Un dossier - Le Mensuel de Rennes

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Un dossier - Le Mensuel de Rennes
mgm-mag.info
M U Z I L L A C C U LT I V E S O N I N D É P E N D A N C E
MAGAZINE INDÉPENDANT - N°18 - MARS 2006 - 3,50 €
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ÉCONOMIE
Les grandes entreprises
locales face à la concurrence
R 28038 - 0018 F : 3,5 €
ORDRE DU TEMPLE SOLAIRE
Des ramifications à Vannes ?
Moteurs de décision
Moteur de l’année 2005
+ L.O.A. 313 €/mois
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V 2 MARS
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LE
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MARS 2006
04
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08
18
p.08
CHRONO
Toute l’actualité de février en images
ACTU DE MARS
L’essentiel de l’info
DECHETS
Un dossier encombrant
AGORA
Vos réactions à nos dossiers
20
JUSTICE
SOMMAIRE
DECHETS
Comment éliminer les
ordures ménagères
dans le département ?
Entre réduction à la
source, incinération
et enfouissement,
l’équation est un véritable
casse-tête pour les élus
locaux. La gestion des
déchets promet un débat
passionnel.
Instants d’audiences
21
JUSTICE
Suicide de Christine Lemonnier : la famille doute
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ORDRE DU TEMPLE SOLAIRE
Des ramifications à Vannes ?
AUTOPORTRAIT
Charlotte Sugliani, étudiante militante
p.36
POLITIQUE
A Sarzeau, la mairie ouvre l’appétit
ECONOMIE
Les grandes entreprises face à la concurrence
SPECIAL MUZILLAC
La ville cultive son indépendance
MUZILLAC
Culturellement parlant, le
chef-lieu de canton bouge.
Un dynamisme assorti
d’une vision originale de
l’environnement et d’atouts
économiques émergeants.
A 25 km de Vannes, Muzillac
cultive son indépendance.
CULTURE
Cali et Miossec : un livre, une rencontre
AGENDA CULTUREL
Les rendez-vous sympas du mois
MER
p.28
Le Taillefer, entre Belle-Ile et la terre
SPORT
Famille Cloarec ou la vague à plein tube
ASSOCIATIONS
Drôles de jeux de rôles
JEUX
ECONOMIE
Les grandes entreprises sont
de plus en plus exposées à la
concurrence internationale.
Michelin, Evialis, Avon… : les
poids-lourds de l’économie
locale misent sur valeur
ajoutée et productivité. Au
détriment des emplois ?
Des mots-croisés et cinq livres à gagner
Contacts rédaction : Le Mensuel du Golfe du
Morbihan, magazine indépendant,
8 rue Lesage, 56000 Vannes
- Tél : 02 97 47 84 74 - Fax : 02 97 47 84 75
- Mail : [email protected]
Directeur de la publication :
François Maumas
Rédacteur en chef : Killian Tribouillard
Rédacteurs : Donovan Potin, Killian Tribouillard,
François Maumas, Stéphane Lanson
Secrétariat d’édition : Donovan Potin
Relecture : Josette Faure
Maquette PAO : Thomas Dubois
Crédits photos : Romain Joly
Dessinateur : Manu
Mots-croisés : Jean-Jacques Egron
Correspondances spéciales :
Emma Gurns, Jean-Paul Delessard
Ont participé à cette édition :
Fabienne Grignon, Virginie Le Pape, Brice Ancelin
Impression : Graphi Centre, Fougères
Publicité : 02 97 47 84 74
Dépôt légal : à parution
ISSN : 1768-6822
Commission paritaire : 1006 I 85567
Le Mensuel du Golfe du Morbihan est édité
par Scrib, maison d’édition, SARL au capital
social de 9 000 €, 8 rue Lesage, 56000 Vannes
- Siret : 477 807 499 00025 - APE : 221E
p.22
ORDRE DU TEMPLE SOLAIRE
Secte, massacres, politique et financements occultes.
Un mystérieux document sème le trouble à Vannes.
MGM/mars 2006
www.mgm-mag.info
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F
1
U
n millier de manifestants
battent le pavé. L’intersyndicale
réunit les fonctionnaires jugeant
« inacceptables » les propositions
de revalorisation salariale du
gouvernement. Autre credo : « La
hausse de la précarité dans le
public. » « On dit que nos salaires
sont élevés, or les jeunes qui
commencent à bosser touchent
800 €… Comment s’en sortir ? »,
s’inquiète un salarié du lycée
Lesage. Les chiffres de la préfecture
font état de 20% de grévistes en
moyenne dans les services publics
du Morbihan.
4
MGM/mars 2006
2006
V E N D R E D I 03/02
02/02
JEUDI
Damgan :
U
n homme de 64 ans est surpris
par la marée alors qu’il se trouve
à bord de son Espace, à Pénerf. Ce
résidant secondaire à Surzur s’est
embourbé dans un chemin pour
ostréiculteurs. Il donne l’alerte
vers 6 h du matin en expliquant
calmement que l’eau monte autour
de sa voiture et qu’il ne sait pas
nager. Il ne peut se localiser. La
conversation dure une heure trente.
Elle prend fin lorsque l’homme
est englouti. Pourquoi n’a-t-il pas
regagné la plage à pied ? C’est l’une
des questions auxquelles l’enquête
devra répondre.
www.mgm-mag.info
Vannes : Les lycéens
ne veulent pas du CPE
07/02
Un automobiliste
englouti par la marée
Vannes : Les fonctionnaires
dans la rue
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MARDI
2
«N
ous représentons l’avenir de
ce pays mais le gouvernement
ne nous en donne aucun. » Remontés
les lycéens. Protestant contre le
Contrat première embauche (CPE), ils
le clament haut et fort dans les rues.
Alternant cortèges, sit-in, blocage
du lycée Lesage et rassemblements,
leur mobilisation fait même de
l’ombre à l’intersyndicale. Spontanée,
elle connaît des soubresauts
jusqu’aux vacances scolaires. Trois
interpellations de perturbateurs
étrangers au mouvement
entachent cependant quelque peu
la mobilisation.
Sit-in, manifestations, blocage du lycée Lesage et
rassemblements. Les lycéens se mobilisent contre
le Contrat première embauche (CPE).
4
Les casseurs jouent
les réalisateurs
Les soins des Français
à l’étranger traités à Vannes
D I M A N C H E 12/02
Vannes :
e pense qu’ils ont une dent
contre les Twingo… », commente
un policier. C’est le moins qu’on
puisse dire… Dans la nuit de
dimanche à lundi, trois jeunes, âgés
de 19, 20 et 23 ans, crèvent les
pneus et brisent les rétroviseurs de
six voitures, rues des Fères-Créac’h
et de Saint-Tropez. Ne s’arrêtant
pas à s’acharner contre « les petites
Renault », l’un des trois compères
filme aussi la scène. Histoire de
garder un souvenir… Les casseurs
sont interpellés dans la nuit par la
brigade anti-criminalité.
4
18/02
SAMEDI
Le couple de
profanateurs arrêté
L
A
la maison de retraite Orpéa,
un résidant est trouvé mort
à l’arrière de l’établissement. La
veille, il avait quitté les lieux à
l’insu de tous et n’avait pu être
retrouvé. L’octogénaire avait déjà
fugué à deux reprises d’une autre
maison de retraite à Saint-Avé. Ses
enfants l’avaient alors installé dans
un établissement plus surveillé.
Un médecin a conclu à une mort
naturelle. L’un des enfants de
l’octogénaire a néanmoins dénoncé
un défaut de surveillance et a
annoncé qu’il porterait plainte.
Vannes : La cité des Vénètes
au cœur du combat anti-OGM
a fin des profanations ? Un
couple est mis en examen. Il
reconnaît les six profanations
perpétrées entre le 12 et le
30 janvier dans le Finistère et
le Morbihan. Les deux jeunes
revendiquent même leurs actes, au
nom de leur « haine des religions ».
Interpellés à Rezé, près de Nantes,
ils avaient quitté leur domicile de
Saint-Thurien, où des croix et des
crânes ont été retrouvés. Selon le
procureur, ils affirment pourtant
ne pas se livrer à des pratiques
sataniques. Le couple est placé en
détention provisoire.
18/02
rançois Goulard siffle la fin
de la partie lors de la réunion
publique de Conleau. Le tunnel
de Kérino se fera à l’endroit
désigné par la mairie. L’alternative
des riverains est jugée trop
« contraignante et coûterait
plus cher ». Le souterrain est
estimé à 23 millions d’euros. Son
inauguration interviendra « au
mieux fin 2008 ». Le premier
adjoint pense qu’il permettra
« d’éviter la circulation par la place
Gambetta. L’augmentation du trafic
viendra de là et non d’un flux plus
important entre l’est et l’ouest ».
’omniprésent Philippe Bas,
ministre délégué notamment
à la sécurité sociale, annonce la
création d’une antenne centralisant
le traitement et le remboursement
des soins des Français à l’étranger.
But de la manœuvre : « Simplifier
la démarche des usagers, accélérer
les remboursements et lutter contre
les fraudes. » Dans la foulée, le
ministre explique également que les
cartes vitales deuxième génération
contiendront des photos dès juin
prochain. Toujours pour traquer
les fraudeurs.
Un retraité décède
derrière sa maison de retraite
Morbihan-Finistère :
14/02
F
L
Vannes :
’est la soirée où on emballe ! »
Ambiance chaude pour la
Nuit des étudiants au Chorus. 4 400
jeunes se donnent rendez-vous de
21 h 30 à 4 h du matin. Au gré des
morceaux « boîte de nuit », on y
retrouve les figures typiques : les
copines qui ne dansent qu’entre elles,
le playboy sapé comme un prince
qui connaît ses chorégraphies par
cœur, le gars éméché qui tangue,
clope au bec et verre à la main… Le
tout encadré par l’opération « Sam ».
D’après la Fédération des étudiants,
« tout s’est bien terminé » vers 4 h 30.
MARDI
09/02
JEUDI
«J
«C
Vannes : Ouverture du tunnel
de Kérino fin 2008
V E N D R E D I 10/02
Morbihan :
SAMEDI
L’hiver est chaud
pour les étudiants
Vannes :
4 400 jeunes participent à la 9è Nuit des étudiants
au Chorus de Vannes, jeudi 9.
17/02
Samedi 18. Ambiance familiale pour la
manifestation contre les OGM. Un cortège
discrètement surveillé par une forte présence
policière.
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VENDREDI
Février aura été un mois « socialement
chargé ». Jeudi 2, ce sont les
fonctionnaires qui ouvrent le ban.
1
MGM/mars 2006
«V
annes sera le symbole de
la lutte contre les OGM. »
Pourquoi ? « C’est la ville de
François Goulard, le ministre en
charge du projet de loi sur les
cultures OGM. » Un texte dénoncé
par les 1 200 manifestants
qui défilent. Les organisateurs
souhaitent « informer les habitants
sur les risques liés aux OGM ».
Une contre-proposition de loi est
remise au préfet. Une délégation
doit aussi être reçue par le ministre
« dans les jours à venir ». Les
manifestants se donnent rendezvous samedi 8 avril à Vannes.
www.mgm-mag.info
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L’
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FO
A
« Aide-toi
toi-même »
S
acrebleu ! Le célèbre trublion Alain Malardé, fondateur de la Confédération
maritime, s’est élevé contre
Josselin de Rohan, châtelain de son état et sénateur
UMP du Morbihan. C’est ce
que rapporte en substance
Le Canard enchaîné (01/02).
Le duc « s’est fait construire
une piscine privée au bord
de son imposant château de
Josselin, datant des XIIè et XVè
siècle, classé monument historique, malgré la stricte règle
des 500 m ».
Josselin de Rohan,
administré heureux
Cette règle interdit pourtant
toute construction de ce type
aux abords d’un tel édifice.
D’autant que le village de
Josselin est lui-même classé
« cité de caractère » et donc
soumis à des normes urbanistiques drastiques qui empêchent
n’importe quel manant d’ouvrir
un vélux. L’autorisation de
procédure aux travaux a été
délivrée à son propriétaire en
1998 « par un certain Josselin
de Rohan alors sénateur maire »
de la cité éponyme. Ni les services fiscaux, ni l’architecte
des monuments de France,
d’habitude très pointilleux,
n’ont sourcillé.
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L
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CT
Un centre culturel pour
la communauté turque à Auray
D
epuis le temps qu’ils l’attendent ! Enfin
les Alréens d’origine turque vont bientôt l’obtenir ! Leur arlésienne, c’est un
centre culturel qu’ils essaient de construire...
« depuis qu’il y a des Turcs à Auray », souligne Kerim Sen, président de l’Association
culturelle turque d’Auray (Acta), porteuse du
projet. A la recherche d’un terrain vierge ou
d’anciens locaux à réhabiliter, l’association
avait déjà posé ses jalons sur les communes
de Crac’h et de Brec’h. A chaque fois, les mairies avaient sorti leur veto... Mais cette fois-ci
semble la bonne, puisque c’est à l’initiative de
la mairie d’Auray que le projet avance. « On
est partenaire », annonce fièrement Michel
Le Scouarnec, le maire, « et il y a de fortes
chances que le dossier aboutisse ».
Emploi : dynamisme économique
mais hausse de la précarité
«L
’emploi se précarise ! », clament
certains. « Le bassin d’emplois
est dynamique ! », se défendent
d’autres… Les avis divergent sur la situation
de l’emploi du pays vannetais… Pour tenter
d’y voir plus clair, rien de tel que le bilan d’activité 2005 des agences ANPE ! Ce rapport a été
récemment présenté aux acteurs locaux. Que
nous apprend-il ?
Quelques petites choses positives. Le dynamisme du bassin d’emplois est réel. Le nombre
de contrats proposés a augmenté de 11,5% entre
2004 et 2005 dans le bassin de Vannes alors qu’il
baisse en moyenne de 0,9% dans le Morbihan.
Même chose pour le nombre de CDI qui hausse
de 5,8% contre 1,2% pour le département. Entre
autres chiffres, l’ANPE constate aussi une baisse
de 17,5% du chômage des jeunes de moins de
26 ans (18,4% dans le Morbihan).
Viennent également dans ce rapport quelques « oiseaux de mauvaise augure »… Si
Ce n’est toujours pas l’entente cordiale
entre Goulard et Sarkozy. Dimanche
15 février, Sarko aurait téléphoné à Villepin
pour se plaindre du comportement du
ministre de l’enseignement supérieur qui s’est
élevé contre les propositions de réformes
institutionnelles du président de l’UMP
(L’Express 02/02). Une initiative identifiée
comme une attaque « téléguidée » par
Villepin, dont le maire officieux est « proche ».
6
Actuellement logée dans les anciens locaux
de l’usine Soyer rue Abbé Philippe-Le Gall,
l’association pourrait déménager à quelques
pâtés de maisons, en lieu et place de l’ancien
Leclerc, là même où se construit une nouvelle
surface alimentaire. Mais c’est le sous-sol
qu’Acta investirait, « sous le parking, dans
les locaux qui servaient de réserve à l’ancien
Leclerc », explique Guy Roussel, adjoint à
l’urbanisme. La mairie a sollicité le promoteur
qui s’est montré favorable à la vente de ce
local à l’association alréenne. Cette dernière
a donc déposé un permis de construire qui
est actuellement en instruction. « Si tous les
protagonistes du dossier donnent leur aval, le
permis sera délivré. En tous les cas, nous, on
ira dans le bon sens », assure l’adjoint.
MGM/mars 2006
2006
dans le Morbihan le nombre de demandeurs
d’emploi perd 1,6% entre 2004 et 2005, la
baisse n’est que de 0,2% dans le bassin de
Vannes. Des signes caractéristiques de la
précarité de l’emploi se manifestent aussi. En
premier : la forte augmentation du nombre
de CDD. + 27,6% contre seulement + 4,6%
sur le Morbihan. Question temps partiel…
ce n’est pas brillant. Idem pour les contrats
d’une durée hebdomadaire de vingt heures
ou plus + 25,6%, contre 3,8%. Quant aux contrats à « très courte durée », Vannes marche
sur les mains avec + 15,8% contre une baisse
moyenne de 13,1% dans le département…
Qu-est-ce que ça veut dire ? Le bassin est
dynamique mais les emplois qu’il génère se
précarisent ! Incompatible ? Pas sûr. Dans
le MGM de décembre, la Caf rappelait que
le dynamisme « du circuit économique
n’était pas pour rien » dans l’apparition de
la précarité.
« Je suis pas mort ! » C’est le cri du
cœur poussé par Loïc Bouvard, député
UMP de Ploërmel, face à l’insistance et
l’omniprésence de Philippe Bas. Le ministre
délégué à la sécurité sociale, qui dispose
d’un pied-à-terre à Penvins, se verrait bien
parachuter dans sa circonscription. Mais
Loïc Bouvard ne compte pas en rester là. Il
lorgnerait même sur un neuvième mandat,
selon L’Express (16/02).
www.mgm-mag.info
Plus de 20 concerts gratuits dans
les rues de Vannes ? Vous en avez rêvé,
Noz’tambule l’a fait. L’association lance sa
nouvelle édition de Festivannes vendredi 21
et samedi 22 avril. Pour l’instant, 12 bars
ont répondu présent pour l’événement.
« On aimerait arriver à organiser entre 25
et 30 concerts dans près de 16 bars », note
Aurélien, un organisateur. Qui a dit que cela
ne bougeait pas à Vannes ?
Ménimur : vitesse et précipitation
V
endredi 17 février, le conseil municipal vannetais a adopté le dépôt du
projet de renouvellement urbain de
Ménimur auprès de l’Agence nationale pour
la rénovation urbaine (Anru). Si ce gros dossier est accepté, 182 logements pourraient être
détruits « horizon 2009-2011 ».
Une décision qui laisse un goût amer à certains
habitants du quartier. Notamment les résidants
du 32 rue Eugène-Boudin. Fustigeant un manque
flagrant d’informations, ces derniers ont décidé
de créer un collectif de riverains, d’envoyer une
lettre au maire et de lancer une pétition. Objectifs :
protester contre la destruction de leur immeuble
et s’indigner de la forme quelque peu cavalière
de la conduite de ce dossier qui concerne quand
même 7 000 habitants (13% de la population)…
Une résidante raconte : « On a appris ça par le
bouche à oreilles. On n’y croyait pas. On s’est
rendu à la réunion publique le 27 janvier. A
force d’insister, ils ont fini par reconnaître que
notre HLM pouvait potentiellement être rasé.
Le seul courrier que l’on ait reçu depuis, c’est
une lettre du PS. » Les habitants s’interrogent :
« Dans ce contexte, pourquoi d’importants
travaux de rénovation sont-ils menés dans les
immeubles ? » Effectivement, les ouvriers s’y
activent. Ils créent une rampe d’accès pour
handicapés. Les halls d’accueil viennent d’être
refaits, des interphones ont été posés il y a
moins d’un mois et de nouvelles cages d’ascenseur doivent bientôt être installées… « Un
gâchis d’argent public » pour les habitants.
Mais le principal grief de ces derniers reste le
manque d’informations… Un reproche visiblement partagé dans le quartier. Exemple : le
projet prévoit aussi de déplacer le commissariat de quartier inauguré en mai 2002. Celui-ci
a subi d’onéreux travaux de sécurité passive il
y a un an. « Déplacer le commissariat de quartier ? Vous me l’apprenez », s’étonne l’un des
principaux responsables du commissariat…
Autre question : le devenir du parking relais
tarabuste. Inauguré en grande pompe en 2003
pour un coût de 160 000 €, « il restera », a promis François Goulard au conseil municipal.
Il restera, certes, mais pas au même endroit,
précise Georges André, adjoint chargé du
logement et président de l’office HLM.
En première ligne sur ce projet, ce dernier
reconnaît « une certaine précipitation dans la
constitution du dossier ». L’élu tente de rassurer. « Nous n’en sommes qu’au dépôt d’un
dossier. Rien n’est figé. » Affaire à suivre.
Vannes a la main verte
L
e 18 avril, Vannes Golfe habitat et la mairie
inaugureront un projet immobilier de 27
logements, situé rue de Bilaire, au nord-est
de la ville, à une centaine de mètres de l’A82. 66
locataires dont 28 enfants y trouveront un logis.
Au début, le projet était sympa. Comme le
décrivait la plaquette de l’office HLM, il s’inscrivait « dans une végétation existante, dense
et de qualité, encadrant le site dans toute sa partie sud » (comprenez entre lui et l’autoroute). Ce
grand terrain, classé en zone naturelle (NA) dans
le Plan local d’urbanisme, appartient à la mairie.
Hêtres et saules offraient aux futurs locataires un
paysage verdoyant, mais aussi un écran visuel et
sonore naturel aux nuisances de la quatre-voies.
Ce n’est plus le cas. Courant janvier, les services
de la mairie ont joué de la tronçonneuse. Fini
l’environnement sympathique. Place à une zone
de remblais, sorte de no man’s land boueux.
Du côté de l’architecte du projet, la pilule a du
Refaire du neuf avec du vieux. Un
proverbe qu’on semble apprécier à la mairie
de Vannes. Lors de la dernière séance du
conseil municipal, un bordereau annonce
la « création d’une nouvelle manifestation :
le Mai musical »… Tiens. Les connaisseurs
auront une impression de déjà-vu… Cet
événement « nouveau » en est à sa troisième
édition, comme l’indique, entre autres, le site
de la communauté d’agglomération.
Ci-gît une zone naturelle offrant un écran visuel et
sonore aux futurs locataires de logements HLM
(à gauche sur la photo).
Les déboires
d’Océane
L
a clinique Océane serait-elle
rattrapée par son emménagement délicat ? Début février, le
ministère de la santé la sanctionne
lourdement sur ses moyens de
lutte contre les infections nosocomiales. Un rapport dont la
méthodologie est critiquée par
le responsable du Réseau régional des établissements de santé.
Il rappelle notamment que « les
questions de notations portaient
sur les protocoles… Une clinique en structuration peut perdre
des points. »
En attendant, la direction a
d’autres choses à régler. Dont
les relations avec le personnel.
Fin novembre, le directeur des
ressources humaines a été
remplacé. Un membre du CE
témoigne : « Depuis, on attend
ce qu’ils vont sortir de leur
chapeau… » Sylvie Coquel, la
nouvelle DRH, elle, ne s’inquiète
pas : « J’ai reçu un bon accueil. »
Ambiance-ambiance
à Carnac
U
mal à passer. « J’avais orienté mes plans autour
de cet espace… Ils perdent aujourd’hui une
grande partie de leur valeur. Le logement social
est souvent décrié. Là, ça ne va pas arranger
sa réputation. » A la mairie, on reconnaît « le
débroussaillage ». Qu’adviendra-t-il de ce terrain
inconstructible ? « On va y construire un écran
végétal anti-bruit », indique la municipalité. Couper, re-planter… Pas facile la vie de jardiniers…
Henri Bénéat met au défi l’Etat.
Emporté dans son combat contre la loi
littoral et plus largement contre tout ce qui
peut s’opposer à un urbanisme débridé,
le maire de Sarzeau a tiqué sur la notion
de hameau telle que définie par le Schéma
de mise en valeur de la mer. En pleine
réunion à la préfecture, il a annoncé qu’il ne
respecterait plus les avis de l’Etat en matière
de permis de construire. Rebelle, rebelle.
n élu, évincé du conseil
municipal par ses « amis »
politiques, parce qu’il était
soupçonné d’être resté le « bras
armé » de Jacques Bruneau,
maire battu en 2004. Un nouvel
édile, Michel Grall (DVD), épinglé
par la Commission d’accès aux
documents administratifs parce
qu’il refuse de fournir à deux
de ses conseillers de gauche le
fameux audit mené sur les finances de la commune… A Carnac,
« l’énergie » est peut-être « nouvelle », mais l’ambiance n’est
pas meilleure.
15 000
C’est le
nombre de
fiches que
possèdent les renseignements généraux
dans le Morbihan, département qui
compte 677 000 habitants. Vous pouvez
retrouver ce chiffre dans Place Beauvau,
la face cachée de la police, un livre écrit
par trois journalistes du Point, publié
aux éditions Robert Laffont.
MGM/mars 2006
2006
www.mgm-mag.info
7
ORDURES MENAGERES
Du tri à faire
avant de lancer
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B
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A
Un plan départemental
qui prend du retard, un
débat public qui « se rapproche
à grand pas », des associations qui
s’impatientent et un conseil général qui
avance à pas feutrés… Beaucoup de tri reste à
faire avant la tenue d’une concertation publique
sur la gestion des déchets ménagers. Il s’agit tout
de même de fixer la politique du département en
la matière jusqu’en 2016.
Par Stéphane Lanson
A
(Photos Romain Joly)
SOMMAIRE
COLLECTE, TRAITEMENT ET ELIMINATION
P.10
Une filière incomplète
PLAN DEPARTEMENTAL D’ELIMINATION DES DECHETS MENAGERS
P.12
Le conseil général « révise » sa copie
SYNDICAT DU SUD-EST MORBIHAN
Des solutions de traitement très discutées
P.15
ttention dossier complexe, sensible, voire
franchement encombrant. La gestion des
ordures ménagères est loin d’être le point sur
lequel les décideurs locaux sont le plus à l’aise.
Pourquoi ? Bien que techniques, leurs décisions
dans ce domaine sont très souvent controversées. Mais
depuis 2003, dans le cadre de la loi de décentralisation :
il va falloir faire avec. Le conseil général a ainsi récupéré
cette compétence. Il doit maintenant élaborer un Plan
départemental d’élimination des déchets ménagers et
assimilés (PDEDMA). Celui-ci fixe les grandes orientations
pour 2006-2016 en la matière. Ce plan servira de référent
aux différents organismes intercommunaux du département
chargés sur le terrain de la collecte et du traitement.
Avant de lancer un « grand débat public » autour des
solutions à mettre en place, prévu initialement début
2006, le conseil général s’est d’abord attaché à dresser
l’état des lieux. Premier constat, la filière actuelle est
loin d’être parfaite. Les différents territoires ne sont
pas tous au même niveau. Autre point à sérieusement
améliorer : un tiers des déchets résiduels (c’est-à-dire
après tri, recyclage ou compostage…) est éliminé hors du
Morbihan. Ce qui va à l’encontre du principe de proximité
dicté par le Code de l’environnement.
Devant l’augmentation de la population, la priorité
reste donc la réduction des tonnages à traiter. Le débat
visera à impliquer au maximum le citoyen dans cette
démarche en tant que producteur de déchets. Comment
éliminer le reste ? Deux possibilités : l’enfouissement
et/ou l’incinération. Sachant que ni l’une ni l’autre ne
sont exemptes de nuisances sur l’environnement et les
personnes. Le débat s’annonce passionnel.
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ET OMBR
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DÉC ENC COLLECTE, TRAITEMENT ET ELIMINATION
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ss
ier
Une filière
INCOMPLETE
Dans tout le département, grâce au tri et au recyclage, la
collecte sélective a permis de réduire le volume d’ordures
ménagères résiduelles (OMR) enfouies ou incinérées. Mais
pas de quoi pavoiser. Le Morbihan exporte toujours près
d’un tiers de ses OMR. Une situation qui pourrait bien
empirer avec la saturation des centres d’enfouissement.
4
Evolution des tonnages
collectés en Morbihan
2002
2003
295 480 t
262 300 t
bio-déchets*
5 600 t
46 980 t
collectes sélectives
57 500 t
ordures ménagères résiduelles
248 500 t
199 200 t
sources : CG56-ANTEA
- Diminution de 11% de la production
d'ordures ménagères entre 2002 et 2003
- Diminution de 20% des ordures ménagères
résiduelles (restant à traiter)
- Augmentation de 22% de la collecte
sélective (verres, emballages, journaux)
*Bio-déchets : part de la poubelle classique
qui peut être compostée
Le Morbihan exporte 30%
de ses ordures ménagères
résiduelles. Pour inverser
cette tendance, ménages et
conseil général ont encore
pas mal de tri à faire.
10
15 000 t de
déchets
ménagers par an. Soit
560 kg produits par
Morbihannais. En juin
2005, lors de sa session plénière,
le conseil général se base alors
sur les chiffres 2003 pour établir son diagnostic. L’assemblée
départementale se félicite d’abord
que « la collecte et le traitement
soient relativement stables et
organisés » en intercommunalité
(EPCI, lire ci-contre). La collecte
sélective (verres, emballages,
journaux…) couvre ainsi la quasitotalité du département.
Généralisation
de la collecte sélective
Sur 415 000 t, après dépôt en
déchèterie ou collecte sélective,
il reste 199 200 t de déchets
à traiter. Lesquels le sont par
enfouissement ou incinération
(lire page suivante). Voilà pour le
postulat. En se basant sur l’évolution de la situation entre 2002
et 2003, le Département dresse
une liste de points positifs et
d’autres « à surveiller ».
Au rayon des satisfactions, on
note une baisse des déchets produits par les ménages alors que
la population a augmenté. Les
tonnages d’ordures ménagères
résiduelles, restant à traiter par
enfouissement et incinération,
diminuent également. Une généralisation de la collecte sélective
est sans doute la principale cause
de cette amélioration. Cerise sur
MGM/mars 2006
2006
www.mgm-mag.info
le gâteau, selon le conseil général : « Toutes les décharges sauvages sont fermées. »
Les points à surveiller, eux, sont
moins nombreux : une augmentation de 3,5% du volume de déchets
en déchèterie et l’apparition de
nouvelles catégories de déchets.
L’exemple, ce sont les fameux
D3E. Comprenez « Déchets d’équipements électriques et électroniques ». En résumé, a priori, rien
de préoccupant si ce n’est peutêtre que le département exporte
chez ses voisins environ 30% de
ses déchets ménagers résiduels.
Un « cadeau » de 62 300 t quand
même, principalement destinées
à être enfouies ou incinérées
en Mayenne.
Une faille bien visible
L’un des enjeux du nouveau plan,
qui consiste à organiser la politique départementale d’élimination
des déchets ménagers pour 20062016, sera donc de répondre au
Gestion des déchets : comment ça marche ?
P
our la gestion des déchets
ménagers, on distingue deux
catégories d’Etablissements
publics de coopération
intercommunale (EPCI). Les EPCI
de collecte et ceux de traitement.
Le traitement est assuré par 10
EPCI qui regroupe 23 structures,
plus petites, chargées de la
collecte. Nébuleux ? Prenons
le pays de Vannes en exemple.
La collecte est du ressort de la
communauté d’agglomération.
Le traitement, lui, est dévolu
au Sysem (Syndicat du sud-est
Morbihan). Le Sysem regroupe
7 EPCI de collecte dont celui du
pays de Vannes. Les EPCI de
collecte gèrent les 61 déchèteries
du département.
inverser
« Il faut
la tendance
Le conseil général
Comment s'organisent la collecte et le traitement des déchets ?
Déchets ménagers et assimilés produits en 2003 dans le Morbihan : 415 000 t (560 kg/an/hbts)
Tonnages éliminés (par enfouissement ou incinération)
167 000 t
57 500 t
154 000 t
»
« refiler le bébé » aux Mayennais
sans que ceux-ci n’aient franchement le sentiment de devenir
notre poubelle. Le conseil général
en est conscient : « Il faut inverser
la tendance actuelle. » La faille est
bien visible. Reste à compléter la
filière départementale en trouvant
les réponses sur notre territoire.
Réduction des tonnages à traiter,
augmentation de la capacité d’enfouissement et/ou d’incinération :
les associations de protection de
l’environnement et de consommateurs considèrent la première
solution comme prioritaire. A
condition que les différents EPCI
tirent dans le même sens. Ce qui
n’est vraisemblablement pas le
cas à l’heure actuelle.
Tonnages valorisés
248 000 t
28 900 t
16 300 t
Avec récupération d'énergie
Sans récupération d'énergie
77 000 t
24 800 t
Huiles usagées : 1 000 t
Filières organiques (déchets verts,
épluchures...) : 54 800 t
Déchets ménagers spéciaux
(piles, solvants, peintures...) :
400 t
Légende :
Collecte des déchets
Traitement des déchets
ordures ménagères
résiduelles
déchèterie
recyclage
matière
collecte sélective
(verres, emballages, journaux)
incinération
enfouissement
Un plan : oui,
mais pour en faire quoi ?
Personne ne conteste l’intérêt de « l’outil » départemental de
gestion des déchets ménagers. Mais ne tirons pas de plan sur la
comète, le document reste conditionné par la bonne volonté des
élus locaux, seuls maîtres du terrain.
L
e plan départemental est-il un outil
crédible ? La question mérite d’être
posée. Pour de nombreux acteurs, le Plan
départemental d’élimination des déchets
ménagers et assimilés est certes « un
document de référence » mais « il souffre
de ne pas être plus directif ». Il fixe des
objectifs. Mais se donne-t-il les moyens de
les tenir ?
Rappelons d’abord qu’avant le 24 juin
2003, la compétence était dévolue à l’Etat.
La préfecture disposait alors de pouvoirs
bien plus conséquents pour la faire appliquer via des arrêtés. Malgré cela, ce ne
fut pas le cas. Selon certaines associations
comme Stop incinérateur de Plouharnel
(Sip), le plan départemental de 1997 prévoyait clairement « la reconversion de
l’incinérateur en site de compostage des
ordures ménagères ».
Cette orientation avait force d’obligation,
le Sip s’y est donc longtemps raccroché.
Le document évoquait aussi le rattachement du Sivom Auray-Belz-Quiberon au
secteur de Vannes. Deux points qui ne se
sont jamais réalisés par la suite.
En fait, selon le plan, la mesure était conditionnée par la création d’un incinérateur
vannetais, au grand dam des associations.
Lequel n’a jamais vu le jour.
Le nouveau plan pour 2006-2016 piloté par
le conseil général sera-t-il plus efficace ?
Le principal levier du Département semble s’appuyer sur l’octroi d’aides financières aux EPCI les plus impliqués dans
les objectifs. Le plan du conseil général
serait donc plus incitatif que coercitif. Les
associations regrettent d’ores et déjà sa
volonté de laisser aux EPCI « l’entière responsabilité » de leurs choix techniques.
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www.mgm-mag.info
11
Source : CG56 - ANTEA
principe de proximité énoncé
dans le Code de l’environnement.
Le conseil général a du pain sur
la planche. Pourquoi ? La capacité
des centres d’enfouissement technique (CET) morbihannais diminue comme peau de chagrin. En
2005, celle-ci était de 114 000 t
d’ordures ménagères. Un peu
léger au regard des 199 200 t à
traiter chaque année. D’autant
que la fermeture de nombreux
CET saturés est déjà amorcée.
Dans ce contexte, les projections
ne sont guère rassurantes. Si rien
n’est fait, en 2014, le Morbihan
ne pourra enfouir qu’un quart de
ses ordures ménagères résiduelles. Il deviendra alors difficile de
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DÉC ENC PLAN DEPARTEMENTAL D’ELIMINATION DES DECHETS MENAGERS ET ASSIMILES
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Le conseil général
« REVISE » SA COPIE
Le nouveau Plan départemental d’élimination des déchets
ménagers et assimilés pour 2006-2016 doit être présenté
à l’automne prochain à l’assemblée départementale.
Doucement, le travail avance. Mais les associations
environnementales impliquées s’impatientent devant les
premiers errements de la révision, à l’heure d’un débat
public « théoriquement » imminent.
L
ors de la session plénière
du conseil général de
juin 2005, un bordereau
annonçait que « la tenue
du débat public » sur le
nouveau Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et
assimilés (PDEDMA) « se déroulerait
début 2006 ». « Tout dépend de ce
que l’on appelle début 2006. Cela
peut tout aussi bien être juin »,
ironise Hervé Le Norcy, directeur
général des services du Département. Heureusement que l’auteur
du bordereau avait pris soin d’employer le conditionnel, comme pour
se prémunir d’éventuels contretemps. Une prudence symptomatique de la manière dont le conseil
général avance dans l’élaboration
du plan. Pour l’instant, difficile de
délier les langues de bois.
Impatience des associations
Pourquoi tant de précautions ?
La réponse se trouve sans doute
dans les groupes de travail chargés
de réviser le précieux document.
Dans un souci de transparence, le
conseil général a mis en place une
commission consultative où siègent notamment des représentants
d’associations environnementales
et de consommateurs. Et c’est là
que ça commence à coincer. Les
dernières réunions ont retardé
le processus. Lundi 30 janvier, le
cabinet d’études Girus devait présenter une analyse comparative des
différents scénarios de traitement
12
MGM/mars 2006
2006
www.mgm-mag.info
des ordures ménagères. Petit hic :
ses chiffres étaient erronés. Scandalisés, associations et certains
élus ont renvoyé le cabinet à ses
chères études. Annulant ainsi la
réunion suivante prévue lundi
13 février. Le conseil général,
lui, n’y voit qu’un raté « ordinaire
dans le cadre d’un dossier en
cours ». Tout en reconnaissant
« l’impatience grandissante des
associations ».
Impatientes, c’est peu dire. Les
associations s’agacent déjà :
« Nous sommes en retard. » Alors
que le débat public annoncé
devrait « théoriquement
»
être imminent,
les orientations
du futur plan
départemental
se font attendre. De nombreuses
questions restent en suspens.
Quels seront les objectifs de ce
PDEDMA ? « Le Département est
aujourd’hui exportateur net de
ses déchets ménagers résiduels.
A terme, l’idéal serait évidemment que le Morbihan s’autogére
à ce niveau », explique Hervé Le
Norcy, pesant chacun de ses mots.
Un objectif fort. A priori, on se
dirigerait vers un plan ambitieux.
Pour parvenir à cette fin, les pistes de réflexion sont identifiées.
Réduction des déchets ménagers
à la source, incinération et/ou
enfouissement pour le traitement
sont à l’ordre du jour. Même si
dans les deux cas, les élus risquent de s’exposer sur le terrain
à l’éternel mécontentement des
riverains (lire p.14).
Abandon de l’incinération ?
Réduction des déchets à la source.
Première piste, premier couac avec
les associations impliquées. « Comment avancer dans la réflexion
sur la réduction des tonnages
puisqu’il n’y a pas d’objectifs clairement chiffrés. Les données des
différents EPCI de collecte aussi
ne sont pas assez précises pour
déterminer les efforts qui restent à
fournir », témoigne Michèle Fardel
de l’UFC Que choisir 56.
Ce comparatif des EPCI de collecte se base sur six territoires
« témoins ». Parmi lesquels : le
pays de Lorient, le Sictom de
Rhuys, le Sivom de Questembert
et Rochefort-en-terre… Quid de
la communauté d’agglomération
du pays de Vannes ? Son absence
Un dossier sensible traité
«comme
un dossier sensible
Le conseil général
»
peut sembler « aberrante » mais ne
choque guère à l’hôtel du département. Jean Inizan, directeur adjoint
chargé des infrastructures et de
l’aménagement, en perd pourtant
son latin : « L’analyse correspond
plus à une vérification, c’est un
peu anecdotique. Ce n’est qu’une
expertise. » Le directeur général
des services vient à son secours :
« Les objectifs se doivent d’être
réalisables par chacun. Ils viendront en temps voulu. »
Concernant les pistes de traitement étudiées, l’éventualité d’un
gros incinérateur départemental
est-elle définitivement enterrée ?
« A ce stade, la question semble
prématurée. Cependant, puisque
cela n’a jamais été évoqué en
assemblée depuis le début de la
révision, je me risque à en conclure
qu’il n’en est pas question. Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’un
EPCI ne peut pas faire ce choix »,
« précise » Hervé Le Norcy. Du
coup, le sulfureux débat sur l’incinération aura certainement lieu
localement. D’ailleurs, le directeur
général des services prend aussitôt ses distances : « A chacun son
boulot, le conseil général fait le
plan mais les maîtres d’ouvrage
restent les EPCI. »
L’incinération continue de cristalliser toutes les crispations (lire
p.14). Sur ce point, les associations environnementales se rassurent comme elles peuvent. Stop
incinérateur de Plouharnel (Sip),
qui ne fait pas partie de la commission consultative, se félicite
par exemple de l’opération « Stop
aux sacs de caisse », lancée par
le conseil général, depuis lundi
16 janvier : « Une action qui va
dans le sens de la réduction des
déchets à la base et constitue un
argument supplémentaire pour
l’abandon de l’incinération. »
Pourquoi ? Selon Sip, ces sacs
apportent une proportion significative du pouvoir calorifique
nécessaire à la combustion. Sans
eux, un incinérateur serait moins
efficace. Cette action induit-elle
que seul l’enfouissement sera
retenu ? Mystère.
Le conseil général
marche sur des oeufs
Toujours est-il que la question
de l’enfouissement soulève ellemême d’autres interrogations.
Surtout dans le contexte actuel de
saturation des sites. « Les déchets
industriels banals (DIB) empruntent les mêmes filières que les
ordures ménagères. On peut
difficilement l’occulter », admet
Hervé Le Norcy. Impossible de
régler le traitement des ordures
ménagères sans s’attaquer à la
gestion des DIB. C’est cette pression de la question industrielle
évoquée par le directeur général
des services qui inquiète plus que
jamais les associations. Encore le
spectre de l’incinération.
Le travail en commission ne semble pas en mesure de dissiper
leurs inquiétudes. Elles déplorent
« entre autres » l’absence des
coûts correspondant à chaque scénario de traitement étudié : « Sans
cela, difficile de comparer… »
Cette opacité provoque une
crainte supplémentaire : « Que le
citoyen paie la note pour tout le
monde, pour l’élimination de ses
déchets mais aussi de ceux générés par les industriels » (lire ci-
contre). Un excès de paranoïa ? Le
Code l’environnement soulève un
principe de « responsabilité élargie des producteurs de déchets ».
Ce qui englobe les industriels
(emballages…). Une jolie prescription qui s’est transformée en
l’espace de quelques mois dans
les documents du conseil général
en : « Responsabilité des citoyens,
producteurs de déchets. »
De fil en aiguille, les associations
témoignent leur amertume. Elles
ressentent un « manque de passion chez les élus ». Puis parlent
de « démarrage poussif quand le
Département a pris la compétence
du plan en 2003, de manque de
moyens humains, même si cela
s’améliore ». Trop lentement à leur
goût visiblement.
A voir la clarté des réponses fournies par l’institution, il semble
évident que celle-ci marche sur
des œufs. Aurait-elle hérité d’une
« patate chaude » en récupérant
cette compétence ? « Non, tempère le directeur général des services. Il s’agit simplement d’un
dossier sensible traité comme un
dossier sensible. » Enorme différence il est vrai. Hervé Le Norcy
n’exclut pourtant pas que le débat
se fasse après l’été. Sachant que
la présentation du plan finalisé
est prévue à l’automne… Le planning promet d’être serré.
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www.mgm-mag.info
La production annuelle
de déchets par habitant
2003
2004
560 kg/hbt
601 kg/hbt
collecte traditionnelle
269 kg
256 kg
déchèterie
215 kg
249 kg
source : CG56 - ANTEA
S
collecte sélective
76 kg
96 kg
Ratio calculé à partir de la population
permanente à laquelle on ajoute les
résidences secondaires : 740 184 habitants.
Pour le conseil général :
« L’augmentation du
volume en déchèterie
correspond aux déchets
verts. 2003 était une année
de sécheresse. » Le taux
de recyclage en déchèterie
atteindrait les 51%.
Les associations, elles,
s’interrogent sur la part
de déchets dits assimilés
inclue dans les ordures
ménagères résiduelles
(OMR). Selon elles : « Sur
256 kg/habitant en 2004,
celle-ci serait de l’ordre de
30 à 50%. » Les assimilés
correspondent aux déchets
d’artisans, de commerçants
et des administrations.
Question : comment
éviter que le citoyen paie
leur élimination ? Les
associations suggèrent une
redevance spéciale.
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Plouharnel : un embrasement
contre l’incinération
Dans le débat concernant le traitement des déchets, la
question de l’incinération n’est jamais très loin. Du coup, il
semble impensable que le nouveau plan départemental ne
tienne pas compte des risques de fermeture définitive de
l’unité de Plouharnel.
«U
buesque, rocambolesque, voire grotesque. » Les qualitatifs manquent pour
évoquer l’incinérateur d’ordures ménagères
de Plouharnel. Même si le sort de celui de
Nivillac est entre les mains de la justice, pour
les associations environnementales du département : Plouharnel est bien le symbole du
« non à l’incinération ».
Depuis décembre dernier, l’usine est fermée
pour des travaux de mise aux normes. La
remise en activité est pour l’instant prévue
mi-avril, à moins que… A moins que la préfecture n’en décide autrement, confirmant
ainsi le signal d’alarme écologique lancé de
longue date par l’association Stop incinérateur
de Plouharnel. Cela n’empêchera sans doute
pas Geval, l’exploitant du site, de déposer un
nouveau recours au tribunal administratif…
Car, depuis l’été 2005, celui-ci a en effet attaqué systématiquement tous les arrêtés préfec-
toraux. Fin janvier, Geval s’en prenait au troisième, daté du
27 décembre 2005, qui visait à suspendre l’activité de l’incinérateur. Pourquoi ? A la même date, l’industriel considère déjà
savoir qu’il ne fera pas tourner une « usine non conforme ». Il
attaque donc « sur la forme »…
Le ridicule ne tue pas. Ce que Gérard Pierre,
maire de Plouharnel, avait déjà montré
quelques jours plus tôt, lors des traditionnels vœux annuels. Lundi 9 janvier, l’élu
déclarait texto : « L’usine a été mise aux
normes et si elle est fermée aujourd’hui,
c’est uniquement pour installer un portique de détection radioactive et faire
quelques travaux d’entretien. » Cherchez
l’erreur. Mais les études environnementales et sanitaires sont en route. Si elles
s’avèrent insatisfaisantes, Plouharnel ne
redémarrera pas. Le nouveau plan départemental ne peut l’ignorer. La question
de la pérennité du Syndicat mixte AurayBelz-Quiberon est de mise.
Moréac : l’enfouissement
irrite les riverains
Fermé pour remise en conformité, l’incinérateur de
Plouharnel sera-t-il autorisé à reprendre son activité ?
Les associations environnementales sont dans
l’expectative.
Craignant pour la qualité de leurs
produits, les agriculteurs riverains
du Centre de stockage des déchets
ultimes (CSDU) de Moréac refusent
catégoriquement son extension.
Pour stocker les déchets ménagers résiduels, l’une des
solutions du conseil général consiste en l’extension de centres
d’enfouissement existants. Petit problème : les riverains ne
l’entendent pas de la même oreille. Illustration récente à Moréac.
«C
oved stop, notre avenir en
dépend. » Les inscriptions du
genre fleurissent aux abords du Centre
de stockage des déchets ultimes (CDSU)
géré par la Coved, filiale du groupe
Saur, à Cosquer-Lojean, petit hameau de
Moréac, au nord de Locminé. Si l’incinération des déchets enflamme les écologistes, le climat autour de leur enfouissement ne s’apparente pas, non plus, à un
long fleuve tranquille. Dans un contexte
de « déficit de stockage » des centres
d’enfouissement morbihannais, le nouveau plan départemental implique que
les EPCI étendent certains sites existants.
C’est le cas à Moréac, où la pilule ne
passe pas. Devant le projet d’extension
du CSDU de la Coved, les riverains de
Cosquer-Lojean crient au scandale. Pour
les mécontents, principalement des
agriculteurs qui possèdent une exploi-
14
MGM/mars 2006
2006
tation autour du site,
le centre d’enfouissement devait fermer en
2003. Une fermeture
finalement repoussée
au 31 décembre 2006.
Jacques Aukes, porteparole de l’Association de protection de
l’environnement du
Cosquer-Lojean, ne
comprend pas qu’on
puisse parler d’extension après avoir
« promis » la fermeture. La Coved
dispose d’environ 9 ha auxquels viendraient s’ajouter au moins 8 ha supplémentaires. Jacques Aukes fulmine :
« Nous sommes conscients des problèmes de stockage mais il y a d’autres
sites plus isolés. Ici, plus d’un millier de vaches pâturent autour. Pour
www.mgm-mag.info
nous, agriculteurs, comment garantir
la qualité de nos produits ? » Depuis
lundi 6 février, une dizaine d’hommes
tournent donc avec leur tracteur sur
le terrain où l’industriel souhaite faire
des forages pour le sonder. Un grand
feu marque le territoire des agriculteurs. Entre eux et l’enfouissement, le
divorce est consumé.
SYNDICAT DU SUD-EST MORBIHAN
Des solutions de traitement
TRES DISCUTEES
A priori, finie l’incinération dans le sud-est Morbihan.
A moins que le département en décide autrement, le
Sysem se tourne vers une toute autre filière de traitement
articulée autour du tri, du compostage « mécanique » et
de l’enfouissement. Pas de quoi rassurer les associations
environnementales pour autant.
J
uin 2004 : le Syndicat du sudest Morbihan (Sysem) écarte
définitivement
l’éventualité
d’un incinérateur sur son territoire. Mais sa filière de traitement
n’exclut pas totalement les possibilités de « valorisation énergétique
par voie thermique », donc d’incinération, si des débouchés venaient
à exister dans le département. Une
« porte ouverte », selon les associations ou élus opposés au procédé, « à la construction d’un gros
incinérateur départemental » (lire
p.12). « Un procès d’intention » que
Joseph Oillic, président du Sysem,
n’accepte pas. Documents à l’appui, celui que beaucoup présentent encore comme « l’emblème
du tout incinération » avance les
nouveaux outils de traitement
en réflexion. Centre de tri, prétraitement mécano-biologique et
enfouissement : telle devrait être
la filière mise en place « pour
demain », après collecte.
Centre de tri
et pré-traitement
Ces choix font-ils taire les critiques ? Loin s’en faut.
Depuis la fermeture du centre
d’enfouissement de Sarzeau, en
décembre dernier, la filière de
traitement des ordures ménagères résiduelles (OMR) du Sysem
est relativement simple. Une fois
collectées, triées, 100% de ce qui
reste des ordures est exporté
en dehors de son territoire, en
Mayenne. Pour répondre à l’exigence de proximité dictée par
le Code de l’environnement,
le Syndicat prévoit alors de
créer au moins deux Unités de
pré-traitement mécano-biologique
(UPMB). Si les études de faisabilité
ne sont pas bouclées, les deux
sites, eux, sont identifiés. Le premier se situera au cœur de la zone
industrielle du Prat, à Vannes. La
municipalité a déjà « réservé » un
terrain de 5 ha environ. Lequel
devra accueillir un centre de tri
d’une capacité de 10 000 t/an,
extensible à 18 000 et une
Un centre de tri, adjoint à
une Unité de pré-traitement
mécano-biologique, doit
être construit, courant
2007, au cœur de la zone
industrielle du Prat, à
Vannes, non loin du centre
de transfert actuel (cicontre).
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SYSEM
Créé en février
2000, le Syndicat du
sud-est Morbihan
détient la compétence
du traitement des
déchets. Il regroupe
7 EPCI chargés
de la collecte : la
communauté de
communes du
pays de Muzillac,
la communauté
d’agglomération
du pays de Vannes,
la communauté de
communes du Loch,
la communauté de
communes de La
Roche-Bernard, le
Sictom de Rhuys, le
Sivom de Questembert
et Rochefort-en-terre et
le Sivom de La Gacilly.
16
UPMB d’au moins 50 00 t/an.
Le second se fera à Arzal avec une
capacité de 20 000 t/an qui pourrait être doublée le cas échéant.
Joseph Oillic espère faire valider
les deux projets par les conseils
municipaux concernés d’ici la fin
de l’année.
Qu’est-ce qu’une UPMB ? Après
collecte sélective et tri, il s’agit
d’isoler la fraction fermentescible
des ordures ménagères, c’est-àdire tout ce qui est biodégradable
(aliments…). En découlent trois
« flux » destinés à des sorts différents : les OMR sont stabilisées
puis enfouies (30%), la partie fermentescible devient un compost
utilisé pour l’agriculture (30%),
reste une fraction combustible
stable (40%). « Combustible,
c’est une donnée technique. Ça
ne signifie pas construction d’un
incinérateur », clarifie le président
du Sysem.
Joseph Oillic certifie aussi que «
le compost sera de qualité, car il
y aura tri préalable pour retirer
les indésirables puis un contrôle
». Cette technique s’inspire de
celle utilisée à Launay-Lantic,
dans les Côtes d’Armor. Le président fait valoir sa conviction
d’ancien
agriculteur.
Franck
Noulin d’Environnement 56, lui,
reste méfiant : « L’efficacité du
système de Launay-Lantic requiert
deux condition, vite oubliées par
le Sysem : une collecte en porteà-porte pour s’assurer que les
recommandations sont respectées. Dans le cas contraire, on
refuse le ramassage. Sans oublier
la mise en place de collecteurs
collectifs pour que les ménages
puissent se débarrasser de leurs
déchets dangereux indésirables…
et éviter qu’ils ne se mêlent aux
déchets “compostables”. »
Enfouissement pour finir
Les associations campent donc
sur leur position : « A l’image
d’œufs brouillés : séparer le blanc
du jaune, une fois mélangés,
devient nettement plus difficile.
Un compost issu de fermentesci-
nes à traiter. »
L’UPMB ne paraît pas encore la
solution miracle. En tout cas,
elle ne fait pas l’unanimité.
Y a-t-il d’autres débouchés pour ce
compost, autre qu’agricole ? « On
peut évidemment l’utiliser pour la
création de talus, d’espaces verts
municipaux ou la plantation de
bois, du moment qu’on respecte
les normes », explique Joseph
Oillic. Une solution de repli en
cas de compost inutilisable pour
l’agriculture. A moins que celui-ci
associations raisonnent
«à Les
l’échelle d’une poubelle »
Joseph Oillic, président du Sysem
bles qui risquent d’être mélangés
à des produits nocifs ne peut être
de qualité. » Les plus virulents
y voient la « nouvelle tarte à la
crème après l’incinération ».
Dernier point d’achoppement,
Franck Noulin estime qu’il s’agit
encore d’une « solution industrielle très coûteuse car elle nécessite la construction d’un centre
de tri. Alors qu’il serait si simple
d’inciter les ménages à trier directement leurs bio-déchets puis d’y
adjoindre une collecte spécifique,
comme c’est le cas à Lorient ».
Le président du Sysem, lui, considère cette collecte en porteà-porte trop lourde à mettre en
œuvre et invoque l’argument
quantitatif : « Certains responsables d’associations raisonnent
à l’échelle d’une poubelle alors
que l’on parle de milliers de ton-
ne suive le même chemin que les
OMR pour finir en enfouissement.
Depuis novembre, dans l’optique
de boucler la filière de traitement,
le Sysem mène une recherche
prospective des sites potentiels
d’implantation de Centres de
stockage de déchets ultimes, en
collaboration avec la Chambre
d’agriculture. Objectif : connaître
« fin 2006 » les sites pressentis
à l’échelle du Sysem comme du
département. L’annonce ne manquera pas de susciter l’émoi chez
les riverains (lire p.14). Mais le
président a l’habitude d’être « pris
pour cible, quels que soient les
choix ». Ce n’est pas pour rien que
le Sysem se nourrit des « conseils
d’un cabinet spécialisé dans le
pilotage de projets sensibles ».
D’autres départements
ont dit non à l’incinération !
«I
ncinération et/ou enfouissement ? »
Qu’elles soient impliquées ou non dans la
révision du plan départemental, les associations
environnementales considèrent que ce débat
n’a plus lieu d’être aujourd’hui. La solution est
limpide : « Si on se donne vraiment les moyens
de réduire le volume de déchets produits à la
base, que ce soit par les ménages ou les industriels, il devient possible d’éliminer totalement
l’incinération de la filière de traitement. »
Doux fantasme ou rêve accessible ? La réponse
se trouve peut-être chez nos voisins. En effet,
d’autres départements révisent aussi leur
MGM/mars 2006
2006
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Plan départemental d’élimination des déchets
ménagers et assimilés (PDEDMA). Ainsi, le
conseil général des Alpes-Maritimes, dans son
journal de février/mars 2005, n’y va pas par
quatre chemins : « Trop de temps a été perdu
dans les Alpes-Maritimes. L’incinération relève
d’une solution du passé et le conseil général
souhaite mettre un terme à cette activité. » La
Vendée a fait également ce choix d’exclure
l’incinération pour se lancer dans le traitement
mécano-biologique. Ce qui n’a pas mis les élus
à l’abri de nouvelles critiques…
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A
R
O
AG
Francs-maçons : réflexions, solidarité et sujets de société
Suite à la publication dans le MGM de février du dossier intitulé Francs-maçons, leur véritable rôle à Vannes, deux
membres d’obédiences différentes ont souhaité apporter quelques précisions.
Concernant le dossier sur les francs-maçons, le titre indique “Leur véritable rôle à Vannes”, où je trouve (et je
ne suis pas le seul) qu’il manque un volet important qui
apporte plus qu’une nuance.
Il est écrit “le rôle de la franc-maçonnerie dans la vie locale reste
donc limité”. C’est vrai mais :
— Nous (c’est variable selon les loges) prétendons apporter à nos
concitoyens des éléments d’information et de réflexion en organisant périodiquement des conférences publiques sur des sujets
de société, avec des intervenants de poids, qui ne sont pas des
francs-maçons mais ont des compétences reconnues. Par exemple sur le vieillissement de la population et le “droit de mourir
dans la dignité” (conférencier Henri Caillavet), sur les problèmes
de la bio-ethique (conférencier professeur Axel Kahn), sur les
enjeux du futur traité constitutionnel européen –bien avant la
campagne référendaire– (conférencier Bernard Poignant, député
européen), sur l’écologie (conférencier professeur Jacquart), etc.
Ceci au nom de la liberté de pensée.
— Nous soutenons matériellement ou financièrement, au nom de la
fraternité et de la solidarité, des associations caritatives ou d’entraide
sociale. Par exemple, l’Association des familles de malades touchés
par Alzheimer, les Restos du cœur, les victimes de catastrophes naturelles, l’association Aide et action qui soutient la scolarité d’enfants de
milieux défavorisés dans le monde entier, etc.
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Dans chaque loge, le frère Hospitalier n’est pas seulement en
charge de la solidarité interne. Il l’est aussi des actions hors de la
loge, telles celles citées ci-dessus.
Cordialement
Claude Loussert (Vannes), du Grand Orient
J’ai apprécié
l’objectivité et la
documentation des articles
sur la franc-maçonnerie à
Vannes, dans votre dernier
numéro.
Toutefois, quelques
inexactitudes se sont
glissées dans le paragraphe
concernant notre loge
(du Droit humain, NDLR),
page 13. Celle-ci a été
fondée en 1974 et s’appelle
« Renouveau » et non
« Renaissance », mais
surtout, contrairement à
d’autres obédiences, elle
ne fait référence à aucune
croyance religieuse, qu’elle
considère du domaine privé.
Ses membres, hommes et
femmes, édifient leur Temple
à la perfection et à la gloire
de l’humanité (art.2 de la
Constitution internationale).
Cela signifie que croyants
(quelle que soit la religion),
agnostiques et athées peuvent
réfléchir et travailler ensemble
dans notre loge, sur des
questions philosophiques ou
sociales, dans l’égalité
et la fraternité.
Guy Bénézeth (Auray),
du Droit humain
Urbanisme, enjeu de société
Suite à la lecture du compte-rendu du débat Cohabiter sur le littoral,
publié dans le MGM de décembre, un lecteur nous a envoyé la missive suivante.
Dans le pays de Vannes, les idées divergent profondément
sur les notions d’urbanisme. Alors qu’une commune se
félicite de la création d’un projet de construction de “maisons de
veille en front de rue” permettant d’économiser l’espace tout en
conservant un jardin, espace de vie nécessaire, dans une autre
commune, le porte-parole d’associations environnementalistes
regrette la densité excessive d’un projet d’habitat réduisant à
200 m² l’espace occupé par chaque logement.
Ces différences conduisent à se poser des questions !
Quels choix d’urbanisme nos politiques doivent-ils encourager et
décider ? La démarche vertueuse tenant compte d’une conception
économe de l’espace qui, comme toute ressource non renouvelable, n’est pas extensible et dont le gaspillage coûte et coûtera
cher en problèmes environnementaux et économiques.
La démarche laxiste, en vigueur dans notre pays depuis des décennies conduisant au mitage du paysage, à l’accaparement des sites
prestigieux par ceux qui ont les moyens de se les approprier, à
l’extension coûteuse des réseaux de fluides, d’assainissement,
au développement routier…
Un jour de 1986, un choix courageux a été fait par nos représentants, toutes tendances confondues, la loi littoral, qui permet de
préserver et de rendre accessible au public le linéaire côtier. A
l’heure des économies que la nature et les ressources terrestres
nous imposeront de toute façon de faire, ne serait-il pas sage de
prendre les devants en orientant notre action vers une société qui
peut être heureuse si elle est acceptée plutôt qu’imposée.
Quel est l’intérêt d’un habitat dispersé dans la société actuelle ? Si
on peut admirer un château ou un manoir dans son cadre de verdure. Si on peut envier la situation d’une chaumière, d’une longère
au milieu des terres ; il ne faut pas oublier que ces dispositions
correspondaient à un modèle de vie qui n’est plus le nôtre.
Lorsque nous faisons du tourisme, nous admirons une ville pour
ses monuments, ses rues à l’arrangement harmonieux. Je doute
que les lotissements de banlieue aient le même impact sur le
visiteur. Alors pourquoi vouloir créer chez nous ce que l’on
trouve affligeant chez les autres ? Pourquoi ne pas recréer ces
rues qui, tout en préservant l’espace, ont l’avantage de favoriser
la convivialité. Les villes plus concentrées économiseraient ainsi
les énergies, les transports, rapprocheraient leurs habitants des
lieux de vie, de travail, de transports.
Il faut bien sûr des impulsions pour changer les comportements,
mais n’est-ce pas votre rôle, messieurs les politiques ?
Les instruments de contrôle se multiplient : Plu, Scot, SMVM, Parc
naturel, communauté de communes, pays, syndicats… et j’en
oublie. Mais cet échafaudage, plutôt que de favoriser l’action,
n’a-t-il pas plutôt comme résultat de le diluer ?
Il faut aussi de la pédagogie. Les problèmes de la planète, modification du climat, raréfaction des ressources… sont connus depuis
des décennies et analysés, disséqués par des chercheurs de toutes
disciplines (économistes, météorologues, écologistes, philosophes…). Les générations montantes en sont-elles informées ?
Ce sont “nos enfants” qui auront à se colleter avec ces
problèmes. En tenons-nous compte dans notre vie ?
Jean Bonnet, Vannes
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INSTANTS D’AUDIENCES
« Quand il n’a plus de produits, il est en manque »
Tribunal correctionnel, jeudi 2 février, 14 h.
«O
n a présenté ça comme
l’affaire du siècle dans le
Morbihan. Permettez-moi
de dire que, depuis, ça a
fait psschuit… » L’avocat parle posément.
Il manœuvre pour éviter la prison ferme à
ses clients : Emmanuel, Florian, Yvonick et
Gwénaël, quatre jeunes hommes détenus
et un dernier « complice », Maxime, sous
contrôle judiciaire.
Les cinq larrons répondent de trafic de stupéfiants. Un « commerce » qui a « inondé »
le milieu des rave-parties en 2004. « Avec à
peu près toutes les drogues qui existent »,
note le président. Héroïne, coke, ecstasy,
MDMA et cannabis.
Tout a débuté lors d’un contrôle routier.
Un homme se fait interpeller à Saint-Avé
avec « tous les signes caractéristiques
d’un consommateur de stupéfiants ».
Celui-ci se met à table rapidement. Sa
« came », il l’a achetée « chez Yvonik
et Gwénaël », en colocation à Colpo. Le
« réseau » tombe ainsi.
Les douanes ont fait le tri : 13,5 kg de cannabis, 800 g d’héroïne et 650 g de cocaïne
ont notamment été vendus.
L’interrogatoire est aussi long que fastidieux. Pour le tribunal, il faut déterminer
qui a fourgué quoi, à qui et en quelle quantité. Les prévenus chipotent, minimisent.
« C’est logique, banal… humain », tente
de justifier la défense. « Les
quantités étaient plus importantes que ça », tente le président. Face à lui, Yvonick,
regard dur, phrasé clair.
« Quand c’est la première
fois que vous êtes en garde
à vue, en manque depuis
48 heures, avec quatre gendarmes qui vous collent la
pression, vous êtes prêt à
dire n’importe quoi. »
Difficulté supplémentaire
pour déterminer les responsabilités : « Le réseau
n’est pas pyramidal. Il n’y
a pas de tête », explique
le procureur.
Les cinq prévenus ont pourtant un point commun :
ils consomment tous « de
manière effrénée ». « Florian se drogue
dès le matin. Il s’isole dans la salle de bain,
raconte sa compagne sur le procès-verbal.
Quand il n’a plus de produits, il est en manque. Il pète les plombs. » « C’est vrai ça ? »,
demande le président. L’intéressé opine du
chef et lâche un oui en regardant ses pieds.
« Et maintenant ? » « Je me suis soigné en
prison. Ça a été dur. » « Nous faisions tous
les jours la même chose, témoigne aussi
la petite amie de Gwenaël. On se levait à
midi, Gwen partait ensuite en voiture faire
des tours. Le soir, on se faisait des plans
télé, jusqu’à 2 h ou 3 h du matin. Gwen se
faisait ses traits sur la table basse devant
moi. Il en prenait de plus en plus. » Quatre ans dont deux années de sursis pour
Emmanuel ; 36 mois dont 18 de sursis pour
Gwenaël, Yvonick et Florian ; 12 mois dont
6 de sursis pour Maxime.
K.T.
« M. le président, je ne peux pas vous laisser continuer ! »
Tribunal correctionnel, mardi 7 février, 15 h 30.
« Un élevage de chiens parmi des carcasses de voitures… Trois cadavres de chiens
dans un congélateur, trois en décomposition, deux autres encore réduits en
cendres… Treize dogues allemands en
mauvaise santé… » Rémi à la barre, la
quarantaine, lève la tête, coupe la parole.
« Excusez-moi, monsieur le président, je
ne peux pas vous laisser continuer ! » Ce
dernier ne bronche pas, le regard sévère.
« Si. Vous allez me laisser continuer la lecture de ce procès-verbal. »
En octobre 2005, un agent des services
vétérinaires effectue un contrôle dans un
élevage canin, à la Trinité-Porhoët. « Nous
avons là une description apocalyptique
de votre élevage ! », continue le juge.
« Pouvez-nous nous expliquer ? » « C’est
très simple », affirme Rémi. « Je ne suis
pas considéré officiellement comme éleveur… » « Peu importe. On parle de mauvais traitements. » Les mains du prévenu
s’agrippent à la barre. « J’ai gardé les
cadavres de chiens car ceux-ci sont soumis
à une assurance maladie. Ils participent à
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différents concours.
Chacun de mes dogues
vaut 54 000 €. »
Derrière lui, trois salariées de la SPA paraissent dépitées. Rémi renchérit. « Il est hors de
question de les envoyer
à l’équarrissage.
Ces chiens sont mes
enfants ! J’ai voulu avoir
de meilleures installations. Je n’ai pu acheter
un autre terrain ! Je ne
pense pas que l’amour
pour ses enfants soit
quelque chose de condamnable ! »
L’avocat de la fondation
Brigitte Bardot prend la
parole. « Il prétend ne
pas tenir un élevage alors qu’il vend des
chiots 1 500 €. Sur ses factures figure
même un blason… » Rémi se lève et vocifère : « Ceci est mon blason familial ! » Le
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président perd patience.
« Si vous continuez, je
vais être obligé de vous
faire sortir. » Le conseil
reprend : « Il a du toupet
de parler de ces chiens
comme ses enfants alors
qu’il les a laissés pourrir ! » Rémi ne dit mot
mais gratte des notes
sur une feuille pour
son avocate. Avant de
commencer, la défense
est elle-aussi obligée de
calmer son client d’un
ton sec : « Chut ! C’est
moi qui parle. » Les
réquisitions tombent :
six mois de prison avec
sursis, interdiction
d’exercer la profession
d’éleveur, 1 000 € de dommages pour la
SPA et la fondation Brigitte Bardot. Délibéré le 7 mars.
D.P.
JUSTICE
LE PARQUET ACCREDITE LA THESE DU SUICIDE
La famille de Christine Lemonnier
N’Y CROIT PAS
Christine Lemonnier est retrouvée morte, vendredi 10 décembre 2004, sur un chantier
dans le quartier du Vincin, à Vannes. Après un an d’enquête préliminaire, le parquet a classé
l’affaire sans suite. La famille surzuroise de la victime, elle, ne compte pas s’en tenir là.
« Aucun élément criminel »
Pour le parquet de Vannes,
Christine Lemonnier s’est donné la
mort en se jetant de l’immeuble en
construction. « Il n’y a aucun élément criminel dans ce dossier »,
précise Martine Pétreault.
Une version qui ne convient pas
à la famille. Celle-ci livre que « la
police a semblé privilégier cette
thèse à la lecture de deux lettres
retrouvées faisant état d’un grand
désespoir de Christine à cause de
son histoire de Société civile immobilière (SCI) ». Une histoire d’investissement immobilier à Arzon avec
dre ses esprits, veut aller voir
son notaire à Sarzeau… Puis,
elle se rend compte qu’elle
est à Vannes et dit ne pas être
allée à la gendarmerie. Elle
est plus calme. Ses derniers
mots : “Voilà, Armelle, à bientôt, au revoir.” » Conclusion
avancée par les proches :
« Elle s’est ravisée. Dans la
famille, on est soupe au lait.
On part vite mais on redescend aussitôt. »
Sceptique, la famille soulève
d’autres éléments troublants.
A la connaissance de celle-ci,
« aucune analyse n’aurait
révélé de traces de sable ou
de terre qui correspondent
au lieu de découverte du
corps ». Information
que nous n’avons pu
vérifier à l’heure où
nous bouclions cette
édition. Les Lemonnier montrent aussi des
photos post mortem de
la victime. Celle-ci présente une grosse rougeur
boursouflée très régulière, d’une
dizaine de centimètres de largeur,
sur les trois-quarts gauche du cou.
Sur le visage, par contre, rien. Pas
une égratignure.
Martine Pétreault, elle, reste catégorique : « Selon le légiste, les traces sur le cou de la victime ne sont
pas dues à un étranglement puisque nous n’avons pas retrouvé les
signes internes symptomatiques
de ce genre de cas. »
Vu ces éléments, la famille
Lemonnier a décidé de faire valoir
son droit en saisissant le doyen
de la chambre d’instruction de
Vannes. Depuis janvier, une
plainte contre X pour « décès suspect » est donc déposée.
Stéphane Lanson
Photo archives MGM
V
endredi 10 décembre
2004 au matin, le
corps inerte d’une
femme de 39 ans est
retrouvé par des ouvriers sur
un chantier en construction,
rue du Vincin, à Vannes (lire
MGM d’octobre 2005). Il s’agit
d’une boulangère arzonnaise,
Christine Lemonnier, mère
d’une fille d’une vingtaine
d’années. Durant de longs
mois, la police et le parquet
mènent plusieurs séries d’investigations dans le cadre
d’une enquête préliminaire.
Tour à tour, toutes les pistes sont battues en brèche.
Cause criminelle, accidentelle ou suicide ? La justice
opère avec discrétion. De
nombreuses personnes sont
entendues dont trois mises
en garde à vue. Mercredi
7 décembre 2005, presque un
an jour pour jour après le décès de
Christine, Martine Pétreault, substitut du procureur de la République, classe le dossier sans suite.
« Insatisfaite », la famille de la
victime a décidé de saisir le doyen
de la chambre d’instruction.
son compagnon. Les enquêteurs
ont un temps suspecté cet homme
avant de le mettre hors de cause.
La famille sceptique
Pour les proches parents, ces
deux lettres ne suffiraient pas
à justifier son geste. Surtout au
regard des dernières communications téléphoniques de la victime,
adressées à ses employeurs la
nuit de sa mort. Selon l’autopsie,
la victime est décédée entre 3 h 30
et 4 h 30 du matin. Les Lemonnier
racontent, messages de répondeur en main : « A 0 h 28, elle
semble paniquée, toujours pour
son histoire de SCI. Elle dit vouloir
déposer un dossier à la gendarmerie puis avoir l’intention de mettre
fin à ses jours. Ses derniers mots :
“Adieu… Au revoir Armelle.” »
0 h 49 : nouveau message. Le ton
est différent. « Elle semble repren-
C’est sur ce chantier
d’un immeuble en
construction, rue du Vincin,
au petit matin, vendredi
10 décembre 2004, que
des ouvriers ont retrouvé le
corps sans vie de Christine
Lemonnier.
La famille
soulève
d’autres
éléments
troublants
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SOCIETE
ORDRE DU TEMPLE SOLAIRE
Un
mystérieux document
SEME LE TROUBLE
à Vannes
Secte, massacres, politique et pots-de-vin. L’alchimie
n’est pas subtile. Elle est pourtant explosive. Depuis
2003, un mystérieux document alimente la rumeur à
Vannes. Il désigne des personnalités politiques locales,
des partis de droite et l’Ordre du temple solaire comme
destinataires d’obscurs transferts de fonds. Plusieurs
enquêtes sont ouvertes. Elles doivent déterminer la
véracité de ce courrier.
«L
Page de droite. L’affaire
de l’Ordre du temple
solaire trouveraitelle des ramifications
dans la préfecture
morbihannaise ?
22
Tout débute par une lettre anonyme qui établirait un lien entre
le monde politique vannetais et la
secte apocalyptique. Fin octobre
2003, celle-ci parvient à la rédaction d’un journal luxembourgeois,
L’Investigateur. Elle atterrit aussi
sur le bureau de Me Alain Leclerc,
avocat d’Alain Vuarnet, dont les
parents sont morts dans le Vercors, en décembre 1995.
Ce courrier date du 21 avril
« On tue une rumeur en dévoilant la vérité »
Me Alain Leclerc
cations en Bretagne ? A Vannes
en particulier ? C’est la question
posée par un mystérieux courrier.
Une affaire dans l’affaire.
D.R.
Ci-dessous. Si
les informations
mentionnées dans
ce document étaient
vérifiées, elles
prouveraient que l’OTS a
continué de fonctionner
après les massacres de
1994 et 1995 (en photo,
le massacre de Cheiry,
en Suisse, en 1994).
’affaire » exhale
des
relents
nauséabonds.
Elle prend
racine sur un
massacre. 76 morts au Canada,
en Suisse et dans le Vercors.
Hommes, femmes, enfants,
drogués, « suicidés » et brûlés.
1994-1995 : l’affaire de l’Ordre
du temple solaire défraie la chronique. Trouverait-elle des ramifi-
d’argent « versées en espèces ».
Cerise sur le gâteau, le document
mentionne que « le retour sur cet
investissement sera rapide » car
compensé « par l’attribution par
le conseil général et la Région de
subventions » à des sociétés bretonnes d’armement de pêche.
Sulfureuse, l’information fait jaser
dans les milieux autorisés. Rapidement reprise par France 3 Ouest,
elle alimente aussi la rumeur. Une
rumeur relancée par un documentaire, réalisé par Yves Boisset et diffusé sur France 2, jeudi 2 février.
Le reportage laissait largement
apparaître le document et les
noms y figurant…
L’information semble incroyable.
Pourtant, « les aides financières
versées à certaines entreprises
bretonnes ont bien été attribuées », notait Me Alain Leclerc
MGM/mars 2006
2006
www.mgm-mag.info
1997, jour où le président Chirac annonce la dissolution de
l’assemblée nationale. Rédigé
sur papier à en-tête, il provient
d’un cabinet d’avocats
ayant pignon sur rue à Vannes.
Adressé à l’antenne alréenne
d’une banque, il indique que
d’importantes sommes (17 millions de francs, soit 2,6 millions
d’euros) auraient transité vers
des comptes de partis de droite.
Mais également vers l’Ordre du
temple solaire et l’Amorc, une
obscure société secrète.
Plus gênant encore : les noms
d’élus locaux de droite* toujours
en poste sont clairement mentionnés. Face à eux, des sommes
dans Ouest-France (12 mai 2004).
L’argument ne semble toutefois
pas faire hésiter certains protagonistes sur l’origine douteuse du
document. « Quand on verse des
pots-de-vin, on ne l’inscrit pas sur
un bout de papier », éructe l’un
d’entre eux.
Moins véhément, un observateur
proche du dossier soulève des
incohérences dans le courrier avec
« l’environnement politique de
l’époque ». Tout aussi surprenant,
la date de la « fuite » de celui-ci
intervient quatre mois avant les
élections régionales…
Vraie bombe ou faux grossier ?
Toujours est-il qu’en 2003, l’apparition du courrier dans la presse et
D.R.
Les grandes dates de
l’Ordre du temple solaire
sur le web, donne lieu à un imbroglio juridique qui n’a toujours pas
été démêlé.
Perquisitions
menées récemment
Premier à « dégainer », Guy
Chassot. Le procureur de la République vannetais ouvre une information judiciaire contre X « pour
propagation de fausses informations » en novembre 2003.
Confiée à une juge d’instruction de
Vannes, l’enquête est menée par le
SRPJ de Rennes. Elle débouche sur
un non-lieu. « Cette pièce apparaît
d’évidence comme un faux grossier, martèle Guy Chassot. Il nous
appartenait de trouver l’auteur
de ce faux, de cette preuve diabolique ! Malheureusement, on
n’a jamais pu, malgré nos efforts,
mettre la main dessus. »
« Trouver l’auteur de cette preuve
diabolique. » C’est également
le souhait de l’avocat vannetais,
membre du cabinet incriminé par
le document. En juin 2004, ce
dernier saisit le doyen des juges
d’instruction pour ouvrir une
information judiciaire « pour faux
et usage de faux ». L’enquête est
confiée au même juge d’instruction. Selon nos informations, les
investigations se poursuivent. Une
perquisition a d’ailleurs été menée
récemment dans un cabinet d’avocats vannetais. Un client de ce dernier, en bisbille avec son ancienne
banque citée dans la lettre, aurait
pu « tenter de lui nuire ». De source
judiciaire, la perquisition menée
n’aurait rien donné.
« Complicité d’assassinat »
De son côté, Alain Leclerc, avocat
de la famille Vuarnet, a aussi saisi
le doyen des juges d’instruction
de Vannes en juin 2005. Qualifi-
cation de sa plainte : « Complicité
d’assassinat. » L’enjeu est de taille
pour les familles des victimes de
l’Ordre du temple solaire (OTS) :
« Si les informations mentionnées
dans ce document sont vérifiées,
elles prouveront que l’OTS a
continué de fonctionner après le
massacre du Vercors. »
La preuve serait ainsi apportée
que les auteurs des tueries couraient toujours deux ans après
celles-ci.
Cet élément prendrait toute son
importance le 2 octobre prochain, date du procès en appel
de Michel Tabachnik, 62 ans,
chef d’orchestre franco-suisse et
seule personne poursuivie après
le massacre du Vercors. Mis en
examen pour « participation à
une association de malfaiteurs »,
Michel Tabachnik avait été relaxé
au bénéfice du doute lors du premier procès en 2001. Le parquet
de Grenoble avait fait appel de
cette décision.
« Ce document, c’est l’un des
derniers espoirs des familles de
victimes », estime Alain Leclerc.
Un espoir bien maigre si l’on en
croit Guy Chassot : « On ne peut
pas s’appuyer sur un faux pour
prouver quoi que ce soit. » Une
position qui irrite Me Leclerc.
« Nous ne demandons pas que
l’on vérifie la véracité du contenant, mais la véracité du contenu.
La justice doit se pencher sur
les informations qui se trouvent
mentionnées dans ce document
et notamment les circuits financiers. Si les choses n’avancent
pas rapidement, je demanderais
le dessaisissement du juge d’instruction dès le début du mois de
mars. Cette histoire alimente la
rumeur. Or, on tue une rumeur
en dévoilant la vérité. » Une posi-
1984. L’Ordre international chevaleresque
de tradition solaire (OICTS), rebaptisé
ultérieurement Ordre du temple solaire (OTS),
est fondé à Genève.
1984-1993. Jo di Mambro et Luc Jouret, les
deux dirigeants de l’OTS recrutent en Suisse,
au Canada et en France, notamment des
cadres dirigeants d’HydroQuébec, le directeur
financier des montres Piaget et les membres
de la famille de l’ex-champion suisse de ski
Alain Vuarnet.
Du 4 au 6 octobre 1994. Crimes, suicides
et incendies en série font 53 morts, tous
membres de l’Ordre, au Québec et en Suisse.
Les victimes sont découvertes carbonisées
dans des demeures incendiées. Elles ont été
poignardées à Morin-Heights au Québec ;
tuées par balles à Cheiry ou droguées au
Curare à Salvan, en Suisse. Jo di Mambro
et Luc Jouret, les deux gourous de l’OTS,
figurent parmi les cadavres.
16 décembre 1995. Seize personnes, membres
de l’OTS, ont été immolées par le feu dans
une clairière d’un plateau du Vercors, près de
Saint-Pierre-de-Chérennes (Isère).
22 mars 1997. Cinq nouvelles victimes sont
découvertes à Saint-Casimir au Québec.
Avril-juin 2001. Procès de Michel Tabachnik
à Grenoble. Poursuivi devant le tribunal
correctionnel pour « participation à une
association de malfaiteurs » et numéro trois
présumé de la secte, il est finalement relaxé.
Le parquet fait appel de cette décision.
15 septembre 2003. Une expertise privée
menée par le professeur Gilbert Lavoué,
expert judiciaire en incendie, à la demande
des parties civiles, relance l’affaire du Vercors.
L’expertise prouve que le groupe a été abattu
par balles puis carbonisé avec un lanceflammes à jet directionnel.
25 mars 2004. Le procureur de la République
de Grenoble rejette la demande de
réouverture de l’information judiciaire.
2 octobre 2006. Date du procès en appel de
Michel Tabachnik. La date de cette audience a
déjà été repoussée trois fois.
tion que rejette le procureur de
la République : « Je ne vais pas
dépenser l’argent du contribuable
pour faire travailler des enquêteurs sur un faux ! »
Killian Tribouillard
*Dans un souci de respect de la
présomption d’innocence et du secret de
l’instruction, il a été décidé de ne pas citer
les noms des personnes mentionnés dans
ce document dont l’authenticité reste à
déterminer.
MGM/mars 2006
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23
PORTRAIT
CHARLOTTE SUGLIANI
Il faut que jeunesse
S E FA C H E
Charlotte Sugliani est une étudiante engagée. Quand d’autres pensent soirées, sorties et exam’, cette
militante de 18 ans, adhérente à l’Union nationale des étudiants, organise avec son équipe la contestation
du CPE sans se décourager du peu d’entrain affiché par ses congénères vannetais.
«Ç
camarades vannetais.
Etudiante en première année de
droit, Charlotte est une militante.
« Représenter les étudiants »
Adhérente à l’Union nationale
des étudiants de France (Unef)
depuis son premier jour de
fac, elle conteste le Contrat
première embauche (CPE). Début
février, avec les autres membres
de son équipe, elle organise
réunions
et
rassemblements
pour « dénoncer » la proposition
du Premier ministre. « Le CPE
déséquilibre les rapports entre le
jeune employé et l’employeur… ça
remet une fois de plus en cause
la place de la jeunesse. » Son
regard est clair, sa voix posée et
son discours assez loin du slogan.
Ce brin de fille maîtrise l’actualité.
Charlotte en parle avec aplomb
et de grands gestes de la main.
« Normalement ça ne se dit pas,
mais on prend les jeunes pour
des cons. » Une fois lancée sur le
CPE, sa timidité laisse place à une
certaine assurance.
18 ans. Un âge que beaucoup
estimeraient trop jeune pour
s’engager. « Cela représente pour
R. Joly
Charlotte Sugliani a adhéré
à l’Union nationale des
étudiants de France dès son
premier jour d’inscription
en fac de droit, à Vannes.
a dérange si je
fume ? » Assise
sur la banquette
d’un
bar
de
Vannes, Charlotte
Sugliani, 18 ans, paraît timide.
Les cheveux mi-longs châtain,
de grands yeux marrons, la
jeune fille est habillée comme
de nombreuses étudiantes.
Ni baba-cool, ni tirée à quatre
épingles. Sweat à capuche vert,
chemise blanche et jean’s.
Son quotidien et sa « façon de
voir les choses », par contre,
diffèrent de la plupart de ses
24
MGM/mars 2006
2006
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AUTOPORTRAIT
moi un moyen de comprendre ce
qui se passe. » Fille d’une prof
d’économie-droit et d’un père
conseiller en formation continue,
elle a de qui tenir. « Ma mère était
aussi une militante lorsqu’elle
faisait son droit. » Charlotte a
grandi « là-dedans ». « Je ne suis
pas une étudiante à problèmes…
financièrement parlant, par
exemple. Cela constitue une raison
de m’occuper des difficultés et de
représenter les étudiants. » Outre
son « poste » à l’Unef, Charlotte
est également une élue déléguée
de la fac.
pas toujours… » Sans compter les
multiples rencontres de l’Unef.
« On a des réunions à Lorient
qui finissent tard… On dort trois
heures et on va en cours. »
Son téléphone portable sonne. « On
peut se retrouver à 12 h, demain,
pour faire des banderoles ? Avant,
ça va être dur, j’ai cours… »
Emploi du temps chargé ? « Le
temps, c’est le problème »,
sourit-elle, sibylline. Charlotte
avoue avoir parfois des soucis de
disponibilité, a fortiori quand on
suit un cursus de droit. « J’habite
près de Baden, encore chez mes
parents. Je n’ai pas de voiture. Et
mon forfait téléphonique ne suffit
rassemblement place de la mairie
a tout bonnement été abandonné
faute de monde. A l’évocation de
ces dates, Charlotte lève les yeux
et soupire légèrement. « Bien sûr,
je préférerais que l’implication
soit la même qu’à Rennes… »
Elle est déçue. « Le 7 février, les
cours ont pris fin une demi-heure
plus tôt pour un rassemblement.
Beaucoup ont pris ça comme une
pause… Certains ne veulent pas
non plus “sécher”… Le lendemain
« Toujours quelque
chose à faire »
Ses efforts sont maigrement
récompensés ces derniers temps.
A Vannes, la mobilisation des
étudiants contre le CPE s’est
trouvée plus que réduite. Cinq
jeunes répondaient présents lors
d’une réunion de l’Unef, mardi
14 février. Deux jours plus tard, le
de la Nuit étudiante, ça gêne
moins… » Plus d’un syndicaliste
chevronné serait découragé…
« Non. On ne force pas les gens à
aller dans la rue. Mais on peut les
informer. » Charlotte a confiance
en son groupe vannetais. « Il y a
toujours quelque chose à faire. »
A l’Unef, ses amis la surnomment
« chef ». Elle rit. « Ça vient peutêtre du fait que j’aime être “carré”
et que j’ai du caractère ! Quand je
me lance dans quelque chose, j’y
vais à fond. » Les mains sur la table,
Charlotte se reprend. « Attention,
ce n’est pas toute ma vie. » Côté
« Ça ne se dit pas, mais on prend les jeunes pour des cons »
“H
avenir, l’adolescente ignore si
elle continuera à militer. « Mais
j’ai toujours envie de réfléchir au
fonctionnement de la société »,
précise celle qui se destine à
des études de philo-politique. Et
autrement ? La militante redevient
alors jeune fille, sourit. Elle aime
lire, écrire, écouter de la musique
et « refaire le monde avec des amis
sur un CD de Cat Stevens ».
Donovan Potin
Sois jeune et
t
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A
e
j
L
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E
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S VR
U
O
ier encore, j’avais 20 ans, je gaspillais
le temps en croyant l’arrêter…”
Qu’est-ce qu’être jeune aujourd’hui ? Elles
sont loin l’innocence et l’insouciance que
l’on nous prête. On est tiraillé entre cette
soif intarissable de liberté, d’indépendance
et la dure réalité, le quotidien qui nous
arrache à nos rêves. Pour beaucoup on
s’envole du nid et l’on se retrouve projeté
dans l’arène sans mode d’emploi : pour
ne pas se retourner un jour et réaliser que
les rêves de nos 20 ans sont désormais de
vagues souvenirs : naïveté, désillusion…
Je ne veux pas être une désillusionnée. Je
me dis que ce monde est loin d’être parfait,
mais il est là. Comme dirait Naomi Klein,
on finit tous par rentrer dans un sillon.
Et si l’on refuse la norme, on se retrouve
dans le “sillon des gens qui veulent sortir
du sillon principal”. Là est toute la difficulté : trouver sa place dans ce monde où
on ne contrôle rien.
OUVRE LA
J’ai compris que j’avancerai en comprenant le monde qui m’entoure. Pourquoi
sommes-nous six milliards de personnes
à nous lever chaque matin pour répéter la
même routine sans la remettre en cause ?
Mais avant de m’attaquer à l’échelle de la
planète, j’ai adhéré à l’Unef : d’une part
pour développer ma culture politique,
parce que là-haut, ils nous gouvernent
tout en semblant parfois oublier qu’on
est là et qu’eux sont là pour nous. Il m’a
paru essentiel de savoir ce qui se trame
dans l’hémicycle ou dans les bureaux de
Matignon pour ne plus accepter les choses en croyant qu’elles tombent du ciel. Je
pense que c’est un premier pas vers l’âge
adulte que de découvrir, d’analyser et de
critiquer les règles qu’on nous impose :
je réalise que nos droits sont menacés et
pour les défendre je milite. Il me semble
important d’agir face aux décisions qui
nous concernent. Je n’ai pas envie de
rester les bras croisés face à un gouvernement qui réécrit le Code du travail. Je
refuse le “sois jeune et tais-toi”. Nous ne
sommes peut-être que des jeunes, mais
nous risquons de payer demain notre
immobilisme si nous n’agissons pas.
J’ai envie de me battre, pour une utopie
peut-être, plutôt que de tout accepter
comme un moindre mal. L’empirisme
m’exaspère et je crois sincèrement que
l’on peut “changer la vie”. Je ne suis
qu’une jeune étudiante dans une petite
ville bretonne et je n’ai pas la prétention
de changer le monde mais, en étant syndiquée, je réalise que nous sommes des
milliers à refuser l’état actuel des choses
et à vouloir protéger nos droits en péril.
A tous les étudiants qui ne se sentent pas
concernés par ce qui se passe aujourd’hui
ou qui ne manifestent pas leur colère,
j’aimerais dire que oui, on peut encore
changer le monde. On le doit.
Charlotte Sugliani
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POLITIQUE
ELECTIONS MUNICIPALES A SARZEAU
La
mairie aiguise les
APPETITS
De l’avis de beaucoup, Sarzeau n’est
pas une ville facile à gérer. Pourtant,
l’argument ne dissuade pas franchement.
A deux ans des élections, une nouvelle
tête émerge à droite. A gauche, aussi, les
manœuvres ont débuté. Objectif : l’union.
C
’est l’un des principaux fiefs de la droite.
Sarzeau est dirigée
par des personnalités
politiques se revendiquant de tradition « gaulliste »
depuis toujours. Chef-lieu du
canton détenu pendant trentequatre ans par le défunt Raymond
Marcellin, la commune n’a pourtant plus grand-chose à voir avec
la bourgade rurale qu’elle était il y
a encore une vingtaine d’années.
Forte de ses 7 000 habitants,
Sarzeau est devenue un réservoir
de voix non négligeable dans
la circonscription législative du
« patron » François Goulard (UMP).
Forte de sa croissance démographique, elle s’est aussi légitimement imposée à la présidence de
la communauté de communes de
Rhuys, récemment créée.
Autant d’arguments qui aiguisent les convoitises politiques.
A deux ans des élections municipales, les tractations ont déjà
commencé. Dans la ligne de mire
des politiques : la mairie sarzeautine et le fauteuil de son maire,
Henri Bénéat (DVD).
Que va-t-il se passer à droite ?
« Injoignable » malgré les nombreuses tentatives, le premier
magistrat n’a visiblement pas
souhaité s’exprimer. Pas question
de livrer ses intentions. L’ancien
agent immobilier repartira-t-il en
2008 ? La question reste posée.
En 2004, les dernières cantonales
lui ont servi de test. Autant dire
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MGM/mars 2006
2006
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que celui-ci n’a pas été concluant.
« Un revers politique » qui a vu
l’édile sarzeautin s’effondrer face
à son adversaire de toujours, Yves
Borius (UMP), premier magistrat
de la commune pendant douze
ans. Un nouveau duel entre les
deux hommes ne se reproduira
plus. Yves Borius, actuel conseiller général, annonce « qu’il
ne repartira pas en 2008 et qu’il
n’envisage pas de se représenter
aux cantonales ».
En attendant la décision d’Henri
Bénéat, d’autres candidats à droite
sont déjà dans les starting-blocks.
Un nom revient régulièrement. Il
s’agit de David Lappartient, con-
nales : Yannick Kérignard. La participation de cet agent d’assurance qui
se revendique « apolitique » n’est ni
une surprise, ni une première. Voilà
près de vingt ans que l’homme se
présente à tous les scrutins. Sa progression dans les urnes est lente
mais constante. Aux cantonales de
2004, Yannick Kérignard arrivait
devant Henri Bénéat avec 31,65%
des voix contre 24,48%.
L’objectif de cet actuel conseiller
municipal d’opposition réside
dans la création d’une liste « avec
des gens corrects pour réaliser
une politique concrète ». « Je ne
veux plus employer des grands
mots pour le plaisir de charmer les
Les patrons de l’UMP ne prendront
«jamais
le risque d’une triangulaire »
Un responsable de l’UMP
seiller municipal d’opposition.
Le jeune représentant de l’Union
européenne de cyclisme à l’Union
cycliste internationale est très
impliqué dans la vie sportive.
Selon nos informations, il serait
également en « très bonne position » pour s’emparer de la présidence nationale de la Fédération
française de cyclisme. De quoi
asseoir une certaine légitimité.
Autre point fort : « l’éventuel futur
candidat » dispose du soutien discret d’Yves Borius et de l’appareil
UMP. Pourtant David Lappartient
entretient encore le suspens.
Ainsi, il se défend de vouloir prendre la tête d’une liste de droite…
tout en reconnaissant « que la
constitution d’un groupe issu de
l’ancienne majorité fait l’objet
d’une réflexion. Rien n’est encore
définitif, rien n’est fait mais nous
réfléchissons à la réunion d’une
équipe solide et élargie ».
Autre candidat « catalogué » à
droite depuis les dernières canto-
électeurs. Je souhaite inscrire ma
politique dans le quotidien », livre
Yannick Kérignard.
Et la gauche dans tout ça ?
A gauche aussi, les manœuvres
ont discrètement commencé.
Début février, une réunion « informelle » s’est tenue à Sarzeau. Elle
regroupait les leaders de la gauche. Une gauche « en lambeaux »
de l’aveu même de certains de
ses membres après les municipales de 2001. « On ne fera pas les
mêmes bêtises qu’aux dernières
élections », martèle Guy Tourreau,
leader du PS dans la presqu’île.
Pas question de réitérer ce qui
avait conduit à l’éparpillement
des forces en 2001.
Pour 2008, l’objectif est donc
de dresser une liste unique qui
réunirait les formations de Didier
Goupil, représentant Verts-UDB,
avec le PS et le Parti communiste. « Aujourd’hui, l’idée est
de recoller les morceaux », relate
A deux ans des
municipales, les tractations
ont déjà débuté pour
s’emparer de la place du
maire sortant, Henri Bénéat.
A SAVOIR
R. Joly
Mathieu Le Moine. Simple à dire,
pas facile à faire, si l’on en croit
ce représentant du PC, membre
du conseil municipal : « La dernière fois aussi, tout le monde
était animé par cette volonté de
s’unir. Mais au dernier moment,
ça a raté. Alors j’attends… »
Justement, en attendant, une question trotte dans toutes les têtes.
La gauche peut-elle s’emparer
de la mairie ? Guy Tourreau n’en
doute pas. « Nos scores évoluent
favorablement. Hervé Pellois a
bien accroché aux dernières législatives (37,5%, NDLR). » Le patron
du PS local base également ses
espoirs sur les nouveaux arrivants.
« Ils représentent près de 50% de
l’électorat sarzeautin aujourd’hui,
avance-t-il. C’est une population
politisée qui va créer une nouvelle
donne. » Enfin, Guy Tourreau
attend beaucoup de la division de
la droite. « Si nous arrivons à nous
unir et que l’autre camp présente
trois listes, on a une chance en cas
de triangulaire… »
Un dernier argument, qui doit
Les candidats
peaufinent leur
programme. A
bien y regarder et à
quelques nuances
près, les thèmes de
campagne abordés
seront les mêmes :
l’aménagement du
territoire, l’urbanisme
et la protection de
l’environnement
sont les premiers
points soulevés. Le
logement, l’emploi
et les services à la
personne viennent
ensuite.
cependant être tempéré. « Les
patrons de l’UMP ne prendront
jamais le risque d’une triangulaire, estime un membre du parti.
Il y aura forcément arbitrage ».
Comme ce fut le cas lors des cantonales de 98. Yves Borius avait
été « gentiment » poussé à se
retirer au profit d’Henri Bénéat
qui put ferrailler tranquillement
contre le candidat PS.
Mais l’intervention des patrons
de la droite dans les affaires
sarzeautines ne marche pas
toujours. Yves Borius raconte :
« Aux cantonales de 2004 aussi,
“on” a demandé à Henri Bénéat
de se désister à mon profit, mais
celui-ci a refusé. »
Killian Tribouillard
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MGM/mars 2006
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27
Les grandes entreprises face à la concurrence étrangère
« Miser sur LA RECHERCHE e
Comment faire face à la concurrence
internationale ? Les firmes locales, qui
emploient de nombreux salariés, misent
aujourd’hui sur la valeur ajoutée et la
rationalisation des coûts de production. Une
stratégie de développement qui permet
de se différencier. Mais qui ne sera pas sans
conséquences sur l’emploi.
Par Killian Tribouillard,
François Maumas et Brice Ancelin
(Photos Romain Joly)
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2006
www.mgm-mag.info
F
ace à une concurrence
internationale exacerbée, les responsables
des sociétés vannetaises
faisant appel à une
masse salariale importante estiment « ne pas avoir vraiment le
choix ». Pour rester compétitives,
les grandes firmes doivent produire « mieux, plus et à moindre
coût ». « C’est le défi de la valeur
ajoutée », résume André Mallol,
président de Vannes innovation
promotion expansion (Vipe). Un
avis que semble partager Thierry
Michaud, directeur des usines
Avon polymères (lire p.33) : « L’enjeu d’aujourd’hui est d’utiliser des
techniques plus modernes, plus
sophistiquées pour travailler de
façon plus propre, plus efficace et
plus économique. »
Dans les entreprises, ce discours
est globalement partagé. Pour
éviter toute délocalisation, les
grandes firmes locales s’appuient
E et LE DEVELOPPEMENT »
ressources humaines s’appuie
sur une réserve d’intérimaires
pour mieux s’adapter aux évolutions du marché et garder la maîtrise de ses coûts de production
(lire p.32).
Véritable clef de voûte de cette
politique : les départements
recherche et développement. Ces
derniers réfléchissent à la fois à la
modernisation de la production, à
la création de nouveaux services,
« véritables petits plus à apporter
aux clients ». Enfin, ils travaillent
à la confection de produits de plus
en plus élaborés. Avec un credo :
« La qualité. » « L’intelligence de
déjà « des risques de délocalisation et de recul des emplois industriels sous l’effet, notamment, de
gains de productivité ». Un constat
cependant quelque peu tempéré
par le fait que la Bretagne « soit
l’une des seules régions où l’emploi industriel ait augmenté entre
1993 et 2003 ».
Toutefois, la nouvelle donne
risque de faire évoluer le recrutement des salariés. Ainsi, des
changements apparaissent déjà
dans l’agroalimentaire, secteur
confronté à une crise d’adaptation
et de reconversion. « Alors que les
emplois d’ouvriers ont baissé de
Face à la concurrence, les
entreprises misent sur
leurs services recherche
et développement pour
différencier leurs offres.
Produire plus et à moindre coût
«mais
au service de quoi ? »
Robert Le Blavec (CGT)
sur le savoir-faire de leurs salariés.
Elles investissent également pour
moderniser leurs outils de production. Ainsi, le manufacturier Michelin fonctionne pleinement selon
cette stratégie. En fabriquant des
structures radiales, il élabore des
produits de haute technicité. Grâce
à la modernisation de ses lignes de
montage, le géant du pneumatique a doublé sa production depuis
1972 en employant moitié moins
de salariés. Enfin, sa direction des
production devient peu à peu la
clef de cette dernière », explique
André Mallol qui estime que « les
pôles de compétitivité récemment
créés permettront peut-être de
répondre en partie à ces objectifs
de qualité et de technicité ».
Ces deux derniers objectifs
semblent aussi pleinement intégrés par la société Evialis (exGuyomarc’h). Le nutritionniste
animalier ambitionne, par exemple, de multiplier par trois le budget alloué à ses travaux de recherche dans les années à venir (lire
page suivante). Il a aussi décidé
de développer ses travaux scientifiques et techniques. Principal
but de la manœuvre : différencier
son offre pour se prémunir de la
concurrence étrangère et justifier
ainsi d’éventuels écarts de prix
sur le marché mondial.
Changements dans
les recrutements
Ces stratégies de développement
relativement récentes impacteront-elles sur les emplois ? « Il
est évident qu’il y aura des conséquences », avance André Mallol.
En juin 2005, le Conseil économique et social breton* soulignait
14% dans ce secteur entre 1990 et
2000, les emplois de techniciens
et d’agents de maîtrise d’une
part, d’ingénieurs et de cadres
d’autres part, progressent avec
des hausses respectives de 12%
et 31% », note le Conseil économique et social. L’évolution répond à
« un besoin de compétences plus
spécifiques et d’une plus haute
technicité ». Les emplois qualifiés
et d’encadrement sortiraient donc
grands vainqueurs de cette augmentation du niveau d’exigences
et de savoir-faire appliqué aux
filières, aux méthodes et aux produits de l’entreprise.
Face à ce postulat, qu’en pensent
les syndicats ? A la CGT, on ne se
dit « absolument pas opposé à
la sophistication des moyens de
production du moment qu’elle ne
se fasse pas au détriment des salariés. » « Produire plus et à moindre
coût, pourquoi pas ? », s’interroge
Robert Le Blavec de l’union vannetaise. « Il faut juste savoir au service de quoi… S’il s’agit d’enrichir
les actionnaires, non. »
Les plus gros
employeurs privés
du pays de Vannes
- Crédit agricole du Morbihan
(banque et assurance) :
1 100 salariés*
- Michelin (pneumatiques) :
841 salariés
- Clinique Océane (santé) :
600 salariés
- Doux frais (viandes de
volailles) :
600 salariés**
- Soprat (préparation à base
de viandes) :
400 salariés
- Procanar (viandes de volaille) :
400 salariés
- Carrefour (hypermarché) :
300 salariés
*Chiffre moyen, fin 2005,
intérimaires et CDD compris
**Sites de Pleucadeuc et de
Malansac réunis
(Sources : Insee,service
information Vipe, CCIM)
*Perspectives de l’emploi et du travail en
Bretagne, pour une volonté anticipatrice,
Jean Hamon et Joseph Pennors, Conseil
économique et social de Bretagne, juin 2005
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ECONOMIE
Les grandes entreprises locales
face à la concurrence
PIERRE LEFEBVRE
PDG d’Evialis
« PENETRER d’autres marchés
à L’INTERNATIONAL »
Evialis (ex-Guyomarc’h) est devenue au fil des années une grosse machine. Leader régional en
matière de nutrition animale, cette firme installée à Saint-Nolff compte s’adapter à la nouvelle
donne de son marché. Ses objectifs : produire plus de valeur ajoutée et se développer à l’étranger.
Le Mensuel du Golfe du Morbihan : Quelle
est la situation de votre secteur d’activité aujourd’hui ?
Pierre Lefebvre : « La Bretagne a connu
une croissance très importante pendant
cinquante ans. Elle a longtemps été le plus
gros marché français pour la nutrition animale. Pourtant, depuis 2000, la situation
régionale devient plus négative. Le changement de siècle a marqué un tournant
pour notre marché. Le nombre d’animaux
à nourrir a commencé à baisser. Les tonnages vendus dans la région ont donc suivi.
Les progrès techniques ont accéléré cette
tendance. Aujourd’hui, on nourrit mieux
les bêtes avec moins d’aliments. Enfin,
nous sommes entrés en concurrence frontale avec des opérateurs internationaux,
venus du Brésil et des pays d’Asie notamment. Leur coût de production est plus
faible. Tous ces facteurs entraînent des
changements profonds dans la structure
du marché. »
ternational dans les trois ans. Nous souhaitons multiplier les acquisitions. Notre
but est de pénétrer d’autres
marchés pour qu’ils nous servent de relais de croissance.
Mais attention… nous ne sommes pas dans une logique de
délocalisation. Au contraire,
nous cherchons surtout à
développer les activités de
notre siège social morbihannais. La région
vannetaise est le siège historique du
groupe. Nous y concentrons nos services
administratifs, recherche et développement ainsi que le laboratoire Laréal qui est
en plein essor. »
sommes
«pasNousdansneune
logique de
délocalisation
MGM : Avez-vous fait le pari de miser
sur plus de valeur ajoutée pour faire
face à la concurrence étrangère ?
« Oui… Il est un peu illusoire d’imaginer
que l’on peut se battre à armes égales
avec nos concurrents mondiaux. Nous
MGM : Quelles sont les réponses pour
s’adapter à cette évolution ?
« Au niveau régional, la réponse passe par
la création de Nutréa, née d’un protocole
d’accord entre Unicopa et Evialis en mars.
Cette alliance nous a permis de devenir les
leaders de la nutrition animale en Bretagne
et Pays de Loire. Nous regroupons huit usines qui produisent 1 700 000 t d’aliments
par an. Cette union nous offre aussi la possibilité de rationaliser notre production.
Evialis s’est aussi fixé l’objectif de développer ses travaux scientifiques et techniques. Notre ambition est de multiplier
par trois le budget alloué à nos travaux de
recherche dans les années à venir.
Enfin, la dernière réponse se trouve à l’extérieur de nos frontières. Actuellement,
nous faisons 80% de notre chiffre d’affaires en France. C’est beaucoup trop ! »
MGM : Vous allez délaisser la France ?
« Surtout pas… On ne va pas jeter le bébé
avec l’eau du bain ! Notre objectif est de
développer notre chiffre d’affaires à l’in-
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MGM/mars 2006
2006
devons différencier notre offre en proposant de la qualité. C’est évident… Les éleveurs français qui
survivront seront
ceux qui proposeront plus de qualité
à l’international. Ce
sera l’un des arguments principaux
pour convaincre les
distributeurs et donc pour justifier des
écarts de prix. »
www.mgm-mag.info
»
MGM : Cette hausse de valeur ajoutée
entraînera-t-elle un changement dans
vos modalités de recrutement salarial ?
« Oui c’est un fait… Pour la France surtout.
Il faut cependant relativiser cette situation.
Nos collaborateurs non qualifiés gardent
toute notre confiance. Leur valeur ajoutée,
c’est leur expérience dans le groupe… »
Evialis
Nutrition animale
Siège social : Saint-Nolff
3 260 salariés à travers le monde
250 salariés locaux
Evialis émane de l’entreprise familiale
vannetaise Guyomarc’h, créée en 1954 par
Jean Guyomarc’h. En 2001, Guyomarc’h
devient Evialis. L’entreprise s’organise alors
en trois branches d’activités : nutrition,
international et santé.
Pierre Lefebvre
54 ans, marié
Président directeur général d’Evialis
Diplômé de l’Essec
Recruté par les actionnaires d’Evialis en
mars 2005, Pierre Lefebvre était alors
directeur général adjoint de Limagrain,
une coopérative qui produit des semences
végétales à Clermont-Ferrand. Il a travaillé
au sein de cette société pendant vingt-cinq
ans et « a toujours œuvré dans le secteur
agricole au sens large du terme ».
OLIVIER LANGENFELD
Directeur de la délégation régionale de Stef-TFE
« CONSOLIDER notre POSITION
sur le marché »
Secteur historique de l’économie vannetaise : la logistique. Installée à Vannes depuis la
fin des années 70, l’entreprise Stef-TFE souffre aujourd’hui de sa dépendance à l’industrie
agroalimentaire qu’elle a toujours accompagnée. Aujourd’hui, l’objectif de la société est clair :
se consolider sur son marché.
Le Mensuel du Golfe du Morbihan : Quels
sont vos secteurs d’activité ?
Olivier Langenfeld : « Notre principal secteur d’activité est le transport frigorifique
de marchandises de moins 25°C à plus
15°C. Celui-ci est assuré
par TFE. Nous disposons
également de notre filiale
Agrostar. Elle propose
des systèmes de gestion informatique pour
apporter des solutions
logistiques aux clients de TFE. Notre filiale
Stef effectue des prestations logistiques en
entrepôt pour des produits frais et surgelés
en flux stockés ou en flux tendus. Enfin,
nous disposons d’une dernière filiale,
appelée Tradimar, qui est spécialisée dans
le transport de produits de la mer. »
région. Pourquoi à Vannes ?
« Nous sommes installés à Vannes depuis
la fin des années 1970. A cette époque,
il fallait se positionner en Bretagne.
Nous disposions de nombreux clients
comme la société
Doux. Nous possédions également des
implantations dans
le sud-ouest du territoire… Il nous fallait
donc une ville située
sur l’axe sud-ouest Bretagne. Vannes s’y
prêtait parfaitement. »
Nous n’avons
«aucune
perspective
d’embauche
»
MGM : TFE a été l’une des premières
sociétés de logistique à s’établir dans la
Stef-TFE
Transport-logistique
Siège social : Paris
Vannes est une délégation régionale.
Quatorze sites bretons lui sont rattachés.
Chiffre d’affaires : 38 millions d’euros en 2004
Nombre de salariés :
11 000 en Europe
1 600 en Bretagne
600 dans le Morbihan
280 à Vannes
Olivier Langenfeld
36 ans, marié, deux enfants
Directeur de la délégation régionale vannetaise
Stef-TFE
Olivier Lagenfeld dispose d’une maîtrise en
sciences économiques et gestion, décrochée
à Bordeaux. Il passe par la suite un master en
logistique avant d’intégrer la société Ikéa. Il
y restera quatre ans. Il travaille ensuite chez
Siemens pendant trois ans, avant d’être directeur
adjoint de TFE en 2000 à Tours. Il devient
directeur de l’agence de Vannes en 2004.
MGM : Votre développement semble
donc intimement lié à l’histoire de l’industrie agroalimentaire…
« C’est le cas. Nous avons accompagné
l’émergence de la filière agroalimentaire bretonne. Aujourd’hui, nous détenons encore 50% des parts de marché
de la filière carné (volaille, traiteur,
etc, NDLR). »
MGM : Cette situation n’a-t-elle pas
créé une dépendance entre TFE et
l’agroalimentaire ?
« Il convient d’abord de préciser le contexte actuel. Les industries bretonnes de
l’agroalimentaire sont les clientes de TFE.
Mais ce secteur connaît des difficultés…
Il est chahuté. Donc quand ce secteur ne
va pas bien, nous n’allons pas bien non
plus… En plus, nous devons faire face
à une concurrence importante. Nous
ne sommes pas seuls sur le marché en
Bretagne. Enfin l’augmentation du prix
du gazole apparaît aussi comme un frein
majeur à notre développement. »
MGM : Quelles sont les perspectives
pour votre entreprise ?
« Vu la conjoncture, notre priorité est de
consolider notre position, plutôt que de
chercher à nous développer. A l’avenir,
nous souhaitons tout de même prendre
une place sur le marché du sucré et de
la conserve… »
MGM : Quelle sera votre politique salariale ?
« Pour l’instant, nous n’avons aucune perspective d’embauche, ni de licenciement. Je
vous le disais, nous préférons consolider
notre position sur le marché, plutôt que nous
développer. Il n’est donc pas prévu d’embaucher ou de licencier du personnel. »
MGM : Et en termes d’innovation ?
« Notre service recherche et développement travaille sur la mise en œuvre d’outils
spécialisés pour la gestion de l’information
et des prestations. Il s’agit, par exemple,
de proposer à des industries travaillant
dans le secteur du poisson, des logiciels
spécifiques qui leur permettent de gérer
leurs stocks et leurs livraisons. »
MGM/mars 200
2006
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31
ECONOMIE
Les grandes entreprises locales
face à la concurrence
GILLES MICHELET
Directeur de Michelin Vannes
« Notre AVENIR sera lié à
des efforts de PRODUCTIVITE »
Michelin, leader mondial des pneumatiques. Depuis son installation en 1963, l’usine de Vannes n’a
jamais produit une roue. Le site vit un « grand coup de jeune » marqué par de nombreux départs en
retraite. Son directeur ne cache pas le besoin de faire « toujours mieux et moins cher ».
Le Mensuel du Golfe du Morbihan : Que
fabriquez-vous sur le site industriel
de Vannes ?
Gilles Michelet : « Notre travail, c’est la
fabrication des squelettes des pneumatiques. Nous faisons donc du tréfilage et
du traitement de surface. Nous fabriquons
aussi les tringles qui
permettent le maintien
du pneu sur la jante.
Ici, nous recevons du
fil de 5 mm de diamètre et nous l’amenons
en quatre étapes à 0,23 mm. Environ 60%
du métal brut arrive par voie ferrée, le
reste par poids lourds. Beaucoup d’habitants pensent que notre usine produit des
pneumatiques, mais on fait justement ce
qui n’est pas apparent. »
génération des papys-boomers, beaucoup
de départs en retraite ont eu lieu. Cela
nous a donné un coup de jeune. De 2002
à 2004, il y a eu un renouvellement de 250
personnes, 80 ouvriers en 2005. En 2006,
l’usine va ressentir encore ce mouvement,
mais dans une moindre mesure.
Nous avions engagé
des intérimaires
face à un surcroît de
production en 2005.
Nous avons transformé quelques-uns
de ces contrats en CDI en 2005. Mais le
marché étant plus calme, nous n’avons pas
repris toutes les personnes. Aujourd’hui,
ils sont environ cinquante. »
«deUn250renouvellement
personnes
entre 2002 et 2004 »
MGM : Quels sont vos principaux clients ?
« Michelin à 100%. »
MGM : Comment gérez-vous les départs
en retraite de vos opérateurs ?
« C’est vrai qu’il a fallu transmettre le
savoir-faire de ceux qui partaient. Les opérateurs ont réussi à léguer cette précieuse
MGM : Comment se déroule la production du site de Vannes ?
« Nous travaillons en trois-huit, sept jours
sur sept et 365 jours par an, hormis les
jours fériés. Notre effectif se compose de
800 personnes environ, dont 10% d’intérimaires. Il y a 100 postes de cadres, de
techniciens, mais la grosse majorité des
salariés sont des agents de production,
environ 700.
Nos agents sont responsables de leur
machine. L’usine ne marche pas sur le
système de la chaîne. Chacun veille à ce
qu’il produit. »
MGM : En décembre 2005, la CGT a
dénoncé le départ de nombreux intérimaires ?
« Nous avons un effectif global de 710 à
720 CDI. Cependant, l’usine est dépendante du marché européen du poids
lourds. Nous adaptons donc nos effectifs
aux besoins du marché. Nous fabriquons
ici des produits très complexes, qui
demandent un très bon savoir-faire des
ouvriers. Ces dernières années, avec la
32
MGM/mars 2006
2006
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expérience. On s’est toujours battu pour
être les plus performants. C’est encore
plus vrai avec l’arrivée des jeunes. Ils
développent une adaptation plus simple
aux évolutions de leur poste de travail.
Et la performance de l’équipe permet de
rester compétitif. »
MGM : Quels sont les projets au
niveau local ?
« C’est une période importante en termes d’investissements. On travaille dans
l’industrie automobile : c’est très concurrentiel. Notre avenir sera lié à des efforts
de productivité et de réduction de coût.
Nous venons d’investir dans un nouveau
bâtiment de 2 000 m² dédié à suivre les
attentes des clients du groupe, notamment sur les normes de qualité. Notre
site est performant et il doit l’être encore
plus pour contrer nos concurrents comme
Bridgestone ou Pirelli. »
Michelin France
Manufacture de pneumatiques
Siège social : Clermont-Ferrand
127 000 salariés à travers le monde,
25 000 en France
Site de production de Vannes créé en 1963
Superficie : 17 ha
Métier : tréfilage et traitement
de surface de métal
Nombre de salariés : 710 à 720 CDI
Longueur d’assemblage fabriqué par an :
250 fois le tour de la Terre
Gilles Michelet
52 ans, marié, 4 enfants
Directeur de Michelin Vannes
Ingénieur
Gilles Michelet est un fidèle du groupe
Michelin. Il y travaille depuis 21 ans. Il a
commencé au siège de Clermont-Ferrand
au département de recherche sur les
pneumatiques et responsable du bureau
d’étude de la sécurité. Il devient directeur de
l’usine vannetaise en janvier 2002.
THIERRY MICHAUD
Directeur des usines Avon polymères
« Travailler de façon plus
EFFICACE et plus ECONOMIQUE »
Avon polymères (ex-Tabur) s’est installée à Vannes dans le sillage de Michelin. Après avoir
construit des planches à voile et des bateaux, le site produit aujourd’hui des pièces de
caoutchouc et de silicone pour l’automobile. Face à la concurrence internationale, Avon
polymères doit utiliser des techniques de plus en plus sophistiquées.
Le Mensuel du Golfe du Morbihan : Quelles
sont les activités de votre entreprise ?
Thierry Michaud : « En France, la production de notre entreprise s’axe essentiellement sur le secteur automobile. Celui-ci
représente 98% de notre chiffre d’affaires.
Nous produisons des pièces de caoutchouc et de silicone pour des industries
automobiles comme Renault, Toyota, PSA,
BMW, etc.
Avon Rubber, notre groupe international, travaille aussi principalement pour
l’industrie automobile mais
également pour le secteur
laitier. Nous fabriquons des
branchements de trayeuse ou
encore des joints, par exemple. Enfin le groupe œuvre
dans le domaine de la défense. Nous fabriquons des masques à gaz ou des chenilles
de tanks. »
production. Il s’étend sur 30 000 m² dont
12 700 m² de bâtiments. »
MGM : Comment se porte votre entreprise ?
« Avon polymères ne connaît pas de difficultés particulières. Cependant, nous
prévoyons la stabilité de notre chiffre
d’affaires. En clair, celui-ci ne progressera pas. Du coup, aucune embauche
n’est prévue. »
MGM : Pourquoi choisir de « stabiliser »
son chiffre d’affaires ?
« C’est un choix de notre part.
Il est notamment guidé par la
conjoncture de notre marché.
Il devient difficile d’acquérir
de nouveaux clients. En outre,
tous les ans, ces derniers négocient une
baisse des prix. Cette baisse est d’ailleurs
Aucune
«embauche
n’est prévue
»
comprise dans les contrats dès le départ.
Si nous ne l’incluons pas, le client refuse
de signer. Notre activité se heurte de plus
en plus à la concurrence internationale. »
MGM : Quelle réponse pouvez-vous
apporter à cette situation ?
« D’un point de vue technique, une nouvelle ligne d’extrusion est prévue (procédé
de fabrication de pièces par écoulement
dans une filière profilée, sous des pressions
très élevées, NDLR). Celle-ci concernera le
silicone. Mais cela ne créera pas d’emploi.
Il s’agit d’un transfert de personnel d’une
ligne à l’autre. L’enjeu d’aujourd’hui est
d’utiliser des techniques plus modernes,
plus sophistiquées pour travailler de façon
plus propre, plus efficace et plus économique. C’est le défi qui nous est lancé. »
MGM : Comment s’organise votre groupe ?
« La principale usine française se situe
à Vannes. C’est aussi la maison mère
d’Avon polymères. Nous disposons d’un
bureau commercial à Paris et d’une
seconde unité de production à Beaulieulè-Loches (37). Elle emploie 36 salariés.
Avon polymères France est la filiale
du groupe Avon Rubber, qui possède
d’autres filiales aux USA, au Mexique,
au Royaume-Uni, en Allemagne, en
Tchéquie, au Portugal, en Espagne, au
Japon et en Inde. »
Avon polymères France
Construction de pièces de caoutchouc
et de silicone
Chiffre d’affaires 2004 :
36,6 millions d’euros
Nombre de salariés :
361 à Vannes
400 en France
4 280 dans le monde
Thierry Michaud
37 ans, marié, trois enfants
Directeur des usines vannetaises
d’Avon polymères
Thierry Michaud dispose d’une
formation d’ingénieur. Il a passé six ans
chez Valéo et trois ans chez Inoplast
en Ardèche. Il travaille depuis 2003
chez Avon polymères France. D’abord
directeur de production, il devient
directeur d’usines en juin 2004.
MGM : L’installation de votre société à
Vannes résulte-t-elle d’un choix délibéré ?
« Disons plutôt d’un concours de circonstances. Le but n’était pas de s’implanter
en Bretagne en particulier. La société Bic
(ex-Tabur caoutchouc, NDLR) revendait son
établissement. Cette vente nous a offert
l’opportunité de venir ici. C’était l’occasion
de compléter l’activité d’Avon polymères,
en s’ouvrant sur le silicone. Aujourd’hui,
nous disposons d’un site adapté à notre
MGM/mars 2006
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33
ECONOMIE
Les grandes entreprises locales
face à la concurrence
HUBERT BRICHART
Directeur général de la caisse régionale du Crédit agricole
« Quand le MORBIHAN va bien,
le CREDIT AGRICOLE va bien »
Doyenne des entreprises privées du Morbihan, le Crédit agricole se situe aujourd’hui
dans un secteur en pleine vitalité : la banque. Un domaine d’activité dopé par le marché
de l’immobilier, particulièrement prisé dans la région.
Le Mensuel du Golfe du Morbihan :
Comment se porte votre entreprise
aujourd’hui ?
Hubert Brichart : « Il faut d’abord noter
que le Crédit agricole (CA) fêtait ses
100 ans le 24 mai 2004. C’est la plus
vieille entreprise privée du Morbihan. La
caisse régionale a été créée à Pontivy en
1904. Le CA du Morbihan a la chance de se
trouver dans un département qui se porte
bien… qui est dynamique. La population y
augmente… Quand le Morbihan va bien, le
Crédit agricole va bien. »
MGM : L’agriculture était le « fief » de
votre groupe bancaire. Aujourd’hui
vous semblez ouverts à tous les autres
domaines d’activités.
« Effectivement… Nous continuons à
accompagner l’agriculture. Mais il y a
d’autres secteurs dans lesquels nous sommes compétitifs : l’immobilier et le bâtiment. Nous sommes d’ailleurs les leaders
sur ces marchés. »
MGM : Comment intervenez-vous dans
ces domaines ?
« La moitié de notre activité est orientée
vers le crédit… les prêts bancaires. Il s’agit
surtout d’aider les particuliers à financer
leurs projets immobiliers. Ce domaine
d’activité est en expansion. Nous sommes
confrontés à un phénomène assez récent
qui a contribué à le doper. Les gens changent de plus en plus d’habitat. On passe
d’un premier appartement à un second,
puis à une maison, etc. La durée moyenne
de possession d’un bien immobilier s’est
raccourcie. Elle se situe actuellement à
sept, huit ans. Cette évolution est d’ailleurs
confortée dans le Morbihan qui est un
département d’investisseurs massifs.
Outre l’immobilier, nous disposons également
d’un secteur dédié aux assurances pour les
personnes et pour les biens. Nous avons aussi
récemment créé un domaine de “services”. »
MGM : Qu’englobe-t-il ?
« Nous essayons de faciliter la vie de nos
34
MGM/mars 2006
2006
clients dans le monde de l’argent… Nous
proposons des services annexes dédiés au
fonctionnement d’un compte, à la sécurité
de paiement, etc. Ce domaine regroupe
aussi tout ce qui a trait aux évolutions
technologiques. Notamment les consultations de comptes par Internet… Il y a un
rité. Nous menons une course de vitesse
avec les fraudeurs pour mettre en place
des barrières. »
MGM : Vous êtes l’un des plus gros
employeurs du département. Comment
va évoluer votre politique salariale ?
« Le CA embauche régulièrement. Nous sommes
pourtant dans une phase
d’embauche faible. L’effectif est stable car il y a
peu de départs en retraite. Nous salarions
environ vingt nouvelles personnes par an.
Ce chiffre devrait cependant doubler vers
2008-2009. Nous passerons donc à quarante, voire cinquante, personnes embauchées annuellement. Cette tendance est
due à l’évolution démographique du pays.
Notre politique de ressources humaines
doit coller à celle-ci. »
Nous sommes pourtant dans
«une
phase d’embauche faible
marché émergeant important qui se développe via le web. »
MGM : Il s’agit ici d’un service de recherche et développement ?
« Il n’y a pas de centre de recherche et
développement propre à la caisse du
Morbihan. L’ensemble des caisses régionales travaillent conjointement dans ce
domaine. Mais nous portons l’innovation
essentiellement sur Internet et sur la carte
bancaire. Notamment en termes de sécu-
Crédit agricole
Banque-assurance
- Encours de collecte 2004 dans le Morbihan :
6 900 millions d’euros
- Total des crédits alloués aux Morbihannais en 2004 :
4 400 millions d’euros
- Nombre de salariés : 850 à Vannes,
1200 salariés dans le Morbihan, 4 700 en Bretagne
- Le CA est un groupe uni et décentralisé, dont
l’organisation repose sur les 2 629 caisses locales
regroupées en 42 caisses régionales. Au 31/12/03,
celles-ci détenaient 52,38% du capital de CA SA, tête de
réseau du groupe. La Fédération nationale est l’instance
de concertation du Crédit agricole.
Hubert Brichart
55 ans, marié, huit enfants
Directeur général du Crédit agricole du Morbihan
« Je suis un pur produit CA. » Après l’obtention d’un
diplôme d’ingénieur en agriculture et un 3è cycle en gestion
d’entreprise, Hubert Brichart rejoint le Crédit agricole dans
la Nièvre. En 1997, il devient directeur général adjoint avant
d’intégrer la Fédération nationale du CA à Paris. Il est nommé
directeur général du CA du Morbihan en 2004.
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MUZILLAC
La petite « campagnarde »
S’AFFRANCHIT
Muzillac bouge, Muzillac change. La bourgade assume pleinement son statut de
chef-lieu de canton. A 25 km de Vannes, elle en est assez éloignée pour ne pas
en dépendre totalement. A condition de mettre en place un développement
économique cohérent qui viendra compléter un réel dynamisme culturel.
Par Stéphane Lanson
(Photos Romain Joly)
Page de gauche. Depuis
que le centre culturel du
Vieux couvent dispose
d’une saison complète, le
budget alloué à la culture
est passé de 40 000 à
75 000 € en trois ans.
M
uzillac, ça bouge ! »
vingt minutes sont nécessaires
Partisan, le
pour relier Muzillac à la préfeccom mentaire de
ture. La commune surplombe un
Martine Sarreau,
gros échangeur. De l’autre côté
adjointe à l’anide la RN 165 s’étale une grande
mation culturelle de la ville, a
zone commerciale, à cheval sur
du vrai. Fourni en commerces en
la commune d’Ambon. Un peu
tout genre, le cœur de la complus loin, la route flirte avec la
mune s’articule autour de trois
côte. En termes de cadre de vie
places principales et de deux axes
majeurs. Une configuration qui
préfigure sans doute la naissance
d’un véritable centre-ville. Un hôtel
de ville flambant neuf, mitoyen du
siège de la communauté de communes, tout aussi clinquant, et
l’incontournable Vieux couvent,
pour centre culturel, y confèrent la
petite touche de modernité.
Depuis les années 1970, la population de ce « bourg de campagne »
ne cesse de croître. Surtout ces six
dernières années, durant lesquelles Muzillac est passée de 3 805
habitants en 1999 à 4 389 âmes
en 2005 (Insee). « La commune
garde son fond rural mais devient
une petite cité », se plaisent à dire
les commerçants.
Ce développement accéléré,
Muzillac le doit en partie aux
retombées indirectes d’un marché
immobilier de plus en plus tendu
dans la préfecture morbihannaise.
L’installation
d’une
troisième
aussi, on a vu pire. L’océan n’est
agence immobilière courant 2004
qu’à cinq kilomètres…
en est une preuve. « Il y a ici un
« On a tout ici ! », se targue Claude
marché complémentaire à celui
Flohic, président de l’Union des
de Vannes »,
commerçants
estimait
et conseiller
d’ailleurs
municipal.
son respon- Claude Flohic, président de l’Union des commerçants « Nos
servisable Hervé
ces de santé
Bourriaud dans la presse locale.
sont un atout pour une ville de
Les professionnels ne s’y trompent
cette taille. Il ne nous manque
pas. Le chef-lieu du canton dispose
qu’un ophtalmo ! »
d’atouts indéniables pour devenir
La commune est suffisamment
éloignée de Vannes pour ne pas
un nouveau pôle « urbain » entre
en être totalement dépendante en
Vannes et la Loire-Atlantique.
termes de services à la personne,
Pas un dortoir
d’équipements… Ainsi, à l’inverse
Muzillac offre une alternative intédes villes de la périphérie vanneressante aux ménages actifs du
taise qui connaissent le même
pays vannetais en quête de prix
développement, Muzillac devient
moins dissuasifs. En prise directe
une vraie cité, pas un dortoir.
avec la quatre-voies, moins de
Si les communes avoisinantes du
« On a tout ici ! »
littoral vieillissent, le chef-lieu, lui,
rajeunit à vue d’œil. Un Muzillacais
sur quatre est aujourd’hui âgé de
moins de 20 ans. Ce lifting ne suffit pourtant pas à expliquer une
telle animation. Cette vitalité provient, pour beaucoup, d’un tissu
associatif « très actif à Muzillac »
qui a su s’enrichir des nouveaux
arrivants. Ce vivier d’une soixantaine d’associations participe,
notamment, à créer un réel dynamisme culturel.
Armée
culturellement parlant
« Le budget municipal alloué à
l’animation culturelle a doublé. Il
est passé de 40 000 à 75 000 €
en trois ans, depuis que le Vieux
couvent offre une saison complète
de concerts et de spectacles », se
félicitent le directeur de la structure, Thierry Monfort, et l’adjointe
Martine Sarreau.
Pour autant, cette implication
municipale n’a pas éclipsé le
travail de fond des associations,
bien au contraire. « Chaque
manifestation reste portée par
l’une d’entre elles », rappelle
MGM/mars 2006
www.mgm-mag.info
Ci-dessous. Préserver la
qualité de vie de Muzillac
représente l’un des grands
enjeux de la municipalité.
A LIRE
En juin, la commune
va éditer un ouvrage
rassemblant 200
photos anciennes de
Muzillac de 1890 à
1960 environ.
MUZILLAC
Population :
4 389 habitants (41%
de la population de
la communauté de
communes)
Superficie :
3 950 ha
Activités :
31% d’industrie,
18% BTP, 15% services
à la personne
Résidences :
1 553 principales,
203 secondaires
(Insee-1999)
37
SPECIAL MUZILLAC
Thierry Monfort. La volonté
politique n’a fait que s’appuyer
dessus. Ainsi, Théâtr’amuz participe à la programmation du
festival de théâtre. L’association
les Nuits celtes, qui porte déjà le
festival éponyme, participe à l’organisation du concert musique
du monde programmé au Vieux
couvent… Certains représentants
associatifs siègent même au
sein de la commission culturelle
de la municipalité. Si on ajoute
à cela cinéma associatif, studio
d’enregistrement privé… Muzillac
de services. En pleine mutation,
le pays de Muzillac compte sur sa
ville-centre pour s’adapter aux exigences grandissantes de la population et s’épanouir. Comment s’y
prendre ? Le diagnostic des élus
locaux frôle l’évidence : il faut
« mettre en place des actions pour
accueillir les nouveaux arrivants,
apporter les services demandés
et prendre en compte le vieillissement de la population ». Ainsi,
pour anticiper ce vieillissement sur
le littoral, André Pajolec, président
de la communauté de communes,
Garder son identité rurale
paraît bien armée culturellement
parlant. Thierry Monfort estime
qu’il s’agit d’ailleurs d’un « critère déterminant dans le choix
d’installation des jeunes ménages
dans la commune ».
Consommer local
« J’ai été surprise de constater un
tel dynamisme culturel pour une
petite bourgade ! J’y ai noté un
esprit de modernité et une mentalité plus ouverte qu’à Vannes. »
Les impressions livrées par cette
femme d’une trentaine d’années,
médecin généraliste vannetais qui
effectue un remplacement dans
la commune voisine d’Ambon,
semblent en attester : si Muzillac
tient à garder son identité rurale,
elle accepte son développement
et s’ouvre aux nouveaux venus.
Prouvant ainsi qu’ouverture et
ruralité n’ont rien de notions forcément contradictoires. Depuis
une décennie, la « foire bio »,
devenue « institution » dans le
département, le démontre. Les
Muzillacais ont de réelles considérations environnementales et
le font savoir (lire page suivante).
Pour bien grandir, la commune
doit encore se structurer durablement en termes d’équipements,
En haut. Avec son centre culturel,
son studio privé, ses nombreuses
associations, la ville n’a pas à rougir de
son dynamisme culturel.
Au centre. Malgré son urbanisation,
Muzillac tient à garder son côté « ville
de campagne ».
En bas. La commune est suffisamment
éloignée de Vannes pour ne pas en être
totalement dépendante en termes de
services à la personne, d’équipements…
38
MGM/mars 2006
2006
www.mgm-mag.info
préconise de « mettre l’accent sur
les logements en direction des
personnes âgées » et de rester
« attentif aux services de santé
existants ». A contrario, la municipalité muzillacaise se doit d’assumer son coup de jeune. Dans
cette optique, deux gros projets
du mandat sont déjà bouclés : la
Maison de l’enfance et la rénovation de l’école des Poulpikans.
Mais c’est surtout sur le développement commercial du pays de
Muzillac que l’effort est porté.
Le président Pajolec n’a qu’une
idée en tête : « Eviter la fuite de
la population résidante vers les
pôles commerciaux vannetais.
Pour cela, il faut donc développer
des zones commerciales intercommunales, telle que la zone
Espace littoral. Celle-ci doit encore
offrir des biens d’équipements
pour la personne (habillage…)
et l’habitat (mobilier…). Tout en
prenant garde à ne pas déséquilibrer les commerces du centre
de Muzillac. » En filigrane, l’enjeu
est double : créer de l’emploi bien
sûr et encourager les Muzillacais à
consommer local. Ce n’est qu’à ce
prix que la commune et son pays
pourront s’affranchir totalement
du pays de Vannes et constituer
ainsi un nouveau pôle « urbain ».
Le pays de Muzillac compte
aujourd’hui six communes pour
plus de 10 000 habitants. Son
président André Pajolec, lui, a
le rêve un peu fou d’une communauté de communes élargie
avec Damgan, jusqu’à La RocheBernard, où résideraient quelque
« 35 000 habitants ». Pourquoi
pas, après tout.
RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT
Les
MUZILLACAIS
Avec une institution, la « foire bio », et un projet
audacieux de six éoliennes, Muzillac joue les
premières de la classe en matière d’environnement
dans le département. De quoi faire grimper la cote de
popularité du maire Joseph Brohan, lequel « en a bien
conscience », ironisent ses détracteurs.
leçons !
donnent des
A
Valorem
l’instar de Saint-Nolff dans
le pays de Vannes, Muzillac
fait beaucoup pour l’environnement. Au point de faire
figure de première de la classe
dans le Morbihan. La petite commune rurale n’hésite pas à prendre les devants et à multiplier les
initiatives. Un esprit écolo insufflé
par le monde associatif et relayé
par une volonté politique.
Hier, la « foire bio »
Tout a commencé par un pari : la
« foire bio ». « A l’origine, il y a
plus de onze ans, elle était portée
à bout de bras par les associatifs,
surtout les jeunes. Puis la municipalité a apporté son soutien à
ce rendez-vous, sans pour autant
s’afficher écologiste », rappelle
Jean-Paul Le Bihan, président de
l’association Terre en vie qui organise en grande partie la manifestation. A l’image de Jean-Paul, les
agriculteurs bio de la commune
(qui compte
une petite
dizaine d’exploitations
de ce type)
se sont bien
évidemment retrouvés dans ce
projet. Résultat quelques années
plus tard : cette foire est la plus
importante du genre dans le
département. Elle devient une
« petite institution », une grande
messe qui sensibilise au développement durable (produits
bio, énergies renouvelables et
construction écolo…). Pour son
dixième
anniversaire,
5 500
personnes y assistent. Pour la
onzième édition en 2005, la fréquentation dépasse les 7 500.
Organisateurs et bénévoles ne
comptent pas s’arrêter là. Au menu
de la prochaine édition : « Le ren-
forcement du pôle habitat écologique. » Jean-Paul Le Bihan projette
aussi de « créer d’autres animations pour prolonger ce travail
d’information toute l’année. Sans
oublier la sensibilisation au manger bio auprès des scolaires ».
Demain, la fée éolienne
Cet esprit écolo est rapidement
repris dans le discours municipal. Mais, aujourd’hui, la mairie
agit aussi. Six
éoliennes
de
111 m de haut
verront le jour
en 2007. En
septembre dernier, l’avis de l’enquête publique
est favorable. Sur 41 observations
d’habitants, on compte seulement
trois réfractaires. Un plébiscite. Le
19 janvier, la Commission des sites
donne également son feu vert.
Pourtant, bien que favorables au
projet, des détracteurs évoquent
« l’opportunisme politique » de
Joseph Brohan. Pourquoi ? L’éolien
est son cheval de bataille et il ne
manque pas de le rappeler dans
la presse locale. On parle surtout
de Muzillac. Néanmoins, deux
autres projets existent aux alentours. D’ailleurs celui d’Ambon,
la commune voisine, comptera
6 éoliennes
de 111 m de haut
verront le jour en 2007
aussi six unités (l’enquête publique n’était pas encore terminée
lors du bouclage de cette édition).
Ici, les éoliennes culmineront à
121 m. Mais c’est surtout en termes d’énergie produite rapportée
à la population que la municipalité
ambonnaise frappe un grand coup.
Les six éoliennes de Muzillac pourront alimenter en énergie 10 000
personnes pour une population
d’environ 4 500 habitants tandis
que celles d’Ambon pourront
en « arroser » 10 000 alors que
la commune compte seulement
1 500 habitants !
Cette critique qui voudrait que
son projet soit un « faire-valoir
politique », Jo Brohan la rejette
habilement : « Communiquer est
indispensable pour répondre aux
interrogations des gens. » Reste
que certains environnementalistes
considèrent que Muzillac n’est pas
si en avance sur le plan écologie.
Ils regrettent par exemple que
la nouvelle mairie, inaugurée en
2005, n’ait pas été construite aux
normes Hautes qualités environnementales (HQE). C’est sans compter l’aplomb du maire : « Cela reste
onéreux. On a aussi préféré avoir
du recul sur une première expérience intercommunale avec l’école
Nicolas Hulot de Branféré. »
MGM/mars 2006
www.mgm-mag.info
Comme le suggère
ce photo-montage,
l’A82 sera bientôt
encadrée par un
champ d’éoliennes à
hauteur de Muzillac.
39
SPECIAL MUZILLAC
JOSEPH BROHAN
« VOLONTARISTE
Plus
qu’
interventionniste »
Joseph Brohan, maire sans étiquette de Muzillac mais conseiller général divers
droite, entretient le flou sur son identité politique. Libéral, il se veut aussi partisan
de l’éolien, voire écolo averti. Les casquettes, il les collectionne. Jo, comme il se
fait souvent appeler, cultive son art de la communication.
Le Mensuel du Golfe du Morbihan :
Comment expliquer l’attractivité
grandissante de Muzillac ?
Joseph Brohan : « Sa situation géographique : à trois-quarts d’heure
de Nantes, trente minutes de SaintNazaire et quinze de Vannes… »
MGM : Son dynamisme culturel
aussi ?
« La culture fait partie du quotidien de nos citoyens. Je me bats
contre la concentration de l’offre
dans les grandes villes universitaires. Je refuse que les zones rurales restent un désert culturel. »
J. Brohan
17 janvier 1945.
Naissance à Malansac
de parents agriculteurs
1957. Fait ses études
secondaires à Ploërmel
Septembre 1970.
Devient conseil en
comptabilité et fiscalité
puis en droit du travail
auprès du Syndicat des
artisans, à Vannes
1983. Devient
conseiller municipal à
Muzillac
1989. Elu maire de
Muzillac
1995. Elu conseiller
général
2001. Devient
président de la Sagemor
MGM : L’urbanisation n’altèret-elle pas l’identité rurale de la
commune ?
« On ne peut pas s’opposer à la
nature des choses. Par contre, on
a un devoir : préserver la qualité
de vie. »
MGM : Comment gérez-vous les
contraintes liées à la pression
foncière ?
« Nous menons une politique
volontariste de l’habitat. A
Parc-Guen, un programme de
18 lots destinés aux jeunes couples pour 50 € du m² contre plus
de 100 € au prix du marché. Nous
prévoyons aussi une grande zone
d’aménagement concerté du côté
de Bourg-Pol qui comprendra
90 lots dont une quinzaine en
accession à la propriété, une trentaine en primo-accédants… »
MGM : Quelles sont
réserves foncières ?
40
MGM/mars 2006
2006
www.mgm-mag.info
vos
« 12 ha restent disponibles à la
construction selon le Plan d’occupation des sols (Pos) de 2001.
Je ne prévois pas de le réviser.
Une fois au bout, on arrêtera.
Nous réfléchissons à un Schéma
de cohérence territoriale (Scot)
intercommunal. Il serait idiot
de revoir le Pos avant d’avoir
ce schéma. »
MGM : En même temps, vous
semblez coincé dans un territoire de plus en plus étroit.
Pour développer à l’est, vous
attendez une déviation ?
« Cela fait huit ans que je travaille
sur un contournement est. Il est
surtout nécessaire aux déplacements. On met presque autant de
temps à traverser Muzillac du nord
au sud que pour rallier Vannes.
Cette déviation raccordera l’A82
aux RD 20 et RD 5. L’enquête
publique débute en mars. »
MGM : Vous ne craignez pas
d’être dépassé par la spéculation
avec cette nouvelle desserte ?
« Evidemment, si on multiplie
les sorties tout du long, on se
fera bouffer. »
MGM : Avez-vous un seuil en
termes de population ?
« Si on dépasse les 6 000 habitants, on perdra notre qualité de
vie et d’environnement. »
MGM : Le président André Pajolec
rêve d’une communauté de communes élargie à 35 000 habitants.
Un peu loufoque pour « préserver
la qualité d’environnement » ?
« Ce n’est pas improbable si on
prend en compte les développements d’Ambon ou de Damgan et
que l’on ajoute la population de la
communauté de La Roche-Bernard.
Le Scot nous guidera pour garder
un équilibre. »
MGM : Le développement commercial du pays, autre priorité intercommunale, ne risque-t-il pas de
fragiliser les magasins du centre ?
« Nous travaillons en concertation
avec les associations de commerçants des bourgs. Il faut jouer la
complémentarité, entre zones
commerciales et petits commerces, et limiter les projets qui viendraient concurrencer les enseignes
existantes dans le centre. »
MGM : Sinon, qui dit nouvelle
population dit nouveaux besoins
en équipements et services…
« Nous avons doublé la capacité
d’accueil de la Maison de l’enfance
pour 400 000 €. La rénovation de
l’école des Poulpikans a coûté
1,6 million d’euros mais anticipe
les besoins futurs. L’hôtel de
ville, lui, revient à 900 000 € dont
287 000 € de subventions. Dans
l’ancien, la secrétaire travaillait au
grenier. Il faut le savoir. »
MGM : Ces grands travaux
ne gèlent-ils pas la capacité
d’investissement ?
« L’investissement courant va se
poursuivre. Les autres projets
attendront. Nous devons prévoir
le remplacement de la salle des
Acacias (qui sert au karaté, à la
danse… NDLR)… »
MGM : Elle est complètement
obsolète.
« Oui, mais elle nous rend encore
service. Pour une nouvelle salle
polyvalente, il faudra attendre
deux ou trois ans. »
MGM : Pour beaucoup, vous restez
insondable politiquement. Certains de vos conseillers vous considèrent de « sensibilité de gauche » alors que vous êtes étiqueté
divers droite au conseil général et
proche de François Goulard ?
créer de la valeur ajoutée. Il
n’empêche que je n’approuve pas
le concept de Mac Donald’s. Je
pense aussi être plus volontariste
qu’interventionniste. »
MGM : Des détracteurs y voient
plutôt un sens de l’opportunisme politique. Vous n’auriez
fait que suivre l’avis de la majorité de la population ?
(il bafouille) « Non… cette prise
de position est cohérente avec le
projet éolien ou ma déclaration
contre les OGM. »
MGM : Droite, gauche… c’est
selon le pied avec
lequel vous vous
levez. Vous entretenez le flou et tout le
monde vous aime !
« L’important n’est pas là. Mon
conseil, par exemple, rassemble
des sensibilités très diverses
mais chacun donne son opinion.
Nous sommes constructifs sans
opposition. »
« Je connais mes limites »
« Mon engagement, je le vois
comme une mission de service. Je
donne la priorité à la personne, à
l’équité. Mais je reste libéral. »
MGM : Votre opposition en 2004 à
l’implantation d’un Mac Donald’s
interpelle. Cet interventionnisme
est loin des doctrines libérales
de vos « amis politiques » ?
« Laissons les chefs d’entreprise
MGM : Pourquoi avez-vous
refusé de suppléer François
Goulard à la députation ?
« Je connais mes limites. Je suis
plus utile dans mes fonctions
actuelles que dans ce rôle. »
MGM : Vos multiples casquettes
(lire ci-contre) ne nuisent-elles
pas déjà à votre implication ?
« Attention, ce n’est pas le même
niveau d’engagement pour chacune. Seules mes fonctions de
maire, de conseiller général et de
président de la Sagemor demandent
un investissement quotidien. »
MGM : C’est déjà pas mal mais
vu votre « pedigree » (âge, expérience et relations), certaines
sources verraient bien s’ajouter
sur le dessus de la pile : président du conseil général ?
« Je considère que chaque engagement doit répondre à une
envie et je n’en ai aucune dans ce
domaine. Mes fonctions actuelles
suffisent à mon bonheur. »
MGM : Vous n’y pensez même
pas en vous rasant ?
« Du tout. (il s’arrête, réfléchit
deux secondes puis sourit) Et il ne
faut pas oublier la vie de famille.
D’ailleurs, je ne me rase pas ! »
MGM/mars 2006
www.mgm-mag.info
Président du conseil
général ? « Je n’ai aucune
envie dans ce domaine. »
Ras la casquette !
Liste non-exhaustive
des diverses activités et
casquettes de Jo Brohan
Maire de Muzillac
Vice-président de
la communauté de
communes
Conseiller général
Président de
la commission
infrastructures
et aménagement
du territoire du
Département
Président de la
Sagemor
Président du Syndicat
de tourisme
Rhuys-Vilaine
Président du Comité
d’estuaire de la Vilaine
Président de la caisse
locale du Crédit agricole
41
CULTURE
MIOSSEC ET CALI REUNIS DANS UN LIVRE
ROAD-MOVIE
en compagnie de deux
« joyeux désespérés »
Miossec le Breton et Cali le Perpignanais. Deux frères de chansons, qui disent tout sur un ton rock, sont réunis
dans un livre d’entretiens et de photos réalisé par un trio de passionnés. Un coup de cœur loin du coup d’épée
dans l’eau, raconté par Grégoire Laville, co-auteur, journaliste et Pluvignois.
“journaleux” qui se prennent
trop la tête avec ça. »
R. Joly
Le Mensuel du Golfe du Morbihan :
Comment est née l’idée de
ce livre ?
Grégoire Laville : « C’est un
coup de cœur, presque un rêve…
La réussite de ce projet émane
d’une succession d’heureuses et
multiples coïncidences. Miossec
et Cali étaient deux artistes que
nous
apprécions
beaucoup.
On s’est réunis Yves, Claude et
moi, parce que l’on partageait
ce sentiment. Yves était un ami
d’enfance. Claude, nous l’avons
rencontré par l’entremise d’un
proche d’Yves. »
MGM : Vous étiez un peu « fans » de vos
sujets. Ça n’a pas posé des problèmes
d’objectivité ?
« Fans ? On ne peut pas dire ça. C’est un
peu fort. Nous avons abordé l’écriture de
ce bouquin comme des journalistes : avec
un certain détachement. »
MGM : Pourquoi réunir Cali et Miossec ?
« On trouvait que ces deux artistes avaient
des points communs. Notamment leur
manière de tout dire. On savait aussi qu’ils
s’appréciaient… Mais nous n’avions pas
mesuré à quel point ils étaient amis.
Le premier album de Miossec (Boire,
Cali Miossec Rencontre au fil de l’autre
Le Bord de l’eau
éditions
Par Grégoire
Laville,
Yves Collin
Photographe :
Claude Gassian
En librairie
le 14 mars
168 pages
19 €
42
MGM/mars 2006
2006
MGM : Le concept du livre est
de mêler photos, reportages
d’ambiance
et
entretiens
croisés…
« Les entretiens croisés abordent
leurs débuts, leurs influences
artistiques, leurs rapports à la
scène, le succès, la famille… Les
papiers d’ambiance permettent
aux lecteurs de palper les univers
chers aux deux artistes. Nous
avons souhaité les replonger dans
Jeune journaliste, Grégoire Laville, est co-auteur
leur contexte. Nous avons réuni
de Cali Miossec, Rencontre au fil de l’autre.
Cali et Miossec à Ouessant, l’île
1995, NDLR) a été une révélation pour d’enfance de Miossec ; à Perpignan, lieu de
Cali. Il s’est aperçu qu’il pouvait, lui-aussi, naissance de Cali et à Bruxelles où habite
tout dire dans ses chansons. A contrario, Miossec. A l’arrivée notre livre est une sorte
Miossec estime que Cali est le chanteur le de road-movie… »
plus prometteur du moment. »
MGM : Pourquoi cette volonté de « les
MGM : Cali et Miossec ont des points replonger dans leur contexte » ?
communs, mais il ne s’agit pas de clones « Il nous semblait intéressant de les
confronter à ces lieux qui ont dopé leur
non plus…
« Cali est un type hyper généreux, inspiration. L’escale à Ouessant, par
simple et loquace. Miossec, lui, est plus exemple, nous a aussi offert l’occasion de
concis, plus en retrait,
faire connaissance avec les
plus imprévisible aussi.
amis proches de Miossec :
On a senti un certain
Fifi la Boulange, Dédé la
décalage. Miossec était à
Fleur et les autres. Eux-aussi
son cinquième album. Il a
ont participé à façonner
l’expérience de la scène
l’artiste. L’ambiance
et d’un certain “star
était d’ailleurs assez
system”. Au contraire,
exceptionnelle… partagée
Cali est plus jeune. Il
entre atmosphère potache
découvre la notoriété
et nostalgie propre à tout
avec le succès de son premier album.
retour aux sources. C’est d’ailleurs lors
Ils disposent aussi de culture et de de cette traversée entre Brest et Ouessant
formations différentes. Cali est une que Cali nous a confié avoir puisé la ligne
bête de scène. Il a fait quinze ans de directrice de son second album (Menteur,
bal avant d’exploser. Miossec est plus sorti le 3 octobre 2005, NDLR). »
punk, plus noir. Leur point commun ?
Ils se disent tous deux chanteurs
Propos recueillis par
de variété… et ils n’aiment pas les
Killian Tribouillard
www.mgm-mag.info
est
«plusMiossec
concis, plus
en retrait, plus
imprévisible
aussi
»
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Une semaine dans le Golfe
D.R.
D.R.
AGENDA CULTUREL
Daby
D.R.
Daby Touré, vendredi 10 mars
à Sarzeau, chante les morceaux
composant son album, Diam, en
soniké, wolof et pular.
Susheela
Susheela Raman présente son
dernier album Love trap, samedi
11 mars à Saint-Nolff.
Samedi 11 mars
11 MUZILLAC Prononcez
03 « Lou couar dé la plane »
CONCERT
VANNES Gogol au Palais des arts
Il n’y a de petites aventures sans petits héros. Le destin
d’Akaki Akakiévitch bascule pour un rien… Pour s’offrir un
nouveau manteau, ce fonctionnaire pitoyable se prive de
tout. Adaptée de l’œuvre de Gogol, la pièce Le manteau
oscille entre invraisemblance et réalité. Au Palais des arts,
acteurs et marionnettes se partagent la vedette. Lever
de rideau à 20 h 30. Tarifs : 17 € plein, 15 € réduit, 14 €
famille, 12 € jeune. Renseignements au 02 97 01 62 00.
Vendredi 10 mars
08
03
Du mercredi 8 au jeudi 30 mars
Le Dôme fait honneur aux femmes. Durant un mois, le
cycle Paroles de femmes propose divers événements.
Entre autres : un Salon du livre de femmes le
12 mars, plusieurs expositions dont Les Mariannes
d’aujourd’hui (série de 14 portraits organisée par
Ni putes, ni soumises), une soirée poésie le 8 mars…
Sans oublier, samedi 25 mars, le concert de Françoiz
Breut et Oshen. Tarifs du concert : 16 € plein, 12 €
réduit. Renseignements au 02 97 44 44 66.
SAINT-AVE
Le Dôme laisse
la parole aux femmes
11
03
CONCERT
SARZEAU Deux artistes sinon rien
Double ration de concert à L’Hermine. Pour sa soirée
« musique du monde », le centre culturel décide de
s’entourer de deux grands artistes africains. Le premier,
Lokua Kanza, se révèle être un guitariste surdoué à la
musique caressante. Le second, Daby, est un véritable
prodigue multi-instrumentiste : basse, guitare, batterie,
percussions… Le spectacle débute à 20 h 30. Tarifs :
18 € plein, 15 € ou 10 € réduits.
Renseignements au 02 97 48 29 40.
EVENEMENTS
CONCERT
10
03
Mardi 7, mercredi 8 et jeudi 9 mars
La pièce Le manteau, les 7, 8 et 9 mars à
Vannes, est mise en scène par Alain Mollot.
15
03
LIVRE
THEATRE
07
03
Akaki
Lo còr de la Plana… ou comment entonner le répertoire
occitan de Provence avec modernité. Cinq hommes,
originaires du quartier de la Plaine de Marseille, proposent
au public du Vieux couvent de découvrir des chants
traditionnels agrémentés d’éléments de la culture
marseillaise d’aujourd’hui (raggamufin, groove…).
Ouverture des musicalités à 20 h 30. Tarifs :
10 € sur réservation, 12 € sur place, 6 € réduit.
Renseignements au 02 97 45 64 22.
Samedi 11 mars
SAINT-NOLFF Susheela Raman à la Petite scène
Artiste phare du moment, Susheela Raman débarque
sur la Petite scène. Armée de sa musique riche en
influences, la chanteuse a, pour beaucoup, réconcilié
l’orient et l’occident dans ses différentes compositions.
En première partie, l’artiste Hocine vient nous faire
goûter sa musique empreinte de nombreux accents
orientaux. Ouverture des portes à 20 h 30. Tarifs :
18 € sur réservation, 15 € réduit, 22 € sur place.
Renseignements au 02 97 45 55 09.
Mercredi 15 mars
BRETAGNE « Trop forts les Bretons »
C’est assez rare pour être noté : Ouest-France et
Le Télégramme réunis par un bouquin ! Nono, le dessinateur
vannetais du Télégramme, et Paul Burel, journaliste
à Ouest-France, sortent un livre « Verbatim », intitulé
Trop forts les Bretons. 25 artistes, patrons, politiques,
sportifs (Leclerc, Pétillon, Riguidel et autres Le Cam) ouvrent
les guillemets et se voient croqués par Nono. En librairie le
15 mars aux éditions Ouest-France, 200 pages, 15 €.
. . . E T AU S S I . . .
VANNES. Jeudi 16, mardi 21 et samedi 25 mars. Représentation de la
pièce Risque mortel, au lycée Saint-Paul, jouée par les élèves, à 20 h 30. Tarifs :
6 € plein, 5 € réduit. Renseignements au 02 97 46 61 30.
44
2006
MGM/mars 200
6
www.mgm-mag.info
SARZEAU. Samedi 25 mars. Représentation de la pièce Ubu, d’après Alfred
Jarry, par la compagnie du Nada théâtre, à L’Hermine, à 20 h 30. Tarifs :
12 € plein, 8 € et 5 € réduits. Renseignements au 02 97 48 29 40.
Françoiz
L’égérie de Dominique A,
Françoiz Breut, joue sur la
scène du Dôme de Saint-Avé,
samedi 25 mars, à l’occasion du
cycle Paroles de femmes.
Didier
D.R.
D.R.
Les Wampas, vendredi 31 mars
à Vannes, ont un chanteur
un peu particulier. La nuit,
Didier Wampas a la folie
des concerts punk.
Le jour, il est
salarié à la
RATP.
CONCERT
31
03
CONCERT
31
03
Vendredi 17, samedi 18 et dimanche 19 mars
SAINT-NOLFF
Verkade manie l’absurde
à la Petite scène
Quatre sketchs sinon rien pour la troupe Verkade. Cette
compagnie de théâtre amateur donne sa représentation
annuelle à la Petite scène. Les douze comédiens interprètent
quatre pièces où « l’humour est manié à la limite de
l’absurde », note Eric Lopez, metteur en scène. Attention,
le spectacle, de par son langage, est déconseillé au jeune
public. Trois séances sont prévues : les 17 et 18 à 20 h 30,
le 19 à 15 h. Tarif : 5 €. Renseignements au 02 97 45 47 66.
Vendredi 31 mars Chez nos voisins
LORIENT Mozart est de retour
A force d’en parler, on finirait presque par l’oublier…
Et pourtant, le compositeur Wolfgang Amadeus Mozart
est né il y a 250 ans. Le Grand théâtre lui offre la
soirée. Accompagnés par l’orchestre Virtuosi di Praga,
deux clarinettistes, Michel Portal et Paul Mayer,
rendent hommage au maître de symphonie. Début des
musicalités à 20 h 30. Tarifs : 30 € plein, 16 € étudiants,
22 € ou 14 € réduits, 13 € moins de 14 ans.
Renseignements au 02 97 02 22 77.
. . . E T AU S S I . . .
31
03
THEATRE
THEATRE
17
03
Du jeudi 16 au samedi 25 mars
AURAY Méliscènes tient le bon fil
Les objets prennent vie sur scène… Pour la sixième
année, le centre Athéna organise le festival du théâtre
d’objets et de marionnettes : Méliscènes. Durant dix
jours, les artistes se succèdent sur la scène : Flash
marionnettes, Théâtre la Pire espèce, Théâtre de
l’Echappée, compagnie L’onde d’Icare… Les spectacles
et les formes d’arts présentés sont nombreux.
Renseignements sur les différents horaires et tarifs à
Athéna ou au 02 97 29 03 30.
02
04
CONCERT
FESTIVAL
16
03
D.R.
La compagnie Flash
marionnettes présente sa
version de Pinocchio, les 17
et 18 mars, lors du festival
alréen Méliscènes.
D.R.
Pinocchio
Vendredi 31 mars
VANNES
S’il avait le compte en banque
de Manu Chao…
Amateurs de sensations fortes, cette soirée au Chorus
est faite pour vous. Pour son troisième concert consacré
à la musique actuelle, le service animations culturelles
de Vannes invite trois groupes : les célèbres Wampas
(rock punk), Macka B (reggae) et Kaïwone (art-h-core),
deuxième du Tremplin 2005. Ouverture à 20 h 30. Tarifs
sur place : 16 € plein, 14 € réduit. Sur réservation :
15,60 € plein, 13,60 € réduit.
Renseignements au 02 97 01 62 40.
Vendredi 31 mars
VANNES Feydeau fait dans le vitriol
La compagnie Alter-ego revient avec une pièce de Georges
Feydeau : On purge bébé. L’œuvre, reconnue comme
l’une des plus brillantes de l’auteur comique, ne repose
plus seulement sur le vaudeville. Elle dépeint au vitriol la
médiocrité de certains caractères. La représentation a lieu
au Carré, le « théâtre de poche » de la troupe (23 rue du
65è RI). Lever de rideau à 20 h 45. Tarifs : 9 € plein, 6 €
réduit. Renseignements au 02 97 66 42 02.
Dimanche 2 avril
VANNES Alain Souchon au Chorus
Après cinq longues années d’absence, « il » revient.
Alain Souchon présente son nouvel album, La vie de
Théodore, au parc Chorus. Fidèle à lui-même, le chanteur
déclame poésie et balades avec cœur et nonchalance.
Début du concert à 19 h. Tarifs : 43 € ou 40 € selon les
catégories (places assises numérotées).
Renseignements au 02 98 47 94 54.
N’hésitez pas à communiquer vos annonces d’événement
à la rédaction. Mail : [email protected]
Tél : 02 97 47 84 74 - Fax : 02 97 47 84 75
PLOEREN. Samedi 1er avril. Festival Loco’motiv’ à la salle du Spi, à 20 h 30. Au
VANNES. Jusqu’au dimanche 2 avril. Exposition des œuvres de Jean Bazaine sur le
programme : Electro deluxe, Akeïkoi from connexion et Slam fils. Tarifs : 14 € sur place, thème de l’eau au musée de la Cohue, aux heures d’ouverture. Tarifs : 4 € plein, 2,50 €
12 € en réservation. Renseignements au 02 97 44 84 48.
réduit, gratuit pour les moins de 12 ans. Renseignements au 02 97 01 63 00.
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MER
EMBARQUEMENT À BORD DU CABOTEUR
FIER comme le TAILLEFER
Fleuron de l’armement des Transports maritimes côtiers à Vannes, le Taillefer III assure une liaison
quotidienne avec Belle-Ile. La quasi-totalité de ce qui est nécessaire à l’économie de l’île passe par ses cales.
Embarquement d’une journée à bord du petit cargo vert à la silhouette familière.
Par Jean-Paul Delessard
(Photos Romain Joly)
9
h 30. Petit matin grisrose sur le port de
Vannes. Sous l’effet du
propulseur, l’étrave du
Taillefer III s’écarte lentement de
son appontement du Pont-Vert et
pointe vers le chenal. Sur le pont,
l’équipage rentre les apparaux
tandis qu’à la passerelle, impassible, Olivier Jean, patron de cette
belle unité en service depuis
18 mois, scrute les marques rouges et vertes du balisage latéral.
Dans ce chenal étroit, dans ces
passages resserrés –devant PortAnna notamment– le Taillefer
paraît disproportionné. Ses quarante mètres de long, ses six
cents tonnes écrasent de leur
masse toutes les embarcations
croisées dans les parages. Un fond
de jusant aidant, le fier cargo de
la TMC (Transports maritimes
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côtiers) pousse sa vitesse à dix
nœuds dès qu’il a viré la tourelle
de Roguedas. La grande paix
hivernale du Golfe n’est qu’à
peine troublée par le passage du
navire. Sans doute parce que ses
machines de plus de six cents
chevaux sont étonnamment silencieuses et qu’hommes et oiseaux
se sont depuis longtemps accoutumés aux rotations quotidiennes
du Taillefer.
Une manœuvre au millimètre
Sous son casque de cheveux
blonds, Olivier Jean a de faux airs
de Roman Polanski. Le patron
suit sa route avec une attention
extrême. Avec le courant descendant, il faut garder de la vitesse
pour rester manœuvrant et donc
anticiper toute apparition de
bateaux ou d’obstacles devant
l’étrave. « En cette saison, on est
rarement gêné, explique Olivier.
L’été, c’est une autre affaire !
Entre les plaisanciers, les vedettes
de tourisme, les pêcheurs et toutes sortes d’embarcation, on se
demande parfois par où passer ! »
Au large de Port-Navalo, on sent
la tension se relâcher. La mer est
désormais ouverte et l’espace
disponible. Olivier en profite
pour confier « la barre » à Didier
Boulch, l’un des trois matelots du
Taillefer. Sur ce navire moderne,
celle-ci a été remplacée par deux
joystick, sorte de petit bâtonnet
de métal de cinq ou six centimètres de haut qu’on pousse du
bout de l’index. A chaque impulsion de quelques millimètres, la
grande machine d’acier répond
dans l’instant.
Le Taillefer effectue entre
Vents portants
pour les Transports
maritimes côtiers
E
Page de gauche. 18 h 50. Après une dure journée, le Taillefer revient au port de Vannes.
Page de droite, en haut. 8 h 40. Du matériel de construction est en cours de chargement à bord du Taillefer.
Ci-dessus. 11 h. Moment de détente et d’attente pour l’équipage à l’approche des côtes de Belle-Ile-en-Mer.
n 1996, Hubert O’Neill rachète
l’ancienne SETMC et fonde l’actuelle
TMC (Transports maritimes côtiers)
dont il est PDG et actionnaire unique.
Le Taillefer II est alors la seule unité
en fonctionnement. En 2001, TMC
rachète le Guédel et assure un nouveau
service en direction de l’Ile d’Yeu. En
2003, Hubert O’Neill commande un
navire neuf, le Taillefer III au chantier
Mécasoud de Saint-Nazaire. Un
investissement de 2,5 millions d’euros !
En juin 2004, le cargo flambant neuf
est baptisé à Vannes par sa marraine,
Elisabeth Allaire, préfet du Morbihan.
Deux autres navires sont régulièrement
affrétés. Ils permettent à la TMC de
desservir la totalité des îles du Ponant et
d’assurer le transport de 80 000 t de fret
tous les ans. Quelques passagers sont
aussi toujours les bienvenus à bord.
La compagnie emploie aujourd’hui 17
salariés et projette, pour le printemps
2006, d’ouvrir une filiale au Sénégal qui
exploitera deux nouveaux navires de
50 m en cours d’acquisition.
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47
MER
trois et quatre aller-retours
par semaine, selon les horaires de marée qui conditionnent
ses mouvements dans le Golfe
comme dans l’entrée du bassin à
flot, quai Fouquet à Belle-Ile. Ce
rythme engendre une certaine
routine mais permet à ses marins,
tous issus de la pêche ou du commerce, de regagner leur domicile
presque chaque soir et chaque
week-end. Bien des équipages
seraient preneurs !
Palettes de parpaings,
ciment en vrac,
portes, fenêtres…
TMC (Transports maritimes
côtiers), Pont de Kerino
56000 Vannes.
02 97 40 76 62.
48
Il arrive toutefois que, pour une
semaine ou deux, le Taillefer desserve l’Ile d’Yeu. Hommes et navire
prennent alors leurs quartiers aux
Sables d’Olonne. Ils ne rentrent à
Vannes qu’en fin de semaine.
11 h. Pas un navire croisé dans
la baie. La mer est vide ce matin.
Passé la Teignouse, on trouve une
petite flottille de côtiers draguant
la Saint-Jacques dans le courreau
de Belle-Ile. Il faut mouiller sur
ancre, au pied de la citadelle,
pour attendre que la hauteur de
la marée dans le port suffise aux
2,50 m de tirant d’eau du Taillefer.
L’équipage en profite alors pour
tâter de la tambouille de Jérôme
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Danet, le Sinagot, cadet du bord.
Vers 14 h 30, la capitainerie du
port avise le navire par VHF*. Il
peut accéder au bassin. Commence alors une manœuvre
au millimètre dans l’avant-port
puis dans le bassin à flot, pas
plus faits l’un que l’autre pour
accueillir des navires d’un tel tonnage. Sitôt passé l’éperon de la
Citadelle, Olivier engage à petits
coups de joystick un mouvement
de retournement du Taillefer afin
de le présenter à la porte de
l’écluse par la poupe.
Chacun est à son poste. L’officier mécanicien, Christophe
Gautier, aux commandes
moteur. A la passerelle, la
tension est manifeste. Pas une
parole inutile n’est prononcée.
Avec une lenteur majestueuse, le
bateau franchit ladite écluse en
marche arrière. Entre ses flancs
et les bajoyers**, il ne reste guère
plus de trente centimètres !
Précieuse assistance
Le bateau à quai, commencent
immédiatement les opérations
de déchargement assurées par
l’équipage. La cargaison du jour
est essentiellement composée
de matériaux de construction :
palettes de parpaings, ciment en
vrac, poutrelles, fosses, portes,
fenêtres, etc. De gros sacs d’engrais, de l’eau minérale et un peu
de nourriture trouvent également
leur place dans les cales. Mais le
plus gros du frais arrive à Belle-Ile
par le courrier de Quiberon.
Dans ses vastes soutes, le Taillefer
reçoit aussi des marchandises agricoles, des carburants, du mobilier,
du gaz, du sable et du gravier en
vrac, des articles de droguerie,
etc. Voire une flopée de sapins de
Noël comme ce fut le cas au début
du mois de décembre.
17 h. Le petit cargo désormais
lège repasse l’écluse, quitte Le
Palais et met le cap au nord-est
sur Port-Navalo. La nuit est déjà
bien noire quand il atteint l’entrée
du Golfe. La remontée jusqu’à
Vannes s’effectue dans l’obscurité
complète. Olivier perce la nuit
du regard. Le patron paraît se
fier davantage à sa connaissance
intime du Golfe qu’à la batterie
d’instruments électroniques dont
il dispose à la passerelle.
Mission accomplie. Une fois encore
le Taillefer III a joué son rôle de
trait d’union entre le continent et la
grande île morbihannaise. Dans les
semaines et les mois qui viennent,
son assistance risque d’être encore
largement sollicitée pour le transport de l’eau dont Belle-Ile manque
de plus en plus cruellement.
*VHF : système de liaison radio entre la
terre et les navires ainsi qu’entre navires
**Bajoyers : murs latéraux d’une chambre
d’écluse
Page de gauche. 12 h. Mouillage au large
du Palais en attendant la marée haute pour
entrer dans le port.
Page de droite, en haut. 14 h 20. Le Taillefer
entre à marée haute dans le port du Palais.
Ci-contre. 15 h 30. La marchandise destinée
au Palais est déchargée.
Ci-dessus. 18 h 20. Le caboteur approche de
l’entrée du Golfe.
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SPORT
LA FAMILLE CLOAREC
Ils se repassent
LA PLANCHE
Ni un loisir, ni même une passion. Chez les Cloarec,
le surf est un véritable art de vivre. Alors que beaucoup
se préparent pour les sports d’hiver, cette famille de
Plouharnel s’apprête, elle, à s’envoler pour la Californie.
L
véranda… Dans cette pièce,
dans la cuisine, dans le garage,
partout… des planches de surf
sont suspendues aux murs et
au plafond. « On doit en avoir
plus d’une vingtaine à la maison », précise en souriant Didier,
le chef de famille. Châtain, les
cheveux longs, taillé comme une
« baraque », cet ancien marin
pêcheur de 43 ans est l’un des
précurseurs de la pratique du surf
dans la baie de Quiberon. « Il y a
24 ans… On s’est lancé là-dedans
avec des copains. On travaillait de
mars à décembre. On partait sur-
R. Joly
eur salon n’a rien d’ordinaire. Chez les Cloarec, à
Plouharnel, le sofa laisse
sa place à de vastes transats. Deux batteries trônent à
côté d’une guitare au centre du
living-room. On a presque l’impression de se trouver dans une
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fer sur les îles le reste du temps.
Mais dans le coin, au début, on
n’était pas très bien compris. »
Dès l’âge de 3 ans
Depuis, les choses ont changé.
Côte sauvage, barre d’Etel, les
bons coins et leurs amoureux
ne manquent plus en baie de
Quiberon. La pratique de la planche se démocratise, en particulier
dans la maison des Cloarec. Le
père, la mère, les deux fils… tout
le monde surfe. « On y va trois
à quatre fois par semaine si on
peut », confie Nathalie, dentiste
et maman. Assise dans la cuisine,
la brunette se souvient comment
elle a été « convertie » au surf.
« J’étais passionnée par la planche
à voile… Un jour, j’ai rencontré
“un” surfeur qui m’a dit : “jamais
je ne mettrai une voile sur mes
planches !” Et je l’ai suivi. » Didier
arbore alors un petit sourire aux
coins des lèvres.
De l’autre côté de la table, Tom,
10 ans, et Nelson, 8 ans, les deux
fistons, rigolent aussi, mais plus
timidement. Eux ont débuté le
surf vers l’âge de 3 ans. « Les
enfants ont commencé à glisser
doucement », explique Nathalie.
« Quand
c’est
une
passion
familiale, ça se fait tout seul…
c’est un peu comme les montagnards. La plage fait partie de
leur environnement. »
Leur papa acquiesce. « On habite
pas loin. En plus, avec le vent,
on sait tout de suite où aller…
L’un des grands intérêts ici, c’est
que l’on trouve des coins pour
tous les niveaux. La plage de la
Sainte-Barbe est mieux adaptée
pour les débutants… Au contraire,
il faut avoir un peu d’expérience
pour la barre d’Etel. Ça peut être
assez violent. » Si Tom et Wilson
sont encore un peu jeunes pour
les tubes d’Etel, les deux garçons
ne sont en rien des débutants. Ils
ont récemment intégré la Team
Rip curl,
une équipe
privée européenne.
« Ce sont
Nathalie, la mère
les plus
jeunes de leur groupe », explique
Didier, laissant transparaître un
peu de fierté.
naisons de ski pour partir aux
sports d’hiver, les Cloarec préfèrent ranger dans leurs valises,
T-shirts, shorts et lunettes de
soleil… « Après demain, on part
à Santa-Barbara, en Californie ! »
La terre des Beach boys… « Nous
partons voir d’autres côtes à
chaque période de vacances… »
Costa Rica, Seychelles… Si les
“surfeur” progresse seulement
«siLecela
reste ludique »
Des sports d’hiver
particuliers…
Pour Tom, le plus « vieux » des
deux, le surf n’est plus simplement une passion mais déjà un
avenir. Il espère ainsi intégrer un
jour le seul lycée disposant d’une
classe spécialisée dans le surf, à
Bayonne. « Le nec plus ultra ! »,
estime le père.
En attendant, pas question de « se
mettre la pression ». Il faut que le
surf reste un plaisir. « Dans l’état
d’esprit, le “surfeur” progresse
seulement si cela reste ludique.
Le prendre en tant que sport,
c’est très difficile », note Nathalie. Et pour progresser, « pas de
secret », intervient Didier. « Il
faut construire son surf, bouger,
découvrir de nouvelles vagues. »
Quand d’autres familles préparent bonnets, gants et combi-
voyages forment la jeunesse, ils
forment aussi la glisse. « Nous
avons la chance d’avoir des amis
presque partout où il y a de la
plage », rit Didier. Ce qui n’est
pas sans empêcher quelques
« petites galères »… « Une fois,
alors que l’on allait au Costa Rica,
ma planche ne rentrait pas dans
l’avion ! », se souvient le papa.
« J’ai dû prendre le bus et laisser
ma famille sur place… »
Mais glisser, surfer, trouver le
bon tube, aller de plage en plage
depuis de longues années… la
famille n’est-elle pas un tout
petit peu lassée de la planche ?
La question étonne à la maison
des surfeurs. « Non… », répond
la famille. « C’est une passion,
un état d’esprit. Le “surfeur”, qui
attend l’élément, ne peut pas
faire ce qu’il veut. C’est la mer
qui décide. Elle lui offre toujours
quelque chose de différent. »
Renseignements sur la pratique
du surf en sud Morbihan :
Spirit surf club, 20 rue du port
de Pêche, à Quiberon
06 08 95 03 31,
[email protected],
www.spirit-surf-club.com
Même si les deux garçons
de la famille Cloarec, Tom
et Nelson, ont intégré
récemment la Team
Rip curl, pas question pour
le papa, Didier, de leur
mettre la pression : « A la
maison, le surf n’est pas
une obligation mais un
plaisir avant tout. »
Donovan Potin
Yapucca Productions présente :
+première partie en concert
Licence n°
351171 & n°
351172
samedi 8 avril
Vannes-Chorus
2Oh30 (ouverture des portes 18h30)
Les quinze premières personnes à appeler
Le Mensuel du Golfe du Morbihan (02 97 47 84 74)
recevront une place pour le concert du 8 avril (prix 25 €) ou un CD
du dernier album de Louise attaque, A plus tard crocodile.
Points de vente habituels : réseau Billetel, FNAC, Carrefour, Géant, réseau Ticketnet, Virgin, Leclerc - Infoline : 06 62 62 05 63
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S
N
O
I
T
A
I
C
O
ASS
LA LIGUE DES ROLISTES EXTRAORDINAIRES
LES MAITRES
du jeu
Magie et fantaisie se donnent rendez-vous régulièrement à
Vannes. Depuis un an, la Ligue des rôlistes extraordinaires
s’efforce de promouvoir le jeu de rôle sous toutes ses formes.
But principal de cette association : en finir avec les clichés.
«J
Pour promouvoir les jeux
de rôle, de cartes ou de
plateau, la Ligue des
rôlistes extraordinaires
organise des rencontres
entre joueurs et
« profanes », comme
ici, samedi 11 février, à
l’Alchimiste, à Vannes.
e viens de lancer une nouvelle session. Je vais
m’éclater ! » Eric, un Vannetais de 35 ans, a
l’œil pétillant lorsqu’il parle d’une partie de
Donjons et dragons. Fièrement, l’homme barbu arbore
un t-shirt blanc où figure un logo étonnant : « La Ligue
des rôlistes extraordinaires. » Cette association vannetaise de jeu de rôle existe depuis un an. Aujourd’hui,
elle réunit près de 70 adhérents. « Elle a été créée à
l’initiative de vieux “rôlistes” qui voulaient se réunir
pour jouer plus souvent et à davantage de jeux différents », explique Katheline, 21 ans, présidente.
L’autre but de l’association est de rompre avec la
mauvaise image qui dessert le jeu de rôle. « Souvent,
dans la tête des gens, les rôlistes sont des personnes
qui font des trucs bizarres », continue Katheline. Eric
acquiesce : « En fait, le jeu de rôle, c’est avant tout du
théâtre, de l’improvisation et de l’imagination. Il y a de
tout. C’est riche. » Médiéval, fantastique, cyberpunk,
conte… Aucun univers n’est mis à l’écart. « Il existe
des jeux pour tous les goûts et pour tous les âges »,
comme le note la présidente.
Un jeu de rôle « en vrai »
Pour véhiculer ce message, la Ligue organise des
rencontres dans des bars vannetais entre joueurs et
profanes. Ces soirées permettent aux consommateurs
non-avertis de s’essayer à des jeux de plateau, de
cartes… « A l’avenir, nous souhaiterions organiser ce
Ligue des rôlistes extraordinaires
Renseignements auprès de
Katheline au 06 86 30 60 01, de
Stéphane au 02 97 01 36 57, sur le
forum de l’association sur
www.lre56.info/forum, ou par mail
à [email protected].
52
l’été », avance Eric. « Il ne s’agira pas d’un GN médiéval avec des armes, dévoile Katheline. L’univers sera
contemporain… avec une histoire de vampires et de
loups-garous… »
En attendant la fin des préparatifs, reste un défi de taille
pour ces Rôlistes extraordinaires : « Trouver une salle »,
annonce tristement Stéphane, vice-président.
« Quelques chaises, une table, ce n’est pourtant
pas grand-chose… » Après un an de recherche
infructueuse, les yeux de la Ligue restent braqués
vers la mairie de Vannes. « François Goulard s’est
déclaré favorable à ce genre de jeu en 1998 ! », rappelle
Eric avec force. Le premier adjoint, alors député, avait
écrit une lettre au président de la Fédération française
en précisant qu’il considérait personnellement « le jeu
de rôle comme une activité intéressante et positive. (…)
Les associations à caractère culturel, ludique, social,
etc., doivent faire l’objet d’un soutien qu’il appartient
aux collectivités locales de définir ».
Médiéval, fantastique, cyberpunk…
aucun univers n’est mis à l’écart
type de rendez-vous trois fois dans l’année. » Outre
ces soirées ludiques, l’association compte mettre en
place un cycle de conférences dans les lycées du pays
de Vannes. « Les accords sont en cours. Une fois ces
derniers signés, nous pourrons alors fixer une date. »
Mais le grand projet reste le « Grandeur nature » (GN).
Un jeu de rôle « en vrai », où les joueurs déambulent
en costumes dans un lieu précis. Aucune date n’est
encore décidée, « on sait seulement que ce sera avant
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SULNIAC
Sous le signe de l’Irlande
La Saint-Patrick débarque
à Sulniac ! L’Amicale des
parents d’élèves de l’école
publique Jules-Verne organise
une soirée irlandaise le
18 mars. Au programme :
petites leçons de danses
traditionnelles en compagnie
du groupe Macalla, spécialisé
dans la musique irlandaise.
La dernière partie de la soirée
sera réservée aux danses
bretonnes. Tarifs : 6 €, gratuit
pour les moins de 12 ans.
Restauration sur place.
SAINT-NOLFF
Cueillette d’œufs
Venez chasser des œufs ! La
3è édition de la chasse à l’œuf
se déroulera dans le bois de
Kerboulard dimanche 9 avril
à partir de 14 h. 300 œufs
numérotés seront cachés sur
6 ha. Une fois trouvés, ils
permettront de participer à
un tirage au sort pour gagner
des lots. Des « cueillettes »
gratuites pour les moins de
6 ans seront aussi organisées
en lisière du bois. Ce rendezvous est préparé par les
parents des écoles publiques,
pour le financement d’activités
extra-scolaires. Entrée 2 €
pour les plus de 6 ans.
Rens. au 02 97 45 56 08
ou 06 72 79 37 29.
PEAULE
Mieux manger
pour mieux grandir
Prévenir l’obésité infantile
et promouvoir l’équilibre
nutritionnel des enfants.
C’est l’action menée par
l’association Equalianse
qui agit directement dans
les écoles primaires. Cinq
médecins et deux diététiciens
collaborent depuis septembre
dernier avec les directeurs des
écoles de Péaule et d’Ambon.
Au programme : interventions
Les Voraces sont à l’affiche
« Créateur de good vibes. » Le collectif Vorace s’est créé autour
d’une bande de copains arradonnais. Officiellement, l’association
est née en novembre 2005. Ses membres fondateurs sont déjà à
l’origine d’événements dans le pays vannetais, dont un baby-foot
géant sur le port de Vannes. Outre le festival Fish and clips à Arradon
(le 1er avril), le collectif veut créer des événements à but culturel
et artistique. « L’idée :
faire des manifestations
populaires, génératrices de
bonnes émotions. » Depuis
février, l’association est
ouverte à toute personne
intéressée. Alors accourez
sur www.vorace.biz.
auprès des enfants et des
parents, spectacles, cours
de cuisine, coaching des
courses… Equalianse, 2 bis rue
des Cordiers. Renseignements
au 02 97 42 82 95.
ROCHEFORT-EN-TERRE
Les chants du possible
Le café de la Pente organise
un stage de voix, animé par
Corinne Albezard, samedi
4 mars de 9 h 30 à 16 h
et dimanche 5 de 10 h à
17 h 30. Au programme :
polyphonies, technique
vocale, jeux d’écoute, éveil
de la conscience corporelle et
vocale. Tarif : 50 €. Inscription
et rens. au 06 20 06 74 50 ou
au 06 32 72 91 78.
SPIRULINE EQUITABLE
Des nouvelles du Mali
Retrouvez tous les mois des nouvelles de Loren et
Jeanne, deux Vannetaises de 21 et 23 ans, parties au
Mali pour y cultiver une algue nutritive, la spiruline.
Sansanding, le 9 février
« Bonjour à tous,
Le projet avance bien. Ce mois-ci, nous
avons participé au Forum social mondial
de Bamako. L’équipe de Safo et l’ONG
Cab Deme So nous ont rejoints pour faire
la promotion de la spiruline du Mali. Ce
forum a été très riche en rencontres. Des
personnes ont découvert la spiruline alors
que d’autres, à notre étonnement, la connaissaient déjà. Suite à ce forum, nous attendons beaucoup de visiteurs à l’exploi-
tation de Sansanding.
Juste avant le forum, nous avons
eu la visite d’une délégation de
Ségou intéressée par un éventuel
partenariat. Elle souhaiterait vendre la spiruline dans un centre
de santé communautaire qu’ils
vont créer à la sortie de Ségou.
C’est une très bonne nouvelle pour le projet. Tout cela est motivant pour l’équipe
exploitante.
Comme prévu, nous avons ensemencé
notre petit bassin de 5 m² avec la spiruline. Tout s’est très bien passé. L’équipe commence à s’organiser dans son
travail en aménageant des horaires et
des tâches.
En parallèle, nous continuons les sensibilisations dans les villages de la commune et envisageons de passer dans les
écoles de Sansanding pour expliquer
sous la forme d’un conte la spiruline
aux enfants (le conte a été écrit par
Jean-François).
Nous avons reçu un don de l’entreprise
Ouest-achat de Séné qui va nous permettre de buser le puits (c’est-à-dire
rendre le puits exploitable et empêcher
les éboulements). Nous les remercions
chaleureusement.
Pour finir, notre cher stagiaire en
communication et développement,
Jean-Francois, nous a quittés cette semaine. Bon vent à lui pour la suite de
son voyage. Une petite nouvelle vient
de nous rejoindre. Elle s’occupera de la
sensibilisation des écoles avec Bruno,
notre nouveau stagiaire, et elle nous
fera de très belles photos pour nos futures expositions.
A bientôt »
Jeanne et Loren
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JEUX
La photo-mystère
En partenariat avec
A gagner
5 exemplaires du coffret
Le Roman du roi Arthur
De Xavier de Langlais
Renouvelée par l’artiste et
écrivain Xavier de Langlais,
cette version fut couronnée
par l’Académie française.
Nourri des plus fidèles
sources anciennes, Le
Roman du Roi Arthur
retrouve ici toute la
fraîcheur d’une œuvre
à la fois mystérieuse et
populaire. 960 pages du
grand classique de la geste
arthurienne. Les deux
tomes sont ici réunis dans
un magnifique coffret.
Devinez quel est le lieu en photo ci-contre et envoyez votre réponse
avant le 18 mars (cachet de la Poste faisant foi) sur papier libre en
joignant votre adresse au Mensuel du Golfe du Morbihan, photo-mystère,
8 rue Lesage, 56000 Vannes. Tirage au sort le 21 mars.
La réponse à la photo-mystère de février 2006 était le village du Bono, son port et son pont. Nous avons reçu 81 réponses justes ce mois-ci. Après tirage au sort en
date du 21 février 2006, les cinq gagnants qui recevront le livre Moulins en Bretagne de Gilles Pouliquen sont : Jean-François Auger (Sarzeau), Chloé Eygenraam (Larré),
Michel Le Duigou (Les Sorinières), Jean-Alain Patel (Sarzeau), Michel Garreau (Saint-Laurent-de-la-Plaine). Merci à tous d’avoir participé.
MOTS-CROISES
1
2
3
4
5
Grille de J.-J. Egron
6
7
8
9
Les questions en vert correspondent à des sujets traités dans le magazine.
10 11 12
Horizontalement
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
Solution des mots-croisés du numéro de février
Grille de J.-J. Egron
Horizontalement :
I. illégalement II. niolo - ironie III. ébavure - et IV. Fe - eau - Pam
V. francsmaçons VI. ite - he - rouer VII. cerbères - isa VIII. AA - axial
IX. cotre - bled X. ici - omoplate XI. troène - liges XII. een - ste - ses
I. Demandes - Dérive sectaire qui
connut une fin dramatique au
milieu des années 90 et qui fait de
nouveau l’actualité.
II. Ce sont eux qui me l’ont dit.
III. Carnet intime sur la toile
- Fanatique zélé.
IV. Fief de cheval - Direction.
V. Brillante conjonction - Lue en
verlan - Noua.
VI. Rivale de la Costa Brava en
Espagne.
VII. Un des stades de la
psychanalyse.
VIII. Stupéfiées - Bout de glas.
IX. Affluent du Rhin - Peut être
prise au pied.
X. Réfutés - Pronom - Sur le pont
d’un navire.
XI. La terre au début - N’est plus
dans le coup - Fin.
XII. Sacrée épine dans le pied
des élus départementaux
- Plante herbacée décorative.
Verticalement
1. Surplus militaire - Dur à cuire
- Chien sauvage.
2. Mathématicien suisse Défonceur de portes.
3. Dent de fauve - Fruit blet.
4. Les membres de cette
association vannetaise apprécient
les jeux drôles - Japoniaiserie
- Argent compté.
5. Symbole chimique - Prince de
la peinture - Ville endormie.
6. Commune qui joue les
premières de la classe en matière
d’environnement - Nitouche.
7. Ville philosophe - Sa queue est
préhensile.
8. Grand arbre d’Inde au bois
précieux - Porte rumeur - Fin de
journée - Possessif.
9. Ile grecque - Ville
improductive dans le Tarn ?
10. Oiseau rare - « Tue » parfois.
11. Aide à aller au trou - Fruit
exotique.
12. Peste brune - Caboteur
sachant ravitailler de belles îles.
Verticalement :
1. inefficacité 2. liberté - ocre 3. LOA - aération 4. Elven - bar
5. gouache - éons 6. rusera - met 7. lie - expo 8. er - parsi - PL
9. Monaco - ablis 10. en - mouillage 11. nie - nés - étés
12. Têtesraides
54
MGM/mars 2006
2006
www.mgm-mag.info
Solution des mots-croisés
le mois prochain...
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