernement français
apparaît comme “n’ayant aucune idée de ce qu’il faut faire” » et qu’il fallait au
moins reconnaître le rôle joué par Nicolas Sarkozy « qui ne pourrait guère
montrer plus clairement comment NE PAS résoudre le problème ».
Kommersant, Moscou, 3/11/05. La presse russe rejette sur les immigrés la
responsabilité de la plupart des problèmes. « Les immigrés arabes règlent leurs
comptes avec les autorités. »
Washington Post, 3/11/05. Les ministres français se querellent et se battent
pour le choix d’un plan visant à faire cesser les troubles.
Le conseil des ministres s’est réuni toute la journée de mercredi, mais ils n’ont
annoncé aucun plan concret pour circonscrire la violence. De Villepin et Sarkozy
se sont mutuellement et publiquement rejeté la responsabilité de l’inaction en
échangeant un certain nombre de rosseries.
BBC news, 3/11/05. « La rivalité vraisemblable des deux hommes [D. de
Villepin et N. Sarkozy – NDLR] pour la présidentielle de 2007 et leurs approches
différentes des émeutes ont divisé le Conseil des ministres. »
« M. Sarkozy a provoqué une controverse en traitant les émeutiers de “racaille”
et en disant que bon nombre de banlieues avaient besoin d’un “nettoyage
industriel”, tandis que M. de Villepin préconisait un message plus conciliant,
conseillant vivement aux ministres de ne pas “stigmatiser” de vastes
territoires. »
Times online, 3/11/05. « Les tactiques provocantes de M. Sarkozy et sa
querelle avec Dominique de Villepin, premier ministre, paraissent avoir nourri les
troubles dans les secteurs qui sont en permanence des foyers de colère. »
« S’adressant en conseil des ministres à l’Elysée, à 10 km seulement, mais
séparé par un monde, du “93”, le président Chirac lança un appel au calme et
implicitement pointa du doigt le ministre de l’intérieur qui est son ennemi en
même temps que chef de son parti centre-droit l’UMP. »
« Dans l’entourage de Chirac, on dit qu’il a demandé à M. de Villepin de laisser
M. Sarkozy gérer seul les émeutes dans l’espoir qu’il compromettrait ses chances
dans la course à la présidentielle de 2007. »
On ne peut conclure cette revue de presse étrangère que sur un modeste constat
et une immense interrogation.
Le constat : Les commentateurs étrangers, et c’est normal puisqu’ils disposent
du recul que les Français n’ont pas, ont une vue plus analytique de ces
événements dramatiques et discernent leurs vraies origines.
La grande interrogation : La dégradation extrême du tissu social des populations
immigrées, déjà fragile à leur arrivée, est-elle remédiable ? A quel prix ? Et
surtout, avec quelle volonté politique ?
R. Schleiter
© Polémia
6/11/05
LES DOSSIERS (II)
Emeutes en banlieues, vues sur les sites arabes
« Les émeutes ont été vues comme une réaction des jeunes originaires de
l’Afrique du Nord et de l’Afrique noire en colère contre le racisme, le chômage et
l’exclusion dont est responsable la majorité de la société française. »
Cette phrase, relevée sur le site du Khaleej Times (Emirats arabes unis) du 5
novembre 2005, résume assez bien ce que l’on peut lire sur les sites arabes.
Les médias que l’on pourrait appeler « occidentaux », français et étrangers,
couvrent l’actualité au jour le jour. Il nous a paru intéressant de visiter deux
sites arabes en langue française : Oumma.com et El Watan.com.
1) Sur Oumma.com du 5 novembre 2005, sous le titre « Evénements de SeineSaint-Denis : récupération ? », on parle donc de « récupération », de « provocations », de « complot », de « manœuvres ». Selon l’auteur du texte, il s’agit là
d’une « rhétorique policière ». En effet, il faut expliquer les événements. Pour la
police, « des groupes » seraient à l’œuvre qui « manipuleraient » les jeunes et
s’emploieraient à « souffler sur les braises » sans pour autant aller plus avant
dans les explications : on s’enferme dans la stricte « dialectique ». Pour les
émeutiers, le gazage de la mosquée de Clichy-sous-Bois a été délibérément
l’œuvre des policiers : « brutalité arbitraire » destinée à faire « obstacle aux
tentatives de pacification de la situation par les habitants du quartier euxmêmes ».
« L’écrasement moral et physique des quartiers populaires massivement peuplés
de populations issues de la colonisation » n’est pas source de paix civile. « L’idée
que les jeunes gens, qui ne savent plus canaliser leur révolte, seraient de
simples marionnettes manipulées par des groupes aux projets obscurs est une
insupportable marque de mépris. »
Quant à l’image des cités des banlieues que l’on présente comme des « repaires
intégristes, lieux de tournantes dans les caves et de tous les petits trafics », elle
est totalement surréaliste, affirme toujours l’article, et les mensonges sont
ressentis comme des insultes par des populations entières.
Il est bien évident qu’avec une telle présentation des faits aux lecteurs arabes,
on voit mal comment un dialogue tel qu’il est souhaité par le premier ministre
pourrait avoir quelque chance d’aboutir : les interlocuteurs ne sont pas sur la
même planète, d’autant plus qu’en conclusion le Mouvement des indigènes de la
République, signataire de l’article, ne voit le salut des banlieues que dans de
« profonds bouleversements, tant sur le plan politique et social que sur le plan
idéologique et moral ».
2) Sur El Watan.com (édité en Algérie) du 6 novembre 2005, sous le titre
« Boucs émissaires », le grand responsable des émeutes et de leur intensité,
c’est Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur.
« Fallait-il que les banlieues s’embrasent et qu’il y ait mort d’homme pour que la
vie dans les banlieues françaises devienne subitement un sujet de préoccupation
pour les parlementaires et la classe politique française qui semblent découvrir,
médusés, le phénomène de la violence et des inégalités criantes qui caractérisent
les banlieues ? »
Quant au ministre chargé de l’Egalité des chances, il fait dans la figuration. Aziz
Begag, Français d’origine algérienne, universitaire, présenté en France comme le
parfait exemple d’une intégration réussie, est réduit à l’inaction « par une
politique gouvernementale qui ne lui laisse que peu de liberté pour concrétiser
enfin le combat dans lequel il s’est investi depuis de longues années (…) »
« La révolte des émigrés de seconde génération, dont l’écrasante majorité est
française (…), se nourrit (…) d’humiliations que subissent les jeunes dans la vie
de tous les jours, dans leur quartier, par des comportements provocateurs des
policiers, dans leur lieu de travail, dans l’accès à l’emploi, dans les lieux
publics. » Et, comble d’humiliation, s’offusque le journal, une émission de
télévision n’est-elle pas allée jusqu’à présenter « l’émigré » comme un fraudeur
et un profiteur des avantages sociaux existant en France ?
La loi française du 23 février 2005 votée par l’Assemblée nationale et glorifiant le
colonialisme est pour les émigrés algériens un ferment supplémentaire de
malaise.
El Watan rappelle que le ressentiment des émigrés s’est accentué lorsque M.
Sarkozy a parlé de « kärcher » à La Courneuve et, plus tard, de « racaille » : le
ministre de l’intérieur « pouvait-il considérer que tout le peuple des banlieues
n’est constitué que de trafiquants de drogue et de voyous irrécupérables et donc
inéligibles à une bonne intégration ? »
En conclusion, il est intéressant de revenir sur un autre article, cette fois d’une
teneur essentiellement philosophique, de Oumma.com du 5 novembre intitulé
« Peut-il exister un islam en France ? » par Rochdy Alili.
La réponse de l’auteur est évidemment : Oui.
Malgré un bilan, en France, « des instances extrafamiliales actuelles de
construction d’une conscience et d’une identité musulmanes » qui présente un
certain nombre de faiblesses, ces instances « savent très bien ce qui est
musulman et ce qui n’est pas musulman à leurs yeux ». « Les critères ont été
fixés de l’Algérie au Pakistan, de l’Iran à l’Arabie saoudite et du Soudan aux
campagnes d’Anatolie, et ils sont clairement répétés ici, en Europe occidentale. »
Voilà ce qui peut expliquer en partie l’échec de toute tentative d’intégration tant
souhaitée par nos gouvernements.
L’auteur poursuit : « La quête d’une identité musulmane en France et la prise de
conscience claire de cette identité ne se font pas sans tension », à la fois entre,
d’une part, les itinéraires personnels des musulmans et les « instances
importées » et, d’autre part, entre les musulmans et la société française « dont
le rejet anti-islamique est une donnée culturelle ancienne et récurrente ».
Reste à savoir qui, chez les Arabes d’origine, est musulman et qui ne l’est pas.
Ceux qui prétendent n’avoir aucun lien religieux avec l’islam peuvent-ils être
considérés malgré tout comme des musulmans ? Rochdy Alili répond encore par
l’affirmative : « Les personnes issues du monde musulman et de famille
musulmane, même si elles n’assument ni ne revendiquent aucune part
d’islamité, et parfois regrettent cette islamité, peuvent très bien être considérées
comme musulmanes » et parfois « stigmatisées par l’opinion commune dominant
dans la société française. (…) L’ethnique apparaît alors indissociable du culturel,
le culturel du religieux et le religieux du cultuel lorsqu’il s’agit d’islam. »
Rien d’étonnant à ce que les malentendus s’instaurent, les tensions montent ; il
y a risque d’explosion, puis explosion.
René Schleiter
© Polémia
7/11/05
LES DOSSIERS (II)
Après les « émeutes », le déluge ?
Ce que les médias qualifient aimablement d’émeutes « urbaines », (toujours la
langue de bois de la France officielle [1]) sont bel et bien, en réalité, des
émeutes « ethniques », les premières du genre dans notre pays.
Il faut considérer les problèmes d’immigration et d’intégration pour ce qu’ils
sont : un conflit pour les ressources et, à terme, pour la conquête du pouvoir
politique [2].
Les mesures adoptées par le gouvernement pour faire face à la situation ontelles des chances ? Sans faire preuve de pessimisme excessif, cela paraît fort
douteux pour un ensemble de raisons :
a) ces mesures consistent, pour une bonne part, à mettre une « couche » de
plus sur celles qui existaient déjà, dans la logique de l’assistant social d’Etat dont
la France a le secret [3] (un déluge de primes, franchises, subventions,
allocations, d’éducateurs, de moniteurs, de médiateurs, etc.) [4]. Or, devant
l’échec patent de la politique de la Ville, il faudrait « inventer » quelque chose de
radicalement différent [5]. Mais quoi ?
b) car il n’y a pas d’exemple, dans l’histoire du monde, d’une communauté
d’origine musulmane, massive et croissante (rappelons que la communauté
d’origine immigrée croît en France à un rythme de 3 % l’an, sans compter les
flux migratoires : 250 000 par an), qui se soit paisiblement intégrée dans une
communauté nationale étrangère (cf. le Kosovo, la Bosnie) [6]. Quant aux Noirs
américains, après deux siècles et demi sur le sol américain, ils sont toujours
marginalisés aux Etats-Unis, malgré l’apparition tardive d’une petite bourgeoisie
noire.
c) au surplus, les « Jeunes » auront compris qu’en brûlant moult voitures ils ont
eu accès à la télévision (le rêve de tout un chacun) et obtenu encore plus
d’argent des pouvoirs publics : une leçon qu’on n’oublie pas.
Que peut-il se passer ? On est ici en présence de deux scénarios, le rose et le
noir :
– L’officiel, « le rose », voudrait que la France, enfin éveillée à ce difficile
problème, évolue paisiblement, grâce aux heureuses mesures d’intégration qui
auront porté leurs fruits, vers une société apaisée et réconciliée dans ses
différentes composantes « Bleu/Black/Beur », où fils et filles de la République [7]
seraient réunis autour du drapeau tricolore (comme lors de la Coupe du monde
de football) [8].
– A l’opposé, « le noir » verrait la France évoluer vers une radicalisation
croissante de communautés de plus en plus étrangères les unes aux autres [9].
1°/ Il serait bien surprenant, s’il ne l’a pas déjà fait, que l’islamisme ne
s’empresse pas de récupérer aussi vite que possible une partie du mouvement
parti des banlieues pour l’utiliser à ses fins propres.
2°/ Il est vraisemblable qu’au fil des années l’on assistera à une double prise
d’otages :
– les pouvoirs publics seront pris en otages par les communautés d’origine
immigrée et agiront sous la contrainte et la crainte perpétuelle de l’agitation, de
l’émeute ou du terrorisme :
– le gouvernement, à court de ressources sans cesse réclamées puis exigées
prendra en otages les classes moyennes françaises, celles qui travaillent et qui
produisent des ressources, par le biais d’un alourdissement constant de la
fiscalité (locale ou nationale) et des charges sociales, sans compter les primes
d’assurances ! Car il faudra bien financer le « panem » et les « circenses » de
l’immigration. Et la classe politique, dans sa majorité, ne verra aucune objection
à pressurer et contraindre ses compatriotes, au nom du bien public, bien sûr. Les
médias, déjà largement gagnés à la cause, feront de même.
3°/ D’où le risque, à terme, d’une double guerre civile, larvée ou ouverte :
– au sein de la société d’accueil où, parmi les « natifs » [10] l’on verra, comme
entre 1940 et 1945, se dresser les « résistants », peu nombreux, qui ne
voudront à aucun prix accepter cette exploitation d’un nouveau genre, contre les
« collabos », évidemment majoritaires, qui feront le gros dos pour avoir la paix
ou qui militeront avec enthousiasme pour le nouveau système afin de hâter
l’avènement d’une France nouvelle [11] ;
– au sein des communautés immigrées où les ralliés, ou les « nouveaux harkis »
intégrés, minoritaires, qui auront choisi la France dans ses défauts et ses vertus,
seront confrontés aux non-intégrés et aux non-intégrables, majoritaires, qui
profiteront de la nouvelle donne pour tenter d’accéder aux commandes.
4°/ Avec, en toile de fond, le risque bien réel, en fait déjà en route si l’on en croit
les indicateurs internationaux, de l’installation d’un processus de sousdéveloppement économique de la France, avec départ à l’étranger:
– de nos entreprises : celles qui le pourront,
– de nos élites (la France exporte des bacs plus 5 et importe des bacs moins 5,
disait Jacques Dupâquier) [12].
Sur le plan international :
1°/ Dans un tel contexte aussi peu favorable, il est vraisemblable que la France,
devenue trop vulnérable et trop lourde à porter, fera l’objet d’une sorte de mise
en quarantaine de la part de ses voisins européens, sur le plan :
– de l’euro, par lassitude de devoir soutenir un pays à la balance des paiements
structurellement déficitaire ;
– des mouvements de personnes par suspension des accords de Schengen [13].
2°/ Il est manifeste que ce scénario s’inscrit dans la logique de la politique
française des trente dernières années avec le regroupement familial, le droit
d’asile, l’extension des droits sociaux les plus généreux à tout immigré qui a
réussi, légalement ou non, à franchir la frontière, l’octroi « en vrac » de la
nationalité française, l’accumulation d’entraves et d’interdits juridiques de toute
sorte à l’action de l’Etat [14] qui fait de la France un cas unique en Europe, avec
une population d’origine immigrée et de culture musulmane d’environ 5 millions
de personnes – Noirs, Maghrébins et Turcs – contre 2,5 en Allemagne, 1,3 en
Grande-Bretagne, 300 000 en Italie ou en Espagne. Il est clair que, depuis trente
ans, les pouvoirs publics ont joué les apprentis sorciers et créé une situation
démographique devenue ingérable.
3°/ Reste à savoir si les développements récents – et à venir – ne pourraient
pas, tôt ou tard, s’inscrire dans le cadre d’une stratégie mondiale de l’islamisme.
Ce dernier pourrait viser à une domination mondiale par la prise en otage d’une
Europe vulnérable, riche mais molle, à partir de la conquête du pouvoir en
France. Cette dernière deviendrait donc, bon gré, mal gré, la tête de pont pour le
contrôle de l’Europe [15].
Yves-Marie Laulan
26 novembre 2005
Notes :
[1]
Après le doux nom de « Jeunes » donné pendant des années aux voyous des quartiers
sensibles.
[2]
La création de l’association « Noirs de France » au lendemain desdites émeutes est très
significative à cet égard.
[3]
Comme dans les DTOM et, naguère, en Afrique francophone.
[4]
Il est vrai que cela crée de l’emploi public et du déficit. La dernière idée en date, sortie de
ces cerveaux étroits et camus, est qu’il faut démanteler les ghettos en répartissant la population
d’origine immigrée sur tout le territoire, comme on délaie du café dans du lait pour l’édulcorer. Et
cela alors que les émeutes ont déjà touché la plupart des régions. Faudra-t-il installer, de force,
une famille immigrée dans chaque immeuble et dans chaque maison comme les Bolcheviks l’ont
fait pour les bourgeois à la Révolution ?
[5]
Car, jusqu’ici, tout a échoué, en France comme en Angleterre, comme aux Pays-Bas.
[6]
Aussi l’Algérie « française », le Pakistan et les communautés musulmanes en Inde, en
Indonésie, au Nigéria : les exemples sont innombrables.
[7]
L’expression est du président de la République dans son allocution de fin d’émeutes.
[8]
En vertu du postulat, acquis depuis 30 ans, que tout immigré qui franchit nos frontières
devient, dans l’instant, fils de Vercingétorix et cousin de Clovis.
[9]
La référence à Haïti, où l’auteur a commencé sa carrière, est très illustrative d’un tel
processus : après la « libération » par Toussaint Louverture, les Métis ont exterminé ou chassé les
Blancs au cours du XIXe siècle, puis les Noirs ont exterminé ou chassé les Métis. Si bien
qu’aujourd’hui Haïti est un enfer tropical d’où les meilleurs s’enfuient vers des cieux plus cléments :
les docteurs haïtiens abondent à Chicago mais sont absents à Haïti.
[10] L’expression, oh combien expressive, est de Michelle Tribalat.
[11] On voit tout de suite de qui il s’agit : sociologues, politologues, ethnologues, gens des
médias persillés de quelques représentants de la classe politique soucieux de préserver leur
carrière.
[12] Nos universités sont déjà envahies (250 000) par des étudiants étrangers souvent quasi
illettrés.
[13] L’étranger, et cela se comprend, sera sans doute fort peu soucieux de recevoir cette masse
d’étrangers peu ou pas qualifiés mais porteurs de droits sociaux que la France prodigue a été si
enthousiaste à accueillir : « Gardez vos immigrés, nous gardons les nôtres. »
[14] La convention des Droits de l’homme, l’action du Conseil d’Etat (cf l’arrêt Montcho autorisant
la polygamie), celle du Conseil constitutionnel pour peu qu’il soit présidé par un Me Badinter, du
corps judiciaire dont une bonne partie est acquise au tiers-mondisme, etc. L’Etat, réduit à
l’impuissance, voit sa politique empêtrée sans espoir dans cette toile d’araignée invisible mais
terriblement efficace.
[15] Dans ce jeu aux dimensions du monde, la Turquie sera un pion essentiel. Jacques Chirac
aura fait loyalement son jeu aussi longtemps qu’il l’a pu.
LES DOSSIERS (II)
Emeutes novembre 2005 : Abécédaire
« Cela fait des années que nos gouvernements ne savent que réagir et
non plus agir » : Paul Thibaud, philosophe, ancien directeur de la revue
« Esprit ».
Il aura fallu plusieurs morts, 9 000 véhicules brûlés, des policiers blessés par
armes à feu, plusieurs établissements industriels et commerciaux incendiés, des
supermarchés dévalisés, des crèches, des écoles, des gymnases ravagés, etc.,
pour que des politiques, des intellectuels, des militants associatifs, venant de
tous les horizons émergent de la torpeur dans laquelle ils sommeillaient depuis
près de trente ans.
Polémia a relevé sous forme d’abécédaire dans la presse écrite bon nombre de
leurs déclarations, parfois surprenantes, souvent iconoclastes et, pour certaines,
hélas, encore très conformistes.
*
* *
Action affirmative (Nicole Bacharan) : « Au lieu de se plaindre du regard
parfois caricatural que les étrangers portent sur la crise des banlieues, il serait
opportun d’étudier les méthodes qu’ils ont utilisées pour favoriser l’intégration.
Ainsi l’ « action affirmative » pratiquée aux Etats-Unis depuis les années 60
mérite un examen attentif et lucide, fondé non sur des idées reçues comme il en
circule tant en France, notamment dans les cercles gouvernementaux, mais sur
les faits. (…) La traduction française « discrimination positive » est une
absurdité : le mot « discrimination » n’a jamais eu le moindre sens positif ni en
français ni en anglais. (…) Qu’est-ce alors que l’ « action affirmative » ? Ceci : les
entreprises et agences publiques doivent engager des employés issus des
minorités sous peine d’être en infraction avec la législation sur la nondiscrimination dans l’emploi (…). Contrairement à ce que l’on dit souvent ici, les
quotas sont interdits aux Etats-Unis. Il est aussi faux de dire que chaque
Américain serait définitivement « fiché » selon sa « race ». (…) On oppose
souvent le « modèle républicain à la française » à un prétendu « modèle
communautariste à l’américaine ». Cela n’a pas de sens. Les deux constitutions
garantissent l’égalité de tous les citoyens sans distinction de sexe, de religion ou
d’origine. Aux Etats-Unis, l’action affirmative n’est [pas] un principe
constitutionnel (…). C’est une méthode pragmatique. Quarante ans après cette
déclaration, on ne peut que constater les progrès accomplis : en 1960, seuls
13 % des Noirs faisaient partie de la classe moyenne ; ils sont aujourd’hui 66 %.
(…) Contrairement à ce que prétendent certains responsables français, les Etats
–Unis n’ont pas renoncé à l’action affirmative [qui] a été reconfirmée par la Cour
suprême en 2003 » (extraits de « L’ “action affimative” pour forcer les portes de
l’intégration », par Nicole Bacharan, historienne, politologue, spécialiste des
Etats-Unis, in Le Figaro du 17/11/05).
ANPE (Christian Charpy) : « Nous allons recevoir les 70 000 jeunes qui sont
inscrits à l’agence. Notre premier devoir consiste à essayer de leur trouver une
solution. Nous les recevrons tous les mois s’il le faut, dès décembre si possible. Il
ne s’agit pas de multiplier les entretiens pour faire du chiffre mais pour les
accompagner dans le retour à l’emploi. A la sortie d’un entretien, nous devons
avoir proposé à chacun un parcours vers l’emploi, une formation ou un
stage »(Christian Charpy, directeur de l’ANPE, Le Figaro économie du 22/11/05).
Antirépublicain (Alain Finkielkraut) : « (…) La république est la version
française de l’Europe. Eux et ceux qui les justifient disent que cela provient de la
fracture coloniale. D’accord, mais il ne faut pas oublier que l’intégration des
travailleurs arabes en France à l’époque du pouvoir colonial était beaucoup plus
simple. C’est-à-dire que c’est une haine à retardement, une haine a posteriori.
Nous sommes témoins d’une radicalisation islamique qu’il faut expliquer dans sa
totalité avant d’arriver au cas français, d’une culture qui au lieu de s’occuper de
ses propres problèmes recherche un coupable extérieur. Il est plus simple de
trouver un coupable extérieur. Il est séduisant de se dire qu’en France tu es
exclu et “Donnez-moi ! Donnez-moi !”
(…) Mais je pense que ce qu’on a vécu c’est un pogrom antirépublicain. On nous
dit que ces quartiers sont délaissés et que les gens sont dans la misère. Quel lien
y a-t-il entre la misère et le désespoir et brûler des écoles ? (…) Et j’ai été tout
simplement scandalisé de ces actes qui se sont répétés et encore plus scandalisé
par la compréhension qu’ils ont rencontrée en France. On les a traités comme
des révoltés comme des révolutionnaires. C’est la pire des choses qui pouvait
arriver à mon pays et je suis très malheureux. Pourquoi ? Parce que le seul
moyen de surmonter c’est de les obliger à avoir honte. La honte c’est le début de
la morale. Mais au lieu de les pousser à avoir honte, on leur a donné une
légitimité : ils sont “intéressants”. Ils sont “les damnés de la terre”. Imaginez un
instant qu’ils soient blancs comme à Rostock en Allemagne on dirait
immédiatement : le fascisme ne passera pas. Un Arabe qui incendie une école
c’est une révolte, un blanc c’est du fascisme. Je suis daltonien : le mal est le mal,
peu importe sa couleur. Et ce mal-là pour le juif que je suis est totalement
inacceptable.
Pire, il y a là une contradiction, car si effectivement ces banlieues étaient dans
une situation de délaissement total, il n’y aurait pas de salles de sport à
incendier, il n’y aurait pas d’écoles et d’autobus. S’il y a des gymnases, des
écoles et des autobus, c’est que quelqu’un a fait un effort. Peut-être insuffisant
mais un effort quand même » (extraits d’une interview donnée par Alain
Finkielkraut à Dror Mishani et Aurelia Samothraiz du quotidien israélien Haaretz
paru le 18/11/05).
Colonialisme (Philippe Bernard) : « “Racaille”, “état d’urgence”, en deux mots
l’exécutif a donné raison à ceux qui tentent de persuader les jeunes issus de
l’immigration qu’ils ne sont rien d’autre que des “indigènes de la République”,
traités dans leur propre pays comme l’étaient leurs parents du temps des
colonies (…). Cette analyse (…) assimile abusivement les discriminations
actuelles au statut des colonisés et renvoie dramatiquement les jeunes à une
identité d’éternelles victimes (…). Pourtant, en convoquant l’imaginaire colonial,
le gouvernement n’est pas loin de justifier l’appel à “décoloniser la République”
lancé par les “indigènes” et alimente le communautarisme qu’il prétend
combattre (…). Tant que les politiques, de gauche comme de droite, peineront à
considérer les enfants d’immigrés comme des Français à 100 % quelle que soit la
couleur de leur peau, tant qu’un discours de vérité sur la colonisation ne sera pas
substitué au “rôle positif de la présence française” scellé par la loi de février
2005, les jeunes des quartiers populaires (…) continueront de sentir combien le
poids de cette histoire imprègne encore les regards posés sur eux » (extraits de
« Banlieue : la provocation coloniale », par Philippe Bernard in Le Monde du
19/11/05).
Communautarisme (Daniel Jospin) : « Je suis hostile au communautarisme. Il
faut rester dans notre tradition républicaine qui consiste à garantir l’égalité des
citoyens quelle que soit leur origine. (…) Qu’il faille faire des efforts particuliers
en direction de telle ou telle catégorie de la population pour en favoriser
l’intégration, c’est évident, mais il ne faut pas le faire sur des bases ethniques ou
religieuses » (Lionel Jospin, dans Les Echos du 7/12/05).
Communautarisme (bis) (Nicolas Sarkozy) : « Absurde! Comme si c'était moi
qui étais responsable du communautarisme! Pouvez-vous me regarder et me dire
en face que le communautarisme, c'est moi? Le communautarisme, il naît de la
faiblesse de l'Etat républicain. Quand l'Etat ne remplit plus son rôle, les membres
d'une communauté se retournent vers celle-ci pour être défendus, faute de l'être
par l'Etat.
(…). J'en viens à l'islam de France : comment pouvez-vous oublier ces grands
moments de la vie de la République, quand le CFCM a déclaré publiquement qu'il
ne se reconnaissait pas dans les tortionnaires qui avaient enlevé vos confrères
journalistes en Irak ? Quand l'UOIF [Union des organisations islamiques de
France], qui concurrence, au bon sens du terme, les salafistes dans les cités, a
adressé une fatwa pour déclarer qu'on ne pouvait pas se dire bon musulman et
se faire l'apôtre de la violence dans les banlieues ? Eh bien, je me suis dit en
entendant cela que ce que j'avais fait était utile ! Vous ne pouvez pas dire le
contraire.
(…) J'ai dit que les religions étaient capables de redonner du sens à la vie et que
la question spirituelle était plus importante que la question temporelle,
notamment dans des quartiers qui sont devenus des déserts culturels et cultuels.
Je n'ai jamais parlé du lien social. Je ne veux pas de l'ordre des mafias et je ne
veux pas plus de l'ordre des barbus. Je veux l'ordre de la République.
Maintenant, sur le bilan soi-disant dérisoire du CFCM, comment pouvez-vous dire
cela, alors que 1 300 mosquées ont participé à la définition de l'islam de France,
deuxième religion de notre pays, au cas où vous l'auriez oublié? Si ce bilan-là est
dérisoire, que devrait-on dire des autres! Quant à la discrimination positive, je
suis choqué qu'il n'y ait pas plus de préfets de minorités visibles, je suis choqué
que, quand on est musulman ou originaire d'Afrique noire, on ne se reconnaisse
pas dans les magistrats, dans les généraux, dans la haute fonction publique. La
France est multiple ; cette multitude est une richesse. Je ne veux pas d'une élite
française unique. »(…) Pour moi, la France, ce n'est pas une addition de
communautés. Mais, à force de décrire une France qui n'existe pas, c'est-à-dire
des Français tous égaux, on passe à côté de la résolution des problèmes. La
France n'est pas une succession de parts de marché, mais il y a des Français qui
ont des problèmes différents des autres. Et s'occuper des problèmes de tous les
Français, ce n'est pas un reproche qu'on peut faire à un responsable politique. Il
y a des problèmes spécifiques. Quand vous parlez de communautarisme, vous
traduisez une peur. La République, vous la voyez beaucoup plus faible que moi.
S'occuper des banlieues ou des musulmans, ce n'est pas faire du
communautarisme. Mon action est profondément républicaine, car je veux
rétablir l'ordre républicain. Elle est le contraire du communautarisme. Après
toutes les interpellations que nous avons faites, la France ne sera, d'ailleurs, plus
la même, car le sentiment d'impunité, pour la première fois depuis très
longtemps, va reculer. Vous devriez dire : enfin un ministre de l'Intérieur
républicain ! Le droit de vote des étrangers, par exemple, c'est un facteur
d'intégration » (extraits d’une interview exclusive donnée par Nicolas Sarkozy à
Denis Jeambar de L’Express, parue le 17/11/05).
Consommation (Alain Finkielkraut) : « (…) Et ces gens qui détruisent des
écoles, que disent-ils en fait ? Leur message n’est pas un appel à l’aide ou une
exigence de plus d’écoles ou de meilleures écoles, c’est la volonté de liquider les
intermédiaires entre eux et les objets de leurs désirs. Et quels sont les objets de
leurs désirs ? C’est simple : l’argent, les marques, et parfois des filles. C’est
pourquoi il est certain que notre société a sa responsabilité, parce qu’ils veulent
tout maintenant et ce qu’ils veulent c’est l’idéal de la société de consommation.
C’est ce qu’ils voient à la télévision.
(…) Aujourd’hui la haine des Noirs est encore plus forte que celle des Arabes.
(…) Bien sûr qu’il y a une discrimination. Et il y a certainement des Français
racistes. Des Français qui n’aiment pas les Arabes et les Noirs. Et ils les aimeront
encore moins maintenant quand ils prendront conscience de combien eux-mêmes
les haïssent. C’est pourquoi cette discrimination va s’approfondir pour tout ce qui
concerne le logement et aussi le travail.
Mais je pense que l’idée généreuse de guerre contre le racisme se transforme
petit à petit monstrueusement en une idéologie mensongère. L’antiracisme sera
au XXIe siècle ce qu’a été le communisme au XXe » (extraits d’une interview
donnée par Alain Finkielkraut à Dror Mishani et Aurelia Samothraiz du quotidien
israélien Haaretz paru le 18/11/05).
Culpabilité (Dominique Sopo) : « Il existe en France un antiracisme bienpensant. Il est dangereux, car dévoyé. Il se nourrit principalement de cette
culpabilité blanche, il est une perpétuelle action de repentir (…) [qui] laisse la
place à toutes les dérives » (Dominique Sopo, dans Le Point du 24/11/05).
Culture (Robert Redeker) : « Les événements enflammant les banlieues
françaises en cet automne sont d’un genre inédit. (…) La violence s’est déchaînée
contre la culture, écoles et bibliothèques ont été brûlées, comme en temps de
barbarie (…). Pour la sociologie, servant de base à tous les travailleurs sociaux,
médiateurs, intervenants en banlieue, “la” culture n’existe pas ; seules existent
“les” cultures, toutes également légitimes. A force de marteler que “la” culture
est oppression, élitisme, qu’une pièce de Shakespeare n’a pas plus de valeur
qu’une chanson et qu’un vers de Racine ne vaut pas mieux qu’un couscous,
comment s’étonner qu’on brûle des bibliothèques ? On ne cesse de dévaluer “la”
culture (sens philosophique du mot) et de surévaluer, au nom du
différentialisme, “les” cultures (sens sociologique), dans leur pluralité.
Les définitions de l’homme et du citoyen entrent, du fait du pluralisme culturel,
en concurrence aux dépens des jeunes de banlieue, qui ne savent plus à quoi il
faut essayer de ressembler puisqu’on leur a enseigné que tout se vaut. Le
nihilisme est la situation d’égalisation des cultures (…) [avec pour effet]
l’impossibilité, pour des populations issues de cultures étrangères, de
s’amalgamer à la culture nationale et républicaine de la France. Caractérisées par
l’absence de sens, les émeutes des banlieues s’expliquent avant tout par le
nihilisme auquel a conduit une politique culturelle inspirée de la sociologie plutôt
que de la philosophie » (extraits de « Le nihilisme culturel imprègne les émeutes
banlieusardes », par Robert Redeker, philosophe, in Le Figaro du 28/11/05).
Déconnection (Guy Sorman) : « La guérilla urbaine engagée par les “jeunes de
banlieues” n’est qu’un témoignage de plus de la déconnection totale entre la
société française telle qu’elle est devenue et la classe politique telle qu’elle ne
change pas (…). Or depuis les années 80, l’Etat parle dans le vide et la société
file dans mille autres directions ; exemples : il n’existe plus aucune relation entre
l’économie capitaliste et mondialisée et une politique économique hexagonale à
base de subventions (…). La société française est balkanisée, auto-organisée sur
la base de solidarités nouvelles (…) ; le patronat s’est internationalisé (…), les
syndicats ne défendent plus les ouvriers mais leurs intérêts particuliers, (…) les
immigrés ont créé une économie parallèle (…). En somme, l’Etat est nu mais il ne
le sait pas (…). Il existerait bien une thérapie, mais lourde, qui pourrait tuer le
patient. Elle s’appelle l’autocritique. Mais imagine-t-on la classe politique avouer
qu’elle a très mal géré l’Etat depuis 25 ans ? (…). Cet autisme politique est la
véritable cause des incendies (…). Qui a créé la zone de non-droit d’où l’incendie
est parti ? Les adolescents ou l’Etat autiste ? » (extraits de « Violences urbaines,
c’est l’Etat qui a pris feu », par Guy Sorman in Le Figaro du 14/11/05).
Désastre (Ivan Rioufol) : « Qui a mis la France dans cet « état d'urgence » ?
Ceux qui ont laissé croire aux seuls bienfaits de la multiethnicité, du mélange des
cultures, de la “citoyenneté du monde”. Ceux qui ont, dans le même temps,
ringardisé le patriotisme, relativisé la légitimité des lois, victimisé les minorités.
Ceux qui ont dissimulé les réalités, bidonné les chiffres, nié les évidences. Ceux
qui ont lynché les contradicteurs. Comment suivre encore ces faiseurs de
désastre ? Ces professionnels du parler faux n'envisagent pas l'autocritique. Ils
s'essayent même à d'autres acrobaties : les violences urbaines traduiraient une
demande d'intégration, les incendies d'écoles un besoin d'instruction (…).
Aujourd'hui, le peuple excédé n'est pas loin de tenir ses représentants et
médiateurs pour collectivement responsables d'un risque de libanisation du pays.
(…) Une réflexion sur ces événements – qui n'auront surpris que les esprits
moutonniers – conduit à mettre en cause la pensée clonée, qui refuse d'appeler
un chat un chat (…). Il est temps d'ouvrir les yeux sur les maltraitants de la
France, pressés d'en finir – au nom d'un universalisme mal compris – avec une
nation héritière de Louis XI, de Molière et des poilus de Douaumont. (…) Faut-il
poursuivre l'immigration, le regroupement familial, le droit du sol ? Comment
faire respecter la nation, son histoire, ses valeurs ? Urgent d'en débattre »
(extraits du « Bloc-notes » d’Ivan Rioufol in Le Figaro du 18/11/05).
Ecole (Alain Finkielkraut) : « (…) Ce sentiment qu’ils ne sont pas français ce
n’est pas l’école qui le leur donne. (…) En France, comme vous le savez peutêtre, on inscrit les enfants dans les écoles, même s’ils se trouvent illégalement
dans le pays. Il y a ici quelque chose de surprenant, de paradoxal. L’école
pourrait très bien appeler la police puisque l’enfant se trouve en France
illégalement, et malgré tout l’école ne prend pas en considération leur illégalité.
Prenez par exemple la langue : vous dites qu’ils sont d’une troisième génération,
alors pourquoi est-ce qu’ils parlent le français comme ils le parlent ? C’est un
français égorgé, l’accent, les mots, la grammaire. C’est à cause de l’école ? A
cause des profs ?
(…) Je ne sais pas. Je suis désespéré. A cause des émeutes et à cause de leur
accompagnement médiatique. Ils vont se calmer, mais qu’est-ce que ça veut
dire ? Ce ne sera pas un retour au calme. Ce sera un retour à la violence
habituelle. Alors ils vont arrêter parce qu’il y a tout de même un couvre-feu, et
les étrangers ont peur, et les dealers veulent reprendre les affaires. Mais ils
jouiront du soutien et de l’encouragement à leur violence antirépublicaine, par le
biais du discours repoussant de l’autocritique sur leur esclavage et le
colonialisme. C’est cela, ce n’est pas un retour au calme mais à la violence de
routine.
(…) J’ai perdu. Pour tout ce qui concerne la lutte sur l’école, j’ai perdu. C’est
intéressant, parce que, quand je parle, beaucoup de gens sont d’accord avec
moi. Beaucoup. Mais il y a quelque chose en France, une espèce de déni qui
provient des “bobos”, des sociologues et des assistants sociaux, et personne n’a
le courage de dire autre chose. Ce combat est perdu, je suis resté en arrière »
(extraits d’une interview donnée par Alain Finkielkraut à Dror Mishani et Aurelia
Samothraiz du quotidien israélien Haaretz paru le 18/11/05).
Enfants (Emmanuel Todd) : « Mais je ne vois rien dans les événements euxmêmes qui sépare radicalement les enfants d'immigrés du reste de la société
française. J'y vois exactement le contraire. J'interprète les événements comme
un refus de marginalisation. Tout ça n'aurait pas pu se produire si ces enfants
d'immigrés n'avaient pas intériorisé quelques-unes des valeurs fondamentales de
la société française, dont, par exemple, le couple liberté-égalité. Je lis leur
révolte [celle des enfants d’immigrés] comme une aspiration à l'égalité. Je trouve
d'une insigne stupidité de la part de Nicolas Sarkozy d'insister sur le caractère
étranger des jeunes impliqués dans les violences. Je suis convaincu au contraire
que le phénomène est typique de la société française. Leur violence traduit aussi
la désintégration de la famille maghrébine et africaine au contact des valeurs
d'égalité françaises » (extraits de « Rien ne sépare les enfants d’immigrés du
reste de la société », par Emmanuel Todd, historien et démographe, in Le Monde
des 13-14/11/05).
Erreurs (Nicolas Sarkozy) : « (…) Je voudrais, surtout, qu'on en finisse avec
quarante années d'erreurs, droite et gauche confondues. J'en vois quatre
importantes.
- Première erreur: on a cherché à aider des territoires plutôt qu'à aider des
individus. Aider des territoires, ça veut dire aider tout le monde, celui qui veut
s'en sortir mais aussi celui qui ne fait rien pour cela. Ça permettait à la société
de se dérober et d'ignorer qui il fallait aider, c'est-à-dire les personnes issues de
l'immigration maghrébine et d'Afrique noire. On n'a pas eu le courage de dire
cela et on s'est protégé avec l'aide au territoire.
- Deuxième erreur : on a fait du social là où il fallait offrir du travail. On a aidé
les colonies de vacances, on a créé des terrains de football, on a distribué des
subventions là où il fallait donner une formation.
- Troisième erreur : on a refusé de regarder le problème des banlieues en face.
On a nié l'existence de bombes à retardement à dix minutes du centre de la
capitale de la France et de la plupart de ses villes.
- Quatrième erreur : on a laissé à penser qu'on pouvait confondre générosité et
impunité. L'impunité, ce n'est pas de la générosité, c'est de la complicité.
Voilà les quatre erreurs et les quatre changements de cap profonds que je
souhaite réaliser. (…) Si on devait trouver une faute qui résumerait tout, c'est la
lâcheté. Lâcheté, parce qu'on n'a pas voulu dire que l'immigration est un
problème qui existe. Lâcheté, parce qu'au fil des ans on a laissé le problème
s'enkyster. Lâcheté, parce qu'on a trouvé plus facile de faire du collectif plutôt
que de l'individuel. Lâcheté, parce qu'il était plus simple de distribuer des crédits
dans une France en croissance, plutôt que d'obliger des gens à se former et à
travailler. Lâcheté, parce qu'on s'est retranché derrière un concept, le modèle
d'intégration à la française, sans se demander s'il était encore efficace. Lâcheté,
parce qu'on n'a pas voulu poser la question d'une immigration choisie plutôt que
subie » (extraits d’une interview exclusive donnée par Nicolas Sarkozy à Denis
Jeambar de L’Express parue le 17/11/05).
Etat d’urgence (Frédéric Rolin) : « La question est de savoir si les troubles sont
suffisamment graves pour justifier l’état d’urgence. Or il n’y a plus de
troubles… » (Frédéric Rolin, professeur de droit public, in Libération du 9/12/05).
Ethnique (Alain Finkielkraut) : « (…) En France on voudrait bien réduire les
émeutes à leur niveau social. Voir en elles une révolte de jeunes de banlieues
contre leur situation, la discrimination dont ils souffrent et contre le chômage. Le
problème est que la plupart de ces jeunes sont noirs ou arabes et s’identifient à
l’Islam. Il y a en effet en France d’autres émigrants en situation difficile, Chinois,
Vietnamiens, Portugais, et ils ne participent pas aux émeutes. Il est donc clair
qu’il s’agit d’une révolte à caractère ethnico-religieux.
(…) Cette violence a été précédée de signes annonciateurs très préoccupants que
l’on ne peut réduire à une simple réaction au racisme français. Prenons par
exemple les événements qui ont accompagné il y a quelques années le match de
football France-Algérie, ce match s’est déroulé à Paris au stade de France, on
nous dit que l’équipe de France est adorée par tous parce qu’elle est “blackblanc-beur”, en fait aujourd’hui elle est black-black-black, ce qui fait ricaner
toute l’Europe. Si on fait une telle remarque en France on va en prison mais c’est
quand même intéressant que l’équipe de France de football soit composée
presque uniquement de joueurs noirs. Quoi qu’il en soit, cette équipe est perçue
comme le symbole d’une société multiethnique, ouverte, etc. Le public dans le
stade, des jeunes d’origine algérienne, ont hué pendant tout le match cette
même équipe. Ils ont même hué la “Marseillaise” et le match a dû être
interrompu quand les jeunes ont envahi le terrain avec des drapeaux algériens.
Et il y a aussi les paroles des chansons de rap, des paroles très préoccupantes,
de véritables appels à la révolte, je crois qu’il y en a un qui s’appelle docteur R
qui chante “Je pisse sur la France, je pisse sur de Gaulle”, etc., ce sont des
déclarations très violentes de haine de la France.
Toute cette haine et cette violence s’expriment maintenant dans les émeutes ; y
voir une réponse au racisme français c’est être aveugle à une haine plus large :
La haine de l’Occident qui est responsable de tous les crimes. La France découvre
cela aujourd’hui » (extraits d’une interview donnée par Alain Finkielkraut à Dror
Mishani et Aurelia Samothraiz du quotidien israélien Haaretz paru le 18/11/05).
Exemple (Kim Goodman) : « La seule façon pour la communauté noire
d’améliorer sa condition, c’est de se concentrer sur les études, de faire des
percées majeures dans le monde des affaires et d’augmenter sa participation au
capitalisme » (extraits de « Les vertus de l’exemple », par Kim Goodman, viceprésidente de Dell, diplômée de sciences politiques, MBA de Harvard et master
en ingénierie industrielle de Stanford, in « La chronique d’Yves de Kerdrel », Le
Figaro du 22/11/2005.)
Français (Nicolas Sarkozy) : « (…) Ils sont tous français juridiquement. Mais
disons les choses comme elles sont : la polygamie et l'a-culturation d'un certain
nombre de familles font qu'il est plus difficile d'intégrer un jeune Français
originaire d'Afrique noire qu'un jeune Français d'une autre origine. (…)La
discrimination positive à la française, c'est arrêter de considérer qu'on résout le
problème des injustices en parlant et en ne faisant rien. C'est arrêter de penser
qu'on arrive à l'égalité par le nivellement. Ça veut dire que nous allons créer des
écoles spécifiques pour que des jeunes des quartiers puissent passer avec de
vraies chances de succès les concours de la fonction publique. (…) L'affaire est
grave. Nous n'avons pas quelques dizaines ou quelques centaines de
délinquants. Il s'agit de milliers et le nombre de personnes interpellées en donne
la mesure. Un certain nombre de territoires sont passés sous le contrôle de
bandes parfaitement organisées. Elles règnent en maîtresses absolues. On voit
leur organisation à partir de la façon dont elles utilisent les mineurs. Quand on
découvre un laboratoire de fabrication de cocktails Molotov à Evry [Essonne], on
y trouve sept mineurs de 13 à 17 ans, utilisés par des caïds. Les bailleurs sociaux
sont rackettés. On a constaté que n'ont des appartements que ceux que ces
bandes acceptent. Une épreuve de force s'est donc déroulée sous les yeux de la
France : un certain nombre de gens se sont dit “si on fait reculer les forces
républicaines, on aura définitivement la paix”. Un calme précaire s'était installé
sur la démission de l'ordre public. Ils ont voulu s'enraciner définitivement. Le mal
est profond, c'est pour cela que j'ai dit qu'il fallait l'éradiquer en profondeur,
j'allais dire passer le Kärcher, mais je ne voudrais pas vous choquer ! Par
ailleurs, il faut réfléchir à la question des mineurs, qui n'ont plus rien à voir avec
ceux d'il y a quarante ans. Il y a des mineurs qui, à 14 ou 15 ans, ont déjà violé,
braqué, brûlé et qui sont forts comme des hommes. Il n'y a pas à lutter contre
[la polygamie], elle est interdite. Je demande donc qu'on repense les conditions
de mise en œuvre du regroupement familial. Il a été détourné de son objectif. On
ne peut plus accepter de regroupement familial sans vérification. C'était une
mesure pour favoriser l'intégration. C'est devenu une nouvelle filière
d'immigration. Celui qui demande le regroupement doit avoir les moyens
matériels d'accueillir sa famille et de la faire vivre » (extraits d’une interview
exclusive donnée par Nicolas Sarkozy à Denis Jeambar de L’Express paru le
17/11/05).
Grands ensembles (Roland Castro) : « Au lieu de concevoir des villes porteuses
d’une continuité, les grands ensembles créent un événement idéal où l’espace
est généré par l’empilement de cellules (…). Les immeubles n’ont aucun rapport
avec la rue, la cité vit sur elle-même, loin de tout. La mixité ne s’obstient que si
les lieux donnent aux gens l’envie d’y vivre et l’occasion de s’y rendre » (Roland
Castro, architecte, animateur du groupe Banlieue 89 dans les années 80, in Le
Monde du 6/12/05).
Grands ensembles (bis) (François Maspero) : « [A Aulnay-sous-Bois, cité des
3 000, NDLR], un seul permis de construire, un seul opérateur, et vas-y que je te
construis 3 000 logements sociaux. On vit grand : 16 000 habitants prévus. La
municipalité communiste de son côté rêvait certainement de prolétariat radieux
dans une cité heureuse » (François Maspero, écrivain, in Les passagers du
Roissy-Express, Le Seuil 1990, cité par Le Monde du 18/11/05).
Identification (Alain Finkielkraut) : « (…) Elles [les émeutes, NDLR] sont
orientées contre la France, comme ancienne puissance coloniale, contre la
France, pays européen. Contre la France avec sa tradition chrétienne, ou judéochrétienne.
(…) On a tendance à avoir peur du langage de vérité, pour des raisons “nobles”.
On préfère dire “les jeunes” que “Noirs” ou “Arabes”. Mais on ne peut sacrifier la
vérité quelles que soient les nobles raisons. Il faut bien entendu éviter les
généralisations : Il ne s’agit pas de tous les Noirs et de tous les Arabes, mais
d’une partie des Noirs et des Arabes. Et évidemment la religion, non pas comme
religion mais comme ancre d’identité, joue un rôle. La religion telle qu’elle
apparaît sur internet et les chaînes de télévision arabes, sert d’ancre
d’identification pour certains de ces jeunes. Contrairement à d’autres, moi je n’ai
pas parlé d’Intifada des banlieues, et je ne pense pas qu’il faille utiliser ce terme.
J’ai pourtant découvert qu’eux aussi envoyaient en première ligne de la lutte les
plus jeunes, et vous en Israël vous connaissez ça, on envoie devant les plus
jeunes parce qu’on ne peut pas les mettre en prison lorsqu’ils sont arrêtés. Quoi
qu’il en soit ici il n’y a pas d’attentats et on se trouve à une autre étape : je
pense qu’il s’agit de l’étape du pogrom anti-républicain. Il y a des gens en France
qui haïssent la France comme république » (extraits d’une interview donnée par
Alain Finkielkraut à Dror Mishani et Aurelia Samothraiz du quotidien israélien
Haaretz paru le 18/11/05).
Identité (Pierre Manent) : « La crise d’identité dont a parlé le président de la
République ne pèse pas que sur les jeunes des banlieues : elle pèse sur
l’ensemble de la population. Mettons un terme à ce discours qui fait semblant
d’offrir quelque chose – l’intégration à on ne sait quoi – à des gens dont on
ignore s’ils ont envie du cadeau. Je le répète, soyons plus laïcs, parlons moins de
valeurs et plus de choses objectives comme le travail » (extrait de « La crise du
sens n’est pas plus grande à Clichy-sous-Bois qu’à Neuilly-sur-Seine », par Pierre
Manent, professeur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales in Le Monde
des 4-5/12/05).
Intégration (Bernard Kouchner) : « C’est l’intégration à la française qui a failli.
Et voilà que le président de la République nous exhorte à ne pas changer un
modèle qui perd » (Bernard Kouchner, Le Point du 24/11/05).
Intégration (bis) (Alain Finkielkraut) : « Cela va être difficile d’intégrer des
gens qui n’aiment pas la France dans une France qui ne s’aime pas » (Alain
Finkielkraut, Le Point du 24/11/05).
Islamisme (Maurice Le Dantec) : « Votre combat [celui du Bloc Identitaire,
NLDR] pour empêcher l’islamisation de l’Europe, la dissolution de l’Europe (la
vraie) me touche profondément » (Maurice Le Dantec, Le Point du 24/11/05).
Modèle républicain (Alain Finkielkraut) : « (…) On dit que le modèle républicain
s’est effondré dans ces émeutes. Mais le modèle multiculturel ne va pas mieux.
Ni en Hollande ni en Angleterre. A Bradford et à Birmingham aussi ont eu lieu
des émeutes sur fond racial. Deuxièmement l’école républicaine, le symbole du
modèle républicain, n’existe plus depuis longtemps. Je connais l’école
républicaine, j’y ai étudié. C’était une institution avec des exigences sévères,
austère, assez antipathique, qui avait construit de hautes murailles pour se
protéger du bruit de l’extérieur.
(…) Le problème est qu’il faut qu’ils [les jeunes] se considèrent eux-mêmes
comme Français. Si les immigrants disent : “les Français” quand ils parlent des
Blancs, alors on est perdu. Si leur identité se trouve ailleurs et ils sont en France
par intérêt, alors on est perdu. Je dois reconnaître que les juifs aussi
commencent à utiliser cette expression, je les entends dire “les Français” et je ne
peux pas supporter ça. Je leur dis : “Si pour vous la France n’est qu’une question
d’intérêt et votre identité est le judaïsme, alors soyez cohérents avec vousmêmes, vous avez Israël.” C’est effectivement un grand problème : nous vivons
dans une société post-nationale dans laquelle pour tout le monde l’Etat n’est
qu’une question d’intérêt, une grande compagnie d’assurance, il s’agit là d’une
évolution très grave.
(…) Mais s’ils ont une carte d’identité française ils sont français et s’ils n’en ont
pas, ils ont le droit de s’en aller. Ils disent “Je ne suis pas français, je vis en
France, et en plus ma situation économique est difficile.” Personne ne les retient
de force ici, et c’est précisément là que se trouve le début du mensonge. Parce
que s’ils étaient victimes de l’exclusion et de la pauvreté ils iraient ailleurs. Mais
ils savent très bien que partout ailleurs, et en particulier dans les pays d’où ils
viennent, leur situation serait encore plus difficile pour tout ce qui concerne leurs
droits et leurs chances » (extraits d’une interview donnée par Alain Finkielkraut à
Dror Mishani et Aurelia Samothraiz du quotidien israélien Haaretz paru le
18/11/05).
Nique ta mère (Jean Baudrillard) : « “Nique ta mère”, c’est au fond leur slogan.
Et plus on tentera de les materner, plus ils niqueront leur mère. Nous ferions
bien de revoir notre psychologie humanitaire » (Jean Baudrillard, philosophe,
dans Libération, cité par Le Point du 24/11/05).
Pauvreté (Ulrich Beck) : « Jadis, les riches avaient besoin des pauvres pour
devenir riches. A l’heure de la mondialisation, les riches n’ont plus besion des
pauvres. C’est la raison pour laquelle les enfants français d’origine africaine ou
nord-africaine pâtissent d’une complète absence de perspective dans les
banlieues des grandes villes. (…) La vraie misère se manifeste de façon ultime à
travers la hiérarchie des apprentissages : les “jobs” destinés aux adolescents peu
qualifiés ont été automatisés ou délocalisés. Ainsi l’école élémentaire est
menacée, dans toute l’Europe, de devenir une prison derrière les murs de
laquelle les groupes sociaux les plus humbles sont condamnés pour la vie au
chômage et à l’aide sociale… » (Ulrich Beck, sociologue et professeur à
l’université de Munich, in Le Figaro du 18/11/05).
Peur (Nicolas Sarkozy) : « (…) Qu'est-ce que vous me reprochez ? D'appeler un
voyou un voyou ? De dire que je veux débarrasser les banlieues d'un trafic que
l'on commente depuis des années sans s'y attaquer ?
(…) La police et la gendarmerie n'ont jamais eu les consignes pour aller en
profondeur dans les banlieues. (…) Dans la polémique sur cette crise, j'ai très
bien vu que certains observateurs demandaient que l'on retire les forces de
l'ordre pour ramener le calme et expliquaient que les émeutes étaient liées à la
présence de la police et à un ministre de l'Intérieur qui entendait faire régner
l'ordre public dans ces zones de non-droit. La vérité, c'est que, depuis quarante
ans, on a mis en place une stratégie erronée pour les banlieues. D'une certaine
manière, plus on a consacré de moyens à la politique de la ville, moins on a
obtenu de résultats. Enfin, je voudrais dire qu'il y a un mot qu'on ne prononce
jamais quand on parle des banlieues : c'est le mot «peur». Un certain nombre de
Français vivent avec la peur au ventre. Peur parce qu'ils sont des oubliés de la
République ! Ils ne vont plus voter parce qu'ils n'ont plus d'espérance et ne
croient plus les gens d'en haut, qui parlent, discourent et ne font rien pour eux…
(extraits d’une interview exclusive donnée par Nicolas Sarkosy à Denis Jeambar
de L’Express paru le 17/11/05).
Police (Nicolas Sarkozy) : « J'ajoute que l'action policière que j'ai engagée dans
les quartiers ne s'arrêtera pas avec la fin des violences urbaines. La police va
rester et nous allons éradiquer les trafics. Des affaires vont sortir dans les
prochaines semaines. La vraie police de proximité, c'est que, désormais, le tiers
des forces mobiles, au lieu d'être consacrées au maintien de l'ordre, s'installent
durablement dans les quartiers, pour la sécurité quotidienne. Mais ce ne sera pas
une police de proximité pour dire bonjour à des commerçants qui, par ailleurs,
ont déserté ces quartiers, ce sera pour interpeller, pour protéger et pour punir
chaque fois que ce sera nécessaire. La police va arriver dans les quartiers à 17
heures et partir à 4 heures du matin, parce que ce sont les horaires des voyous
qui trafiquent de la drogue ou volent des voitures ! Ça, c'est de la vraie
prévention et de la protection. Demandez aux habitants de la Cité des 4 000, à
La Courneuve, pourquoi elle est restée calme ces derniers jours ! Demandez-leur
si la situation n'a pas changé ! Parlez aux vrais habitants de cette cité, où je suis
allé trois fois, et vous verrez s'ils trouvent qu'il y a trop de police ! L'action que
j'ai engagée s'inscrit dans le long terme » (extraits d’une interview exclusive
donnée par Nicolas Sarkozy à Denis Jeambar de L’Express paru le 17/11/05).
Politiquement correct (François Dufay) : « Au royaume du politiquement
correct, l’état d’urgence a été promulgué. Malgré la vigilance de la “police de la
pensée”, des éléments incontrôlés osent en effet braver le couvre-feu
idéologique en vigueur depuis trois décennies. Leur crime ? Remettre en question
notre réputé modèle social français » (François Dufay, in Le Point du 24/11/05).
Racial (Bernard Kouchner) : « Je crois aussi que l’on ne peut nier la dimension
raciale qui s’est manifestée durant cette crise » (Bernard Kouchner, in Le Point
du 24/11/05).
Rupture (Nicolas Sarkozy) : « (…) Tant de Français qui pensent que ceux qui
prononcent ces discours ne croient pas un mot de ce qu'ils disent. C'est pour cela
que j'ai parlé de la nécessité de la rupture dans notre façon de faire de la
politique. (…). J'ai la conviction que ce n'est pas la politique qui n'intéresse pas ;
c'est l'absence de débat politique qui consterne. (…) La France ne trouve pas de
solutions structurelles à la crise qui la traverse parce que ses élites n'ont pas le
courage de dresser le véritable diagnostic sur cette crise. (…) Le premier, j'ai dit
que le modèle social français était à bout de souffle. Le premier, j'ai dit que
l'intégration à la française était un échec. Parmi les premiers, j'ai dit que les
banlieues étaient des poudrières, qu'il fallait faire une place aux musulmans de
France, qu'il fallait engager le pays sur la voie de la discrimination positive à la
française en faisant plus pour ceux qui ont moins. (…). J'ai proposé, par exemple,
le droit de vote des immigrés aux municipales dès 2001. En définitive, ce qui
manque en France, c'est un vrai débat. (…) On ne réglera pas les problèmes de
la France de 2005 avec les idées d'il y a trente ans. Elles ont déjà échoué il y a
trente ans. Elles échoueront aujourd'hui et l'on ne peut pas demander à celui qui
cherche à avancer de ne jamais se tromper, parce que la peur de l'échec, c'est
l'immobilisme. Oui, j'ai connu un échec en Corse avec le référendum, oui, j'ai pu
me tromper. Mais peu importe, car ce qui compte, c'est d'essayer d'avancer, de
soulever des montagnes, de dire à la France: “Regarde-toi telle que tu es”, de
refuser l'immobilisme qui, lui, conduit toujours à l'échec et à l'impasse. Mon
credo, c'est qu'il n'existe aucune fatalité.
(…) Peut-être y a-t-il surtout trop de mondanités dans le débat politique : on
parle entre nous de sujets qui ne concernent personne avec des mots que
personne ne comprend. La sémantique, ça compte. (…) Quand je dis “racaille”, je
ne parle pas des jeunes, contrairement à ce qu'on cherche à faire croire, ni des
jeunes ni des habitants des banlieues, je ne fais aucun amalgame, je fais même
le contraire. Je désigne avec un mot qui n'est pas assez fort ceux qui ont tué
d'un coup de poing un homme âgé, qui ont battu à mort un autre en train de
prendre des photos dans la rue, qui ont mis le feu aux cheveux d'une infirme.
Quand je dis Kärcher, tout le monde comprend que je veux agir en profondeur
pour débarrasser les quartiers des trafics et des trafiquants, pour la tranquillité
de ceux qui y vivent. Alors, c'est vrai, j'ouvre des débats. Depuis quatre ans,
c'est d'ailleurs moi qui les ai portés. Sans exception ! » (extraits d’une interview
exclusive donnée par Nicolas Sarkozy à Denis Jeambar de L’Express paru le
17/11/05).
Sens (Jean-François Colosimo) : « On ne restaure pas la République idéale façon
XXIe siècle, (…) quand les Beurs n’ont pour tout horizon que le
communautarisme religieux, quand les Blacks ne se définissent que par
l’esclavage et que les Gaulois demandent qu’on les protège des habitants des
cités. On n’assiste pas au retour du Sens avec un grand S mais à la poursuite de
la désagrégation. Nous ne faisons actuellement que substituer à un discours de
générosité béate un discours répressif, tout aussi fantasmé » (Jean-François
Colosimo, éditeur et théologien, in Le Point du 24/11/05).
Système scolaire (Ghislaine Hudson) : Dans les classes d’enseignement
général, les événements n’ont pas eu d’écho particulier (…). Dans l’enseignement
professionnel, en revanche, les répercussions ont été sensibles ; il y a un
sentiment de révolte, parfois de haine. (…) En fait, nos classes professionnelles
sont totalement homogènes : socialement en terme de territoire, de lieux
d’habitat, par sexe (…). Elles sont hétérogènes, en revanche, par l’origine
ethnique des familles (…). Mais la grande majorité des élèves sont de nationalité
française. Nous avons affaire à des jeunes qui, depuis leur très jeune âge, ont
subi une succession d’échecs et arrivent en fin de troisième avec (…) un
diagnostic personnel d’incapacité à suivre une voie générale (…).
[L’apprentissage dès l’âge de 14 ans] est une solution dans de très rares cas.
Nous parlons là de jeunes qui ont de grandes difficultés d’expression,
d’adaptation, mais qui devront plus tard se débrouiller avec quelques
connaissances de base que l’école leur aura inculquées. Or à 14 ans, c’est
vraiment trop jeune pour quitter l’école. (…) Le système français est rigide : il
faut réussir tel cursus, à tel âge, passer dans la classe supérieure, etc. L’échec
scolaire se construit très tôt, dès la maternelle, quand l’environnement de
l’enfant ne lui permet pas un développement harmonieux basé sur le langage…
(Ghislaine Hudson, proviseur du lycée de Dammarie-lès-Lys (Seine-et-Marne), in
Le Monde des 20-21/11/05).
Rap (Jean-Marc Ayrault) : « J’estime qu’il est “absurde” de faire du rap et de la
polygamie les responsables de nos maux. (…) Il y a eu les mots racaille, karcher.
Maintenant on cible la polygamie. Ça suffit ! On vise des problèmes marginaux
contre lesquels existent déjà des lois. Le rap fait partie de nos expressions
culturelles et a droit de cité » (Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à
l’Assemblée nationale, « nouvelobs.com » 28/11/05).
Réfugiés (Omar Bongo) : « Quand il y a un problème, ne cherchez pas d’abord
la solution, trouvez la cause. Je crois que cette crise est liée à l’immigration.
Nous les Africains, nous qui émigrons, nous avons nos torts. Mais c’est votre
faute : vous acceptez des réfugiés qui n’en sont pas et qui se fabriquent des
histoires d’exilés politiques… » (Omar Bongo, président du Gabon, in Valeurs
actuelles du 26/11/05).
Sabir (Charles Pellegrini) : « Tant que l’école ne sera pas un lieu d’éducation
intellectuelle et civique sécurisé, les jeunes qui s’expriment dans un “sabir
pathétique” n’auront pas accès au marché du travail qui a des exigences
incompatibles avec certains comportements » (Charles Pellegrini, ancien chef de
l’Office central de répression du banditisme, in La Tribune du 29/11/05).
Réflexions américaines (Daniel Pipes) : « Les émeutes causées par de jeunes
musulmans depuis le 27 octobre en France aux cris de “Alla hou Akbar”
pourraient marquer un tournant dans l'histoire de l'Europe. (…). Ces violences
appellent plusieurs réflexions.
(…) Fin de règne. L'époque de l'innocence culturelle et de la naïveté politique,
pendant laquelle la France pouvait éviter de voir ou de ressentir les
conséquences de ses erreurs, touche à son terme. (…) Une série de problèmes,
tous apparentés à la présence musulmane, se sont imposés au sommet des
préoccupations politiques de la France et vont probablement s'y maintenir pour
quelques décennies. Ces problèmes incluent notamment : le déclin de la foi
chrétienne et l'effondrement démographique qui l'accompagne ; un système
d'assistance sociale s'étendant du berceau à la tombe qui attire vers elle les
immigrants et sape ses capacités économiques à long terme ; un abandon des
coutumes historiques en faveur de styles de vie expérimentaux et d'un
multiculturalisme insipide ; une incapacité à contrôler les frontières ou à
assimiler les étrangers ; un type de criminalité qui rend les villes européennes
beaucoup plus violentes que les cités américaines ; et une poussée de l'Islam et
de l'Islam radical.
L'insurrection française n'a rien d'inédit en matière de soulèvement musulman
semi-organisé en Europe. (…) Ce qui distingue les événements actuels est leur
durée, leur ampleur, leur planification et leur férocité.
La presse française parle de “violences urbaines»” et présente les émeutiers
comme les victimes du système. Les principaux organes de la presse écrite et
des médias audiovisuels nient tout lien des événements avec l'Islam et veulent
ignorer la propagation de l'idéologie islamiste, avec ses postures violemment
antifrançaises et son ambition grossière de dominer le pays et de remplacer sa
civilisation par celle de l'Islam.
Au cours des dernières années, les musulmans autochtones du nord-ouest de
l'Europe ont déployé trois différentes formes de djihad : une version
extrêmement brutale en Grande-Bretagne qui consiste à tuer au hasard des
usagers des transports publics londoniens ; une version ciblée utilisée aux PaysBas, où des personnalités des mondes politique et culturel sont sélectionnées,
menacées et parfois attaquées ; et maintenant une version plus diffuse mise en
œuvre en France, où l'action est moins directement meurtrière mais aussi moins
facile à ignorer politiquement. Il n'est pas encore possible de distinguer
clairement laquelle de ces méthodes est la plus efficace mais, la version
britannique s'étant révélée nettement contre-productive, il est probable que les
stratégies hollandaise et française seront réitérées. (…)
Les émeutes débutèrent huit jours après que Sarkozy eut déclaré une nouvelle
politique de “guerre sans merci” contre les violences urbaines. De nombreux
émeutiers se considèrent comme impliqués dans une lutte contre l'Etat et
concentrent leurs attaques sur ses symboles. (…)
Les Français peuvent réagir de trois manières. Ils peuvent se sentir coupables et
tenter d'apaiser les émeutiers en octroyant des prérogatives et le “plan
d'investissement massif” que certains exigent. Ou ils peuvent lâcher un soupir de
soulagement quand le calme sera revenu et, comme ils l'ont fait lors de crises
antérieures, retourner à leurs affaires comme si de rien n'était. Ou encore ils
peuvent considérer les événements présents comme la salve d'ouverture d'une
révolution en devenir et s'atteler à la tâche difficile qui consiste à réparer les
négligences et l'indulgence coupable des dernières décennies.
Je m'attends à assister à un mélange des deux premières réactions et, malgré la
montée actuelle de Sarkozy dans les sondages, à la prépondérance de l'approche
apaisante de Villepin. La France aura sans doute besoin de quelque chose de plus
important, de plus terrible, pour sortir de sa somnolence. Mais le pronostic à long
terme est définitif : pour reprendre les termes de Theodore Dalrymple, “Le doux
rêve de la compatibilité culturelle universelle a cédé la place au cauchemar du
conflit permanent » (Daniel Pipes, chroniqueur américain au Wall Street Journal,
New York Sun, Los Angeles Times, reconnu comme un des meilleurs spécialistes
du Moyen-Orient, http://forum.subversiv, 8/11/05).
Territoire (Prince Tahal de Jordanie) : « De nombreuses études menées par des
sociologues, notamment aux Pays-Bas, ont prouvé que les groupes d’étrangers
issus du Maghreb perdaient dans l’immigration à la fois leur territoire et leur
identité. (…) Ce qui les pousse évidemment à se rattacher à une territorialité
externe au pays. Ainsi progresse l’islamisme ou la marginalité. C’est en tout cas
ce que j’ai essayé de dire à M. Sarkozy. Et je me suis permis de lui conseiller de
ne pas employer le mot “laïc” et de lui préférer le terme de “société civile”. Car
“laïc” signifie athée pour un musulman, ce qui pousse d’autant les jeunes à se
tourner vers les “sorciers” qui dévoient la religion. Tandis que la “société civile ”
fait appel à des droits mais aussi à des obligations » (Prince Tahal de Jordanie,
oncle du roi Abdallah II, in L’Express du 17/11/05).
ZEP (Martine Laronche) : « Depuis leur création en 1982, le nombre des zones
d’éducation prioritaires a presque doublé. Le premier ministre veut en réviser la
carte et concentrer les moyens. C’est la réouverture d’un chantier à haut risque
qu’a annoncée, jeudi 1er décembre 2005, le premier ministre, avec la relance des
zones d’éducation prioritaire (ZEP). Coupant court aux déclarations du ministre
de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, qui avait estimé qu’il “fallait déposer le bilan des
ZEP”, Dominique de Villepin a estimé qu’il fallait “les renforcer”. Le
gouvernement y voit un moyen de favoriser l’égalité des chances, au lendemain
de la crise des banlieues. (…) En septembre [2005], une étude publiée par
l’INSEE sur la période 1982-1992 indiquait que les ZEP n’avaient eu aucun
impact sur la réussite des élèves. (…) L’allégement de la carte apparaît – une fois
de plus – comme la solution pour sortir de l’impasse : “Il faut arrêter le
saupoudrage des moyens et mettre le paquet sur 5 % d’élèves les plus en
difficulté”, préconise le président de l’Observatoire des zones prioritaires (OZP)
[et] “pour être efficace, il faudrait ramener le nombre des élèves de ZEP à 18 par
classe”, estime l’économiste Thomas Piketty, directeur d’études à l’EHESS… »
(Martine Laronche, « L’efficacité des ZEP en question », in Le Monde du
10/12/05).
ZEP (bis) (Martin de Halleux) : « La création, symbolique, d’une classe
préparatoire dans le prestigieux lycée Henri-IV, destinée à des élèves issus de
banlieue, me laisse perplexe. Qu’en est-il de l’efficacité de cette mesure sinon de
faire émerger une sélection d’élèves certainement très méritants mais, souvent,
déjà pris en charge ? Sont-ils ceux qui ont le plus besoin d’un enseignement
d’excellence ? La question ne serait-elle pas plutôt que ce soient les professeurs
d’Henri-IV – car c’est bien eux qui font la valeur de cet établissement et non les
superbes bâtiments ou le quartier qui les abritent – qui soient volontaires pour
enseigner auprès de ceux qui ont le plus besoin de leur excellence. L’expérience,
le savoir et la pédagogie des professeurs d’un des meilleurs lycées de France au
service des enfants des banlieues, voilà un symbole plus fort que celui d’extraire
les meilleurs élèves de chez eux, sans perspective pour les autres » (Martin de
Halleux, Courrier des lecteurs in Le Monde du 10/12/05).
*
* *
A la lecture de ces articles parus dans la presse durant et au lendemain des
émeutes d’octobre-novembre 2005, on voit avec étonnement que les esprits les
plus conformistes se sont débridés. Certaines barrières du politiquement correct
ont été franchies, avec parfois, pour des intellectuels bien en cour, des
retombées qui n’ont pas manqué de les surprendre. Ils ont découvert à leurs
dépens qu’il était plus confortable de porter l’uniforme du diaboliseur que celui
du diabolisé ! Au-delà de ces considérations, ces mêmes émeutes, la cacophonie
du gouvernement pris à ses propres pièges, la rivalité Villepin-Sarkozy et le très
grand conservatisme de Jacques Chirac incapable de s’extraire de l’idéologie des
Droits de l’homme ont favorisé l’éclosion de phénomènes latents comme la
« Colère noire » : c’est le début d’une crise grave dans les DOM-TOM, c’est la
création du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), celle de
l’association des « racailles de France » qui sont déjà et seront des forces
d’opposition actives, c’est le rejet de la loi du 23 février 2005 reconnaissant le
« rôle positif de la présence française outre-mer », ce sont les virulentes
protestations contre les commémorations autour de Napoléon auxquelles nos
« élites » autoproclamées se sont dérobées. Ces « élites » sauront-elles gérer
sur le long terme ces nouvelles situations qui surgissent, pendant que la dette
publique de la France est de 2 000 milliards d’euros ? Trouveront-elles les bons
remèdes ? Seul l’avenir nous le dira.
René Schleiter
© Polémia
10/12/2005
LES DOSSIERS (II)
Les « immigrés » français font peur à Moscou
Il ne se passe pas un jour à Moscou sans que les violences qui secouent la
France soient abordées par les médias, par les politiques et dans les dîners en
ville. « La fin de votre France ! : ce que veulent les incendiaires », titre
l'hebdomadaire Vlast de cette semaine ; « Les Maures à l'œuvre », annonce un
autre magazine, qui se propose d'expliquer « pourquoi Paris a brûlé ». Dimanche
13 novembre, la plupart des télévisions russes ont ouvert leurs émissions
d'information hebdomadaires sur « la révolte des immigrés », un thème qui
ressort aujourd'hui dans toutes les conversations des Moscovites.
Pour la plupart des Russes, les images que leur renvoie leur petit écran sont
choquantes, au premier chef parce que ce ne sont pas celles de la France qu'ils
croient connaître et dont, indéniablement, ils admirent la culture, celle de Balzac,
de Victor Hugo, d'Alexandre Dumas. C'est sur cette France-là qu'ils ont arrêté
leur regard pendant les quatre-vingt-cinq années de chape de plomb soviétique,
la voyant comme la quintessence de la civilisation.
Ceux qui ont fait le voyage jusqu'à Paris – ils sont de plus en plus nombreux – se
remettent difficilement de ce qu'ils ont vu : « Tant d'Africains, tant d'Arabes !
C'était tellement humiliant pour moi de faire la queue avec eux à la préfecture »,
explique Vitia, un étudiant qui a séjourné quelques mois en France il y a deux
ans. « Heureusement que votre ministre de l'Intérieur va les déporter : cela va
les calmer », explique Boris, un militaire à la retraite. Les passions se sont à ce
point enflammées que le bureau du Monde à Moscou a reçu de la province russe
des messages de soutien envers la France « contre ces méchants Arabes et ces
Noirs ingrats ».
Cette vision phobique trouve toute son expression dans un ouvrage récemment
publié. Intitulé Mosquée Notre-Dame de Paris, le livre est une fiction qui dépeint
Paris en 2047, soumise à la loi islamique. Les habitants, s'ils ne se sont pas
convertis, en sont réduits à vivre dans des ghettos. « La guerre des religions
entre chrétienté et islam est plus qu'inévitable : elle a déjà commencé », a
déclaré Elena Tchoudinova, son auteur, à l'agence de presse russe Interfax.
Car ici la grille de lecture la plus communément livrée pour comprendre ce qui se
passe en France est celle du choc des civilisations et des guerres de religions.
Interrogé sur le pourquoi des « troubles en France » à l'occasion d'une
conférence de presse, Viatcheslav Postavnine, chef du département des
Migrations, a mis en avant le « facteur islamiste ». Alexandre Privalov, de
l'hebdomadaire Ekspert, a expliqué que les insurgés en France étaient « pour la
plupart de jeunes islamistes ».
Les « experts » français choisis par les télévisions pour faire de l'explication de
texte renforcent cette tendance. Interviewé à tout bout de champ, Jean-Marie Le
Pen et ses explications – « Depuis longtemps je disais bien que la France allait
devenir algérienne » – sont pris pour argent comptant.
Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'Académie française et
historienne spécialiste de la Russie, a expliqué sur la chaîne privée NTV : « Tout
le monde s'étonne : pourquoi les enfants africains sont-ils dans la rue et pas à
l'école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent-ils pas acheter un appartement ?
C'est clair : beaucoup de ces Africains, je vous le dis, sont polygames. » Dans un
entretien accordé à l'hebdomadaire Les Nouvelles de Moscou, elle ajoute : « La
télévision française est tellement politiquement correcte que cela en est un
cauchemar. Nous avons des lois qui auraient pu être imaginées par Staline. Vous
allez en prison si vous dites qu'il y a cinq juifs ou dix Noirs à la télévision. Les
gens ne peuvent pas exprimer leur opinion sur les groupes ethniques, sur la
seconde guerre mondiale et sur beaucoup d'autres choses. »
Les angoisses de toute une société se sont désormais cristallisées sur la crise
française. La Russie, qui se voit comme le dernier rempart entre l'Europe et la
barbarie, voit resurgir ses propres peurs. « Ce qui se passe en France va se
produire chez nous, j'en suis certaine », confie Elisaveta, une professeur de
français. La question revient sans cesse sur le tapis. « Le scénario français nous
menace-t-il ? », interrogeait la chaîne de télévision publique RTR, dimanche soir.
« Rien de tel ne se produira », explique Modeste Kolerov, l'homme chargé au
sein de l'administration présidentielle russe de lutter contre les « révolutions
orange ». La Russie, rappelle-t-il à l'agence de presse Itar-Tass, est, « depuis
plus de mille ans », un Etat « multiethnique ». Le sociologue Valeri Tichkov, cité
par RTR, exclut, lui aussi, semblable développement : « Nos immigrés sont
terrorisés, effrayés ; je ne pense pas qu'ils osent se livrer à de tels actes de
barbarie », pronostique-t-il.
Depuis l'arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, le discours nationaliste prend de
l'ampleur et le slogan « La Russie aux Russes ! » connaît un certain succès. Par
ailleurs, la guerre menée en Tchétchénie a servi de terreau à la haine ethnique
contre les « Noirs » (Tchernye), c'est-à-dire les Caucasiens et les ressortissants
d'Asie centrale, fréquemment décrits dans le discours de l'homme de la rue
comme des « barbares ». Le 4 novembre, jour de la fête de l' « unité
nationale », près d'un millier de manifestants ont défilé dans les rues de Moscou
en clamant des slogans racistes contre « les mafieux caucasiens » et contre « les
trafiquants de drogue tadjiks ».
La semaine dernière, le parti ultranationaliste Rodina (Patrie) a fait diffuser en
boucle, à la télévision, un petit film de campagne en vue des élections
législatives du 4 décembre. On y voit un groupe d'hommes aux cheveux noirs,
assis sur un banc dans un parc, manger des melons et jeter les épluchures par
terre. Deux hommes passent – les deux sont des figures du parti Rodina : Dmitri
Rogozine et Iouri Popov – et leur demandent de ramasser les détritus. « Vous
comprenez le russe ? » demande, narquois, Iouri Popov.
Le clip se termine sur le slogan : « Nettoyons notre ville de ses détritus ! », qui
résume le programme électoral du parti Rodina. Depuis la protestation de
l'ambassadeur d'Azerbaïdjan à Moscou, le clip a été retiré. Mais le message a
suffisamment été diffusé pour être gardé en mémoire. Sa teneur en dit long sur
les peurs qui animent les Russes aujourd'hui et dont les événements de France
sont pour eux le miroir.
Marie Jégo
Le Monde du 16 décembre 2005
Reçu d’un correspondant de Polémia
25 novembre 2005
LES DOSSIERS (II)
La déconstruction de la France
Les violences dans les banlieues ont porté sur le devant de la scène une réalité
cachée : les conflits ethniques en France. Mais cette mise en lumière s’est
immédiatement accompagnée d’une surinterprétation idéologique et médiatique :
l’explication des violences ethniques par les « discriminations ».
Porté par les « médias centraux », relayé par les deux chefs de l’exécutif
(Chirac/Villepin), soutenu par l’éminence grise du patronat (Bébéar), le thème de
la « discrimination » est devenu une bombe à fragmentation pour l’identité
française.
Explications :
1. La culpabilisation
Par un formidable retournement dialectique, les violences ethniques du Ramadan
2005 n’ont pas conduit à la mise en cause des communautés dont étaient issus,
pour l’essentiel, les émeutiers, mais à la mise en accusation de la majorité –
française, européenne, chrétienne – qui a fourni les victimes (les deux morts
d’Epinay et de Stains, notamment). Jugés objets de discriminations, les
coupables ont été ainsi promus victimes et porte-paroles des communautés
d’origine. Jugées auteurs de discriminations, les victimes ont été déclarées
coupables et se sont fait faire la leçon par les « autorités morales » médiatiques
et politiques. Comme si la discrimination n’était pas un phénomène social naturel
que toutes les communautés pratiquent, consciemment ou non, et pas seulement
la communauté majoritaire !
2. Les réparations
Le « diagnostic » une fois posé, la solution en a découlé : déverser des dépenses
supplémentaires sur les banlieues et reprendre massivement le financement
d’associations artificielles (190 millions d’euros de crédits nouveaux pour
commencer) et de faux emplois. Ainsi « la révolte de l’économie de rente »
devient rentable pour ses auteurs puisqu’elle augmente la rente dont ils
bénéficient. Et là où elle devrait imposer davantage d’exigences, la communauté
publique offre davantage de moyens. Au sens moral comme au sens
économique, les contribuables français se trouvent d’ailleurs placés dans une
logique de « réparation ». De même que l’Allemagne déclarée coupable de la
première guerre mondiale (comme elle le fut à nouveau en 1945) avait été
condamnée à « payer » des réparations (Traité de Versailles), aujourd’hui les
forces vives, déclarées coupables de discrimination à l’encontre des jeunes des
banlieues, se voient surtaxer. Au risque de handicaper encore davantage
l’économie française dans la compétition mondiale.
3. La négation de l’histoire
Symboliquement, l’année 2005 a été marquée par la participation de la France, à
travers son vaisseau amiral, le « Charles de Gaulle », à la commémoration de la
défaite de Trafalgar, et par son absence à la commémoration de la victoire
d’Austerlitz. La signification de ce double choix est forte.
C’est d’abord la reconnaissance de la victoire des thalassocraties anglosaxonnes : car les guerres napoléoniennes, ce sont moins les guerres de la
France contre l’Europe coalisée que l’expression fatale et récurrente du conflit du
continent contre l’Angleterre, de la terre contre la mer, des producteurs contre
les marchands.
C’est ensuite un détournement de sens. Contrairement à ce qu’affirment
bruyamment quelques associations noires extrémistes, le bilan de Napoléon ce
n’est pas d’avoir, aux marges de son empire, rétabli l’esclavage, son œuvre, c’est
d’avoir assuré la synthèse entre l’Ancien Régime et la Révolution et légué à la
France un mode d’organisation sur lequel elle vit encore largement aujourd’hui à
travers son Code civil et ses institutions administratives.
Il ne faut pas non plus négliger la profondeur du mythe napoléonien, en France
comme en Europe, ainsi salué par Frédéric Nietzsche dans « Le Gai Savoir » :
« Ce sera à Napoléon qu'un jour on reconnaîtra le mérite d'avoir restitué à
l' “homme” en Europe la supériorité sur l'homme d'affaires et le Philistin […]
Napoléon, qui tenait la civilisation avec ses idées modernes pour une ennemie
personnelle, s'est affirmé par cette hostilité comme l'un des plus grands
continuateurs de la Renaissance ; c'est lui qui a ramené au jour tout un morceau
de nature antique, le morceau décisif peut-être, le morceau de granit »
(http://leventmauvais.hautetfort.com/).
4. Le vol de la mémoire
De plus en plus tourné vers la seule lecture culpabilisante du passé, la France a
multiplié les lois mémorielles : en 1990, la loi Gayssot sur la « Shoah » ; en
janvier 2001, la loi sur la reconnaissance publique du génocide arménien ; en
mai 2001, la loi Taubira de reconnaissance de la traite océanique et de
l’esclavage en tant que crime contre l’humanité ; en février 2005, l’amendement
Vanneste sur la reconnaissance du rôle positif de la présence française outremer.
Dix-neuf historiens de premier plan se sont prononcés, le 12 décembre 2005,
pour l’abrogation de ces lois, selon eux, « indignes d’un régime démocratique »
et de rappeler dans un texte fort et dense que « l’histoire n’est pas une religion.
L’histoire n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de
tabou. L’historien n’a pas pour rôle d’exalter ou de condamner, il explique.
L’histoire n’est pas l’esclave de l’actualité. L’historien ne plaque pas sur le passé
des schémas idéologiques contemporains et n’introduit pas dans les événements
d’autrefois la sensibilité d’aujourd’hui » !
Logiquement ce texte aurait dû conduire à l’abrogation des quatre lois visées. Tel
ne sera pas le cas. Une seule le sera, celle qui visait à protéger la mémoire de
l’œuvre française outre-mer. Au-delà des péripéties politico-médiatiques, la
signification de cet événement est claire : il n’y a de mémoire (en tout cas de
mémoire protégée) que s’agissant de minorités ; la majorité, elle, malgré une
histoire différente, riche, complexe et parfois contradictoire, n’a pas le droit à
d’autre mémoire que celle des minorités.
Alors que toutes les civilisations ont pratiqué l’esclavage et que seule la
civilisation européenne l’a aboli, seuls les Européens doivent expier ! Et subir le
ressentiment historique des autres.
5. La fin de la raison d’Etat
Dans ce contexte de culpabilisation et de judiciarisation, la vie des services de
l’Etat, en 2005, aura été marquée par trois événements majeurs : la mise en
détention préventive d’un policier ayant participé à la répression des émeutes de
Seine-Saint-Denis, la mise en garde à vue du général Poncet et de son adjoint le
colonel Burgaud, chefs de la force Licorne en Côte d’Ivoire, et leur mise en
examen pour complicité dans le meurtre d’un coupeur de route ivoirien ; et la
mise en cause – pour complicité de génocide, cette fois – des troupes françaises
au Rwanda.
Certes, si l’Etat a le monopole de la violence légitime, il doit la contrôler et éviter
les débordements injustifiés. Pour autant, peut-on envisager durablement de
tout déballer sur la place publique ? Peut-on accepter sans graves dommages de
« lâcher » des hommes qu’on a exposés dans des situations difficiles ? Peut-on
conduire une guerre uniquement en respectant le Code pénal ? Peut-il y avoir
encore un Etat sans raison d’Etat ? Il est clair qu’aujourd’hui encore toutes les
grandes puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, Inde) – sauf la
France – répondent non à ces questions. En répondant oui, les autorités
françaises satisfont peut-être l’appétit immédiat des médias mais elles risquent
de se heurter demain à des difficultés majeures lorsque leurs forces de l’ordre
seront engagées face à des émeutes plus dures que celles de l’automne dernier,
ou lorsque leurs forces armées conduiront de par le monde des actions de
rétablissement de la paix, voire des opérations spéciales, contre des milices
d’ensauvagement.
6. La fin de l’élitisme républicain
Chaque pays a son mode de sélection des élites. L’Angleterre a ses collèges et
ses universités, la Russie, ses grandes universités et ses académies, les EtatsUnis d’Amérique leurs grandes universités et l’accaparement des élites du reste
du monde ; la France, elle, a l’élitisme républicain structuré autour des classes
préparatoires, des grandes écoles (publiques et privées) et des grands corps. Le
système a sans doute ses imperfections ; il a aussi sa force, une sélection sévère
fondée sur des critères, certes, imparfaits mais objectifs et connus ; il a aussi
son efficacité, car ce qui reste aujourd’hui de puissance française ou eurofrançaise – dans le nucléaire, l’énergie, l’espace, l’aéronautique, l’optique, les
télécommunications et l’armement – est le produit de ce système de sélection.
Or l’élitisme républicain est aujourd’hui fortement menacé. Au motif que
l’Education nationale ne remplit plus, à la base, c'est-à-dire dans les écoles
primaires et les collèges, son rôle de détection des enfants capables, et de
promotion sociale des plus méritants, on reproche au système des classes
préparatoires d’être discriminatoire. Et pour y faire face les autorités politiques et
patronales préconisent la « discrimination positive », ce qui revient à remplacer
le système imparfait du concours par la faveur et la combine ; et à privilégier la
Seine-Saint-Denis sur le Rouergue.
7. Quelles causes ? Tyrannie
tyrannie culpabilisatrice
médiatique,
tyrannie
des
minorités,
L’ampleur des bouleversements en cours doit conduire à s’interroger sur les
causes.
La première cause est l’abdication de tous les pouvoirs devant la tyrannie
médiatique : ce qui détermine les actions et les prises de position des hommes
politiques comme des grands patrons, ce sont désormais les exigences de la
« communication » ; on ne décide plus de ce qui est bon, on décide de ce qui est
bien communicable.
La deuxième cause est la tyrannie des minorités : celles-ci sont visibles et
revendicatrices alors que la majorité est à la fois silencieuse et invisible.
La troisième cause est la tyrannie culpabilisatrice : les forces les plus
nombreuses (la majorité d’origine européenne et chrétienne, les familles), les
forces les plus puissantes (la technostructure issue des grands concours) sont
paralysées par la culpabilisation, elle-même conséquence de la tyrannie des
minorités et de la tyrannie médiatique.
8. Quelles réponses : la réponse électorale ?
La première réponse envisageable est la réponse démocratique, la réponse
politique. Aujourd’hui les victimes de l’évolution actuelle en termes économiques,
fiscaux, sociaux, culturels et sentimentaux sont encore majoritaires en France. Il
pourrait donc y avoir une réponse en terme électoral. On peut d’ailleurs penser
que les événements de 2005 font pencher la balance électorale vers la droite
identitaire et sécuritaire et que le total des voix Le Pen/Sarkozy/Villiers sera
sûrement élevé en 2007. Mais l’exercice électoral est strictement cadré par la
sélection médiatique préalable :
– avant le premier tour, par la répartition des rôles : protestataire radical
d’un côté, homme de gouvernement responsable, c'est-à-dire sensible à
l’humeur médiatique, de l’autre ;
– après le premier tour, par l’interdiction formelle de toute coalition de deux
électorats partageant pourtant des « valeurs communes » selon
l’expression de Charles Pasqua… en 1988 !
9. Quelles réponses : la conscientisation des forces vives ?
Le second type de réponse est plus qualitatif ; il vise à recenser les forces vives
qui ont un intérêt matériel ou sentimental à l’existence de la France à travers son
identité et ses institutions, et à les conscientiser.
Ces forces sont nombreuses et influentes. Prenons quelques exemples :
Un patron de grande entreprise française, présente à l’internationale, voit de
facto sa position affaiblie dans le monde anglo-saxon et dans le monde tout court
quand le gouvernement de son pays participe à la commémoration de Trafalgar
et boycotte celle d’Austerlitz ; un patron de PME voit sa liberté réduite quand le
libre choix de ses collaborateurs s’amenuise sous l’effet des dispositions
antidiscriminatoires et que les dépenses d’immigration et d’intégration qu’il
finance augmentent ; un ingénieur issu d’une grande école ne peut que déplorer
la remise en cause du modèle qui lui a permis de faire ses preuves et dont il
espère souvent qu’il sélectionnera ses enfants ; un chercheur qui s’exprime en
français ne peut que déplorer l’abaissement de l’image internationale de son
pays quand il constate que les communications scientifiques doivent être
rédigées en anglais ; un officier ne peut que souffrir quand il voit l’action de ses
pairs mise en accusation sur la place publique.
La déconstruction de la France nuit à toutes les élites qui la dirigent, qu’elles
soient économiques, administratives ou militaires. Encore faut-il qu’elles en
soient conscientes et que, en étant conscientes, elles aient le courage d’en tirer
les conséquences.
C’est ici que la formule de Jaurès prend tout son sens : « Il n’y a de classe
dirigeante que courageuse. »
10. Quelles réponses : la décrédibilisation des médias centraux
Encore faut-il que le courage soit possible !
De ce point de vue là, la modification du rapport de forces entre les grands
médias centraux (télévisions et journaux qui inspirent leur ligne éditoriale) et les
médias périphériques (sites, blogs et courriels sur Internet) est déterminante.
La tendance va évidemment dans le bon sens : la presse écrite recule, les
médias audiovisuels se dispersent et Internet se renforce.
Néanmoins les grands médias conservent l’avantage de la masse et, sur la
masse, leur décrédibilisation est aujourd’hui un préalable nécessaire à quiconque
espère un changement des paradigmes dominants. Pour que l’estime d’être
soi-même remplace le mea culpa universel.
© Polémia
12/01/2006
P.S. : Lorsque les émeutes du ramadan 2005 partirent de Clichy-sous-Bois, la
une du site Internet officiel de cette mairie socialiste était consacrée à la
répression des émeutes de la manifestation FLN du 19 octobre 1961. Ce type de
communication, unilatérale et culpabilisatrice, ne pouvait que légitimer la
méfiance des bandes vis-à-vis de la police nationale et les violences qui en ont
découlé.
LES DOSSIERS (II)
Une identité et un territoire
Les événements des banlieues françaises ne semblent pas relever d’un plan et
d’une volonté d’ensemble. Pas de chef déclaré, pas de représentant
emblématique, pas de drapeaux, pas d’idéologie, pas de Cause, pas de
revendications précises : ce soir, on va caillasser. On y va pour le fun, pour se
venger d’un coup de matraque reçu le soir précédent ou pour se voir à la
télévision. Peut-être que demain on ira, peut-être que non. On s’en prendra à
n’importe qui, n’importe comment et sans motif particulier.
Les explications surabondent. Beaucoup évoquent le chômage et l’absence
d’avenir professionnel des jeunes vivant dans ces banlieues. L’explication prend
tout son poids quand on compare la dégradation de la situation (1) à
l’omniprésence des termes de progrès et d’égalité dans les discours officiels. Les
uns incriminent le racisme des Français blancs à l’égard des Noirs et des Arabes,
les autres, à l’inverse, l’ouverture irresponsable des frontières à une immigration
incontrôlée. Certains y voient les prolégomènes d’une prise de pouvoir islamique.
Dans une interview donnée le 25 novembre au journal israélien « Haaretz » et
qui a donné lieu à une plainte du MRAP (2), Alain Finkielkraut dénonce la haine
de l’Occident, de la France « judéo-chrétienne », de la république.
Toutes ces explications semblent avoir du vrai et il serait déraisonnable de
rejeter absolument l’une ou l’autre. Mais il est tout aussi difficile de s’en satisfaire
pleinement, ne serait-ce que parce qu’elles mettent dans ces événements plus
d’ordre et de logique qu’ils n’en contiennent réellement.
Les « jeunes » se groupent par bandes dans le cadre de leur quartier, dont ils
interdisent l’accès aux autres bandes. Dans une appréhension des choses où les
notions de légitimité politique et de respect des lois n’ont pas de place, la police
n’est qu’une bande parmi d’autres. Ils s’y opposent comme à tous les autres
groupes armés, sans état d’âme particulier.
Le quartier leur fournit à la fois une identité basique et un territoire qu’ils
considèrent comme le leur. Là est l’essentiel. Avant même toute théorisation
politique ou toute affirmation patriotique consciente, l’appartenance collective et
territoriale est constitutive de l’individu. Même si celui-ci ne s’en rend pas
toujours compte, il en a un besoin vital. Elle est une condition de ce qu’on
appelle l’enracinement. Nous utilisons le mot (3) à dessein, parce qu’il est
reconnu par tout l’éventail politique. Se dire de quelque part, même s’il s’agit
d’une zone insalubre, se savoir d’un groupe, même s’il s’agit d’une horde de
hâbleurs et de casseurs, est une nécessité première pour l’être humain. En ce
sens, il y a chez ces jeunes des banlieues bien plus de naturel, d’existence,
d’humanité que chez les autistes libidineux qui peuplent les ouvrages de Michel
Houellebecq.
Durant des siècles, la France a comblé ce besoin d’appartenance chez les
Français de toute origine sociale. Elle le fait de moins en moins. La modernité la
transforme progressivement en une simple abstraction, la république, avec ses
« valeurs républicaines », son « ordre républicain », sa « culture républicaine ».
Ces notions ne sont en rien propres à la France. Un universalisme exsangue
remplace peu à peu la réalité à la fois affective et raisonnable de la patrie et lui
substitue un discours passepartout, sans frontières ni centre, sans passé, sans
résistance possible face aux forces de dissolution qui s’exercent de l’extérieur et
de l’intérieur.
Cette perte affecte tous les Français, mais tout particulièrement ceux qui n’ont ni
argent pour la camoufler, ni perspectives d’avenir pour espérer une renaissance.
Ceux qui n’ont pas appris l’histoire de la France. Ceux qui ne connaissent de leur
douce langue natale (ils sont nés en France !) qu’un baragouin dérivé, utilitaire
et belliqueux.
Une jeune sociologue s’exprimant sur France-Culture le 29 novembre dernier a
émis l’hypothèse que la suppression du service militaire obligatoire avait été une
catastrophe pour ce monde de jeunes Français vivant en marge de la France.
C’est peut-être vrai. Elle les a privés de leur dernière relation de dépendance et
de service réciproque avec la communauté nationale. Ils ne lui appartiennent
plus du tout.
Le besoin vital d’identité et de territoire, qu’une France officielle affairiste,
carriériste et internationalisée n’incarne plus, se reporte sur le groupe racial ou
ethnique, sur l’islam (moins comme pratique religieuse que comme affirmation
d’appartenance collective), sur le quartier, sur la bande, sur une culture musicale
et picturale agressive. Et ce ne sont pas les gigantesques programmes de
réhabilitation hâtivement planifiés ces dernières semaines, ni les milliers de
pédagogues qui sont censés déferler ces prochains temps sur les « zones de nondroit » qui y changeront quelque chose.
La violence brute des banlieues est subie non seulement par ses victimes mais
aussi par ses acteurs. Elle n’a pas de but. Elle n’est qu’un symptôme, non le seul,
certes, mais le plus dérangeant, de la décomposition accélérée d’une grande
nation.
Olivier DELACRÉTAZ
Notes:
1) On en voit un terrifiant exemple dans le film « Les Mauvais Garçons » consacré à la déchéance
inéluctable de la Commanderie, « cité » de l’agglomération de Creil, dans la ville de Nogent-surOise, à son renfermement progressif sur elle-même, à sa fermentation criminelle sous l’œil atone
d’autorités locales indifférentes.
2) Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples.
3) auquel Simone Weil a consacré en 1949 un livre à lire absolument.
Correspondance Polémia
« La Nation » n° 1773, 9 décembre 2005
http:/www.ligue-vaudoise.ch/nation
LES DOSSIERS (II)
Lettre ouverte au Président de la République
Monsieur le Président de la République,
Permettez-moi de vous exposer, par ces quelques mots jetés sur le papier, mon
sentiment de profonde injustice ressentie à la suite des événements qui ont
embrasé, en ce mois de novembre 2005, les banlieues de cette République que
vous présidez.
J’ai vu, de visu ou à travers l’écran de ma télévision, des cohortes à l’allure
étrangère, incendier des voitures et des lieux de savoir ou de culte. J’ai entendu
les réponses de vos ministres, au-delà du couvre-feu instauré dans certains
quartiers, autant que les promesses de discrimination positive, d’ailleurs mises
en œuvre depuis longtemps.
Le fils d’ouvrier que je suis, issu d’un milieu modeste, ne peut dès lors réprimer
une sourde colère !
Ainsi donc, un jeune de banlieue pourra intégrer un Institut de sciences
politiques ou bénéficier d’un parrain issu d’une grande école pour lui permettre
d’avoir le baccalauréat et réussir son cursus. Que n’ai-je pu bénéficier d’une telle
aide, moi dont les parents se saignaient aux quatre veines pour que je puisse
décrocher mon baccalauréat, et qui ai raté de quelques points le concours
d’entrée de cet Institut de sciences-po en province ! Ma vie en aurait été
changée.
Ainsi donc un jeune de banlieue peut, dans la région parisienne, par le biais de
l’armée ou du service civil volontaire, passer le permis de conduire gratuitement.
Que n’ai-je pu bénéficier d’une telle aide, moi qui ai dû économiser sou après sou
et beaucoup me priver pour pouvoir me payer les cours d’auto-école !
Ainsi donc, un jeune de banlieue pourra bénéficier d’un réseau d’associations
subventionnées, et d’équipements et stades rénovés. Que n’ai-je pu, avec les
jeunes de mon quartier, bénéficier de tels équipements ! Cela nous aurait évité
de jouer derrière ce garage entre gravas et gravillons ou le long de cette
autoroute où subsistait le seul espace vert.
Ainsi donc 20 000 emplois liés à la fonction publique seront créés pour les jeunes
de banlieue. Que n’ai-je pu bénéficier d’une telle mesure ! Cela m’aurait évité de
connaître les aléas de l’ANPE et du chômage.
Ainsi donc, un jeune de banlieue pourra bénéficier des avantages des zones
franches lorsqu’il créera son entreprise et des exonérations qui vont avec. Que
n’ai-je pu bénéficier de telles aides, moi qui suis aujourd’hui en train de faire les
chèques pour l’Urssaf et autres organismes sociaux !
Monsieur le Président de la République, dois-je en vouloir à mes parents de s’être
impliqués dans mon éducation et d’avoir joué leur rôle en m’apprenant ce
qu’était la Loi et l’Ordre ? Dois-je leur en vouloir de n’avoir jamais mendié quoi
que ce soit pour nous venir en aide et de m’avoir inculqué le sens de l’effort et
de la discipline ?
Monsieur le Président de la République, lorsque j’entends les mesures prises par
votre gouvernement, lorsque j’entends certains ministres évoquer la nécessaire
discrimination positive, je pense aux trois mots « Liberté, Egalité, Fraternité »
que l’on croise de moins en moins sur les frontons des mairies.
La Liberté n’est désormais plus la même pour tous puisque certains peuvent
mettre les quartiers à feu et à sang (je pense aux deux morts victimes
d’agressions), tandis que d’autres sont des délinquants simplement parce qu’ils
téléphonent dans leur voiture ou qu’ils ont le malheur de revendiquer leur
identité de Français.
L’Egalité n’est plus, puisque désormais, à la lueur de mon existence, je sais qu’il
y a des jeunes plus « égaux » que moi dans la République.
Quant à la Fraternité, la société marchande l’a mise en pièces pour instaurer
l’individualisme consumériste et la seule subsistance de cette valeur est celles
des « bandes » dans les quartiers.
Monsieur le Président,
Je m’accuse, en me regardant dans la glace, de supporter tout cela et je
m’accuse presque de respecter la loi lorsque je vois que dans certains quartiers
le crime a payé. Mais j’accuse surtout une classe politicienne, de gauche comme
de droite, de faire en sorte que je me sente de plus en plus exclu, étranger,
discriminé et même victime d’un certain racisme au cœur de ma propre région,
au cœur de mon propre pays.
Et vous, Monsieur le Président, de quoi vous accusez-vous ?
Roberto Fiorini
Correspondance Polémia par e-mail
1/02/06
LES DOSSIERS (II)
Trois ouvrages de Jelen : « La famille, secret de
l’intégration », « Les casseurs de la République » et « La
guerre des rues »
On ne peut pas comprendre ce qui se passe actuellement dans de nombreuses
banlieues françaises si l’on n’a pas lu les ouvrages d’enquête de Christian Jelen,
journaliste au « Point », spécialiste des problèmes de société et d’immigration.
Ce qu’écrit Jelen n’est pas politiquement correct. (…) Il a regardé les statistiques,
s’en est procuré plusieurs, il est allé dans les banlieues, a fait des enquêtes, a
rencontré des victimes et des fauteurs de troubles. (…) Les analyses des
politiques de droite et de gauche ont souvent été démenties par les faits. Ils ont
réduit les premières émeutes du début des années 1980 au dérapage de
quelques « allumés ». Lorsque l’affaire devient plus sérieuse, aux alentours des
années 1990, ils croient aux seules vertus de la « prévention », du
« développement social » et de l’ « insertion ». Faute de bon diagnostic, le
nombre de quartiers qualifiés de dangereux est en constante augmentation. Ces
élus ont eu peur de reconnaître que la délinquance est l’œuvre d’une minorité de
jeunes Français (…), qu’il s’agit là d’un problème d’intégration et non pas d’une
« faute » de la société (…).
Pour Christian Jelen, montrer les faits est un devoir du journaliste enquêteur. Et
ce sont justement ces faits que les politiques refusent de voir. Jelen montre,
exemples à l’appui, que ce ne sont pas seulement les cadres de vie qui incitent à
la violence. A Strasbourg où des voitures sont brûlées toutes les nuits avec un
pic lors de la Saint-Sylvestre, on ne trouve pas des barres en béton ou des tours
abîmées. Au contraire, les espaces verts abondent, ainsi que les équipements
socioculturels. Pourtant, les violences sont au-dessus de la moyenne nationale. A
contrario, dans le Nord-Pas-de-Calais où de nombreuses banlieues sont hideuses,
avec un taux de chômage deux fois plus élevé qu’à Strasbourg, les statistiques
de la délinquance sont en dessous de la moyenne nationale (…).
Jelen dénonce aussi les innombrables politiques publiques soldées par autant
d’échecs. Depuis que Mitterrand a déclaré après les émeutes de Vaulx-en-Velin
de 1990 qu’ « il y a de bonnes raisons au pillage et au saccage » et a inauguré
un plan de la ville, de multiples plans ont vu le jour : plan Delebarre, plan Tapie,
plan Raoult en 1995, plan Sueur, plan Bartolone en 1998 et plan Borloo en 2004.
Des milliards de francs et d’euros ont été déversés sur les « zones urbaines
sensibles ». En pure perte, puisque la délinquance n’a cessé d’augmenter.
Et Jelen montre, toujours exemples à l’appui, que les équipements d’Etat,
centres sportifs, maisons de la culture, services publics, transports, ne font pas
du tout défaut dans les quartiers sensibles. Au contraire, ces quartiers en sont
souvent mieux pourvus que d’autres. La violence ne découle pas d’un problème
d’ennui mais d’une déculturation et d’un désintérêt pour la culture et le savoir.
(…) Les « jeunes » s’ennuient parce qu’ils ne s’intéressent à rien et, comme ils
ne risquent pas grand-chose, ils préfèrent casser ou brûler des voitures.
Villepin continue cette politique. Encore un « plan social pour les banlieues », 15
nouvelles zones franches alors que l’on connaît l’échec de ces zones, un nouveau
« machin administratif », l’Agence pour l’égalité des chances, alors qu’il existe
déjà de nombreux organismes publics et para-publics qui font la même chose
(comme la Haute Autorité de lutte contre les discriminations), l’ANPE mise à
contribution alors que son échec au plan national est connu de tous et, enfin,
100 millions d’euros distribués aux associations sans aucun plan, évaluation ou
étude des besoins. Par ailleurs, l’argent des associations en France représente
environ 45 Mds d’euros par an sans savoir exactement où va l’argent…
(SOURCE : N. Lecaussin, in « Société Civile » N°53,
http://ifrap.cabestan.com/Go/index.cfm ?WL=101&amp ;WS=10987_4332692&a
mp ;WA=55 décembre 2005).
« La famille, secret de l’intégration, enquête sur la France immigrée », Robert
Laffont, 1990.
« Les casseurs de la République », Plon, 1997.
« La guerre des rues, la violence et les jeunes », Pocket, 2000.
Correspondance
Polémia
23/01/06
– III –
Les conséquences :
Coût économique
et financier
QUELQUES CHIFFRES (III)
· 30 %
C’est la majoration qui devrait être appliquée, pendant trois ans, aux cotisations
versées par les collectivités locales à leur assureur, la Société mutuelle
d’assurance des collectivités locales, pour rétablir l’équilibre technique des
garanties mises en jeu, s’il n’y pas de la part de l’Etat reconnaissance de sa
pleine responsabilité pour les dommages résultant des émeutes dans les
banlieues. Pour Bernard Bellec, président de la SMACL, les violences urbaines
représentent un « 11 septembre territorial » et il évalue le montant des
dommages territoriaux à environ 250 millions d’euros. Le président de la SMCL
estime que « les phénomènes auxquels nous avons assisté ne sont pas
conjoncturels mais bien structurels. Au-delà de la facture des derniers
événements, la survenance de répliques doit être désormais envisagée ». Il y
aura donc risque pour les communes de ne plus trouver d’assureurs pour
répondre aux appels d’offres ! (SOURCE : Mairie info du 16/11/05.)
· 2,5 milliards d’euros
C’est la somme que les immigrés installés en France ont envoyée dans leur pays
en 2004, en priorité pour aider leurs proches. Ce chiffre est donné par la Banque
de France. Les immigrés originaires du Maghreb sont ceux qui envoient le plus,
suivis par ceux du Portugal. 520 000 Marocains de France envoient de l’argent
pour 750 millions d’euros au total. Ceux nés en France gardent pour eux leurs
économies, alors que les clandestins et les prostituées transfèrent « par des
canaux non visibles » une grande partie de leurs revenus. (SOURCE : Figaro
économie du 17/11/05.)
· 1,085 milliard d’euros
C'est le crédit de paiement dont disposeront en 2006 les programmes
« rénovation urbaine » et « équité sociale et territoriale et soutien », sans
compter l’aide fiscale de 217 millions d’exonération d’impôts sur les sociétés pour
les entreprises implantées en zone franche. Enfin, les aides allouées aux
associations passeront de 106 à 109 millions. Telles sont les principales mesures
et dotations retenues au budget 2006 au titre de la « politique de la ville –
logement ». De son côté, le Médef prolongera pour les années 2008-2013
l’affectation d’une fraction du 1 % logement à la rénovation urbaine. (SOURCE :
La Tribune du 21/11/05.)
· 600 000
C'est le nombre de travailleurs sociaux en France. Ce chiffre a pratiquement
doublé ces dix dernières années (367 000 en 1993 contre 600 000 en 2002).
(SOURCE : Le Parisien - Aujourd'hui en France du 28/11/05.)
• 100 millions d’euros
C’est le montant des fonds susceptibles d’être attribués aux banlieues difficiles
par les caisses européennes, au lieu de l’enveloppe d’un milliard d’euros
annoncés par José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne. Il
ne s’agira que d’un redéploiement. (…) Après un minutieux travail d'audit, les
experts français et européens ont identifié entre 30 et 35 millions d'euros
redéployables sur les sommes allouées à la France d'ici à la fin du plan de
financement 2000-2006 au titre du soutien aux régions en difficulté. A ce
montant, s'ajoutent entre 60 et 65 millions d'euros financés par le Fonds social
européen. (SOURCE : Le Figaro du 21/01/06.)
• 200 millions
C’est le montant des indemnisations que les assureurs estiment devoir verser en
réparation des dommages résultant des émeutes : 100 millions aux
commerçants et entreprises, 70 millions pour les collectivités locales et 30
millions pour les voitures incendiées. (SOURCE : Le Parisien - Aujourd’hui en
France du 31/01/06.)
QUELQUES CITATIONS (III)
> « S’il n’y a pas de développement autonome en Afrique, les conséquences en
termes de migrations, de maladies et de problèmes d’environnement viendront
jusqu’à nous, que nous le voulions ou non », a déclaré dans une interview à
l’hebdomadaire Die Zeit le président allemand Horst Köhler, ancien président du
Fonds monétaire international de 2000 à 2004 ; et de tirer cette conclusion : il
faut « repenser l’aide à l’Afrique » des pays industrialisés. (SOURCE : Le Figaro
du 14/10/05.)
> « Clichy-sous-Bois fait honte à notre pays », car « c’est à partir de cette ville
que les émeutes dans les banlieues ont commencé. Or c’est la ville de France qui
reçoit le plus d’argent de l’Etat depuis une vingtaine d’années », a déclaré Eric
Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis dans une interview parue dans
l’hebdomadaire Minute. (SOURCE : Le Figaro du 22/12/05.)
LES DOSSIERS (III)
Colloque sur « Immigration/Intégration : un essai
d’évaluation des coûts économiques et financiers »
17 novembre 2005
Dans le cadre de la Fondation Singer-Polignac, le 17 novembre 2005 s’est tenu
un colloque organisé par Yves–Marie Laulan, président de l’Institut de
géopolitique des populations, avec pour thème : « Immigration/Intégration : un
essai d’évaluation des coûts économiques et financiers ».
La Fondation Polémia remercie Yves-Marie Laulan de l’avoir autorisée à mettre
sur son site les trois contributions suivantes :
-I
Introduction, par Yves-Marie Laulan, président ;
- II
Immigrations : quels coûts pour les finances publiques ? par Jacques
Bichot, professeur à l’Université Jean Moulin (Lyon 3) ;
- III L’effort national à consentir, par Yves-Marie Laulan, président.
Polémia
5/12/05
I - Introduction
par Yves-Marie Laulan
Nous abordons ici aujourd’hui avec ce colloque, qui prend un singulier relief à la
lumière des récentes émeutes urbaines, un des problèmes socio-économiques les
plus opaques, les mieux gardés et les plus controversés de notre temps : les
coûts économiques et financiers de l’immigration et de l’intégration des
communautés issues de l’immigration. Je reprends la formule du rapport Seguin.
Ce qui nous amènera à nous demander au passage si la France a fait assez, ou
pas assez, et si elle l’a fait à bon escient, en faveur des populations issues de
l’immigration. Il est vrai que cette question semble contenir sa propre réponse, si
l’on en juge par ce qui vient de se passer un peu partout sur notre territoire.
1°/ Mais tout d’abord, il faut s’interroger sur le fait de savoir si le couple
immigration/intégration se traduit par un bénéfice économique, ou un avantage,
pour le pays d’accueil, le nôtre en l’occurrence, comme on l’a longtemps soutenu
de façon péremptoire. L’on songerait ici à tel ancien ministre, qui a fait son
chemin depuis, lequel intitulait lyriquement son livre L’Immigration, une chance
pour la France ou tel autre qui assimilait poétiquement les travailleurs immigrés
aux bâtisseurs de ces cathédrales modernes que sont nos HLM.
2°/ A l’opposé, nombreux sont ceux qui ont soutenu exactement le contraire :
l’immigration coûte plus, voire bien plus, qu’elle ne rapporte, en termes
économiques et financiers, s’entend. Car il n’est évidemment pas question ici de
s’attarder sur des considérations touchant à l’identité nationale ni aux difficultés
sociales bien connues associées à l’intégration de communautés issues d’un
environnement religieux, linguistique, culturel très différent du nôtre, difficultés
dont les dernières semaines ont donné la mesure, pour ceux – car il y en a – qui
en doutaient encore.
Mais posons-nous au préalable la simple question de savoir si, sur le plan de
l’économie nationale, l’arrivée d’étrangers, le plus souvent peu ou pas qualifiés :
a) dans une société à haut niveau de protection sociale et disposant de
bénéfices sociaux généreux – en termes d’emploi, de chômage, de santé,
de retraite, de logement, d’éducation, etc. ;
b) dans une économie qui se veut moderne, qui fait de plus en plus appel à la
haute technicité, qui exige des connaissances technologiques avancées ;
cette arrivée, donc, ces flux migratoires, se traduisent, pour la première
génération et celles qui suivent, par un bilan positif pour la société d’accueil et
pour l’économie d’accueil ?
Evidemment la question ne se pose même pas pour des immigrés qui viennent
en France au nom du droit au regroupement familial ou du droit d’asile – plus de
100 000 par an, soit, sur trente ans, 2,5 millions à 3 millions de personnes –,
dont une bonne partie est constituée de femmes et d’enfants et qui émargent
dans l’instant aux comptes sociaux.
Mais pour revenir à la question posée plus haut, nous sommes en présence d’un
problème de « cost/benefit » comme le diraient nos amis anglo-saxons – que
mon ami Toubon veuille bien me pardonner cet horrible anglicisme – ou, si vous
préférez, la « balance des paiements », si je puis m’exprimer ainsi, des
communautés d’origine immigrée, est-elle positive ou négative ? Vaste question,
d’une grande complexité comme nous allons le voir, qui suppose en premier lieu
un inventaire et une estimation des coûts et des dépenses de la puissance
publique, l’Etat et les collectivités locales, à des titres très divers.
3°/ Sur ce chemin « montant, sablonneux, malaisé », comme aurait dit le bon La
Fontaine, nous ne sommes néanmoins pas totalement dépourvus de repères sous
la forme de quelques travaux :
a) Voici quelques années, un rapport, qui a eu son heure de célébrité, a été
publié sur ce sujet par un expert d’un parti politique qui avait fait son cheval de
bataille de la lutte contre l’immigration. Mais, comme l’a dit toujours La Fontaine,
« un auteur gâte tout quand il veut trop bien faire ». Et il est permis de penser
que les estimations dudit rapport étaient quelque peu surestimées, peut-être
d’ailleurs en partie faute de données fiables disponibles ;
b) En second lieu, un précédant colloque intitulé « Ces migrants qui changent la
face de l’Europe », que nous avions organisé dans cette même enceinte, avait
permis d’avancer – avec toute la prudence et les précautions nécessaires – que
les communautés immigrées en France n’étaient en mesure de couvrir qu’environ
les deux tiers de leurs coûts en matière de chômage. Voilà qui avait, en principe,
le mérite d’être à peu près clair ;
c) Là-dessus, voici que de l’autre côté du Rhin, en Allemagne, une étude,
totalement indépendante, du professeur Birg, économiste et démographe, de
l’Université de Bielefen, fort honorablement connu, a été récemment publiée.
Que nous dit cette étude ? Le professeur Birg a ainsi calculé que les recettes
versées par la communauté turque résidant en Allemagne, sous forme d’impôts
et de cotisations sociales, ne compensaient qu’à hauteur des deux tiers les
prestations perçues au titre de la santé et du chômage.
Voilà donc deux études totalement indépendantes, réalisées dans deux pays
différents, qui semblent parvenir aux mêmes conclusions. Ce qui n’est pas
inintéressant.
d) Puis voici le rapport Seguin, du nom de l’actuel président de la Cour des
comptes dont on connaît la rigueur intellectuelle. Armé de l’appareil statistique
de l’Etat, ce dernier s’est attaqué avec courage et obstination – car il en fallait –
à un premier inventaire des coûts directs pour la puissance publique résultant de
l’immigration. Il en ressort deux constations simples : tout d’abord ces coûts
sont considérables – on s’en doutait –, ensuite ces coûts sont largement sousestimés et cela pour au moins deux raisons, comme nous le dit expressément le
rapport :
– en premier lieu, les administrations concernées ne disposent pas des données
requises, loin de là ; au surplus, elles ne manifestent aucun enthousiasme à les
fournir ;
– en second lieu, ces dépenses sont souvent impossibles à identifier, en raison
des multiples lois, conventions et règlements visant, en principe, à protéger les
libertés publiques et privées, la CNIL, la Convention des Droits de l’homme et
que sais-je encore, qui résultent dans ce travers bien français que le grand
démographe Alfred Sauvy appelait déjà « le refus de savoir ».
Autrement dit – et pardonnez-moi d’être aussi explicite – il n’y a pas grand chose
à tirer de ce rapport si ce n’est un inventaire méticuleux des lacunes de nos
connaissances et de la méthodologie requise pour les combler. Ce qui est
évidemment déjà beaucoup.
On pourrait ajouter, pour compléter ce tableau, que, quels que soient ses
mérites, le rapport Seguin n’éclaire, et encore d’une bien pâle lueur, que l’un
des deux versants de la montagne : les coûts de l’immigration. Il laisse, par
contre, totalement dans la pénombre l’autre face : les coûts de l’intégration, sur
lesquels nous allons précisément tenter, vaille que vaille, de jeter quelque
lumière. Or ces coûts, directs ou indirects, immédiats ou différés, qui se
traduisent par autant de dépenses pour la puissance publique et pour ses
démembrements, les entreprises publiques, SNCF, RATP, mais aussi les
compagnies d’assurances, s’accumulent en autant de strates enchevêtrées qui en
rendent l’inventaire bien ardu.
En effet, comme le fait le rapport Seguin, additionner le coût des nuits d’hôtels
pour le logement des clandestins ou des demandeurs de droits d’asile en instance
de décision administrative est relativement simple. Calculer le coût pour le
budget de la construction de logements sociaux subventionnés par l’Etat pour
loger des immigrés légalement installés sur le territoire est une tout autre
affaire. Idem pour le surcoût résultant d’une éducation spécialisée en faveur
d’enfants défavorisés issus de familles peu familières avec l’usage de la langue
française ; même chose pour le surcoût lié à la délinquance ou au maintien de
l’ordre, sans parler des fraudes dans le métro, la SNCF, les problèmes des
hôpitaux débordés dont le fonctionnement est gravement perturbé. Faut-il y
inclure le coût de tout ou partie des 300 000 emplois « jeunes », j’ai envie de
dire « faux emplois », créés à la hâte pour « éponger » la masse des Jeunes au
chômage faute de qualification ?
La liste de ces surcoûts est infinie. Elle concerne en réalité pratiquement toutes
les facettes de la société française, dans une France qui a voulu, un moment, se
poser en société d’accueil à vocation universelle contrainte aujourd’hui, bon gré
mal gré, d’accueillir, comme le disait Michel Rocard, une partie de la « misère du
monde ». Qu’il s’agisse du droit d’asile, du regroupement familial ou d’autres
droits encore, la France s’est voulue et se veut encore généreuse. Mais voilà. La
générosité a un coût.
4°/ Or le malheur veut que les ressources de la nation, les ressources de l’Etat
ne sont pas indéfiniment extensibles. Elles le sont d’autant moins que, depuis
quelques années, la croissance s’est ralentie à des taux compris entre 1,5 et 2 %
l’an contre 3 et 3,5 % autrefois ; que le taux de chômage, devenu structurel
depuis une trentaine d’années, reste obstinément fixé autour de 10 % de la
population active ; que le déficit budgétaire tourne autour de 3,6 % année après
année ; si bien que l’endettement public dépasse 66 % du PIB, contre 30 % voici
vingt ans, lourd héritage que nous allons léguer à nos enfants et petits-enfants
qui vont devoir payer les notes accumulées depuis dix ans sinon plus. Et cela
alors que chacun sait que le prix du pétrole, porteur d’inflation à terme, va
continuer de croître ; que nous sommes à la veille d’un énorme afflux de
personnes âgées, plus de 5 millions nous dit-on, porteuses de nouveaux droits à
la retraite.
Pour faire face à toutes ces obligations, il faudra des ressources, beaucoup de
ressources. Il s’agit donc pour nous de muscler notre productivité pour doper
notre croissance, pour faire face à une mondialisation inévitable et pour réussir
l’intégration des communautés immigrées. Il faut mettre un terme aux
dissimulations bien pensantes et aux demi-vérités qui ont eu cours jusqu’à
maintenant. Car, sans aucun doute, les Français devront se serrer la ceinture.
Autant qu’ils le sachent dès maintenant, pour mieux l’accepter. C’est le prix, sans
doute très élevé, à payer pour ne pas sombrer dans le chaos.
Peut-on, dans un tel contexte, répéter ce que disait, voici quelques années, une
dame ministre que je ne citerai pas, laquelle proclamait haut et fort qu’elle ne
voulait pas être « le ministre des comptes ». Car le temps est venu pour la
France de faire ses comptes en matière d’immigration et d’intégration, comme
dans d’autres domaines, pour mieux préparer, pour mieux réussir, notre avenir
commun. C’est à cet exercice que nous sommes conviés aujourd’hui.
II - Immigrations : quels coûts pour les finances publiques ?
par Jacques Bichot
Quelques événements récents font que la présente étude s’inscrit dans un
contexte émotionnel qui rend à la fois plus difficile et plus nécessaire l’objectivité
scientifique :
-
Les incendies de squats parisiens occupés par des immigrés ;
L’incendie survenu dans un centre de détention pour immigrés à
Amsterdam ;
Les « échelles de Mellila », symboles de la ruée vers l’Europe de foules
africaines ;
Le démantèlement, au Royaume-Uni, d’un réseau mafieux spécialisé dans
l’acheminement et l’infiltration de clandestins ;
Les émeutes dans diverses banlieues « chaudes » d’abord de l’Ile-deFrance puis de la France entière.
La première obligation scientifique quand on veut étudier tels ou tels effets de
l’immigration est l’emploi du pluriel : il existe une multitude d’immigrations, car
les contrées d’origine, les profils des immigrants, les conditions de leur entrée
sur le territoire et d’autres caractéristiques encore sont diverses, si bien qu’il ne
serait pas prudent de considérer a priori comme identiques les effets résultant de
ces différentes immigrations. Il arrive en France des retraités britanniques qui y
achètent une maison moins coûteuse que celle qu’ils occupaient outre-Manche,
des ingénieurs allemands qui s’y établissent pour y exercer leur métier, des
paysans maliens en quête de survie, des jeunes filles biélo-russes attirées par la
fallacieuse promesse de carrières de mannequins et qui s’y font exploiter par des
souteneurs : les problèmes rencontrés et posés ne sont pas les mêmes, non plus
que les effets pour le pays d’accueil et sa population. Les modèles du marché du
travail construits comme si tous les travailleurs potentiels étaient interchangeables ont à juste titre fait l’objet de fortes critiques et ont désormais leur place
au musée des théories économiques ; il serait maladroit de ne pas en tirer de
leçon pour l’immigration.
Les effets économiques des immigrations, par définition, n’incluent pas les
conséquences du départ des migrants pour leur pays d’origine. Le fait de limiter
ainsi le champ des investigations ne signifie cependant pas que l’on puisse se
désintéresser de la question placée hors des limites de l’épure : le « brain drain »
peut constituer un handicap important pour certains pays, pour d’autres les
envois de fonds des émigrés sont une ressource qui compte beaucoup. Les
problèmes de ce type méritent de rester présents à l’esprit en arrière-plan,
même s’ils ne sont pas directement traités.
Sont également renvoyés à d’autres travaux, en dépit de l’importance du sujet,
les effets des immigrations sur les migrants eux-mêmes. Gagnent-ils au change,
ou bien sont-ils victimes d’une illusion d’optique en pensant être plus heureux
sous de nouveaux cieux ? Symétriquement, en dehors des impôts et cotisations
sociales qu’elles payent en plus ou en moins du fait des immigrations, quel est
l’impact de celles-ci sur les conditions de vie des populations autochtones ? Ce
sont deux vraies questions, complémentaires de celle sur laquelle se concentre la
présente étude, à savoir les coûts et avantages des immigrations pour les
finances publiques du pays d’accueil.
Ces coûts et avantages, il aurait été concevable de les évaluer séparément,
avant de faire une série d’additions et de soustractions pour déterminer le solde.
Ce n’est pas la méthode qui a été employée ici. En effet, pour la plupart des
postes examinés, les données disponibles conduisent plutôt à calculer une
différence de coûts résultant des caractéristiques des populations immigrées ou
issues de l’immigration, et plus précisément de leurs différences statistiquement
mesurables par rapport aux autochtones. N’ayant trouvé aucun poste pour lequel
la différence aille dans le sens de coûts moindres du fait de la présence de
populations immigrées et issues de l’immigration (pour faire court, nous dirons
« allochtones »), nous ne pratiquerons pas la langue de bois et parlerons tout
simplement de surcoûts. Chaque fois que cela a été possible, ces surcoûts ont
été calculés de la manière suivante : on soustrait au coût observé le coût qui
aurait prévalu si la totalité de la population avait eu les caractéristiques
statistiques des autochtones. Par exemple, quel aurait été le coût du système
carcéral si la sous-population allochtone avait les mêmes taux d’incarcération
que la sous-population autochtone ?
Tel est pour l’essentiel le contenu et la méthode de la plus longue partie du
présent travail, la seconde. Il aurait été possible d’en rester là. Cependant, pour
bien marquer que les coûts et avantages qui intéressent les économistes ne sont
pas seulement ceux qui se traduisent par une dépense monétaire, une première
partie est consacrée à montrer la diversité des coûts et avantages sur lesquels il
conviendrait de réaliser des investigations. Elle aura l’utilité d’établir clairement
le caractère très partiel du travail réalisé et la nécessité de le poursuivre.
1/ Les notions de coût et d’avantage, s’agissant des immigrations
Qu’est-ce qu’un coût, qu’est-ce qu’un avantage ? Pour l’économiste, le coût
monétaire n’est qu’une composante du coût total, et de même en ce qui
concerne les avantages. Par exemple, pour déguster chez soi un bon repas, il ne
faut pas seulement dépenser de l’argent pour en acheter les ingrédients, il faut
aussi consacrer à sa préparation et à ses suites du temps, de l’énergie, des
compétences, qui auraient pu être employés autrement. Il se peut que faire les
courses, cuisiner, dresser la table, laver la vaisselle et ranger représente un coût
(non monétaire) qui dépasse le montant des achats effectués. De même le
salaire ne résume-t-il pas l’avantage lié à un emploi : il faut prendre en compte
l’agrément éventuel de ce travail, les relations qu’il rend possibles, la
considération qu’il procure, etc.
De manière générale, il y a coût dès lors qu’il est fait usage de ressources rares.
Cependant, la référence à la mobilisation de ressources rares ne suffit pas : il
convient également de prendre en compte les agréments ou désagréments
découlant de cette mobilisation, ce qui complique les choses, car ils ne sont pas
identiques pour les différents acteurs concernés. Si une personne adore cuisiner,
tandis qu’elle déteste faire les courses, le temps qu’elle a passé devant ses
fourneaux n’est pas de son point de vue un coût, mais plutôt un plaisir, une
détente, à la différence de celui qu’elle a sacrifié en se déplaçant jusqu’aux
magasins et en y faisant la queue. En revanche, pour ses enfants qui espéraient
jouer avec elle, ces deux emplois du temps paternel ou maternel constituent à
égalité des coûts découlant du dîner organisé par leurs parents. Les notions de
coût et d’avantage ne relèvent donc pas de « l’en soi » (une réalité objective que
chacun percevrait de la même manière) mais du « pour soi » (un ressenti
personnel, éventuellement fort différent d’un individu à l’autre). Cette remarque
vaut d’ailleurs pour l’argent comme pour les coûts et avantages non monétaires :
cent euros constituent pour le pauvre une somme qu’il est merveilleux de
recevoir, et tragique d’avoir à débourser, tandis que pour le riche elle compte à
peine. La monnaie ne constitue l’étalon de la valeur que dans le cadre de
théories économiques très rudimentaires. Il convient donc de toujours préciser le
SUJET (« pour qui ? ») des coûts et avantages dont il est question.
Concernant les immigrations, l’étude des coûts et avantages ne saurait donc se
limiter aux aspects monétaires, ni prétendre à cette forme d’objectivité qui
permettrait de les mesurer sans avoir à se soucier de savoir POUR QUI il s’agit
d’un coût ou d’un avantage. Les coûts pour l’immigrant, les coûts pour les
habitants du pays de départ, les coûts pour ceux du pays d’arrivée sont choses
différentes, dont l’argent ne constitue qu’une partie. Et concernant la troisième
catégorie de sujets des coûts et avantages, objet de la présente étude, il existe
d’importantes différenciations. Par exemple, l’arrivée d’immigrés d’origine
culturelle non occidentale coûte davantage aux autochtones modestes, dans les
quartiers desquels ils s’installent, s’ils font l’objet de peu d’efforts d’a-culturation
de la part des pouvoirs publics, et davantage aux gros contribuables, si les
pouvoirs publics s’occupent très activement d’eux. Cela explique que les « petits
blancs » soient en moyenne davantage hostiles que les habitants des beaux
quartiers à l’immigration maghrébine et africaine avec a-culturation et
intégration limitées qui se pratique actuellement en France.
Les coûts de l’immigration peuvent prendre des formes difficiles à quantifier
monétairement, par exemple lorsqu’il s’agit d’une dégradation de capital national
immatériel. Prenons un exemple. La Cour des comptes (2004) rapporte (p. 201)
qu’en 2002 les préfets ont signé 21 621 arrêtés de reconduite à la frontière avec
interpellation, dont seulement 11 621 ont fait l’objet d’une saisine du Bureau de
l’éloignement de la Direction centrale de la police aux frontières, sur lesquels
6 967 ont finalement été exécutés. Le fait que deux arrêtés sur trois restent sans
effet a un coût non monétaire important : la détérioration de l’autorité
préfectorale, et par là même de l’autorité de l’Etat. Le capital immatériel qu’est
l’autorité des représentants du pouvoir exécutif légal s’érode ainsi progressivement. Que l’on effectue ou non une estimation monétaire de la valeur de ce
capital (nous nous y essayerons, malgré la difficulté de l’entreprise), il est clair
que sa diminution est une perte de richesse, une destruction de valeur.
La Cour manifeste d’ailleurs sa sensibilité au problème de dégradation du capital
immatériel quand elle expose (p. 196) que les immigrants en situation régulière
sont victimes de l’immigration irrégulière, parce que celle-ci ternit leur image :
« une partie de l’opinion sera tentée de faire l’amalgame, l’immigration en
général étant alors assimilée à l’insécurité et à la délinquance alors que leur
rapprochement ne peut être partiellement légitime qu’avec une certaine forme
d’immigration irrégulière. » Certes, le raisonnement de la Cour est entaché
d’erreur manifeste : il faut n’avoir jamais lu Sebastian Roché ni aucun spécialiste
du sujet pour postuler que seule l’immigration illégale contribue à augmenter
l’insécurité et la délinquance. Une analyse plus réaliste serait la suivante : la
présence d’une proportion élevée de délinquants et de fauteurs d’incivilités parmi
les immigrés en provenance de certaines origines et leurs descendants porte
préjudice aux immigrés honnêtes et respectueux des personnes et des biens
dont les apparences physiques sont semblables. Mais l’erreur commise par les
rapporteurs de la Cour ne supprime pas le mérite qu’ils ont eu en reconnaissant
le coût non monétaire qu’est la détérioration de la réputation attachée à une
catégorie de personnes lorsque certains membres de cette catégorie se
conduisent mal. L’économie des conventions, comme la sociologie, a montré
l’importance de la réputation, du capital de confiance dont bénéficie une
personne ou catégorie de personnes : la diminution de ce capital est une perte
de richesse. De tels destructions de valeur, lorsqu’elles sont la conséquence de
certaines immigrations, font partie de leur coût.
2/ Essai de recension et d’évaluation des surcoûts budgétaires
2.1. Justice et maintien de l’ordre
Il ne s’agit pas de rendre certaines immigrations responsables de toute
diminution de l’autorité des représentants de la loi : l’inflation législative et
réglementaire, le manque de professionnalisme de nombre de responsables
politiques, la sclérose administrative, l’évolution des mœurs et des mentalités, le
rôle joué par les médias dans cette évolution, et d’autres facteurs encore, sont à
prendre en compte. Il n’en reste pas moins que l’arrivée relativement massive de
personnes que les autorités ne savent pas par quel bout prendre a contribué et
contribue à rendre leur travail plus difficile, à engorger les circuits, à créer des
zones dites « de non-droit » (1) où les caïds locaux, soucieux de protéger leur
« business » (notamment le trafic de drogue) excellent à dresser contre elles la
population, particulièrement allochtone, et à donner aux représentants de la loi
le sentiment d’être rejetés comme le serait une armée d’occupation.
Pour la protection du « business » délinquant ou criminel, la constitution de
ghettos ethniques est excellente, ce qui conduit les caïds à accentuer le
mouvement naturel de concentration des populations issues de l’immigration mis
en évidence par le rapport du Conseil économique et social (2003) et celui de la
Cour des comptes (2004). Les forces de l’ordre ne comprennent pas ce que
disent les habitants s’ils décident de parler la langue de leur pays d’origine ; il est
dès lors assez facile d’empêcher les contacts autres que conflictuels entre elles et
la population. Les jeunes, dont les parents sont désorientés par l’écart qui existe
entre le monde où ils ont eux-mêmes acquis leurs repères et celui où ils vivent,
sont massivement manipulés par les narcotrafiquants, comme ils le sont ailleurs
(mais cela commence en France) par les terroristes islamistes. Il n’est pas très
difficile de les dresser à jeter des pierres contre les voitures de police ou de
pompiers, la tactique de l’Intifada étant connue des leaders, et à brûler des
voitures lorsque se présente une occasion amplificatrice de « la haine » qui les
habite.
Dès lors, la moindre action de police requiert l’intervention d’effectifs importants.
Et comme les banlieues « chaudes » ne sont pas l’endroit le plus agréable pour
exercer le métier de maintien de l’ordre, on assiste à une répartition des effectifs
qui maximise l’utilité des fonctionnaires plus que celle de la population : selon
Bauer et Raufer (2001) il y avait en 1999 119 habitants pour un policier à Paris,
395 en petite couronne et 510 dans la grande couronne, là où la densité de
crimes et délits est maximale. Un plan de redéploiement a certes été lancé en
1999, mais il ne semble pas avoir eu tous les effets escomptés.
A cela il convient d’ajouter le taux devenu fort bas des procédures pénales par
rapport aux faits vraisemblablement délictueux ou criminels : en 1999, 86 % de
classement sans suite sur 4 600 000 procès-verbaux ou dénonciations traités par
les parquets, qui croulent sous le travail, dont 3 320 000 classements sans suite
(67 %) parce que « l’enquête n’a pas permis d’identifier l’auteur de l’infraction ».
Cela signifie une certaine impunité pour les délinquants, d’autant plus que la
moitié des faits délictueux (et plus de 99 % des incivilités) ne sont pas signalés à
la police.
Quelles responsabilités les immigrations portent-elles dans cette érosion de
l’autorité républicaine ? Faute d’études circonstanciées, que dissuade le tabou
relatif aux rapports entre immigrations et délinquance, on ne peut proposer que
des estimations grossières. Pour effectuer ces premières approximations, avant
de lancer un chiffre relatif aux effets de la diminution de l’autorité de l’Etat, on
risquera d’abord une estimation de l’augmentation du nombre de policiers, de
fonctionnaires du ministère de la Justice et des budgets de fonctionnement
associés, nécessaire pour faire face au surcroît de travail résultant de
l’immigration. Plus précisément, nous prendrons comme indicateur la part des
crimes et délits, et celle des incarcérations, qui résultent de la différence
d’occurrence de tels phénomènes chez les allochtones et chez les autochtones
respectivement. Par exemple, s’il est vrai comme l’indique Geneviève Guérin
(2003) que la population carcérale de sexe masculin est constituée à 24 %
d’hommes nés à l’étranger alors que dans l’ensemble de la population masculine
le pourcentage est de 13 %, nous considérerons (moyennant quelques
applications de la règle de trois) (2) que l’immigration majore de 14 % les coûts
du système carcéral, à qualité égale (et médiocre, comme chacun sait). Cette
méthode ne permet pas de ventiler ce surcoût entre les diverses immigrations
mais elle a l’avantage de pouvoir être effectuée avec les statistiques judiciaires
ou carcérales disponibles, dans lesquelles les ventilations requises ne figurent
souvent pas.
Sachant que les hommes nés en France mais issus de certaines immigrations (la
« seconde génération ») ont fort probablement, eux aussi, une propension à être
incarcérés plus forte que la moyenne, le pourcentage de majoration égal à 14 %
peut être considéré comme insuffisant. Nous ne connaissons malheureusement
pas leur part dans les effectifs carcéraux. Force est donc d’en rester à une valeur
plancher de 14 % de majoration de frais carcéraux attribuable au fait
migratoire, avec la perspective de monter par exemple à 18 % ou 20 % si des
statistiques relatives à la seconde génération étaient disponibles.
En ce qui concerne l’activité des tribunaux, de la police et de la gendarmerie, on
ne dispose semble-t-il que de statistiques par nationalité. En 1999, 2000 et
2001, selon « Etudes et statistiques justice » n° 19 et 20, les condamnations au
pénal concernent pour 87 % des Français et pour 13 % des étrangers. Il faut
donc procéder à des interpolations, toujours risquées, pour connaître la part des
immigrés. Selon Borrel et Durr (2005), la collecte 2004 de données en vue du
recensement donne 9,6 % d’immigrés dont 5,66 % d’étrangers dans la
population de 18 ans et plus. Remarquons au passage la différence considérable
qui sépare ce 9,6 % du 13 % précédent, lequel ne concernait que les hommes
(pas seulement majeurs), mais qui peut être transposé à la population totale si,
comme l’écrivent Borrel et Durr, les femmes composent 50,3 % de la population
immigrée. Si l’on néglige la différence (inconnue) qui peut exister entre la surcondamnation des étrangers mineurs et celle des étrangers majeurs, le
coefficient de sur-condamnation des étrangers est 2,3. Supposons que ce
coefficient soit un peu plus faible pour les immigrés ayant acquis la nationalité
française, par exemple 2 : on aboutirait à 9,6 % de la population concentrant
20,9 % des condamnations (coefficient 2,18). Un calcul analogue à celui effectué
précédemment pour la population carcérale fournit alors une majoration des frais
de justice et, s’ils se répartissent semblablement, de l’ensemble police et
gendarmerie, de 14,3 % du fait de l’existence de l’immigration. (Il est équivalent
de dire que les frais seraient, à service rendu équivalent, inférieurs de 12,5 % si
la population, numériquement égale, ne comportait pas d’immigrés.)
Cette proximité avec le chiffre obtenu pour la prison (14 %) et le fait qu’il s’agit
dans les deux cas d’un plancher ne tenant pas compte des surcoûts inhérents à
la « seconde génération » nous incitent à retenir pour l’ensemble du budget de la
justice et des forces de l’ordre une majoration due à l’immigration, ou plus
exactement à certaines des immigrations, de 14 % pour les immigrés au sens
strict, et sensiblement supérieure (18 % ? 20 % ?) si l’on tient compte de la
descendance des migrants (3).
Le budget 2005 consacrait 5,46 Md€ à la justice, 5,77 à la police nationale et
5,94 à la gendarmerie, soit au total 17,17 Md€ pour les fonctions qui nous
intéressent ici. Sur cette base, le surcoût dû aux immigrations s’élève à 2,11 Md€
pour les seuls immigrés et peut monter à 2,86 Md€ en tenant compte de la
seconde génération. La dépense « profitant » aux immigrés, quant à elle, s’élève
environ à 21 % de ces 17,17 Md€ (24 % pour l’incarcération, 20,9 % pour le
reste) soit 3,61 Md€. On peut donc considérer que les immigrés coûtent environ
3,61 Md€ au titre des fonctions justice et maintien de l’ordre, dont 2,11 Md€ de
surcoût dû à la propension à la délinquance très supérieure à la moyenne qui
s’observe pour certaines nationalités d’origine.
Quant à la baisse de l’efficacité des services concernés provenant de la part du
travail de sape de l’autorité de l’Etat attribuable à l’immigration, il nous paraît
difficile de l’estimer à moins de 5 %, soit environ le cinquième des effets de type
démoralisation, démotivation, désorganisation, pertes de temps provoquées par
les complications inutiles, que l’on peut globalement chiffrer à 25 % provenant
par parts égales des cinq facteurs recensés au début de cette section : l’inflation
des normes juridiques et leur manque de cohérence, l’amateurisme d’une partie
importante du personnel politique (4) et le manque de compétences
managériales de nombreux fonctionnaires d’autorité, l’évolution des mentalités
amplifiée par la démagogie des médias (5), la sclérose administrative générale et
les difficultés inhérentes à la multiplicité des langues, des cultures, des
situations, conséquence de diverses immigrations. Sur cette base, certes
discutable, 0,86 Md€ supplémentaires pourraient être portés au débit des
immigrations au titre de surcoût pour l’exercice des fonctions justice et sécurité.
2.2. Surcoûts et manque d’efficacité du système scolaire
La mise en œuvre de la présentation du budget conformément à la Loi organique
relative aux lois de finance (LOLF) fournit pour 2006 un chiffrage global de la
« mission » enseignement scolaire : 19,5 % du budget de l’Etat, 59,7 Md€, en
hausse de 6,3 % sur l’année 2005. Par ailleurs, les données fournies par le
ministère de l’Education nationale (éditions annuelles successives de « L’état de
l’école ») montrent que le rapport entre le nombre des élèves et celui des
enseignants a fortement diminué depuis 1960 et est nettement inférieur à ce que
l’on observe dans divers pays de même niveau de développement. Pour le
premier degré, « les tailles moyennes de classes en maternelle et primaire se
situent maintenant aux environs de 26 et 23 élèves contre respectivement 40 et
30 au début des années 1960 ». Quant au second degré, y compris l’enseignement privé sous contrat, il emploie 530 000 enseignants pour 6 520 000 élèves,
soit 12,3 élèves par enseignant, contre 16,1 dans le secondaire public en France
en 1963-64 (nous n’avons pas le chiffre incluant le privé, mais traditionnellement
il fonctionne avec un peu moins d’enseignants en proportion des élèves, donc
son inclusion ne ferait pas baisser ce ratio). Aux Etats-Unis, au Canada, au
Japon, on compte plus de 15 élèves par enseignant dans le second degré.
Autrement dit, le coût de l’enseignement est en France particulièrement élevé.
Dans les circonstances actuelles, où la modération des dépenses publiques est à
l’ordre du jour, la « sanctuarisation » de l’Education nationale se traduit par un
taux de progression des dépenses étonnamment élevé. D’où cela vient-il ? Le
mécontentement du corps enseignant, ses revendications, ses pressions de
toutes sortes en faveur d’une réduction du nombre d’élèves par classes ne
peuvent être mis purement et simplement sur le compte de la propension au
« toujours plus » dépourvu de justification que dénonçait François de Closets
(1982). Le corporatisme fournit certes une partie de l’explication, mais son
succès lui-même tient largement à l’exaspération des enseignants face à des
classes de plus en plus difficiles à « tenir » et à intéresser. Pourquoi les élèves
posent-ils ainsi à leurs enseignants des problèmes accrus et leur rendent-ils la
vie plus difficile au point de faire aspirer nombre d’entre eux à une retraite
précoce, comme on l’a vu durant les grèves et manifestations de 2003,
auxquelles les enseignants ont pris une large part ? La réponse figure dans la
plupart des livres de témoignages écrits par des « profs », par exemple Claire
Pentice (2004) : le métier est devenu dans bien des cas ingrat, voire
franchement pénible.
On peut donc estimer qu’une fraction importante de la diminution du nombre
d’élèves par classe depuis les années 1960 est à mettre au compte de certaines
immigrations. Quelle proportion ? Des études délicates seraient nécessaires pour
le déterminer de façon scientifique. En leur absence, nous avons retenu 50 %.
Ce chiffre laisse de la place pour les erreurs pédagogiques telles que la
systématisation de la méthode globale, dont les effets ont été étudiés par Liliane
Lurçat (1998). Il en laisse un peu moins pour le corporatisme d’une fraction
importante du corps enseignant, car il est probable que le succès des
revendications en termes de postes à créer doive beaucoup à l’aggravation des
conditions d’enseignement. Celles-ci sont beaucoup plus fortes dans certaines
zones que dans d’autres, mais la création des Zones d’éducation prioritaires
(ZEP) n’a pas suffi à éviter les effets d’entraînement provoqués par l’égalitarisme, important chez les enseignants : si l’on diminue les effectifs par classes
dans des quartiers difficiles, les enseignants en poste dans des établissements
« normaux » verraient d’un mauvais œil leurs effectifs rester stables (6). Il existe
aussi un effet d’entraînement relatif aux incivilités, agressions et manques de
motivation : la présence d’une proportion notable d’élèves qui, mal insérés
socialement du fait de leur origine, réagissent de façon agressive (« la haine, la
rage ») amène nombre de jeunes autochtones mal dans leur peau à faire de
même, si bien que les malaises et révoltes classiques de l’adolescence et de la
pré-adolescence s’expriment de façon plus brutale et plus perturbatrice pour
l’activité pédagogique. Les données démographiques, enfin, nous paraissent de
nature à justifier un pourcentage assez conséquent : la proportion d’élèves
immigrés ou issus de l’immigration, selon la Direction de l’enseignement scolaire
(DESCO), en y intégrant les enfants dont un des deux parents seulement est
immigré, dépasserait 20 % (Cour des comptes 2004, p. 238).
Par rapport aux normes 1963-64, en désignant par M, P et S le nombre d’élèves
actuels dans les maternelles, le primaire et le secondaire respectivement, le
nombre d’enseignants supplémentaires est M/26 – M/40 ; P/30 – P/23 ; et
S/12,3 – S/16,1. Si l’on estime que les autres frais sont accrus proportionnellement, et en suivant notre décision de retenir la moitié des frais supplémentaires
comme surcoût dû aux immigrations, en désignant par BM, BP et BS
respectivement les budgets des divers ordres d’enseignement, on obtient comme
surcoût la moitié de : BM (1 – 26/40) + BP (1 – 23/30) + BS (1 – 12,3/16,1).
Sachant que le budget de l’enseignement scolaire pour 2005 s’élève à 56,6 Md€,
dont 19 % pour le primaire public, 43 % pour le secondaire public, 12 % pour le
privé sous contrat et 26 % pour les services généraux, nous avons dû procéder à
quelques approximations pour déterminer BM, BP et BS, qui ne sont pas directement fournis. D’abord parce que les dépenses des collectivités territoriales, loin
d’être négligeables, représentent selon « L’état de l’école » 32 % de celles de
l’Etat, ce qui conduira à augmenter de ce pourcentage le surcoût calculé à partir
des seules dépenses de l’Etat. Ensuite parce que, le ministère des Finances ne
fournissant pas la répartition entre les scolarités préélémentaire et élémentaire,
nous avons dû procéder à cette répartition sur la base des effectifs et des coûts
unitaires fournis par « L’état de l’école » ; ces derniers ne diffèrent d’ailleurs que
de 8 %. Se posait enfin le problème de la ventilation des frais généraux, très
élevés, et de l’enseignement privé sous contrat : les frais généraux (26 % du
total, donc 35 % des autres postes) ont été traités en majorant de 35 % les
résultats trouvés sans eux ; quant à l’enseignement privé, la clef de répartition
choisie correspond aux effectifs enseignants : 15 % de ceux du public pour le
premier degré, et 24,5 % dans le second degré. Cela donne BM = 4,60 Md€ ; BP
= 7,76 Md€ ; et BS = 30,3 Md€.
On en déduit comme surcoût pour la part prise en charge par l’Etat, sans les frais
généraux : 0,5 (1,61 + 1,81 + 7,15) et donc y compris frais généraux
(multiplication par 1,35) et collectivités territoriales (multiplication par 1,32) :
9,42 Md€. Ce mode de calcul a l’avantage de permettre une révision immédiate
si l’on estime excessif ou insuffisant l’attribution à l’immigration de la moitié de la
diminution des effectifs par enseignant : en ne retenant ce facteur que pour
30 %, on aboutit à un surcoût de 5,65 Md€, et en le poussant jusqu’à 70 % on
obtient 13,18 Md€. En tout état de cause, le surcoût engendré au niveau du
système scolaire par l’accueil de populations dont beaucoup d’éléments
éprouvent des difficultés à en suivre les règles, et qui posent ipso facto des
problèmes délicats, apparaît comme fort important, et l’on ne saurait trop
conseiller d’étudier cette question en détail, d’une part pour mieux cerner le
surcoût, d’autre part et surtout pour trouver le moyen de le diminuer.
On remarquera in fine que rien ne prouve que la diminution de la taille des
classes ait suffi à conserver la qualité de l’enseignement. C’est possible en ce qui
concerne la majorité des établissements, dans lesquels les immigrés et enfants
d’immigrés sont peu nombreux. En revanche, dans la minorité d’établissements
où se concentre la moitié de ces populations, les résultats scolaires sont tels qu’il
est permis d’en douter : notons par exemple (Cour des comptes, 2004, p. 236)
que sur 1000 élèves entrés en 6 e en 1989, s’ils étaient de nationalité française
637 d’entre eux ont obtenu le baccalauréat, tandis que sur 1000 élèves de
nationalité étrangère, le nombre des lauréats tombe à 469. Quelle que soit
l’importance de l’effort consenti, s’agissant de l’intégration des jeunes immigrés
ou issus de l’immigration, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. Mais
peut-être la solution est-elle à rechercher davantage du côté de l’innovation
pédagogique que dans l’accroissement des moyens budgétaires ?
En tout cas l’enjeu est de taille. Relisons ce qu’écrivait Jacques Lesourne en 1988
dans une perspective prospective : « On ne peut exclure, pour le premier quart
du prochain siècle, des scénarios se traduisant pour la France et la communauté
européenne par un flux notable d’immigration en provenance du tiers-monde,
trois variantes extrêmes pouvant être a priori imaginées : celle d’une aculturation progressive et sans heurt de la population immigrée au sein de la
population française ; celle de la coexistence pacifique entre la culture dominante
et plusieurs cultures minoritaires ; celle enfin de relations conflictuelles entre les
diverses communautés présentes sur le sol français, les manifestations hostiles
d’une minorité de Français s’opposant à la revendication brutale de leur identité
culturelle par une fraction des immigrants. Or, si l’immigration devait se
développer, c’est de l’école que dépendra largement l’émergence d’une variante
favorable ; une variante associant un certain degré d’a-culturation et d’ouverture
entre cultures. » Dix-sept ans plus tard, l’immigration en provenance du tiersmonde a effectivement pris de l’ampleur, et c’est le troisième scénario qui
semble être en train de se réaliser. Si J. Lesourne a vu juste, le système scolaire
porte une lourde responsabilité en la matière. Faut-il dire que c’est lui qui est
coupable, où que le sont ceux qui ont permis l’arrivée d’un nombre trop
important de ressortissants du tiers-monde ? Le débat n’a pas plus d’intérêt que
la question de savoir si la bouteille est à moitié vide ou à moitié pleine. Le fait est
que la combinaison d’arrivées nombreuses en provenance du tiers-monde et d’un
système scolaire qui n’a pas su trouver les solutions adéquates a produit des
effets très négatifs, que les contribuables payent très cher, tandis que les
habitants des banlieues « chaudes » payent le prix le plus élevé, d’autant plus
élevé qu’il n’est pas monétaire. Pour n’avoir pas d’équivalent monétaire, la peur,
la haine, l’insécurité, le viol et la mort violente n’en sont pas moins des coûts
particulièrement considérables.
2.2.bis Les études supérieures
Depuis l’année universitaire 1998-99, où il y avait en France 150 000 étudiants
étrangers représentant 8,6 % des effectifs, on est passé en 2003-2004 à
250 000 et 13,7 % des effectifs (M.C. Tabet, « Le Figaro », 28 septembre 2005).
Ceux-ci viennent à 54 % d’Afrique, et à 16 % seulement de l’Europe des 15.
L’article cité fournit le chiffre de 2,4 Md€ pour l’accueil des étudiants concernés,
mais ce chiffre paraît très excessif sachant que le budget de l’enseignement
supérieur et de la recherche est de l’ordre de 7 milliards pour 2 millions
d’étudiants. Basons-nous donc sur 5 milliards de dépenses d’enseignement
supérieur (hors recherche) et sur le taux de réussite des étudiants étrangers,
égal à environ 65 % de celui des Français. Si l’on remplaçait les 250 000
étudiants étrangers par 162 500 nationaux, on aurait autant de résultats. Donc,
en termes de résultats universitaires, les frais relatifs à 87 500 étudiants
pourraient être économisés, soit 0,22 Md€. Cette estimation du surcoût paraît
modeste puisqu’elle ne prend pas en compte la part très importante des
étrangers dans les logements étudiants subventionnés, non plus que l’impact des
étudiants de nationalité française mais d’origine étrangère.
2.3. La protection sociale
La question a été traitée antérieurement (Bichot, 2004). Nous actualiserons donc
simplement les résultats présentés il y a deux ans, en renvoyant à l’article cité
pour ce qui est du détail de la méthodologie et des nécessaires précautions à
prendre pour les interpréter.
Rappelons que l’estimation se base sur le principe suivant : on regarde combien
les nationaux âgés de 15 à 64 ans et pourvus d’un emploi entretiennent d’inactifs
et de chômeurs dans la même tranche d’âge ; cela fournit le ratio national ; on
applique ce ratio à telle sous-population (dont on retient tous les éléments âgés
de 15 à 64 ans). Si cette sous-population comporte plus d’inactifs et de
chômeurs que le ratio national n’en fournirait, le produit du nombre de ces
inactifs et chômeurs en supplément par la dépense unitaire moyenne de
protection sociale fournit une estimation du surcoût « social » de cette souspopulation. En 2003, nous avions choisi comme sous-population l’ensemble des
allochtones, c’est-à-dire immigrés et fils ou filles d’immigrés, en nous limitant
aux allochtones d’origine extérieure à l’Union européenne, du fait que ceux
originaires des 15 pays formant alors l’UE avaient des taux d’activité et de
chômage qui ne différaient pas significativement de ceux des autochtones. Nous
aboutissions à 7 Md€ de coût net (dit ici « surcoût »).
Les comptes de la protection sociale relatifs
prestations totalisant 480,4 Md€, ce qui fait,
habitant de la métropole. Les performances en
provenant de l’extérieur de l’UE ne se sont
précédente étude :
à l’année 2004 indiquent des
en arrondissant, 8 000 € par
matière d’emploi des immigrés
pas améliorées depuis notre
a) Les taux de chômage étaient à l’enquête emploi de mars 2002 de l’ordre de
8 % pour les « non-immigrés » (comme le dit INSEE 2005 que nous suivons ici),
descendaient à 6 % pour les immigrés d’origine italienne, espagnole ou
portugaise mais montaient à 25 ou 26 % pour ceux qui viennent d’Algérie, du
Maroc et de Turquie. Ce décalage existe même pour les personnes ayant suivi
des études supérieures. Globalement, le taux de chômage des étrangers non
issus de l’UE était égal à 21,5 % en 2002, soit presque le triple du taux des
ressortissants de l’UE (7,4 %).
b) A l’enquête emploi 2004, dont certains résultats ne figurant pas dans « INSEE
Première » n° 1009 qui en rend compte ont heureusement été publiés par « Le
Monde » du 4 octobre 2005, le taux de chômage des Français de naissance se
situait à 9,2 % et celui des ressortissants de l’UE à 7,3 %, alors que l’ensemble
des Africains en était à 27,8 %, avec, pour les deux groupes les plus importants,
28 % pour les Algériens et 25,7 % pour les Marocains. Le taux de 14,4 % relatif
aux Français par acquisition reflète vraisemblablement la présence parmi eux
d’un fort contingent d’immigrés ou enfants d’immigrés en provenance des
nations dont les ressortissants ont en France des taux de chômage élevés.
A défaut de disposer de données plus récentes qu’en 2003 sur les allochtones
d’origine extérieure à l’UE, et constatant que la situation de cette catégorie ne
s’est en rien améliorée sur le plan de l’emploi, nous conserverons donc le chiffre
arrondi d’un million d’allochtones inactifs ou chômeurs à la charge des cotisants
nationaux ou provenant de l’Europe des 15. Cela donne 8 milliards de coût
annuel net pour le système français de protection sociale par rapport à la
situation qui serait la sienne si les allochtones d’origine extérieure à l’UE avaient
en matière d’emploi les mêmes performances que les nationaux.
A ces 8 milliards il convient d’ajouter 0,5 Md€ correspondant à l’aide médicale
gratuite de l’Etat, qui bénéficie aux seuls « sans papiers » (170 000 bénéficiaires
en 2003).
2.4. Logement, « politique de la ville » et services publics
Il est difficile de comptabiliser ce qui doit être retenu sous le poste « Politique de
la ville », car premièrement le budget 2006, présenté par « missions » selon les
nouvelles règles, présente sous ce titre des dépenses relevant de divers
ministères, dont l’Intérieur et la Défense (police et gendarmerie), qui comptent
en 2006 pour 1,8 Md€ et, deuxièmement, les collectivités locales sont très
impliquées (1,12 Md€ pour 2006, selon Anne Rovan dans Le Figaro du 9
novembre 2005), l’Union européenne apporte sa quote-part, la Caisse des dépôts
également. Au total, selon l’article cité, 34 Md€ auraient été dépensés depuis
2000, et l’enveloppe pour 2006 s’élèverait à 7,2 Md€. Par prudence, nous nous
limiterons à retenir comme surcoût non évalué par ailleurs 30 % des sommes,
estimées à 1,5 Md€ pour 2005, qui ne relèvent pas de l’Etat, soit 0,45 Md€, et
nous compterons le logement à part.
Le budget du logement se monte à 6,53 Md€ pour 2005 ; on peut lui ajouter
celui dit « Ville et rénovation urbaine » de 0,42 Md€, soit près de 7 Md€ au total.
Le parc de logement HLM comptait 3 721 000 logements en 2001, soit environ
3 830 000 en 2005 si le rythme d’augmentation est resté au niveau modeste
atteint en 2001. A défaut de statistiques, on peut supposer que les allochtones
occupent un vingtième de ces logements sociaux en supplément de ce qu’ils
occuperaient s’ils avaient le même taux d’occupation que les autochtones. Pour
d’autres formes de logement subventionné telles que les foyers de travailleurs
migrants, la proportion est évidemment très supérieure. Evaluer le surcoût à 6 %
du budget du logement, de la ville et de la rénovation urbaine, soit 0,42 Md€,
nous paraît donc très prudent, d’autant que cette estimation ne prend pas en
compte les différences de vitesse de détérioration moyenne selon l’origine des
locataires, sur lesquelles il ne semble pas y avoir de statistiques, mais dans le
sens desquelles vont nombre de témoignages.
— L’occupation et la détérioration des espaces publics —
Les communes et leurs groupements consacrent de gros budgets à aménager
des espaces publics tels que places, jardins, centres commerciaux, gares. Un
certain nombre de ces lieux sont plus ou moins squattés par des éléments de la
population qui se conduisent de manière discourtoise : leurs incivilités dissuadent
les personnes et familles plus civilisées de fréquenter ces lieux pourtant
construits avec leur argent, ou d’y envoyer leurs enfants (7). Tout observateur
impartial remarque que les allochtones d’origine extérieure à l’Europe des 15
sont là en proportion nettement supérieure à celle qu’ils occupent dans
l’ensemble de la population. A défaut de pouvoir en donner une estimation
chiffrée, il convenait de citer ce phénomène qui fait incontestablement partie du
coût de l’immigration.
— La détérioration des services publics —
Le personnel des transports en commun redoute de plus en plus les lignes de
certaines banlieues, et, lors d’événements comme la crise des banlieues de cet
automne 2005, les services de transport sont partiellement suspendus, causant
de sérieuses difficultés aux habitants des quartiers concernés. Par ailleurs, sans
sous-estimer la combativité « naturelle » des employés des transports en
commun, il n’est pas exclu qu’une partie de leur propension à faire grève de
manière fréquente et prolongée (cf. Marseille en octobre-novembre 2005) soit
due aux vexations et au sentiment d’insécurité qu’ils éprouvent lorsque leurs
fonctions les amènent dans des quartiers à fortes concentrations allochtones.
Certes, se faire injurier par un adolescent dont les ascendants sont français
depuis la nuit des temps n’est pas moins désagréable que de l’être par un jeune
Beur ; mais comme la proportion de ces derniers qui se livrent à des incivilités, à
des fraudes, à des détériorations de matériel et à des atteintes aux personnes
est indéniablement plus élevée, force est de considérer que l’immigration a accru
l’importance du problème et des coûts qui en découlent. Le contexte est celui de
politiques visant à dissuader les habitants des grandes agglomérations de se
déplacer en voiture, et à les pousser à emprunter les transports en commun par
une réduction des surfaces dévolues à l’automobile. Un tel contexte rend le
problème plus aigu. La population ressent douloureusement la contradiction
entre deux politiques, l’une qui rend indispensable le recours aux transports en
commun, et l’autre qui contribue à rendre ceux-ci irréguliers, peu fiables.
A titre de toute première estimation, on peut se baser sur le budget sécurité de
la RATP : 0,52 Md€. Ce chiffre doit être augmenté pour tenir compte de la fraude
et de la détérioration du matériel effectuée en dépit de la surveillance. Pour la
première, de l’ordre de 8 % du chiffre d’affaires à la RATP, elle atteint 0,69 Md€ ;
faute de données, nous chiffrerons modestement la seconde à 0,1 Md€, ce qui
amène en arrondissant à un total de 1,3 Md€. Connaissant les subventions grâce
auxquelles cet organisme, comme beaucoup de ses homologues, équilibre son
budget, on peut considérer que cette somme est prise en charge par les
contribuables et qu’il s’agit bien de finances publiques. Une grande partie de ces
1 300 millions serait évidemment nécessaire même en l’absence d’allochtones ;
cependant, on peut considérer que leur présence engendre un surcoût dans les
mêmes proportions que pour les forces de l’ordre, donc de l’ordre de 18 %, et
sans doute davantage puisque l’on est en région parisienne, la plus « chargée »
en immigrés et personnes issues de l’immigration. On obtient ainsi 0,23 Md€,
montant qui peut largement être doublé, disons porté à 0,5 Md€, pour tenir
compte de la SNCF et des transports en commun des grandes villes de province.
D’autres services publics sont affectés : les pompiers qui redoutent d’avoir à
intervenir en des lieux où ils sont reçus à coups de pierres ; les médecins et
personnels paramédicaux intervenant à domicile ; et l’hôpital lui-même. En effet,
de nombreux témoignages font état de désordres, d’altercations, de menaces et
même de coups, provenant pour une large part de mœurs qui posent problème
en milieu hospitalier. La désaffection dramatique pour les métiers de l’hôpital qui
mettent en contact avec les malades et leurs proches provient en partie du fait
qu’une proportion importante et croissante de ces contacts sont désagréables,
et, là encore, tout est question de proportion, certaines immigrations y
contribuent au-delà de la dégradation du savoir-vivre constatée chez les
autochtones. Ce fait engendre un surcoût, dont l’estimation monétaire, à
supposer qu’elle soit possible, n’a peut-être pas grand sens, mais qui n’en est
pas moins conséquent.
2.5. Les faits mafieux
Quand on ouvre au mot « émigration » (l’entrée « immigration » n’y existe pas)
le « Dictionnaire de l’économie politique » de Guillaumin, écrit il y a un siècle et
demi, on y lit notamment ceci : « Le transport des émigrants a donné lieu à des
abus nombreux. Les entrepreneurs d’émigration n’exécutent pas toujours les
stipulations, ordinairement verbales, qui ont été faites avec leurs agents. Ils font
attendre les émigrants dans des ports d’embarquement jusqu’à ce que leurs
cargaisons soient complètes ; ils les embarquent sur des navires en mauvais état
et mal aménagés, etc., etc. (…) Les entrepreneurs d’émigration envoyaient leurs
agents dans les bourgs les plus misérables du Bengale, où ces recruteurs de bas
étage séduisaient les coulis par des promesses aussi merveilleuses que
mensongères. Les engagés étaient amenés à Calcutta, où on les séquestrait dans
un entrepôt jusqu’à ce que les navires qui devaient les recevoir fussent prêts à
partir. On les entassait dans des navires à peu près comme des nègres de traite,
sans observer aucune progression hygiénique. » La lecture de divers reportages
relatifs aux migrations clandestines ou frauduleuses montre que les mêmes
causes produisent les mêmes effets : les profiteurs sont à l’affût de cette
occasion de s’enrichir aux dépens des personnes pauvres et vulnérables qui
quittent leurs pays dans l’espoir de laisser derrière elles la misère ou/et
l’insécurité. Ces profiteurs sont désormais organisés en réseaux mafieux.
Parfois le prix du passeur peut paraître raisonnable, à l’aune de nos critères
occidentaux. Par exemple, selon Fabien Collini dans Messages de novembre
2005, aller de Bucarest à Turin en évitant les exigences officielles (billet allerretour plus 100 € en poche par jour de séjour) peut se faire pour 600 €. Mais la
vente de la maison qui a financé cette émigration aurait rapporté 1000 € !
Parfois le prix en euros est bien plus élevé, sans que le migrant soit plus riche.
Un Sénégalais, Kadim, témoigne (La Croix, 31 octobre 2005) : « Un soir, vers 22
heures, on m’a appelé. Le prix pour le passage sur une embarcation de fortune
pour Las Palmas était fixé à 2 000 €. J’ai payé la moitié et je devais m’acquitter
du reste une fois arrivé. Je me suis retrouvé, caché pendant deux jours sous une
bâche, à traverser le Sahara occidental. Notre groupe a finalement été arrêté en
plein désert avant de se faire arrêter par les policiers marocains. » Le même
article parle de sommes allant jusqu’à 12 000 € pour des émigrés venant du subcontinent indien.
Ce trafic d’êtres humains a évidemment ses correspondants dans les pays
d’arrivée, qui exploitent des personnes que leur situation irrégulière prive de
défense. La prostitution prospère de cette manière-là (Jeléna Bjelica, 2005). Si
les conséquences les plus dramatiques concernent les migrants, l’opportunité
ainsi fournie en Europe aux spécialistes des opérations illégales est loin d’être
négligeable. Endettés envers leurs passeurs, certains immigrés sont contraints
de servir de « mulets » pour les transports de stupéfiants et autres substances
illicites, ou de mendier, de voler, de se prostituer dans des conditions sanitaires
douteuses. Ces opportunités amènent certainement les organisateurs mafieux à
résider ou à être de passage plus nombreux sur le territoire français. Les coûts
pour le contribuable sont difficiles à évaluer, mais il convenait de signaler ce
problème.
CONCLUSION
Des autochtones posent des problèmes tout comme le font des immigrés. La
question est de connaître les proportions et de mesurer le degré de préparation
(ou d’impréparation) des responsables et des services à prendre ces problèmes
en charge. Les immigrés en provenance de l’Europe des 15 et leurs descendants
ne posent en moyenne pas davantage de problèmes que les allochtones, et les
administrations concernées ne sont pas trop mal préparées à les affronter. En
revanche, l’immigration africaine, l’immigration turque, celle en provenance des
pays anciennement communistes, et quelques autres, présentent des
pourcentages de difficultés supérieurs à la moyenne, que traduisent les
statistiques disponibles : réussite scolaire, emploi, délinquance. Ces différences
de pourcentage se traduisent par des coûts plus élevés pour les finances
publiques, ce qui a été ici dénommé « surcoût ». Une estimation incomplète et
prudente de ces surcoûts, par totalisation des chiffres obtenus au cours de ce
travail, qui ne comportent pas de recouvrements notables, aboutit à 24 Md€,
dont 3,61 + 0,86 au titre des fonctions justice et maintien de l’ordre, 9,42 pour
l’enseignement primaire et secondaire, 0,22 pour l’enseignement supérieur, 8,5
pour la protection sociale, 0,45 au titre des « politiques de la ville » non prises en
charge par l’Etat, 0,42 à celui du logement et 0,5 pour les transports en
commun. Limitées aux finances publiques, ces estimations ne tiennent pas
compte des incommodités et désagréments supplémentaires éprouvés par
différentes catégories de population, lesquels ont une influence importante sur la
qualité de la vie.
Cela suffit pour montrer que la question des immigrations ne doit pas rester un
tabou, un phénomène dont il est malséant de chercher à connaître les
dimensions et les coûts, et par voie de conséquence un « no man’s land »
statistique et scientifique. La politique de l’autruche n’a rien arrangé et
n’arrangera rien. Nous devons pouvoir réfléchir sur les immigrations comme sur
tout autre sujet de société, sans passion, aussi objectivement que possible. Le
présent travail se situe entièrement dans cette perspective.
Il montre que l’intégration, qui se traduirait statistiquement par une forte
diminution des écarts à la moyenne entre catégories d’allochtones et ensemble
de la population, est loin d’être réalisée. Les surcoûts liés à certaines
immigrations seraient-ils majorés ou réduits si l’on prenait les mesures requises
pour accélérer le processus d’intégration ? C’est une question importante, que
Gérard Lafay a étudiée, et qu’il lui revient maintenant de présenter. Je terminerai
simplement en disant en tant que citoyen que le statu quo me semble la pire des
solutions : ou bien il faut tarir les sources des immigrations qui posent
statistiquement le plus de problèmes, ou bien il faut sélectionner soigneusement
les candidats, ou bien il faut prendre des dispositions de grande envergure et
surtout réellement appropriées pour assurer l’intégration. Comme il ne saurait
être question de renvoyer massivement ceux qui sont aujourd’hui installés
régulièrement sur le sol français, un effort d’intégration sera de toute façon
indispensable (8). Les deux premières options ont aussi un coût important en
terme de contrôle. La pression migratoire entraîne par elle-même des coûts, que
ce soit pour l’empêcher d’aboutir à des migrations nombreuses et sans rapport
avec les besoins des pays d’accueil, ou pour intégrer les populations originaires
du tiers-monde admises dans ce qui constitue, il faut bien le dire, l’Eldorado des
temps modernes. Faire partie du milliard d’humains passablement riches qui
vivent entourés de cinq milliards de frères humains passablement pauvres
génère inévitablement des coûts. C’est comme le fait qu’il fasse froid en hiver :
cela est coûteux, nous ne pouvons pas faire qu’il n’en aille pas ainsi, nous avons
seulement le choix entre dépenser davantage en chauffage ou davantage en
isolation. L’économiste peut et doit éclairer de tels choix ; il ne lui appartient pas
ès-qualité de les faire, et encore moins de les imposer comme s’il existait une
seule solution : la pensée unique est bien la dernière des causes au service de
laquelle il doive mettre ses compétences !
Notes :
(1)
Définition donnée par Bauer et Raufer (2001) : « Par ‘non-droit’ nous entendons les
quartiers ou cités dans lesquels des groupes organisés ont imposé, par l’intimidation ou la force, un
‘ordre’ parallèle ou concurrent de l’ordre républicain. »
(2)
87 % des hommes fournissent 76 % des détenus : le taux de détention des hommes nés
en France est donc à 87,36 % de la moyenne. Si les 13 % nés à l’étranger avaient le même taux
de détention, cela fournirait 11,4 % des détenus au lieu de 24 %. Il y aurait donc 76 % + 11,4 %
du nombre actuel de détenus, soit 87,4 %. Reste à convertir les 12,6 % à déduire de 100 % pour
arriver à 87,4 % en 14,4 % de 87,4 %. En clair, à population égale, constituée exclusivement
d’autochtones, il y aurait 87,4 N détenus ; la présence de 13 % d’hommes nés à l’étranger fait
passer à 100 N détenus, 12,6 N de plus, soit une augmentation de 14,4 %. Sachant que la
population carcérale est à 95 % masculine, on réduit un peu ce pourcentage, par prudence, pour
obtenir un chiffre applicable à la population carcérale totale.
(3)
Ce qui est indispensable : Commissaire divisionnaire honoraire chargé durant des années,
aux renseignements généraux, de suivre les banlieues à problèmes, Lucienne Bui Trong dans son
article « Violences urbaines : les raisons de la contagion » (« Le Figaro », 7 novembre 2005)
témoigne du fait que tout commence avec « une violence au quotidien exercée par de petits
groupes de jeunes pour la plupart français nés de parents immigrés, occupant l’espace public,
animés par le nationalisme de quartier et la haine des institutions ».
(4)
Pour se faire une idée de cet amateurisme, lire Lucienne Bui Trong (2000).
(5)
Exposée par L. Bui trong (2000), qui ajoute à propos des émeutes de banlieue de fin
octobre/début novembre 2005 dans son article du « Figaro » cité plus haut : « Une fois encore, la
télévision a joué le rôle de tam-tam battant le rappel des troupes. »
(6)
Ainsi la Cour des comptes (2004) p. 239 relève-telle que « L’Inspection générale de
l’administration de l’éducation nationale et de la recherche considère que la correction des
inégalités territoriales demeure des plus incertaines ». On peut interpréter cela en disant que les
7 % d’écoles primaires qui accueillent 54 % des élèves étrangers, et où « les élèves du Maghreb
représentent 54 % de l’effectif total et les Turcs 14 % » (p. 239) et les 15,1 % des collèges qui
accueillent 48,5 % des élèves étrangers ne bénéficient pas d’une suffisante diminution des
effectifs ; on peut aussi l’interpréter, ce qui n’est pas contradictoire, en disant que si le ministère
opère une telle diminution, il est fortement poussé à agir dans le même sens au profit des
établissements (majoritaires) qui n’ont pas le même problème.
(7)
Témoignage d’une mère de famille rapporté par Louis de Courcy dans « La Croix » du 9
novembre 2005 : « Il y a un square dans le quartier, fait pour les petits. Eh bien, ce sont les
grands qui s’y tiennent, parfois jusque tard dans la nuit. Alors, pas question d’y aller avec les
enfants ! »
(8)
S’il n’a pas lieu, alors s’accentuera ce qu’Alexandre Adler (« Le Figaro » du 10 novembre
2005) a dénommé, à la suite de Hans Magnus Enzensberger, le phénomène du « perdant radical ».
C’est-à-dire la dévalorisation de soi qui se transforme en haine des autres, selon la formule :
« Puisque le monde m’a condamné, c’est le monde qui est condamné. » Méditons la leçon qu’en
tire Adler : « Si aujourd’hui le nihilisme maghrébin de banlieue a pu prendre comme un feu de
brousse, c’est parce que l’immense majorité des Français d’origine maghrébine et des Maghrébins
qui travaillent en France éprouvent, à des degrés divers, la même vertigineuse mélancolie que la
poignée de perdants radicaux qui passent au suicide actif sur le dos des autres. »
III - L’effort national à consentir
par Yves-Marie Laulan
Voici très exactement un mois, j’écrivais, en anticipation de la réunion
d’aujourd’hui et je cite : « Le problème de l’intégration des communautés
immigrées et de leurs descendants est bien loin d’être réglé. Certes, un certain
ordre relatif s’est instauré dans la rue mais, pour l’essentiel, les choses sont
restées ce qu’elles étaient. » Fin de citation. Je ne me savais pas aussi bon
prophète. Pourquoi ne pouvait-il en aller autrement ? Car il est illusoire de
transformer comme un coup de baguette magique les mentalités et les
comportements de toute une génération de « Jeunes » – je mets des guillemets
comme le fait un grand quotidien du soir – une génération qui a été dramatiquement négligée pendant des années, une génération à qui l’on n’a pas appris à
s’exprimer, à lire, à écrire, à compter convenablement, ni à payer le bus, le train
ou le métro, encore moins à respecter les murs, les vitres ou les sièges des
transports en commun – et pourtant l’éducation civique commence là – une
génération qui, pour certains, n’a pas appris à gagner sa vie autrement que par
la came et le casse, quitte à se distraire en cassant du retraité. Autrement dit,
beaucoup reste à faire. Et l’effort de redressement national ne peut se borner à
la répression.
A ce stade de nos débats, il nous faut conserver à l’esprit, comme on l’a dit ce
matin, qu’en matière d’intégration toute dépense non consentie à temps est
affectée d’un coefficient multiplicateur considérable. On parle dans le jargon des
économistes du multiplicateur de la dépense, familier aux étudiants de 1re année
de licence. On pourrait donc parler de même d’un multiplicateur de la dépense
publique négligée. En d’autres termes, toute dépense qui n’a pas été effectuée à
temps, en matière d’intégration, qu’il s’agisse d’éducation, de formation ou tout
simplement de civisme, coûte deux, trois, cinq fois plus cher.
De quoi et de qui s’agit-il ?
Ceci dit, combien sont-ils ces « Jeunes » dont on parle tant, sans bien les
connaître, ni les dénombrer d’ailleurs ? Eh bien justement, on n’en sait rien. Car
une grande proportion d’entre eux échappent précisément à la statistique
puisqu’ils sont français de naissance ou par naturalisation. Une des grandes
spécificités françaises – contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis où l’on
n’a pas ce genre de pudeur : on peut parfaitement dénombrer sans complexe les
Américains d’origine africaine, les « Afro-Américains » ou les Latino- Américains
– est que toute personne qui reçoit sa carte d’identité disparaît dans l’instant des
statistiques. Autrement dit, l’on recense avec soin ce qui ne sert à rien – par
exemple le nombre de veaux nés dans l’année – et l’on omet soigneusement
d’identifier ce qui pourrait précisément servir à quelque chose, le nombre
d’enfants et d’adolescents en mal d’intégration. Or comment bâtir des politiques
d’intégration avec un minimum de sérieux si l’on ignore précisément le nombre
des enfants et d’adolescents
en difficulté d’insertion qu’il conviendrait de
prendre en charge pour les aider à surmonter leurs problèmes ? Tout cela au
nom de la liberté. Qui dira la malfaisance de ces belles consciences qui savent
mieux que personne, et surtout mieux que les intéressés eux-mêmes, ce qui est
bon pour eux ! Or on ne bâtit rien de solide, rien de durable sur les demimensonges ou les demi-vérités. Savoir est aujourd’hui un devoir.
Ce que l’on sait néanmoins est qu’en Ile-de-France, selon l’INSEE, un jeune de
moins de 20 ans sur trois est d’origine étrangère. Naturellement, l’Ile-de-France
est la région où l’on observe la plus grande concentration de populations
d’origine étrangère. Mais le bon sens commande que des proportions assez
voisines pourraient doute être observées dans la région Rhône-Alpes, le Midi
toulousain ou autour de Strasbourg, avec des pourcentages dépassant parfois
50 % en fait partout où les banlieues ont flambé.
On sait également que le taux de fécondité des populations d’origine étrangère
est sensiblement supérieur à celui de la population d’accueil, le double selon
certaines sources, plus de trois fois pour ce qui concerne les femmes d’origine
africaine. Si bien que l’on estime généralement à 5 ou 6 millions, peut-être
davantage,
les communautés d’origine maghrébine, turque ou originaire
d’Afrique noire, souvent de culture musulmane – bien qu’en vérité l’on n’en
sache pas grand-chose –, en tout cas celles qui font problème. Car les Chinois ou
les Vietnamiens n’ont pas brûlé beaucoup de poubelles ou de voitures ces tempsci, semble-t-il.
Dans ces conditions, il est permis de penser que les jeunes de moins de 20 ans
qui souffrent d’un déficit d’intégration pourraient représenter 10 % de ce total,
soit 600 000 Jeunes, dont la moitié sont naturellement des garçons (les filles ne
cassent guère les voitures), soit encore 300 000. (J’ai procédé à partir des
chiffres du recensement de 1999 à un calcul plus raffiné pour parvenir à ce
chiffre que je serai heureux de vous livrer si cela peut vous intéresser).
Mais, pour l’instant, nous retiendrons simplement le pourcentage de 10 % de ces
300 000 jeunes, soit 30 000, qui pourrait représenter le nombre de jeunes
délinquants, ou délinquants d’occasion ou susceptibles de le devenir – chiffre qui
est probablement en dessous de la vérité – mais peu importe (1). Ce qui fait, en
gros, pour 200 villes (en fait nous savons qu’il y en a eu bien davantage)
touchées par les émeutes, une moyenne de 150 à 300 individus par ville
susceptibles de devenir dangereux et de troubler l’ordre public à la moindre
occasion (2). Et n’oublions pas que les portables, qui ne sont pas seulement faits
pour lancer des SMS sentimentaux, permettent très rapidement des actions
concertées.
Ce chiffre est évidemment énorme. D’autant plus qu’il est appelé à s’accroître
d’année en année du fait du différentiel de fécondité souligné plus haut : sur
750 000 naissances enregistrées en France, probablement 75 000 à 80 000
proviennent du Maghreb, de Turquie et surtout d’Afrique noire ; et de la
persistance des flux migratoires, je le répète, 260 000 en 2002, toutes
catégories confondues dont plus de 100 000 pour le seul regroupement familial.
Si bien que dans 20 ans ces chiffres auront probablement doublé. Il faudrait que
les hommes politiques, de temps à autre, consultent les tables de projection
démographiques. Cela peut servir.
Quels sont les enjeux ?
Cela étant établi, quels sont les enjeux ? Ils sont, de toute évidence,
considérables. Nous n’insisterons pas, ce n’est ici ni le moment ni le lieu, sur les
risques, toujours actuels, d’un terrorisme nourri par l’immigration. Nos amis
anglais en ont fait voici quelques mois la triste expérience à Londres, expérience
qui a bien montré les limites et les dangers d’un communautarisme « à
l’américaine ». Mais en France le risque est là bien réel, toujours présent : après
les poubelles, les bombes ?
Non moins présents sont les risques de conflits inter-communautaires, c’est-àdire d’affrontements entre communautés d’origine étrangère qui entrent en
rivalité à un moment quelconque pour la possession d’un territoire ou de trafics
rémunérateurs : rappelons ici les récentes émeutes de Birmingham entre
Jamaïcains et Pakistanais ; mais n’oublions pas non plus celles de Montpellier
entre Maghrébins et Gitans. Chacun doit balayer devant sa porte et ne pas
s’imaginer que les difficultés du voisin ne pourraient pas se reproduire chez soi.
Mais ce ne sont pas ces problèmes très spécifiques qui nous préoccuperont ici. Il
s’agit de tout autre chose. Il s’agit de faire en sorte qu’une fraction importante
de la population vivant sur le territoire national ne se sente pas aliénée, ne se
perçoive pas comme étrangère aux mœurs, aux valeurs, aux aspirations, aux
chances aussi du reste de la population. Pour y parvenir, il faut que ces jeunes
gens et jeunes filles disposent d’une bonne maîtrise de la langue française, et
non d’un ersatz de français plus ou moins pittoresque mais qui passe mal dans
l’entreprise ou devant le client ; d’un niveau d’instruction convenable associé à
l’apprentissage d’un métier permettant l’insertion sur le marché du travail sans
sombrer dans la délinquance ou le chômage et qu’ils apprennent aussi, pourquoi
pas, les valeurs qui sont celles de la majorité des Français, et puis, on peut
toujours rêver, apprendre aussi à aimer la France, « mère des Arts, des Armes,
et des Lois ». C’est simple, en théorie. En pratique, c’est autre chose.
Car si l’intégration d’individus, surtout s’ils sont doués, est relativement facile,
celle d’une communauté massive, en croissance rapide, surtout si elle est repliée
sur elle-même et prisonnière de ghettos est une tout autre affaire. C’est le cas
aujourd’hui dans bien des zones, bien des banlieues, bien des quartiers défavorisés. Ce n’est pas la réussite hautement médiatisée de quelques personnalités
chanceuses ou particulièrement brillantes – ceux qui intègrent Sciences-Po – qui
doive faire illusion à ce sujet, soyons en persuadés.
Et pourtant cet enjeu est fondamental. Il fait toute la différence entre une société
relativement sereine et harmonieuse – autant qu’on puise l’être, c’est vrai, à
l’heure de la prolifération nucléaire, du réchauffement de la planète et du
terrorisme international – et une société douloureuse où règnent la peur, la
méfiance ou la haine, où les affrontements sont fréquents entre communautés
rivales qui n’ont pas appris à se connaître ni à s’apprécier, où l’épanouissement
des hommes et des femmes surtout est bridé par la violence au quotidien. La
planète offre beaucoup d’exemples de ce genre en Afrique, en Amérique latine,
même si l’on n’en parle guère. Nous ne voulons pas de cela en France.
Alors que faut-il faire pour épargner ce cauchemar à nos enfants et petitsenfants ? Faire ce qui a été trop longtemps négligé par le passé, c’est-à-dire
consacrer les ressources nécessaires pour obtenir une intégration réussie. C’est
un effort national d’une grande ampleur auquel nous sommes conviés. Il va bien
au-delà de certaines propositions quasi caricaturales de jadis, comme telle dame
ministre, que j’aurai la charité de ne pas citer, laquelle voulait intégrer les Jeunes
en difficulté par l’apprentissage du tir à l’arc. Pourquoi pas la pétanque, tant
qu’on y est, en anticipation de la retraite ! Et tout d’abord un constat : aux EtatsUnis, les immigrés débouchent quasi instantanément sur le marché du travail ;
en France, ils déboulent sur celui du chômage : vive le modèle social français !
En bref, la problématique d’aujourd’hui peut se résumer à trois constats :
a) Depuis 30 ans les problèmes d’intégration n’ont pas été vraiment pris au
sérieux alors qu’il s’agissait de toute évidence d’une question fondamentale pour l’avenir de la nation ;
b) En dehors des problèmes de financement, les instruments utilisés ont été
tragiquement inadaptés à la situation, totalement sans précédent, il est
vrai, dans l’histoire de notre pays ;
c) J’ajouterai, à titre personnel, que nous ne savons toujours pas ce qu’il
faudrait faire pour parvenir à un meilleur résultat. Je crains fort que si l’on
se contente de faire plus de la même chose, plus de subventions, plus
d’allocations, plus de primes, plus d’éducateurs, de moniteurs, de
médiateurs, dans le cadre de l’assistanat social d’Etat cher à nos
gouvernements et à notre administration, nous courrons à l’échec. Les
récentes mesures annoncées me confortent dans cette inquiétude. En fin
de compte, nous savons, à peu près, ce que cela va nous coûter mais
nous ne sommes pas du tout assurés que cela servira à quelque chose.
De toute façon, il faut que les Français sachent que l’intégration ne va pas de soi,
qu’elle exigera un effort de longue haleine, qu’elle va s’étendre sur la longue
période, une génération, probablement même plusieurs. Il n’est que de voir, de
l’autre côté de l’Atlantique, la situation de la communauté noire aux Etats-Unis
mise en lumière à l’occasion de la dévastation de la Nouvelle-Orléans.
L’intégration n’est pas seulement l’affaire des autres, éducateurs spécialisés ou
policiers de proximité, mais l’affaire de tous, de toute la communauté nationale,
ne serait-ce que par le biais de l’impôt et des charges sociales et des polices
d’assurances. Et la note sera salée, d’autant plus qu’elle a trop longtemps été
occultée, ignorée, remise à plus tard.
L’effort national à consentir
Ceci étant, peut-on chiffrer l’effort à consentir ? Il faut se reporter ici à ce que
nos éminents experts nous ont dit ce matin.
Il en ressort, pour l’immigration et l’intégration, toutes catégories de dépenses
confondues : éducation, formation professionnelle, logement, lutte contre la
délinquance et maintien de la sécurité, santé, etc., etc., un chiffre annuel,
évidemment approximatif, d’environ 36 milliards d’euros, dont 24 milliards pour
l’immigration et 12 milliards pour l’intégration. A mon avis, mais mon jugement
est purement intuitif, le second chiffre est peut-être quelque peu en dessous de
la vérité. Mais passons. Retenons pour l’instant ce chiffre fatidique de 36
milliards d’euros par an.
Pour mieux apprécier l’effort national à consentir, il convient de mettre ce chiffre
en regard d’un certain nombre d’agrégats significatifs comme nous autres,
économistes, disons dans notre jargon. Il faut qu’on sache que ces 36 milliards
d’euros représentent à eux seuls :
-
80 % du déficit public (45 milliards),
13,5 % des dépenses publiques,
2,4 % du PIB,
3,5 fois le « trou » de la Sécu (10 milliards) .
Vu sous un autre angle, ce chiffre équivaut à :
-
87 % du budget de la défense nationale (41,5 milliards),
les deux tiers du budget de l’enseignement scolaire,
2 fois le budget de l’enseignement supérieur,
7 fois le budget de la justice, etc. etc.
Il en ressort aussi que chaque immigré qui franchit la frontière (250 000 par an)
coûte quand même 100 000 EUROS PAR AN à la collectivité nationale, soit 20
fois plus que les Corses (5 000 euros par an). En fin de compte, les Corses ne
nous coûtent pas si cher que cela, ce qui est une bonne nouvelle. Il est
intéressant de noter que nous rejoignons ainsi les calculs de Maurice Allais, prix
Nobel d’Economie, qui évaluait, voici plusieurs années, à 4 fois son salaire annuel
le coût d’installation d’un immigré. A ceci près que Maurice Allais estimait qu’il
s’agissait d’un coût effectué une fois pour toutes, alors qu’ici, vous l’avez bien
compris, il s’agit d’un coût annuel.
Ces chiffres sont élevés, certes. C’est largement le prix à payer pour les négligences passées et assurer la paix sociale.
D’ailleurs, en contrepartie, il faut bien comprendre que ce financement visant à
une intégration réussie comportera naturellement ses compensations, bien sûr,
difficiles à mesurer, mais néanmoins bien réelles :
- sur le plan de la dépense publique, des économies substantielles de ressources
en matière de police et de justice sont probablement à attendre à terme, du fait
d’une meilleure maîtrise de l’insécurité et de la délinquance ;
- mais c’est surtout sur le plan de la productivité et de la croissance que des
gains significatifs sont à engranger. C’est là-dessus que je voudrais insister en
tant qu’économiste, car cette idée me tient à cœur.
Les projections démographiques montrent, en effet, que chaque année des
dizaines puis des centaines de milliers de jeunes issus de l’immigration vont
entrer sur le marché du travail en quête d’emplois. Il ne faut pas être grand clerc
pour en déduire que meilleure sera leur formation, meilleures seront leurs
chances de ne pas aller grossir les chiffres du chômage et de la délinquance,
mais d’obtenir des emplois qualifiés et rémunérateurs dont, entre parenthèses,
les cotisations pourront faciliter le financement des dépenses de retraites et de
santé.
La France a moins besoin d’aides soignantes, de balayeurs ou de femmes de
ménage que d’ingénieurs, de techniciens et de cadres de haut niveau. L’on disait
ici même que la France exportait des bacs plus 5 et importait des bacs moins 5,
en fait des bacs zéro. L’intégration devrait nous permettre de former des bacs
plus 5 sur place et de les garder. De ce point de vue, il faut considérer les
dépenses d’intégration comme un investissement national destiné à préparer
notre avenir commun.
L’intégration d’aujourd’hui financera la croissance de demain, laquelle alimentera
l’amélioration du niveau de vie de tous.
CONCLUSION
Il nous appartient de faire en sorte que les émeutes d’hier ne soient pas une
simple répétition de drames infiniment plus graves à venir, mais un point
tournant vers un avenir meilleur. Sinon, c’est le chaos qui nous guette. Certes,
c’est un pari auquel nous sommes conviés. Il est loin d’être gagné. Peut-être
même ne peut-il pas, ne peut-il plus être gagné. Mais, au moins, aurons-nous
essayé.
Notes :
(1)
En fait le chiffre réel serait probablement plus proche de 35 à 40 000 individus.
(2)
Le recensement de 1999 nous indique qu’il y a chaque année environ 60 000 naissances
provenant des populations à problèmes issues de l’immigration, soit 30 000 garçons par tranche
d’âge : ce qui fait bien, sur 10 ans, pour les tranches d’âge comprises entre 15 et 25 ans, l’âge
des émeutiers, 300 000 personnes.
LES DOSSIERS (III)
Dans sa lettre du mois de décembre 2005, Polémia a présenté trois contributions
au Colloque sur « Immigration/Intégration. Essai d’évaluation des coûts économiques et financiers » qui s’est tenu le 17 novembre 2005 dans le cadre de la
Fondation Singer-Polignac.
Avec l’aimable autorisation de son auteur, Yves-Marie Laulan, président de
l’Institut de géopolitique des populations, Polémia, cette fois, publie les
conclusions générales du colloque.
Polémia
Conclusions du colloque « Immigration/Intégration »
par Yves-Marie Laulan
Ce colloque consacré au coût de l’immigration et de l’intégration des populations
issues de l’immigration (1) soulève une première question : peut-on considérer
que la balance des paiements des communautés immigrées – c’est-à-dire le
rapport entre les dépenses et les recettes publiques résultant de l’immigration –
est équilibrée ou non ? Vieille question posée dès l’origine par les avocats de
l’immigration comme Jacques Delors, lequel soutenait que l’immigration était une
« bonne affaire » (notamment pour le financement de nos retraites) ou encore
Bernard Stasi qui écrivait naguère : L’Immigration, une chance pour la France.
Ainsi posée, cette question en appelle une autre.
Côté dépenses, l’affaire paraît simple : il suffirait, en principe, d’additionner les
multiples coûts résultant de l’implantation en France de ces communautés (ou,
plus précisément, les coûts supplémentaires) éparpillés (ou dissimulés) dans le
maquis de la comptabilité publique, des budgets des collectivités territoriales et
de la Sécurité sociale en termes de logements sociaux subventionnés,
d’éducation spécialisée, d’allocations familiales et de chômage, de frais de santé,
de justice et de maintien de l’ordre (3).
Côté recettes, le problème est plus complexe, car l’on confond souvent deux
éléments très distincts :
–
–
l’un est la contribution d’un travailleur immigré à la création de richesses,
c’est-à-dire au PIB (produit intérieur brut) ;
l’autre représente les recettes, sous forme d’impôts et de cotisations
sociales acquittés par le même travailleur, permettant de financer le
budget de l’Etat, de la Sécurité sociale et même des entreprises publiques
(SNCF et RATP) (4).
1°/ Pour ce qui concerne la formation du PIB, en termes de flux, il est clair que
les immigrés venant au titre du droit d’asile et du regroupement familial, et à
titre étudiant, sont, par définition, consommateurs nets de services. En fait,
l’immigration de travail, forte dans les années 60, se réduit aujourd’hui à un
mince ruisselet (6 740 visas sur un total d’entrées supérieur à 260 000 en
2003) (5). A ce titre, leur « balance des paiements » est de toute évidence
fortement négative en ce qui concerne la création de richesses.
En termes de stocks, c’est-à-dire les populations déjà installées depuis un
certain temps, il en va évidemment différemment, encore que le taux de
chômage y soit plus de deux fois supérieur à la moyenne française (6) et que ce
soit précisément là la raison souvent alléguée des récentes émeutes (7). De
toute évidence, les communautés issues de l’immigration comportent une large
proportion d’inactifs (8).
Mais un autre facteur fort important, et trop souvent négligé, concerne la
productivité travail (9). La France a une productivité moyenne relativement
élevée (10). Mais, si la productivité moyenne des travailleurs immigrés – en
raison de leur manque de qualification – est inférieure à la moyenne
nationale (11), il en résultera à terme deux ordres de conséquences :
- le PIB français augmentera, bien sûr, ne serait-ce qu’en raison de leur
contribution, même modeste ;
- le PIB par tête va se réduire, d’où une tendance à la baisse du niveau de vie
moyen français.
Cette approche originale a le mérite de privilégier l’importance cardinale, trop
souvent ignorée, d’une intégration porteuse de qualification, celle dont une
économie moderne a besoin. Il ne suffira pas de fournir un métier, ce qui est
bien, mais de procurer un métier qualifié, ce qui est mieux. Faute de cela, le
risque serait grand de faire des populations immigrées une sorte de Lumpen
Proletariat nouvelle manière, porteur de rancœurs et de ressentiments. Au
surplus, la productivité française moyenne ne manquera pas de se rétrécir au fil
des années, à mesure que les descendants de l’immigration vont constituer une
proportion croissante de la population active (12).
2°/ Le deuxième problème, on l’a vu, est d’un ordre tout différent. Il s’agit de la
capacité de ces populations de contribuer par l’impôt et la cotisation sociale au
financement des dépenses de l’Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités
locales (13). On observera que les immigrés dans la plupart des cas ne paient ni
l’impôt sur le revenu, ni la taxe d’habitation (ni, la plupart du temps, la CSG ni le
CRDS) en raison de la faiblesse de leur revenu, ni de cotisations sociales s’ils
sont inactifs ou travaillent « au noir ». Leur contribution aux recettes publiques
se ramène donc à leurs achats de consommation par la TVA (et la TIPP s’ils
roulent en voiture), ce qui n’est pas forcément négligeable. Mais il est permis de
penser que les ressources ainsi versées aux différents budgets de la puissance
publique sont loin d’équilibrer les dépenses évoquées par les précédents
intervenants estimées – un chiffre sans doute minimal – à 36 milliards d’euros
par an (14).
En d’autres termes, l’immigration, d’abord tolérée, puis subie, devenue, au fil des
années, une immigration de peuplement ou de substitution de population, a un
coût net pour la population d’accueil susceptible de s’alourdir avec le temps avec
l’entrée massive de nouveaux immigrés clandestins on non (15). L’immigration
serait donc dans l’état actuel des choses une entreprise lourdement déficitaire.
Il peut en aller tout autrement si la France se dote enfin d’une politique
d’intégration totalement différente, essentiellement axée sur l’accès au marché
du travail, poursuivie avec constance et détermination sur la longue période, afin
de valoriser le capital humain dont elle s’est dotée, bon gré mal gré, depuis une
trentaine d’années (16). Pour l’instant, c’est loin d’être le cas (17).
L’on sait, approximativement, ce que l’on va dépenser, mais on ignore ce à quoi
cela pourra servir (18).
Notes :
(1) Formule reprise du rapport de Philippe Seguin, président de la Cour des Comptes, sur le même
sujet.
(2) Notamment pour les familles polygames.
(3) Le coût des récentes émeutes, à titre d’exemple, doit se situer entre 500 millions et 1 milliard
d’euros. Il est évidemment bien réel mais difficile à quantifier, comme par exemple : les conditions
parfois infernales voire périlleuses de l’enseignement en zones sensibles, l’épuisement du
personnel hospitalier ou des transports qui sont souvent à l’origine des grèves multiples, et
coûteuses, affectant ces secteurs exposés, etc., etc.
(4) Dont les déficits sont couverts par le budget public.
(5) En 2003, l’immigration « légale », 173 000, se décomposait ainsi : regroupement familial :
102 000 ; étudiants : 56 000 ; demandes de droit d’asile : 90 000 (dont 10 000 agréées et le
solde, soit 80 000, disparaissent dans la clandestinité), soit au total 263 000 personnes.
(6) 21 % dans les quartiers sensibles.
(7) Sans compter les facteurs culturels. Comment une France qui a perdu ses repères et ses
valeurs de référence peut-elle espérer intégrer les étrangers venus d’ailleurs ou ceux qui sont nés
sur son sol sans y apprendre l’amour du pays qui les accueille ?
(8) Femmes, enfants, adolescents, vieillards et chômeurs.
(9) Il s’agit de la capacité pour un travailleur de faire un certain volume de production donnée en
un temps donné (et à capital). On calcule ainsi une productivité horaire, annuelle, moyenne,
marginale, etc.
(10) Précisément en raison de son taux de chômage élevé.
(11) On peut se douter que ce sera le cas pour les nounous, les aides soignantes et les travailleurs
manuels non qualifiés.
(12) On peut estimer que les immigrés et leurs descendants qui constituent aujourd’hui un peu
moins de 10 % de la population active en constitueront environ 20 % dans 20 à 25 ans.
(13) Voire des entreprises publiques comme la SNCF et la RATP.
(14) Rappelons que ces sommes représentent quand même 80 % du déficit public et 3,5 fois le
fameux « trou » de la Sécurité sociale. Le coût moyen par tête – sur la base d’une population de 5
millions de personnes provenant de pays de culture ou d’origine musulmane, essentiellement
Turquie, Maghreb et Afrique noire – s’élèverait donc à 7 000 euros.
(15) A cet égard, peut-être serait-il opportun de classer ces dépenses sous la rubrique de l’aide au
tiers-monde. On notera d’ailleurs que les remises de migrants à l’étranger représentent déjà 2
milliards d’euros par an.
(16) Reste le problème de la « génération perdue », les « sauvageons » de Jean-Pierre
Chevènement, 30 000 à 50 000 jeunes de 15 à 25 ans, garçons pour la plupart, qui ne savent
guère faire autre chose que le tag et le rap (sans compter la came et le casse). Comment les
réintégrer dans les forces vives de la nation ? Sans doute un service civil – ou militaire –
OBLIGATOIRE pourrait-il y contribuer.
(17) Il conviendrait que la France, et les Français, changent radicalement de comportements. En
termes clairs, il faudrait adapter enfin les méthodes de l’Education nationale aux impératifs de
notre temps ; abolir les mesures malthusiennes qui bloquent l’accès des jeunes peu ou pas
qualifiés au marché du travail : 35 heures, droit de grève illimité de la fonction publique, SMIG ;
modérer le montant des retraites et des soins de santé, en bref, accepter une véritable cure
d’austérité. La France n’y est nullement préparée et devra passer sans doute par une série
d’épreuves douloureuses avant de se résigner à l’inévitable.
(18) Surtout si la France persiste dans la voie de l’assistanat social d’Etat à base d’aides, de
subventions et d’exemptions fiscales chères à nos élites qui s’imaginent ainsi pouvoir faire
l’économie de réformes de fond.