Interview d`un auteur : Clotilde Bernos, par des collégiens

Interview d’une auteur : Clotilde BERNOS
« De l’idée au livre »
Collège de Giromagny, Territoire de Belfort
Classe de 6ème
Référence commune : Moi MING
Présentation de Clotilde Bernos : auteur, illustratrice, décoratrice, artiste, coordonnatrice
d’ateliers d’écriture
Son panel d’écriture : de l’album au roman par adulte en passant par l’album pour plus
grand. Clotilde insiste sur l’intérêt de lire des albums à tout âge.
Échanges entre les élèves et Clotilde BERNOS
Pourquoi aimez-vous ce travail ?
J’ai toujours aimé inventer, aimer écrire. Cela a toujours fait partie de ma vie. Un jour, j’en ai
fait mon métier.
Ecrire pour moi, c’est du bonheur.
Combien de temps avez-vous pris pour écrire Oh là là Lola ?
C’est un livre qui parle de la maladie. C’était au début un texte pour un album. Le processus
avait pris un mois. Le projet ne s’est pas fait. Quelques années plus tard, j’ai envoyé le texte
à un éditeur qui a voulu en faire un roman. J’ai retravaillé le texte pour le rallonger pendant
un mois supplémentaire.
Où trouvez-vous les idées ?
C’est la vie qui nourrit mes idées, tout ce qui passe par la tête. À travers mes histoires, je n’ai
aucune vérité à donner mais j’offre une réflexion sur un sujet que j’ai envie de partager.
Quel est le livre qui vous a pris le plus de temps ?
C’est un roman pour adulte : Zor. C’est un chemin de vie. C’est un livre par étapes. J’ai mis
deux ans pour l’écrire.
Dans quelles conditions écrivez-vous ?
J’écris le matin tôt et souvent j’illustre l’après midi. J’ai besoin de silence et d’isolement bien
qu’il me soit déjà arrivé d’écrire sur ordinateur dans un café et que cela ait marché.
J’aime écrire face à une fenêtre.
C’est quoi votre prochain livre ?
Un petit roman 15 jours dans la vie de Nina Petrouchka, elle vit dans sa famille avec son
cousin. Elle veut devenir danseuse mais n’a aucun talent. Mais elle va se découvrir d’autres
qualités.
Un second ouvrage est en cours avec le même personnage. Un troisième est prévu.
Êtes-vous avec quelqu’un d’autre pour écrire ?
Non, je suis toute seule. Ce matin, avant de vous rencontrer, j’ai écrit une page de ce roman.
Petite, quel était votre auteur préféré ?
J’en avais plein mais le premier livre que j’ai aimé c’est « les malheurs de Sophie ». Je me
souviens du plaisir. Je me vois allongée sur le ventre, sur le tapis du salon. On m’appelait
pour manger et je ne quittais pas le livre.
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Question de Clotilde aux enfants
Qu’est-ce que cela vous apporte à vous. Qu’est-ce que c’est lire ?
- pour se détendre, pour lâcher tout ce qu’on a dans la tête une évasion
- ça peut nous aider dans la vie parce que parfois on a des difficultés, cela peut nous
aider, cela nous donne des idées, cela nous aide aussi en français, cela cultive
une connaissance
- ça peut déstresser. On a un contrôle, on lit pour se détendre s’évader de ses
préoccupations
- je ne voulais lire que des BD. Ma mère m’a obligé à lire Harry Potter. Maintenant je lis
beaucoup de fantastique. Cela m’a déclenché le plaisir. Moi je l’ai aimé parce que
c’est magique et époustouflant.
Clotilde : Quelquefois on n’aime pas lire. Un jour, on rencontre un livre et c’est le
déclencheur.
Reprise des questions par les élèves
Que faites-vous après avoir terminé un livre ?
Au cours de l’écriture, je l’ai relu 25 ou 30 fois. Je laisse passer un petit temps. Je le relis. Je
vois plein d’erreurs, je me rends compte d’incohérences.
Par exemple pour Nina Pétrouchka, je lui avais donné un caractère décidé, elle était du
signe du bélier. J’évoque son anniversaire en mai. Je me suis rendue compte qu’elle ne
pouvait pas être du signe du bélier ; en mai, c’est le taureau.
Lire ça passe le temps. C’est un passe temps que j’aime bien. Je lis Harry Potter.
La professeur : Vous voyez c’est important de relire !
Clotilde : Il ne faut pas hésiter à laisser passer un peu de temps, une nuit par exemple avant
de se relire.
Quel est le premier livre que vous avez écrit ?
C’est un conte : Volubilis et les trois jardins.
J’étais contente. C’était la première fois que je publiais, il y a plus de 15 ans. Ce livre a été
mis en images par une illustratrice italienne. C’est un conte d’initiation. Elle est autorisée à
aller de plus en plus loin.
Il a été publié à 15 000 exemplaires. L’éditeur m’a rendu le texte.
Il vient de sortir chez un autre éditeur. J’ai juste changé la dernière phrase. Ce sont de
nouvelles illustrations. Un texte peut avoir une vie multiple. J’ai certains textes qui ont été
publié quatre fois et illustré différemment à chaque fois. C’est une illustratrice coréenne qui a
réalisé la nouvelle publication de Volubilis, les illustrations sont beaucoup plus colorées.
Pourquoi avez-vous décoré des chambres d’enfants ?
J’ai eu envie de faire des peintures plus grandes. J’ai fait des tableaux et des fresques.
Qu’est-ce que vous trouvez de mieux : le livre ou le film ?
J’ai eu Noël Baobab qui a été mis en film d’animation mais je te retourne la question. Qu’astu préféré ?
L’élève : Les deux ! J’ai vu les personnages et j’ai trouvé dommage que les personnages du
film soient différents.
Clotilde : Ce qui est important c’est que le film respecte l’essentiel du livre.
Je suis souvent déçu par les films. Cela relève de la sensibilité de chacun.
Pour Noël Baobab, textes et images étaient à l’identique et je n’ai pas été déçue.
Est-ce que c’est dur d’écrire ?
Pour moi c’est un plaisir d’écrire et c’est également un travail. Ce que je fais : j’écris d’un
premier jet dans le plaisir d’écrire. Après je fais le travail en « tricotant les mots »,
l’assemblage des mots, le changement. J’essaie de trouver le bon mot. Cela est difficile mais
je fais ce travail avec beaucoup d’intérêt car c’est ce que j’aime ; c’est exprimer ce que je
ressens au plus juste.
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Est-ce que vos enfants lisent ?
Cela dépend lesquels. Je les ai élevés de la même façon, j’ai deux enfants qui ont toujours
aimé lire, j’ai une de mes filles qui a aimé lire à 18 ans. Mon quatrième garçon ne lit que trois
livres par an. Il lit lentement.
Est-ce que vous avez fait des études ?
J’ai eu une vie très mouvante. Je me suis adaptée selon les pays où je me trouvais. C’est
quand je suis rentrée en France que j’ai décidé de publier des livres. Cela a marché. Je n’ai
pas eu une vocation mais j’ai toujours aimé lire.
Combien de livres avez-vous écrit ?
J’ai écrit environ 70 textes mais j’ai des manuscrits non publiés.
Moi Ming, par exemple. Je l’avais envoyé à six éditeurs. Il avait été refusé et quelques
années plus tard je l’ai renvoyé à un nouvel éditeur qui lui, l’a publié. C’est le livre qui a été le
plus vendu.
Quel est le rapport entre l’auteur et l’illustrateur ?
Ce sont deux mondes imaginaires qui se superposent. Il y a un respect mutuel de
l’indépendance de l’un et de l’autre mais il doit y avoir de la cohérence.
Il est important que l’illustrateur lise complètement le texte avant de travailler.
Propos recueillis par Daniel Feurtey, conseiller pédagogique
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